Sunnisme.com

La Sunnah du Turban Prophétique
(‘Imaama)

La Sunnah du Turban Prophétique (‘Imaama)
Nous vous proposons dans le présent article une série de narrations démontrant inshaa’ Allâh l’importance de la Sunnah consistant à porter un Turban (al-‘Imaama Shaarif) :

بسم اللّه الرحْمن الرحيم


Sayyiduna Sulaiman bin Abi AbdaLlâh رضي الله عنه dit : « J’ai vu des compagnons émigrés رضي الله عنهم, ils nouent des Turbans noirs, blancs, rouges (bordeaux), verts et jaunes. » [1]

Sayyiduna Jaabir رضي الله عنه rapporte qu’à l’occasion de la conquête de La Mecque, le Prophète ﷺ entra à Makkah Mukarramah en portant un Turban noir. [2]

Sayyiduna Ibn Abbas رضي الله عنه relate que pendant la maladie juste avant son décès, le Prophète ﷺ s’est adressé au Sahabah رضوان الله عليهم أجمعين tout en portant un Turban noir. [3]

Sayyiduna Jaabir رضي الله عنه rapporte qu’à l’occasion de Fath al-Makkah (La Conquête de La Mecque), le Prophète ﷺ est entré dans à Makkah Mukarramah en portant un Turban noir. [4]

Sayyiduna Suliman bin Abi AbduLlâh رضي الله عنه raconte qu’il a rencontré les « Premiers parmi les Mahajireen », et qu’ils portaient des « Turbans épais qui étaient noirs, blancs, rouges, oranges et verts. » [5]

Sayyiduna Anas رضي الله عنه rapporte : « J’ai vu le Prophète ﷺ faire le wudhu. Il portait un Turban ‘Qitri’ [6] … » [7]

Sayyiduna Sulaiman رضي الله عنه a dit : « J’ai vu ces Sahaba al-Kiraam عليهم الرضوان qui étaient des Muhajirin al-Awwalin (ceux qui étaient parmi les premiers à émigrer à Madinah) porter des Turbans en coton. » [8]

Dans leurs biographies évoquant le fondateur de l’école Hanafi, l’imam Say’iduna Nu’man ibn Thabit (Abou Hanifa) رضي الله عنه, célèbre pour son incroyable esprit d’analyse, les Imams as-Suyuti ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله et ibn Hajar al-Haytami ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله relatent qu’il (Abu Hanfia) possédait sept Turbans (peut-être un pour chaque jour de la semaine).

Sayyiduna Imam Malik ibn Anas رضي الله عنه a dit : « Le Turban a été porté au commencement de l’Islam et il n’a pas cessé d’être porté jusqu’à notre temps. Je n’ai vu personne parmi les Gens d’Excellence qui ne portaient pas le Turban, comme Yahya ibn Sa’id, Rabi’a et Ibn Hurmuz. Je voyais dans le cercle de Rabi’a plus de trente hommes portant des Turbans et j’étais l’un d’entre eux et Rabi’a ne l’a pas réprimé avant que les Pléiades ne soient montées (c’est-à-dire avant qu’il n’ait dormi) et il avait l’habitude de dire : « Je jure que je constate que cela augmente l’intelligence. » [9]

Sayyiduna Imam ash-Shafi’i رضي الله عنه avait l’habitude de porter un grand Turban, comme s’il était un Arabe du désert. Lui et son élève, l’imam de l’école Hanbali, Sayyiduna Imam Ahmad ibn Hanbal رضي الله عنه, le passaient sous le menton comme le font les Touaregs d’Afrique du Nord et de nombreux Soudanais à ce jour.  [10]

Sayyiduna Abu Umar رضي الله عنه rapporte qu’il a vu : « Sayyiduna Ibn Umar رضي الله عنه achetant un tel Turban qui avait des motifs dessus. Par la suite, il a demandé un ciseau et l’a coupé. » [11]

Sayyiduna Nafi ‘رضي الله عنه a dit : « J’ai vu Ibn Umar رضي الله عنه portant un Turban dont la queue pendait entre les épaules. » [12]

Il est mentionné à propos de Sayyiduna l’Imam al-Bukhari رضي الله عنه que lorsqu’il s’est préparé à voyager vers Samarqand, il a noué un Turban et qu’il portait des chaussettes en cuir (khuffayn). [13]

Il est également rapporté à propos de Sayyiduna l’Imam Muslim رضي الله عنه qu’une fois, il a placé son ‘Chaadar’ (châle) sur son Turban devant son professeur et qu’il quitta (ensuite) le cours. [14]

On rapporte de l’Imam an-Nawawi ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله qu’il n’a possédé qu’un thawb (chemise longue) et un Turban. [15]

Il est rapporté du Prophète ﷺ qu’il a déclaré : « Accrochez-vous au Turban, car c’est une des caractéristiques des anges. Aussi, laissez la partie libre pendre du dos. » [16] et « Adoptez le Turban, car cela augmentera votre patience. » [17] et « La distinction entre nous et les polythéistes est le turban sur nos chapeaux » [18] et « Allâh Ta’ala fait descendre sa miséricorde sur les gens qui portent le Turban le jour de Jummah et ses anges invoquent pour ce type de personnes. » [19]

De fait, le Prophète utilisait également le noble Turban. [20]

Sayyiduna Ubadah رضي الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Fais une pratique du fait de nouer le Turban, car c’est la caractéristique des Anges. De plus, attachez-les de telle manière que l’extrémité pende à l’arrière ». [21]

Il est établi à partir d’innombrables récits que le Turban est la parure des anges et que les anges l’ont porté lors des batailles d’al-Badr, d’al-Hunayn et d’al-Uhud.

Concernant le verset : « Votre Seigneur vous enverra en renfort cinq mille Anges marqués distinctement (Musawwimīna). » [22] Sayyiudna Ibn `Abbas رضي الله عنه a dit : « Il est dit que « Musawwimīna » signifie porter des marques ou porter le Turban (muta` ammimin). » [23]

Il est rapporté sous l’autorité de Sayyidah A’isha رضي الله عنها que le Prophète ﷺ dit : « La plupart des anges que j’ai vus portaient Turban. » [24]

Sayyiduna Imam Malik ibn Anas رضي الله عنه a dit : «  Sayyiduna Jibril عليه السلام a été vu à l’image du (Compagnon) Dihya (ibn Khalifa) al-Kalbi, et il portait un Turban dont l’extrémité était suspendue entre ses omoplates. » [25]

Enfin, l’imam ibn al-Qayim al-Jawziya رحمه الله mentionne que le Prophète Muhammad ﷺ portait un turban qui n’était pas trop long ni trop lourd afin que son port ne fasse pas mal à la tête. Il n’était pas non plus trop court afin de pouvoir quand même protéger du froid et de la chaleur. Le turban était donc de longueur moyenne. Il ﷺ le fixait sous le menton (ce qui est la pratique des Mâlikites).

Wa Allâhu a’alam.

Notes :

[1] Musannaf Ibn Abi Shayba, Vol.8, p.241
[2] Muslim Vol.1 p.439
[3] Al-Bukhari Vol.1 p.536
[4] At-Tirmidhi p.8, Ibn Majah p.256
[5] Musannaf Ibn Abi Shaybah 6/48
[6] Une sorte de gros tissu épais avec un peu de rouge dessus
[7] Abu Dawud p.19
[8] Musannaf Ibn Abi Shaybah Vol.8 p.241
[9] Imam Ibn Abi Zayd رحمه الله dans al-Jami` fi as-Sunan p.228 (édition 1982)
[10] At-Tirmidhi dans le Livre de la connaissance, Imam al-Baghawi ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans Sharh as-Sunnah 1:233
[11] Ibn Majah p.26
[12] Ibn Majah Vol.8 p.2
[13] Imam ibn Hajr al-Asqalani ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans Fath al-Bari p.493
[14] Imam ibn Hajr al-Asqalani ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans Fath al-Bari p.491
[15] Al-Misri, biographie de l’imam Nawawi dans « Dépendance du Voyageur » p. 122
[16] Al-Bayhaqi
[17] Mustadrak al-Hakim, Fath al-Bari
[18] Abu Dawud, at-Tirmidhi
[19] Ad-Dailami
[20] Sheykh Abd al-Haq Muhadith al-Dehlvi al-Hanaf al-Maturidi رحمه اللهdans Zia’ ul-Qaloub fi Libass-al-Mahboub
[21] Imam al-Bayhaqi ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans Shu’abul Imaan, Mishkaat p.377
[22] Qour’an, 3/125
[23] Ceci est également rapporté par Makhul, cité par l’Imam Ibn Kathir ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans son Commentaire du verset.
[24] Imam Ibn ‘Asakir ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans Tahdhib 6:232, Imam Jalal ud-Din as-Suyuti ash-Shafi’i al-Ash’ari رحمه الله dans al-Haba’ik fi akhbar al-mala’ik
[25] Imam Ibn Abi Zayd رحمه الله dans al-Jami` fi al-Sunnan p.229

A découvrir sur le même sujet : Le turban vert et la couleur préférée du Prophète Par Ustadh Abdullâh Anik Misra 

Coronavirus, une perspective Islamique

BismiLlâh ar-Rahman ar-Rahim,

« Coronavirus », voilà le mot qui est sur toutes les lèvres en ce moment. Le virus se propage à une vitesse élevée et chaque pays du monde est maintenant confronté à cet ennemi invisible et terrifiant.

Lorsqu’un bonheur nous atteint, c’est un rappel qu’Allâh nous envoi pour nous dire qu’un jour, si nous avons agi de la bonne manière, celle enseignée par Son Messager ﷺ et ceux qui ont suivi ses traces, alors nous connaîtrons un bonheur sans égal et sans fin. Bonne santé, moments passés en famille ou avec des amis, loisirs, vacances, bonne nourriture, rapports intimes… sont autant de rappels qu’un Paradis attend ceux qui se préparent pour l’au-delà. De la même manière, Allâh communique avec Ses créatures via des afflictions, pour nous rappeler que l’Enfer est la destination des esprits insouciants. Tremblements de terre, guerres, tsunamis, maladies ou virus sont des exemples qui touchent l’humanité et ce sont des rappels puissants. Dans chaque situation, nous sommes testés et nous devons donner la bonne réponse, qu’elle consiste à louer Allâh et à le remercier, à partager ce bonheur ou à le faciliter pour autrui ou qu’il s’agisse venir en aide à ceux qui sont confrontés à des situations difficiles.


Provisions :
En ce moment, partout sur les réseaux sociaux, nous voyons les mêmes scènes de gens affolés qui se précipitent pour faire le plein de pâtes, de conserves de masques ou encore de gels hydroalcooliques. Parfois, cela dégénère et des gens s’insultent et se battent pour avoir le dernier paquet de papier toilette. Nous faisons des provisions, car nous craignons de manquer de ce qui nous permet de vivre convenablement et confortablement. Allâh n’est-Il pas là en train de nous envoyer un rappel important ? Si l’on craint ce virus et qu’on fait des provisions pour s’en prémunir, ne devrions-nous pas également craindre le Châtiment d’Allâh et effectuer des provisions d’obéissance, de bonnes actions, de suivi de la Sunnah, de lecture de Qur’an, de Dhikr et de dou’as et de Salawat sur le Prophète tant que nous le pouvons encore ? Craignons-nous donc plus ce virus que l’avertissement d’Allâh ?

Quarantaine : Les consignes des pays convergent toutes dans le même sens. Les gens doivent rester chez eux, se confiner et se mettre en quarantaine. Moins nous serons en contact avec ce coronavirus, moins il nous nuira et moins il nuira à autrui. Il y a là aussi un rappel important. À quel moment allons-nous prendre conscience que nous devons impérativement mettre notre ego (nafs) en quarantaine ? Est-il normal que toutes ces maladies spirituelles soient encore en nous après toutes ces années d’Islam ? Qu’avons-nous mis en place pour éradiquer ces virus que sont la médisance, le mensonge, la grossièreté, la violence, la pornographie… ? Si le Coronavirus nous emporte (qu’Allâh nous en préserve), il ne nous suivra pas dans l’au-delà. Mais si nous mourons avec ces virus spirituels, ils nous suivront et nous causeront des souffrances énormes dans la tombe et au-delà.

0

À l’heure où j’écris ces lignes, ce sont plus de 2,6 milliards de personnes désormais appelées à se cloîtrer chez elles. Cela représente plus d’un tiers de la population mondiale, évaluée par l’ONU à 7,8 milliards de personnes en 2020.

C’est une situation inédite dans l’histoire de l’humanité. Chacun se demande ce qu’il va manger, comment il va bien pouvoir occuper son temps. Ce sont des préoccupations légitimes. Mais avons-nous seulement pris conscience qu’en dehors de ce virus, des millions d’êtres humains vivent des situations encore bien plus préoccupantes que celle que nous traversons aujourd’hui ? Des gens qui sont au milieu des bombardements et des pires injustices, des gens qui ne trouvent rien de rien à manger si ce n’est des feuilles ou des racines, qui gens qui luttent pour trouver à boire et se contentent d’une eau sale et contaminée, qui meurent de maladies sans avoir la possibilité de se soigner… sans que cela ne n’émeuvent le monde. D’ailleurs si c’était le cas, toutes ces personnes recevraient l’attention et le nécessaire dont elles ont besoin pour vivre normalement. Imaginez la Palestine: ne vivent-ils pas là-bas une quarantaine injuste, difficile et permanente ? Pendant que nous profitons confortablement de la vie, d’autres souffrent quotidiennement. Il y a là aussi un rappel d’Allâh à l’Humanité et aux dirigeants sur la condition misérable de millions d’êtres humains. On se plaint des afflictions qui nous touchent, mais avons-nous réalisé ce que nos frères et sœurs Musulmans ou non vivent chaque jour sur cette terre ?

Éviter les contacts : Beaucoup de personnes sont infectées par le Coronavirus et la majeure partie d’entre elles ne les sait pas encore. Pour cette raison, il est recommandé d’éviter de se toucher les uns les autres. Dans la société et dans les entreprises, les consignes ont été données : on ne se serre plus la main, on ne se fait plus la bise, on garde ses distances. Cette mesure permet d’éviter que le virus ne nous atteigne et puisse donc nous nuire. Allâh n’est-Il pas là en train de nous envoyer un rappel important ? Dans notre quotidien, faisons-nous les efforts pour ne pas entrer en contact avec ce qui peut nous nuire ? Évitons-nous le contact physique avec celles et ceux avec qui nous ne sommes pas censés en avoir ? Est-ce que nous respectons cela ? Gardons-nous suffisamment nos distances avec le genre opposé ? Nous approchons-nous de ce qui nous est interdit ? Touchons-nous et prenons-nous ce qui ne nous appartient pas ? Sommes-nous en contact avec le haram ou bien gardons-nous nos distances pour nous en préserver, conformément aux consignes données par Allâh pour notre bien ?

Fermetures exceptionnelles : Les fermetures touchent maintenant tous les secteurs (aéroports, écoles, entreprises, parcs, restaurants, magasins…) nous avons aussi tous vu les images du Masjid al-Haram et du Masjadi an-Nabawi complètement déserts. Ces lieux saints sont habituellement remplis d’une foule incroyable et les voir vides laisse une sensation étrange. Pour autant, le Qu’ran lui n’est pas banni et le adab et la Sunnah du Messager d’Allâh ne sont pas non plus bannis. Peut-être est-ce le moment d’aller vers l’essentiel. On peut aussi se demander pourquoi Allâh ferme l’accès à Ses maisons (mosquées). Pourquoi n’y sommes-nous plus invités? Là aussi, une introspection s’impose. 

Peur : Certes, ce coronavirus fait peur, et à juste titre. Sa forte contagion et les dégâts qu’il provoque justifient l’inquiétude et les mesures exceptionnelles qui sont prises partout sur le globe. Il est d’ailleurs important que chacun respecte scrupuleusement les consignes sanitaires (rester chez soi, bien se laver les mains régulièrement, tousser et éternuer dans son coude, éviter le contact avec les personnes aggers ou fragiles, limiter ses déplacements au strict nécessaire, porte un masque si l’on est malade ou en contact avec quelqu’un qui l’est ou l’a été, etc …) Mais si nous avons peur d’un virus invisible et microscopique, ne devrions-nous pas craindre encore davantage le Créateur tout-puissant de ce virus ? Soyons conscients que ce virus n’est pas hors de contrôle, mais bien sous le contrôle exclusif de Celui qui l’a créé. Sur la surface du corps et à l’intérieur de celui-ci, nous avons en permanence des milliards et des milliards de bactéries et de virus. Aucun ne nous nuit, car Allâh ne leur a pas ordonné de le faire. Au contraire, beaucoup sont là pour nous protéger et nous aider à vivre. Allâh seul est décisionnaire par Sa Sagesse infinie et nous devons bien comprendre que par le biais de ce virus, Allâh nous envoie de nombreux messages et rappels qu’il convient de recevoir et de comprendre afin que nous puissions agir et réagir de la bonne manière

Le Coronavirus n’est pas juste une épreuve pour l’humanité, il est aussi un rappel et un avertissement.

Remède / Vaccin : Si une alarme incendie sonne chez nous, quelle est la bonne décision à prendre ? Enlever les piles du boîtier pour faire taire cette alarme et pouvoir aller se recoucher tranquillement ? Ou bien comprendre qu’il y a un problème, que la maison est en feu et qu’il est urgent de prendre des décisions importantes pour sauver sa peau au plus vite ? Certes, la recherche du remède est importante, et inshaa ’Allâh on en viendra à bout de ce Coronavirus, mais avant toute chose, chacun d’entre nous doit comprendre ces alertes qui nous sont envoyées. Une fois créés par Allâh, les Humains sont éternels. Un Jour, chacun devra répondre de sa vie ici-bas et en fonction de ce que nous avons accompli, nous connaîtrons les joies éternelles et les délices du Paradis ou au contraire les souffrances éternelles et la privation de la vision et de la présence d’Allâh. Face à nos péchés, Allâh Le Généreux ne nous a pas laissé sans solution et nous a laissé un vaccin qui se nomme Tawbah (le repentir). Alors, utilisons-le abondamment.

Qu’Allâh nous préserve du mal de ce virus et qu’Il nous accorde de quitter ce monde alors qu’Il est satisfait de nous.

Wa Allâhu a’alam.

 
Notes :

Inspiré d’un rappel de Mawlana Sheykh Ahmad Dabbagh

Faut-il rejeter les Hadiths faibles (Da’if) ?

 

 

 

 

La Méthodologie des Savants Sunnites traditionnels concernant l’utilisation et la mise en pratique des Hadiths Faibles (Da’if)

 

La grande majorité des savants Sunnites du Hadith, comme l’Imam ibn Hajar al-‘Asqalaniyy, l’imam Ibn Salah, l’imam Ahmad, ou l’imam an-Nawawiyy dans l’introduction de son « al-Adkhar » ont dit que les Ahadiths classés comme faibles sont acceptés et peuvent être mis en pratique dans les questions relatives aux « actes vertueux » (Fada’il al-‘Amaal) [1]. Ce n’est que très récemment qu’une poignée de réformateurs ont commencé à vouloir rejeter de telles narrations. Même l’Imam Boukhari a rempli ses livres de Ahadith classés comme faibles, non pas dans son Sahih, car celui-ci répertorie uniquement les Ahadith authentiques, mais si vous prenez Al-Adab Al-Moufrad, il y a bons nombres de Ahadith dits « faibles ». On trouve aussi ces Ahadith dans les Sunnan d’at-Tirmidhi, le Musnad d’Ahmad ibn Hanbal, le recueil d’ibn Majah, le Mustadrak de l’imam Hakim et bien d’autres. Ce n’est donc pas parce qu’un Hadith est faible qu’il doit être rejeté, contrairement au Hadith inventé (ou forgé – mawduh) qui lui n’est pas pris en compte.

Aujourd’hui les gens ont inversé le sens de la notion d’être « scrupuleux » (wara’).

Sur les questions relatives aux « actes vertueux », ils diront : « Je préfère être prudent, ce Hadith est peut-être faible, je préfère ne pas le mettre en pratique ». Non ! Même si le Hadith est faible, s’il mentionne des actes vertueux, alors il doit être mis en pratique, pour être en sécurité, car il y a probablement d’autres sources qui témoignent de son authenticité. Car le statut « faible » ne signifie pas que le Prophète ﷺ n’a pas dit la parole concernée.

Que veut dire « Hadith faible » ?

Le sens, c’est qu’il y a une faiblesse d’un des narrateurs dans la chaîne de transmission et par exemple, les savants ont dit de lui que le narrateur concerné a pu avoir des problèmes de mémoire dans sa vieillesse ou qu’il a perdu ses livres et donc que sa capacité à mémoriser était affaiblie, ou qu’il y a eu des doutes concernant son nom. Donc il y a tout de même une forte probabilité, pour la plupart des Hadiths faibles, qu’ils relatent bien en réalité la parole du Prophète ﷺ.

C’est juste par principe de précaution que ces Hadiths furent déclassés de « authentiques » (Sahih) ou de « bons » (Hassan) vers le statut « faible » (Da’if).

Pour cette raison, être prudent concernant les Hadiths relatifs aux actes vertueux, ça consiste à les mettre en pratique et non à dire : « ce Hadith est faible, donc je vais l’ignorer ». En regardant les Ahadith qui parlent du jeûne lors du mois béni de Rajab, untel pourrait dire : « Ces Hadiths sont faibles, alors par sécurité je ne vais pas les mettre en pratique et je ne jeûne pas ». Nous répondons : « Mets-toi en sécurité en appliquant ces Ahadith » car ils indiquent un acte que le Prophète ﷺ nous a encouragés à faire. Peut-être que le Prophète ﷺ l’a dit ou peut-être pas. Dans ce cas, mets-toi en sécurité en le mettant en pratique, ainsi tu n’auras pas perdu cette opportunité d’obtenir des récompenses.

De grands savants du Hadith comme l’Imam Ahmad ibn Hanbal, Ibn al-Mahdi ou ‘Abd Allâh ibn al-Mubarak avaient pour coutume de dire : « Lorsque nous rapportons des Ahadith concernant le licite (halal) et l’illicite (haram), nous faisons preuve d’une rigueur extrême, et lorsque nous rapportons ce qui concerne les actes vertueux et ce qui est similaire (histoires et récits), alors nous sommes plus indulgents. » [2]

L’imam ibn Taymiyyah رحمه الله a déclaré : « …En conclusion, les narrations de ce type (faibles et qui concernent les bonnes actions), elles doivent être partagées et pratiquées en vue d’encourager les gens [aux bonnes actions] et pour les dissuader [de faire de mauvaises actions], mais pas en ce qui concerne l’istiḥbāb (les actes recommandables). Ensuite, croire en leur issus (c’est-à-dire qu’elles sont dignes de récompenses ou de punitions), cela dépend des preuves fondées sur le Shariʿah. » [3]

Quant à l’Imam al-Hafiz ‘Allamah Mulla ‘Ali al-Qari il a dit : « … le Hadith faible peut être pratiqué selon les vertus qu’il contient (fada’il) selon le consensus des savants. » [4]

C’est uniquement dans ce qui concerne la croyance (‘Aqida) et ce qui est autorisé (Halal) et ce qui est interdit (Haram), que les Hadiths faibles ne sont pas acceptés. Et malgré tout, l’Imam Ahmad ibn Hanbal رضى الله عنه, à l’origine de l’école Hanbalite, était d’avis qu’on pouvait utiliser les Ahadith faibles dans la détermination de ce qui est Halal ou Haram en l’absence d’un Hadith authentique. Ainsi, l’Imam Ahmad préférait choisir un Hadith faible plutôt que de recourir au raisonnement analogique (Qiyas) pour toute issue sur laquelle aucun Hadith Sahih ou Hassan n’existait comme support. Tandis que d’autres Juristes et Savants préféraient recourir au Qiyas plutôt que de prendre en compte un Hadith faible pour le Halal et le Haram. Quant à l’Imam an-Nawawi رحمه الله était d’avis que le Hadith faible peut être pris en compte concernant le Halal et le Haram seulement lorsqu’il s’agit de faire preuve de scrupule.

Que veut dire « faire preuve de scrupule » ?

C’est en rapport à des questions du type : « cette transaction est-elle licite ou non ? » Vendre tel bien de telle manière est-il licite ou non ? S’il n’y a pas de Hadiths particuliers (Sahih ou Hassan) offrant une réponse claire, mais qu’il existe un hadith faible qui indique que c’est Haram, alors ici, on accepte le Hadith faible et on ne fait pas l’acte, par scrupule, car le Hadith faible l’indique.

De nos jours, beaucoup de gens pensent qu’un Hadith faible doit être rejeté et mis de côté. C’est faux et c’est grave de penser cela !

Sur cette question du Hadith faible, l’écrasante majorité des Savants Sunnites de l’Islam (Ahl as-Sunnah), c’est-à-dire quasiment tous les Savants de l’Islam Sunnite, et là on parle de consensus (‘ijma) parmi eux, ont dit qu’un Hadith faible peut être utilisé en ce qui concerne les actes vertueux et tout ce qui est en dessous de cela. A ce titre, dans son introduction des 40 Ahadith, l’Imam an-Nawawiyy a déclaré : « Les savants autorisent, à l’unanimité (‘ijma), l’application du Hadith faible lorsqu’il s’agit d’œuvres méritoires… » [5]

Qu’est-ce qui est en dessous des actes vertueux ?

La Biographie Prophétique (Sira), les récits biographiques qui narrent les mérites des pieux (Manaqib) et l’Histoire. Donc, tout Hadith faible utilisé dans les ouvrages de biographie Prophétique, ou dans les livres d’Histoire ou dans les livres qui narrent les mérites des pieux, comme ceux sur les Compagnons, ou ceux qui leur ont succédé, ou ce qui concerne « les Signes de la Fin des Temps », alors là aussi, les Hadiths faibles sont acceptés, à moins que la faiblesse tombe au même niveau que celui d’un Hadith fabriqué (Mawdu’), ou que le Hadith faible entre en conflit avec un Hadith authentique, auquel cas le Hadith Sahih est accepté en dépit de celui qui est faible.

Les principes d’utilisation du Hadith faible sont-ils maintenant plus clairs ? On veut s’en assurer, car aujourd’hui, lorsque nos jeunes viennent vers l’Islam, ils entendent des gens parler à tort et à travers du Hadith faible, au point où ils imaginent qu’on doit rejeter ces Hadiths. Non, ce n’est pas vrai !

Retenez bien qu’il existe en vérité une probabilité non négligeable que le Prophète ﷺ ait réellement prononcé ce qu’on trouve dans les Hadiths dits « faibles ».

Ainsi, nous acceptons et nous utilisons le Hadith faible dans ce qui concerne les actes vertueux, la biographie Prophétique, dans les livres qui narrent les mérites des pieux, d’Histoire, sur les Signes de la Fin des Temps.

Et Allâh est plus Savant.

 

Notes :

Références : L’imam an-Nawawiyy, Sheykh al-Habib ‘Ali al-Jifri & Mufti Abdur-Rahman ibn Yusuf

[1] C’est-à-dire la récitation du Qour’an, la Glorification d’Allâh (tasbih), les invocations (dou’as), l’aumône, libérer un esclave, le bon comportement, etc.
[2] Voir dans Tadrib ar-Rawi de l’imam As-Suyuti
[3] Ibn Taymīyah, dans Majmūʿ Fatāwá, Vol. 18, Section 65-68
[4] Mirqat al-Mafatih
[5] Il précise cela malgré le fait qu’il utilise les Ahadith Sahih dans l’ouvrage en question.

La Méthode Prophétique pour l’Invocation (dou’a)

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Ce qui va suivre constitue d’après nos shuyukhs l’une des dix choses les plus importantes qu’une personne puisse apprendre dans sa vie :  La méthodologie correcte pour invoquer Allâh. C’est pourquoi nous invitons chacun à bien lire l’article et à retenir les points importants inshaa Allâh.

Lorsque l’on interroge les Musulmans sur la manière dont ils invoquent Allâh – subhanahu wa ta’ala -, on se rend compte que la très grande majorité ne sait pas comment effectuer correctement une invocation. C’est pourtant un acte d’adoration que nous faisons plusieurs fois par jour. Si le dou’a est réalisé de manière incorrecte ou incomplète, alors forcément, nous ne récoltons pas les bénéfices de nos invocations et cela entraîne des frustrations.

 

Introduction :

 

Selon le Prophète Muhammad ﷺ, le dou’a est pourtant l’outil le plus puissant que puisse utiliser le Musulman. Il est rapporté qu’il a dit : « L’invocation est l’arme du croyant et la colonne de la religion et la lumière des cieux et de la terre ». [1] L’invocation, si elle est bien réalisée est la clef qui ouvre toutes les portes et qui peut changer complètement le destin d’une personne. Lorsque nous avons un souci, c’est à Allâh en premier que nous devrions penser et auprès de qui nous devrions chercher assistance. Mais que faisons-nous ? Nous appelons d’autres créatures et si on dernier recours personne ne peut nous aider, nous tentons de demander à Allâh en nous disant : « peut-être que ça marchera… » AstarghfiruLlâh al-‘Adhim, quelle mauvaise compréhension et quel mauvais comportement nous avons.

L’invocation constitue un acte d’adoration qu’Allâh apprécie tout particulièrement, comme dans ce Hadith dans lequel il est rapporté que le Prophète ﷺ a dit : « Rien n’est aussi noble pour Allâh que l’invocation ». [2] D’ailleurs dans la pratique, il est rapporté du Messager d’Allâh ﷺ qu’il était à tout moment en état d’invocation : En entrant dans sa maison, en sortant de sa maison, en voyant une nouvelle lune, lorsque le vent soufflait, lorsque l’orage arrivait, lorsque la pluie tombait, lorsque la pluie ne venait pas, avant de manger, après manger, en buvant de l’eau, après avoir bu de l’eau, lors de la maladie, lorsqu’il allait mieux, lorsqu’il marchait, etc. Chaque moment est propice à l’invocation et c’est une habitude que nous devrions développer également, à l’image du Prophète Muhammad ﷺ.

C’est à ce point important qu’il est rapporté dans un Hadith que le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui ne demande pas à Allâh Ta’ala, Allâh Ta’ala n’est pas satisfait de lui ». [3] La règle générale chez l’être humain, c’est que plus on lui demande, moins il est content. Tandis que pour Allâh, c’est le contraire, plus on lui demande, plus il est satisfait de nous.

On peut aussi évoquer le Hadith dans lequel le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « L’invocation est l’essence (le cœur) de l’adoration » [4] En effet, lorsqu’un croyant invoque Allâh, il se connecte directement à son Créateur et c’est bien là le cœur de l’adoration.

Allâh nous invite à nous adresser à Lui, comme dans ce Hadith : « Si tu demandes, demande à Allâh et si tu cherches de l’aide, cherche-la auprès d’Allâh ». [5] Non pas qu’il soit interdit de demander de l’aide parmi les créatures, mais celles-ci sont limitées, tandis que la meilleure des aides est indéniablement celle qui vient d’Allâh qui n’a pas de limites.

Malgré cela, nous utilisons peu ou mal cette arme puissante. Pourquoi ? La raison est claire : nous constatons que ça ne marche pas ; sans même nous rendre compte que cet échec est dû à notre (mauvaise) manière de procéder.

Parmi les erreurs commises, le fait d’aller chercher la science dans les livres et non chez les savants, les Mashaykhs et Awliyas vivants et reconnus de notre communauté. Beaucoup de Musulmans basent aujourd’hui leur pratique sur le Hadith, pensant ainsi bien faire. Mais un Hadith ce n’est pas la Sunnah. Il existe beaucoup de Ahadith que les savants ne prennent pas en compte, quand bien même ils seraient bons dans leur chaîne de transmission. Quant à la personne qui ne sait pas faire le tri, elle mettra en pratique ce qu’elle a lu, selon sa propre compréhension, en pensant bien agir. Mais la Sunnah, c’est ce qui est vivant et mis en pratique par les savants, les Mashaykhs et Awliyas et non une somme de paroles rapportées et classifiées dans les livres. C’est un point essentiel qu’il convient de garder à l’esprit.

Lorsqu’on invoque, il faut mobiliser à la fois sa langue, son esprit, son cœur et son âme. En d’autres termes, cela demande un engagement tant extérieur (langue, placement corporel…), qu’intérieur (humilité, concentration, présence d’esprit et du cœur…). Sans quoi l’invocation est juste une coquille vide dénuée de sens. Le principe est « Si tu n’es pas connecté, tu n’es pas accepté ».

 

L’aspect corporel :

 

Selon la Sunnah, il existe cinq méthodes pour invoquer Allâh :

1/ Il s’agit de la méthode la plus courante. On lève ses mains au niveau de la poitrine et du cœur, paumes vers le ciel, les mains droites, à plat, on laisse une légère distance entre chaque doigt, entre les deux mains, entre les mains et la poitrine et entre les coudes et le corps. C’est la position naturelle de la personne qui est en nécessité, comme le mendiant et qui demande de l’aide.

Ainsi, il n’est pas correct d’invoquer en se tenant les deux mains, en les collant, en les plaçant sur ses genoux, ou en écartant les bras à droite et à gauche, etc. Cela constitue une bi’daa (innovation) car cela va dans le sens contraire de la Sunnah rapportée du Messager d’Allâh ﷺ qui nous a montré la bonne manière de faire qui doit refléter l’humilité et la nécessité et non l’arrogance ou l’insouciance. Ainsi, il est rapporté de ‘AbduLlâh ibn ‘Umar رضى الله عنه qu’il a dit que lever ses mains au-dessus ou en dessous de la poitrine pour invoquer constitue une innovation.

Lors du dou’a, la tête doit être penchée vers le bas, reflétant l’humilité. Il n’est pas correct de la laisser droite ou de regarder en l’air ou pire de regarder à droite et à gauche ce qui montre le peu d’intérêt que l’on porte à l’invocation que l’on est en train de faire ou d’écouter.

2/ En certaines occasions, comme lors de la bataille de Badr, il a été rapporté du Prophète parfait ﷺ qu’il invoquait en levant ses bras vers le ciel. Les Compagnons ont dit qu’ils pouvaient alors voir la blancheur de ses aisselles. Ils ont aussi rapporté que de la lumière et un agréable parfum en sortaient à cet instant-là.

3/ Il existe aussi une 3ème méthode qui consiste à invoquer avec les paumes des mains tournées vers le sol, mais cela est spécifique à la demande pour faire tomber la pluie (Istisqa’), tel que cela est rapporté dans le célèbre recueil de Ahadith authentiques de l’Imam Muslim, rapporté que Anas Ibnu Malik رضى الله عنه qui a dit : « Le Prophète   a invoqué Allâh pour demander la pluie et il a dirigé le dos de ses mains vers le ciel. »

4/ Le Prophète faisait aussi des invocations sans lever ses mains. C’est le cas pour les invocations que l’on effectue quotidiennement comme celles que l’on fait avant de manger, en sortant de chez soi, en entrant aux toilettes, etc. Dans ces cas-là, il n’est pas nécessaire de lever ses mains. Après la prière, il arrivait fréquemment que le Prophète ﷺ invoque Allâh sans lever ses mains. Une fois la salat terminée, certains font du Dhikr, ou font dou’a, dans des mosquées certains chantent des Qassidas… mais lorsqu’il avait terminé sa prière, le Prophète ﷺ faisait ainsi :

Il disait une fois « Allâhu Akbaar », puis, il disait trois fois « AstaghfiruLlâh ». Puis il récitait : « Lâ ilâha illâ l-lâhu, wahdahu lâ sharîka lah, lahu-l-mulku wa lahu-l-hamdu wa huwa alâ kulli shay’in qadîr. Allâhumma lâ mânia limâ atayta wa lâ mutiya limâ manata wa lâ yanfau dhâ-l-jaddi minka-l-jaddu. », ce qui signifie : « Il n’y a d’autre divinité qu’Allah, Unique, sans associé. A Lui la royauté, à Lui la louange et Il est capable de toute chose. Ô Seigneur ! Nul ne peut retenir ce que Tu as donné et nul ne peut donner ce que Tu as retenu. Le fortuné ne trouve dans sa fortune aucune protection efficace contre Toi. »

Si la plupart d’entre nous se contentons de réciter « Lâ ilâha illâ l-lâh » en fin de prière, c’est parce que nous avons pris cette habitude en raison de la facilité de réciter ce dhikr simple qui n’est en fait que le début de celui que récitait le Messager d’Allâh et qui demande plus d’efforts pour être mémorisé.

Il est aussi rapporté par Boukhari dans son Sahih, qu’en fin de prière le Prophète et les Compagnons faisaient du Dhikr en groupe, à voix haute si fort que tous les gens au alentours savaient alors que la prière était finie. [6] Ceux qui prétendent suivre le Salaf, devraient prendre note de cette tradition et s’en inspirer, alors même que leur imam Ibn Taymiyyah رحمه الله a encouragé cette pratique.

5/ Le dou’a peut aussi s’effectuer lors de la prosternation (as-Sujud) car c’est un moment privilégié pour invoquer.

 

L’aspect Spirituel :


Pour qu’une arme soit efficace, quelle qu’elle soit, il faut cinq éléments :

1/ l’arme doit être parfaite (elle doit fonctionner)

Ainsi, les invocations les plus parfaites sont celles qu’Allâh a enseignées à Son Messager ﷺ

2/ la personne qui utilise l’arme doit avoir la force de s’en servir. Si mon bras n’a pas de force, même la meilleure arme du monde ne me sera d’aucune utilité.

Ainsi, celui qui dit : « oh, mon dou’a ne sera jamais accepté », ou « oh, il ne se passe rien… » a peu de chance de voir son invocation acceptée, car pour que cela fonctionne, il faut avoir la conviction et la certitude (Al-Yaqin) que Allâh exaucera. Al-Yaqin, c’est la force du muscle permettant d’utiliser l’arme qu’est le dou’a.  Sans force, l’arme ne vous sera d’aucune aide.

3/ il faut savoir comment utiliser l’arme. Si on ne sait pas où mettre la balle, où se trouve le barillet, ou comment dégainer l’épée, ça ne fonctionnera pas.

Ainsi, il faut savoir comment effectuer correctement une invocation (dou’a).

4/ de même, il faut aussi savoir à quel moment il est utile d’utiliser cette arme. Si l’ennemi est chez lui au chaud, loin, et que la personne se met à tirer toutes ses flèches n’importe où, dans n’importe quelle direction. Que va-t-il se passer ? En tout cas, il est peu probable que cette personne atteigne son objectif.

De la même manière, Rassoul Allâh ﷺ a mentionné le fait que certains moments sont meilleurs que d’autres pour effectuer des invocations (Durant le temps de Tahajjud, après l’Adhan, en prosternation, etc…). [7]

5/ enfin, il ne faut pas qu’il y ait un obstacle empêchant d’atteindre la cible. Si la flèche est tirée dans un mur en béton, elle se brisera et ne servira donc à rien.

Le Prophète Muhammad ﷺ a mentionné certaines choses susceptibles de stopper net le bénéfice des invocations (si on commet de l’injustice envers des gens, qu’on confisque leurs droits, si on mange ce qui est illicite, que notre argent a été acquis de manière illégale, qu’on porte des habits volés ou achetés avec de l’argent haram, etc.). Pensez-vous vraiment qu’Allâh nous donnera quoi que ce soit de ce que nous demandons alors qu’on comment une injustice ou une oppression envers une de Ses créatures ? Pour quelle raison le ferait-Il ? Pour que nous puissions être encore plus injustes ?

Allâh a interdit l’injustice entre ses serviteurs. Il dit dans un Hadith Qudssi : « Ô mes serviteurs, Je Me suis interdit l’injustice à Moi-même et Je l’ai rendu interdite entre vous. Ne soyez donc pas injustes ». [8]

A l’inverse, le Prophète Muhammad ﷺ nous a  avertis que les invocations de l’opprimé sont acceptées ! Il est rapporté qu’il a dit : « …Et crains l’invocation de l’opprimé, car il n’y a pas de voile entre elle et Allâh .» [9]

Donc, pour que l’invocation soit exaucée, il faut veiller à ce qu’aucun de ses murs ne vienne faire obstacle.

Aussi, il ne faut pas demander ce qui est considéré comme un péché, comme celui qui voudrait invoquer pour réussir à voler telle chose dans une bijouterie ou à trouver de l’alcool pour en consommer, etc. On ne demandera pas non plus à couper les liens, ou à ce qu’Allâh cause du tort à telle ou telle personne. On entend parfois des gens dirent : « Puisque c’est comme ça, je vais invoquer Allâh contre toi ! », ou la grande mode parmi certains de nos frères qui est de dire « Qu’Allâh te brise le dos ! »… Il ne faut pas avoir peur de ce type de dou’as. L’invocation ne part pas de la bouche de la personne pour aller directement sur celui qui est visé. Le dou’a va d’abord à Allâh qui choisi ce qui est digne d’être accepté et ce qui est rejeté.

Comment faire pour que nos invocations (dou’as) soient exaucées ?

Il y a plusieurs points importants à prendre en compte si on souhaite voir son dou’a accepté. Il convient en tout premier lieu de comprendre que le dou’a doit mobilier 5 éléments :

– la langue (qui demande verbalement)
– l’intellect (qui créé une image mentale de la demande)
– le cœur (qui a conscience de notre entière dépendance vis-à-vis d’Allâh)
– l’âme/rouh (qui est conscient de la présence d’Allâh, qu’Il nous voit, nous entend, qu’Il est avec nous)
– le nafs (qui naturellement désire que la demande soit exaucée rapidement et qui ici doit faire preuve de patience et s’en remettre en Allâh pour l’exaucement – at-Tawakkul)

Partant de là, pour qu’un dou’a soit correctement effectué, il faut :

1/ « Al-Hudur ma’ Allâh » (être en présence d’Allâh). Lorsque le dou’a est effectué, il faut mentalement être en présence d’Allâh – subhanu wa Ta’ala -. Il faut spirituellement se connecter à Allâh, en pensant qu’Allâh nous voit, qu’Il nous entend, qu’Il est en notre présence. C’est la même chose avec notre mobile. Si le mobile n’est pas connecté au réseau, avec qui parle-t-on ? On parle dans le vide. Il faut se rappeler à qui on parle : Allâh ! Il faut se rappeler qu’Allâh nous aime, qu’il souhaite le meilleur pour nous, qu’Il est celui qui pourvoit, qu’Il connait nos situations, etc. Il faut donc en tout premier se préparer en se connectant spirituellement à Allâh.

Cela a été confirmé par le Prophète Muhammad ﷺ qui a dit : « […] sachez qu’Allâh n’exauce pas l’invocation provenant d’un cœur distrait » [10]

2/ Une fois que la personne est mentalement préparée, elle se mettre en état de Hamd, elle doit louer Allâh. C’est la raison pour laquelle beaucoup de dou’as commencent par « Al-HamduliLlâh ». Que signifie louer ? Il y a une différence entre « hamd » (louer) et « shukr » (remercier). Hamd, signifie louer Allâh pour qui Il est, pour Ses Attributs, etc… Tandis que Shukr, c’est le fait de remercier Allâh pour ce qu’Il nous a donné.

Certains d’entre nous disent qu’ils aiment Allâh, mais en réalité ils ne L’aiment que pour eux-mêmes (Ô Allâh donne-moi ceci, Ô Allâh accorde-moi cela…). Où sont ceux qui L’aiment réellement pour qui Il est, pour Ses magnifiques Attributs, pour Sa Seigneurie, pour Sa Majesté ? Qu’Allâh nous compte parmi ces gens.

Allâh est exempt des similarités avec Sa création, mais donnons un exemple pour illustrer le propos.

Imaginons que vous soyez un père de famille qui a trois fils. L’un vous masse un pied, car il espère récupérer quelques-unes de vos propriétés, le deuxième vous masse l’autre pied, car il vous craint et qu’il a peur de la punition et qu’il a peur que vous ne le priviez de son argent de poche, quant au dernier, il vous masse le dos, il se met à votre service, juste parce qu’il vous aime, car vous êtes son père. D’après vous, lequel de ces trois fils est le meilleur ?

Il y a un grand danger à adorer et aimer Allâh pour ce qu’Il nous donne, car quand ces bénédictions s’en vont, notre relation avec Allâh s’en va avec. Celui qui aime son père en espérant ses biens en retour (argent de poche, voiture, héritage…), il est une sorte de « commerçant », qui donne en espérant recevoir quelque chose en retour. Il fait du business. Celui qui aime son père juste par crainte de la punition ou d’être privé est comme un esclave. Il n’aime pas ce qu’il fait, mais il le fait quand même, par contrainte, comme un esclave. Mais le troisième, il se met au service de son père juste par amour pour lui !

La même chose peut s’appliquer aux croyants dans leur relation avec Allâh (Ô Allâh donne-moi ceci, Ô Allâh, donne moi ça – une maison, un mari, des enfants, un bon travail, une promotion, le Paradis….) et tant qu’Allâh nous donne nous sommes obéissants. Mais dès qu’Allâh stoppe les bénédictions, nous arrêtons de prier, on se dit que de toute façon Allâh ne nous écoute pas, etc. Celui qui agit ainsi est un commerçant, pas un véritable adorateur d’Allâh. Celui qui est dans la deuxième situation, agissant par crainte d’Allâh, bien sûr que c’est une bonne chose de craindre Son Châtiment, mais ce n’est pas le niveau de Foi (ou de Taqwa) le plus élevé. Le niveau le plus élevé, c’est d’adorer Allâh par amour, de l’adorer pour qui Il est, pour Ses magnifiques Attributs, parce qu’Il est notre Seigneur, Il est notre Dieu (iLlâh).

Par conséquent, lorsqu’on dit : « Al-HamduliLlâh », cela signifie qu’on loue Allâh, dans la recherche de l’agrément d’Allâh et non dans l’espoir d’obtenir quelque chose (profit). On adore Allâh en cherchant Allâh et non en cherchant un profit. On adore Allâh pour Allâh et non pour soi-même. La différence entre les deux est immense.

Bien entendu, il est tout a fait possible de demander (dou’a) des choses de ce bas monde, ce qui concerne le Deen, comme la science ou le Paradis, etc. mais on adore pas Allâh dans ce but. Si on agit ainsi, alors l’invocation en elle-même est une adoration profitable. Il y a une différence entre 1/ adorer Allâh uniquement pour obtenir ce dont on a envie, car finalement on adore que par intérêt et 2/ adorer Allâh et utiliser le dou’a pour nos besoins.

C’est une question de sincérité. Allâh dit dans le Qour’an : « Pourtant, que leur a-t-on ordonné, si ce n’est de se vouer exclusivement au culte d’Allâh » ? [11]

Donc, sans animosité dans le cœur, il faut louer Allâh, pour qui Il est non pour dans l’intention d’en tirer un bénéfice quelconque. Sinon, c’est soi-même qu’on aime et non Allâh. Le pire des faux dieux qui est adoré est le nafs (l’ego – soi-même, nos désirs).

3/ Il faut remercier Allâh pour ce qu’Il nous a donné (Shukr – gratitude). Il faut se remémorer les innombrables bienfaits qu’Allâh nous a donnés et le remercier abondamment pour tout cela. C’est un état du cœur qui se manifeste par la langue.

Allâh dit dans le Qour’an : « Votre Seigneur ne vous a-t-Il pas prévenus, en disant : “J’augmenterai Ma grâce, si vous êtes reconnaissants » [12] Imaginez ce concept puissant qu’Allâh nous offre en nous proposant la multiplication de Ses grâces si on est reconnaissants. Il nous donne, on Le remercie et Il nous donne encore plus !

Celui qui remercie Allâh doit le faire avec sincérité, comme le ferait un homme envers un autre homme qui l’aurait sauvé de la noyade. Imaginez l’état du cœur de celui qui a été sauvé, imaginez sa joie, sa gratitude. C’est cet état que nous devrions avoir envers Allâh qui nous a envoyé un homme ﷺ qui nous a sauvés de bien pire que la noyade. C’est cela la gratitude.

Pour le commun des Musulmans, il convient également de demander pardon à Allâh pour nos péchés. Cela peut par exemple se faire en disant : « Lâ ilâha illâ anta, subhânaka, innî kuntu mina z-zâlimîn » [13], ce qui signifie : « Pas de divinité à part Toi ! Pureté à Toi ! J’étais vraiment du nombre des injustes. »

4/ Il faut ensuite remercier Allâh pour le plus grand des bienfaits qu’Il nous ait accordés, à savoir le Prophète Muhammad ﷺ qui a été envoyé comme Miséricorde pour l’Univers. [14]

Il est rapporté du Prophète Muhammad ﷺ qu’il a dit : « Lorsque l’un d’entre vous prie, qu’il commence par louer Allâh et faire les éloges d’Allâh puis qu’il prie sur le Prophète () puis après cela, qu’il invoque par ce qu’il veut. » [15]

C’est la raison pour laquelle il est recommandé (avec présence d’esprit) de dire des salutations (Salawats – Durood Shareef) sur le Messager d’Allâh ﷺ avant de commencer une invocation. C’est cela  le sens des Durood/Salawat : montrer notre gratitude envers Allâh pour nous avoir bénis par l’envoi de Son bien-aimé Prophète ﷺ. Ainsi, si Allâh peut nous octroyer un tel bienfait, pourquoi ne pourrait-Il pas nous donner autre chose dont le statut sera forcément inférieur ? Qu’est-ce que la duniya comparée au Prophète Muhammad ﷺ? Qu’est-ce que l’argent comparé au Prophète Muhammad ﷺ? Qu’est-ce que les enfants comparés au Prophète Muhammad ﷺ? Rien ni personne n’a un statut supérieur auprès d’Allâh que Son Messager ﷺ.

5/ Il faut maintenant se concentrer sur les Attributs d’Allâh qui sont en relation avec notre besoin. Exemple : J’ai besoin que mon commerce fonctionne mieux? Alors, je dois par exemple me concentrer sur l’Attribut d’Allâh qui est « Razzâq », car Allâh est Ar-Razzâq, c’est-à-dire Celui qui accorde la subsistance à toutes les créatures. Je souhaite avoir des enfants? Je dois me concentrer sur l’Attribut de « Wahhâb », car Allâh est Al-Wahhâb, c’est-à-dire celui qui accorde avec profusion et récompense ceux qui ont obéi, comme grâce de Sa part. Je souhaite qu’Allâh me pardonne ? Alors, je dois me concentrer sur l’Attribut de « Ghaffar », car Allâh est Al-Ghaffâr, c’est-à-dire celui qui pardonne les péchés. Il est également Al-Ghaffôur, c’est-à-dire celui qui pardonne beaucoup (encore et encore). Pour cela, il faut apprendre les Noms et Attributs d‘Allâh afin de pouvoir aller chercher le nom ou l’Attribut qui corresponde à ce dont à besoin. On se rappellera qu’Allâh est Al-Kârim, c’est-à-dire celui qui est généreux et qui accorde beaucoup de bienfaits, même à ceux qui ne le méritent pas, qu’Il est Al-Fattâh, c’est-à-dire celui qui facilite à Ses créatures, qu’Il est aussi Ash-Shâfih, c’est-à-dire celui qui guérit. Etc…

6/ Le moment est venu de présenter à Allâh ce dont on a besoin. Allâh sait ce que nous désirons, mais Il veut et Il aime que nous l’exprimions, et il y a un bénéfice pour nous en agissant ainsi. Il faut l’exprimer avec le cœur, avec les mots et avec l’esprit. Concernant l’esprit, cela signifie imaginer ce qu’on demande. Il s’agit de construire mentalement notre demande. Si cela porte sur son magasin qui est en difficulté, on peut imaginer que le magasin est devenu plus grand, qu’il est rempli de clients, que les bénéfices arrivent, etc. Si on a un problème de santé, on s’imagine en bonne santé, avec le souci réglé. Si on est en quête de spiritualité, on sait qu’on a du mal à prier ou à faire du Dhikr ou à progresser dans notre Religion, alors on s’imaginera priant nos prières à l’heure avec assiduité, faisant du dhikr, devenant une personne pieuse, se revêtant de la Sunnah du Messager d’Allâh autant intérieurement qu’extérieurement et dites à Allâh : « Ya Allâh, je veux devenir une personne qui ressemble à Ton Messager ». Il faut ensuite venir avec humilité de dire à Allâh que sommes des créatures limitées, que nous n’avons que la possibilité d’imaginer, tandis que Lui, avec Son infini Pouvoir (Qoudrah), peut transformer ce besoin en réalité sans la moindre difficulté. Il suffit qu’Il dise « Kun Faya Kun » (Soit !) et c’est réglé. [16]

S’il est autorisé de demander des choses relatives à la Duniya (ce bas monde), il est encore mieux de demander ce qui est en rapport à la religion et qui est susceptible de nous rapprocher davantage d’Allâh. Il faut bien entendu joindre la posture qui est Sunnah. Que dire de celui qui fait une invocation avec les mains dans une direction, la tête dans une autre, le cœur distrait par autre chose, etc ? Qui va écouter une telle invocation ? Il y a des gens qui ne veulent même pas lever leurs mains pour invoquer Allâh, alors que cette pratique est clairement mentionnée dans les Hadiths ! Les mains parfois levées au niveau de la poitrine, comme le mendiant qui attend qu’on lui donne quelque chose dans ses mains ; et d’autres fois les bras levés vers le ciel au point où l’on peut voir les aisselles [17]. Certains prennent à peine soin de lever leurs mains ou écartent les bras n’importe comment, etc. Est-ce là l’attitude d’un mendiant ? Est-ce là l’attitude de celui qui est clairement dans le besoin ? Regardez ce qui est rapporté dans les Ahadiths et agissez en conséquence, car la façon de faire du Messager d’Allâh ﷺ est la meilleure manière de procéder.

Il ne faut pas hésiter à demander à Allâh, jusqu’à ce qu’Il exauce. Ensuite, nous pourrons effectuer d’autres demandes.

7/ Donner, c’est recevoir. En effet, lorsque nous effectuons des invocations, Allâh aime que nous demandions pour autrui. Cela signifie qu’on étend nos demandes à l’Humanité et au reste de Ses créatures. Par exemple, nous pouvons demander à Allâh qu’Il bénisse tous les êtres humains, qu’Il guide les non-Musulmans par la lumière de l’Islam, qu’Il augmente leur subsistance, etc. Il faut ouvrir son cœur et devenir généreux.

Abou Ad-Dardâ’ رضى الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Allâh exauce toujours l’invocation que fait le Musulman en faveur de son frère en son absence. Près de sa tête, il y a un Ange, chaque fois qu’il invoque Allâh pour le bien de l’absent, l’Ange, dont il a la charge, dit : âmîne et tu en as l’équivalent. » [18] Par conséquent, si vous souhaitez que des anges fassent le dou’a pour vous, invoquez pour autrui et en retour, ils invoqueront pour vous.

8/ La personne doit de nouveau se rappeler et mentionner que si Allâh nous a bénis par la venue du Messager d’Allâh ﷺ qui est la meilleure des créatures et la plus grande des bénédictions parmi toutes les bénédictions, alors Il peut sans aucun doute nous accorder toute autre chose d’inférieur. Il est ainsi recommandé de réciter à nouveau des salutations (Salawats – Durood Shareef) sur le Messager d’Allâh ﷺ.

Il est rapporté de Saydinna `Umar ibn Al-Khattâb رضى الله عنه qu’il a dit : « L’invocation reste suspendue entre ciel et terre jusqu’à ce que tu invoques Allâh pour ton Prophète Muhammad et que tu lui adresses tes salutations » [19]

9/ At-Tawakkul – Il faut maintenant laisser l’affaire entre à Allâh – subhanu wa Ta’ala -. Par exemple : « Ô Allâh, je t’ai confié ce dont j’ai besoin, mais Tu sais mieux ce qui est profitable pour moi, fais ce qui Te plait me concernant ».

De même, il est rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a déclaré : « Invoquez Allâh tout en étant sûrs d’obtenir l’exaucement […] » [20]

Ensuite, il y a cinq manières dont le dou’a peut être exaucé :

– Oui, voici ce que tu as demandé (la personne reçoit ce qu’elle a demandé)
– Oui, mais pas maintenant (la personne va recevoir ce qu’elle a demandé, mais ce n’est pas encore le moment. Tout comme le fruit, il faut attendre que le dou’a soit mur et alors il tombera de lui-même et nous pourrons en bénéficier)
– Oui, à la place Je te donnerai quelque chose d’encore meilleur
– Oui, à la place Je vais te retirer une énorme calamité qui allait te toucher
– Oui, mais tu en auras davantage besoin dans l’au-delà qu’ici-bas (par ex. durant l’attente lors du Jugement dernier)

10/ Dans la duniya, faire maintenant son possible pour montrer à Allâh qu’on fait tout ce qui est en notre capacité, à notre niveau, pour que ce que nous avons demandé se réalise. Par exemple, si cela concerne notre magasin, on va redoubler d’efforts pour l’embellir, pour mieux servir les clients, proposer des produits de qualité, etc. Si cela concerne la santé, nous irons consulter des médecins, etc. Cela pour montrer à Allâh qu’à notre faible niveau de créatures nous faisons tout ce qui est entre notre pouvoir, mais qu’au-delà, seul Lui est capable de nous aider.

Saydinna Abû Hurayra رضى الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Allâh -exalté soit-Il- dit : Je suis tel que Mon serviteur M’estime… » [20] Donc, si le Musulman pense que Allâh va lui donner, Allâh lui donnera.

 

En résumé :

 

1/ Etre en présence d’Allâh
2/ Louer Allâh pour qui Il est
3/ Remercier Allâh pour Ses bénédictions (et lui demander pardon pour nos péchés)
4/ Remercier Allâh pour le Prophète Muhammad (Durood/Salawats) ﷺ
5/ Penser à l’Attribut qui correspond à notre besoin
6/ Présenter à Allâh notre besoin
7/ Demander pour autrui
8/ Remercier à nouveau Allâh pour le Prophète Muhammad (Durood/Salawats) ﷺ
9/ Etre confiant et laisser l’affaire à Allâh
10/ A notre niveau, faire notre possible pour que cela se réalise

Ps : Ceux qui le désirent peuvent aussi donner une sadaqa après l’invocation. Cela renforce les chances d’être exaucés, car Allâh aime que l’on vienne en aide à ceux qui sont dans le besoin. En retour, Allâh exauce et nous accorde ce dont nous avons besoin.

Qu’Allâh nous facilite cette adoration et accepte nos invocations, car Il est au dessus de tout ce que nous pouvons imaginer en terme de bonté. Il est Le Généreux (Al-Karîm), Le Pourvoyeur (Ar-Razzâq) qui octroie et exauce sans peine tandis que nous sommes des êtres faibles, en nécessité et dans la dépendance absolue vis-à-vis de Lui – Exalté soit-Il -. ameen

Wa Allâhu a’alam

Apprendre la méthode correcte pour invoquer Allâh (dou'a) Cliquez pour tweeter

 

Notes :

Réf principale : Mawlana Sheykh Ahmad Dabbagh حفظه الله

[1] Al-Hâkim dans son sahîh, d’après Saydinna ‘Ali ibn Abî Tâlib رضى الله عنه
[2] Rapporté et authentifié par at-Tirmidhi dans ses Sounan, n°3370
[3] At-Tirmidhi dans ses Sounan n°3373, Ibn Maja dans ses Sounan n°3827 et Ahmad
[4] At-Tirmidhi et Ahmad
[5] At-Tirmidhi et Ahmad
[6] Les Shaykhān [Bukhārī & Muslim] rapportent que Ibn ‘Abbās رضى الله عنه a dit : « Effectivement, à l’époque du Prophète les gens prononçaient le Dhikr à voix haute au sortir de la prière. » Ibn ‘Abbās rajoute : « Je pouvais savoir quand ils avaient terminé leur prière, car je pouvais alors les entendre faire le Dhikr. »
[7] Parmi les meilleurs moments pour effectuer des invocations : durant le temps de Tahajjud, après l’Adhan, après l’Iqâma, pendant le Sujud, après la Salat…
Parmi les actions qui renforcent le dou’a, on peut aussi citer : avoir son Wudhu, faire face à la Qibla…
[8] Rapporté par Muslim
[9] Rapporté par Boukhari, Muslim et d’autres
[10] At-Tirmidhi
[11] Qour’an, 98/5
[12] Qour’an, 14/7
[13] Qour’an, 21/87
[14] Qour’an, 21/107 « Ô Muhammad ! Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour l’Univers. »
[15] At-Tirmidhi dans Jami, chapitre sur az-Zuhd
[16] Cette duniya étant un lieu de test, Allâh décidera ce qui est préférable pour nous et Il peut par exemple décider de ne pas guérir une personne, selon Sa Science et Sa Connaissance et nous devons placer notre confiance en Son choix quel qu’il soit.
[17] Car le ciel est la direction (Qibla) des invocations.
[18] Muslim
[19] At-Tirmidhi
[20] At-Tirmidhi, n°3479
[21] Rapporté par Al-Bukhârî, n°2224

En complément, vous pouvez également lire l’article : Des règles de bienséance à observer lors d’une invocation (An-Nawawî)

La Sunnah de Manger du Concombre
avec les Dattes

 

 

 

 

La Datte est le fruit comestible très énergétique, issu du palmier dattier. Riche en sucres, elle contient également des vitamines (B2, B3, B5 et B6), une faible quantité de vitamine C ainsi que des sels minéraux (potassium et calcium). Elle est également riche en chrome ainsi qu’en fibres. C’est un fruit charnu, de forme allongée, contenant un « noyau » marqué d’un sillon longitudinal.

Le Concombre est une plante potagère herbacée, rampante, de la même famille que le melon ou la courge (famille des Cucurbitacées). C’est la même espèce qui produit les cornichons. Riche en fibre et composé à 95% d’eau, il hydrate et apporte la satiété avec très peu de calories.  Il est plus digeste si on retire les graines situées en son centre.

Hadith :

Dans les deux Sahih, il est rapporté selon ‘Abd Allâh ibn Ja’far : « J’ai vu l’envoyé d’Allâh manger des dattes (mûres et fraîches) avec du concombre » [1]

Commentaire :

Une version rapportée ailleurs que dans le recueil de Muslim mentionne cet ajout : « Il atténuait le goût fortement sucré de l’un avec la fadeur de l’autre. » Cela indique qu’il est loisible de les manger ensemble, et plus généralement, de manger deux aliments ensemble, et de varier les aliments, sans divergence entre les savants sur ces points. L’avis attribué à certains anciens stipulants le contraire, indique plutôt la répréhension de s’habituer aux repas somptueux et luxueux sans but religieux. [2]

Le Prophète ﷺ a dit qu’une maison sans dates est sans nourriture. Il est bon d’en consommer au moment de l’accouchement car elle est pleine d’énergie. Saydda ‘Aishaa رضي الله عنها rapporte : « Les nouveau-nés étaient amenés devant le Messager d’Allâh ; il invoquait pour leur bénédiction et il frottait une date mâchée sur leur palais. » Ceci pour leur donner des forces. Il est aussi rapporté que le Prophète ﷺ a dit « Si l’un d’entre vous veut rompre le jeûne, qu’il le fasse avec des dattes par ce qu’elles sont une bénédiction, et s’il ne trouve pas des dattes, qu’il rompe le jeûne avec de l’eau parce qu’elle est une purification » [3].

Dans son ouvrage dédié à la médecine Prophétique, Sheykh Ibn al-Qayyim al-Jawzia رحمه الله mentionne diverses propriétés attribuées à la datte : c’est un aliment qui réchauffe, elle a des vertus aphrodisiaques, elle donne soif, peut provoquer le mal de tête, des douleurs à la vessie et peut nuire aux dents (en raison du sucre). D’un autre côté, le concombre rafraîchit, calme la soif, stimule les forces par l’odeur qu’il dégage et éteint les brûlures d’estomac. Ainsi, en chacun des deux il y a la réparation de l’autre et l’élimination de la plupart des lésions. Et c’est la base des soins médicaux, qui est la préservation de la santé.

Il est aussi dit que mangées ensemble, dattes et concombres peuvent aider à prendre (et non pas perdre) du poids. Il est rapporté que Saydda A’isha رضي الله عنها a dit : « On a essayé de me faire prendre de l’embonpoint. Alors on m’a donné du concombre et les dattes mûres et fraîches, ce qui m’a fait prendre de l’embonpoint. » [4] Selon une autre version, ce fut le Prophète ﷺ lui-même qui demanda à ce que les parents de Saydda A’isha رضي الله عنها lui donnent cette nourriture. [5] Ceci prouve qu’il est permis pour les femmes de suivre un « traitement » pour se procurer de l’embonpoint. [6]

Manger des dattes avec du concombre est une Sunnah avérée. De plus, ce sont deux aliments succulents, sains et bénéfiques pour notre santé et qui s’équilibrent parfaitement l’un avec l’autre ; alors inshaa Allâh, ne nous privons pas de les déguster ensemble. [7]

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

[1] Muslim, n° 2043, mais aussi ibn Majah et at-Tirmidhi.
[2] Sharh Sahih Muslim d’an-Nawawi رحمه الله
[3] Abu-Dawud et at-Tirmidhi
[4] Sheykh Ibn al-Qayyim al-Jawzia رحمه الله dans at-Tib an-Nabawiyy
[5] Abu Dawud
[6] Imam as-Suyuti رحمه الله dans at-Tib an-Nabawiyy
[7] Il est rapporté que l’Envoyé d’Allâh ﷺ consommait aussi les dattes avec la pastèque (Ibn al-Qayyim – at-Tib an-Nabawiyy)

Conseils Pour Un Mariage Heureux

 

 

 

Introduction

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Allâh (subhanahu wa ta’ala) dit dans le Qour’an : « Parmi Ses signes est qu’Il a créé pour vous à partir de vous-même des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles le calme (quiétude) et le gîte et qu’Il a établi entre vous des liens de tendresse (affection) et de miséricorde. Il y a en cela des signes certains pour des gens qui méditent. » [1]

Quand deux personnes s’engagent dans cette merveilleuse aventure qu’est le mariage, elles espèrent connaitre une vie de couple épanouie et heureuse. C’est parfois le cas, al-hamduliLlâh, mais il faut savoir rester lucide, car beaucoup de jeunes couples ont été leurrés par les romans, les films et les séries qui présentent une vision du couple fantasmée alors que la réalité est souvent bien différente. En effet,  la vie de couple n’est pas toujours facile et sans un minimum de patience, de concessions et d’efforts communs, cela peut vite virer au désastre. Sans préparation, connaissances et efforts sur soi (nafs) il sera difficile de trouver un équilibre sain et positif. D’ailleurs, il suffira de regarder autour de nous pour constater à quel point le divorce c’est répandu dans nos société modernes. Dans notre communauté, c’est encore pire, nous divorçons pour des broutilles, victimes de nos rêves et de nos égos et ceci même chez les frères et sœurs qui se disent où se pensent religieux. C’est dans ces moments de vie commune que le manque de Tazkiyyah (purification interne) et de Tarbiyyah (éducation) réapparait clairement, laissant apparaitre au grand jour la partie cachée de cet iceberg nauséabond que l’on cachait derrière le beau rôle que l’on jouait jusque là.

Les gens divorcés, les familles monoparentales, les familles recomposées, tout cela est maintenant devenu une norme, tandis que nous nous étonnerons de voir des couples mariés de longue date. Si le divorce est autorisé en Islam, comme dernier recours, c’est l’acte permis le plus détesté par Allâh comme cela a été rapporté dans un Hadith du Prophète Muhammad ﷺ. Le divorce compte ainsi parmi les actes préférés de Shaytan, dont l’un des objectifs principaux est de détruire les familles. Il est rapporté dans un Hadith authentique que : « Iblis établit son trône sur l’eau (la mer) et envoie ses légions (pour tenter les Hommes). Le démon qui a (ensuite) le plus de proximité avec lui est celui qui a réussi le plus grand trouble (fitna). L’un de ces démons vient à lui et dit : « J’ai fait ceci et cela. » Mais il lui répond : « Tu n’as rien fait. » Puis l’un d’entre eux vient à lui et lui dit : « Je n’ai pas lâché (tel humain), jusqu’à ce que j’ai réussi à provoquer la séparation entre lui et son épouse. Iblis rapproche de lui ce démon et lui dit : « Quel bon fils es-tu ! » [2]

Nous vivons pourtant dans des sociétés dites modernes, où les gens disposent de tout leur temps, du confort matériel et de leur liberté pour choisir leur conjoint. Alors pour quelle raison les couples n’arrivent pas à durer? L’individualisme, le matérialisme et l’égoïsme ne seraient-ils pas en cause? Finalement ne voit-on pas l’autre que comme un moyen de satisfaction pour nos désirs et nos passions? Est-on assez courageux et matures pour comprendre que le mariage nécessite des efforts et des concessions à l’heure où les gens s’essayent comme ils essayent une chemise puis s’en débarrassent si elle ne leur plait pas?

Dans cet article, nous vous proposons quelques conseils (à appliquer) pour que le mariage soit synonyme de réussite et non d’échec. L’article est basé sur un cours donné par Ustadh ‘Outhman Miah qui est un spécialiste dans le domaine du mariage et de la vie de couple.

Dans un premier temps, il est important de rappeler qu’il n’est pas demandé aux époux de se rectifier l’un et l’autre (lui la rectifie, elle le rectifie). Ce qui est attendu, c’est que l’époux se rectifie lui-même et que l’épouse se rectifie elle-même. Si les deux personnes avancent sur cet objectif, la plupart des problèmes majeurs seront écartés.

Ce qui nous allons demander au lecteur de cet article, ce n’est pas d’agir en une fois selon l’ensemble des points qui vont être mentionnés, mais d’en choisir 1, 2 ou 3 et de se concentrer dessus sur une période de 30 jours. Une fois les 30 jours terminés, choisissez-en d’autres puis mettez-les en pratique de la même manière. Si une personne arrive à tenir 30 jours consécutifs, il est scientifiquement avéré que l’acte accompli devient une habitude. L’action devient donc bénéfique pour le reste de nos vies. C’est entre autres la raison pour laquelle Allâh nous a prescrit un jeûne de 30 jours durant lequel nous prendrons des résolutions positives et agirons différemment de notre quotidien. Celui qui a effectué son jeûne avec sérieux récoltera ainsi les fruits de Ramadan, c’est-à-dire qu’il gardera les bonnes habitudes prises durant ce mois. Et beaucoup de Musulmans peuvent en témoigner, certains s’étant mis à prier alors qu’ils étaient négligents le reste de l’année, d’autres ayant arrêté de fumer ou s’étant habitués à baisser le regard sur ce qui est illicite durant ce mois, etc. Avec l’aide d’Allâh, celles et ceux qui agiront ainsi 30 jours verront ces points mis en pratique devenir des habitudes et ils engageront alors inshaa Allâh leur mariage dans un cercle vertueux, synonyme de succès éternel.

Ceux qui ne sont pas encore mariés pourront bien évidemment tirer profit de cet article en prenant conscience des efforts qu’il faut fournir au quotidien pour qu’un mariage soit bénéfique, heureux et durable. Il existe de nombreux points, mais dans un souci de concision, nous n’en évoquerons que quelques-uns parmi les plus importants, inshaa Allâh. Les conseils seront suivis par une série de questions / réponses sur ce même sujet du couple.

Évaluation

Si vous aviez à donner une note à votre mariage, quelle serait la note donnée? Cette note permet d’évaluer votre satisfaction et plus la note est basse, plus il sera urgent et important d’entreprendre ce travail.

-> Celles et ceux qui ne sont pas mariés pourront partir du principe qu’ils évaluent leur mariage à 5/10, ce qui laisse une marge suffisante pour un équilibre et une marge de progression.

Conseil n°1

Rappelez-vous la raison pour laquelle vous vous êtes rapprochés l’un de l’autre. Pourquoi vous êtes-vous mariés ? Lorsque cette question est posée, certains répondent qu’ils se sont mariés par amour, par désir d’avoir des enfants, parce que le mariage représente la moitié de la Foi [3], parce que c’est une Sunnah, pour éviter les péchés, etc.

La raison première du mariage doit être la recherche de l’Agrément d’Allâh (subhanu wa ta’ala). On se marie dans ce but avant tout et non pour se faire plaisir ou faire plaisir au conjoint. Lorsqu’on prend conscience de cela, ce n’est plus une pièce du puzzle qu’on a en sa possession, mais bien le puzzle en entier. L’objectif n’est alors plus seulement cette douniya (ce bas-monde), mais avant tout l’au-delà, car on ne souhaite plus uniquement être mariés sur cette terre, mais également l’être au Paradis (Jannah), pour toujours.

Celles et ceux qui envisagent de se marier doivent se poser la question suivante : « Ai-je envie d’être marié avec cette personne au Paradis ? Cette personne est-elle capable de m’aider à atteindre ce but ? »

L’objectif étant de chercher ensemble l’Agrément d’Allâh à travers ce mariage, il convient maintenant de s’entraider et de se soutenir pour y arriver. Il s’agit notamment de s’aider l’un et l’autre à rectifier nos propres défauts. Le grand Waliyy d’Allâh, Saydinna ‘Abd al Qadir al-Jilaniyy رحمه الله a déclaré qu’il y a chez chacun une partie du nafs qui ne peut jamais être purifiée jusqu’à ce que la personne interagisse avec la création. Et avec qui interagissons-nous le plus si ce n’est avec notre conjoint ? Par contre, cela ne signifie pas que l’un devient le professeur de l’autre. Il s’agit de prendre conscience et de reconnaître ses propres fautes (introspection) et non de vouloir corriger celles de notre partenaire. Lorsqu’une divergence ou une dispute survient (ou même dans les moments de joie), c’est là qu’il faut regarder quels sont nos propres défauts.

Ex : Le mari parle à son épouse, mais la femme est sur son téléphone, ou sur Facebook. Dans un cas pareil, le mari ne va pas se sentir écouté, il va penser que son épouse s’en fiche de lui. Il est évident que la responsabilité revient principalement à l’épouse qui à ce moment-là est sur le mobile et qui ne prête pas attention à son partenaire. La meilleure des réactions pour ce mari, ce n’est pas de critiquer le fait que sa femme soit sur son mobile… et pourtant c’est probablement ainsi que la plupart d’entre nous réagissent. Une meilleure réaction consiste à se dire : « Ok, je n’aime pas ça, mais comment puis-je améliorer ma réaction lorsque je suis confronté à cette situation ? » Vous êtes donc en train de parler à votre femme, elle ne vous prête pas d’attention, dites-vous plutôt : « Ok, elle est occupée, je vais porter mon attention sur Allâh et m’adresser à Lui. » Si votre conjoint est trop occupé à un moment donné, Allâh n’est jamais trop occupé pour vous écouter. Pas pour vous plaindre de votre épouse, mais par exemple pour lui exposer vos peines, vos difficultés et Lui demander de vous aider à vous corriger. À peine aurez-vous dit « Ô Allâh… » qu’Allâh aura répondu « Ô Mon serviteur que désires-tu ? ». Votre conjoint ne vous écoute pas ? Parlez à Allâh. Dites-vous qu’il y aura un autre moment où vous serez tous deux disponibles (mari et femme), sans distractions et qu’à ce moment-là, il sera toujours possible de discuter.

Donc, on cherche ses propres fautes, ses propres faiblesses et non celles de son conjoint. On cherche à se rectifier soi-même et non à rectifier l’autre.

Conseil n°2

Notre conjoint reflète l’état de notre cœur.

Cela signifie que le comportement que nous avons avec notre conjoint reflète clairement notre état. Lorsque nous sommes à la Mosquée, nous montrons une piété exemplaire. Il s’agit en réalité d’une fausse piété, d’une image contrôlée de notre personnalité. La véritable piété, comme l’a mentionné Saydinna ‘Ali رضى الله عنه, c’est celle que nous adoptons dans l’intimité. Lorsque nous sommes seuls à la maison par exemple : est-ce qu’on commet des péchés ? Est-ce qu’on dépense notre temps dans les adorations ..? On doit se poser la question : « Qui suis-je lorsque je suis seul ? » Cela reflète plus notre état de piété que lorsque nous sommes à l’extérieur et que nous jouons un rôle social.

Si je désire savoir s’il y a un problème en moi, je dois en tout premier regarder le comportement que j’ai vis-à-vis de mon conjoint. Rappelons-nous du célèbre Hadith dans lequel il est mentionné que le Prophète ﷺ dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa femme… »  [4] Bien sûr, cela est valable dans l’autre sens : La meilleure des épouses est celle qui est la meilleure avec son mari.

Si je désire savoir si mon comportement est correct, alors je dois regarder la façon dont je me comporte avec mon conjoint en comparaison avec la façon dont je me comporte avec des inconnus. La question que je me peux me poser ensuite est : « Une personne qui m’est inconnue mérite-t-elle plus d’attention et de respect que la personne qui partage ma vie ? » La réponse est évidemment NON ! Exemple : Vous êtes dans un café, le serveur vous apporte votre boisson et vous le remerciez chaleureusement. Par contre, à la maison votre conjoint vous apporte un thé et là rien, comme si c’était un dû. Il serait pourtant normal de dire merci à chaque fois, comme si c’était la première fois qu’il ou elle vous servait. Dans un Hadith, il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « […] Celui qui ne remercie pas les gens ne remercie pas Allâh […] » [5]. A ce remerciement, on peut rajouter un sourire, faire un dou’a pour la personne, etc. Voilà le comportement que nous devrions adopter au quotidien.

Conseil n°3

Parmi les objectifs du mariage, il y a aussi le fait pour les époux de trouver la tranquillité l’un avec l’autre.

Si les moments passés ensemble sont chaotiques, difficiles, éprouvants, conflictuels, alors comment trouver la tranquillité dans ce mariage ? Lorsque ça se passe comme ça, c’est que les conseils 1 et 2 n’ont pas été appliqués. Votre conjoint peut être une personne avec qui il est très difficile de vivre, si vous mettez en pratique les conseils et principes donnés dans ce cours, plus rien ne vous dérangera et vous serez malgré tout satisfaits de votre mariage. À n’en pas douter, le fait d’adopter un meilleur comportement à un effet positif sur le couple et il est probable que les tensions s’apaisent et que votre conjoint se mettent à son tour à faire des efforts sans même que vous n’ayez eu à l’y encourager.

Chacun des partenaires doit faire le maximum pour rendre l’autre heureux et pour cela il n’est pas nécessaire de décrocher la lune ou son bras droit (sacrifier sa vie). Parmi ceux qui souhaitent se marier, on entend certains dire : « Je ne me marierai que lorsque j’aurai un travail, ou lorsque j’aurai une maison, ou quand j’aurai tel âge, etc… » Avec cette mauvaise manière de penser, il est possible de repousser cette date jusqu’à sa péremption (ne jamais se marier). On voit les gens du même âge que nous déjà mariés, avec des enfants, pendant qu’on repousse l’échéance toujours un peu plus loin. Car il n’est pas certain qu’au final on trouve un travail, une maison ou qu’on trouve le ou la partenaire idéal à ce moment-là. Dans le Saint Qour’an, Allâh déclare : « Mariez les célibataires qui vivent parmi vous, ainsi que vos serviteurs vertueux des deux sexes. S’ils sont pauvres, Allâh pourvoira, par Sa grâce, à leurs besoins, car Il est Plein de largesses et Sa science n’a point de limite. »  [6] Dans son célèbre Tafsir, en commentaire de ce verset, l’imam al-Qurtubi رحمه الله déclare : « Ne vous abstenez pas de vous mariez sous prétexte que le mari ou la femme est pauvre. S’ils sont pauvres, Allâh les rendra indépendants par Sa générosité. C’est une promesse d’indépendance de moyens (financiers) à ceux qui se marient, cherchant l’agrément d’Allâh et cherchant à se protéger des péchés. » [7] Il faut donc être confiant. Soit le mari verra sa subsistance (Rizq) augmenter, soit la femme sera en capacité de l’aider, surtout si elle travaille, et cela sera de surcroît considéré pour elle comme une saddaqa (aumône). Et si par ce mariage vous avez des enfants, Allâh augmentera alors également votre subsistance. Il faut avoir confiance en Allâh dont l’un des noms est ar-Razzaq (Celui qui octroie la subsistance).

Donc, chacun doit se poser comme question: « Est-ce que je fais réellement tout mon possible  pour rendre mon conjoint heureux ? » Si les deux époux pensent ainsi, le mariage ne pourra qu’aller chaque jour de mieux en mieux. Si par contre, les époux sont dans une logique inverse, imaginez quelles peuvent être les conséquences. Il ne faut surtout pas partir sur l’idée suivante : « Comment mon conjoint peut-il ou peut-elle me rendre heureux ? » Cette manière de penser conduit le couple à la rupture. Allâh nous a créés pour qu’on cherche Son Agrément et notre conjoint n’a pas été créé pour nous rendre heureux. Le but de notre création ne se trouve pas là. L’objectif de chacun doit être la recherche de l’Agrément d’Allâh et cela se réalise aussi en faisant notre possible pour rendre notre conjoint heureux.

Conseil n°4

Donner du temps et de l’attention, de l’affection et de l’amour. Offrir des présents selon ses moyens.

Comment nous l’avons rappelé plus haut, il n’est pas nécessaire de décrocher la lune ou de se couper le bras droit pour rendre notre partenaire heureux. Pour beaucoup d’entre nous, un cadeau doit forcément être sous forme physique. Nous oublions que le temps accordé à autrui représente une source de bonheur immense, que ce soit avec notre conjoint, nos enfants ou avec nos proches. Ce temps passé ensemble doit être de qualité. Deux heures passées ensemble devant la TV, ce n’est pas la même chose que deux heures ou même juste vingt minutes passées ensemble à discuter affectueusement autour d’un thé sans perturbation externe (TV, smartphone, etc…).

Si vous rendez visite à des personnes âgées dont le conjoint est décédé et que vous lui demandez ce qu’elles regrettent, ce qu’elles changeraient si elles pouvaient revenir en arrière, la réponse est souvent : « Je passerai plus de temps avec ma femme/mon mari, je lui dirais que je l’aime, je lui dirais merci pour tout… » Faut-il attendre le décès de nos proches pour se rendre compte de leur valeur? Une fois qu’on a ça en mémoire, on doit se rappeler qu’on ne sait pas combien de temps on a encore à passer ensemble. On ne sait pas quand la mort surviendra. C’est pourquoi il est important de montrer notre affection, notre amour et de donner quotidiennement à notre conjoint du temps de qualité. Le couple en ressortira renforcé.

Conseil n°5

Réduire le stress de notre partenaire en limitant les exigences et en étant heureux avec peu.

C’est un point important, y compris pour celles et ceux qui ne sont pas encore mariés.

Comme cela est mentionné dans différents Ahadith, les mariages les plus bénis sont ceux pour lesquels peu d’argent est dépensé. [8] Le Messager d’Allâh ﷺ a déclaré que le Nikah (mariage) doit être facile, tandis que le Zina (fornication) doit être difficile. Aujourd’hui, on assiste plutôt on contraire : il n’a jamais été aussi facile de tomber dans Zina tandis que les mariages sont devenus compliqués et couteux. On voit fréquemment des mariages de Musulmans ou les mariés arrivent en Limousine et voiture hors de prix, dans des salles luxueuses, avec des costumes sur mesure, des bijoux couteux, des invités toujours plus nombreux, de la nourriture cher et plus qu’il n’en faut et le tout est bien souvent rendu possible « grâce » à un crédit bancaire. A cela, il faudra bien souvent rajouter la présence d’alcool, de musique, de danse, de mixité, etc. Il n’est malheureusement pas rare que ces mariages « bling-bling » et peu religieux ne durent qu’un bref instant. Différentes études ont démontré que (1) plus le coût de la bague de fiançailles est élevé et (2) plus le coût du mariage est élevé, plus les chances de divorces sont également élevées. [9]

Concernant les frais du mariage, si l’un a une situation financière aisée tandis que ce n’est pas le cas pour l’autre, la famille la moins aisée pourra dire : « voici la somme que nous pouvons mettre ». Quant à la famille qui a plus de ressources, elle pourra remercier Allâh pour cela et ajouter ce qui convient selon ses moyens. Ainsi, chacun payera selon ce qu’il peut mettre, sans excès, ni gaspillage. Si les deux parties avaient à payer la même chose, alors il s’agirait d’une injustice et principalement envers celle qui a le moins de moyens. Chacun doit payer raisonnablement en fonction de ses possibilités de manière à ce que le mariage ne soit pas quelque chose de compliqué, ni que cela n’engendre des tensions entre les familles et donc entre les futurs époux.

C’est pourquoi lorsque le mariage est évoqué, il ne faut pas avoir peur de rappeler les règles Islamiques et de faire en sorte que les familles comprennent tout le bien qu’il y a à faire un mariage simple et peu couteux et que cela n’a rien à voir avec la radinerie. Il faut aussi comprendre que lorsqu’on souhaite un grand mariage couteux pour son couple ou pour ses enfants, cela encourage les autres à en faire de même, voire pire, à en faire encore plus. Cela fait partie des plans de Shaytan pour détruire la Ummah et faciliter Zina.

Pour en revenir aux couples mariés, les partenaires doivent se demander comment ils peuvent faciliter la vie de leur conjoint. Celui qui agit ainsi pour son épouse verra celle-ci agir de la même manière envers lui en retour (et vice versa). D’un point de vue humain, l’homme attend généralement du respect, tandis que l’épouse attend de la compassion. L’homme doit se rappeler que le respect, ça ne se demande pas, ça se gagne et que c’est par les efforts sur lui-même qu’il gagnera le respect de son épouse.

Conseil n°6

Devenez désintéressés vis-à-vis de l’autre et votre mariage vous suffira jusqu’à la mort (vous ne désirerez plus ou ne ressentirez plus le besoin d’avoir un(e) autre partenaire).

Il y a une blague fréquente entre frères, lorsque ceux-ci évoquent entre eux le désir (parfois réel) d’avoir plusieurs épouses. Il arrive aussi que des femmes aient cette volonté cachée d’être avec quelqu’un d’autre. La première chose dont il faut se rappeler, c’est que le mariage d’un homme avec plusieurs épouses ne peut se faire qu’à la condition que le mari soit en mesure d’apporter à chacune d’entre elles des droits égaux. Sans cela, ce mariage sera un péché. Seul celui qui pourra être juste envers ses épouses est autorisé à envisager un tel mariage. Avant toute chose, il faut savoir que l’Islam n’a pas permis d’augmenter le nombre de femmes qu’il est possible d’épouser, mais au contraire, l’Islam est venu le  restreindre, car à l’époque de la Révélation, il était fréquent qu’un homme ait jusqu’à dix épouses en simultané. Il existe plusieurs raisons pour lesquelles la polygamie a été autorisée. L’une d’entre elles concerne les femmes veuves, qui n’ont personne pour s’occuper d’elles et de leurs enfants, ce qui constituait dans la passé une situation très fréquente. Un homme pouvait demander la main d’une femme veuve et ainsi lui assurer une vie saine, de l’affection, de la sécurité, subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants, leur permettre de grandir avec une figure paternelle, dans un cadre familial sain, etc.

Que signifie « votre mariage vous suffira jusqu’à la mort » ?

Ne plus envisager d’avoir un autre partenaire dans sa vie, permet de développer le contentement. On ne cherche plus quelqu’un d’autre puisqu’on a déjà quelqu’un.  En parallèle, les efforts entrepris améliorent notre relation et on se sent mieux.

Conseil n°7

Ce conseil est l’un des plus importants !

Tous les problèmes peuvent être résolus, à condition que notre vie soit équilibrée vis-à-vis des quatre points suivants :

1/ Avoir du temps pour soi

Beaucoup de gens deviennent stressés, agités, agressifs, car ils n’ont pas de temps pour eux seuls. La moindre contrariété qui leur pollue leur peu de temps disponible et cela engendre colère, disputes et mécontentement. Pour certains, ce temps est celui durant lequel ils vont à la gym, pour d’autres c’est celui où ils méditent, ou bien durant lequel ils lisent, se détendent, se baladent ou regardent les étoiles… Si on n’a pas cela, la vie est déséquilibrée et cela peut affecter notre bien-être. Il est donc important de veiller à avoir un peu de temps pour soi et l’Islam le recommande vivement.

2/ Passer du temps avec sa famille

Cela inclut le partenaire et les enfants. Travailler non-stop sans s’occuper des enfants n’est pas une bonne chose, car les enfants ont besoin de la présence des parents et que ces derniers s’occupent d’eux. S’occuper d’eux, ce n’est pas juste les nourrir, les habiller, les emmener à l’école, et les coucher.  Il faut leur parler, les écouter, leur apprendre beaucoup de choses, notamment en termes de valeurs et de religion. L’éducation demande du temps de qualité. Il est également important de passer du temps en famille, parents et enfants réunis. Cela commence par les repas, qui doivent être pris ensemble, mais aussi du temps dans la semaine pour faire des activités ensemble, comme aller pique-niquer en famille par ex.

3/ Du temps l’un pour l’autre

Lorsque deux personnes deviennent parents, il arrive fréquemment qu’elles ne trouvent plus de temps à passer ensemble. Il y a certes un temps pour les enfants, car c’est le rôle des parents que de passer du temps avec leur progéniture, mais il est également essentiel que les époux passent du temps ensemble, juste tous les deux. Pour cela, il est possible de coucher les enfants un peu plus tôt, ou de les laisser chez les grands-parents ou la famille très proche parmi ceux en qui on a toute confiance et dont on sait que nos enfants seront en toute sécurité chez eux. C’est très important, sans quoi le mariage ne tardera pas à se détériorer.

4/ Passer du temps avec Allâh seul (subhanahu wa ta’ala)

C’est une des conditions permettant l’obtenir l’Agrément d’Allâh et donc Son Paradis dans lequel nous souhaitons être réunis dans l’au-delà. Cela permet aussi de se rappeler que cette vie n’est qu’un test et non un lieu de plaisir et que si on souhaite accéder au Paradis ensemble, il faut travailler pour cela, notamment en corrigeant ses propres défauts qui peuvent être révélés par notre partenaire via le mariage (effet miroir). On se rappelle que l’épouse ne corrige pas son époux, ni l’époux ne corrige son épouse : chacun se corrige lui-même. En agissant ainsi, on obtient l’Agrément d’Allâh à travers son partenaire. Ce temps passé seul avec Allâh peut se trouver dans la Prière, dans le Dhikr, dans la Méditation (Murâqaba), etc. Un bon exercice quotidien : Durant 10/15 minutes on ferme les yeux et on parle avec Allâh, avec tout son cœur.

Question / Réponses

1/ Comme nous l’avons vu, l’homme attend généralement du respect, tandis que l’épouse attend de la compassion. Que se passe-t-il lorsque le contraire se produit (l’homme attend de la compassion et  l’épouse du respect) ?

-> Il y a toujours des exceptions et c’est normal. Les deux partenaires sont uniques et leur mariage est unique. Aucun mariage ne ressemble à 100% à un autre. Ce qui compte, c’est de trouver ce qui fonctionne dans notre couple, peu importe si d’autres couples n’agissent pas de la même manière. Si c’est licite et que ça fonctionne pour vous, alors c’est parfait. Ne comparez pas votre mariage aux autres mariages. Si dans un cas particulier, le mari éprouve le besoin d’avoir de la compassion et la femme du respect, alors le mari fera des efforts pour davantage respecter sa femme, tandis que cette dernière fera des efforts pour être plus compatissante envers son époux. Regardez ce qui marche pour vous et ne comparez pas avec les autres. Il y a des couples qui aiment rester à la maison et préfèrent cela au restaurant. Si cela leur convient, pourquoi chercher à faire comme d’autres couples qui préfèrent sortir au restaurant et ont besoin de cela ? Chaque couple est unique.

La même chose s’applique aux tâches ménagères. On sait de sources sûres que le Prophète Muhammad ﷺ participait pleinement aux tâches ménagères. C’est une chose très importante pour un couple qu’il y ait un consentement commun et une répartition définie et équilibrée des tâches ménagères. Beaucoup de disputes et de divorces ont pour origine un manque de communication et de répartition définie des tâches. On voit cela encore plus chez les couples où le mari et la femme travaillent tous deux. Personne n’a vraiment défini son rôle et ses tâches, chacun est censé faire 50% de tout et c’est là que les reproches commencent : « C’est toujours moi qui fait ça ! », « Tu ne fais jamais ceci ! », etc. Il est donc important que les époux prennent le temps de définir qui fait quoi, selon leur vision des choses, afin de trouver un équilibre qui satisfasse pleinement les deux parties. Là encore, chaque couple est unique et si les deux personnes sont d’accord et satisfaites de leur manière de procéder, alors c’est parfait et peu importe comment font les autres. Si dans un couple, le mari s’occupe de travailler et d’autres choses du même genre, tandis que la femme s’occupe de gérer l’ensemble des tâches ménagères et que cela leur convient parfaitement, c’est très bien. Qui sommes-nous pour juger ? Dans un autre couple, les époux préféreront répartir de telle ou de telle manière, l’un fera la cuisine, l’autre les lessives et l’aspirateur, etc. Il n’existe pas de modèle type, c’est à chaque couple de définir ce qui est efficace et satisfait les deux époux.

2/ Il existe dans notre communauté des mariages « arrangés » et il s’avère parfois que la vie de couple qui en découle soit triste et misérable. Quelle différence existe-t-il entre un mariage « arrangé » et un mariage « forcé » ?

-> Le mariage arrangé et le mariage forcé sont deux choses distinctes qu’il ne faut pas confondre.

Il y a deux choses à comprendre. La première concerne la période qui précède le mariage et la seconde la période qui suit le mariage et qui peut être vécue comme malheureuse.

Un mariage arrangé, c’est juste un moyen pour deux personnes qui cherchent à se marier de se rencontrer. Alors qu’elles sont en recherche, elles sollicitent leurs proches (famille, amis, tuteur, sheykh). Ensuite, ceux qui les représentent se voient puis organisent une rencontre en présence d’un mahram et les deux personnes peuvent alors échanger sur leurs souhaits concernant ce mariage, jusqu’à ce qu’elles tombent d’accord (ou pas) pour se marier. Ce type de mariage est tout à fait correct, donne de bonnes bases pour un mariage réussi et c’est ainsi que nous devrions agir. Les deux personnes souhaitaient se marier, on leur propose une rencontre (encadrée) avec une personne susceptible de convenir à leurs attentes, les deux sont d’accord et de cela découle un mariage qui a toutes ses chances de réussir. Al-hamduliLlâh !

On a des cas où le frère ou la sœur n’ont jamais émis le souhait de se marier, mais leurs représentants cherchent pour eux, se mettent d’accord ensemble puis les forcent à se marier. Cela s’appelle mariage « forcé ». Islamiquement un tel mariage est nul. Si des personnes se retrouvent confrontées à une telle situation, il est important qu’elles puissent en amont se réunir avec leurs représentants et leur signifier avec calme et douceur qu’elles ne souhaitent pas se marier maintenant, où que la personne présentée ne leur convienne pas.  Il est préférable que les deux personnes impliquées signalent très clairement avant le mariage que personne ne peut les obliger à aller vivre avec quelqu’un avec qui elles ne souhaitent pas partager la vie, ni ici-bas, ni dans l’au-delà. Cela afin d’éviter que le mariage soit célébré, puis qu’ensuite cela s’envenime entre les époux, puis entre les familles. En Islam, il n’y pas de concept de mariage forcé.

Ni le père, ni la mère ne peuvent forcer leur enfant à se marier. Leur rôle est de recommander, de conseiller, mais pas de forcer.

Il est bon de rappeler ici qu’il est tout à fait possible de poser des conditions avant qu’un mariage soit célébré. On peut par exemple définir qu’en cas de disputes ou de différends, on ira consulter telle ou telle personne pour nous conseiller. Cela peut être défini avant le mariage. Ainsi, le jour où la dispute survient, cela évitera une deuxième dispute sur « qui aller consulter ?» Une deuxième recommandation que l’on trouve dans le Qour’an, c’est que les deux époux aient chacun une personne pour les représenter. Cela permet de désamorcer bien des conflits et de ramener dans le couple l’amour, l’affection et la compréhension.

Si malgré tout deux personnes se retrouvent à vivre ensemble sans que cela leur plaise vraiment, elles doivent faire leur possible pour que le mariage fonctionne. Par exemple, en appliquant les conseils donnés dans ce cours. Si malgré tout ça ne marche toujours pas, que tous les efforts ont été entrepris, que les tentatives de médiations ont échoué, ne vivez pas une vie de tristesse et de malheur et envisagez plutôt de vous séparer d’une manière la plus amicale, intelligente et paisible possible comme nous le demandent le Qour’an et la Sunnah. Allâh ne dit-Il pas dans le Qour’an : « Alors, c’est soit la reprise (de l’épouse) conformément à la bienséance, ou on lui rend sa liberté avec gentillesse. » [10]

3/ Que faire si on a consulté un représentant, qu’il nous a conseillé, mais que cela n’a rien arrangé ?

-> Dans ce cas, il faut retourner les voir, leur dire que cela n’a pas fonctionné, et leur demander quel conseil ils peuvent maintenant donner. Bien sûr, il faut que le conseil soit applicable et qu’il rencontre l’approbation des deux personnes concernées. Si ça ne fonctionne toujours pas, il est toujours possible d’aller demander conseil à quelqu’un d’autre, jusqu’à ce que ça fonctionne. Si malgré tout, ça ne s’arrange toujours pas, les deux époux devront se poser sérieusement la question suivante : « Mon mariage va-t-il fonctionner ? »

4/ Il arrive que les parents de l’un des époux vivent dans le même foyer. Les parents et notre conjoint peuvent avoir des divergences, par exemple le père dit A, tandis que l’épouse dit B, ce qui peut être difficile à gérer pour celui qui souhaite satisfaire à la fois ses parents et son conjoint et se retrouve coincé entre les deux. Que faire dans un pareil cas ?

-> En premier lieu, il faut se poser la question suivante : « Est-il plus facile de satisfaire une seule personne ou d’en satisfaire plusieurs » ? Bien évidemment, il est plus aisé de satisfaire une personne que deux ou plus. Mais celui dont on cherche l’agrément avant tout n’est ni le conjoint, ni les parents, mais Allâh ! Donc lorsqu’on est confronté à ce type de situation, il faut avant tout se demander quel choix est le plus susceptible de plaire à Allâh dans cette circonstance. Et c’est selon cette réponse qu’il faudra agir. S’il le faut, on peut écouter chacune des parties séparément, écouter ce qui les satisferait et essayer de trouver un terrain d’entente qui puisse contenter à la fois les parents et le conjoint. Il s’agit plus alors de demander à chaque partie « que veux-tu ?», mais plutôt de prendre chacun à part et de demander « quel sacrifice es-tu prêt à faire pour obtenir ce que tu veux ? ».

Le mot « compromis » est surement le plus important dans un mariage. Faire des concessions réciproques constitue l’une des clefs principales de la réussite du couple. Cela permet que chacun fasse un pas vers l’autre afin de trouver des terrains d’entente propice à l’épanouissement du couple.

Conclusion

Ces conseils permettent sans aucun doute de perfectionner son mariage. Il existe encore de nombreux autres points que les époux doivent prendre en compte afin que le couple puisse évoluer positivement. Entreprendre ces efforts communs permet au couple de consolider ses fondations et d’évoluer positivement dans un cercle vertueux de compréhension mutuelle, de longévité et d’amour véritable. Si la sérénité et le bien être sont au bout de ces efforts, il faut aussi garder à l’esprit que le mariage est également une affaire de purification interne, d’éducation et de perfectionnement personnel et cela constitue par conséquent un moyen direct de se rapprocher d’Allâh … et c’est bien là l’objectif premier que devrait avoir tout Musulman.

Qu’Allâh nous accorde Son Agrément et nous permette que notre comportement et nos efforts dans notre mariage constituent l’un des moyens de l’obtenir.

 

Notes :

Basé (entre autres) sur un cours donné par Ustadh ‘Outhman Miah (www.perfectyourmarriage.com)

[1] Qour’an, s30, v21
[2] Rapporté par Mouslim, n° 2813
[3] L’imam At-Tabarâni رحمه الله rapporte dans son livre Al-Awsat que le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui se marie aura la moitié de la religion, alors qu’il craigne Allâh pour l’autre moitié. »
[4] Hadith authentique rapporté par at-Tirmidhi.
[5] Ahmad, Boukhari dans Al-Adab al-Moufrad, Abu Dawud, Ibn Hibbân et At-Tayalisî
[6] Qour’an, s24, v32
[7] Tafsir al-Qurtubi, v.12, pg.118
[8] On retrouve ce principe dans des Ahadith comme : « La plus bénie des femmes est celle qu’on épouse à moindres frais » [Ahmad, Al-Bayhaqî et Al-Hâkim] ou encore « Le meilleur mariage est celui qui est le plus facile » [Al-Hâkim]. Ainsi que dans le Qour’an : « […] mangez et buvez;  et ne commettez pas d’excès, car Il [Allâh] n’aime pas ceux qui commettent des excès. » [s7, v31]. Etc…
[9]  Références : Expensive Engagement Rings Linked to Higher Divorce Rates  & Votre mariage a coûté cher ? Attention…
[10] Qour’an, s2, v229

L’Histoire du Compagnon hors-norme Julaybîb

 

 

julaybib

 

 

Il est rapporté dans les Livres d’Histoire que Julaybîb رضي الله عنه était un Sahabi qui était:

  • de très petite taille
  • avec une apparence difforme
  • sa lignée était inconnue
  •  personne ne savait qui étaient ses parents
  • sans clan pour le protéger
  • aucune tribu n’étant prête à l’accepter
  • solitaire, même les petits enfants de Médine l’embêtaient et se moquaient de lui
  • en raison de son handicap, personne ne voulait s’asseoir en sa compagnie.

Il survécut du mieux qu’il put et passa beaucoup de nuits seul à Médine, à se arpenter les rues, pleurant de désespoir alors que les larmes coulaient sur ses joues. Personne ne voulait lui offrir de l’amour ou la compassion, il n’avait pas de famille et pas un seul ami au monde.

La vie pour lui était une lutte solitaire.

Après l’arrivée du Prophète d’Allâh ﷺ à Médine, le destin de Julaybîb رضي الله عنه changea. Il allait s’asseoir en compagnie du Prophète ﷺ et écoutait attentivement, parlant rarement. Timide, il gardait son regard baissé. Dorénavant, en la personne du Prophète d’Allâhﷺ il avait le meilleur des amis. Ces jours de solitude et de désespoir étaient terminés grâce à la venue du Meilleur de la création ﷺ. Julaybîb رضي الله عنه faisait maintenant partie de la communauté des croyants.

Un jour, alors qu’il était assis en compagnie du Prophète ﷺ, celui-ci lui demanda : « O Julaybîb, demande quelque chose, y a-t-il quelque chose que tu désires ? »

Il leva lentement la tête et dit d’une voix timide :  « Ô Messager d’Allâh, Allâh m’a béni par ta compagnie, je m’assieds devant tes pieds bénis et j’écoute tes paroles bénies, que pourrais-je bien désirer de plus ? »

Le Prophète d’Allâh ﷺ lui demanda : « Souhaiterais-tu te marier mon cher Julaybîb ? » Il sourit timidement se demandant qui voudrait donc l’épouser.

« Oui Messager d’Allâh j’aimerais bien. »

Le Prophète d’Allâh ﷺ se rendit à la maison d’un Sahabi important et noble parmi les Ansar.

Il lui dit : « Je suis venu pour demander la main de ta fille en mariage ».

Le Sahabi fut ravi et dit : « Ô Messager d’Allâh existe-t-il une plus grande bénédiction que celle-ci ? »

Le Prophète ﷺ déclara alors : « Je ne la demande pas pour moi-même, c’est pour Julaybîb que je demande. »

Le Sahabi resta pantois : « Pour Julaybîb ? », demanda-t-il avec étonnement. « Oui pour Julaybîb » répondit le Messager d’Allâh ﷺ.

Le Sahabi répondit : « Je dois consulter ma femme. »

Il dit alors à son épouse : « Le Prophète d’Allâh a demandé la main de notre fille en mariage, pour Julaybîb. »

Elle commença à pleurer et à gémir : « Non, pas Julaybîb, n’importe qui d’autre, mais pas Julaybîb, je ne permettrai jamais cela. »

En entendant l’agitation, la fille arriva.

On rapporte qu’elle était si belle qu’aucune des femmes des Ansar ne pouvait rivaliser avec sa beauté. Elle était si timide et modeste que peut-être que le ciel lui-même n’avait jamais vu sa tête découverte. Elle avait tellement de Taqwa, qu’elle passait ses jours et ses nuits en adoration.

La fille demanda ce qui se passait. On lui raconta que le Prophète d’Allâh ﷺ était venu demander sa main pour Julaybîb رضي الله عنه.

Alors que la mère continuait de crier et de pleurer, la fille déclara :

« Ô ma mère, craint Allâh, pense à ce que tu viens de dire, tu te détournes du Prophète d’Allâh. Ô ma mère, il ne convient pas à un croyant de prendre sa propre décision une fois qu’Allâh et Son Messager ont décidé d’une affaire. Penses-tu que le Prophète d’Allâh nous apporte une disgrâce ? Que Julaybîb est béni, à tel point qu’Allâh et Son Messager demandent la main de ta fille en son nom. Ne sais-tu pas que les anges eux-mêmes envient la poussière présente sur les pieds de celui qui est un bien-aimé d’Allâh et de Son Prophète ? Demande au Prophète de m’envoyer Julaybîb car il n’y a pas de plus grand privilège que d’être béni par un tel mari. Le Prophète d’Allâh est venu à nous avec un tel cadeau merveilleux, alors pourquoi pleures-tu et te lamentes-tu ? »

Le cœur de la mère se remplit de remords. Elle déclara alors :

« Ne dis plus rien ma fille, je me suis trompé et je me repens 1000 fois pour cela. Il n’y a personne que je préfère pour toi que Julaybîb. »

Le lendemain, le Nikaah (mariage) est fait.

‘Uthman رضي الله عنه & ‘Ali رضي الله عنه donnèrent à Julaybîb une somme d’argent pour l’aider à organiser la fête de Walimah (banquet) et à acheter un logement.

Peu de temps après, Julaybîb رضي الله عنه tomba martyr durant une expédition.

Le jour de l’expédition, son beau-père, l’avait imploré :

« Ô Julaybîb, c’est juste une expédition, ce n’est pas un Jihad obligatoire, c’est Fardh Kifayah, c’est un Jihad volontaire, par conséquent, comme tu es nouvellement marié, passe donc du temps avec ton épouse. »

Julaybîb رضي الله عنه, celui qui avait passé toute une vie dans le désespoir avait maintenant trouvé une femme aimante.

Mais écoutez la réponse qu’il fit à son beau-père.

« Ô mon père, tu dis une chose bien étrange, mon Prophète bien-aimé est dans le champ de bataille face aux ennemis de l’Islam et tu souhaites que je reste à la maison avec ma femme ? Je sacrifierai mon sang et mon âme plutôt que de voir mon Prophète affronter les difficultés pendant que je suis assis à la maison dans le luxe. »

C’était un spectacle bien étrange que de voir le tout petit homme Julaybîb رضي الله عنه portant une épée presque aussi grande que lui. Le Sahaba le regardait avec émerveillement, lui le doux et gentil Julaybîb رضي الله عنه était transformé en un lion.

« Qui ose faire la guerre à mon Prophète ﷺ? » Dit-il alors qu’il chargeait les rangs de l’ennemi.

Après cette bataille, le Prophète d’Allâh ﷺ  demanda aux Sahabas d’aller voir si quelqu’un manquait dans les familles et les clans. Chacun retourna voir si tous les membres de sa famille étaient présents.

Alors, le Prophète ﷺ parla avec les larmes aux yeux et dit :

« J’ai perdu mon bien-aimé Julaybîb رضي الله عنه, trouvez-le. »

Ils trouvèrent son petit corps couché à côté d’ennemis qu’il avait tués durant la bataille.

Le Prophète d’Allâh demanda qu’une tombe soit creusée. Le Prophète d’Allâh arriva, se tint devant sa dépouille et dit : « Il en a tué sept, puis il a été tué. Cet homme fait partie de moi et moi de lui. » Il le prit alors dans ses bras, à lui seul. Puis il fut enterré.

Les Compagnons pleuraient abondamment : « Que nos pères et nos mères soient sacrifiés pour toi, O’ Julaybîb , رضي الله عنه que ton statut est élevé ! »

Un tel Sahabi, qui autrefois avait vécu comme un paria, évité et rejeté par la société autour de lui.

Il a aimé Allâh et Son Messager ﷺ et a ainsi atteint un degré très élevé.

Lui qui n’était pas beau fut béni d’une belle épouse, lui qui était pauvre fut béni par une femme riche, lui qui n’avait ni famille ni statut, fut béni par une femme ayant un statut et une lignée nobles, lui qui avait vécu dans la solitude et le désespoir fut aimé par Allâh et Son Messager ﷺ.

Lui de qui le Messager d’Allâh ﷺ dira : « Cet homme fait partie de moi et moi de lui. »

Il est dit que suite à son martyre, le ciel fut rempli de milliers d’anges qui étaient venus participer à sa Janazah. Julaybîb رضي الله عنه, le solitaire, était devenu un bien-aimé d’Allâh et de son Prophète ﷺ, il n’était plus un homme seul.

Tel est le statut des amoureux du Prophète ﷺ.

Quant à sa femme, il est dit qu’il n’y avait pas de veuve à Médine dont la main était plus recherchée dans le mariage que la sienne.

Subhan Allâh, Al-HamduliLlâh, Allâhu Akbar

 

Notes :

On trouve ce récit dans les livres d’histoire, ainsi qu’une partie dans le Sahih de l’Imam Muslim (Chap. 27, n°131 – 2472 ou Chap. 31, n° 6045)

Les Degrés de Paresse et leur Remède

 

Ustadh Qais Miah

 

 

paresse

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahîm,

La paresse est une maladie spirituelle très grave puisque beaucoup de gens iront en enfer à cause d’elle.

Mawlana Sheykh Ahmad Dabbagh en donne la définition suivante : « C’est l’attribut de ne pas faire une tâche intentionnellement en dépit du fait qu’on possède la capacité de l’accomplir. »

Par exemple, imaginons que c’est l’heure du petit déjeuner, vous avez du lait, des céréales, des fruits, des tartines, de la confiture, vous avez le temps, vous n’êtes pas en retard, mais la paresse vous empêche de vous lever et d’aller préparer et prendre votre petit déjeuner. Pourtant, Allâh vous a donné la subsistance, le corps, le temps, mais malgré cela, par paresse vous ne prendrez pas ce petit déjeuner. Vous avez la capacité de le faire, mais vous ne le ferez pas. Que nous en soyons conscients ou non, c’est une maladie.

Il y a un autre mot que l’on emploie pour la paresse, c’est la procrastination. La signification de ce mot est la suivante :

La procrastination (du latin pro, qui signifie « en avant » et crastinus qui signifie « du lendemain ») est une tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non). Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate [1].

Imaginons que vous ayez un devoir à rendre pour l’école et qu’on vous a donné 4 semaines pour le réaliser, ce qui est largement suffisant. Vous avez tout le matériel nécessaire, mais chaque jour, vous repoussez au lendemain et finalement le devoir sera fait dans les tout derniers jours, dans la précipitation et la panique. Dans certains cas, le devoir ne sera pas fait et la personne prétextera malgré tout le manque de temps. Par contre, la personne aura trouvé le temps de regarder un film, un match de football et une série, de sortir avec ses amis, de jouer à la console, de passer des dizaines d’heures sur les réseaux sociaux, etc. A chaque fois que l’occasion de faire ce devoir arrivera, la personne trouvera systématiquement quelque chose d’autre à faire. En vérité, comme cela est stipulé dans la définition suscitée, le manque de satisfaction que procure la tâche à accomplir nous pousse à la reporter toujours un peu plus loin. À la base on avait le temps, la tranquillité, mais la procrastination nous met maintenant dans une situation de stress et d’urgence. On arrive à un point où la personne va maintenant dépenser toute son énergie pour faire ce devoir, allant même jusqu’à ne plus manger et ne plus dormir à cause de l’angoisse et de la quantité de travail qu’elle doit maintenant fournir en un temps très restreint. Une fois le travail rendu, on se plaint de la difficulté du devoir et on se promet de ne plus remettre au lendemain. Bien entendu, dès que la situation se représente, on reproduit exactement le même schéma. Donc procrastiner, c’est le fait de faire une tâche qui nous procure plus de plaisir, une tâche typiquement moins importante et moins urgente que celle que nous devions accomplir à la base.

Combien d’entre nous sont collés 5 ou 6 heures d’affilée devant la TV avec plaisir et avec aise, alors que passer 20 minutes à se souvenir d’Allâh (Dhikr) nous est pénible ?

 

En terme de Religion et plus particulièrement en ce qui concerne ceux qui cheminent vers Allâh (Murids), il est possible d’observer trois catégories :

1/ Saalik : celui qui avance sur le chemin (tariqah)
2/ Waaqif : celui qui s’est arrêté ou qui stagne sur le chemin
3/ Raaji’ : celui qui s’est détourné du chemin

 

Il existe par ailleurs sept degrés de Paresse

Hazrat Nizaam ud-Deen Awliyah رحمه الله a déclaré qu’il existe sept degrés de Paresse et que le fait de persister sur l’un d’entre eux est vraiment dommageable et dangereux. Lorsqu’une personne persiste dans le degré dans lequel elle se situe sans chercher à guérir de cet état (auprès de son Sheykh), elle tombe dans un degré encore plus bas (et ainsi de suite).

1/ Se détourner : la personne a arrêté de pratiquer ce qu’elle avait l’habitude de faire (dhikr, méditation, bonnes actions..).
Si elle persiste,

2/ Voile : un voile se place entre la personne et Allâh.
Si elle persiste,

3/ Séparation : entre la personne et Allâh, elle oublie Allâh et se laisse aller aux plaisirs et aux désirs que lui dictent son nafs et Shaytan.
Si elle persiste,

4/ Confiscation des bénédictions supérieures : si Allâh avait accordé des bénédictions particulières à la personne, Il les lui retire.
Si elle persiste,

5/ Confiscation des bénédictions de base : si la personne avait une vertu particulière avant de s’engager dans le chemin (il avait l’habitude de prier avec facilité, de réciter le Qour’an, de donner l’aumône…) elle lui est retirée à cause de manque de gratitude.
Si elle persiste,

6/ Satisfaction : le cœur de la personne trouve sa satisfaction dans cette séparation. Elle dit : « Je n’ai pas besoin d’Allâh, ce que j’ai décidé me satisfait, chacun son chemin, j’ai choisi le mien, qui es-tu pour me conseiller ceci ou cela, je fais ce que je veux… ». ll n’y a pas une molécule ou une de seule de ses cellules qui ne bougent sans la Permission, la Volonté et le Pouvoir d’Allâh, mais la personne est maintenant persuadée qu’elle peut se passer de Lui.
Si elle persiste,

7/ Hostilité : si la personne ne se repend pas de l’état précédent et décide de changer véritablement, alors elle devient hostile lorsqu’on lui mentionne les bonnes choses. Elle se détourne, elle n’est pas du tout intéressée, elle ne veut rien écouter de ce qui constitue un bien. Cette personne fait maintenant partie des Shayatins (démons).

Il existe encore un degré encore plus grave qui est « le Scellement du cœur », après quoi il n’y a plus de retour, ni de remèdes possibles. La mécréance ne peut plus sortir et la Foi ne peut plus entrer. L’individu à lui-même engendré le scellement de son cœur tout comme un toxicomane engendre la destruction de son corps.

Il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Celui qui commet zina (fornication) n’est pas croyant lorsqu’il est en train de le commettre ». [2]

Abu Dawud et d’autres consignent également ce Hadith :

« Lorsque le serviteur commet l’adultère, la foi sort de lui et se tient au-dessus de sa tête comme une ombre, et lorsqu’il arrête, la foi retourne à lui ». [3] et [4]

Le grand Wali, Sheykh ‘Abd al-‘Aziz ad-Dabbagh رحمه الله a déclaré : « Lorsqu’une personne commet un péché, sa Foi (iman) sort de son corps et se tient au dessus d’elle comme un parapluie. » Imaginez si cette Foi ne retourne pas dans le corps de la personne. Imaginez qu’elle meurt dans cet état. Il ne faut pas prendre les péchés à la légère. Un péché est une désobéissance envers Allâh.

 

De quoi a besoin la personne paresseuse ?

La personne qui est confrontée à la paresse à besoin de constance et de persévérance [5].

 

Comment combattre la paresse ?

Hazrat Mujaddad رحمه الله a dit : «  Cette petite sagesse est l’essence du mysticisme : Si vous ressentez de la paresse à accomplir un acte d’obéissance, défiez votre paresse et gagnez votre défi. Et si une envie de péché vous assaille, défiez l’envie et éloignez-vous du péché. Celui qui s’accroche à cela n’a besoin de rien d’autre, car c’est un acte majeur de sagesse établissant la communion avec Allâh Ta’ala… »

Ceci est aussi valable pour n’importe qu’elle addiction (cigarette, pornographie, etc.). Imaginons que ce soit l’heure de prier et que la paresse se présente. Bien sûr, votre nafs arrive aussitôt pour vous fournir toutes les excuses possibles (je rentre du travail, je suis fatigué, je dois m’occuper de tel truc, je la ferai plus tard, etc.). Dès que cette paresse se présente, vous devez la défier de suite et faire en sorte de gagner. La paresse est une mauvaise habitude et vous devez casser cette habitude. De même, si ça concerne une addiction sur un péché, dès que l’envie se présente, défiez l’envie et restez loin du péché, et ainsi de suite jusqu’à ce que cette habitude soit cassée.

L’heure du Dhikr quotidien est maintenant arrivée et je me sens paresseux. Je n’ai pas envie de le faire… HÉ BIEN NON ! JE VAIS LE FAIRE. Je défie cette paresse et je vais gagner contre elle ! Je ferai mon Dhikr ! C’est moi qui ai le contrôle de ma destinée et non la paresse (sujette aux désirs du nafs) ! Ce n’est pas plus compliqué que ça, il suffit d’appliquer cette méthode avec fermeté. Vous avez la paresse de faire le wudhu (ablutions) avant de dormir ? Défiez votre flemme, allez à la salle de bain, faites votre wudhu puis allez vous coucher, vous aurez gagné et vous serez récompensés par Allâh, non seulement pour avoir fait votre wudhu ce qui est très bénéfique comme Sunnah, mais aussi pour avoir lutté contre votre paresse pour l’Agrément d’Allâh ! Et vous pouvez appliquer cette méthode pour tout ce qui peut être impliqué de près ou de loin dans les péchés : les yeux, les mains, l’estomac, les pieds, les oreilles, les parties intimes, la langue, etc…

 

Remède Pratique contre la Paresse :

Le remède est composé de constance et de persévérance, car c’est ce que recherche l’individu. Il faut contrôler le temps avant que le temps ne nous contrôle, ou pour paraphraser une sagesse Soufi attribuée à l’Imam ash-Shafé’i رحمه الله : « Le temps est comme une épée, si tu ne le tranches pas, c’est lui qui te coupe.  »

Le temps (en Arabe : al-‘Asr) est vraiment une notion très importante. C’est la richesse la plus importante dont nous disposons et chaque seconde passée ne pourra jamais être récupérée. Et chaque seconde passée nous rapproche un peu plus de la mort et de notre Jugement par Allâh Ta’ala.

Dans la Sourate al-‘Asr, Allâh dit :

« Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la droiture et s’enjoignent mutuellement l’endurance. »

Par conséquent, chacun d’entre nous devrait se créer un emploi du temps qui soit facilement praticable et réaliste puis le mettre en pratique pour 30 jours. Lorsque vous aurez agi de cette manière durant 30 jours, votre esprit aura pris le pli et se sera habitué à cette manière d’agir. Ce sera devenu une habitude. Si on a le temps pour passer des heures sur Youtube ou Netflix, on pourra aisément dégager un peu de temps pour Allâh. C’est de cette manière qu’on reprend le contrôle de son nafs.

Avant de réaliser cet emploi du temps, il est important de cibler le ou les points qu’on souhaite améliorer et sur lesquels la paresse a de l’emprise [6]. S’agit-il de la prière, de l’apprentissage des Sciences Islamiques, du rattrapage des prières passées, du Dhikr quotidien, de sa vie de famille ?…

Ensuite on ciblera, à quel moment il est possible dans notre journée de trouver le temps libre nécessaire pour accomplir cette activité que nous avons délaissée. Comme un imprévu est toujours possible, on fera en sorte d’identifier un autre moment où ce sera également possible, au cas où. Ainsi, ce scénario devra aussi être réalisable si on est en déplacement, en vacances et dans chaque situation pouvant se présenter. Il devra être flexible. Trente jours suffiront inshaa Allâh pour que cela devienne une habitude qu’on pourra ensuite facilement prolonger pour le reste de notre vie. Pour chaque jour réussi, on coche une case. Si un jour on échoue avant d’avoir complété les 30 jours, en violant cette promesse de constance, en loupant le 5ème jour par exemple, alors on remplit cette case de noir puis on repart à zéro avec une nouvelle motivation encore plus forte. Et ainsi de suite jusqu’à atteindre 30 jours consécutifs sans interruption.

Pour plus d’efficacité, il est recommandé de ne pas multiplier les tâches sur lesquelles on a décidé de progresser et de s’accrocher. En effet, il serait vain de vouloir se faire un programme du type : rattraper des prières + une heure de dhikr + apprentissage du Qour’an + méditation + langue Arabe. C’est un beau programme, mais soyons réalistes, mais même en étalant sur une journée entière, pour la plupart d’entre nous ce ne sera pas tenable. Mieux vaudra donc faire un programme léger avec une ou deux tâches au maximum, mais sur lequel on est sûr de pouvoir être constant.

C’est pourquoi, dans un hA le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « L’action la plus aimée d’Allâh est l’action la plus régulière et la plus constante, même si elle est petite. » [7]

Ce système est recommandé par de nombreux Mashaykh.

POUR VOUS FACILITER LA TÂCHE, NOUS AVONS PRIS SOIN DE PRÉPARER LE TABLEAU QUE VOUS POUVEZ TÉLÉCHARGER ICI

D’un certain point de vue, perdre son temps est pire que le péché, car une personne peut toujours se repentir de ses péchés, regretter, puis tirer bénéfice de cela. Mais il n’existe aucun moyen de bénéficier de la perte de temps. Shaytan n’arrive pas à inciter certaines personnes au péché, alors il réduit leurs vies en leur faisant perdre leur temps. Ensuite ces personnes réduisent elles-mêmes leurs vies en gaspillant leur temps. Des heures et des heures devant des séries, des heures et des heures devant Facebook, des heures et des heures devant la console, des heures et des heures à nous occuper de futilités…  À ce propos, il sera aussi très profitable durant une semaine, de noter pour chaque jour le temps précis que vous passez sur ce qui concerne la Religion (Dhikr, apprentissage, da’awa, lectures, prières, Qour’an…) ainsi que le temps précis que vous passez dans le divertissement (Facebook et réseaux sociaux, TV, séries, films, sport, hobbies, ami(e)s, etc.). Ceci vous aidera à faire le point et à visualiser le fossé qu’il y a entre les deux. On pourra toujours se dire qu’on est des Musulmans, qu’on souhaite le Paradis, la Proximité d’Allâh, mais comme dit le dicton : « les actes comptent plus que les mots ». Le fait de noter, cela rendra les choses visibles à nos yeux, car souvent on reste dans une impression de vague, pensant accomplir suffisamment.

 

Réfléchissez et posez-vous sincèrement la question suivante :

Combien de temps passez-vous chaque jour à réfléchir sur la mort ?

Penser à la mort, chaque jour ,constitue également un remède puissant contre la paresse et le gaspillage du temps. Lire le Qour’an et réfléchir et méditer lors de sa lecture aide beaucoup à cela, car la mort et l’au-delà sont mentionnés à de nombreuses reprises dans le Livre d’Allâh. Ne croyez pas que le chemin vers Allâh soit quelque chose de mystique ou de flou. C’est un chemin clair, basé sur des fondements solides et chacun peut constater ses propres progrès et où il se situe dans sa relation avec Allâh, à partir du moment où il est accompagné d’un Sheykh véritable et de la volonté farouche de faire les choses (agir).

Celui qui remplace ce gaspillage de temps par les actions qui plaisent à Allâh a une voie tracée pour devenir un Wali (Ami/Allié) d’Allâh.

Qu’Allâh nous accorde la constance, la persévérance et la fermeté et qu’Il nous aide à nous débarrasser de nos défauts et de nos mauvaises habitudes.

Wa Allâhu a’alam.

 

Notes :

Article réalisé en partie à partir d’une conférence d’Ustadh Qais Miah puis enrichie par l’équipe de Sunnisme.com

[1] Wikipédia
[2] Bukhari et Muslim
[3] Authentifié par Al-Hakim et Ad-Dhahabi
[4] Jusqu’à ce que l’acte soit terminé (et Allâh est plus Savant)
[5] Une fois qu’on peut mettre un nom sur ce besoin, il est plus facile de demander l’aide d’Allâh.
[6] Dans cet article, nous nous intéresserons principalement aux actes religieux, mais cela peut aussi s’appliquer dans ce qui concerne notre vie mondaine (études, travail, foyer, famille, etc.)
[7] Sahih de Bukhari

De quel type de vêtement peut-on dire qu’il est Sunnah?

 

 

sunnah

 

 

Question :

De quel type de vêtement peut-on dire qu’il est Sunnah?

 

Réponse :

Wa ‘alaikum assalam wa rahmatuLlâhi wa barakatuh,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans le meilleur état de santé et de la foi, inshaa Allâh.

La base du vêtement, pour les hommes et pour les femmes est qu’il soit modeste et qu’il couvre sa awra (nudité) d’une manière ample. Ces conditions peuvent être remplies par les vêtements orientaux comme par les vêtements occidentaux. Ce qui est interdit, c’est de chercher à imiter ce que font les autres personnes (qu’elles soient mécréantes ou Musulmanes corrompues) si elles sont considérées comme des symboles de mécréance, de corruption, de péché, ou de vice, parce que la Shariah est venue afin de promouvoir leurs contraires. [1]

L’Imam Zayn ud-Din ar-Razi (M. 666 AH), auteur du célèbre dictionnaire Mukhtar as-Sahah, a expliqué les règles essentielles de l’habit dans son magnifique travail Tuhfat al-Muluk :

« Les 3 niveaux de vêtements :

1. Obligatoire. C’est de couvrir la nudité (awra) [2] et repousser les méfaits de la chaleur et du froid …

2. Recommandé. C’est de porter de beaux vêtements, afin de bien paraître et de se parer, en affichant les bénédictions d’Allâh. [3]

3. Interdit. S’habiller de fierté et d’arrogance. » [4]

Tout vêtement satisfaisant aux exigences Islamiques légales concernant l’habillement est à peine suffisant. Tout ce qui correspond aux valeurs recommandées par la Sunnah, comme ce qui est large (ample), modeste, dans la retenue et la dignité, sera considéré comme « habit Sunnah » au sens général. Quelque chose d’ « islamiquement » identifiable est en soi supérieur, bien que d’autres considérations puissent entrer dans ce cadre en fonction des circonstances, et pour cela, il faut consulter des savants locaux fiables.

Et Allâh seul donne le succès.

Wassalam,

Réponse apportée par SeekersHub, vérifiée et approuvée par Sheykh Faraz Rabbani puis traduite par nos soin avec l’autorisation du Sheykh

 

Notes du traducteur :

[1] [extrait commenté] :

– « si elles sont considérées comme des symboles de mécréance » : vêtements des autres religions ou marquant son athéisme (soutane, tunique Bouddhiste ..)
– « de corruption, de péché, ou de vice » : les vêtements de ceux qui font l’apologie de Sheytan comme les Satanistes, de certains hard-rockeurs ou des Gothiques, ceux des rappeurs, des chanteurs/teuses qui promeuvent dans leur clip la nudité et le rabaissement de la femme, de ceux qui font l’apologie de la violence, de l’alcool, de la drogue, etc.

[2] La ‘Awra (nudité ou zone de pudeur) :

La `awra de la femme et ce qu’il est permis d’en voir :

– avec son mari : il n’y a pas de `awra.
– entre femmes : la `awra est du nombril jusqu’aux genoux.
– devant un homme étranger : la `awra est tout hormis le visage et les mains sauf si son visage est beau et attire alors elle est dans l’obligation de cacher son visage.
– pendant la prière : la `awra est tout sauf les mains et le visage.
– devant les mahârîm : les mahârîm ont le droit de voir le cou, les cheveux, bras, et les pieds.
– devant une femme non-musulmane ou bien une musulmane perverse : elle doit se couvrir complètement comme si elle était devant un homme étranger à elle.

*A noter que la femme doit couvrir ses pieds dehors

[Réf : Sheykh `Âmir Sa`îd Az-Zaybârî al-Malikiyy]

La `awra de l’homme et ce qu’il est permis d’en voir :

La `awrah des hommes entre eux (inclut ce que le mahram peut voir de l’homme) :

Il est permis à l’homme de découvrir devant un homme ce qui est autre que ce qui se situe entre le nombril et le genou exclus. Et il est permis à l’homme de voir d’un homme ce qui est autre que ce qui se situe entre le nombril et le genou exclus. Il en est de même pour le mahram d’un homme.

Le Chaykh as-Sâwiyy a dit dans Boulghat as-Sâlik : « D’après cela, la cuisse de l’homme est une `awrah au regard d’un autre homme et d’un mouharram, et c’est là l’avis connu (al-machhoûr), il est interdit de la découvrir ».

La `awrah de l’homme au regard de la femme : Il est autorisé à l’homme de découvrir devant la femme ce qui est autre que ce qui se situe entre le nombril et le genou exclus. Il lui est toutefois recommandé de cacher en plus de ce qui se situe entre le nombril et le genou ce qui atteint les extrémités, à savoir ne laisser apparaître que le visage et le cou, les mains et les avant-bras, et les pieds.

Quant à la femme, il lui est permis de regarder de l’homme son visage et ses extrémités.

Le Chaykh ad-Dardîr a dit dans ach-Charh as-Saghîr : « Il ne lui est donc pas permis de regarder sa poitrine, son flanc, son dos ni son tibia, quand bien même elle ne craint pas d’être atteinte par le désir ».

Le Chaykh al-Bannâniyy a dit dans al-Fath ar-Rabbâniyy : « Ça ne veut pas dire que c’est une `awrah pour lui, car il ne lui est pas obligatoire de cacher cela », c’est-à-dire ce qui est autre que ce qui se situe entre le nombril et le genou exclus.

Le Chaykh Hijâziyy al-`Adawiyy a dit dans sa Hachiyah sur le Majmoû` : « Quand bien même il est interdit à la femme étrangère de regarder cela, il n’est pas obligatoire à l’homme de le cacher. Mais il lui est interdit à elle de regarder cela », c’est-à-dire ce qui est autre que les extrémités et autre que la `awrah.

[Réf : Pdf disponible sur le groupe FB Malikite « Al-Mâlikiyyoûn (Les Mâlikites)]

[3] A noter qu’un vêtement ne doit pas être transparent, laissant apparaître la couleur de la peau et qu’il est préférable qu’il soit large plutôt que moulant par lui-même (sans intervention du vent, de la pluie, etc.). Le vêtement moulant est makrouh pour les hommes dans la prière tout comme en dehors de celle-ci (cf : hâchiyah de l’Imam al-`Adawiyy sur la Risâlah) et haram pour les femmes.

[4] Zayn ud-Din ar-Razi, Tuhftat al-Muluk, 277, Dar al-Basha’ir al-Islamiyya ed.

Wa Allâhu a’alam

A lire en complément : La Sunna implique-t-elle de s’habiller comme les gens du pays où l’on vit ?