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L
es Droits des
Parents en Islam


Birr al-Walidayn

Al-hamduliLlâh,
Bimillâh ar-Rahman ar-Rahim,
Allâhumma salli ‘alâ Sayyidinâ Muhammadin wa ‘alâ Âlihi wa Sahbihi wa sallim

SOMMAIRE

 

  • Le Respect dans la Parole 
  • Le Respect dans le Corps
  • Le Respect dans les Biens et la Subsistance
  • Le Respect dans le Cœur
  • Des Ordres Contradictoires
  • Quel Parent a le plus Grand Droit
  • Obéir aux Parents à propos du Mariage
  • Le Respect dû aux Parents après leur mort
  • Manquer de Respect envers les Parents
  • La Mère
  • L’Assistance Mutuelle est requise
 
Gloire à Allâh qui nous a ordonnés de « N’adorer que Lui ; et de faire preuve de bonté envers les parents » [1], Que la Paix soit sur le Prophète ﷺ qui a dit : « Le mécontentement d’Allâh est dans le fait de mettre ses parents en colère et Sa satisfaction est dans le fait de les rendre satisfaits. » [2]
L’Islam nous enseigne qu’il n’est pas possible d’avoir une foi parfaite sans respecter les droits des parents. Cette recommandation contient un secret connu par ceux qui respectent cet ordre, qui incombe même si les parents n’ont pas été à la hauteur pour donner le droit à leurs enfants. Sheykh Al-Nafrawi a dit : « Il y a consensus de la ummah sur l’obligation du respect du droit des parents (birr) et sur l’interdiction de leur causer un tort important (‘uquq). » [3]
Nous demandons à Allâh de nous compter parmi ceux qui Le remercient et remercient leurs parents afin de prendre en compte Sa déclaration : « Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. » [4]
Respecter ses parents et prendre soin d’eux (birr al-walidayn) [5] est l’un des aspects fondamentaux de la société humaine et c’est enseigné par toutes les cultures et religions dans le monde. Nous avons d’ailleurs été avertis dans un Hadith que l’irrespect envers les parents est l’un des signes qui précipiteront la fin du monde.
Bien entendu, l’obéissance aux parents ne peut s’appliquer de manière aveugle et selon les cas elle peut être obligatoire (fard), recommandée (sunnah), permise (mubah), détestée (makruh) ou interdite (haram). Nous verrons quelques exemples dans cet article.
Quelques règles et conseils relatifs au respect du droit des Parents :

Le Respect dans la Parole

Allâh dit : « Adresse-leur des paroles respectueuses. » [6] 
Ibn Abbas a dit : « Sois avec tes parents comme un esclave faible et pécheur serait avec son maître dur. » [7]
L’Imam Malik a dit : « L’enfant doit jouir de la droiture et interdire le mal lorsqu’il est avec ses parents et il doit aussi abaisser l’aile de l’humilité ». L’Imam al-Ghazali stipule dans son Ihya qu’il est possible de faire profiter ses parents d’un rappel s’ils ignorent une règle, mais que celui-ci doit être effectué avec le plus d’humilité, de douceur et de sagesse possible. Ainsi, s’il se mettent en colère, l’enfant doit rester silencieux.
Ne pas élever la Voix
Une personne qui parle avec ses parents ne doit pas élever sa voix. Elle doit leur parler comme c’est mentionné plus haut (comme un esclave faible et pécheur avec son maître). Un jour, ibn AbduLlâh éleva sa voix (de manière impropre) alors que sa mère l’appelait. En guise d’expiation, il libéra deux esclaves. [8]
Appeler ses Parents par leur prénom
Il est déconseillé (makruh) qu’un enfant appelle ses parents par leur prénom et cela si le parent n’y voit pas d’inconvénient. Dans le ca où le parent n’aime pas cela, alors ça devient illicite (haram). Il n’y a pas de mal à ce qu’un enfant évoque l’un de ses parents par son prénom en son absence. Il est rapporté que lorsque ‘A ‘isha parlait de son père, elle disait : « Abu Bakr m’a donné ceci et cela ». [9]
Prier pour qu’Allâh leur accorde Compassion et Miséricorde
C’est une obligation basée sur le verset : « Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit. » [10], Les savants ont dit que le fait de faire ce dou’a une fois dans sa vie suffit à lever cette obligation à condition que le but fût de remplir cette obligation. D’autres ont dit qu’on devrait prier pour eux cinq fois par jour.
Prier pour qu’Allâh accorde Compassion et Miséricorde à des parents non-Musulmans
Il existe une divergence d’opinions parmi les savants dans le cas où es parents ne sont pas Musulmans. Certains disent que ce n’est pas permis et qu’il faut demander qu’Allâh leur accorde la hidaya (guidée). D’autres, considèrent cela permis tant qu’ils sont vivants, car une partie de la rahma d’Allâh réside dans la guidée qu’il pourrait leur accorder. Par contre, une fois qu’ils sont décédés, il n’est plus autorisé d’invoquer en leur faveur en raison du verset dans lequel il est dit : «  Il n’appartient pas au Prophète et aux croyants d’implorer le pardon en faveur des associateurs, furent-ils des parents alors qu’il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l’Enfer. » [11] Un de nos shuyukh nous avait appris qu’il est toutefois possible de réciter se verset : « Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi le Puissant, le Sage ». [12] Cependant, il faut noter que le consensus des savants va vers l’interdiction d’invoquer en leur faveur s’ils sont décédés non-Musulmans. [13]
Allâh sait mieux s’ils sont morts ou non en état de mécréance. Tant qu’ils sont vivants, il reste de l’espoir qu’ils se repentent et on peut donc demander qu’Allâh leur accorde Sa Rahma.
L’appel des Parents
Si le père ou la mère appellent un de ses enfants alors que celui-ci prie une prière obligatoire, il lui s’empresser de la terminer et il lui est autorisé de répondre en disant Subhan Allâh pour signifier au parent concerné qu’il est en train de prier. S’il s’agit d’une prière facultative, il est même autorisé que l’enfant d’écourter sa prière. Ceci pour éviter que les parents ne soient contrariés et pensent que leur enfant les ignore sciemment (dans le cas où ils ne savent pas que l’enfant est en prière).

Le Respect dans le Corps

 

Ibn as-Sunni rapporte : « Le Messager d’Allâh ﷺ vit un homme [marchant] avec un garçon. Il demanda au garçon : ‘Qui est avec toi’ ? Le garçon répondit : ‘Mon père’. Le Messager d’Allâh ﷺ lui dit alors : ‘Ne marche pas devant lui et ne le pousse pas à te maudire’. » «  ne le pousse pas à te maudire », c’est-à-dire, ne fait rien de mal qui puisse le conduire à te maudire. An-Nafrawi dit qu’on devrait rester derrière nos parents lorsqu’on marche en leur compagnie et même éviter de marcher à côté d’eux sauf s’il y a une nécessité à cela (par respect envers eux). Cette règle s’applique aussi lorsqu’on marche avec des gens tels que les savants, les dirigeants, les pieux et les aînés.
L’Ordre d’accomplir un acte Interdit ou potentiellement Nuisible.
 Il est rapporté du Messager d’Allâh ﷺ qu’il a dit : « Il n’y a point d’obéissance dans l’ordre d’accomplir un péché, l’obéissance est uniquement due lorsqu’on ordonne d’accomplir quelque chose de convenable ». [14] L’imam Turtushi dit que si un parent ordonne à son enfant d’accomplir un acte douteux (shub-ha), il incombe à l’enfant d’obéir à ses parents si ceux-ci sont susceptibles d’être blessés si ce n’est pas fait. Dans son Ihiya, l’imam al-Ghazali soutient la même position tout en précisant qu’il faut néanmoins essayer d’éviter. S’il n’y a pas le choix, il est autorisé d’accomplir un acte douteux si cela évite aux parents d’être en colère. La raison, c’est que le fait d’éviter le douteux est recommandé, tandis que mettre ses parents en colère est haram selon le consensus des savants.
Toujours selon l’imam Turtushi, on doit obéir à nos parents s’ils nous demandent de délaisser une fois une Sunnah que l’on accomplit de manière régulière. Par contre, s’ils nous demandent de délaisser cette Sunnah de manière permanente (ex. deux raka’at de Fajr avant le Subh), alors ce n’est pas permis de leur obéir.
Dans Khâtimat at-Tasawwuf, il est fait mention d’un hadith qui stipule que quiconque entre chez son père ne devrait s’asseoir ou se lever qu’avec sa permission, sans quoi il sera coupable de ‘uquq. De la même façon, on ne doit pas s’asseoir dans un endroit plus haut ou meilleur que le sien.
La quête de la Science Sacrée
Si l’enfant souhaite apprendre ce qui relève de l’obligation collective (fard kifaya), comme la mémorisation du Qour’an en entier, l’étude du Hadith ou le Fiqh (au-delà de ce qui est nécessaire pour tout un chacun) et que ses parents s’y opposent, il doit leur obéir.
Pour tout ce qui concerne des sujets dont l’ignorance (à leur propos) conduirait à la destruction de la personne, alors aller étudier ces sujets relève de l’obligation individuelle (fard ‘ayn) et il n’y a pas d’excuse dans le fait d’abandonner leur étude quand bien même les parents s’y opposeraient. La ‘Aqida (croyance) fait partie de ces sujets (connaître le Créateur, Ses Attributs, ce qui est possible ou non Le concernant, etc. ainsi que la connaissance du Prophète ﷺ. Cela concerne aussi le sujet de l’obéissance extérieure (Fiqh – purification, jeûne, prière…) et intérieure (intentions, sincérité, patiente, gratitude…). Il y a aussi ce qui a trait à la connaissance des péchés des organes : ceux de la langue (calomnie, mensonge, insulte…), de l’estomac (manger/boire ce qui est haram…), des yeux (regarder des choses illicites, regarder quelqu’un avec moquerie…), des oreilles (écouter les musiques illicites, prêter oreille à la médisance…), des pieds (se rendre dans des endroits interdits comme une discothèque…), des parties intimes (la masturbation, la fornication…) et des mains (voler, frapper…). On peut enfin citer ce qui a trait à la connaissance des péchés intérieurs (jalousie, arrogance…).

Le Respect dans les Biens et la Subsistance

 

Allâh dit : « mais reste avec eux (tes parents) ici-bas de façon convenable » [15]. Dans un Hadith, le Prophète ﷺ a expliqué que la signification de ce verset, c’est qu’il faut les nourrir s’ils ont faim et les vêtir s’ils n’ont pas de vêtements. D’une manière générale, si les parents n’ont pas de source de revenus, il incombe aux enfants de leur venir en aide. L’imam Malik précise que cela s’applique aussi si les parents ne sont pas Musulmans [16].
Dans la mesure du possible l’aide ne doit pas seulement se limiter aux besoins fondamentaux (manger, se vêtir…).

Le Respect dans le Cœur

 

Les actions peuvent être d’ordres intérieurs :
Bonnes : Avoir une bonne opinion d’Allâh ou encore la patience dans Ses décrets sont des bonnes actions relatives au cœur.
Mauvaises : La jalousie, la haine, ou la mauvaise opinion vis-à-vis d’Allâh sont des péchés du cœur.
Et ses actes ou états intérieurs peuvent déboucher sur des actes d’ordres extérieurs :
Bons : La compassion peut déboucher sur la charité…
Mauvais : La jalousie peut entraîner la vengeance, la violence, le meurtre…
Au Jour du Jugement, nous serons interrogés sur les deux types d’actions comme stipulé dans le Qour’an : « Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le cœur: sur tout cela, en vérité, on sera interrogé. » [17]
Vis-à-vis des parents, même si on s’occupe d’eux dans ce qui est extérieur (les nourrir, les vêtir, être poli…), il ne convient cependant pas d’entretenir envers eux de la haine ou de mauvais sentiments (la haine est la source première du tort commis envers les parents). Si on commet une erreur envers eux, mais qu’on regrette sincèrement, il faut aussi se souvenir avec espoir qu’Allâh regarde l’état intérieur et qu’Il pardonne. Nous sommes humains et faisons tous des erreurs.

Des Ordres Contradictoires

 

Il peut arriver que les parents donnent des ordres contradictoires. Si cela se produit, ‘Abdul Baqi rapporte que ‘Ali al-Ajhuri est d’avis qu’il faut répondre en premier à la mère. L’imam as-Suyuti à rapporté un Hadith disant : « Si ton père et ta mère t’appellent, réponds à ta mère ».
Un jour, quelqu’un demanda à l’Imam Mâlik : « Mon père est au Soudan et il m’a écrit une lettre dans laquelle il me demande de venir le voir, tandis que ma mère ne veut pas ». L’Imam Mâlki répondit : « Obéis à ton père et désobéis à ta mère ». Il convient de rappeler que les prédécesseurs faisaient très attention lorsqu’ils répondaient à une question, car ils avaient conscience du poids de leur opinion. Ils sont les héritiers des Prophètes les modèles pour les Musulmans et leurs avis définissent la pratique de beaucoup de Musulmans. En donnant cette réponse à cet enfant soucieux de bien faire, il est probable que l’Imam Mâlik cherche une voie permettant à l’enfant de satisfaire ses deux parents (comme par exemple en proposant à sa mère de l’accompagner). Lorsque la même question fut posée à l’imam Layth ibn Sa’d abu al-Harith [18], il répondit : « Obéis à ta mère, car elle possède deux tiers de Birr (respect et obéissance dus aux parents). »

Quel Parent a le plus Grand Droit
 
Allâh dit : « Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine: son sevrage a lieu à deux ans. » [19].
Un jour, un homme vint trouver saydunna ‘Umar et lui dit : « Ma mère est âgée et elle ne peut pas aller aux toilettes sans que je la porte sur mon dos. Je la nettoie tout en détournant mon regard. Ai-je rempli ses droits ? » ‘Umar répondit : « Non ». L’homme dit alors : «  Mais je la porte sur mon dos et je suis à son service ». Ce à quoi ‘Umar rétorqua : «  Elle a fait la même chose pour toi. Mais elle avait l’espoir que tu restes auprès d’elle tandis que tu espères qu’elle parte. » [20]
Muhammad al-Hassan rapporte qu’ibn ‘Atiyya a dit : « Remplir les droits de ses parents comme les honorer et les protéger et leur venir en aide financièrement quand ils en ont besoin est une obligation. Tandis que ce qui concerne la bonté, la gentillesse, les mots et les actes gentils est hautement recommandé. C’est dans cette catégorie qu’on doit donner préférence à la mère. » [21] Cela ne signifie pas qu’il faille négliger les droits du père ni ou ne faire preuve d’un comportement exemplaire à son égard. Même si le père lutte et fait face à des difficultés pour élever son enfant, c’est la souffrance et la douleur de la mère qui fut mise en avant par Allâh.
Un homme vint chez le Prophète ﷺ et lui dit : « Ô Messager d’Allah ! Quelle est la personne avec qui je dois le mieux me comporter ? » Il dit : « Ta mère ». Il dit : « Et qui encore ? » Il dit : « Ta mère ». Il dit : « Et qui encore ? » Il dit : « Ta mère ». Il dit : « Et qui encore ? » Il dit : « Ton père ». [22]

Obéir aux Parents à propos du Mariage

Le Fils :
Ibrahim Ibn Hilal al-Sinhaji as-Sijilmasi (juriste Malikite et Mufti) stipule que le fils doit obéir à son père si ce dernier lui interdit de se marier à telle personne. Ceci uniquement si le fils ne craint pas de tomber dans le haram avec la personne en question. Si c’est le divorce que demande le père, al-Haytami (grand savant dans la jurisprudence et le hadith) n’interdit pas au fils de désobéir, car cela détruirait sa famille. Certains savants soutiennent la position contraire en se basant notamment sur un récit dans lequel saydunna ‘Umar ordonna le divorce à son fils, mais il faut souligner le fait que dans ce cas précis, ce n’est pas n’importe quelle personne qui donne cet ordre. Ainsi cet ordre était sans aucun doute basé sur la clairvoyance et le souci de succès dans la religion, tandis que la majorité des cas, les parents lambda demandent le divorce de leur fils pour des intérêts personnels basés sur la culture ou l’ignorance. Si un parent pense que le mariage de son fils lui cause du tort dans son Dîn, alors il peut avoir recours à un Sheykh sage et compétent dans le Fiqh et les questions de mariage afin d’avoir un avis avant d’envisager quoi que ce soit qui puisse déboucher sur la rupture de ce mariage.
La Fille :
Les règles mentionnées plus haut ne concernent que le fils. Quant à la fille, personne, y compris les parents, n’a le droit de lui demander de divorcer de son mari. Ruiner les relations d’une femme avec son mari est Haram comme stipulé par Sheykh Muhammad Mawlud « Maharim al-Lisan  [23] Il est strictement interdit de se mêler du mariage de quelqu’un d’une manière qui nuira à la relation entre le mari et la femme. Alors que dire d’une personne qui demande à la femme de divorcer ? Il est interdit à la femme de demander le divorce si son mariage ne lui cause aucun tort, alors que dire d’une personne extérieure qui vient s’en mêler ? Si une personne motive une femme à divorcer de son mari, alors cette personne aide à commettre l’illicite ce qui est grandement apprécié par Iblis dont l’un des objectifs principaux est de détruire les familles.
Il est rapporté dans un Hadith authentique que : « Iblis établit son trône sur l’eau (la mer) et envoie ses légions (pour tenter les Hommes). Le démon qui a (ensuite) le plus de proximité avec lui est celui qui a réussi le plus grand trouble (fitna). L’un de ces démons vient à lui et dit : « J’ai fait ceci et cela. » Mais il lui répond : « Tu n’as rien fait. » Puis l’un d’entre eux vient à lui et lui dit : « Je n’ai pas lâché (tel humain), jusqu’à ce que j’ai réussi à provoquer la séparation entre lui et son épouse. Iblis rapproche de lui ce démon et lui dit : « Quel bon fils es-tu ! » [24]
S’il existe une situation dans laquelle le mariage nuit à la femme, la Loi Islamique ne l’autorise pas juste à quitter le mariage, mais elle l’oblige à entreprendre les démarches nécessaires en vue de l’obtention d’un divorce. Dans ce cas, elle doit chercher l’avis juridique d’un savant bien versé dans la Jurisprudence.
Et s’ils nous ordonnent de ne pas nous marier du tout ?
Ne pas se marier du tout peut être nuisible et personne n’a à obéir à un ordre qui est nuisible. La même règle s’applique au fait d’empêcher une fille de se marier. L’imam Turtushi dit : « Les filles ne sont pas obligées d’obéir à leurs parents si ces derniers ne veulent pas qu’elle se marie. La raison, c’est que l’obéissance n’est due que dans les affaires susceptibles de nuire ou faire souffrir les parents. Le mariage de leur fille doit réjouir les parents et la nuisance réside dans le fait qu’elle puisse au final demeurer dans leur foyer (Ndt : à cause de leur interdiction). »
Quoi qu’il en soit ces sujets sont compliqués et chaque cas est particulier et c’est pourquoi il est nécessaire de chercher l’avis d’un expert dans le domaine juridique avant de prendre une décision.

Quoi qu’il en soit, ces sujets sont compliqués et chaque cas est particulier ; c’est pourquoi il est nécessaire de chercher l’avis d’un expert dans le domaine juridique avant de prendre une décision.

Le Respect dû aux Parents après leur mort

 

Sayyiduna Abu Hurayrah (radiyallahu ‘anhu) rapporte que Rasulullah ﷺ a dit : « Allah Ta’ala élèvera le rang d’une personne au Jannah. Il dira :  » Ô mon Rabb, comment suis-je parvenu à cela ? Allah Ta’ala répondra : « Par l’intermédiaire de ton qui recherchait le pardon en ton nom » ». [25]
Dans un autre Hadith, il est dit : « Si quelqu’un se rend sur la tombe de ses parents, ou de l’un d’entre eux, chaque vendredi, il obtiendra le pardon et cela sera enregistré comme de la piété filiale. » [26] Concernant l’indication du jour de vendredi, l’Imam Malik, le grand Muhadith et Imam de Fiqh a déclaré : « On peut visiter le cimetière d’autres jours, cependant, le jour du vendredi a été spécifié en raison de ses grandes vertus ». [27]
Sayyiduna ‘Abdullah ibn ‘Umar a répondu : « Nabi ﷺ a dit :  » Maintenez des liens avec ceux que votre père aimait, ne rompez pas [les liens], de peur qu’Allah éteigne votre lumière céleste [dans ce monde/dans l’au-delà]  » ». [28]
Tout comme le respect envers les parents est obligatoire, celui envers les grands-parents l’est tout autant, mais selon l’opinion dominante dans l’école Malikite, ils n’ont cependant pas le même statut que les parents [29].

Manquer de Respect envers les Parents

 

Le Prophète ﷺ a dit : « Ne voulez-vous pas que je vous informe du plus grand parmi les grands péchés ? »  Nous avons dit : « Ô Prophète, si » Il reprit : « C’est l’association à Allâh et la désobéissance aux parents » » [30]
Les péchés que nous commettons peuvent être d’ordre majeur (kabira) ou mineur (saghira). Dans les deux cas, il est nécessaire de se repentir selon les quatre conditions :
– regretter
– avoir l’intention de ne pas y revenir
– arrêter l’acte immédiatement
– réparer son erreur si le péché concerne une tierce personne
Si un enfant fait une chose susceptible de rendre un parent raisonnable alors cela sera considéré comme ‘uquq [31].
Dans son livre, l’Imam Muhammad Mawlud évoque les six organes par lesquels l’enfant est susceptible d’être l’auteur de ‘uquq.

Les Mains :
Par ex. Le fait de lever les mains en l’air avec dégoût, de serrer le poing lorsqu’on leur parle ou frapper un objet par frustration. Bien entendu les frapper ou faire des gestes déplacés est formellement interdit. Si leur dire « uff » est interdit, alors tout ce qui est pire que cela est interdit.

Les Pieds :
Par ex. Se rendre à un endroit alors que cela attriste nos parents.

Les Oreilles :
Concernant la médisance, il est rapporté que le Prophète à dit : « Celui l’écoute est le complice de celui qui la prononce » [32]. Les deux personnes sont donc fautives de péchés (celle qui médit et celle qui écoute). Si cela concerne les parents d’une des deux personnes, alors c’est extrêmement dangereux. Normalement on ne permet pas qu’une personne parle mal de nos parents, malheureusement il est devenu courant qu’une personne parle en mal de ses parents ou de ceux d’autrui.

Les Yeux :
‘A’isha rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Une personne n’a pas fait preuve de Birr si elle regarde son père avec sévérité » [33]

Le Cœur :
Cf la partie « Le Respect dans le Cœur » (traitée plus haut)

La Langue :
Il est rapporté du Prophète ﷺ qu’il a dit : « Si Allah avait connaissance d’une forme de ‘uquq moins important que de dire « uff (à ses parents), Il l’aurait interdite » [34] Il est donc important de faire preuve de la plus grande retenue et du plus grand respect lorsqu’on s’adresse à eux. Dans un Hadith, il est dit que tous les péchés seront différés par Allâh jusqu’au Jour du Jugement, excepté ce qui concerne « uquq al Walidayn » et ce que pour ce type de péchés, la punition de la personne sera hâtée dans sa vie sur terre.

L’Histoire de Jurayj : 
Selon Abou Hourayra (رضيالله عنه) , le Prophète (ﷺ) a dit : « […] Jurayj était un ascète qui s’était construit une tour (pour s’y recueillir). Alors qu’il était dans sa tour arriva sa mère juste au moment où il était en prière. Elle dit : « O Jurayj! » « Il dit : « Ô mon Seigneur! Dois-je répondre à ma mère ou poursuivre ma prière ? » et il continua sa prière. Sa mère s’en alla. Le lendemain elle revint le voir alors qu’il priait. Elle dit : « O Jurayj! » « Il dit : « Ô mon Seigneur! Dois-je répondre à ma mère ou poursuivre ma prière ? » et il continua sa prière. Le troisième jour il y eut la même scène et elle dit : « Seigneur Allah! Ne le fais pas mourir avant qu’il ait regardé le visage des prostituées ».
Les Enfants d’Israël parlèrent un jour de Jurayj et de son adoration pour Allah. Or, il y avait parmi eux une prostituée connue pour sa beauté. Elle leur proposa : « Si vous voulez, je vais certainement le soumettre à la tentation (le séduire) ». Elle vint à sa rencontre, mais il ne se tourna même pas vers elle. Elle alla trouver un berger qui habitait dans la tour de l’ascète. Elle se donna à lui et elle tomba enceinte. Quand elle mit au monde son enfant, elle dit : « C’est celui de Jurayj ». Les gens vinrent à lui, le firent descendre de sa tour qu’ils détruisirent, et se mirent à le battre. Il leur dit : « Que me voulez-vous donc ? » Ils dirent : « Tu as commis un adultère avec cette prostituée et elle a eu de toi cet enfant ». Il dit : « Où est-il donc ? » Ils le lui apportèrent. Il leur dit : « Laissez-moi d’abord faire ma prière ». Il pria et, lorsqu’il eut terminé, il s’approcha du nouveau-né qu’il tapota sur le ventre puis il lui dit : « Enfant! Qui est ton père ? » Il dit : « Untel le berger ». Les gens se mirent à embrasser Jurayj et à passer leurs mains sur son corps. Ils lui dirent : « Veux-tu que nous te reconstruisions ta tour avec de l’or ? » Il dit : « Non, mais refaites-la en terre comme elle était » et ils le firent. » [35] Dans ce hadith on voit que le fait d’avoir contrarié sa mère conduisit celle-ci à faire un dou’a contre lui et celui-ci fut exaucé. Il convient de noter que Jurayj était une personne très pieuse (le prodige de l’enfant parlant pour sa défense en témoigne). Malgré cela, le fait d’avoir contrarié sa mère lui valut d’être éprouvé. Le Messager d’Allâh ﷺ précisa : « Si Jurayj avait eu (une bonne) connaissance de la Jurisprudence (été un faqih), il aurait su que répondre à sa mère eut été préférable à sa prière » [36].
Il est rapporté du Prophète ﷺ qu’il a dit : « Trois personnes n’entreront pas au Paradis. Celui qui ne se comporte pas bien avec ses parents (‘uquq), celui qui rappelle aux gens ce qu’il a fait pour eux et celui qui est addict à l’alcool. » [37] Nous savons que tous les Musulmans entreront au Paradis, mais certains avant d’y entrer passeront un laps de temps en Enfer. Ce hadith n’est donc pas à prendre au sens littéral strict, mais nous incite à tout faire pour ne pas faire partie de ces trois catégories.
Notons, que le statut élevé que peuvent avoir nos shuyukh, n’enlève en rien le statut important qu’ont nos parents comme cela est mentionné dans le Qur’an et la Sunnah.
Allâh a mentionné à de nombreuses reprises qu’il est important de prendre soin de ses parents et de les respecter :

« Et [rappelle-toi], lorsque Nous avons pris l’engagement des enfants d’Israʾil (Israël) de n’adorer qu’Allah, de faire le bien envers les pères, les mères, les proches parents… »
[38]
« Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère… » [39]
« Dis: « Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit: ne Lui associez rien; et soyez bienfaisants envers vos père et mère… » [40]
« Et ton Seigneur a décrété: « N’adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les pères et mères: si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point: « Fi ! » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses.  » [41]
« Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable… » [42]
« Et Nous avons enjoint à l’homme de la bonté envers ses père et mère… » [43]
De nombreux hadith ont également été rapportés sur cette question importante et nous avons mentionné quelques-uns dans cet article.
D’après Abdallah Ibn ‘Amr (qu’Allah les agrée), un homme s’est rendu auprès du Messager d’Allah ﷺ et a dit : « Je te prête serment d’allégeance pour la hijra et le djihad, je cherche par cela la récompense de la part d’Allah. Le Prophète ﷺ répondit: « Y a t-il un de tes deux parents qui est vivant ? ». L’homme dit : Oui, les deux sont vivants. Le Prophète ﷺ a dit: « Recherches-tu la récompense de la part d’Allah ? » Il a dit : Oui. Le Prophète ﷺ a dit: « Alors, retourne vers tes parents et tiens leur compagnie de la meilleure manière ». [44]
Dans ce hadith, le fait de rester en compagnie des parents devient un jihad supérieur au jihad, car pour certaines personnes, prendre soin de ses parents, s’occuper d’eux est difficile et nécessiten un effort particulier. La compagnie du Prophète ﷺ est la meilleure des compagnies, mais malgré tout, celui-ci donne ici la préférence aux parents.

La Mère

Il n’est pas possible d’atteindre la Satisfaction Divine sans avoir un comportement exemplaire envers ses parents et donc bien sûr envers sa mère. Dans le Qour’an, saydinna ‘Isa عليه السلام se décrit lui-même comme étant quelqu’un de bon envers sa mère (Maryam) conformément à ce qu’Allâh lui a recommandé [45].
Sheykh Haywa ibn Shurayh [46] était le Sheykh de son temps en Égypte. Parfois, il formait un cercle de science pour enseigner et il arrivait que sa mère arrive et dise : « Lève-toi Haywa ! Vas jeter un peu d’orge aux poules ! » Alos il se levait pour suivre son ordre [47].
Le Paradis est sous le Pied de la Mère
Mu’âwiya Ibn Jâhima As-Sulami rapporte : « Je me suis rendu auprès du Messager d’Allah ﷺ et lui ai dit : « Ô Messager d’Allah ! J’aimerais faire le jihâd à tes côtés, aspirant ainsi à la Face d’Allah (Ndt : Sa Satisfaction) et à l’au-delà ». Il me dit : « Malheur à toi ! Ta mère est-elle toujours en vie ? ». Je répondis : « Oui ». Il me dit : « Retourne [auprès d’elle] et prends soin d’elle (fabarrahâ) ». [Il lui demanda une deuxième fois (…)]. Le Prophète ﷺ lui dit : « Retourne vers elle et prends soin d’elle ». [Il lui demanda une troisième fois (…)]. Le Prophète ﷺ lui dit : « Malheur à toi ! Reste auprès d’elle (litt. à ses pieds), car c’est là qu’est le Paradis. » [48]

L’Assistance Mutuelle est requise

Rendre leur droit à ses parents est une tâche difficile, mais grandement bénéfique et récompensée. Il convient aux parents qu’ils facilitent cette tâche à leurs enfants et cela fait partie de leurs droits à eux. Il est donc important que les parents aient eux aussi le meilleur des comportements avec leurs enfants afin que ceux-ci n’agissent pas mal en retour. Il faut penser au fait que si les enfants ont un mauvais comportement envers leurs parents ils seront susceptibles d’être punis par Allâh. Il faut donc limiter au mieux ce qui pourrait les amener à cette bien mauvaise situation. Un des meilleurs services qu’on puisse rendre à ses enfants, c’est de leur enseigner leur religion et ce qui concerne les droits des parents.
Notons que pour le bien-être, la paix, le bénéfice mutuel et l’harmonie, il est peut être sage d’oublier parfois ses droits lorsque c’est difficile pour la personne (tant qu’il n’y a pas d’abus).

Notons que pour le bien-être, la paix, le bénéfice mutuel et l’harmonie, il est peut être sage d’oublier parfois ses droits lorsque c’est difficile pour la personne en face de les remplir (tant qu’il n’y a pas d’abus)

Les Coreligionnaires
Selon le grand Imam al-Ghazaly, dans nos rapports avec nos frères et sœurs en Islam, il convient de :
– être souple
– ne pas être un fardeau (au contraire, être source de facilité)
– faire en sorte de ne pas leur imposer ce qui nous incombe
– ne pas chercher leur prestige ou leur richesse
– les aimer pour Allâh sans rien attendre en retour
– rechercher la bénédiction de leurs invocations
– être heureux de les voir
– s’assister mutuellement dans le Dîn
– faire de l’amitié un moyen de se rapprocher d’Allâh en leur donnant leurs droits et en veillant à ce qu’ils ne manquent de rien
Les Maris
Tout comme les parents ont des droits vis-à-vis de leurs enfants, le mari à des droits sur sa femme. ‘A’isha a dit : « J’ai demandé au Prophète ﷺ quelle personne a le plus de droits sur une femme et à répondit ‘Son mari’. Puis, j’ai demandé au Prophète ﷺ quelle personne a le plus de droits sur un homme et il répondit ‘Sa mère’. » [49]
Si un mari tente d’obtenir tous les droits qui lui sont dus, le mariage ne sera pas harmonieux. Pour éviter que le mariage ressemble à une relation d’affaires (business), il faut être prêt à délaisser son droit de temps à autre. En agissant ainsi, on suit la Sunnah du Prophète ﷺ qui a dit : « Le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Le Croyant qui a la foi la plus parfaite est celui qui a le meilleur comportement (ou caractère) et les meilleurs d’entre vous sont ceux qui sont les meilleurs avec leurs femmes ». [50]
Les Voisins 
De la même manière qu’Allâh nous ordonne de bien nous comporter avec nos parents, le Musulman est invité à faire preuve du meilleur comportement envers son voisin.
« Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain… » [51]
De même, il est rapporté du Prophète ﷺ qu’il a dit : « Jibril me rappelait sans cesse les droits du voisin, au point que je me suis demandé s’il ferait de lui l’un des héritiers. » [52]
Al-Munawi cite Ibn Abi Jamra disant : « Prendre soin de ses voisins fait partie de la perfection de la foi et les gens de la jahiliya prenaient cela au sérieux. On doit s’efforcer de prendre soin d’eux autant que faire se peut (en leur donnant des cadeaux, en leur souriant, en prenant de leurs nouvelles, en les aidant, en ne leur causant aucun tort…). » [53]
Pour en savoir plus sur le respect envers les voisins n’hésitez pas à lire notre article intitulé Traiter convenablement ses voisins (par Sheykh al-Habib ‘Umar bin Hafiz)
Il convient de faire son possible pour remplir le droit d’autrui, sans demander aux autres d’honorer nos droits.
L’Imam as-Suyuti à rapporté un Hadith dans lequel le Prophète ﷺ a dit : « Qu’Allâh fasse miséricorde à un père à un père qui aide (facilite) son fils à s’acquitter de ses obligations envers lui ». [54] Sachant que toutes les supplications du Prophète ﷺ sont exaucées, nous devrions chercher à faire partie de la catégorie citée.
Personne ne sait dans quel état il mourra et c’est la raison pour laquelle nous devons être vigilants vis-à-vis de notre foi et de nos actes.

Qu’Allâh nous accorde de respecter et d’honorer nos parents et nous donne la bonne compréhension et la bonne application de Sa religion afin de parvenir au succès éternel. Ameen

 

Al-Hamdu Lillâhi Rabbi Al-`Âlamin


Notes :

Référence principale : « Al-Zafar bil-Murad fil Birr bil ‘Aba wal-Ajdad » de Sheykh Muhammad Mawlud avec le Sharh de Sheykh Rami Nsour al-Idrisi.
[1] Qour’an 17/23
[2] Jami` at-Tirmidhi 1n° 899 (Hassan)
[3] Sheykh Al-Nafrawi dans al-Fawakih al-Dawani 2:290 (sharh de la Risala de Qayrawani)
[4] Qour’an 31/14
[5] Birr al-walidayn – le mot birr vient du mot abrâr et renvoie à ceux qui sont pieux.
[6] Qour’an 17/23
[7] Tuhfat al-Surur 11
[8] Ibn al-Jawzi 145
[9] Sharh al-Zafar bil-Murad 4
[10] Qour’an 17/24
[11] Qour’an 11/113
[12] Qour’an 5/118
[13] Consensus rapporté par an-Nafrawi dans son Sharh de la Risala de Qayrawani 2:291
[14] Al Boukhari n°6830, Muslim n°1840.
[15] Qour’an 31/15
[16] Cf : Badr al-Zawjayn 134
[17] Qour’an 17/36
[18] Qualifié d’imam de son époque dans le Fiqh et le Hadith
[19] Qour’an 31/14
[20] Ibn al-Jawzi 129
[21] Tuhfat al-Surur 31
[22] Al-Bukhari 5971
[24] Rapporté par Muslim, n° 2813
[25] Sunan Ibn Majah, Hadith: 3660, Musnad Ahmad, vol. 2 pg. 509, Musannaf Ibn Abi Shaybah, Hadith: 30359
[26] Mishkat al-Masabih 1768, livre 5, Hadith 240
[27] Fiqhul Islami wa Adilatihi vol.2 pg. 1570
[28] Al Adabul Mufrad, Hadith 40
[29] Al-Adawi, al-Nafrawi, as-Sawi, al-Turtushi
[30] Rapporté par Al Boukhari et Muslim
[31] C-à-d- désobéissance/irrespect/injustice
[32] Al-La ‘ali al-Hisan 74
[33] Tuhfat al-Surur 43
[34] Sharh az-Zafar bil Murad 15
[35] Ryad As Salihine Hadith n°259, Rapporté par Al Bukhari et Muslim
[36] Tuhfat al-Surur 46
[37] Mustadrak
[38] Qour’an 2/83
[39] Qour’an 4/36
[40] Qour’an 6/151
[41] Qour’an 17/23
[42] Qour’an 31/15
[43] Qour’an 46/15
[44] Muslim 2549
[45] Qour’an 19/33
[46] Mort en 158/774
[47] Turtushi 52
[48] Rapporté Ibn Mâjah n°2781
[49] Mustadrak
[50] Tirmidhi, Riyad as-Salihin n°278
[51] Qour’an 4/36
[52] Rapporté par al-Bukhari, Muslim, Abu Dawud, al-Tirmidhi, Ibn Majah et Ahmad
[53] Tuhfat al-Surur 68
[54] Sharh az-Zafar bil Murad 28
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Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fée

Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fées…

Maryam Szkudlarek

Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fée
À la fin des années cinquante, dans un petit village du Portugal un couple d’à peine vingt ans se marie. Deux filles naissent, puis l’époux quitte sa terre natale, gouvernée alors par un dictateur tyrannique, laissant son épouse enceinte du troisième enfant. Il part pour la France pour trouver un avenir meilleur. Le voyage prendra des semaines et sera extrêmement périlleux. Certains de ses compagnons y périront. Il ne donnera pas de nouvelles pendant des mois. Puis, deux ans plus tard, les billets de train arrivent pour que tout le monde le rejoigne. Ce sera des jours, des mois, des années dures, très difficiles. Des épreuves qui laissent des traces. Néanmoins, soixante ans plus tard, ils sont toujours là, plus amoureux que jamais, veillant l’un sur l’autre, ne pouvant dormir si leur moitié est souffrante.
À la fin des années soixante, dans un petit village kurde de la Turquie, un homme de trente-cinq ans perd son épouse. Il est sans enfant. Il se marie donc avec la sœur de celle-ci, âgée alors de 14 ans. Ils auront neuf enfants dont un qui mourra en bas âge et une autre plus tard d’un cancer. Malgré leur différence d’âge, ils font une jolie paire, la joie enfantine mariée à la voix de la sagesse. Il aime énormément son épouse et tous ses enfants. Ces derniers sont d’une grande bonté et générosité, ayant grandi dans un environnement sain, pur et innocent. L’année dernière, ce sage que les gens aimaient saluer et demander ses du’a, décéda le vendredi 22 de ramadan 1441, à plus de quatre-vingt-dix ans, qu’Allah lui fasse miséricorde. Son épouse fut très triste et pleura beaucoup. Elle dit : « Il y a de mes bien-aimés dans ces tombes, mais je les ai tous oubliés, car sa mort est bien plus douloureuse que toutes les autres. »
En 2007, Ustadha perd son compagnon de vie de quinze ans son aîné. Celui qui partagea sa vie quarante ans. Celui qui joua le rôle du père qu’elle avait perdu quand elle était enfant. Celui avec qui elle avait quitté la Palestine et émigré dans les pays alentour. Celui avec qui elle eut un train de vie aisé pendant longtemps avant de tout perdre. Celui avec qui elle voyagea à travers le monde. Le choc et la douleur sont immenses. Ses enfants, inquiets pour sa santé, l’inscrivent dans un centre de Qur’an pour qu’elle s’occupe. Elle deviendra au bout de quelques années une des enseignantes du centre, spécialiste des dix récitations. Ce grand amour s’est sculpté dans les sillons de l’apprentissage du livre d’Allah.
En 2019, dans une maison d’un lotissement rupin de Dubaï, un shaykh nous convie chez lui. Son épouse nous accueille. Elle est Égyptienne, très belle, instruite, cultivée, parlant l’arabe littéraire, le français et l’anglais. C’est une hôte extrêmement agréable et gentille. Elle nous dit qu’elle a cinq enfants. Une autre femme est présente, effacée, discrète. En réalité la charmante dame n’a pas cinq enfants, mais trois. Le bébé qu’elle a sur les genoux n’est pas le sien, mais celui de l’autre femme qui est la deuxième épouse de son mari. L’aînée des cinq, qui a quinze ans, mentionne que la situation est effectivement « bizarre ». Tout le monde sourit puis rit. Je suis subjuguée par la beauté de cette femme, son attitude, sa gentillesse, sa générosité et son innocence. J’observe toute la famille. Des milliers de questions auxquelles je ne peux avoir de réponses me passent par la tête, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a beaucoup d’amour : l’amour d’une femme pour l’enfant d’une autre, l’amour d’une mère pour son enfant, l’amour d’une demi-sœur pour son demi-frère, l’amour d’une femme pour ses invités et surtout l’amour d’Allah.
Le mariage n’est pas un conte de fées. Les relations humaines n’ont jamais été simples et encore moins les relations de couple. Il faudra faire des efforts pour obtenir une union forte qui résiste aux tentations et aux tempêtes. Un professeur turc m’a un jour dit : « Le mariage est un bateau. Parfois le ciel est clair, parfois la mer est houleuse, mais il tient bon. » Chaque histoire est différente. Les êtres humains ne sont pas parfaits, les circonstances non plus. Cependant, les objectifs doivent rester les mêmes pour tout le monde. Gardons en tête que le mariage est la moitié de la foi donc il faut s’attendre à ce que ce soit difficile ; qu’il faut faire preuve de gratitude en toutes circonstances, et d’une belle patience (sans cris et sans plaintes) ; qu’il est primordial de vouloir un mariage heureux et de ce fait travailler sans relâche pour l’avoir ; qu’il ne faut jamais abandonner comme on n’abandonnerait pas sa famille de naissance, ni ses études et son travail ; que le divorce n’est pas envisageable, c’est une porte condamnée ; qu’il faut être prêt à se sacrifier, et surtout se rendre précieux (se) à ses yeux.
Le mariage est la meilleure école pour se reformer, si on le prend comme il se doit. L’époux (se) est le miroir qui reflète notre personne qu’Allah tient en face de nous. Il serait stupide de casser le miroir seulement parce que l’on n’aime pas ce qu’on y voit dedans.
« Ne perdez pas de vue la personne avec laquelle vous êtes tombé(e) amoureux (se), ramenez-la. » Maryam Lemu1
Maryam Szkudlarek

 

Notes :
1 Voir son code de conduite (code of conduct) à avoir pour construire un mariage solide. Son histoire de mariage ainsi que celle de ses parents, qu’Allah leur fasse miséricorde, sont de véritables leçons d’enseignement.

Le présent inestimable

– S’éduquer et s’apaiser pour trouver l’équilibre dans son foyer –
 
 

بسم الله الرحمن الرحيم

Se remettre en question n’est pas souvent plaisant et pourtant cela peut ouvrir les portes d’une vie bien plus belle. C’est vrai, cela demande du travail, un engagement sincère et constant, une grande motivation. Cependant, n’est-ce pas la raison de notre présence sur cette terre ? Nous sommes extrêmement reconnaissants envers Allah de nous avoir fait entrer dans cette famille de l’islam et de nous avoir donné cette chance d’explorer nos problèmes et nos traumatismes sous le jour du test à passer. Il y a des circonstances que nous ne choisissons pas, dont nous nous empresserions volontiers de nous débarrasser comme d’une braise dans la main, mais elles sont là. Elles sont là pour nous pousser à changer nos habitudes, prendre responsabilité, demander de l’aide et avancer en maturité et en sagesse. Profitons de de ce mois sacré pour explorer trois sujets très importants qui sont le mariage, les enfants et le divorce, car toute perte, changement ou évènement sont des invitations à réfléchir.

C’est sounna de se marier. Néanmoins, cela ne veut pas dire que lorsqu’untel veut se marier, il est capable de le faire. Nous sommes malheureusement issus de sociétés malades, fatiguées et en mal d’amour – au Moyen-Orient également, même si la famille et l’environnement sont un peu plus protégés – ce qui a des répercussions désastreuses dans nos foyers. Beaucoup ne sont pas aptes à vivre en couple, et le nier, c’est foncer droit dans le mur et reproduire son passé dans le présent, voir son mariage se décomposer, se remarier et revivre la même histoire sans jamais comprendre que le problème est en nous et que la situation ne s’améliorera pas tant que nous ne ferons pas face à notre Histoire. Peut-on s’exprimer avec calme et empathie si étant enfant on n’a vu que cri et colère ? Il faut se reprogrammer à travers des thérapies, des cours psychoéducatifs, des groupes sociaux ou autres. 

Le mariage n’est pas une question d’âge ! L’âge n’a en réalité rien avoir là-dedans, mais c’est plutôt l’intelligence et l’équilibre émotionnel qui aideront au succès de celui-ci. Les divorces ne cessent d’augmenter partout dans le monde, ils sont incroyablement élevés, même en Jordanie et ailleurs. Pour quelles raisons ? Le manque de préparation comme il est mentionné plus haut, mais aussi cette utopie dans laquelle beaucoup de gens vivent pensant que le mariage doit être parfait ; que si l’attirance, la passion ainsi que la connexion physique et émotionnelle diminuent, et bien il faut s’arrêter là. Seulement la réalité est tout autre. Le mariage demande travail et tolérance ! Le « tout, tout de suite » de nos sociétés ne nous aide pas à comprendre ce point. Rien n’est parfait dans les relations avec autrui et tout demande patience quelles que soient l’époque et la culture. « Les relations mènent au chemin spirituel ultime, parce qu’elles nous posent constamment le défi d’aimer et d’accepter dans les situations dans lesquelles nous sommes plus enclins à fuir et rejeter. Pour cette raison plus que toutes, les relations sont l’endroit où notre spiritualité apparaît clairement. Vous pouvez en dire plus sur la véritable spiritualité d’une personne par la façon dont il ou elle traite sa (son) partenaire que par sa présence à l’église. » [1] Prendre la décision de s’engager à la hâte, sans vraiment réfléchir ou pour faire plaisir à autrui peut engendrer un autre plus grand problème : avoir des enfants en sous-estimant la responsabilité et les conséquences.

Avoir des enfants est une excellente chose en islam, cependant personne n’est obligé d’avoir des enfants (même toute sa vie) et encore moins d’en avoir neuf mois pile après le mariage. Ne mélangeons pas culture et religion. Nous ne nous connaissons pas avant le mariage. Certes, nous avons parlé et nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points de la vie familiale, mais il nous reste à découvrir la personne en face. Alors pourquoi se précipiter ? C’est vrai que cela marche pour certaines personnes, néanmoins il n’y a absolument rien de mal à profiter du mariage à deux, se connaître, apprendre à s’aimer et à s’accepter avant de passer à l’étape suivante. Les enfants ne nous appartiennent pas. Ils nous ont été confié par Allah et c’est notre devoir d’en prendre soin. Un enfant a tous les droits de naître dans un environnement sain où règnent l’amour et la paix. C’est une des pires injustices de ce monde que de commencer sa vie et la plus importante phase de l’existence au sein de gens qui ne sont pas psychologiquement ou émotionnellement stables. Toute sa vie cet enfant va payer les conséquences désastreuses du manque de patience et de discernement de ses parents. Plus tard il aura aussi des problèmes relationnels, il aura à briser le cercle de ce qui lui est arrivé et s’il ne le fait pas sa descendance continuera à souffrir comme il a souffert et ainsi de suite. Cela lui prendra beaucoup de temps pour se reconstruire et trouver un équilibre avec l’aide d’un professionnel. Cet article n’est bien sûr pas réservé qu’aux jeunes. On apprend à tout âge et il y a de fortes chances que si une personne a toujours des relations difficiles avec ses enfants, son époux (se), des membres de sa famille ou qu’elle a vécu plusieurs divorces, qu’il y a des problèmes en elle qu’elle n’a pas réglés. Le temps seul n’arrange rien. Allah nous mettra toujours dans la même situation pour nous montrer que le test n’a pas été passé, même si le traumatisme a eu lieu vingt ans ou quarante ans auparavant. Nous voulons rejoindre Allah dans les meilleures conditions, c’est notre plus noble intention. Nous avons à notre charge la génération suivante et leur donner du bien c’est donner de l’amour au monde, leur donner de la douleur c’est être responsable du mal-être de l’humanité. 

Le divorce était courant chez les Compagnons رضي الله عنهم, et les histoires de couple de certains d’entre eux n’étaient pas des contes de fées, ce qui est une source d’enseignement pour nous. L’imam as-Sakhaoui  رحمه الله mentionne bien dans son encyclopédie des grands érudits et érudites, ad-Daw al-Lami’, de l’Égypte du quinzième siècle, les chaykahte qui étaient mariées, veuves ou divorcées, et le dernier cas revient assez fréquemment. Ils avaient des problèmes comme nous en avons. Néanmoins, le divorce reste le moyen de dernier recours quelles que soient l’époque et la société. Lorsque l’on se marie, l’intention est de construire une vie à deux, ce qui veut dire accepter que l’on ne soit pas toujours en accord avec ce qui a lieu. Une fois encore, il ne faut pas avoir peur de consulter l’aide de professionnels et cerner le problème. Le mariage n’est pas facile, mais abandonner trop vite peut avoir des conséquences émotionnelles et physiologiques graves dans le futur surtout si l’on vient à regretter son choix. Oui, bien sûr, nous croyons tous au destin, mais comme nous le savons également nous avons un libre-arbitre et chaque action a une répercussion. Il est étonnant que dans des situations où le musulman a la possibilité d’agir il prétend s’en remettre complètement à Allah sans rien faire, hors ce n’est pas la signification du tawakkoul. Il y a des gens qui essayeront des dizaines voire des centaines de fois d’atteindre le succès dans un emploi, un projet, une entreprise, etc. mais lorsque l’on parle de mariage, ils abandonnent dans les premiers mois ou premières années. Quelle est la différence ? Le mariage est un projet et il demande du dévouement également. Et quel noble projet ! C’est un jihad contre son ego du matin au soir : la moitié de la foi. Si l’on ne travaille pas sur son mariage, Allah ne nous donnera pas le tawfiq, mais on dira après que c’est le destin ! Pourtant, pour beaucoup un divorce est incroyablement douloureux qu’il y ait des enfants ou non. C’est un lien émotionnel et spirituel qui se brise, c’est une douleur physique, un déphasage, de l’anxiété, du stress, de l’insomnie, des pertes de mémoire incroyables, etc. Nous ne sommes pas encore bien équipés pour nous occuper de ceux qui traversent ces moments difficiles bien qu’ils soient malheureusement extrêmement nombreux. Nous leur disons d’avancer et d’oublier, sans comprendre la peine et le sentiment d’échec qu’ils traversent. Ils ne sont pas prêts à « tourner la page ». Cette expression ne veut vraiment rien dire. Ils n’en ont pas besoin en fait, le pansement des plaies prendra le temps qu’il faudra et leur vie continuera sur cette page ou sur une autre. En revanche, ils ont besoin d’apprendre à se connaître, comprendre le problème et travailler sur eux-mêmes tout en nous ayant comme compagnons fidèles. Bien entendu, le divorce peut avoir du bon, comme toutes les épreuves de la vie, si l’on travaille sur soi et accepte sa part de responsabilité dans l’échec du mariage. Il peut parfois être nécessaire pour nous aider à y voir plus clair, cependant il n’est pas la seule manière possible pour prendre ses distances. On peut se mettre d’accord pour s’éloigner un certain temps, comme le Prophète ﷺ l’avait fait avec ses épouses رضي الله عنهن. Les écoles de jurisprudence détaillent les différentes manières de procéder. Dans tous les cas nous avons le droit à deux divorces révocables – ce qui est un immense cadeau d’Allah – et il est important de divorcer dans les règles et de ne pas se séparer durant la ‘idda

Pour avancer et garder l'équilibre dans le couple, il est nécessaire de dialoguer et de faire des efforts

Certains psychologues disent que l’anxiété est la raison première des mariages qui se brisent. Il faut apprendre des techniques pour s’apaiser, être pleinement présent, s’occuper de soi et prendre soin de ses besoins régulièrement et ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous. Le mariage ne règlera pas nos soucis personnels, c’est à nous de le faire avant, car se gérer soi-même est une chose, mais vivre à deux en est une autre ; cela peut provoquer des émotions ou des angoisses longtemps enfouies qui peuvent affecter la vie de couple.

Nous vivons dans une époque que l’on pourrait appeler : « le printemps de la culture », tout est là devant nous, beau, frais, agréable, accessible et gratuit. Nous n’avons absolument aucune excuse de ne pas nous documenter sur la nature de nos problèmes et essayer de les résoudre au lieu de blâmer les autres. Il est temps pour nous de faire de réelles modifications quant à notre façon de voir les choses, d’améliorer l’ambiance familiale et la société dans son ensemble. La génération du Prophète ﷺ avait travaillé si dur pour suivre son exemple et plaire à Allah, devenant ainsi à leur tour des modèles pour les générations suivantes. Mais, nous, que faisons-nous pour nous-mêmes et pour ceux qui prendront notre place ? Rajab est là et la récompense des bonnes actions est multipliée. Quelle serait la récompense de celui qui travaille sur lui (elle)-même, son mariage, sa famille ou aide un couple en crise ou ceux qui traversent un divorce ?  Ramadan approche à grands pas, le deuxième avec le Corona. Serons-nous différents et meilleurs à la fin de celui-ci ? Pouvons-nous être fiers de nos efforts ? Nous demandons à Allah de nous inspirer, de nous montrer la Voie dans tous les aspects de nos vies et de remplir nos cœurs d’Amour et nos actions de sincérité, amine.

Maryam Szkudlarek

Notes :

[1] Citation de Gay Hendricks tiré du livre « The Big Leap ».

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1/ MONTRE TON AFFECTION

Les femmes ont besoin d’affection. Si vous êtes un mari au cœur dur, qui ne montre pas d’affection, cela aura un impact négatif sur votre mariage, car les femmes aiment l’affection. Peut-être savez-vous au fond de votre cœur que vous l’aimez, peut-être le dites-vous autour de vous, peut-être le montrez-vous en travaillant dur pour subvenir à ses besoins et à ceux de vos enfants. Mais cela montre-t-il de manière suffisante que vous l’aimez ? La réponse est non. Votre femme a besoin que vous lui montriez votre affection et le meilleur moyen pour cela, c’est que vous lui disiez que vous l’aimez et que vous tenez à elle.

Cela concerne aussi le fait de la toucher d’une manière qui ne soit pas motivée par le désir sexuel. En clair, ce n’est pas uniquement lorsque vous avez envie d’une relation intime que vous devez la toucher. Il y a des manières de toucher qui vont au-delà de la sexualité. Cela peut prendre différentes formes comme lui faire un câlin, lui tenir la main, lui caresser les cheveux ou prendre du temps pour juste s’asseoir à ses côtés. Cela peut paraître un peu étrange si vous ne l’avez jamais fait, mais ce sont des choses qui sont vraiment importantes. Les humains ont grand besoin de contact physique. Des études montrent que le toucher renferme de nombreux bénéfices pour notre bien-être physique et physiologique. Le simple fait de tenir la main de son conjoint aide à faire disparaître le stress, à réduire la pression artérielle, à resserrer les liens affectifs et le sentiment de confiance mutuel. Pourquoi ? Tout simplement, car quand on se tient la main, qu’on fait un câlin ou qu’on se touche, cela provoque la sécrétion de l’ocytocine qui est aussi nommée « hormone de l’amour, de la confiance et du lien ». La sécrétion de l’ocytocine a aussi pour conséquence de faire baisser dans le corps le taux de cortisol qui est l’hormone du stress laquelle nous fait sentir si mal. C’est pourquoi montrer son affection est important et doit donc être fait régulièrement.

 

2/ SOIS UN HOMME

Être un homme, ça ne veut pas dire qu’il faille faire preuve d’une autorité excessive, qu’il faille être paresseux et attende les pieds sous la table que tout soit fait par notre épouse. Cela ne veut pas dire qu’on doit laisser traîner ses chaussettes sales par terre et attendre en retour qu’elle vous revienne lavées et rangées en ordre dans votre armoire. Soyez un homme selon le sens Islamique et non selon le sens que vous dicte votre culture ou votre ego. Lisez le plus d’ouvrages possible sur la vie (Sira) du Prophète Muhammad afin de comprendre ce qu’est un véritable homme en prenant exemple directement sur la meilleure des créatures qu’Allâh ait créée. Sois un gentleman, digne et respectueux de ton épouse. N’attends pas de ton épouse qu’elle aille travailler pendant que tu restes à la maison à te tourner les pouces. Fais ce qu’un homme est supposé faire. Agis avec maturité. Lorsque tu joues ton rôle en tant que véritable homme de la maison, alors ton épouse peut agir comme la véritable femme de la famille. Le Messager d’Allâh participait aux tâches ménagères, il réparait lui-même ses vêtements, trayait les brebis, se servait lui-même et servait sa famille. Si tu agis ainsi, alors inshaa’ Allâh ta femme t’aimera davantage. Cela créera au sein du couple de l’amour, de la confiance et de la positivité.

C’est vrai qu’aujourd’hui la vision « moderne » du couple à brouillé les esprits au point où on ne sache plus qui est l’homme, qui est la femme ni quel rôle chacun est censé tenir. Il n’est pas normal que tu délaisses des réparations à faire dans ton appartement ou sur le véhicule familial alors que tu es en capacité de le faire. En esquivant tes responsabilités, tu obliges ta femme à jouer le rôle qui devrait être le tien. Cela risque de perturber l’équilibre de ton couple. Si tu veux que ta femme soit féminine, alors tu dois prendre tes responsabilités d’homme. De la même manière, celui qui rend son épouse responsable de ramener l’argent dans le foyer et qui la force son épouse à travailler est un oppresseur. C’est l’homme qui est censé subvenir aux besoins financiers du foyer. Lorsque le Messager d’Allâh donna des conseils à Saydda Fatima (sa fille) رضي الله عنها et Saydinna ‘Ali رضى الله عنه qui étaient mari et femme, sur l distribution des tâches, il déclara que Saydinna ‘Ali ferait principalement le travailleur extérieur et que Saydda Fatima ferait principalement le travail intérieur.

Lorsque tu joues ton rôle en tant qu'homme de la maison, alors ton épouse peut agir comme la femme de la famille. Cliquez pour tweeter

 

3/ HONORE-LA ET COMPLIMENTE-LA

Les femmes aiment qu’on fasse leur éloge et qu’on les complimente. Dis à ton épouse qu’elle est magnifique et fais-le régulièrement. Si tu l’as épousée, c’est qu’il y a en elle des choses qui te plaisent. Vois sa beauté. Celle-ci beauté peut revêtir différents aspects (son physique, ses yeux, son sourire, son caractère, sa gentillesse, sa générosité, sa bienveillance, sa patience, etc.).

Ceci est d’autant plus important pour une femme Musulmane qui ne s’affiche pas publiquement dans la rue ou sur les réseaux sociaux et qui ne reçoit pas toute cette avalanche de « likes » et de commentaires que les autres femmes peuvent recevoir sur leur physique. Si ce n’est pas toi, qui va l’apprécier à sa juste valeur, qui va la complimenter ? Tu es probablement sa seule source de compliments. Et c’est d’autant plus important en ces temps modernes où les industries de la mode mettent en avant des critères de beauté féminine irréels. Cela peut induire en ton épouse un manque de confiance et d’estime envers son physique. Cette société pousse sans cesse les femmes à s’embellir, qu’elles le soient déjà ou pas. Actuellement, la dépression touche jusqu’à 25% des adolescentes. Même si cela est multifactoriel, l’image qu’elles ont d’elles-mêmes joue un grand rôle dans la survenue de la dépression. Le monde social a toute son influence, non seulement au travers du regard porté sur l’individu par les autres et par lui-même, mais également par les normes en vigueur concernant les caractéristiques physiques d’une apparence valorisée dans le cadre de standards esthétiques. Aujourd’hui ce sont les médias et l’industrie de la mode, du textile et de la beauté qui fixent ces normes. En rappelant à ton épouse qu’elle est magnifique, tu lui donneras plus confiance en elle. En retour, il est probable que ce sentiment de confiance la pousse à faire davantage d’efforts pour te plaire.

 

4/ MONTRE UNE BELLE APPARENCE

Souvent, on s’attend à ce que ce soit la femme qui fasse à la maison des efforts pour plaire à son mari (beaux habits, maquillage, parfums, silhouette de mannequin…). Pourtant, il est évident que ton épouse en attendant autant de ta part. Ne te laisse pas aller, ne te négligez pas.

Coupe-toi les cheveux, surveille ton alimentation et ton poids, fais du sport, va chez le coiffeur, peigne-toi, soigne ta barbe, lave-toi, porte les vêtements qu’elle aime te voir porter, parfume-toi avec le parfum qu’elle apprécie, etc. Si tu ne le fais pas pour elle, pourquoi attendre qu’elle le fasse pour toi ? Il est rapporté d‘AbduLlâh ibn Abbas رضى الله عنه qu’il a dit : « J’aime m’apprêter pour mon épouse, tout comme j’aime qu’elle s’apprête pour moi ». Point important : c’est ton épouse (seule) que tu dois chercher à impressionner.

 

5/ TA FEMME N’EST PAS TA MÈRE

N’attends pas de ton épouse qu’elle soit comme ta maman. Si c’est le cas, alors il serait préférable pour toi de vivre avec ta mère que de chercher à te marier et d’infliger cela à ton épouse. Ta femme a sa propre personnalité et ses préférences. Elle ne cuisinera pas forcément comme cuisine ta mère, il y aura toujours des différences entre elle et ta maman. Par conséquent, ne cherche pas à les comparer. Ce type de comparaison peut vite tourner à la catastrophe.

 

6/ ÉCOUTE TON ÉPOUSE

Souvent, les femmes ont besoin de discuter de ce qu’elles ressentent, contrairement aux hommes qui préfèrent y réfléchir seuls. Dans ces cas-là, il est important que nous soyons à leur écoute. Elle n’attendra pas forcément de toi que tu lui apportes une solution, mais juste que tu l’écoutes. Cette façon de faire est typiquement féminine et diffère de celle des hommes. Ainsi, tu dois lui prêter une oreille amicale et réconfortante sans pour autant le juger où chercher à lui donner des directives. Si tu es occupé au moment où elle vient te parler alors, mets-toi en mode « multitâches » et si tu n’es pas capable de faire cela alors accorde-lui les minutes d’attention dont elle a besoin. Ne fais pas semblant de l’écouter tout en faisant autre chose, car elle le verra et cela lui déplaira. Si tu ne sais pas faire du multitâches respectueux de son écoute alors stop ton activité, tourne-toi entièrement vers elle, comme le stipule la Sunnah, et écoute-la avec attention et affection. Si tu ne sais pas effectuer plusieurs tâches en simultané et que tu ne peux pas stopper de suite ton activité alors, dis-lui simplement que tu as quelque chose à terminer et sans trop tarder accorde-lui le temps dont elle a besoin.

 

7/ LES ENCOURAGEMENTS

En tant que mari, tu dois respecter et encourager les intérêts que porte ta femme. Tu dois aussi veiller à ce qu’elle dispose de temps pour cela. Cela est d’autant plus important pour celles qui élèvent des enfants, car cela demande beaucoup de temps et d’attention de leur part. Leur travail à la maison avec les enfants n’est pas une mince affaire. Elle donne déjà beaucoup de temps pour toi, ta maison et tes enfants. Mais de quel temps dispose-t-elle pour elle-même ? Sans une vie équilibrée et dans laquelle elle puisse s’épanouir et sans temps de repos, la lassitude et la dépression peuvent vite pointer leur nez. Ton épouse n’est pas qu’une cuisinière ou qu’une mère qui se sacrifie sans cesse. Elle est aussi une femme avec sa propre personnalité, ses intérêts et ses besoins [1].

Wa Allâhu a’alam.

 

Notes :

Réf. principale : « Healthy Muslim Marriage » du Mufti ‘Abd ar-Rahman ibn Yusuf Mangera (avec le commentaire oral du Sheykh).

[1] Cela peut être le sport, les arts plastiques, la pâtisserie, la lecture, les balades en forêt, l’étude des sciences religieuses ou profanes, etc. Tout cela doit bien se faire en adéquation avec les valeurs islamiques et le bon équilibre du planning familial.

L’Islam encourage-t-il le Mariage ou le célibat

 

 

 

Règle : Le mariage ne porte nullement ombrage à l’ascèse (az-zuhd) [1]

 

– Explication –

Le mariage fait l’objet d’un accord unanime (‘ijma) du point de vue de la Loi et de la coutume. C’est une pratique bien établie et il s’agit d’un signe de perfection et de sincère virilité pour l’homme.

Allâh dit dans la Qour’an : « Parmi Ses signes est qu’Il a créé pour vous à partir de vous-même des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles le calme (quiétude) et le gîte et qu’Il a établi entre vous des liens de tendresse (affection) et de miséricorde. Il y a en cela des signes certains pour des gens qui méditent » [2]

La mariage est par ailleurs une recommandation Prophétique, une incitation à multiplier sa descendance. Selon le Messager d’Allâh ﷺ, celui qui en a les moyens est incité à se marier pour protéger ses parties intimes (des péchés) et cela aide à baisser son regard.

L’argument le plus solide, c’est l’exemple Prophétique : se marier est la Sunnah de l’envoyé du Seigneur des Mondes ﷺ. Le Messager d’Allâh ﷺ a d’ailleurs eu plusieurs épouses et en tant qu’exemple pour l’Humanité, si cela avait été nuisible il ne se serait pas marié, le nombre de ses épouses aurait été inférieur et il nous l’aurait déconseillé ou interdit.

De même, les plus ascètes des hommes parmi les Compagnons et compagnonnes et ceux qui leur ont succédé se sont mariés sans que cela ne leur nuise (au contraire), et parfois avec plusieurs épouses. D’ailleurs, certains auraient détesté rencontrer Allâh en tant que célibataires. Il est à noter également que lorsqu’une femme devenaient veuve, il était fréquent qu’elle se remarie.

Le célibat fut déconseillé, bien qu’il puisse renfermer une répression (positive) du désir et qu’il puisse être une marque de retenue (pour celui qui en fait le choix et qui est capable de cela). De grands rapprochés d’Allâh furent célibataires non mariés, comme saydinna ‘Issa عليه السلام, ou les Imams an-Nawawi ou ibn Taymiyyah الله يرحمهم. Parmi les femmes, on peut citer saydda Maryam (‘alayha salaam). Si l’ascèse de ces grands personnages ne souffre d’aucun doute, cela ne signifie pas pour autant que s’ils avaient été mariés cela aurait nui à leur état. Il est d’ailleurs rapporté que saydinna ‘Issa عليه السلام se mariera lors de son retour sur terre et il est certain que son rang auprès d’Allâh n’en sera nullement affecté de manière négative.

Cela dit, si cette capacité de retenue est louable, le Prophète Muhammad ﷺ est d’un rang encore plus élevé que n’importe quel autre créature et il possédait d’ailleurs lui aussi cette capacité de retenue et ce au plus haut niveau, mais malgré cela, le nombre élevé de ses épouses n’a nui en rien à son rang ou à son adoration d’Allâh. Au contraire, cela l’a renforcé, car il protégeait ses épouses, assurait leurs droits, œuvrait pour elles et s’employait à les guider et à les diriger. Son intérêt pour ses épouses ne se limitait pas au seul plaisir mondain et temporaire, mais il touchait aussi à l’aspect intellectuel et spirituel.

Pour ce qui est du célibat et de l’ascèse, on a observé dans d’autres religions, ce que cela peut donner comme dégâts et conséquences désastreuses chez ceux qui revendiquent assumer cette abstinence, sans en avoir la force spirituelle, se retrouvant ainsi confrontés à leurs propres limites.

Un jour, trois Compagnons رضي الله عنهم se présentèrent un jour auprès des épouses du Prophète ﷺ pour les interroger quant à sa vie privée en disant : « Comment le Prophète vivait-il ? » Alors qu’elles racontaient des éléments de sa vie privée, l’un d’entre eux déclara : « Quant à moi, je n’épouse pas les femmes » (prétendant observer le célibat). Le deuxième déclara : « Quant à moi, je prie et je ne dors pas » et le troisième déclara : « Quant à moi je jeûne et je ne mange pas ». Ayant pris connaissance de leurs propos), le Prophète ﷺ loua Allâh, fit Son éloge, et dit : « Je connais Allâh mieux que vous, je le crains plus que vous, mais la nuit, je prie et je dors, le jour, je jeûne et je mange, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne alors de ma tradition (Sunnah) n’est pas des miens ». [3]

Croire qu’il est nécessaire de sacrifier une vie de famille pour arriver à être un bon Musulman ou un ascète accompli est faux et va à l’encontre de la Sunnah. Cette conception du sacrifice selon laquelle il faut tout abandonner (et donc le mariage) est une erreur, c’est un moyen par lequel Shaytan souhaite nous éloigner d’Allâh. Abandonner son travail, sa famille, sa maison, etc. n’est pas suffisant pour atteindre la proximité d’Allâh. L’ascétisme (az-zuhd) consiste à détacher son cœur de la douniya et non à détacher son corps extérieur de la douniya (bas-monde). L’ascétisme ce n’est pas se placer hors du monde, c’est placer le monde en dehors de soi. En Islam, la vie monastique [4] n’existe pas. Un Musulman peut effectuer des retraites spirituelles ponctuelles, mais pas s’isoler de manière permanente. S’éloigner de ce monde n’est pas une solution, on peut devenir un Waliy (ami – rapproché) d’Allâh tout en restant là où on habite, tout en continuant à travailler, tout en aillant une famille. On n’a pas besoin d’abandonner les gens (sa femme, ses enfants, ses parents, etc.) ni leur droit pour se rapprocher d’Allâh Ta’ala, au contraire en remplissant ses obligations, on effectue ce sacrifice et on se rapproche d’Allâh. C’est l’attachement, l’obéissance et la force relationnelle que l’on a avec Allâh qui détermine la proximité avec Lui et pas seulement l’adoration extérieure et solitaire (prière, jeûne…). De plus, c’est dans nos relations aux autres que nous sommes testés, donc il serait vain de vouloir atteindre cette proximité en s’isolant.

Enfin, il n’est pas nécessaire que son époux/se soit un(e) « saint(e) » pour cheminer vers Allâh. Certains Awliyas sont arrivés à des niveaux très élevés justement grâce au bon comportement dont ils ont fait preuve à l’égard d’épouses (ou d’époux) qui étaient parfois difficilement supportables [5]. Le Prophète ﷺ, qui fut le plus grand de tous les ascètes, n’a-t-il pas dit ﷺ : « Le croyant qui a la foi la plus complète est celui qui a le meilleur caractère et le meilleur d’entre vous est celui qui traite le mieux son épouse. » ? [6] Nous apprenons de ce hadith que le bon traitement envers sa femme, son mari et sa famille compte parmi les actes les plus aimés d’Allâh et de Son Messager ﷺ.

Se marier est donc une Sunnah importante et bénéfique, qui fut plébiscitée par le Messager d’Allâh ﷺ pour le bien être physique et spirituel des croyant(e)s.

Et Allâh est plus savant.

 

Notes :  

[1] Al-Qadiyy ‘Iyad dans ash-Shifa’
[2] Qour’an, s30, v21
[3] Al-Bukhârî & Muslim
[4] Relative aux moines qui quittent tout et vivent cloîtrés, parfois dans le silence, le célibat et la solitude, pour se consacrer exclusivement aux activités religieuses.
[5] A ce propos, lire notre article sur la colère, dans lequel des exemples sont cités
[6] At-Thirmidhi, selon Abou Houreyra

Conseils Pour Un Mariage Heureux

 

 

 

Introduction

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Allâh (subhanahu wa ta’ala) dit dans le Qour’an : « Parmi Ses signes est qu’Il a créé pour vous à partir de vous-même des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles le calme (quiétude) et le gîte et qu’Il a établi entre vous des liens de tendresse (affection) et de miséricorde. Il y a en cela des signes certains pour des gens qui méditent. » [1]

Quand deux personnes s’engagent dans cette merveilleuse aventure qu’est le mariage, elles espèrent connaitre une vie de couple épanouie et heureuse. C’est parfois le cas, al-hamduliLlâh, mais il faut savoir rester lucide, car beaucoup de jeunes couples ont été leurrés par les romans, les films et les séries qui présentent une vision du couple fantasmée alors que la réalité est souvent bien différente. En effet,  la vie de couple n’est pas toujours facile et sans un minimum de patience, de concessions et d’efforts communs, cela peut vite virer au désastre. Sans préparation, connaissances et efforts sur soi (nafs) il sera difficile de trouver un équilibre sain et positif. D’ailleurs, il suffira de regarder autour de nous pour constater à quel point le divorce c’est répandu dans nos société modernes. Dans notre communauté, c’est encore pire, nous divorçons pour des broutilles, victimes de nos rêves et de nos égos et ceci même chez les frères et sœurs qui se disent où se pensent religieux. C’est dans ces moments de vie commune que le manque de Tazkiyyah (purification interne) et de Tarbiyyah (éducation) réapparait clairement, laissant apparaitre au grand jour la partie cachée de cet iceberg nauséabond que l’on cachait derrière le beau rôle que l’on jouait jusque là.

Les gens divorcés, les familles monoparentales, les familles recomposées, tout cela est maintenant devenu une norme, tandis que nous nous étonnerons de voir des couples mariés de longue date. Si le divorce est autorisé en Islam, comme dernier recours, c’est l’acte permis le plus détesté par Allâh comme cela a été rapporté dans un Hadith du Prophète Muhammad ﷺ. Le divorce compte ainsi parmi les actes préférés de Shaytan, dont l’un des objectifs principaux est de détruire les familles. Il est rapporté dans un Hadith authentique que : « Iblis établit son trône sur l’eau (la mer) et envoie ses légions (pour tenter les Hommes). Le démon qui a (ensuite) le plus de proximité avec lui est celui qui a réussi le plus grand trouble (fitna). L’un de ces démons vient à lui et dit : « J’ai fait ceci et cela. » Mais il lui répond : « Tu n’as rien fait. » Puis l’un d’entre eux vient à lui et lui dit : « Je n’ai pas lâché (tel humain), jusqu’à ce que j’ai réussi à provoquer la séparation entre lui et son épouse. Iblis rapproche de lui ce démon et lui dit : « Quel bon fils es-tu ! » [2]

Nous vivons pourtant dans des sociétés dites modernes, où les gens disposent de tout leur temps, du confort matériel et de leur liberté pour choisir leur conjoint. Alors pour quelle raison les couples n’arrivent pas à durer? L’individualisme, le matérialisme et l’égoïsme ne seraient-ils pas en cause? Finalement ne voit-on pas l’autre que comme un moyen de satisfaction pour nos désirs et nos passions? Est-on assez courageux et matures pour comprendre que le mariage nécessite des efforts et des concessions à l’heure où les gens s’essayent comme ils essayent une chemise puis s’en débarrassent si elle ne leur plait pas?

Dans cet article, nous vous proposons quelques conseils (à appliquer) pour que le mariage soit synonyme de réussite et non d’échec. L’article est basé sur un cours donné par Ustadh ‘Outhman Miah qui est un spécialiste dans le domaine du mariage et de la vie de couple.

Dans un premier temps, il est important de rappeler qu’il n’est pas demandé aux époux de se rectifier l’un et l’autre (lui la rectifie, elle le rectifie). Ce qui est attendu, c’est que l’époux se rectifie lui-même et que l’épouse se rectifie elle-même. Si les deux personnes avancent sur cet objectif, la plupart des problèmes majeurs seront écartés.

Ce qui nous allons demander au lecteur de cet article, ce n’est pas d’agir en une fois selon l’ensemble des points qui vont être mentionnés, mais d’en choisir 1, 2 ou 3 et de se concentrer dessus sur une période de 30 jours. Une fois les 30 jours terminés, choisissez-en d’autres puis mettez-les en pratique de la même manière. Si une personne arrive à tenir 30 jours consécutifs, il est scientifiquement avéré que l’acte accompli devient une habitude. L’action devient donc bénéfique pour le reste de nos vies. C’est entre autres la raison pour laquelle Allâh nous a prescrit un jeûne de 30 jours durant lequel nous prendrons des résolutions positives et agirons différemment de notre quotidien. Celui qui a effectué son jeûne avec sérieux récoltera ainsi les fruits de Ramadan, c’est-à-dire qu’il gardera les bonnes habitudes prises durant ce mois. Et beaucoup de Musulmans peuvent en témoigner, certains s’étant mis à prier alors qu’ils étaient négligents le reste de l’année, d’autres ayant arrêté de fumer ou s’étant habitués à baisser le regard sur ce qui est illicite durant ce mois, etc. Avec l’aide d’Allâh, celles et ceux qui agiront ainsi 30 jours verront ces points mis en pratique devenir des habitudes et ils engageront alors inshaa Allâh leur mariage dans un cercle vertueux, synonyme de succès éternel.

Ceux qui ne sont pas encore mariés pourront bien évidemment tirer profit de cet article en prenant conscience des efforts qu’il faut fournir au quotidien pour qu’un mariage soit bénéfique, heureux et durable. Il existe de nombreux points, mais dans un souci de concision, nous n’en évoquerons que quelques-uns parmi les plus importants, inshaa Allâh. Les conseils seront suivis par une série de questions / réponses sur ce même sujet du couple.

Évaluation

Si vous aviez à donner une note à votre mariage, quelle serait la note donnée? Cette note permet d’évaluer votre satisfaction et plus la note est basse, plus il sera urgent et important d’entreprendre ce travail.

-> Celles et ceux qui ne sont pas mariés pourront partir du principe qu’ils évaluent leur mariage à 5/10, ce qui laisse une marge suffisante pour un équilibre et une marge de progression.

Conseil n°1

Rappelez-vous la raison pour laquelle vous vous êtes rapprochés l’un de l’autre. Pourquoi vous êtes-vous mariés ? Lorsque cette question est posée, certains répondent qu’ils se sont mariés par amour, par désir d’avoir des enfants, parce que le mariage représente la moitié de la Foi [3], parce que c’est une Sunnah, pour éviter les péchés, etc.

La raison première du mariage doit être la recherche de l’Agrément d’Allâh (subhanu wa ta’ala). On se marie dans ce but avant tout et non pour se faire plaisir ou faire plaisir au conjoint. Lorsqu’on prend conscience de cela, ce n’est plus une pièce du puzzle qu’on a en sa possession, mais bien le puzzle en entier. L’objectif n’est alors plus seulement cette douniya (ce bas-monde), mais avant tout l’au-delà, car on ne souhaite plus uniquement être mariés sur cette terre, mais également l’être au Paradis (Jannah), pour toujours.

Celles et ceux qui envisagent de se marier doivent se poser la question suivante : « Ai-je envie d’être marié avec cette personne au Paradis ? Cette personne est-elle capable de m’aider à atteindre ce but ? »

L’objectif étant de chercher ensemble l’Agrément d’Allâh à travers ce mariage, il convient maintenant de s’entraider et de se soutenir pour y arriver. Il s’agit notamment de s’aider l’un et l’autre à rectifier nos propres défauts. Le grand Waliyy d’Allâh, Saydinna ‘Abd al Qadir al-Jilaniyy رحمه الله a déclaré qu’il y a chez chacun une partie du nafs qui ne peut jamais être purifiée jusqu’à ce que la personne interagisse avec la création. Et avec qui interagissons-nous le plus si ce n’est avec notre conjoint ? Par contre, cela ne signifie pas que l’un devient le professeur de l’autre. Il s’agit de prendre conscience et de reconnaître ses propres fautes (introspection) et non de vouloir corriger celles de notre partenaire. Lorsqu’une divergence ou une dispute survient (ou même dans les moments de joie), c’est là qu’il faut regarder quels sont nos propres défauts.

Ex : Le mari parle à son épouse, mais la femme est sur son téléphone, ou sur Facebook. Dans un cas pareil, le mari ne va pas se sentir écouté, il va penser que son épouse s’en fiche de lui. Il est évident que la responsabilité revient principalement à l’épouse qui à ce moment-là est sur le mobile et qui ne prête pas attention à son partenaire. La meilleure des réactions pour ce mari, ce n’est pas de critiquer le fait que sa femme soit sur son mobile… et pourtant c’est probablement ainsi que la plupart d’entre nous réagissent. Une meilleure réaction consiste à se dire : « Ok, je n’aime pas ça, mais comment puis-je améliorer ma réaction lorsque je suis confronté à cette situation ? » Vous êtes donc en train de parler à votre femme, elle ne vous prête pas d’attention, dites-vous plutôt : « Ok, elle est occupée, je vais porter mon attention sur Allâh et m’adresser à Lui. » Si votre conjoint est trop occupé à un moment donné, Allâh n’est jamais trop occupé pour vous écouter. Pas pour vous plaindre de votre épouse, mais par exemple pour lui exposer vos peines, vos difficultés et Lui demander de vous aider à vous corriger. À peine aurez-vous dit « Ô Allâh… » qu’Allâh aura répondu « Ô Mon serviteur que désires-tu ? ». Votre conjoint ne vous écoute pas ? Parlez à Allâh. Dites-vous qu’il y aura un autre moment où vous serez tous deux disponibles (mari et femme), sans distractions et qu’à ce moment-là, il sera toujours possible de discuter.

Donc, on cherche ses propres fautes, ses propres faiblesses et non celles de son conjoint. On cherche à se rectifier soi-même et non à rectifier l’autre.

Conseil n°2

Notre conjoint reflète l’état de notre cœur.

Cela signifie que le comportement que nous avons avec notre conjoint reflète clairement notre état. Lorsque nous sommes à la Mosquée, nous montrons une piété exemplaire. Il s’agit en réalité d’une fausse piété, d’une image contrôlée de notre personnalité. La véritable piété, comme l’a mentionné Saydinna ‘Ali رضى الله عنه, c’est celle que nous adoptons dans l’intimité. Lorsque nous sommes seuls à la maison par exemple : est-ce qu’on commet des péchés ? Est-ce qu’on dépense notre temps dans les adorations ..? On doit se poser la question : « Qui suis-je lorsque je suis seul ? » Cela reflète plus notre état de piété que lorsque nous sommes à l’extérieur et que nous jouons un rôle social.

Si je désire savoir s’il y a un problème en moi, je dois en tout premier regarder le comportement que j’ai vis-à-vis de mon conjoint. Rappelons-nous du célèbre Hadith dans lequel il est mentionné que le Prophète ﷺ dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa femme… »  [4] Bien sûr, cela est valable dans l’autre sens : La meilleure des épouses est celle qui est la meilleure avec son mari.

Si je désire savoir si mon comportement est correct, alors je dois regarder la façon dont je me comporte avec mon conjoint en comparaison avec la façon dont je me comporte avec des inconnus. La question que je me peux me poser ensuite est : « Une personne qui m’est inconnue mérite-t-elle plus d’attention et de respect que la personne qui partage ma vie ? » La réponse est évidemment NON ! Exemple : Vous êtes dans un café, le serveur vous apporte votre boisson et vous le remerciez chaleureusement. Par contre, à la maison votre conjoint vous apporte un thé et là rien, comme si c’était un dû. Il serait pourtant normal de dire merci à chaque fois, comme si c’était la première fois qu’il ou elle vous servait. Dans un Hadith, il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « […] Celui qui ne remercie pas les gens ne remercie pas Allâh […] » [5]. A ce remerciement, on peut rajouter un sourire, faire un dou’a pour la personne, etc. Voilà le comportement que nous devrions adopter au quotidien.

Conseil n°3

Parmi les objectifs du mariage, il y a aussi le fait pour les époux de trouver la tranquillité l’un avec l’autre.

Si les moments passés ensemble sont chaotiques, difficiles, éprouvants, conflictuels, alors comment trouver la tranquillité dans ce mariage ? Lorsque ça se passe comme ça, c’est que les conseils 1 et 2 n’ont pas été appliqués. Votre conjoint peut être une personne avec qui il est très difficile de vivre, si vous mettez en pratique les conseils et principes donnés dans ce cours, plus rien ne vous dérangera et vous serez malgré tout satisfaits de votre mariage. À n’en pas douter, le fait d’adopter un meilleur comportement à un effet positif sur le couple et il est probable que les tensions s’apaisent et que votre conjoint se mettent à son tour à faire des efforts sans même que vous n’ayez eu à l’y encourager.

Chacun des partenaires doit faire le maximum pour rendre l’autre heureux et pour cela il n’est pas nécessaire de décrocher la lune ou son bras droit (sacrifier sa vie). Parmi ceux qui souhaitent se marier, on entend certains dire : « Je ne me marierai que lorsque j’aurai un travail, ou lorsque j’aurai une maison, ou quand j’aurai tel âge, etc… » Avec cette mauvaise manière de penser, il est possible de repousser cette date jusqu’à sa péremption (ne jamais se marier). On voit les gens du même âge que nous déjà mariés, avec des enfants, pendant qu’on repousse l’échéance toujours un peu plus loin. Car il n’est pas certain qu’au final on trouve un travail, une maison ou qu’on trouve le ou la partenaire idéal à ce moment-là. Dans le Saint Qour’an, Allâh déclare : « Mariez les célibataires qui vivent parmi vous, ainsi que vos serviteurs vertueux des deux sexes. S’ils sont pauvres, Allâh pourvoira, par Sa grâce, à leurs besoins, car Il est Plein de largesses et Sa science n’a point de limite. »  [6] Dans son célèbre Tafsir, en commentaire de ce verset, l’imam al-Qurtubi رحمه الله déclare : « Ne vous abstenez pas de vous mariez sous prétexte que le mari ou la femme est pauvre. S’ils sont pauvres, Allâh les rendra indépendants par Sa générosité. C’est une promesse d’indépendance de moyens (financiers) à ceux qui se marient, cherchant l’agrément d’Allâh et cherchant à se protéger des péchés. » [7] Il faut donc être confiant. Soit le mari verra sa subsistance (Rizq) augmenter, soit la femme sera en capacité de l’aider, surtout si elle travaille, et cela sera de surcroît considéré pour elle comme une saddaqa (aumône). Et si par ce mariage vous avez des enfants, Allâh augmentera alors également votre subsistance. Il faut avoir confiance en Allâh dont l’un des noms est ar-Razzaq (Celui qui octroie la subsistance).

Donc, chacun doit se poser comme question: « Est-ce que je fais réellement tout mon possible  pour rendre mon conjoint heureux ? » Si les deux époux pensent ainsi, le mariage ne pourra qu’aller chaque jour de mieux en mieux. Si par contre, les époux sont dans une logique inverse, imaginez quelles peuvent être les conséquences. Il ne faut surtout pas partir sur l’idée suivante : « Comment mon conjoint peut-il ou peut-elle me rendre heureux ? » Cette manière de penser conduit le couple à la rupture. Allâh nous a créés pour qu’on cherche Son Agrément et notre conjoint n’a pas été créé pour nous rendre heureux. Le but de notre création ne se trouve pas là. L’objectif de chacun doit être la recherche de l’Agrément d’Allâh et cela se réalise aussi en faisant notre possible pour rendre notre conjoint heureux.

Conseil n°4

Donner du temps et de l’attention, de l’affection et de l’amour. Offrir des présents selon ses moyens.

Comment nous l’avons rappelé plus haut, il n’est pas nécessaire de décrocher la lune ou de se couper le bras droit pour rendre notre partenaire heureux. Pour beaucoup d’entre nous, un cadeau doit forcément être sous forme physique. Nous oublions que le temps accordé à autrui représente une source de bonheur immense, que ce soit avec notre conjoint, nos enfants ou avec nos proches. Ce temps passé ensemble doit être de qualité. Deux heures passées ensemble devant la TV, ce n’est pas la même chose que deux heures ou même juste vingt minutes passées ensemble à discuter affectueusement autour d’un thé sans perturbation externe (TV, smartphone, etc…).

Si vous rendez visite à des personnes âgées dont le conjoint est décédé et que vous lui demandez ce qu’elles regrettent, ce qu’elles changeraient si elles pouvaient revenir en arrière, la réponse est souvent : « Je passerai plus de temps avec ma femme/mon mari, je lui dirais que je l’aime, je lui dirais merci pour tout… » Faut-il attendre le décès de nos proches pour se rendre compte de leur valeur? Une fois qu’on a ça en mémoire, on doit se rappeler qu’on ne sait pas combien de temps on a encore à passer ensemble. On ne sait pas quand la mort surviendra. C’est pourquoi il est important de montrer notre affection, notre amour et de donner quotidiennement à notre conjoint du temps de qualité. Le couple en ressortira renforcé.

Conseil n°5

Réduire le stress de notre partenaire en limitant les exigences et en étant heureux avec peu.

C’est un point important, y compris pour celles et ceux qui ne sont pas encore mariés.

Comme cela est mentionné dans différents Ahadith, les mariages les plus bénis sont ceux pour lesquels peu d’argent est dépensé. [8] Le Messager d’Allâh ﷺ a déclaré que le Nikah (mariage) doit être facile, tandis que le Zina (fornication) doit être difficile. Aujourd’hui, on assiste plutôt on contraire : il n’a jamais été aussi facile de tomber dans Zina tandis que les mariages sont devenus compliqués et couteux. On voit fréquemment des mariages de Musulmans ou les mariés arrivent en Limousine et voiture hors de prix, dans des salles luxueuses, avec des costumes sur mesure, des bijoux couteux, des invités toujours plus nombreux, de la nourriture cher et plus qu’il n’en faut et le tout est bien souvent rendu possible « grâce » à un crédit bancaire. A cela, il faudra bien souvent rajouter la présence d’alcool, de musique, de danse, de mixité, etc. Il n’est malheureusement pas rare que ces mariages « bling-bling » et peu religieux ne durent qu’un bref instant. Différentes études ont démontré que (1) plus le coût de la bague de fiançailles est élevé et (2) plus le coût du mariage est élevé, plus les chances de divorces sont également élevées. [9]

Concernant les frais du mariage, si l’un a une situation financière aisée tandis que ce n’est pas le cas pour l’autre, la famille la moins aisée pourra dire : « voici la somme que nous pouvons mettre ». Quant à la famille qui a plus de ressources, elle pourra remercier Allâh pour cela et ajouter ce qui convient selon ses moyens. Ainsi, chacun payera selon ce qu’il peut mettre, sans excès, ni gaspillage. Si les deux parties avaient à payer la même chose, alors il s’agirait d’une injustice et principalement envers celle qui a le moins de moyens. Chacun doit payer raisonnablement en fonction de ses possibilités de manière à ce que le mariage ne soit pas quelque chose de compliqué, ni que cela n’engendre des tensions entre les familles et donc entre les futurs époux.

C’est pourquoi lorsque le mariage est évoqué, il ne faut pas avoir peur de rappeler les règles Islamiques et de faire en sorte que les familles comprennent tout le bien qu’il y a à faire un mariage simple et peu couteux et que cela n’a rien à voir avec la radinerie. Il faut aussi comprendre que lorsqu’on souhaite un grand mariage couteux pour son couple ou pour ses enfants, cela encourage les autres à en faire de même, voire pire, à en faire encore plus. Cela fait partie des plans de Shaytan pour détruire la Ummah et faciliter Zina.

Pour en revenir aux couples mariés, les partenaires doivent se demander comment ils peuvent faciliter la vie de leur conjoint. Celui qui agit ainsi pour son épouse verra celle-ci agir de la même manière envers lui en retour (et vice versa). D’un point de vue humain, l’homme attend généralement du respect, tandis que l’épouse attend de la compassion. L’homme doit se rappeler que le respect, ça ne se demande pas, ça se gagne et que c’est par les efforts sur lui-même qu’il gagnera le respect de son épouse.

Conseil n°6

Devenez désintéressés vis-à-vis de l’autre et votre mariage vous suffira jusqu’à la mort (vous ne désirerez plus ou ne ressentirez plus le besoin d’avoir un(e) autre partenaire).

Il y a une blague fréquente entre frères, lorsque ceux-ci évoquent entre eux le désir (parfois réel) d’avoir plusieurs épouses. Il arrive aussi que des femmes aient cette volonté cachée d’être avec quelqu’un d’autre. La première chose dont il faut se rappeler, c’est que le mariage d’un homme avec plusieurs épouses ne peut se faire qu’à la condition que le mari soit en mesure d’apporter à chacune d’entre elles des droits égaux. Sans cela, ce mariage sera un péché. Seul celui qui pourra être juste envers ses épouses est autorisé à envisager un tel mariage. Avant toute chose, il faut savoir que l’Islam n’a pas permis d’augmenter le nombre de femmes qu’il est possible d’épouser, mais au contraire, l’Islam est venu le  restreindre, car à l’époque de la Révélation, il était fréquent qu’un homme ait jusqu’à dix épouses en simultané. Il existe plusieurs raisons pour lesquelles la polygamie a été autorisée. L’une d’entre elles concerne les femmes veuves, qui n’ont personne pour s’occuper d’elles et de leurs enfants, ce qui constituait dans la passé une situation très fréquente. Un homme pouvait demander la main d’une femme veuve et ainsi lui assurer une vie saine, de l’affection, de la sécurité, subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants, leur permettre de grandir avec une figure paternelle, dans un cadre familial sain, etc.

Que signifie « votre mariage vous suffira jusqu’à la mort » ?

Ne plus envisager d’avoir un autre partenaire dans sa vie, permet de développer le contentement. On ne cherche plus quelqu’un d’autre puisqu’on a déjà quelqu’un.  En parallèle, les efforts entrepris améliorent notre relation et on se sent mieux.

Conseil n°7

Ce conseil est l’un des plus importants !

Tous les problèmes peuvent être résolus, à condition que notre vie soit équilibrée vis-à-vis des quatre points suivants :

1/ Avoir du temps pour soi

Beaucoup de gens deviennent stressés, agités, agressifs, car ils n’ont pas de temps pour eux seuls. La moindre contrariété qui leur pollue leur peu de temps disponible et cela engendre colère, disputes et mécontentement. Pour certains, ce temps est celui durant lequel ils vont à la gym, pour d’autres c’est celui où ils méditent, ou bien durant lequel ils lisent, se détendent, se baladent ou regardent les étoiles… Si on n’a pas cela, la vie est déséquilibrée et cela peut affecter notre bien-être. Il est donc important de veiller à avoir un peu de temps pour soi et l’Islam le recommande vivement.

2/ Passer du temps avec sa famille

Cela inclut le partenaire et les enfants. Travailler non-stop sans s’occuper des enfants n’est pas une bonne chose, car les enfants ont besoin de la présence des parents et que ces derniers s’occupent d’eux. S’occuper d’eux, ce n’est pas juste les nourrir, les habiller, les emmener à l’école, et les coucher.  Il faut leur parler, les écouter, leur apprendre beaucoup de choses, notamment en termes de valeurs et de religion. L’éducation demande du temps de qualité. Il est également important de passer du temps en famille, parents et enfants réunis. Cela commence par les repas, qui doivent être pris ensemble, mais aussi du temps dans la semaine pour faire des activités ensemble, comme aller pique-niquer en famille par ex.

3/ Du temps l’un pour l’autre

Lorsque deux personnes deviennent parents, il arrive fréquemment qu’elles ne trouvent plus de temps à passer ensemble. Il y a certes un temps pour les enfants, car c’est le rôle des parents que de passer du temps avec leur progéniture, mais il est également essentiel que les époux passent du temps ensemble, juste tous les deux. Pour cela, il est possible de coucher les enfants un peu plus tôt, ou de les laisser chez les grands-parents ou la famille très proche parmi ceux en qui on a toute confiance et dont on sait que nos enfants seront en toute sécurité chez eux. C’est très important, sans quoi le mariage ne tardera pas à se détériorer.

4/ Passer du temps avec Allâh seul (subhanahu wa ta’ala)

C’est une des conditions permettant l’obtenir l’Agrément d’Allâh et donc Son Paradis dans lequel nous souhaitons être réunis dans l’au-delà. Cela permet aussi de se rappeler que cette vie n’est qu’un test et non un lieu de plaisir et que si on souhaite accéder au Paradis ensemble, il faut travailler pour cela, notamment en corrigeant ses propres défauts qui peuvent être révélés par notre partenaire via le mariage (effet miroir). On se rappelle que l’épouse ne corrige pas son époux, ni l’époux ne corrige son épouse : chacun se corrige lui-même. En agissant ainsi, on obtient l’Agrément d’Allâh à travers son partenaire. Ce temps passé seul avec Allâh peut se trouver dans la Prière, dans le Dhikr, dans la Méditation (Murâqaba), etc. Un bon exercice quotidien : Durant 10/15 minutes on ferme les yeux et on parle avec Allâh, avec tout son cœur.

Question / Réponses

1/ Comme nous l’avons vu, l’homme attend généralement du respect, tandis que l’épouse attend de la compassion. Que se passe-t-il lorsque le contraire se produit (l’homme attend de la compassion et  l’épouse du respect) ?

-> Il y a toujours des exceptions et c’est normal. Les deux partenaires sont uniques et leur mariage est unique. Aucun mariage ne ressemble à 100% à un autre. Ce qui compte, c’est de trouver ce qui fonctionne dans notre couple, peu importe si d’autres couples n’agissent pas de la même manière. Si c’est licite et que ça fonctionne pour vous, alors c’est parfait. Ne comparez pas votre mariage aux autres mariages. Si dans un cas particulier, le mari éprouve le besoin d’avoir de la compassion et la femme du respect, alors le mari fera des efforts pour davantage respecter sa femme, tandis que cette dernière fera des efforts pour être plus compatissante envers son époux. Regardez ce qui marche pour vous et ne comparez pas avec les autres. Il y a des couples qui aiment rester à la maison et préfèrent cela au restaurant. Si cela leur convient, pourquoi chercher à faire comme d’autres couples qui préfèrent sortir au restaurant et ont besoin de cela ? Chaque couple est unique.

La même chose s’applique aux tâches ménagères. On sait de sources sûres que le Prophète Muhammad ﷺ participait pleinement aux tâches ménagères. C’est une chose très importante pour un couple qu’il y ait un consentement commun et une répartition définie et équilibrée des tâches ménagères. Beaucoup de disputes et de divorces ont pour origine un manque de communication et de répartition définie des tâches. On voit cela encore plus chez les couples où le mari et la femme travaillent tous deux. Personne n’a vraiment défini son rôle et ses tâches, chacun est censé faire 50% de tout et c’est là que les reproches commencent : « C’est toujours moi qui fait ça ! », « Tu ne fais jamais ceci ! », etc. Il est donc important que les époux prennent le temps de définir qui fait quoi, selon leur vision des choses, afin de trouver un équilibre qui satisfasse pleinement les deux parties. Là encore, chaque couple est unique et si les deux personnes sont d’accord et satisfaites de leur manière de procéder, alors c’est parfait et peu importe comment font les autres. Si dans un couple, le mari s’occupe de travailler et d’autres choses du même genre, tandis que la femme s’occupe de gérer l’ensemble des tâches ménagères et que cela leur convient parfaitement, c’est très bien. Qui sommes-nous pour juger ? Dans un autre couple, les époux préféreront répartir de telle ou de telle manière, l’un fera la cuisine, l’autre les lessives et l’aspirateur, etc. Il n’existe pas de modèle type, c’est à chaque couple de définir ce qui est efficace et satisfait les deux époux.

2/ Il existe dans notre communauté des mariages « arrangés » et il s’avère parfois que la vie de couple qui en découle soit triste et misérable. Quelle différence existe-t-il entre un mariage « arrangé » et un mariage « forcé » ?

-> Le mariage arrangé et le mariage forcé sont deux choses distinctes qu’il ne faut pas confondre.

Il y a deux choses à comprendre. La première concerne la période qui précède le mariage et la seconde la période qui suit le mariage et qui peut être vécue comme malheureuse.

Un mariage arrangé, c’est juste un moyen pour deux personnes qui cherchent à se marier de se rencontrer. Alors qu’elles sont en recherche, elles sollicitent leurs proches (famille, amis, tuteur, sheykh). Ensuite, ceux qui les représentent se voient puis organisent une rencontre en présence d’un mahram et les deux personnes peuvent alors échanger sur leurs souhaits concernant ce mariage, jusqu’à ce qu’elles tombent d’accord (ou pas) pour se marier. Ce type de mariage est tout à fait correct, donne de bonnes bases pour un mariage réussi et c’est ainsi que nous devrions agir. Les deux personnes souhaitaient se marier, on leur propose une rencontre (encadrée) avec une personne susceptible de convenir à leurs attentes, les deux sont d’accord et de cela découle un mariage qui a toutes ses chances de réussir. Al-hamduliLlâh !

On a des cas où le frère ou la sœur n’ont jamais émis le souhait de se marier, mais leurs représentants cherchent pour eux, se mettent d’accord ensemble puis les forcent à se marier. Cela s’appelle mariage « forcé ». Islamiquement un tel mariage est nul. Si des personnes se retrouvent confrontées à une telle situation, il est important qu’elles puissent en amont se réunir avec leurs représentants et leur signifier avec calme et douceur qu’elles ne souhaitent pas se marier maintenant, où que la personne présentée ne leur convienne pas.  Il est préférable que les deux personnes impliquées signalent très clairement avant le mariage que personne ne peut les obliger à aller vivre avec quelqu’un avec qui elles ne souhaitent pas partager la vie, ni ici-bas, ni dans l’au-delà. Cela afin d’éviter que le mariage soit célébré, puis qu’ensuite cela s’envenime entre les époux, puis entre les familles. En Islam, il n’y pas de concept de mariage forcé.

Ni le père, ni la mère ne peuvent forcer leur enfant à se marier. Leur rôle est de recommander, de conseiller, mais pas de forcer.

Il est bon de rappeler ici qu’il est tout à fait possible de poser des conditions avant qu’un mariage soit célébré. On peut par exemple définir qu’en cas de disputes ou de différends, on ira consulter telle ou telle personne pour nous conseiller. Cela peut être défini avant le mariage. Ainsi, le jour où la dispute survient, cela évitera une deuxième dispute sur « qui aller consulter ?» Une deuxième recommandation que l’on trouve dans le Qour’an, c’est que les deux époux aient chacun une personne pour les représenter. Cela permet de désamorcer bien des conflits et de ramener dans le couple l’amour, l’affection et la compréhension.

Si malgré tout deux personnes se retrouvent à vivre ensemble sans que cela leur plaise vraiment, elles doivent faire leur possible pour que le mariage fonctionne. Par exemple, en appliquant les conseils donnés dans ce cours. Si malgré tout ça ne marche toujours pas, que tous les efforts ont été entrepris, que les tentatives de médiations ont échoué, ne vivez pas une vie de tristesse et de malheur et envisagez plutôt de vous séparer d’une manière la plus amicale, intelligente et paisible possible comme nous le demandent le Qour’an et la Sunnah. Allâh ne dit-Il pas dans le Qour’an : « Alors, c’est soit la reprise (de l’épouse) conformément à la bienséance, ou on lui rend sa liberté avec gentillesse. » [10]

3/ Que faire si on a consulté un représentant, qu’il nous a conseillé, mais que cela n’a rien arrangé ?

-> Dans ce cas, il faut retourner les voir, leur dire que cela n’a pas fonctionné, et leur demander quel conseil ils peuvent maintenant donner. Bien sûr, il faut que le conseil soit applicable et qu’il rencontre l’approbation des deux personnes concernées. Si ça ne fonctionne toujours pas, il est toujours possible d’aller demander conseil à quelqu’un d’autre, jusqu’à ce que ça fonctionne. Si malgré tout, ça ne s’arrange toujours pas, les deux époux devront se poser sérieusement la question suivante : « Mon mariage va-t-il fonctionner ? »

4/ Il arrive que les parents de l’un des époux vivent dans le même foyer. Les parents et notre conjoint peuvent avoir des divergences, par exemple le père dit A, tandis que l’épouse dit B, ce qui peut être difficile à gérer pour celui qui souhaite satisfaire à la fois ses parents et son conjoint et se retrouve coincé entre les deux. Que faire dans un pareil cas ?

-> En premier lieu, il faut se poser la question suivante : « Est-il plus facile de satisfaire une seule personne ou d’en satisfaire plusieurs » ? Bien évidemment, il est plus aisé de satisfaire une personne que deux ou plus. Mais celui dont on cherche l’agrément avant tout n’est ni le conjoint, ni les parents, mais Allâh ! Donc lorsqu’on est confronté à ce type de situation, il faut avant tout se demander quel choix est le plus susceptible de plaire à Allâh dans cette circonstance. Et c’est selon cette réponse qu’il faudra agir. S’il le faut, on peut écouter chacune des parties séparément, écouter ce qui les satisferait et essayer de trouver un terrain d’entente qui puisse contenter à la fois les parents et le conjoint. Il s’agit plus alors de demander à chaque partie « que veux-tu ?», mais plutôt de prendre chacun à part et de demander « quel sacrifice es-tu prêt à faire pour obtenir ce que tu veux ? ».

Le mot « compromis » est surement le plus important dans un mariage. Faire des concessions réciproques constitue l’une des clefs principales de la réussite du couple. Cela permet que chacun fasse un pas vers l’autre afin de trouver des terrains d’entente propice à l’épanouissement du couple.

Conclusion

Ces conseils permettent sans aucun doute de perfectionner son mariage. Il existe encore de nombreux autres points que les époux doivent prendre en compte afin que le couple puisse évoluer positivement. Entreprendre ces efforts communs permet au couple de consolider ses fondations et d’évoluer positivement dans un cercle vertueux de compréhension mutuelle, de longévité et d’amour véritable. Si la sérénité et le bien être sont au bout de ces efforts, il faut aussi garder à l’esprit que le mariage est également une affaire de purification interne, d’éducation et de perfectionnement personnel et cela constitue par conséquent un moyen direct de se rapprocher d’Allâh … et c’est bien là l’objectif premier que devrait avoir tout Musulman.

Qu’Allâh nous accorde Son Agrément et nous permette que notre comportement et nos efforts dans notre mariage constituent l’un des moyens de l’obtenir.

 

Notes :

Basé (entre autres) sur un cours donné par Ustadh ‘Outhman Miah (www.perfectyourmarriage.com)

[1] Qour’an, s30, v21
[2] Rapporté par Mouslim, n° 2813
[3] L’imam At-Tabarâni رحمه الله rapporte dans son livre Al-Awsat que le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui se marie aura la moitié de la religion, alors qu’il craigne Allâh pour l’autre moitié. »
[4] Hadith authentique rapporté par at-Tirmidhi.
[5] Ahmad, Boukhari dans Al-Adab al-Moufrad, Abu Dawud, Ibn Hibbân et At-Tayalisî
[6] Qour’an, s24, v32
[7] Tafsir al-Qurtubi, v.12, pg.118
[8] On retrouve ce principe dans des Ahadith comme : « La plus bénie des femmes est celle qu’on épouse à moindres frais » [Ahmad, Al-Bayhaqî et Al-Hâkim] ou encore « Le meilleur mariage est celui qui est le plus facile » [Al-Hâkim]. Ainsi que dans le Qour’an : « […] mangez et buvez;  et ne commettez pas d’excès, car Il [Allâh] n’aime pas ceux qui commettent des excès. » [s7, v31]. Etc…
[9]  Références : Expensive Engagement Rings Linked to Higher Divorce Rates  & Votre mariage a coûté cher ? Attention…
[10] Qour’an, s2, v229

Quelle est l’importance de l’attirance physique dans le mariage

 

Ustadha Raidah Shah Idil

 

 

Attirance

 

 

 

Question :

J’ai reçu une proposition de mariage récemment. SubhanAllah il est l’homme que je cherchais en termes de qualités. Cependant, en ce qui concerne son apparence, je me questionne grandement. Je me suis toujours dit que la couleur n’a pas d’importance, mais je préfère la peau légèrement bronzée tandis que lui a un teint foncé.

Pouvez-vous s’il vous plaît me dire à quel point l’apparence ou l’attirance physique sont importantes dans l’Islam? Que faire si j’accepte sa proposition et que les gens me critiquent, comment devrais-je répondre? Est-il sage de l’accepter pour l’amour d’Allâh, même si je ne suis pas attirée par sa couleur?


Réponse :

Assalamualaykum wa rahmatullahi wa barakatuh,

Je prie pour que cette réponse vous trouve en bonne santé physique et spirituelle. Jazakillah khayr, chère sœur de soulever cette question très importante.

L’attirance physique

L’attirance physique a son importance dans le choix d’un partenaire de mariage, mais ce n’est pas la qualité la plus importante.

En tant que jeune maman, je peux témoigner de l’importance d’avoir un mari possédant un bon caractère. Lorsque vous avez un nouveau-né qui hurle et qui vous réveille au milieu de la nuit, un mari à la peau claire ne vous aidera pas s’il manque de considération. D’un autre côté, un mari ayant la peau sombre et un bon caractère saura sacrifier son sommeil et vous aider à prendre soin de votre bébé.

Qu’en est-il de celui qui possède les deux? Un mari avec la peau claire et bon caractère? Ce serait agréable pour vous et les gens négatifs autour de vous. Cependant, nous vivons actuellement dans la dunya et il n’y a pas de perfection dans ce bas monde.

« […] Mais il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose qui constitue pourtant un bien pour vous , et il se peut que vous chérissiez une autre, alors qu’elle constitue un mal pour vous. Allâh le sait , mais vous, vous ne le savez pas.» [1]

Lorsque nous sommes trop attachés à certaines idées (par exemple, vouloir épouser quelqu’un possédant seulement les qualités x ou y), si Allâh veut pour nous le bien, Il nous testera par cela jusqu’à ce que nous laissions tomber ce concept et que nous revenions à Lui. Allâh est plus savant que nous, et il est de notre devoir d’avoir confiance en Sa sagesse.

Le mariage pour l’amour d’Allâh

Il est sage de se marier pour l’amour d’Allâh, mais imprudent de se marier avec quelqu’un par pitié, obligation ou culpabilité. Je vous recommande fortement de suivre notre cours relatif au Mariage Islamique [2] afin d’approfondir votre compréhension du mariage. Examinez scrupuleusement vos intentions avant de vous engager dans quelque chose qui implique un grand changement dans votre vie, comme c’est le cas du mariage. L’attirance physique est susceptible de se développer, au fur et à mesure que vous faites connaissance avec la personne – dans les limites de la licéité. Mais si vous ne vous sentez vraiment pas attiré par lui, alors il ne serait pas juste de vous engager dans ce mariage.

Fixation sur la peau claire

Il est regrettable que dans de nombreuses parties du monde, la mentalité postcoloniale perdure et que la priorité soit encore donnée à la peau claire. Réfléchissez donc à ce qui en est la cause et choisissez ensuite en toute conscience soit de rejeter soit d’accepter cette ligne de pensée. La plaie de la colonisation est encore profondément ancrée dans de nombreuses familles, et il y a une hypothèse erronée selon laquelle plus «clair» signifie immédiatement «meilleur», et que «plus sombre» signifie «moins bon». Il s’agit d’une croyance profondément problématique. La bonté de cœur d’une personne ne se reflète pas à travers la pigmentation de sa peau.

« Aux hommes malhonnêtes, femmes, actes malhonnêtes, et aux femmes malhonnêtes, hommes, actes malhonnêtes. Aux hommes vertueux, femmes, actes vertueux, et aux femmes vertueuses, hommes, actes vertueux. Ceux-ci sont désormais lavés des calomnies qu’on faisait courir sur eux, et le pardon de Allâh leur est accordé ainsi qu’une généreuse récompense. » [3]

Un couple convenable est lié (dans votre cas) à la bonté de l’homme, inshaAllah, et pas nécessairement à la couleur claire de sa peau.

Tahajjud (prière nocturne)

En cas de doute, tournez-vous vers votre Créateur. Levez-vous pour prier, ou au minimum pour faire une invocation (dou’a), avant l’entrée de Fajr (car ce temps a de la valeur). Demandez à Allâh de vous rendre les choses claires et de vous donner la force (et la sagesse) de prendre la bonne décision.

Istikhara (consultation)

Accomplissez la prière de consultation jusqu’à ce que vous atteignez la clairvoyance sur ce qu’il faut faire, sinon effectuez-la jusqu’à 7 fois. Je ne peux pas vous donner une réponse, mais Allâh le fera inshaAllah. Il n’y a pas besoin d’attendre un rêve. La réponse viendra à vous dans la manière dont les événements se dérouleront, et dans la certitude qui s’installera dans votre cœur.

La clef pour vous, consiste à rester ouverte aux deux possibilités, et à ne pas le rejeter automatiquement et uniquement sur la base de sa peau foncée, ou par crainte de ce que les gens vont dire. Les gens parleront toujours, surtout dans les cercles qui se développent autour des ragots. Votre travail n’est pas de leur plaire, mais de plaire à Allâh. En fin de compte, c’est vous qui vivrez ce mariage, et non ces personnes. Si vous choisissez de vous marier avec lui et de recevoir les critiques des autres, alors répondez-leur avec la bonté et compassion. Souriez et dites : « al-hamduliLlâh ». Il ne revient pas à vous de changer l’esprit des gens, mais il est de votre responsabilité de vivre une vie qui plaise à Allâh.

Je prie pour que Allâh vous guide vers le mari qui vous convienne le mieux, qui sera un père affectueux envers vos enfants et votre compagne dévoué en prévision du Paradis (Jannah).

Ustadha Raidah Shah Idil

© Réponse vérifiée, approuvée et traduite avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Notes :

[1] Qour’an : s2, v216
[2] Sur le site Seekershub.org
[3] Qour’an : s24, v26

Mariage – Les 10 conseils en OR de l’Imam AHMAD

 

 

mariage

 

 


Les 10 conseils en OR que l’Imam Ahmad ibn Hanbal donna à son fils le jour de son mariage :

 

Cher fils, ta maison ne connaîtra le bonheur que par si tu appliques ces 10 caractéristiques envers ta femme, donc souviens-toi en et fais preuve d’enthousiasme à les appliquer.

En ce qui concerne les deux premiers; les femmes aiment l’attention et elles aiment qu’on leur dise clairement qu’on les aime. Donc, ne sois pas avare pour exprimer ton amour à ta femme. Si tu te limites dans l’expression de ton amour, tu créeras alors une barrière de dureté entre toi et elle, ce qui entraînera une diminution de l’affection.

3/ Les femmes détestent l’homme strict, trop prudent, mais elles se servent de celui qui est trop gentil et vulnérable. Il faut donc utiliser chaque qualité de manière appropriée. Ce sera plus attrayant pour l’amour et cela t’apportera la tranquillité d’esprit.

4/ Les femmes aiment de leurs maris ce que leurs maris aiment d’elles, à savoir les mots aimables, les bons regards, les vêtements propres et une odeur agréable. Par conséquent, reste toujours dans cet état.

5/ En effet, la maison est sous la souveraineté de la femme. Tant qu’elle y reste, elle sent qu’elle est assise sur son trône, et qu’elle est la chef de la maison. N’essaye pas de détruire ce royaume qui est le sien et n’essaye jamais de la détrôner, c’est comme si tu essayais de lui retirer sa souveraineté. Un roi montre davantage de colère contre celui qui essaie de le dépouiller de son autorité, même s’il déclare montrer autre chose.

6/ Une femme veut aimer son mari, mais en même temps, elle ne veut pas perdre sa famille. Donc, ne mets pas sa famille et toi-même à la même balance, car elle devrait alors faire un choix. Et même si elle te choisissait par rapport à sa famille, elle resterait dans l’anxiété, et cela pourrait se transformer en haine envers toi dans ta vie quotidienne.

7/ Certes, la femme a été créée à partir d’un côté courbe, ce qui est le secret de sa beauté, et le secret de l’attraction que tu ressens vers elle. Et cela n’est pas un défaut en elle, car « la beauté des sourcils est due à leur courbure ». Donc, si elle se trompe, ne lui fais pas de reproches sans faire preuve de douceur en essayant de la redresser; sinon tu risques tout bonnement de la briser, et sa cassure est son divorce. Dans le même temps, ne la laisse pas avec cette erreur, sinon sa courbure augmentera et elle deviendra arrogante de par son ego. Par la suite, elle ne s’adoucira plus jamais pour toi et elle ne t’ écoutera plus, alors reste entre les deux.

8/ Il est dans la nature des femmes d’être ingrates envers leurs maris et de refuser des faveurs. Si tu devais être gentil avec elle pendant toute sa vie, mais que tu la contrariais une fois, elle dirait : « Je n’ai jamais vu aucun bien de toi ». Cette attitude qu’elle a ne doit pas de te faire fuir ou se transformer en aversion à son égard. Si tu n’aimes pas cette caractéristique, tu seras heureux avec d’autres bonnes habitudes qu’elle possède, donc fais preuve d’équilibre.

9/ Certes, il y a des moments où une femme est physiquement faible et spirituellement fatiguée. C’est pourquoi Allah l’a soulagée de certaines de ses adorations obligatoires pendant cette période; Allâh l’a totalement excusée de prier, et lui a reporté les jours de jeûne vers une date ultérieure, jusqu’à ce qu’elle retrouve sa santé et redevienne normale dans son tempérament. Ainsi, au cours de ces jours, traite-la d’une manière divine. Tout comme Allâh l’a soulagée des tâches, tu dois également réduire tes exigences et tes consignes durant ces jours.

10/ Le dernier, mais non le moindre, sache qu’une femme est comme une captive avec toi. Par conséquent, sois clément avec elle.

 

Édit : Ces 10 conseils ont été publié sur le site de Sheykh al-Muhaddith Abdur Raheem al-Limbada, un savant du Hadith qui vit en Angleterre. Cependant, l’attribution de ces conseils à l’Imam Ahmad n’a pas été prouvée avec certitude. Certains l’attribuent aussi à Abd al-Lateef Muhammad al-Barigawi. Wa Allâhu a’alam.