Ceux qui commettent des péchés majeurs resteront-ils dans le feu de l’Enfer pour toujours ?
Sheykh Dr. Muhammad Abu Bakr Badhib
Question :
Ceux qui commettent des péchés majeurs resteront-ils dans le feu de l’Enfer pour toujours ?
Réponse :
Au nom d’Allah, toute louange est à Allah. Que la paix et les bénédictions soient sur notre maître Muhammad, le Messager d’Allah, ainsi que sur sa famille, ses compagnons et ceux qui le suivent.
On peut en effet se poser la question de savoir si ceux qui commettent des péchés majeurs resteront en Enfer pour toujours ?
L’Islam interdit sans équivoque les péchés et met en garde contre leur commission. Les textes Coraniques et Sunnites soulignent cette position, catégorisant les péchés en différents degrés, englobant les fautes mineures et les péchés majeurs (kaba’ir). Chaque péché entraîne des règles et des punitions distinctes au sein de la loi Islamique. Cette discussion se concentre spécifiquement sur les péchés majeurs.
Les péchés majeurs (kaba’ir, pluriel de kabira) entraînent des sanctions sévères, comme l’indiquent les avertissements Coraniques et Sunnites, comme dans le cas de la consommation de l’usure. Allah (le Très-Haut) déclare : « Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu’associé commet un énorme péché. »[Coran, 4:48]
Un croyant qui commet un péché majeur fera face à une punition proportionnelle à sa transgression, mais il ne supportera pas la damnation éternelle en Enfer comme les mécréants.
Le Coran contient un verset suggérant l’Enfer éternel pour celui qui tue intentionnellement un croyant : « Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. » [Coran 4:93].
Cependant, ce verset concerne un mécréant qui tue un croyant à cause de sa foi, entraînant un châtiment éternel. Un musulman qui prend une vie injustement ou qui se suicide, bien que pécheur, reste dans le giron de l’Islam. Le Coran décrit l’expiation pour de telles offenses : « Il n’appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave croyant… » [Coran, 4 :92]
D’éminents érudits, dont l’imam Abu Mansur al-Maturidi et l’imam Ghazali, conviennent que le verset traite la légitimation du meurtre, soulignant que quiconque tue un croyant pour sa foi est un mécréant, justifiant l’Enfer éternel. Le verset ne s’applique pas à un musulman pécheur qui tue injustement.
Dans son ouvrage « al-Minhaj fi Shu’ab al-Iman », l’Imam Halimi, en ce qui concerne le Jour du Jugement dernier, classe les gens en trois catégories :
1. les croyants pieux sans péchés majeurs, 2. les croyants aux actes mixtes, 3. les mécréants.
Les justes verront leurs bonnes actions l’emporter sur les péchés mineurs, tandis que ceux qui ont des actions mixtes feront face à un jugement basé sur l’équilibre entre les bonnes actions et les péchés, la foi servant de fondement aux premières. Quant aux mécréants, ils endureront l’Enfer à cause de leur incrédulité [1] et de leurs péchés.
Dans « al-Jawhara », l’Imam Laqqani, souligne que l’Enfer éternel n’est pas le destin d’un pécheur repentant. La discussion présentée ici est un résumé, et pour une exploration plus approfondie, il convient de se référer aux commentaires de l’ouvrage Al-Jawhara.
Qu’Allah accorde le succès à ceux qui cherchent la compréhension.
Sheykh Dr. Muhammad Abu Bakr Badhib
Notes :
Sheykh Dr. Muhammad Abu Bakr Badhib est un éminent érudit islamique du Yémen, né à Shibam, Hadramaout en 1976. Il a obtenu son diplôme en charia de l’Université Al-Ahqaf, une maîtrise de l’Université islamique de Beyrouth et un doctorat d’Usul al-Din de l’Université musulmane d’Aligarh (AMU).
Il a étudié auprès de grands érudits tels que Sheykh al-Habib Ahmad Mashhur al-Haddad, Sheykh Fadl Ba’ fadl, Habib Salim al-Shatiri, Habib Ali Mashhur bin Hafeez et d’autres. Il a été directeur des publications à Dar al-Fiqh, ancien directeur adjoint des relations culturelles à l’université Al-Ahqaf, ancien assistant pour les affaires du personnel à Atiyah Iron Company, chercheur au Centre Sunna affilié à Dallah al-Fondation Baraka et chercheur à la branche de l’encyclopédie de Makka al-Mukarrama et de Madina al-Munawwara de la Fondation Al-Furqan.
[1] Ndt : C’est-à-dire à cause de leur reniement de l’existence de Dieu, de Ses Prophètes et des règles qu’Il a donné aux Humains.