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La Prière de l’Aïd à la maison

Priere Aid maison

بِسْمِ ٱللَّٰهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ

Question :

En raison de la situation sanitaire actuelle liée au Coronavirus (Covid-19), les mosquées sont fermées et les rassemblement interdits. De ce fait, pouvons-nous effectuer la prière de l’Aïd à la maison, seul ou en groupe ?


Le Statut de la prière de l’Aïd (Salât ul-‘Id)

Salatul-’Id est une Sunnah fortement recommandée (Mu’akkada) pour l’homme qui remplit les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (libre, pubère, doué de raison, résident). Quant aux femmes, cela est simplement recommandé (Mustahab). Elle doit normalement être priée dans un Musallâ (espace ouvert à l’extérieur d’une Mosquée) ou sinon dans les mosquées.

Est-il possible d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en cette période de confinement ?

Dans la situation sanitaire actuelle liée à la pandémie, les Musulmans ne sont pas en mesure d’assister à cette prière que ce soit dans une Mosquée ou dans un Musallâh. Il est alors recommandé d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en congrégation ou individuellement. Elle se prie dans sa forme classique et connue, mais sans effectuer de khutba (discours/prône).

Concernant les personnes qui vivent seules et qui ne remplissent pas les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (une femme par ex.) ou qui vivent avec des personnes dans la même situation (une femme avec ses enfants par ex.), ces personnes pourront la prier individuellement, mais pas en groupe.

Comment se prie-t-elle ?

Cette prière est constituée de deux unités (rakat) à voix haute si on est en groupe et à voix basse si on la prie seul, sans adhan préalable ni iqama. Elle doit être effectuée dans son temps classique, c’est-à-dire le jour de l’Aïd, au moment où les prières surérogatoires (nawafil) deviennent licites en matinée (à partir du moment où le soleil s’est levé à hauteur comparable à celle d’une lance, donc un peu après shourouk), jusqu’à l’heure de zawâl (le déclin du soleil du zénith, autrement dit, un peu avant le début du temps légal du dhuhr).

1ère rakat : 1 takbirat inaugurale (takbirat ul-ihram = Allâhu Akbar), puis 6 takbirat (à voix haute (7 au total) – il faut les prononcer à la suite, mais pas trop rapprochés de manière à ce que ceux qui suivent puissent avoir le temps de répéter). On ne lève ses mains que lors de la toute première takbirat (takbirat ul-ihram), mais pas pour les suivantes. On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

2ème rakat : on prononce 5 takbirat, après celle qui a été prononcée lors du redressement en station debout (6 au total). On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

On termine la prière normalement puis on effectue un salaam à droite pour sortir.

Quelles sont les recommandations avant d’effectuer cette prière à la maison ?

– Faire un Ghusl
– Se parfumer (sauf les femmes si elle sortent)
– Se parer de vêtements neufs ou beaux, si on en a les moyens
– Déjeuner avant de prier, avec une ou trois dattes.
– Invoquer abondamment Allâh par la formule : ‘Allahu Akbar’ jusqu’à la prière.
– Sourire, se féliciter mutuellement et montrer la joie liée à ce jour

Qu’Allâh عزوجل accepte notre jeûne et nos bonnes actions accomplies durant ce mois de Ramadan et qu’Il pardonne nos péchés et nos manquements.

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

Selon le madhhab Mâlikîyy

Pour en savoir plus sur la prière de l’Aïd, n’hésitez pas à écouter le cours de Sheykh AbderRahman (ci-dessous) : 

Dans mon pays, les jours d’Arafat et de l’Aïd diffèrent de ceux de La Mecque. Qui suivre ?

 

Sheykh Abdul Wahab Saleem

 

 

 

 

Question :

Le jour de l’Aïd dans mon pays est différent de celui à La Mecque, dois-je jeûner le jour d’Arafah et célébrer l’Aïd en même temps que les pèlerins ou suivre ce qui a été décidé dans mon propre pays ?

 

Réponse :

Comme de nombreuses années, cette année encore, certains pays ont annoncé l’Aïd un jour différent du jour du sacrifice à la Mecque. Comme toujours, une question importante circule concernant le jeûne du jour d’Arafah. Dois-je jeûner le jour d’Arafat en fonction de l’observation des gens de la Mecque ou devrais-je jeûner sur la base de l’observation dans ma propre localité? La valeur du jour d’Arafah se limite-t-elle au jour où les gens sont réellement dans Arafah à La Mecque ?

Ces questions sont très importantes, car le mérite du jour d’Arafah lui-même est très important. Le Prophète ﷺ a dit comme cela est rapporté dans le Sahih de Muslim que la journée d’Arafah « Expie les péchés de l’année précédente et ceux de celle qui suit ». Quand faut-il jeûner ? Votre jour d’Arafah et votre Eid sont basés sur l’observation locale si votre comité décisionnaire ou votre gouvernement local se base sur l’observation locale. Même s’ils utilisent d’autres méthodes légalement légitimes (NDT : calcul) pour définir les dates, suivez-les. On peut se demander : « Comment cela est-il possible alors que Arafah, l’Aïd al-Adha, et le Hajj sont si étroitement reliés entre eux? Ne devrions-nous pas suivre les pèlerins ? »

La réponse à cela est qu’ils sont en effet connecté les uns aux autres, mais pour le pèlerin en particulier plus que pour toute la Ummah. Imaginez-vous à une époque ou dans une situation durant laquelle aucune information liée à la Mecque ne peut venir à nous, sauf après quelques jours grâce à des voyageurs. Imaginez une époque où il n’y a pas ou plus de communication instantanée. Pensez à une année au cours de laquelle le Hajj n’a tout simplement pas eu lieu en raison de problèmes politiques ou d’autres raisons (voir par exemple dans Shifāʾ al-Gharām Bi Akhbār al-Balad al-Ḥarām). Lors de tels scénarios, renoncerions-nous tout simplement au jeûne d’Arafat et à la célébration de l’Aïd al-Adha? Bien sûr que non.

Étant donné que les règles de la Shari’ah sont hors du temps et tiennent compte de toutes les situations, alors les méthodes prescrites pour définir nos célébrations et les jours vertueux de l’année le sont également. Et si les pèlerins eux-mêmes commettent une erreur ? Et si les pèlerins se désunissent et ne sont pas d’accord le jour même ? Que se passe-t-il si certains d’entre eux se tiennent à Arafah un jour, et d’autres à un autre ? Ce ne sont pas des scénarios hypothétiques. Tous ces scénarios ont effectivement eu lieu dans le passé ! Dans de telles situations, devrions-nous continuer à lier le jour d’Arafah sur la base de la décision des pèlerins ? Encore une fois, bien sûr que non.

En ce qui concerne la deuxième partie de la question, « Comment la valeur du jour d’Arafah peut-elle être différente d’un endroit à l’autre ? » Tout simplement parce que la grâce d’Allâh est sans limites. Si elle était limitée à la journée où les pèlerins se tiennent à Arafah, alors pendant des siècles avant nous, quand les gens n’avaient aucune communication instantanée, alors des millions de Musulmans du monde entier qui ont cherché la grâce d’Allâh par le jeûne le jour d’Arafah et sacrifié le jour de l’Aïd al-Adha en fonction de leurs propres observations ne serait pas certain de savoir s’ils ont gagné ou non la récompense du jeûne du jour de Arafah. De plus, ils n’auraient aucun moyen de définir ces jours (Arafah, Aidayn, etc.), car au moment où les informations en provenance des pèlerins les atteindraient, il serait déjà trop tard. En outre, la validité de leurs jeûnes même serait remise en question, car cela ouvrirait la possibilité qu’ils jeûnaient le jour de l’Aïd selon l’observation de La Mecque et le jeûne du jour de l’Aïd est interdit par le consensus des savants.

Par conséquent, jeûnez le jour d’Arafah et célébrez l’Aïd al-Adha en fonction de vos observations locales, ou, quel que soit le mécanisme légitime auquel recourent les autorités locales de votre pays pour définir les dates (ce qui peut inclure observation globale). Si vous n’avez pas d’organe décisionnaire officiel dans votre localité, agissez selon la décision de la majorité de vos conseils de savants locaux et de vos mosquées.

Aïd Mubarak à vous tous et à vos proches.

Wallâhu A’lam.

Sheykh Abdul Wahab Saleem

Réponse approuvée par Sheykh Faraz Rabbani

L’accolade le jour de la fête de l’Aïd

 

 

 

 

Question #1 :

Est-il permis de faire des accolades le jour de la fête de l’Aïd pour célébrer cette occasion ou bien est-ce une innovation blâmable (bida’a) comme le disent certains frères ? »

Réponse de Ustadh Salman Younas [1] :

Les textes de l’école Hanafite (NDT : basés sur l’examen scrupuleux du Qour’an et de la Sunnah) stipulent de manière claire que l’accolade entre deux individus de même sexe est permise s’ils sont habillés correctement, qu’il n’y a pas de désir et que les personnes sont de même sexe.

Concernant les règles à respecter lors de l’accolade, l’imam Ibn Nujaym a dit dans son ouvrage Bahr al-Ra’iq : « Nos Shuyukh ont déclaré que si on est confiant dans l’absence de désir et qu’on a l’intention de faire preuve de gentillesse, d’honneur et de respect envers un Musulman, alors il n’y a pas de mal (la ba’s bihi) ». La même chose a été mentionnée par l’Imam Marghinani dans sa Hidayah, par l’Imam Haskafi dans son Durr al-Mukhtar, et par l’Imam ibn `Abidin dans sa Hashiya.

En tant que tel, il n’y a rien de détestable dans le fait d’étreindre les autres le jour de l’Aid pour exprimer sa joie et son bonheur. Apporter le bonheur dans cœur des croyants est l’un des actes les plus récompensés que l’on puisse accomplir, que ce soit par un sourire, une poignée de main ou une accolade.

 

Question #2 :

J’ai appris de quelqu’un que s’embrasser après la prière de l’Eid est une bidah. Est-ce vrai?

Réponse de Sheykh Abdul Raheem [2] :

Le fait de s’embrasser [3] augmente l’amour, l’affection et la miséricorde entre les gens. Le faire lors des occasions de joie et de bonheur, de chagrin et de peine fait partie des actions de la nature humaine. L’islam l’autorise et encourage à construire et à renforcer les liens entre eux.
Il a été établi qu’à l’époque de notre Prophète ﷺ, lorsque les gens revenaient de longues distances ou ne s’étaient pas vus depuis longtemps, ils s’embrassaient lors de leur rencontre.

De nos jours, les gens sont généralement si absorbés par leur travail et les études qu’ils se rencontrent et se saluent rarement. Par conséquent, les occasions comme l’Eid, représentent un moment idéal pour embrasser les gens que vous n’avez pas rencontrés depuis un bon moment.

Quant à savoir si cela relève ou non de la Sunnah, il n’existe pas de Ahadith stipulant que cela a été fait le jour d’Eid pour cette occasion spécifique, mais la plupart des gens qui ont tendance à s’embrasser le jour d’Eid le font simplement par bonheur et par joie, car après tout c’est notre journée de fête.

Notre cher Prophète ﷺ a lui-même fait Mu’anaqah lorsqu’il fut submergé par la joie et le bonheur.

Hazrat ‘Âisha (Radhia Allâhu ‘anha) rapporte : « Zayd Ibn Hâritha vint à Médine alors que le Messager d’Allâh était chez moi (après une longue absence). Il vint frapper à sa porte. Le Prophète se leva à sa rencontre en laissant traîner son manteau (dans la précipitation au point d’être torse nu). Il lui donna l’accolade et l’embrassa ». [4]

Dans un autre Hadith, il est rapporté à propos de Hadhrat Ja’far رضي الله عنه que, lorsqu’il vint à Madinatul Munawwarah, RasuluLlâh ﷺ secoua sa main puis l’embrassa et disant : « C’est mieux, c’est mieux » (c’est-à-dire embrasser plutôt que serrer la main). [5]

Dans un autre récit, il est également ajouté que RasuluLlâh ﷺ a déclaré : « Nous ne savons pas ce qui nous rend le plus heureux; la conquête de Khaybar ou le retour de ja’far ».

Ainsi, embrasser lors des occasions heureuses est formellement établi. Il n’est pas correct de déranger les Musulmans avec ces problèmes quand il y a d’autres choses qui nécessitent plus d’attention. Rendre les Musulmans plus proches d’Allâh et générer la paix et l’harmonie entre eux est un devoir. RasuluLlâh ﷺ a déclaré : « Délivrez de bonnes nouvelles et ne faites pas fuir les gens, rendez les choses faciles et ne les compliquez pas. »

Tant que les gens ne le rendent pas obligatoire et ne le font pas comme un acte de Sunnah, il n’y a pas de mal. Nous avons vu beaucoup de nos Mashaïkh s’embrasser le jour de l’Aïd. Certains s’abstiennent de peur que cela se transforme en un acte obligatoire [6] et que cela devienne donc un ajout dans la Religion. On ne doit pas être à l’origine de l’embrassade, mais si quelqu’un veut nous embrasser (accolade), on ne doit pas le rejeter.

 

Question #3 :

Est-il permis d’embrasser ou de faire une accolade à sa sœur/son frère [7] ?

Réponse du Mufti Siraj Desai [8] :

Cela est permis entre maharims, avec des conditions. Par exemple, on peut embrasser les joues, le front, mais pas les lèvres. On fait une accolade ou un câlin que si les deux personnes sont proprement couvertes (habillées). On ne fera pas cela sous une couverture. De même, il faut faire en sorte que certaines parties du corps n’entrent pas en contact, comme les cuisses, l’estomac, les seins, etc. Aussi, il ne doit y avoir aucun désir ou de choses du genre, sinon embrasser ou accoler sera interdit.

Wa Allâhu a’alam.

 

Notes :

[1] Ustadh Salman Younas est diplômé dans les Sciences Politiques et Religieuses. Il a étudié avec des Savants à New York et en ligne avant de partir étudier à Amman (Jordanie). Il a étudié le Droit Islamique, les Fondements de la Jurisprudence, la Croyance, la Science du Hadith, la logique, l’Arabe et le Tafsir. Parmi ses professeurs on compte Sheykh Faraz Rabbani, Sheykh Salah Abu’l Hajj, Sheykh Ashraf Muneeb, Sheykh Ahmad Hasanat, Sheykh Hamza Karamali, Sheykh Ahmad Snobar, Sheykh Ali Hani, Sheykh Hamza Bakri, Ustadh Rajab Harun et d’autres.

[2] Sheykh Abdul Raheem à étudier entre autre au Darul Uloom (Bury UK), avec Sheykh Yusuf Motala, Sheykh Islamul Haq et d’autres, puis au Mazahir al Uloom, Saharanpur (Inde) sous l’oeil attentif de Sheykh Yunus Jaunpuri (étudiant de Sheykh al-Hadith Zakariyya Kandhalwi), de Mufti Muzaffar Hussain, de Mawlana Muhammad Aqil, de Mawlana Salman, de Mufti Mahmood al Hasan Gangohi, etc. Sheykh Abdul Raheem a passé les 25 dernières années a enseigner et lire les textes clefs dans le  Curriculum du Dars Nizami (Tafsir d’al Baydhawi, Tafsir al-Jalalain, Sunans d’Abu Dawood, Tirmidhi, et Ibn Majah, et les Sahihayn d’al-Bukhari de Muslim. Il a aussi appris le Mukhtasar d’Al Quduri et le fameux texte de Fiqh d’al Hidayah. Vous pouvez trouver sa biographie ici.

[3] Ici ce n’est pas les baisers dont il est question mais le fait de prendre, de tenir entre ses bras quelqu’un ou quelque chose ; d’étreindre (Larousse)S’embrasser (Mu’anaqah) vient du mot Arabe ‘Unuq, qui signifie le cou. C’est un mot qui selon la Science Arabe de la Morphologie dénote une double performance (deux actes). Ainsi selon certains savants, pour qu’une embrassade soit complète, il faut que le côté droit du cou des deux individus se rencontre en premier, puis ensuite faire de même avec le côté gauche. Mais embrasser que d’un côté sera tout de même suffisant.

[4] Rapporté par At-Tirmidhi n°2733 (hassan), Riyad as-Salihin n°891
[5] Al-Bayhaqi, Abu Dawud
[6] C’est-à-dire que certains le prennent en tant que tel.
[7] De sang
[8] Le Mufti Siraj Desai est diplômé du Dar ul-‘Ulum de Jalalabad en Inde. Il est responsable du Dar ul-‘Ulum Abou Bakr en Afrique du Sud.

Ps : Concernant l’école Malikite, il est rapporté dans la Rissala d’Al-Qarawâni رحمه الله  que l’Imam Mâlik رضي الله عنه a considéré l’accolade comme non souhaitable, alors que Sufyan Ibn ‘Uyaynah l’a permise. Dans la Muqaddima al-Izziyya, il est rapporté la même chose en ajoutant que l’Imam Mâlik donne cet avis en l’absence de Hadith appuyant cette pratique à l’exception de celui qui concerne le retour de Ja’far. Il est aussi stipulé que cela n’a pas été fait par la suite par les Compagnons. Cela dit, il est rapporté qu’un jour, Sufyan Ibn ‘Uyaynah entra chez Mâlik qui lui serra la main et lui dit : « Si l’accolade n’était pas répréhensible, je t’aurai pris en accolade ». Sufyan répondit alors : « L’accolade a été pratiquée par celui qui est de loin meilleur que toi et que moi ». Et il rapporta l’histoire susmentionnée de Ja’far.

L’Aïd une Réjouissance pour vos Enfants

 

Ustadh Salman Younas

 

 

Fete de l'Aid

 

 

La fête de l’Aïd pointe son nez et Ustadh Salman Younas a un message important pour tout le monde, surtout pour ceux qui ont des enfants : l’Aïd n’a pas pour vocation à être ennuyeux et terne.

L’Äid est censé être une fête. C’est une occasion parfaite pour nous de montrer à nos enfants à quel point notre religion est équilibrée entre le culte et de divertissement paisible. Nous commençons notre journée avec la charité (az-Zakat ul-Fitr), la prière (as-Salat ul-‘Aïd) la supplication (dou’as et dhikr) et continuons avec de la nourriture, la famille et l’amusement.

Historiquement, la fête de l’Aïd était célébrée à grande échelle dans le monde Islamique. Au cours de la période Abbasside, les vizirs et les soldats (militaires) marchaient en procession portant leurs plus beaux habits, accompagnés de porte-drapeaux. Les mosquées, les palais et même des bateaux sur le quai étaient décorés et éclairés avec des lumières. Des tables étaient mises à dispositions des gens pour leur faire plaisir et on y trouvait une variété d’aliments et de bonbons. Les gens chantaient, échangeaient des cadeaux, rendaient visite à leur famille et passaient du bon temps. Dans certaines périodes, il y avait des feux d’artifice, ainsi que de nombreuses autres activités ludiques.

Si vous faites de l’Aïd une fête ennuyeuse (NDT : ou pire une journée banale sans fête), alors ne soyez pas surpris que vos enfants grandissent avec zéro excitation et aucun amour pour cette tradition Prophétique. Comme le savant Abu’l Abbas al-Azafi (d. 633/1266) l’a déclaré : « Les fêtes sont une occasion d’enchantement, de joie, de jeux et d’amusement dans ce qu’il est permis de faire. » Mais il a aussi remarqué que beaucoup d’enfants Musulmans à son époque ont grandi en ayant de l’admiration et de l’enthousiasme pour les vacances et les fêtes Chrétiennes (NDT : ou laïques) car elles étaient franchement plus mémorables et amusantes pour eux. Cela vous semble familier? Hé oui, et pourtant ce n’est pas quelqu’un du 21e siècle ou du 20e siècle qui parle, mais un savant religieux du 13ème siècle.

Si vous faites de l’Aïd une fête mémorable pour vos enfants en participant à des activités qui suscitent le bonheur et la joie, ils développeront de l’attachement pour cette fête. Donc, ne vous contentez pas de prier la prière de l’Aïd alors que votre famille dort à la maison, pour ensuite partir travailler (NDT : comme s’il s’agissait d’un jour comme un autre, sans intérêt). Ne laissez pas vos enfants passer l’Aïd seuls (NDT : à la maison, devant la TV ou bien encore à l’école). Ne vous contentez pas de juste donner 20 euros à vos enfants comme cadeau d’Aïd en pensant avoir rempli le contrat. Prenez un jour ou deux de repos et faites quelque chose qu’ils apprécient, dont ils se rappelleront et qu’ils seront impatients de retrouver.

PS : Pour ceux qui se posent la question, al-Azafi a essayé de « faire la morale » et « d’expliquer » aux enfants qui adoraient les fêtes Chrétiennes qu’ils avaient leurs propres festivités. Cela a-t-il fonctionné? Non. Pourquoi? Parce ce que c’est l’expérience réelle qui compte.

Wa Allâhu a’alam

Aïd al-Adha – Le sacrifice rituel

(Udhiya / Qurbani) [1]

 

 

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Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

En Arabe, le terme « al-Udhiya » désigne « le sacrifice d’une bête dans le but de se rapprocher d’Allâh à l’occasion de l’Aïd Al-Adhâ », rituel pratiqué ce jour-là (où les 2 jours suivants) avec un ovin (de préférence) ou un caprin ou un bovin ou un camélidé. Le terme « Qurbani » est un mot Urdu et Perse dérivé du mot arabe « Qurban » qui signifie littéralement un acte accompli dans la recherche de l’agrément d’Allâh. Il est techniquement utilisé pour désigner le sacrifice d’un animal abattu pour l’amour d’Allâh. Cet acte de « Udhiya » a pour but de commémorer le sacrifice inégalé offert par le Prophète Ibrahim عليه السلام.

Al-Udhiya est une pratique Sunnah qui incombe à tout individu libre et Musulman, adulte ou enfant, mâle ou femelle, résident ou voyageur (en dehors du pèlerin), qui en a les moyens, c’est-à-dire celui qui possède le prix de la bête et qui n’a pas besoin de cette somme pour vivre au cours de l’année.

Le sacrifice d’un animal a toujours été une forme d’adoration reconnue, et ce, dans de nombreuses religions issues d’un livre Divin. On retrouve même ce rite dans les religions dites polythéistes. Par contre, dans la « Shari’ah » (Loi sacrée Islamique), le sacrifice d’un animal est réalisé pour et nom d’Allâh et non pour des idoles, pratique formellement interdite en Islam.

Dans le Noble Qour’an, Allâh évoque le sacrifice rituel en ces termes :

« En vérité, Nous t’avons comblé de faveurs. Prie donc ton Seigneur et sacrifie avec humilité ! C’est ton ennemi qui sera, en vérité, privé de postérité. » [2] et « Nous avons désigné, à votre intention, les chameaux pour servir dans les rites sacrificiels. Et c’est là une décision bénéfique pour vous. » [3]

Cet acte d’adoration est avant tout lié à un épisode de l’histoire d’Abraham :

Lorsque Abraham retourna à La Mecque. Il retrouva Ismaël et Agar. Abraham fut content de son fils Ismaël qui était un petit enfant passant son temps à jouer, à courir et qui allait partout avec son père. Abraham aimait énormément Ismaël. Une nuit, dans son sommeil, Abraham se vit en train d’égorger Ismaël. Abraham était un Prophète sincère et son rêve était véridique. Abraham était l’élu de Dieu, et il décida de faire ce que son Seigneur lui avait ordonné de faire, durant son sommeil. Alors, Abraham dit à son fils Ismaël : « Mon petit! Je me vois en rêve en train de t’égorger. Vois ce qu’il y a lieu de faire. » (Qour’an). Le fils répondit : « Père! Fais ce qu’on t’ordonne et tu me trouveras, si Dieu le veut, de ceux qui se montrent patients. » (Qour’an). Abraham prit un couteau et partit avec Ismaël. Arrivé à Mina, Abraham s’arrêta pour égorger Ismaël. Ismaël se coucha par terre et se prépara ; Abraham s’apprêta à l’égorger et il posa le couteau sur la gorge d’Ismaël. Dieu voulait, par cette épreuve, vérifier si Abraham ferait ce qu’il lui avait ordonné et s’il aimait Allâh plus que son propre fils. L’examen fut réussi pour Abraham ; et Allâh envoya l’Ange Gabriel avec un mouton du Paradis et ordonna de l’égorger plutôt qu’Ismaël. Allâh aima l’action d’Abraham et Il demanda aux croyants de sacrifier un mouton pour le jour de l’Aïd al-Adha. Que la Prière et le Salut soient sur Abraham. Et que la Prière et le Salut soient sur son fils Ismaël.

Les vertus du « Udhiya » (sacrifice rituel), sont établies à partir des Hadiths suivants :

– Sayyidi Anas رضى الله عنه a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ sacrifia de ses propres mains, deux béliers blancs avec des tâches noires. Il prononça le nom d’Allâh et récita le « Takbir ». Hazrat Anas رضى الله عنه stipule qu’il l’a vu mettre le pied sur leur flanc et dire : « Au nom d’Allâh. Et Allâh est le plus grand ». [4] Nous apprenons de ce Hadith que l’on devrait essayer de faire le sacrifice de nos propres mains. Si le Prophète ﷺ peut sacrifier de ses propres mains bénies à l’âge de soixante ans, notre jeune génération doit pouvoir suivre ses traces. Si on ne peut pas le faire, et si on le délègue, il faut au moins une excuse valable et on doit s’efforcer d’être présent au moment de l’abattage. [5]

– Sayyidi Jaber رضى الله عنه a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a procédé à l’abattage le jour du sacrifice, de deux béliers castrés à cornes, blancs et noirs. Quand il les a mis face vers la Qibla, il a dit : « En vérité, je tourne mon visage vers Celui qui a créé les cieux et la terre, sur la religion d’Abraham, soumis, et je ne suis pas du nombre des associateurs. En vérité, ma prière, ma vie et ma mort appartiennent à Allâh, Seigneur de l’univers. Il m’a été ordonné de ne rien lui associer, et je suis du nombre des Musulmans (soumis). Ô Allâh, c’est Toi qui me l’a offert, et c’est à Toi que je le présente. Au nom d’Allâh. Allâh est le plus grand. Il sacrifia ensuite les béliers. » [6]

– Assayyida ‘Aïsha [radhia Allâhou ‘anha] rapporte que l’Apôtre d’Allâh ﷺ a dit : « Le fils d’Adam ne fait au jour du sacrifice une œuvre plus aimée d’Allâh que le versement du sang (de son offrande). Cette bête viendra au jour de la résurrection avec ses cornes, ses sabots fendus et ses poils (comme de bonnes actions), son sang, avant d’être répandu sur la terre, atteint une place auprès d’Allâh. Réjouissez-vous-en. » [7]

– Sayyidi Zaid bin Arkam رضى الله عنه rapporte que les Compagnons de Rasulullâh ﷺ lui ont demandé : « Ya Rasulullâh, qu’est-ce que ce sacrifice? » Il répondit : « C’est la tradition de votre père Abraham عليه السلام. » On demanda : « Quelle est notre rétribution ? » Il répondit : « Pour chaque poil, vous recevez une bonne action. (la récompense pour la viande et les parties utiles du corps de l’animal seront très élevées en mérite, mais il y aura aussi une belle récompense pour les parties qui sont inutiles et jetées, comme les poils) ». Ils demandèrent : « Et (les animaux à) laine ya RasuluLlâh ? » Il dit : « Pour chaque fibre de laine, vous recevez une bonne action. » [8]

Il y a aussi une dimension sociale consistant à offrir de la nourriture et ainsi contribuer au bien-être et à la joie des plus défavorisés, tout en cherchant la satisfaction et la rétribution d’Allâh.

Quant à la philosophie du « Qurbani », il s’agit en fait d’une manifestation de la soumission totale à Allâh et une preuve d’obéissance totale à la volonté ou à l’ordre d’Allâh. Lorsqu’un Musulman pratique le « Udhiya », c’est exactement ce qu’il entend prouver. Ainsi, en faisant l’ « Udhiya » l’offrant signifie qu’il est un esclave d’Allâh à son meilleur niveau. Et qu’il n’hésiterait pas un seul instant s’il en recevait l’ordre absolu de son Créateur à s’y soumettre, à y obéir volontiers, même si c’est au prix de sa vie et de ses biens. C’est exactement ce que le Prophète Ibrahim عليه السلام a fait.

En apparence, il n’y avait aucune raison pour qu’un père égorge son fils innocent. Mais, quand le commandement vint d’Allâh, Abraham ne posa pas de question sur la raison de cet ordre, et il n’hésita pas à obéir.

En se soumettant pleinement à la Volonté d’Allâh, et en acceptant de sacrifier ce qu’il avait de plus cher, le Prophète Abraham عليه السلام a été l’outil servant d’exemple pour que chacun observe et apprenne, montrant le chemin qui mène à délaisser son désir et à sacrifier tout ce que l’on aime pour la satisfaction d’Allâh (‘Azzawajal).


Notes :

[1] Article réalisé par Sunnisme.com et validé par Sheykh Malik d’Aslama. Sources : Mufti Taqi Uthmani (fatawa), Sheykh Ahmad Dabbagh (hafidhahouLlâh), Sheykh Faraz Rabbani (hafidhahouLlâh), Sheykh ‘Atiyyah Saqr (fatawas al-Azhar – rahimahuLlâh), Sheykh Abou al-Hassan ‘Ali Nadwi (rahimahuLlâh) et Sheykh Abu al-Hasan ‘Ali al-Maliki al-Sadili (Al-Muqqaddima al-‘Izziyya lil-Jama’a al-Azharia – rahimahuLlâh). 
[2] Qour’an, 108:1-3
[3] Qour’an, 22:36
[4] Sahih Bukhari, Sahih Muslim
[5] An-Nawawi, Sharh al-Muslim, v13, p120
[6] Ahmed, Abou Daoud, Ibn Majah
[7] Tirmidhi, Ibn Majah
[8] Ahmed, Ibn Majah