Aïd al-Adha – Le sacrifice rituel

(Udhiya / Qurbani) [1]

 

 

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Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

En Arabe, le terme « al-Udhiya » désigne « le sacrifice d’une bête dans le but de se rapprocher d’Allâh à l’occasion de l’Aïd Al-Adhâ », rituel pratiqué ce jour-là (où les 2 jours suivants) avec un ovin (de préférence) ou un caprin ou un bovin ou un camélidé. Le terme « Qurbani » est un mot Urdu et Perse dérivé du mot arabe « Qurban » qui signifie littéralement un acte accompli dans la recherche de l’agrément d’Allâh. Il est techniquement utilisé pour désigner le sacrifice d’un animal abattu pour l’amour d’Allâh. Cet acte de « Udhiya » a pour but de commémorer le sacrifice inégalé offert par le Prophète Ibrahim عليه السلام.

Al-Udhiya est une pratique Sunnah qui incombe à tout individu libre et Musulman, adulte ou enfant, mâle ou femelle, résident ou voyageur (en dehors du pèlerin), qui en a les moyens, c’est-à-dire celui qui possède le prix de la bête et qui n’a pas besoin de cette somme pour vivre au cours de l’année.

Le sacrifice d’un animal a toujours été une forme d’adoration reconnue, et ce, dans de nombreuses religions issues d’un livre Divin. On retrouve même ce rite dans les religions dites polythéistes. Par contre, dans la « Shari’ah » (Loi sacrée Islamique), le sacrifice d’un animal est réalisé pour et nom d’Allâh et non pour des idoles, pratique formellement interdite en Islam.

Dans le Noble Qour’an, Allâh évoque le sacrifice rituel en ces termes :

« En vérité, Nous t’avons comblé de faveurs. Prie donc ton Seigneur et sacrifie avec humilité ! C’est ton ennemi qui sera, en vérité, privé de postérité. » [2] et « Nous avons désigné, à votre intention, les chameaux pour servir dans les rites sacrificiels. Et c’est là une décision bénéfique pour vous. » [3]

Cet acte d’adoration est avant tout lié à un épisode de l’histoire d’Abraham :

Lorsque Abraham retourna à La Mecque. Il retrouva Ismaël et Agar. Abraham fut content de son fils Ismaël qui était un petit enfant passant son temps à jouer, à courir et qui allait partout avec son père. Abraham aimait énormément Ismaël. Une nuit, dans son sommeil, Abraham se vit en train d’égorger Ismaël. Abraham était un Prophète sincère et son rêve était véridique. Abraham était l’élu de Dieu, et il décida de faire ce que son Seigneur lui avait ordonné de faire, durant son sommeil. Alors, Abraham dit à son fils Ismaël : « Mon petit! Je me vois en rêve en train de t’égorger. Vois ce qu’il y a lieu de faire. » (Qour’an). Le fils répondit : « Père! Fais ce qu’on t’ordonne et tu me trouveras, si Dieu le veut, de ceux qui se montrent patients. » (Qour’an). Abraham prit un couteau et partit avec Ismaël. Arrivé à Mina, Abraham s’arrêta pour égorger Ismaël. Ismaël se coucha par terre et se prépara ; Abraham s’apprêta à l’égorger et il posa le couteau sur la gorge d’Ismaël. Dieu voulait, par cette épreuve, vérifier si Abraham ferait ce qu’il lui avait ordonné et s’il aimait Allâh plus que son propre fils. L’examen fut réussi pour Abraham ; et Allâh envoya l’Ange Gabriel avec un mouton du Paradis et ordonna de l’égorger plutôt qu’Ismaël. Allâh aima l’action d’Abraham et Il demanda aux croyants de sacrifier un mouton pour le jour de l’Aïd al-Adha. Que la Prière et le Salut soient sur Abraham. Et que la Prière et le Salut soient sur son fils Ismaël.

Les vertus du « Udhiya » (sacrifice rituel), sont établies à partir des Hadiths suivants :

– Sayyidi Anas رضى الله عنه a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ sacrifia de ses propres mains, deux béliers blancs avec des tâches noires. Il prononça le nom d’Allâh et récita le « Takbir ». Hazrat Anas رضى الله عنه stipule qu’il l’a vu mettre le pied sur leur flanc et dire : « Au nom d’Allâh. Et Allâh est le plus grand ». [4] Nous apprenons de ce Hadith que l’on devrait essayer de faire le sacrifice de nos propres mains. Si le Prophète ﷺ peut sacrifier de ses propres mains bénies à l’âge de soixante ans, notre jeune génération doit pouvoir suivre ses traces. Si on ne peut pas le faire, et si on le délègue, il faut au moins une excuse valable et on doit s’efforcer d’être présent au moment de l’abattage. [5]

– Sayyidi Jaber رضى الله عنه a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a procédé à l’abattage le jour du sacrifice, de deux béliers castrés à cornes, blancs et noirs. Quand il les a mis face vers la Qibla, il a dit : « En vérité, je tourne mon visage vers Celui qui a créé les cieux et la terre, sur la religion d’Abraham, soumis, et je ne suis pas du nombre des associateurs. En vérité, ma prière, ma vie et ma mort appartiennent à Allâh, Seigneur de l’univers. Il m’a été ordonné de ne rien lui associer, et je suis du nombre des Musulmans (soumis). Ô Allâh, c’est Toi qui me l’a offert, et c’est à Toi que je le présente. Au nom d’Allâh. Allâh est le plus grand. Il sacrifia ensuite les béliers. » [6]

– Assayyida ‘Aïsha [radhia Allâhou ‘anha] rapporte que l’Apôtre d’Allâh ﷺ a dit : « Le fils d’Adam ne fait au jour du sacrifice une œuvre plus aimée d’Allâh que le versement du sang (de son offrande). Cette bête viendra au jour de la résurrection avec ses cornes, ses sabots fendus et ses poils (comme de bonnes actions), son sang, avant d’être répandu sur la terre, atteint une place auprès d’Allâh. Réjouissez-vous-en. » [7]

– Sayyidi Zaid bin Arkam رضى الله عنه rapporte que les Compagnons de Rasulullâh ﷺ lui ont demandé : « Ya Rasulullâh, qu’est-ce que ce sacrifice? » Il répondit : « C’est la tradition de votre père Abraham عليه السلام. » On demanda : « Quelle est notre rétribution ? » Il répondit : « Pour chaque poil, vous recevez une bonne action. (la récompense pour la viande et les parties utiles du corps de l’animal seront très élevées en mérite, mais il y aura aussi une belle récompense pour les parties qui sont inutiles et jetées, comme les poils) ». Ils demandèrent : « Et (les animaux à) laine ya RasuluLlâh ? » Il dit : « Pour chaque fibre de laine, vous recevez une bonne action. » [8]

Il y a aussi une dimension sociale consistant à offrir de la nourriture et ainsi contribuer au bien-être et à la joie des plus défavorisés, tout en cherchant la satisfaction et la rétribution d’Allâh.

Quant à la philosophie du « Qurbani », il s’agit en fait d’une manifestation de la soumission totale à Allâh et une preuve d’obéissance totale à la volonté ou à l’ordre d’Allâh. Lorsqu’un Musulman pratique le « Udhiya », c’est exactement ce qu’il entend prouver. Ainsi, en faisant l’ « Udhiya » l’offrant signifie qu’il est un esclave d’Allâh à son meilleur niveau. Et qu’il n’hésiterait pas un seul instant s’il en recevait l’ordre absolu de son Créateur à s’y soumettre, à y obéir volontiers, même si c’est au prix de sa vie et de ses biens. C’est exactement ce que le Prophète Ibrahim عليه السلام a fait.

En apparence, il n’y avait aucune raison pour qu’un père égorge son fils innocent. Mais, quand le commandement vint d’Allâh, Abraham ne posa pas de question sur la raison de cet ordre, et il n’hésita pas à obéir.

En se soumettant pleinement à la Volonté d’Allâh, et en acceptant de sacrifier ce qu’il avait de plus cher, le Prophète Abraham عليه السلام a été l’outil servant d’exemple pour que chacun observe et apprenne, montrant le chemin qui mène à délaisser son désir et à sacrifier tout ce que l’on aime pour la satisfaction d’Allâh (‘Azzawajal).


Notes :

[1] Article réalisé par Sunnisme.com et validé par Sheykh Malik d’Aslama. Sources : Mufti Taqi Uthmani (fatawa), Sheykh Ahmad Dabbagh (hafidhahouLlâh), Sheykh Faraz Rabbani (hafidhahouLlâh), Sheykh ‘Atiyyah Saqr (fatawas al-Azhar – rahimahuLlâh), Sheykh Abou al-Hassan ‘Ali Nadwi (rahimahuLlâh) et Sheykh Abu al-Hasan ‘Ali al-Maliki al-Sadili (Al-Muqqaddima al-‘Izziyya lil-Jama’a al-Azharia – rahimahuLlâh). 
[2] Qour’an, 108:1-3
[3] Qour’an, 22:36
[4] Sahih Bukhari, Sahih Muslim
[5] An-Nawawi, Sharh al-Muslim, v13, p120
[6] Ahmed, Abou Daoud, Ibn Majah
[7] Tirmidhi, Ibn Majah
[8] Ahmed, Ibn Majah