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Qu’est-ce que le Nafs et comment le combattre

 

 

nafs

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,


Introduction :

Chaque être humain possède un Nafs en lui, il est donc essentiel que chacun comprenne de quoi il s’agit, car on ne peut combattre et vaincre son ennemi que si on le connait. Le nafs veut vous duper et vous avez besoin d’apprendre comme prendre le dessus.

De la même manière que le Sheykh souhaite vous guider vers le Prophète Muhammad ﷺ, Shaytan souhaite vous emmener vers le Nafs, c’est-à-dire que vous vous sentiez libre de faire tout ce que vous voulez (tout ce que votre nafs vous suggère).

Mise en garde :

La lecture de cet article doit mener le lecteur à agir selon ce qu’il aura appris. Ce n’est pas une lecture uniquement théorique divertissante, auquel cas le nafs de divertira à lire sa propre histoire et cela ne fera que le renforcer encore un peu plus.

Objectifs de l’article :

1/ Comprendre la nature du nafs
2/ Devenir vigilant face à ses désillusions et à ses techniques
3/ Commencer les étapes pratiques pour le purifier

Avant de commencer, il est essentiel de comprendre quelles sont les différentes parties qui composent un être humain tel qu’il évolue dans ce bas-monde.

– Le corps
– L’intellect
– Le cœur
– L’esprit (Ruh – la soi spirituel, la force vitale)

D’entre ces quatre parties, laquelle est « nous », laquelle est  « moi » ? Sommes-nous le corps, l’esprit, le cœur ou l’intellect? Si cet ensemble nous permet d’évoluer sur terre selon ce qu’Allâh a décrété, il faut savoir que « nous », c’est l’esprit.  Et l’esprit utilise les trois autres éléments qui sont des outils.

Si on prend pour exemple la main, à moins d’un handicap, la main n’a pas d’autre choix que d’obéir à l’esprit. Si je lui commande de s’ouvrir elle s’ouvre, si je lui commande de se fermer, elle se ferme. L’esprit a le contrôle total sur tout le corps. Mais nous ne sommes pas ce corps, il n’est qu’un outil.

Si on prend pour exemple l’intellect, de la même manière que nos organes corporels ont leurs facultés (la main saisir, l’œil voit, le pied marche, l’oreille entend, etc.), l’intellect à aussi son pouvoir (sa faculté). Le pouvoir de l’intellect, c’est de raisonner, de décider entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Mais nous ne sommes pas l’intellect, il n’est qu’un outil. Etc.

Il existe encore autre chose en nous, il s’agit du nafs (le soi émotionnel, l’entité qui désire). Et tout comme nous ne sommes pas le corps, l’intellect… nous ne sommes pas non plus le nafs.

Voyons de quoi il s’agit lorsqu’on parle du nafs…


Point n° 1

Le nafs ne possède pas la capacité de réfléchir.

Il ne réfléchit pas, c’est nous qui réfléchissons. Le nafs peut suggérer, mais c’est nous qui avons la capacité à réfléchir, à se souvenir, à anticiper, à planifier. Nous possédons l’intellect, donc nous seuls prenons les décisions. C’est la raison pour laquelle il est vain de d’accuser son nafs, car s’il suggère, rien ne nous oblige à suivre ce qu’il suggère. C’est aussi nous qui donnons au nafs le pouvoir d’utiliser ou non l’intellect. Nous sommes les décisionnaires et nous seuls pouvons choisir entre le bien et le mal.

Point n°2

Nous ne sommes pas le nafs, nous sommes l’Esprit (Ruh).

L’Esprit est pure, créé par Allâh à partir de la lumière [1] du Prophète Muhammad ﷺ. Lorsque nous sommes nés dans ce bas-monde, le nafs a été placé en nous et lui aussi était pur. [2] Il ne pouvait qu’avoir des désirs (je veux ci, je veux ça…).  Un grand danger et une grande déception pour l’être humain, c’est de penser et de croire qu’il est ce nafs et que ce nafs c’est lui. Si on pense à tort qu’on est une seule entité, c’est-à-dire que nous ne sommes pas composés de ce que nous avons énoncé plus haut, alors le nafs à tout loisir de nous suggérer  les choses les plus mauvaises qu’il soit possible d’imaginer.  C’est alors que la personne se met à se demander ce qui cloche en elle, pourquoi elle pense à des choses si mauvaises, ou pourquoi elle désire tant tel ou tel types de péchés. L’exemple le plus parlant à propos de cela concerne les personnes homosexuelles ou lesbiennes. Ne les avez-vous jamais entendus dire qu’elles sont nées comme ça ? Le nafs à l’intérieur d’eux-mêmes leur suggère : « fabrique une excuse,  fabrique une excuse… ». Le nafs aime ce chemin qu’ils ont pris, alors le nafs dupe la personne en lui faisant croire qu’il est la personne et que la personne est lui, qu’elle est née comme ça et qu’il n’y a donc rien de mal en cela. Et on rencontre cela même dans la communauté Musulmane. La meilleure chose pour ces personnes est qu’elles sachent qu’elles ne sont ni gays, ni lesbiennes,  ni homosexuelles, mais que c’est leur nafs qui se trouve en elles qui l’est. C’est leur nafs qui possède ce désir et si la personne arrive à comprendre que ce n’est pas elle qui est atteinte, mais son nafs alors elle pourra commencer à entreprendre ce travail pour sortir de ce cercle vicieux. Chez les personnes concernées, il y a cette chose appelée « coming-out » qui consiste à annoncer publiquement son homosexualité. Pourquoi cela ? Parce que la personne cachait son homosexualité, comme d’autres peuvent cacher leur addiction à l’alcool, à la pornographie, à l’adultère, etc. Si on le cache, c’est parce qu’on sait que c’est une mauvaise chose qui sera mal perçue, alors on le cache parce qu’on se sent coupable. Votre intellect sait que c’est mal, alors votre nafs vous suggère de le cacher afin de le préserver. L’étape qui vient ensuite, c’est que le nafs, qui se sent lui aussi coupable suggère à la personne de ne plus se sentir coupable. Pour se libérer de cela, le nafs encourage la personne à assumer son péché. C’est cela le « coming-out », une ruse du nafs pour se libérer de ce sentiment de culpabilité, car si vous souffrez, il souffre avec vous.

Réalisez que vous n’êtes pas votre nafs et parlez avec votre nafs et dites lui que nous n’êtes pas lui et qu’il n’est pas vous. Dites-lui qu’il est votre ennemi. Certes le nafs ne possède pas d’esprit, mais en agissant ainsi, cela permet de se faire un rappel efficace à soi-même.

Point n°3

La plus grosse duperie du nafs c’est de vous faire croire que vous êtes lui et qu’il est vous.

C’est pourquoi lorsque certains Mashaykh sermonnent une personne, ils s’adressent directement à son nafs. Par conséquent, si un Sheykh vous sermonne, soyez-en heureux, car c’est un remède pour vous. Le nafs en a besoin.

Point n°4

Si vous avez parfois donné l’avantage à votre nafs, cela ne signifie pas que vous avez perdu la guerre. Vous avez juste perdu une bataille.

Ce n’est pas parce qu’on a cédé une fois aux suggestions du nafs que tout est perdu, que les bonnes actions accomplies sont perdues ou que le combat est perdu. Allâh est le tout Miséricordieux et Il sait qu’il s’agit d’une lutte et Il n’attend pas de nous que nous purifiions ce nafs en un jour. Donc, si une faute a été commise, il faut se repentir et continuer à combattre, car cela prend du temps (Jihad an-Nafs).

Point n°5

C’est seulement lorsqu’on exprime le mauvais désir du nafs qu’on devient pécheur, pas avant.

Prenons pour exemple la (mauvaise) jalousie. Celle-ci se situe dans le nafs et non dans la personne. Si la personne embrasse ce mauvais désir avec son cœur, et qu’elle entretient profondément en elle ce désir, alors elle autorise l’envie à vivre à l’intérieur d’elle-même. Cette maladie se place alors dans le cœur (Pourquoi untel possède tel bien et pas moi, il ne le mérite pas, c’est plutôt moi qui devrais l’avoir, etc…). Penser à mal d’un Musulman est un péché de l’intellect; qu’en savons-nous qu’il ne mérite pas ce qu’il a ? Et qui sommes-nous pour remettre en cause un bien qu’Allâh a accordé à telle ou telle personne ? Une fois que l’intellect est touché, il met en place des plans et la personne est susceptible de passer à l’action (médisance, calomnie, essayer de nuire à l’objet de convoitise, etc.) et de commettre ainsi des péchés.

La bonne nouvelle est que si cette jalousie reste au niveau du nafs et qu’on ne la laisse pas de manifester dans le cœur, dans l’intellect ou via le corps (langue, mains…), alors on ne commet pas de péché. Un désir du nafs doit donc être combattu en permanence afin qu’il ne puisse pas s’exprimer dans le cœur, l’intellect ou via le corps.

Point n°6

Le nafs est un être spirituel et non physique

Il est en nous et il souhaite utiliser nos organes, notre intellect, notre cœur et tout ce qu’il est possible d’utiliser dans le but de satisfaire ses désirs.

Point n°7

Le nafs ne souhaite que profiter et manifester les mauvais désirs avec le corps, l’esprit ou le cœur, mais nous ne sommes pas responsables (pécheurs) pour ses désirs.

Imaginons que vous soyez marié, et que vous soyez attiré (ponctuellement) par une autre personne. Cette simple attirance n’engendre pas un péché. Il convient cependant (rappelons-le) de baisser et de préserver son regard et de ne pas regarder les personnes du genre opposé.  Tant que ce désir ne s’est pas manifesté (la personne rompt son mariage, commence une nouvelle relation…) alors il n’y a pas de péché. Par contre si la personne suit son nafs et commence à regarder l’objet de son désir, alors ce désir comme à grandir chaque fois un peu plus. Le Prophète ﷺ a dit : « Le regard est une flèche empoisonnée parmi les flèches de Satan » (Abou Dawud). Si ce désir existe, il est important de ne pas le manifester.

À l’inverse, un autre état du nafs peut-être que la personne n’éprouve aucun désir pour son mari ou son épouse. Le nafs passe par beaucoup d’états différents et un jour il peut avoir tel désir et un autre jour un désir complètement différent, tout comme on le voit chez un enfant qui un jour veut une glace et le lendemain il veut du chocolat et de désintéresse de la glace.

Plus on nourri son nafs et plus il grandit ; moins on le nourrit et plus il s’affaiblit. C’est la raison pour laquelle il ne faut nourrir que ses désirs licites comme par ex. à la rupture du jeûne, le nafs réclame à manger et on a plusieurs options (eau, dattes, mangue, carottes…). Dans ce cas précis, si le nafs préfère la mangue aux carottes, il n’est pour autant pas nécessaire de se forcer à manger des carottes, car il s’agit de deux choses licites, donc on peut choisir celle que l’on préfère. Ce sont deux options halal et dans ce cas là, on est autorisé à nourrir son nafs. Donc si le désir concerne la nourriture, on choisira celle qui est licite, si le désir concerne le sexe, on choisira la relation maritale, si le désir concerne la musique, on choisira les nasheeds et ainsi de suite. Il y a toujours une option licite et le droit du nafs c’est que vous le nourrissiez de ce qui est licite.

Point n°8

On peut et on doit sermonner notre propre nafs comme moyen de nous sermonner nous-mêmes.

Admettons qu’on aime voir les autres de disputer, c’est une maladie du nafs (malveillance), car on préfère voir les gens débattre et se quereller plutôt qu’ils soient en paix. Dès qu’on ressent ça, alors on doit sermonner notre nafs : « Ô nafs, c’est mal, tu souhaites le mal pour les gens et non le bien… ». Ceci demande que nous fassions attention à notre intérieur, car celui qui s’en fiche n’y prêtera même pas attention, cet état fait partie de sa vie et il ne sait même pas que c’est une maladie qui doit être guérie. Il faut faire son introspection. Si on a un Sheykh (de Tazkiyyah/Tassawuf), il ne fait pas lui cacher ce type de maladie, car il sera en mesure de vous donner la solution vous permettant de guérir de cette maladie. La raison pour laquelle il est important de sermonner son nafs, c’est pour accroître la distance entre lui et nous, afin de prendre conscience et de réaliser concrètement que nous ne sommes pas lui et qu’il n’est pas nous.

Point n°9

Le nafs ne pense pas à l’avance.

Le nafs n’est pas capable de planifier, il souhaite simplement profiter de l’instant. Il utilise alors notre intellect pour planifier les péchés et les reporter si au moment présent ce n’est pas possible. C’est pourquoi il faut le combattre et ne même pas lui laisser l’opportunité de penser à un péché.

Point n°10

Le nafs veut profiter maintenant, il vit pour le moment présent.

Mais pour les mauvaises raisons, car il ne cherche pas l’Agrément ou la proximité d’Allâh, mais cherche uniquement à se satisfaire, à profiter.

Point n°11

Le nafs ne se soucie pas de savoir si telle chose est halal ou haram.

Imaginons qu’on nous donne un paquet de biscuit, le nafs nous dit alors « mange, mange, ne regarde pas la composition, tu verras ça plus tard ». Alors, on ouvre le paquet, on mange le biscuit et une fois qu’on a fini, on regarde le paquet pour voir ce qu’il en était. Si maintenant on prend l’exemple de l’alcool, on sait qu’il est responsable de la mort de 2.5 millions de personnes chaque année dans le monde. En France, l’alcool est responsable de la mort de 49.000 personnes/an. Ce qui représente environ 8% de la mortalité totale ! [3] Mais alors pourquoi nos gouvernements ne l’interdisent pas ? Tout simplement, car leur nafs aime ça et que s’ils devaient l’interdire ils ne pourraient plus en consommer eux-mêmes.

Le nafs ne se soucie pas de savoir si telle chose est halal ou haram, contrairement à Shaytan qui lui souhaite sciemment nous pousser vers le haram pour nous emmener en enfer. Il utilise les désirs du nafs contre nous. C’est pourquoi il ne faut pas laisser Shaytan connaitre nos faiblesses et qu’il ne faut pas les manifester.

Point n°12

Le nafs évolue, il passe de mauvais à bon, mais aussi de bon à mauvais.

Tout Musulman sait que le nafs peut être purifié. Mais il est beaucoup plus rare que nous sachions qu’il peut se souiller.

Point n°13

Le nafs ne peut devenir purifié que si on lutte contre lui.

Comment le combattre ? A chaque fois que le nafs nous suggère quelque chose d’illicite, on ne lui obéit pas. Si une femme passe à proximité, on baisse le regard, si une musique passe à la radio, on éteint la radio, si on se met à penser du mal d’un Musulman on arrête sur-le-champ, etc. Seule cette lutte permet de purifier le nafs.

Point n°14 (* important *)

Faites ce qu’il ne veut pas que vous fassiez (tant que c’est conforme à la Shari’ah).

Le nafs ne veut pas vous voir prier ? Alors, priez.
Le nafs ne veut pas que vous fassiez votre routine quotidienne de Dhikr ? Faites votre Dhikr et même augmentez-le.
Le nafs ne veut pas que vous vous leviez pour salat as-Subh ? Levez-vous et priez le Subh et tous les Subhs suivants.

A contrario, il est important de se rappeler que si le nafs nous suggère quelque chose de bien, comme : « Ne regarde pas cette fille, elle n’est pas ta mahram) », alors c’est un bon signe, c’est qu’il est purifié sur ce point, on ne va donc pas le rendre impure en lui désobéissant sur ce point alors qu’il nous suggère ce qui est bien. C’est pourquoi il est important d’avoir des connaissances religieuses de manière a être capable de distinguer entre ce qui est licite et ce qui est illicite.

Point n°15 (* important *)

Ne faites pas ce qu’il veut que vous fassiez (si c’est non conforme à la Shari’ah).

Cela s’applique à tous les péchés qu’une personne est susceptible de commettre. Il y a des péchés pour des actes qu’on ne fait pas (ne pas prier, ne pas jeûner pour Ramadan…), tout comme il y a des péchés pour des actes qu’on effectue (regarder l’illicite, médire…).

Le nafs veut que vous regardiez quelque chose d’illicite comme de la pornographie ? Ne le faites pas.
Le nafs veut que vous médisiez sur autrui. Abstenez-vous de le faire. Retenez votre langue.
Le nafs veut que vous vous mettiez en colère ? Maîtrisez-vous.
Etc…

C’est en effectuant ce combat qu’on se purifie.

Point n°16

Il devient de plus en plus faible jusqu’à ce qu’il se soumette.

Plus on lutte contre son nafs, plus il s’endort (se soumet).

Point n°17

Cette étape ne peut être atteinte que si on se soumet à son Sheykh.

Pour que le nafs se soumette, le Murid (disciple) doit se soumettre à son Sheykh de Tazkiyyah qui lui-même s’est soumis au Prophète Muhammad ﷺ, qui lui-même s’est soumis à Allâh ‘azawajjal. Par exemple, votre Sheykh va vous demander de vous abstenir des péchés relatifs aux oreilles. Une fois rentré à la maison, le nafs va vous dire : « Vas-y, balance du bon son ! », mais là vous lui direz : « Non, je ne peux pas faire cela, je ne le ferai pas ! Car mon Sheykh m’a demandé de m’abstenir des péchés des oreilles ». Le nafs essayera alors de vous inciter par un moyen ou un autre et à chaque fois il suffira de lui dire « non ! » . Au bout d’un moment, le nafs finira par se soumettre et il se conformera, il n’y aura plus de conflits. C’est seulement en luttant  qu’on parvient à cela.

Point n°18

Le nafs dort, mais il ne meurt pas.

Dans cet état (de sommeil), il est toujours présent en nous, mais il ne s’oppose plus. Pour autant il n’est pas mort. Il meurt quand nous mourrons.  Il est donc important de rester vigilant.

Point n°19

Paix -> Guerre -> Paix

Avant qu’une personne commence ce chemin de purification, elle se sent en paix, car elle pense qu’elle est une seule personne. Imaginez si depuis que vous êtes né, vous aviez une personne derrière votre épaule et que vous faisiez tout ce qu’elle vous suggère… au bout d’un moment vous l’oublieriez. Mais au moment où vous vous tournez vers elle et que vous lui dites « NON », c’est là que la guerre commence, et ce, jusqu’à ce que la personne se soumette et s’efface. À ce moment-là, on expérimente à nouveau le sentiment de Paix. Mais cette paix est bien meilleure que la première, car dans le premier cas, le nafs utilise ce bas-monde comme Paradis, car il veut profiter de tout et tout de suite, tandis que dans le second cas, on utilise al-Akhira comme lieu de Paradis et c’est un bien meilleur choix. Si on laisse le nafs utiliser cette duniya (bas-monde) comme Paradis, il est clair que nous ne pourrons pas avoir le Paradis dans l’au-delà. Il faut faire un choix.

Point n°20 (* important *)

Vous ressentez ce qu’il ressent et il ressent ce que vous ressentez.

Durant cette lutte, vous trouverez probablement parfois que c’est pénible, et votre nafs ressentira la même chose. De la même manière, il ressentira que c’est pénible et du coup, vous aussi. Vous ressentez ce qu’il ressent et il ressent ce que vous ressentez. Donc, parfois cela se traduira par de la peine, parfois par de la joie, parfois par de la dépression, etc. Mais au final, si on tient bon, il se purifie. Le Musulman doit alors se rappeler que nous ne sommes pas des adorateurs des sentiments (‘abd al-sentiments …), mais des serviteurs d’Allâh (‘abd Allâh) et qu’il convient donc de continuer cette lutte quelque soit le sentiment (ou le manque de sentiment) ressenti.

Point n°21

Il est plus dur de combattre un sentiment qu’une pensée.

C’est la raison pour laquelle les Mashaykhs disent : « Celui qui a vaincu son nafs, à vaincu Shaytan ». Pourquoi ? Car Shaytan n’a que les pensées à utiliser pour vous combattre (suggestions) , tandis que le nafs utilise les sentiments/émotions et les pensées et il est beaucoup plus dur de lutter contre les sentiments que contre les pensées. Si les pensées vont et viennent, les sentiments restent parfois longtemps. Ne soyez pas inquiets si vous avez un mauvais sentiment en vous, soyez conscient que c’est votre nafs et non vous et que cela peut se guérir en luttant contre.

Point n°22

Une désir puissant du nafs représente votre plus grosse faiblesse et Shaytan l’utilisera contre vous.

C’est la raison pour laquelle il est important de se poser la question suivante : « Quelle est donc ma plus grosse faiblesse » ? Certains en ont une, d’autres deux ou trois ou plus. Il faut connaitre ses points faibles, car c’est par cette porte (ou ces portes) que Shaytan entrera. Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله a dit : « Transformez vos faiblesses en force ». Cela signifie : travaillez dessus jour après jour, comme celui qui va faire de la musculation chaque jour et travaille tel muscle plus faible jusqu’à ce qu’il devienne fort et puissant. De cette manière, on ferme les portes que Shaytan utilise.

Point n°23

En priorité, il faut purifier les mauvaises sortes de nafs.

Il s’agit de ceux qui aiment les péchés et qui incitent au mal. Si notre nafs fait partie de cette catégorie, il est urgent de commencer un programme de purification.

Point n°24

Nous décidons, le nafs ne peut pas nous forcer, il ne possède que les armes du désir et du souhait.

Il est inutile d’accuser son nafs d’être responsable de nos péchés, car s’il il nous suggère, au final c’est nous qui prenons la décision de faire ou de ne pas faire. De la même manière que si quelqu’un nous dit « Vas-y vole ce téléphone qui est posé là », personne ne nous y oblige et la décision ainsi que la responsabilité nous reviennent. Ainsi, ce n’est pas Shaytan ou le nafs qui devront rendre des comptes pour nos actions au jour du Jugement, mais notre esprit seul.

Point n°25

Une fois le naf « Ammarah » (qui incite au péché) vaincu, il devient nafs « Mutma’innah » (apaisé).

Après la lutte, le nafs s’apaise, comme stipulé dans le Saint Coran : « O toi, âme apaisée ! Retourne auprès de ton Seigneur, satisfaite et agréée ! Sois désormais du nombre de Mes serviteurs et sois la bienvenue dans Mon Paradis ! » [4]

Point n°26

Finalement, le nafs penche vers le bien et il est toujours satisfait de la volonté d’Allâh.

Ce type de nafs est nommé « Raadhia » (agréé). Le temps est pluvieux en plein mois d’aout ? C’est la volonté d’Allâh, le nafs est heureux. Là où d’autres se plaindront, celui qui a un nafs agréé ne se plaindra pas et au contraire sera heureux, car c’est la volonté d’Allâh qui s’applique.

Point n°27 (* point pratique *)

Lors d’une assemblée consultative (mashwara), votre réaction devrait être « Mon opinion est la moins bonne, je suis bas, leur opinion est correcte ». Mais malgré cela, donnez votre opinion.

Lors de ce type d’assemblée, plusieurs opinions s’opposent. La personne doit penser intérieurement que son avis est le plus faible et que celui des autres est meilleur (humilité). Elle donnera malgré tout son opinion. Si les autres ne tiennent pas compte de votre avis, soyez-en satisfait et pensez que vous ne devrez pas rendre des comptes sur ce point précis, car ils ont choisi une autre opinion. Ainsi, si une personne s’en prend à vous pour votre opinion, faites en sorte de ne pas retourner ensuite cela contre la personne. Faites en sorte que cela n’atteigne ni le cœur, ni l’intellect, mais dirigez-le directement vers votre nafs et ainsi vous pouvez être purifié à travers les gens. Si on prend l’exemple de ‘Issa (‘alayhi salaam), lorsque des gens l’insultaient, il répondait en faisant des dou’as bénéfiques pour ceux qui l’agressaient (qu’Allâh te bénisse, qu’Allâh te récompense, etc…). Ces disciples en furent étonnés et lorsqu’ils lui demandèrent pourquoi il agissait ainsi, il leur répondit : « Si vous avez une gamelle contenant du lait, peut importe comment vous la secouez, seul du lait en sortira ». Donc si vous avez le bien en vous, seul le bien sortira de vous, quel que soit le mal subit.

Point n°28

Si votre langue est silencieuse, mais que votre esprit continue de penser du mal d’autrui et que votre cœur embrasse des mauvais sentiments à l’encontre des gens, vous continuez le processus de souillure.

Si on combat la langue, il ne faut pas pour autant autoriser l’esprit à penser du mal ou le cœur à avoir des mauvais sentiments à l’encontre de telle ou telle personne. Sans quoi, si la langue se purifie, le cœur et l’esprit eux deviennent davantage souillés (impurs).

Point n°29

Seul le nafs impur blâme autrui. C’est pourquoi se blâmer soi-même est une solution.

Lorsqu’on montre une personne du doigt, il y a un doigt qui pointe vers elle, mais il y en a 3 qui pointent nous. Il est bénéfique de se blâmer soi-même plutôt que de blâmer les autres. Cela ne signifie pas qu’il faut endosser la responsabilité des autres. Si par exemple quelqu’un à volé quelque chose, on ne va pas se blâmer soi-même et s’accuser à sa place. Par contre, lors d’une dispute, plutôt que de passer des heures en débats et en cris, il suffit de penser et de dire : « Ok, c’est de ma faute ». On se blâme, la dispute est terminée, la relation est préservée et cela permet d’atteindre la purification. Si ensuite la personne continue à dire « C’est de ta faute, etc… », son nafs va se renforcer, tandis que le nôtre va diminuer (se purifier). C’est à nous à prendre cette décision au moment où l’occasion se présente.

Point n°30

Question relative à l’éducation du nafs des enfants. 

Se référer à l’article : L’éducation du Nafs des Enfants Conseils de Sheykh Amran Anguila al-Hafidh


Questions / Réponses

Q : L’âme (nafs) et l’esprit (Ruh) sont-ils une seule et même chose ?

R : Lorsque le nafs est purifié, alors il peut être considéré d’une manière imagée comme étant « esprit », c’est la raison pour laquelle certains grands Awlyas comme Sheykh Ad-Darqawi رحمه الله ou Sheykh Abu Hamid al-Ghazaliyy رحمه الله ont déclarés que l’esprit et l’âme (nafs) était une seule et même chose, bien qu’en réalité il s’agisse de deux entités distinctes. C’est comme quand on dit d’une personne qu’elle est « un ange ». Cela ne signifie pas qu’elle le soit réellement, mais cela signifie que les qualités angéliques dominent sa personne. D’ailleurs, dans le Qour’an (s39/v42), Allâh dit : « Allâh reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. » Allâh retient donc une partie de nous avec Lui durant la nuit (Allāhu Yatawaffá Al-‘Anfusa), mais quel est donc la partir restante qui fait que nous soyons toujours en vie, en train de dormir ? Il s’agit du Ruh, de l’esprit, et c’est une preuve qu’il y a bien deux entités distinctes. Il faut savoir que dans le Qour’an, le mot nafs peut parfois être employé pour évoquer l’âme, tout comme il peut être évoqué pour parler de la personne « entière », de l’être humain complet.

Q : Le nafs est-il nuisible ?

R : Non, et c’est là une mauvaise compréhension qui est fréquente alors que la réalité est tout autre.

Une fois un disciple est venu voir un Sheykh dans le but de se purifier. Il resta deux mois puis demanda au Sheykh la permission de partir. Le Sheykh lui répondit que ce n’était pas terminé et qu’il devait rester encore. L’élève lui dit alors : « Merci pour votre aide, mais ce nafs ne sera jamais purifié. Je suis venu ici, mais il y a encore des choses qui me perturbent, j’ai des mauvaises pensées, des désirs, etc. malgré toutes ces heures de dhikr et de méditation. Donc j’abandonne car je n’y arriverai jamais. ». Le Sheykh qui était un vrai Sheykh accompli, répondit : « D’accord, c’est toi qui voit, mais avant de partir, faisons une méditation ensemble (muraqabah) pour voir la situation. » Durant la Muraqabah, le Sheykh montra à l’élève son nafs, qui est une entité séparée de son esprit. Donc maintenant, il y a deux « personnes », deux entités, l’élève et le nafs que l’élève visualise en face de lui. Avec le Sheykh, cela fait un total de trois personnes. Alors,  le Sheykh s’adresse au nafs de son élève et lui dit : « Ô nafs, pourquoi importunes-tu donc mon élève? Il veut se rapprocher d’Allâh. Au final, il te veut du bien à toi aussi. Pourquoi le tortures-tu à ce point ? » Le nafs répondit : « La réalité, c’est qu’il a volé mes trésors. Il est venu dans mon royaume et a dérobé ce qui s’y  trouvait. » Le Sheykh se tourna vers l’élève et le questionna : « As-tu entendu ce que ton nafs a dit? Pourquoi le voles-tu et pourquoi vas-tu dans son royaume?  » Le disciple répondit : « C’est exactement ce que je disais, mensonge sur mensonge, il est injuste avec moi ! Je suis là depuis 2 mois et je n’ai rien qui ne lui appartienne, j’ai juste mes affaires avec moi . » Le Sheykh s’adressa alors au nafs de l’élève et lui dit : « Regarde, mon élève est innocent, il dit qu’il n’est jamais venu dans ton royaume pour te voler, pourquoi dis-tu cela?  Peux-tu prouver ce que tu avances? De quoi s’agit-il quand tu parles de ton Royaume? De quels trésors parles-tu? » Le nafs répondit : « Mon royaume, c’est al-Ghafla (l’insouciance, la négligence). » Le Sheykh regarde alors le disciple et lui demande : « As-tu été dans son royaume, t’es-tu engagé dans l’insouciance? » Le disciple baisse la tête… « Heu… oui, il m’est arrivé d’être insouciant, d’aller dans ce secteur…  mais je n’ai jamais rien volé. » Le Sheykh demande alors au nafs de se justifier et de dire ce qui lui avait été volé. Le nafs rétorqua alors : « Mon trésor, c’est la jalousie, l’arrogance, la haine, les péchés, l’usure… Tout ça c’est mon trésor, c’est mes attributs. Parfois il vient et il boit une petite coupe d’arrogance, parfois il vient et il mange un petit fruit de haine ou de mensonge. C’est bien la preuve qu’il me visite et qu’il me vole. » Le Sheykh questionna alors le disciple pour savoir si le nafs disait vrai et celui-ci ne pu que reconnaître qu’il s’agissait bien de la vérité. Quant au nafs, il se tourna vers le Sheykh et lui dit : « Ô Sheykh, vous êtes un homme pieux, votre élève déclare que je lui ai fait du tort. Tandis que mon créateur qui est aussi votre créateur et son créateur dit l’opposé. Allâh dit dans le Qour’an : « Cependant, Allâh n’est pas tel à leur faire du tort; mais ils ont fait du tort à eux-mêmes (‘Anfusahum Yažlimūna ) » [5] ainsi que « Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes (Žalamnā ‘Anfusanā) » [6].

Allâh dit bien que les gens font du tort à leur nafs et non que le nafs leur fait du tort ! De même le Prophète Muhammad à enseigné à ses Compagnons le dou’a disant : « Ô Seigneur ! Je me suis fait beaucoup de tort à moi-même … » ou traduit autrement : « Ô Seigneur ! J’ai fait preuve d’injuste et d’oppression envers mon nafs (Zalamnu Nafsî) » [7] Alors, qui allez-vous croire maintenant ô Sheykh, Allâh et Son Messager ou cette personne ? Il me fait du tort, et en plus il est m’accuse ! » Puis, le nafs rajouta à cela un quatrième point : « Et qui à le pouvoir de décision ? Qui est assis sur le siège du conducteur ? Moi je n’ai aucun pouvoir de décision, je ne peux que désirer. J’aime les femmes,  j’aime la nourriture, etc. mais je ne peux pas décider quoi que ce soit. Qui donc à le pouvoir de décision sinon lui (via son esprit et son intellect) ? » Une fois la Muraqabah terminée, le disciple était complètement muet. Le Sheykh lui dit alors : « Maintenant, tu connais la réalité, va t’assoir dans ce coin et travaille sur toi-même ! »

Ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que souvent, nous jouons les victimes fasse à notre nafs, alors qu’en vérité, c’est lui qui est victime de nos agissements. C’est pour la même raison que nos membres témoigneront contre nous le jour du Jugement, car ils sont les victimes et non les décisionnaires et si nous les avons utilisés d’une manière injuste, alors ils témoigneront contre nous.

Q : Comment différencier les désirs de Shaytan de ceux du nafs ?

R : Quand on parle de Shaytan, il s’agit plutôt de suggestions, car il ne peut pas mettre un désir en nous, mais il peut nous suggérer des pensées, et les pensées conduisent aux désirs dans le nafs. Pour bien différencier entre les deux : si cela vient du nafs, cela se produit encore et encore et encore car le nafs développe des addictions (habitudes). De même, les désirs du nafs ont toujours à voir avec des désirs que vous voulez, que vous appréciez, car il ressent ce que vous ressentez et vous ressentez ce qu’il ressent. Quant à Shaytan, il suggère tout un tas de choses, mais qui ne correspondent pas forcément à ce que nous aimons ou désirons. Untel se retrouve à voler un portable dont le propriétaire s’est absenté quelques minutes,, alors que ce n’est pas dans ses habitudes de voler. Sheytan à suggéré et à la personne a écouter et obéi à Sheytan.

Si on expose ses faiblesses ouvertement en parlant ou en accomplissant un acte, on prend le risque de les divulguer à Shaytan, or il ne faut jamais divulguer ses faiblesses à son ennemi, sans quoi il les utilisera contre nous.

Q : Quelqu’un peut-il purifier son nafs seul, sans l’aide d’un Sheykh ?

R : Il est impossible de purifier complètement son nafs seul. Ceux qui y sont parvenus peuvent être comptés sur les doigts d’une ou deux mains (Saydda Maryam, Saydinna al-Khidr…), ainsi que les Prophètes et Messagers bien entendu. Pour le reste d’entre nous, le nafs peut nous duper et nous laisser penser qu’il est purifié, mais c’est un leurre et nous suivrons ses désirs sans même nous en rendre compte. Comme l’ont dit les Mashaykh, celui qui n’a pas de Sheykh, son Sheykh c’est Shaytan. Ensuite, Shaytan nous amène au nafs et le nafs devient alors notre Sheykh.

Conseil : Ne pensez pas que par vos efforts vous allez atteindre cette purification, c’est plutôt Allâh qui vous accorde cette purification après vos efforts.

Q : Peut-on purifier tous nos organes d’un seul coup, comme ce fut le cas par exemple pour Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy ou bien est-il plus judicieux de les purifier les uns après les autres ?

R : Il faut suivre les instructions de son Sheykh et d’ailleurs Saydinna ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله l’a fait sous les instructions de son Sheykh car il sait ce dont le disciple est capable. Il ne faut pas croire qu’après avoir lu cet article chacun peut maintenant purifier son nafs seul. C’est comme écouter un cours sur la chirurgie du cœur ou du cerveau et penser qu’à la fin on va pouvoir opérer nous-mêmes. C’est insensé. Ce n’est qu’en apprenant et en restant aux côtés d’un chirurgien pendant des années et des années, sous sa supervision directe, qui vous observe et vous corrige si nécessaire que cela devient possible. Pour le nafs, c’est la même chose, une personne a besoin de la compagnie Sheykh jusqu’au bout du processus que seul le Sheykh pourra détecter.

Lire à ce propos l’article : L’importance de la recherche du Maître (Sheykh) de Sheykh al-‘Arabî al-Daraqâwî

Q : En Islam, une personne n’est pas censée dévoiler ses péchés à autrui, comme faire alors pour communiquer au Sheykh les points qui posent problème ?

R : Dans ce cas là c’est différent, c’est une exception, car vous êtes face à celui qui va vous délivrer le remède pour la guérison. Ce n’est pas la même chose que de raconter ses péchés à droite et à gauche pour s’en vanter. Ici, la personne recherche de l’aide pour guérir et dans ce cas précis, c’est permis. Il faut par ailleurs savoir que le Sheykh ne pensera jamais du mal de vous, quelque soit votre problème, il vous aidera sans vous juger. Attention à ce type de pensées négatives envers votre Sheykh, car Shaytan les utilise pour vous maintenir éloigné de votre Sheykh et donc de la guérison. De même, les gens ne vont voir leur Sheykh que lorsqu’ils s’estiment dans un bon état, tandis que quand ils s’estiment dans un mauvais état, ils le cachent et ne vont pas voir leur Sheykh. Le bon sens voudrait que ce soit plutôt le contraire et que la personne aille consulter son Sheykh justement quand elle rencontre des difficultés. De la même manière que nous allons voir le médecin lorsque notre santé est mauvaise et non lorsque tout va bien. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de divulguer en détail le problème. Si par exemple ça concerne le fait de regarder les femmes ou la pornographie, la personne peut simplement dire au Sheykh : « J’ai un problème avec mes yeux », et le Sheykh donnera ensuite le remède qui conviendra. De même si on a de mauvaises pensées, il n’est pas utile de préciser laquelle, il suffira inshaa Allah de dire : « J’ai des mauvaises pensées », et le Sheykh donnera ensuite le remède qui conviendra.

Qu’Allâh nous accorde la compagnie d’un Sheykh éducateur et nous accorde le succès complet dans cette bataille contre le nafs et contre Shaytan.

Wa Allâhou a’alam

 

Notes :

Réf principale : Mawnala Sheykh Ahmad Dabbagh et Ustadh ‘Uthman Miah (Tariqah Muhammadiyah), qu’Allâh les préserve.

[1] Pour mieux comprendre ce passage, lire l’article suivant : Aperçu de la Réalité Muhammadienne (al-Haqiqat ul-Muhammadiyya)

[2] A ce propos, Allâh dit dans le Qour’an : « Acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant et selon la disposition naturelle qu’Allah a donnée aux hommes, en les créant. Il n’y a pas de changement dans la Création d’Allah. Voici la Religion immuable ; mais la plupart des hommes ne savent rien ». [s30,v30]

De même, il est rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ à dit : « Chaque enfant naît avec une Fitra pure et saine qui peut-être par la suite, déformée par l’influence de l’environnement ou de l’éducation. » (Boukhari et Mouslim)

[3] Source : http://www.lemonde.fr/sante/article/2013/03/04/l-alcool-responsable-de-49-000-morts-en-france-par-an_1842068_1651302.html

[4] Qour’an, s89, v27 à 30
[5] Qour’an, s29, v40
[6] Qour’an, s7, v23
[7] Bukhari

 

Mon Cœur a-t-il besoin d’un Sheykh
pour être Guérit ?

 

Sheykh Abdul-Rahim Reasat

 

 

 

 

Question :

Assalamu alaykum

J’ai réalisé récemment que mon âme (nafs) me séduit généralement avec de mauvaises pensées (par l’arrogance, la fierté, en essayant de me mesurer à Allâh, me disant que je peux faire ce dont est capable Allâh). Cela a commencé par des murmures il y a 5 mois. Comment puis-je éduquer mon nafs dans ce cas ? Est-il nécessaire de cheminer sous la tutelle d’un Sheykh ou d’un Soufi ? Mon Cœur a-t-il besoin d’un Sheykh pour être Guérit ?

 

Réponse :

Wa ‘alaykum as-salam wa rahmatullah wa barakatuh

Merci pour votre question. Premièrement, cette prise de conscience que vous avez eue est une grande grâce de la part d’Allâh Lui-même. Un homme parmi les vertueux avait remarqué que « Lorsqu’Allâh veut du bien pour un de Ses serviteurs, Il le rend conscient de ses fautes pour que Son serviteur puisse se repentir de celles-ci ». Il vous incombe maintenant de remercier Allâh pour cela et de vous tourner vers Lui implorant Son aide afin de surmonter cet obstacle.

Il est préférable d’avoir recours à un maître en Spiritualité Islamique pour ce qui concerne la purification du cœur, car il est généralement quelqu’un qui a expérimenté et surmonté les épreuves que les gens rencontrent sur la voie qui mène à la Proximité d’Allâh, et celui qui observe de l’extérieur voit généralement des choses que vous-même ne voyez pas forcément. La première étape, toutefois, est de vous lier au savoir dont vous avez besoin pour pratiquer votre religion, et vous vous rendrez peut-être compte que beaucoup de vos problèmes disparaîtront grâce aux bénédictions que comporte le Savoir Sacré. Ensuite, si vous ressentez le besoin profond de trouver un enseignant de Tasawwuf vous pouvez demander à Allah par la Prière du Besoin (Salah al-Haja) et la Prière de Décision et Facilitation ou consultation (Salah al-Istikhara). Allâh, par Son immense générosité, vous mènera à celui qui vous sera profitable.

La première chose à faire face à une pensée non souhaitée et intrusive, c’est ne pas s’y identifier et de détester au plus profond de votre coeur le sentiment d’arrogance, de compétition avec Allâh, etc. Vous devez vous repentir sincèrement de cette pensée et l’ignorer si elle réapparaît. La meilleure solution est de les ignorer après cela et elles devraient s’en aller. Y porter de l’attention et s’inquiéter à ce propos est un moyen d’augmenter leur emprise.

Si elles persistent quand même, vous pourriez avoir une forme légère de trouble obsessionnel compulsif (T.O.C) lequel peut être guéri grâce à une thérapie de base. Il existe une thérapie efficace et simple nommée T.L.E (Technique de Libération Émotionnelle) : n’importe qui peut l’apprendre en quelques minutes et très souvent les problèmes disparaissent étonnamment vite. Si le problème est plus profond alors vous devriez contacter un praticien et travailler à ce sujet avec son aide.

Qu’Allâh facilite pour vous l’ensemble des moyens permettant d’atteindre Sa satisfaction.

Wassalam,

[Sheykh] Abdul-Rahim Reasat

La voie de Sheytan n’est pas celle des Amoureux

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahîm,

Aujourd’hui, beaucoup de Musulmans ont une relation très superficielle et intellectuelle vis-à-vis d’Allâh Ta’ala. Pourtant, celui qui est dépourvu d’amour ne peut comprendre la Sagesse d’Allâh, Ses Noms, Ses Attributs ou encore sa propre relation avec le Très-Haut. L’amour est un fondement de l’Islam et c’est d’ailleurs par pur Amour envers Lui-même et envers Ses Attributs de Perfection qu’Allâh nous a créés.

Celui qui aborde Allâh et l’Islam en général à un niveau purement intellectuel échouera. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Sheytan a échoué (je suis créé de feu, Adam (‘alayhi salaam) est créé d’argile, donc je suis meilleur que lui, l’argile tombe vers le bas, alors que le feu s’élève vers le haut…).

Un savant a déclaré : Il existe 4 mots qui commencent par la lettre ʻAyn (ع). Sheytan possédait 3 d’entre eux, mais pas le 4ème et c’est pourquoi il a échoué.

1/ ‘Alim (savant) : Sheytan était un ‘alim, il avait une connaissance très élevée.
2/ ‘Abid (adorateur) :  Sheytan était un adorateur d’Allâh
3/ ‘Arif (connaisseur) : Sheytan avait une connaissance profonde des Attributs d’Allâh. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle lorsqu’Allâh l’a chassé, au lieu de partir de suite, Sheytan a fait dou’a à Allâh pour Lui demander de lui accorde une très longue vie. Qui imagine se faire chasser de la maison par ses parents furieux et partir en leur demandant « papa, prête-moi ta carte bancaire » ou « maman, donne-moi ta voiture je vais en avoir besoin » ?  Il est plus probable que la personne voit une sandale se diriger vers sa tête à grande vitesse plutôt qu’une carte bancaire. Mais Shaytan savait que Allâh est exempt de cela et c’est pourquoi malgré le fait qu’Allâh le chasse, il se permet de faire un dou’a, qu’Allâh lui acceptera.

Le 4ème mot commençant par ʻAyn que Sheytan ne possédait pas est ‘Ashik (amoureux). Sheytan n’était pas un ‘Ashik, il n’était pas un amoureux. Sa relation avec Allâh était une relation intellectuelle. Il était un savant, un adorateur, un connaisseur d’Allâh, mais pas un amoureux. Sans quoi il aurait obéi à Allâh sur le champs, sans se soucier du fait qu’Adam soit d’argile, de pierre ou d’autre chose. Lorsque nous nous prosternons face à la Ka’aba, cela signifie-t-il que nous adorons la Ka’aba ? Non, nous adorons Allâh et nous nous prosternons pourtant face à la Ka’aba, qui est faite de pierre, comme cela nous a été ordonné :

« Tourne donc ta face vers la Mosquée Sacrée ! Et vous, croyants, où que vous soyez, tournez-vous dans cette même direction ! » [1]

Sheytan n’était pas un ‘ashiq d’Allâh Subhanu wa Ta’ala, en fait il était plutôt un ‘ashiq de son nafs, c’est-à-dire un amoureux de lui-même (ana khayrun minhu – je suis meilleur que lui).

Tout comme Sheytan l’a expérimenté, il est clair que notre intellect, notre savoir ou notre sagesse ne pourront pas nous sauver. En Islam, la réussite ne peut être atteinte que par l’Amour envers Allâh et Son Messager ﷺ. Celui qui en est dépourvu est susceptible d’échouer facilement.

Qu’Allâh nous préserve de l’échec, qu’Il nous dirige vers la Voie des amoureux et qu’Il nous accorde le succès total dans cette Voie.

Notes :

[1] Qour’an, s2/v144

Parmi les pires péchés de la langue, la médisance (al-ghayba الغيبة)

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Au jour du Jugement, il est rapporté que nos propres organes, comme notre langue, nos yeux, nos oreilles, nos mains et le reste de notre être physique – témoigneront contre nous. Ceci est confirmé par Allâh dans le noble Qour’an :

« Le jour où leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux de ce qu’ils faisaient » [1]

« Alors quand ils y seront, leur ouïe, leurs yeux et leurs peaux témoigneront contre eux de ce qu’ils œuvraient » [2]

Parmi les organes impliqués dans les péchés et qu’il convient donc de purifier, la langue est sans doute le membre le plus concerné et il est donc important d’être extrêmement vigilants. La langue est un organe par lequel rentrent beaucoup de péchés sur lesquels nous serons donc questionnés au Jour du Jugement. Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ fut interrogé sur la meilleure chose qu’une personne puisse faire pour obtenir l’agrément d’Allâh, il a dit :

« Surveillez vos langues » [3] et :

« Celui qui garde le silence est sauvé » [4] et :

« Celui qui croit à Allâh et au Jugement Dernier qu’il dise du bien ou qu’il se taise » [5]

Il existe de nombreux péchés que l’on peut commettre avec la langue. Il y a par exemple la calomnie, le mensonge, la moquerie, maudire les gens, dire des obscénités, dévoiler les secrets, se vanter, etc., mais l’un de ceux que nous rencontrons le plus fréquemment dans notre quotidien, c’est la médisance. Il s’agit d’un péché très grave et que nous sous-estimons énormément.

Allâh subhânahu wa Ta`âlâ, dit dans le Qur’ân :

« Ne médisez pas les uns des autres ! Lequel d’entre vous voudrait manger la chair de son frère mort? Non ! Vous en auriez horreur ! » [6]

Si Allâh parle de « frère mort », c’est parce que celui qui est visé par la médisance est absent et qu’il ne peut par conséquent pas se défendre, comme un mort. À ce propos, le Messager d’Allâh ﷺ a déclaré :

« Ceux qui médisent envers leurs semblables dans cette vie-bas seront amenés à manger leurs cadavres dans l’au-delà ; ils gémiront et crieront avec horreur » [7] et [8]

Les paroles du Messager d’Allâh ﷺ nous mettant en garde contre les péchés de la langue et contre la médisance en particulier sont très nombreuses. Il est par exemple rapporté qu’il a déclaré :

« Au Jour du Jugement, on remettra le livre de ses actions sera remis entre les mains d’une personne et celle-ci n’y trouvera aucune des bonnes actions qu’elle avait accomplies, de bonne foi, pour l’amour d’Allâh. Elle demandera au Seigneur : « Pourquoi mes bonnes œuvres ne sont-elles pas enregistrées ici? », et le Seigneur répondra : « Elles ont été données à ceux que tu as blessés et insultés en parlant contre eux ». [9]


Les 4 caractéristiques de la médisance (al-ghayba الغيبة)

Les Shuyukhs ont établi quatre caractéristiques permettant de savoir si un propos peut être considéré comme de la médisance :

1/ Le propos est vrai
2/ Le propos est rapporté en l’absence de la personne
3/ Si la personne entendait ce propos, elle n’apprécierait pas.
4/ Il y a quelqu’un pour entendre le propos

Il faut savoir que même le fait de critiquer le chien, le vêtement ou la voiture d’une personne entre dans la médisance, donc soyons très prudent avec ce péché très grave dont le Messager d’Allâh ﷺ a dit qu’il est plus grave que la fornication [10] et qu’il mange les bonnes actions comme le feu consume le bois.

La médisance concerne aussi bien les Musulmans que les non-Musulmans, les jeunes enfants que les adultes. Ce n’est pas parce qu’une personne est notre enfant ou qu’elle est non croyante qu’il est légal de médire à son sujet. Si la médisance est le plus souvent orale, elle peut également être écrite (SMS, email, réseaux sociaux…) ou gestuelle (par ex. montrer quelqu’un pour s’en moquer et ce sans même qu’un seul mot soit prononcé).

Bien entendu, il y a des cas où garder le silence n’est pas une bonne chose, comme lorsque des paroles essentielles et véridiques doivent être dites. Le plus important, c’est de réfléchir avant de parler et de passer sa parole à travers le tamis de ce qui est autorisé ou interdit selon la religion, la conscience et la nécessité.

Critiquer un croyant quant à l’état de sa pratique de la religion, même s’il est coupable d’actes contraires aux principes de la religion, est également une mauvaise chose, surtout quand une telle critique est entreprise en public, avec dureté, colère, et en criant. Ce principe s’applique également par écrit, sur les réseaux sociaux par exemple. Si c’est fait en son absence, alors cela rentre clairement dans le cadre de la médisance. Si la correction est entreprise en privé et en douceur, en parlant seulement à la personne concernée alors qu’aucune autre personne ne peut entendre, cela ne rentre plus dans la critique, mais dans le conseil et c’est une chose importante en Islam comme l’a souligné le Prophète Muhammad ﷺ :

« La religion, c’est la Nassiha (le conseil bon et sincère) » [11]

Parmi les choses interdites, il y a également le fait de se moquer des gens et de les ridiculiser, que ce soit en leur présence ou en leur absence, et ce, même si l’intention était de faire rire les gens et non de rabaisser les personnes visées.

Combattre la médisance est donc un sujet important et difficile et c’est une lutte que nous devrons mener tout au long de notre vie, car si nous arrivons à préserver nos langues de ce péché, il faudra aussi faire avec la médisance prononcée par autrui et réagir de la bonne manière pour ne pas devenir complices.


Dans quels cas la médisance est-elle autorisée ?

Il existe de rares cas où la médisance est autorisée, voire obligatoire, c’est le cas par exemple quand on va consulter un ‘alim (savant) pour lui demander son avis sur une situation. Souvenons-nous par ex. du cas de Hind (RA) qui était venue demander conseil auprès du Prophète Muhammad ﷺ à propos de son mari Abu Sufyan رضي الله عنه qu’elle accusait de radinerie. Ce cas est similaire à la ‘awra que l’on est autorisé à découvrir devant un médecin en cas de nécessité médicale, car dans un tel cas, il s’agit de soigner une situation ou une maladie.

Cela sera autorisé pour celui qui doit évaluer quelqu’un, comme un employé, ou un élève, mais en se limitant à ce qui est nécessaire et lié à l’emploi ou à la matière évaluée. Si un mot est suffisant, alors le second sera haram.

Il est donc également autorisé de présenter à un juge les éléments que l’on a sur une personne lors d’un jugement ou pour avoir un avis juridique auprès d’un Mufti/Sheykh. Il est également autorisé de mettre en garde contre quelqu’un si on connait ses défauts et qu’une personne risque d’en être victime, comme dans le cas où une personne s’apprête à faire des affaires avec untel dont vous savez qu’il arnaque les gens. Dans ce cas, vous devez mettre en garde, ou aussi dans le cas d’une personne qui va se marier avec untel dont vous savez qu’il est égaré, un grand pécheur, pervers ou qu’il abuse des femmes, profite d’elles puis les répudie et ainsi de suite. Dans ces cas-là, c’est une obligation pour la personne qui a ces informations de les divulguer à celles et ceux qui pourraient se faire abuser.

Bien entendu, il convient de ne pas aller au-delà et de ne pas en profiter pour mêler à ce qui est autorisé ce qui est interdit. On met en garde simplement en rapportant la vérité sur une personne, mais sans pour autant donner trop de détails inutiles, ni en profiter pour calomnier ou dire ce qui va au-delà de ce qui est nécessaire pour cette affaire, sans rajouter du mensonge, des mauvaises présomptions ou de la médisance interdite.

Un exemple où la médisance permise dérape vers celle interdite : « Tu veux t’engager avec ce frère pour ce business ? Attention, sache qu’il gère très mal l’argent et qu’il fait souvent faillite… et en plus il s’habille vraiment n’importe comment meskine ! ». La mise en garde pour sa mauvaise gestion de l’argent est une bonne chose dans ce cadre là, par contre critiquer sa manière de s’habiller est inutile et entre dans la médisance interdite. On peut mettre en garde contre sa mauvaise gestion financière, mais il ne faudra pas non plus en profiter pour se moquer de cette personne et faire de l’humour sur son dos.

Nous le constatons chaque jour, la médisance est omniprésente dans nos sociétés, par exemple à l’école, en entreprise ou au sein même des familles. Il est important de rappeler que ce n’est pas parce qu’une personne est connue (star, personnalité publique, homme politique…) qu’il est permis de médire sur son dos ou de se moquer d’elle. Il faut aussi faire très attention aux programmes de la TV ou de la radio, tels que les émissions de satyre, de divertissements, de politique, dans lesquels la médisance est omniprésente, car écouter la médisance est tout aussi grave que de la prononcer. Celui qui entend la médisance doit tenter de la faire cesser, changer de sujet ou montrer sa désapprobation concernant la médisance, si ça ne s’arrête pas il doit défendre l’honneur de celui qui est mis en cause et si ça ne s’arrête toujours pas, il doit s’en aller, sinon c’est considéré comme de la complicité (sharik), car s’il n’y avait pas cette oreille attentive, il n’y aurait pas eu de médisance.

Il est rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit :

« Dans la médisance, celui qui parle et celui qui écoute partagent une part égale de péché » [12]

Note : Si jamais on ne connait pas le nom d’une personne et qu’on a la nécessité de l’identifier et pour cela de la décrire, cela ne rentrera pas dans la médisance. Par exemple, on pourra dire que la personne est aveugle, boiteuse, grosse, vieille, etc.


La médisance durant je jeûne du mois de Ramadan :

Une fois, quelqu’un a demandé au Messager d’Allâh ﷺ :

« Qu’est-ce qui annule le jeûne? Il répondit : « Le mensonge et la médisance » » [13]

Certains ‘Ulamas sont d’avis que le fait de mentir, médire, diffamer, etc… annule le jeûne de la même manière que boire et manger, bien que la grande majorité pense que celui-ci n’est cependant pas complètement caduque, mais qu’il perd de ses bénédictions et de ses récompenses. La période du Ramadan est une période durant laquelle il convient de se préserver des péchés les plus graves, tels que la médisance afin que les bénédictions et les bénéfices du mois de Ramadan soient préservés.

Pour plus d’infos sur l’importance de s’abstenir de médire durant le mois de Ramadan, lire notre article : Le Jeûne de la Langue


Que faire si on est victime de médisance ?

Si une personne vient nous rapporter qu’untel à fait de la médisance, la première chose qu’on peut noter c’est que :

1/ cette personne a tendu son oreille à cette médisance, sans quoi elle ne pourrait pas la rapporter
2/ cette personne est venue nous rapporter cette médisance et c’est ce qui est nommé « an-Namima » (le colportage)

Ces deux choses sont également considérées comme des péchés (écouter et colporter).

Donc, comment réagir si une personne vient nous rapporter qu’untel à médit de nous ?

1/ Ne pas croire ce que la personne nous rapporte
2/ Interdire à la personne de rapporter les propos (ne pas écouter)
3/ Haïssez cet acte (ne pas être content qu’on nous ai rapporté les paroles, car an-Namima (colporter) est un acte interdit (haram) et on ne peut pas être satisfait d’un acte interdit
4/ Ne pas développer une mauvaise opinion de la personne qui est supposée avoir médit sur nous
5/ Ne pas commencer à étudier la question (enquêter)
6/ Ne pas s’autoriser soi-même à être satisfait de ce colportage (ne pas penser que c’est une bonne chose que les propos supposés de la personne soient venus jusqu’à nous)

Lorsqu’on est victime de médisance et que les propos nous ont été rapportés, il ne faut pas chercher à entrer en contact avec la personne qui est supposée avoir médit sur nous, mais plutôt laisser couler et pardonner. C’est le meilleur moyen pour couper net ce triangle vicieux [14] de médisance, de calomnie [15] et de rapportage [16] et éviter que ça continue ou pire que cela s’envenime ou se propage.

S’il est préférable de pardonner, lorsqu’une personne est connue pour médire à tout va et que cela sème la zizanie, il est préférable dans un tel cas d’aller discuter calmement avec elle pour qu’elle cesse, sinon ce serait encourager cette personne à continuer. Le but étant que la personne comprenne qu’elle est engagée dans un péché grave afin qu’elle prenne conscience, qu’elle arrête ce mauvais comportement et que les bonnes relations soient préservées entre les personnes. Des fois cela peut nécessiter l’intervention d’une personne tierce, comme un Sheykh, un conciliateur, etc.

Une attention toute particulière doit être portée par les hommes, lorsqu’ils se rencontrent entre eux, et par les femmes, lorsqu’elles se rencontrent entre elles et que les personnes se mettent à évoquer leurs vies de couple et leurs conjoints parfois d’une manière négative (pour se plaindre). C’est une porte très dangereuse vers la médisance et c’est une porte qu’affectionne tout particulièrement Shaytan car c’est une cause majeure de destruction des couples et de la cellule familiale. Il est rapporté de Shaytan qu’il promet aux meilleurs de ses alliés parmi les Shayateen de venir s’assoir auprès de lui. Alors, les Shayateen défilent et lui dévoilent ce qu’ils ont accompli. L’un d’eux a poussé quelqu’un à voler, un autre à encourager quelqu’un à boire, un autre à mentir, un autre à tuer, etc., et à chaque fois Shaytan dit : « non pas toi, non pas toi », jusqu’à ce qu’un des Shayateen déclare : « moi j’ai brisé un mariage » ; alors, Shaytan l’invite à venir s’asseoir auprès de lui. [17] Pourquoi Shaytan aime-t-il particulièrement cet acte plutôt que les autres ? Car quand on détruit une famille, cela ouvre la porte à beaucoup de troubles et de péchés. Tout cela part d’une parole qui ensuite est rapportée, puis la situation s’envenime et dégénère jusqu’à la rupture. Qu’Allâh nous protège de Shaytan, de ses alliés parmi les hommes et les djinns et qu’Il préserve nos familles de tout mal.

Des études ont démontré que lorsque des parents se séparent et que les enfants grandissent sans la présence d’un père (droit), la probabilité qu’ils connaissent une période de délinquance, de prise de drogue, etc. augmente. L’absence d’une mère engendre aussi son lot de problèmes, mais le plus souvent les enfants seront confiés à la mère lors d’une séparation. Voilà pourquoi il est préférable de garder le silence ou de dire du bien de son mari ou de sa femme plutôt que de s’engager dans des discussions ou des paroles négatives seront dites à leur sujet. Rappelons-nous du conseil avisé du Messager d’Allâh ﷺ : « Celui qui croit à Allâh et au Jugement Dernier qu’il dise du bien ou qu’il se taise ».


Que faire si on a médit ?

Comme l’a dit le Messager d’Allâh ﷺ, celui qui a commis la médisance doit demander (dou’as) à  Allâh de lui pardonner et de pardonner à la personne concernée [18]. Cependant, certains savants disent que cela n’est pas suffisant et que celui qui s’est engagé dans la médisance doit mettre en pratique sa repentance en servant la victime de toutes les manières possibles.


Parmi les remèdes à la médisance :

Il est certes difficile de tenir la langue droite. La meilleure façon de l’empêcher de s’égarer est de l’enfermer à l’intérieur de la bouche et de se taire. Apprendre à ne parler seulement que quand c’est nécessaire est un exercice difficile, exigeant un grand effort, mais c’est un exercice obligatoire lorsqu’on est Musulman. Ce principe s’applique également aux mains car aujourd’hui la médisance se répand abondamment sur les réseaux sociaux et Internet.

L’imâm Al-Jazûlî رحمه الله a dit que pour guérir de la médisance, il faut méditer sur le grand châtiment qui attend celui qui fait la médisance et surtout de bien réfléchir à ses bonnes actions qui seront réparties gratuitement aux gens dont il a fait la médisance. Il a dit qu’il est très important de penser à ses propres péchés, car ces derniers nous éviteront de penser aux péchés des autres. Le silence compte parmi les meilleurs remèdes contre la médisance.

Quant à Sheykh al-Habib ‘Ali al-Jifri, il a déclaré : « Si le diable vous suggère de médire sur une personne, faites face au diable en faisant dou’ā pour cette personne au lieu de médire sur elle. »

Qu’Allâh nous facilite l’application de ces règles dans notre quotidien et qu’Il nous accorde le succès dans la purification de la langue et de tous les organes impliqués dans les péchés.

Wa Allâhu a’alam


Notes :

Réf : Sharh de Maharim al-Lisaan du Sheykh Muhammad Mawlud par Sheykh Rami Nsour al-Malikiyy ; Sharh du Matn de l’imâm Ibnu `Âshir par Sheykh Muhammad Ibnu Ahmad Miyyâra Al-Mâlikî avec notes de Sheykh Malik d’Aslama.com ; Sharh de At-Tariqah al-Muhammadiyah de Sheykh Birgivi par Sheykh Tosun Bayrak al-Jerrahi al-Halveti, Fatwa de Sheykh Sulayman Van Ael

[1] Qour’an, s24/v24
[2] Qour’an, s41/v20
[3] Abu Sheykh, al-Bayhaqi, Abu Juhayfah
[4] At-Tirmidhi, `AbdulLlâh ibn `Umar
[5] Dans Boukhari, Muslim, Abu Dawud, at-Tirmidhi
[6] Qour’an, s49/v112
[7] At-Tabarani, Abu Hurayrah
[8] A ce propos, Sheykh Nurjan Mirahmadi an-Naqshabandiyy a dit que la prolifération des films de Zombies (des morts qui mangent la chair de leurs semblables) à notre époque n’a rien du hasard et que c’est en lien direct avec la propagation de la médisance dans nos sociétés. Il s’agit d’un signe et d’un avertissement qu’Allâh envoie pour ceux qui croient, cherchent à se purifier et méditent sur Ses signes. Voir la vidéo sur notre chaine YouTube.
[9] Ibn Hibban, Abu ‘Umamah
[10] Ibn Abi Dunya, Jabir ibn AbduLlâh
[11] Muslim
[12] Mawlana Zakariyya Kandhalawi dans Fadhâ’il al-A’mâl, pg. 863
[13] Ibidem, pg. 860
[14] Triangle vicieux (référence contraire au cercle vicieux), c’est-à-dire : le calomnié, le rapporteur, le calomniateur.
[15] Calomnier : dire sur autrui des choses qui ne sont pas vraies
[16] Rapporter (al-namîma) : rapporter quelque chose de vrai, mais qui empoisonnera les relations entre les gens.
[17] Rapporté par Mouslim, n° 2813
[18] Umm Abi Dunya, Anas ibn Malik

La quête spirituelle de l’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy

 

 

al-ghazali-spirituel

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

L’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy رحمه الله fut très certainement l’homme le plus savant de son époque. Il est celui qui fut qualifié par l’Imam Ibn ‘Asākir رحمه الله de revivificateur de la religion du 5e siècle et qui aujourd’hui encore est surnommé Hujjut al-Islam (l’argument de l’Islam). Les grands savants du Fiqh, de la ‘Aqida, du Tafsir venaient de partout pour apprendre auprès de lui. Il était d’ailleurs à ce titre le responsable de la grande université Islamique Nizamuddin à Bagdad. Cependant, malgré son impressionnante érudition scientifique, au fil du temps, il se rendit compte que malgré toute sa science, il n’avait réussi à atteindre ni la proximité d’Allâh, ni celle de Son Messager ﷺ.

Il décida donc d’aller faire le tour des plus grands savants qu’il côtoyait à l’époque.

Il commença par les savants du Tafsir : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher d’Allâh ? » Ils répondirent : « Tu peux nous demander à propos de n’importe quel verset du Qour’an, on peut en parler pendant dix années, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh »Il se rendit ensuite auprès des savants du Hadith : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher de Rassoul Allâh ﷺ? » Ils répondirent : « On ne peut que te rapprocher du Hadith, on peut t’enseigner les paroles du Prophète, mais on ne peut pas t’emmener au Prophète lui-même »Il alla donc voir les Fuqahas, les spécialistes de la Loi Divine : « Je veux atteindre Allâh et Son Messager ﷺ? Que pouvez-vous faire pour moi ? » Ils répondirent : « On peut t’expliquer les règles, comment faire le wudhu, le ghusl, le halal, le haram, on connait les Commandements d’Allâh, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh. » Il se rendit alors chez les ‘Ulamas de la ‘Aqida, spécialistes de la Croyance : « Vous êtes les sommités dans la Croyance, emmenez-moi à Allâh et à Son Messager ﷺ. » Ils répondirent : « On sait beaucoup de choses concernant Allâh, mais nous ne sommes pas capables de t’emmener à Lui ».

L’Imam Al-Ghazaliyy était dépité, lui, le plus grand savant de son temps était incapable de se rapprocher d’Allâh et les autres shuyukhs spécialistes des sciences Islamiques ne pouvaient rien pour lui non plus.

« Auprès de qui vais-je pouvoir chercher la guidée ? Si je meurs, que va-t-il m’arriver ? »

Il fut tellement éprouvé par cela qu’il ne put plus parler. Il traversa une longue période de dépression et d’incertitude profondes. Il décida alors de quitter ses fonctions, s’isola et commença a étudier et à analyser durant deux années (certains ont dit dix années), les différents groupes et pensées et ce de jour, comme de nuit. Au bout de ces années d’étude, il déclara :

« J’en suis venu à la conclusion que la vérité est avec les Soufis et avec les Awliyas qui sont illuminés et qui prennent directement la guidée du Nur de Saydinna Rassul Allâh ﷺ. »

« Je sais de manière certaine, » écrivit-il, « que seuls les (vrais) Soufis marchent dans la voie d’Allâh Ta’ala, que leur manière de vivre est la meilleure, que leur chemin est le plus pur chemin et que leurs vertus sont les plus pures vertus. »

Après cela, il quitta l’Irak et partit en quête d’un Maître spirituel qui puisse l’aider à atteindre Allâh et Son Messager ﷺ. Il le trouva et suivit ses enseignements avec assiduité, jusqu’à atteindre ce qu’il était venu chercher.

Qu’Allâh lui fasse miséricorde, lui accorde ses meilleures récompenses et qu’Il l’honore au Jour du Jugement Dernier.

Wa Allâhu a’alam

 

La rencontre entre Ibn al-Jawzi et Abdal Qadir al-Jilani

 

 

La rencontre d'Ibn al-Jawzi et d'Abdal Qadir al-Jilani

 

 

Cette histoire, rapportée par le Sheykh at-Tadifi al-Hanbali raconte comment se déroula la rencontre entre les deux grands Imams Ibn al-Jawzi et Abdal Qadir al-Jilani.

Un jour, l’Imam Ibn al-Jawzi al-Hanbali رحمه الله, accompagné d’un de ses amis, assista à une des assemblées du grand Saint Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani رحمه الله à Baghdad. Sheykh ‘Abd al-Qadir commença à parler des différents Tafsir du Qur’an car il voulait changer le point de vue de l’Imam Ibn Jawzi concernant le Tasawwuf (Soufisme). Il entreprit donc de mettre dans l’esprit de l’Imam Ibn Jawzi l’image réelle du Tasawwuf.

Un verset fut récité il donné l’une des explications (Tafsir). L’ami de l’imam Ibn al-Jawzi dit alors à l’Imam : « Connais-tu ce Tafsir? » Il répondit : « Oui le Tafsir de ce verset est bien connu. » Pour ce même verset, Sheykh ‘Abd al-Qadir donna un second Tafsir, puis un troisième Tafsir, puis un quatrième Tafsir, puis un cinquième Tafsir, puis un sixième, un septième, un huitième, un neuvième… En tout, il donna onze Tafsir de ce verset.

À chaque fois que Sheykh ‘Abdal Qadir al-Jilani donnait un Tafsir, le compagnon de l’Imam Ibn Jawzi lui demanda s’il le connaissait et ce fut le cas pour les onze, car c’est exactement le nombre de commentaires qu’il connaissait de ce verset.

Sheykh ‘Abdal Qadir al-Jilani commença alors à donner un douzième Tafsir, ce qui surpris l’imam Ibn al-Jawzi qui n’avait jamais entendu cela, puis un treizième Tafsir, puis un quatorzième, puis un quinzième Tafsir… Au total, Sheykh ‘Abd al-Qadir donna quarante Tafsir de ce même verset !

L’état de l’Imam Ibn al-Jawzi changea alors complètement, il fut profondément touché et cela le fit revenir sur sa position. Il est rapporté qu’il se leva dans un Haal (état extatique) et qu’il prononça : « La ilaha illa Allâh, Muhammad Rasool Allâh » et qu’il déchira ses vêtements.

Si l’imam Ibn al-Jawzi déchira ses vêtements, c’est parce qu’à cet instant, il comprit le vrai sens du mot « Faqir » [1].

Qu’Allah nous accorde la Barakah dans la compréhension, de la même manière qu’Il l’accorda à l’Imam Ibn al-Jawzi.

 

Notes :

Histoire rapportée par Sheykh Muhammad ibn Yahya at-Tadifi al-Hanbali رحمه الله dans Qala’id al-Jawahir (Colliers de pierres précieuses).

[1] Dans la terminologie du Tassawwuf, le Faqir désigne l’ascète, celui qui est pauvre en Allâh, doté d’une grande sagesse et d’une connaissance du Divin élevée, celui qui est dépourvu d’existence et a tout abandonné en dehors d’Allâh, pour Allâh, en soumission totale à Lui.

À ne pas confondre avec la version hindou de ce mot qui renvoie aux mendiants, aux saltimbanques, à ceux qui se mutilent le corps, etc.

Vous pouvez retrouver la biographie de Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani sur le site islamophile.org

Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

Sunnisme.com

 

 

Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

 

 

Question :

Les quatre grands Imams (Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal) étaient-ils Soufis? Qu’ont dit ces monuments de savoir à propos de cette Science de la Purification des cœurs?

 

Réponse :

Pour débuter cet article [1] et pour faire taire définitivement les détracteurs du Tasawwuf (science de la purification de l’âme), c’est-à-dire ces gens qui taxent les Soufis de bida’a (d’innovations blâmables), de shirk (d’association), voire de koufr (mécréance), nous allons citer leur référence absolue, celui qu’ils nomment le Sheykh de l’Islam (Sheykh al-Islam) : al-Hāfidh Ibn Taymiyya (661-728 H.).

Cela en étonnera surement plus d’un, mais sachez que selon al-Hāfidh Ibn Taymiyya (RahimahuLlâh), les quatre grands Imams : Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal (qu’Allâh les agréé) étaient tous des leaders/Imams dans le HADITH, le TAFSIR, le *TASAWWUF* et le FIQH.

Pour vérifier cela, il suffit de regarder dans son ouvrage Minhaj al-Sunnah [2] :

« أئمة أهل الحديث، والتفسير، والتصوف، والفقه، مثل الأئمة الأربعة وأتباعهم »

 

Donc,  d’après al-Hāfidh Ibn Taymiyya, les quatre imams n’étaient pas juste impliqués dans le Tasawwuf  (le Soufisme), mais ils étaient aussi des imams/leaders dans cette Science !

Je me demande bien qu’elle fatwa effrayante et barbare les pseudo-Salafis d’aujourd’hui vont bien pouvoir émettre contre ces quatre grands Savants (ou même contre ibn Taymiyya) ?

La réalité, c’est que Tasawwuf est un chemin noble et il représente un excellent moyen menant à la purification de l’âme. C’est la raison pour laquelle l’ensemble de la Communauté Musulmane (Ummah) l’a accepté, sauf bien sûr, les Ahl al-Bid’ah (pseudo-Salafis) d’aujourd’hui.

Il y a une autre chose que nous pouvons comprendre à partir de ce texte écrit par l’imam Ibn Taymiyya, c’est que l’Imam Abu Hanifah était un IMAM dans le Hadith. C’est une véritable gifle sur le visage de ceux qui (parmi les Salafis) disent qu’il était da’if  (faible) dans le Hadith.

P.S. Le terme « Ahl-Hadith » fait ici référence à ceux qui étaient les maîtres et les savants du Hadith, et non pas à ceux qui aujourd’hui se font appeler les « Ahl-Hadith » et qui sont seulement connus pour leurs compétences de clavier sur Internet.

Nos frères Salafis ont beaucoup de mal avec le fait que leur référence absolue ait pu tenir de tels propos. Et pourtant, il est rapporté d’ibn Taymiyya qu’il était lui même un Soufi, disciple dans la voie Qadiriyya (celle de l’Imam ‘Abdal Qadir al-Jilaniyy) [3]

Par ailleurs, Ibn Taymiyya a parlé du Tasawwuf et de ce qui s’y rapporte dans différents ouvrages, ses paroles sont donc tout à fait trouvables et vérifiables pour quiconque cherche la vérité :

 

En voici quelques-unes :

« …certains ont critiqué les Soufis et le Soufisme en disant qu’ils étaient des innovateurs, en dehors de la Sunna, mais la vérité est qu’ils s’efforcent d’obéir à Allah (…) Parmi eux on trouve les personnes les plus proches [d’Allah] grâce à leurs efforts (actes) » [4]

« Les prodiges des saints sont absolument vrais et corrects et reconnus par tous les savants musulmans. Le Coran l’a indiqué en différentes places et les Hadîth du Prophète (paix et salut sur lui) l’ont mentionné et celui qui nie les prodiges des saints, est innovateur ou disciple d’innovateurs. » [5]

« Allah Tout-puissant dévoilera à Ses saints des états qui n’ont jamais été dévoilé auparavant et Il leur donnera l’appui sans mesure. Si ce saint commence à parler des choses de l’invisible, passées ou présentes ou futures, cela est considéré comme Bâb Al-‘Ilm Al-khâriq, la connaissance extraordinaire. Tout ce qu’un saint fait qui est de l’extraordinaire, pour les gens ou pour des auditeurs, de guérison ou de connaissance d’enseignement, est accepté et nous devons remercier Allah pour cela. » [6]

« Les grands Sheykhs Soufis sont bien connus et acceptés, tels que : Bayazîd Al-Bistâmi, sheikh Abdul Qâdir Jilâni, Junayd ibn Muhammad, Hasan Fudayl Al-Basrî, Ibn Al-Ayyâd, Ibrahim Ibn Al-Adham, Abî Suleymân ad-Dâranî, Ma‘rûf Al-Karkhî, Siri as-Saqtî, sheikh Hammâd, sheikh Abul Bayân. (…) Ces grands Soufis étaient les leaders de l’humanité et ils appelaient à ce qui était juste et interdisaient ce que Dieu avait interdit de mauvais. » [7]

« J’ai porté le manteau Soufi (khirqa) d’un certain nombre de Sheykhs Soufis, appartenant à des Turuq (voies, confréries) diverses, parmi eux Abdel Qâdir Al-Jîlâni, dont la Tariqa est la plus grande de celles bien connues, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » [8]

« Il est dit qu’après le Sceau des Prophètes (paix et salut sur lui), la révélation ne descend pas sur un autre. Pourquoi pas ? En fait elle descend, mais alors ce n’est pas appelé ‘la révélation’ (mais une inspiration : Ilhâm). C’est ce que le Prophète (paix et salut sur lui) a mentionné quand il a dit, ‘ le croyant voit avec la Lumière de Dieu. ‘ Quand le croyant regarde avec la Lumière de Dieu, il voit toutes les choses : le premier et le dernier, le présent et l’absent. Comment une chose peut-être cachée de la Lumière de Dieu ?… Donc la signification de la révélation existe, même si elle n’est pas appelée révélation. (…) ce qui est considéré comme un prodige pour un saint est que parfois le saint pourrait entendre quelque chose que les autres n’entendent pas ou voir quelque chose que les autres ne voient pas, pas lorsqu’il est endormi, mais dans un état réveillé de vision (mushâhada). Il peut connaître des choses que d’autres ne peuvent pas connaître, par le biais de l’inspiration. » [9]

Etc…

 

Cette introduction étant terminée, nous allons maintenant revenir à nos quatre grands Imams et citer quelques-unes de leurs paroles à propos du Tassawuf :

L’Imâm Abû Hanîfa (85-150 H.) a dit : « Si il n’y a avait pas eu ces deux ans, j’aurais péri. (…) Pendant deux ans, j’ai été le compagnon de Sayyidina Ja‘far as-Sâdiq et j’ai acquis la science spirituelle qui a fait de moi un Connaissant (‘ârif) de la Voie. » [10]

L’Imâm Mâlik Ibn Anas (95-179 H.) a dit : « Celui qui étudie la jurisprudence (tafaqaha) et n’étudie pas le soufisme (tasawwuf) est un pervers (fâsiq); et celui qui étudie le soufisme et n’étudie pas la jurisprudence est un hérétique (zindîq); celui qui allie les deux, atteint la vérité ou est le parfait réalisé (tahaqqaqa). » [11]

L’Imâm Shâfi‘î (150-205 H.) a dit : « J’ai fréquenté des soufis et j’ai tiré profit de ce (compagnonnage) à travers trois de leurs paroles :

– Le temps est comme une épée, si tu ne le coupe pas, il te coupe.
– Si tu n’occupes pas ton âme avec la vérité, elle t’occupe avec l’erreur (ce qui est vain).
– Le manque de protection (une totale indigence ou pauvreté). »

Il a dit aussi :

« j’ai aimé trois choses de votre religion : le fait de ne pas imposer ce qui est (trop) difficile, que les gens se réunissent dans la douceur, (l’amabilité), la suivance (l’imitation) de la voie des gens de ‘Tassawwuf’ » [12].

L’Imâm Ahmad Ibn Hanbal (164-241 H.), avant la compagnie des soufis a dit à son fils : « Oh! Mon fils, sois avec ceux qui étudient le Hadîth, et loin des assemblées de ceux qui se nomment soufis. Car parmi eux, certains ignorent les principes de la religion ». Plus tard, il fut le compagnon de Hamza Al-Baghdâdî, le Soufi ; et il connut les états spirituels des initiés et il dit à son fils : « Sois dans les assemblées de ceux qui sont Soufis, (al-qawm), car par leur fréquentation la science, la vigilance intérieure (al-murâqabah), l’humilité (al-khashiyah), l’ascétisme (az-zuhd) et l’aspiration spirituelle augmentent. »

On a rapporté que l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal a dit des soufis : « Ne sais-tu pas que parmi les groupes, le meilleur est le-leur ? » On a dit : «  Mais, ils font le samâ‘ (chants spirituels) et connaissent l’extase (al-wajd, al-jadhb), il a dit : « Ils appellent à se réjouir en Allah… »   [13]

Il ne s’agit là que d’un échantillon de ce que nos grands Imams nous ont légués comme paroles sur cette noble et indispensable Science de la purification (at-Tasawwuf). Nous espérons que cela suffira à éclairer les cœurs en quête de Vérité.

Qu’Allâh nous facile le chemin de la purification des cœurs, auprès des maîtres authentiques.

Allâhouma sali ‘ala sayidina Muhammad wa ‘ala alihi wa as-sahbihi wa saalam

 

Notes :

[1] La 1ère partie de l’article est basée sur les recherches de Sheykh M. Yasir al-Hanafi

[2] Al-Hāfidh Ibn Taymiyya, Minhaj al-Sunnah (Volume 1, pages 172-173)

L’ouvrage Minhaj Al-Sunnah représente un travail fantastique réfutant les Rawafidh (Chiites) et c’est un livre que nous devrions tous avoir en notre possession et que nous devrions tous avoir lu et nous reconnaissons le mérite qui est dû à al-Hāfidh Ibn Taymiyya pour ce livre.

Pour en savoir plus sur le Soufisme, rdv sur notre page SPIRITUALITÉ (Tassawuf)

[3] Dans un manuscrit unique de Hanbali Yusuf ibn ‘Abd al-Hadi (d. 909 H./1503 CE), intitulé « Bad’ al- ‘ulqa bi labs al-khirqa », découverte dans la bibliothèque de la l’université Princeton, Ibn Taymiyya est inscrit dans une généalogie spirituelle Soufie avec d’autres Savant Hanbalites très connus. Les liens dans cette généalogie sont en ordre de descendance de ‘Abdul Al-Qâdir Al-Jilâni :

– Cheikh ‘Abdul Qâdir Jilâni d. 561 H./1165 CE)
– Abou ‘Oumar b. Qoudama (d. 607 H./1210 CE)
– Mouwaffaq ad-Din b. Qoudama d. 620 H./1223 CE)
– Ibn Ali b. Qoudama d. 682 H./1283 CE)
– Ibn Taymiyya d. 728 H./1328 CE)
– Ibn Qayyim al-Jawziyya d. 751 H./1350 CE)
– Ibn Rajab d. 795 H./1393 CE)

En outre, il y a un autre manuscrit unique, aussi trouvé dans la Bibliothèque Princeton, du travail d’ Ibn Taymiyya lui-même, dans un livre nommé, « Targhib al-Mutahabbin fi labs Khirqat al-Mutammayyazan » par Jamal ad-Din al-Talyani. Voici les propres mots d’Ibn Taymiyya, cités dans son : « al-Mas’ala at-Tabraziyya »: « j’ai porté le manteau Soufi béni de Cheikh Abdul Qâdir Jilâni, ayant entre lui et moi deux cheikhs Soufis. » Dans un autre manuscrit il dit : « J’ai porté le manteau soufi d’un certain nombre de cheikhs Soufis, appartenant à des voies spirituelles diverses, parmi eux Abdul Qâdir Al-Jilâni, dont la Tariqa est la plus grande et la plus connue, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » Après IbnTaymiyya, la lignée continue à travers son étudiant et disciple, Ibn Qayyim Al-Jawziyya et son étudiant Ibn Rajab.

Les références pour ce que nous avons mentionné sont : manuscrit « Al-Hadi » dans la Bibliothèque Princeton, Collection Yahuda, fol. 154a, 169b, 171b-172a; manuscrit « at-Talyani », Chester Beatty, 3296 -8- à Dublin, fol. 67a.

[4] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11. Voir le scan ICI
[5] Passage extrait de Mukhtasar al-Fatawa al-Masriyya.
[6] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11.
[7] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 10.
[8] Passage cité à partir de al-Mas’ala at-Tabraziyya, transmise par Jamal ad-Din al-Talyani dans son Targhib al-Mutahâbbin fi labs Khirqat al-Mutammayyizîn.
[9] Passages cités dans Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra.

[10] Phrase tirée de Durr al-Mukhtâr.

[11] Même si on ne peut pas la relier de manière certaine à l’Imam, la phrase est retenue car rapportée par plusieurs grands spécialistes du hadîth comme Sheykh Ahmad Zarrûq, Sheykh ‘Ali ibn Ahmad al-‘Adawî dans le tome 2 de ses œuvres et par al-Hâfiz `Ali al-Qari al-Harawi, Ibn Ajiba et d’autres.

[12] Phrase citée par ‘Ijluni dans son Kashf al-Khafâ, vol. 1, p. 341.

[13] Phrase citée dans le Tanwir al-Qulûb.

Les facteurs qui déterminent la progression dans la Purification

 

– at-Tazkiyyah –

 

 

purification

 

 

 

Ce n’est pas en regardant les actes d’adoration (jours de jeûnes accomplis, nombres de prières effectuées, temps passé dans le dhikr, type de vêtements portés… ) qu’une personne peut vérifier ses progrès sur la voie de la purification, car il ne s’agit là que de moyens (permettant d’y arriver) et non de la finalité. L’objectif du culte est de vous donner ses fruits, à savoir : un bon caractère, un bon comportement, ce qui plait à Allâh. La meilleure façon de vérifier (le progrès effectué), consiste à questionner son entourage proche. En effet, ils seront capables de dire à la personne sa véritable nature, comment elle se comporte à la maison ou à l’extérieur. Il ne va pas sans dire qu’il peut parfois y avoir un membre de la famille susceptible de biaiser la vérité ou de l’exagérer. Mais à part cela, celui qui souhaite connaitre sa nature et les progrès dans sa purification (tazkiyah) peut le savoir en demandant aux gens autour de lui à propos de son caractère. Ce que dit une personne à propos d’elle-même n’a pas d’importance, ce qui compte c’est ce que disent ceux qui l’entourent.

 

Comment procéder ?

1) Une personne doit demander à sa femme / son mari de lister les bonnes choses qu’elle fait ainsi que les zones sur lesquelles elle a besoin de s’améliorer en termes de caractère. Par exemple, si le mari n’accorde pas assez de temps à sa femme, alors il s’agit d’une chose qui doit être améliorée. Ici, une personne cherche à connaitre son caractère, si la femme se plaint que son mari ne lui achète pas ceci ou cela, ce n’est pas la question, plutôt il s’agit de savoir si ses droits sont bien respectés, si le mari ne lui nuit pas, s’il se comporte bien avec elle, etc.

2) Les parents représentent une grande responsabilité et d’immenses bénédictions car le paradis se trouve sous leurs pieds. Ils sont donc une bonne source à questionner si on souhaite lister les points positifs et négatifs de notre caractère. Les parents donneront une opinion juste de leurs enfants car en règle générale ils souhaitent toujours pour eux le meilleur. Ici, on ne cherche pas à savoir si oui ou non tout va bien à l’université ou si nos parents pensent qu’on gagne bien notre vie, car ce sont là des objectifs de la dunya, et ce n’est pas cela qui est visé dans cet exercice. Ce que l’on cherche à savoir, c’est ce qu’ils pensent de la relation que l’on a avec eux et de notre caractère, de comment on les sert, si on les rend heureux, si on leur rend souvent visite, etc.

3) Quelle est le caractère d’une personne envers sa famille (oncles, tantes, neveux, grands-parents…)?  Ils ont également une image de vous et si quelqu’un leur pose la question, ils sauront également donner de précieuses indications. Par exemple, quelqu’un peut être religieux, mais sa famille pointera du doigt qu’il dit être religieux mais que sur tel ou tel point, ce qu’il fait est en contradiction avec l’Islam. La personne qui pratique l’Islam porte une sorte de drapeau de piété qu’elle brandit pour dire qu’elle agit ainsi parce qu’elle est Musulmane, alors s’il y a conflit entre ce qui est proclamé et ce qui est pratiqué, les gens le souligneront.

4) Les enfants sont un bon moyen permettant de savoir comment nous nous comportons à la maison et ce que nous leur présentons en termes de caractère. Est-ce qu’on est très rude et strict, ou plutôt quelqu’un qui écoute et fait preuve de compréhension. Que voit-il de nous à la maison ?

5) Les voisins. Ils sont aussi des proches et représentent un moyen de déverrouiller et de voir l’image que l’on renvoi et quels domaines doivent être améliorés. Est-ce qu’on ne le dérange pas, est-ce qu’on les aide quand ils en ont besoin, est-on souriant, aimable, etc. Dans tout ce qu’ils diront il y aura surement quelque chose à prendre en vue de s’améliorer.

6) Les partenaires commerciaux et collègues de travail verront quant à eux la personne à travers la lentille du travail. C’est aussi un bon moyen de savoir comment nous sommes en réalité. Cela fournit la base pour voir si quelqu’un qui prie, jeûne et fait d’autres bonnes actions parvient jusqu’aux fruits de l’adoration.

7) Enfin, interroger et regarder le comportement que nous avons vis-à-vis de nos amis, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, ainsi que toute personne avec qui nous sommes en relation, comme la police, les impôts, notre banque, les automobilistes, etc.

De même, celui qui a des animaux sous sa responsabilité, qu’il s’agisse d’un chat, d’une poule, d’un poisson ou d’un âne, peut se demander ce qu’ils diraient de lui si on venait à les interroger.

Ne restez pas avec cette fausse impression de piété, en imaginant que vos adorations (jeûnes, prières…) font de vous une personne pieuse. Si vous désirez connaitre l’état de votre relation avec Allâh, regardez l’état de votre relation avec Sa création.

Êtes-vous en mesure de présenter une feuille blanche quand vous questionnez votre entourage (épouse, enfants…) à propos des défauts de votre caractère ? C’est pourtant là l’objectif de la purification (at-Tazkiyyah). Autrement, qu’avez-vous accompli en termes de Tazkiyyah, de Tassawuf?

Il ne sert à rien de cacher son état. Si vous allez voir un médecin et que vous lui demandez un exposé de votre santé, tout en lui cachant le fait que vous avez un cancer, à qui cela nuira-t-il ? Qui des deux en souffrira ?  Si vous avez une maladie, elle doit être traitée et non pas être cachée, sans quoi elle vous nuira encore et pourrait même s’aggraver (NDT : c’est là le rôle du Sheykh de Tazkiyyah).

Certains pouvaient ne pas accepter le fait que Saydinna Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalaam) était un Prophète, mais personne ne pouvait dire de lui qu’il était une mauvaise personne ou qu’il n’accordait pas son droit à chaque créature avec qui il interagissait.

Le point à garder à l’esprit, c’est que ne sont pas les actes d’adorations optionnels que nous effectuons qui déterminent notre succès, notre progrès et le bon développement du caractère. A vrai dire, il faut regarder la réalité de notre caractère, c’est-à-dire, ce qu’il est en réalité.

Une bouteille peut ressembler et être étiquetée comme contenant de l’eau de Zamzam mais il est possible qu’en réalité elle contienne de l’alcool et ceci est très dangereux et c’est une mauvaise chose. Nous sommes des bouteilles et nous nous sommes nommés Musulmans (soumis et obéissants à Allâh et soucieux du bien être de Sa création). Nous sommes des bouteilles qui marchent, parlent, et notre caractère est notre eau. Un Musulman est plus précieux et digne que l’eau de Zamzam donc il a une grande responsabilité sur la véracité de ses prétentions (son contenu). Telle l’eau de Zamzam qui soigne, guérit, etc. le Musulman doit être bénéfique à ceux avec qui il a des interactions. Les vêtements et l’apparence sont seulement les étiquettes qu’une personne porte et il est facile de prendre n’importe quelle étiquette et de prétendre être ceci ou cela, mais l’intérieur, c’est ce qui transportera réellement une personne en avant, avec l’aspect extérieur comme complément, vers la proximité d’Allah ‘azzawajal.

 

Notes :

Basé sur un dars de Mawlana Ahmad Dabbagh [hafidhuLlâh]

Raviver la science du Soufisme

Par Sheykh Abdullâh Bin Bayyah

binbayyah

 

 

 

A l’occasion de la seconde conférence internationale en l’honneur de Sidi Shiker, Sheykh Abdallâh Ben Bayyah appela les Musulmans à raviver la science du Tasawwuf (Soufisme) et à la réintégrer à la place qui est la sienne afin que les autres sciences de la religion puissent elles-mêmes être ainsi ravivées.

Sheykh Ben Bayyah, l’un des plus grands savants de Mauritanie, déclara également dans son discours intitulé « Les fondements du Soufisme dans le Livre et la Tradition prophétique (Sunna) », que le Soufisme n’est pas une autre religion mais une science provenant du Coran et de la Sunna, et que les savants ont élaboré ses principes tout comme ils ont développé et dérivé les principes de la jurisprudence Islamique – Fiqh – de ces deux sources.

Il définit le Soufisme en utilisant un grand nombre d’arguments et précisa que « ce terme, connu de tous, s’est généralisé au point que sa signification en est devenue obscure ». Il ajouta que les savants de cette science étaient tout à fait conscient des désaccords qui apparurent dans la communauté Islamique et affirma que « le Soufisme est une preuve contre le Soufi mais que le Soufi n’est pas une preuve contre le Soufisme ». Dans sa définition, il souligna que cette discipline représente l’Excellence spirituelle (Ihsân), se basant ainsi sur la célèbre narration de « Djibril », et il ajouta qu’elle implique de rechercher la perfection et de s’imprégner de l’amour et du désir ardent pour la rencontre d’Allâh – Le très Haut.

Sheykh Ben Bayyah déclara également que le soufisme est une science légitimée parmi les sciences de l’Islam lesquelles peuvent porter soit sur l’aspect extérieur – à savoir les actions des membres – laquelle est nommée « al-fiqh » ou sur l’aspect intérieur – à savoir la purification de l’âme, l’apaisement du cœur tout en étant intérieurement détaché de ce bas-monde, … – et ceci est appelé « at-Tassawwuf ».

A propos de son origine, le savant mauritanien allégua qu’elle se trouve dans le Coran et la Tradition prophétique citant pour cela de nombreux versets et hadîths afin d’appuyer ses dires et ceux des premiers fondateurs du soufisme, tel que l’Imâm al-Junayd qui a dit « Notre voie est confinée dans les principes du Coran et de la Sunna. »

Durant son discours, le sheykh se référa à plusieurs reprises au livre « Qawa’id at-Tasawwuf » (les principes du soufisme) du Sheykh Ahmad Zarroûq (m.846h) précisant que ce savant [et maitre] du Maghreb est la « police » des soufis dans le monde.

A la fin de son discours, Sheykh Ben Bayyah aborda certaines critiques faites à l’encontre du soufisme à travers l’histoire telles que : la question des adkhars spécifiques et leurs nombres donnés par les maitres à leurs disciples, l’utilisation du chapelet, la question du tawassul (l’entremise par des hommes pieux comme moyen d’obtenir les bénédictions d’Allah), le tabarruk (qui est la recherche des bénédictions par les reliques des pieux) et la visite des tombes des awliyas. Il confirma que chacun de ces points a une base solide en Islam.