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Déclaration de Sheykh Rajab Deeb suite aux attentats de Paris

 

 

Sheykh Rajab Deeb

 

 

Chers lecteurs, chers lectrice, voici la déclaration que notre bien aimé Sheykh Rajab Deeb a faite suite aux attentats qui ont touché la capitale française en ce triste vendredi 13 Novembre 2015.

Sheykh Rajab Deeb est Syrien, il aime son pays à un point qu’il refuse de le quitter pour rester avec son peuple et ce malgré la guerre qui déchire sa patrie. Sheykh Souleymane rapporte que Sheykh Rajab Deeb lui a dit : « J’ai vécu avec eux toute ma vie et maintenant qu’ils ont une épreuve, je les quitterai? Ferais tu cela ? » Il reste avec eux, parmi eux alors qu’il a les moyens depuis 2011 de quitter son pays et que plusieurs pays sont prêts à l’accueillir.

Il faut que vous sachiez que Sheykh Rajab est un grand savant, l’un des plus importants théologiens de notre époque. A ce titre, sa réflexion doit interroger les Musulmans. Le Sheykh est par ailleurs l’un des principaux Maîtres du Soufisme (Tasawwuf). Qu’Allâh le préserve et le bénisse.

Au Nom de Dieu Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux,

Allâh, Glorifié et Exalté, dit dans son Noble Livre :

{Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers} [Qour’an : Al Anbiya’ (Les Prophètes) ; 21-107]

Si la Miséricorde dans les cœurs de tes adeptes n’est plus, si les nobles mœurs ont disparues et si le pardon et la courtoisie sont perdus que reste-t-il de ta Sunnah [héritage Prophétique] ?

Alors que tu es celui qui enseigne aux gens : la courtoisie, l’amour et les valeurs éthiques envers ceux qui les offensent, qu’en est-il donc des hommes, des femmes, des personnes âgées, des enfants non armés qui se sont montrés bienveillants et charitables envers les sans abri et les opprimés de ta nation ?!?

Comment les personnes qui leur font du mal [à ces derniers] peuvent-ils s’affilier à toi et, en ton nom et au nom de l’Islam, corrompre la terre, tuer des êtres humains, brûler des arbres, détruire des foyers, transgresser et violer les moindres de tes enseignements et ta Sunnah ?

Pardon, ô Messager d’Allâh !

Quant à mon message, adressé à mes bien-aimés, particulièrement aux adeptes de Jésus, fils de Marie et à tous les français :

Ô mes bien-aimés, ma famille, mes fils et filles ainsi que mes frères et sœurs, soyez absolument certains que ce qui vous est arrivé : nous est arrivé ; comme vous avez pleuré, nous avons pleuré et ce qui vous a nui : nous a nui.

Votre ennemi est le notre et les premiers à déclarer n’avoir absolument aucun lien avec ces personnes après le Saint Coran et le Messager d’Allâh c’est nous ainsi que tous ceux qui ont suivi le Prophète, que la Prière et le Salut soient sur lui, avec sincérité et dévotion.

Nous tous rejetons ces personnes et n’avons absolument aucun lien avec eux.

Vous, plus que quiconque savez bien que nous Musulmans, souffrons à cause de ces criminels plus que n’importe qui d’autre au monde : ils nous ont tués, ils ont tués nos enfants, ils ont détruit nos maisons, nous ont expulsés de nos terres et nous n’avons enfin trouvé de réconfort qu’auprès de vous.

Donc qu’Allâh Vous accorde la meilleure des récompenses de la part de nous tous, tout comme Allâh a récompensé le Roi d’Éthiopie de la part des Compagnons du Prophète de Dieu, qui ont trouvé refuge auprès de lui contre les criminels de Quraysh.

Car ceux qui nous tuent et vous tuent sont les descendants des criminels de Quraysh et rien, absolument rien ne les lient au Prophète d’Allâh ni à ses Compagnons.

Que Dieu augmente votre récompense et qu’Il nous accorde ainsi qu’à vous la patience face aux événements survenus, qui nous touchent et qu’Allah fasse de sorte que nos victimes ainsi que les vôtres, résident au paradis du Ferdows [Jardin du Paradis].

Que le Salut d’Allâh et le Salut du Messager d’Allâh soient sur vous.

Et nous vous adressons à tous notre salut, as-Salamu ‘alaykom wa Rahmat Allâh.

 

Les 50 Musulmans les plus influents du Monde en 2015 et 2016

 

Infographie

 

 

Note :

L’influence, c’est le pouvoir social et politique d’une personne qui lui permet d’agir sur le cours des événements, des décisions prises, etc. Ce classement n’est pas le Top 50 des personnes qu’on voudrait y voir, mais le classement tel qu’il a été réalisé par les éminents chercheurs de l’académie Royale Islamique d’étude Stratégique. À ce titre, il est donc susceptible de contenir des personnalités qui déplaisent à tels ou tels groupes ou à telles ou telles personnes. L’influence d’une personne ne se calcule pas seulement sur des critères d’honnêteté, de conformité ou de droiture Islamique, mais aussi sur son pouvoir, son argent, ses réseaux, l’étendue de son public, etc.

 

 

Top50_2015-16

– Infographie réalisée par Sunnisme.com (tous droits réservés) –

 

 

 

Les 50 Musulmans les plus influents du Monde en 2014/2015

– Infographie –

 

 

Infographie Musulmans

– Infographie réalisée par Sunnisme.com (tous droits réservés) –

 

 

Note :

L’influence, c’est le pouvoir social et politique d’une personne qui lui permet d’agir sur le cours des événements, des décisions prises, etc. Ce classement n’est pas le Top 50 des personnes qu’on voudrait y voir, mais le classement tel qu’il a été réalisé par les éminents chercheurs de l’académie Royale Islamique d’étude Stratégique. À ce titre, il est donc susceptible de contenir des personnalités qui déplaisent à tels ou tels groupes ou à telles ou telles personnes. L’influence d’une personne ne se calcule pas seulement sur des critères d’honnêteté ou de droiture Islamique, mais aussi sur son pouvoir, son argent, ses réseaux, l’étendue de son public, etc.

Islam et abolition de l’esclavage


Par Sheykh
‘Abd Allâh bin 
Hamid ‘Ali 

 

esclave

 

 

Question :

Quand je lis le Qour’an, j’ai l’impression que la libération des esclaves est considérée comme quelque chose de moralement bien. Mais le Qour’an ne semble jamais catégoriquement condamner l’esclavage. L’esclavage pur est considéré comme l’une des points sombres de l’histoire humaine, et l’Occident tire une grande fierté à l’avoir aboli. Je me demande pourquoi ni le Qour’an ni le Prophète Muhammad n’ont déclaré l’esclavage illicite ?

 

Réponse :

Il n’est pas facile de répondre à cette question surtout parce que nous n’avons aucune trace d’une réponse claire sur ce point dans les sources Islamiques. Par conséquent, tout ce que je peux offrir comme réponse à cette question difficile est mon analyse personnelle à partir de ma connaissance de l’esprit des enseignements Islamiques. Cela étant dit, je crois qu’il est important de commencer par rappeler certaines réalités se rapportant à l’esclavage colonial, car c’est le côté grotesque et épouvantable de ce système qui généralement suscite l’indignation morale en raison du fait que lorsqu’on évoque l’esclavage, la plupart des gens pensent automatiquement à des personnes d’origine Africaine et à leur situation difficile. Cette indignation se justifie pleinement car c’est principalement en « Occident » que le mot « Noir » est devenu synonyme « d’esclave » à partir du début du 17ème siècle.

A l’époque du Prophète Muhammad ﷺ la plupart des esclaves en Arabie étaient aussi des Africains noirs, mais il ne s’agit pas d’un hasard, compte tenu de la proximité de l’Afrique et de l’Arabie. En dehors de cela, il n’existe aucune preuve de l’existence d’une loi générale ou d’une interprétation stipulant que seuls les Africains noirs étaient susceptibles de devenir esclaves, même si cette même tendance a pu se développer dans le monde Musulman à la même époque ou après que ce soit devenu très répandu en Amériques.

Les esclaves d’Amériques n’avaient généralement pas le droit de se marier. Ils ne pouvaient pas posséder des biens car ils étaient eux-mêmes considérés comme des biens. Ils pouvaient être achetés et vendus à volonté, voire même être séparés de leurs enfants. Il n’y avait pas de lois protégeant les esclaves des violences physiques. Et les propriétaires d’esclaves n’avaient aucune obligation légale de les nourrir, de les habiller, ou de leur fournir des lieux d’habitations convenables. Les esclaves Africains étaient traités comme on traitait les animaux [1].

Non! En fait, la façon dont ils ont été traités était bien pire que celle dont les gens traitaient leurs chiens de chasse. La maltraitance la plus importante était de nature psychologique. Les esclaves n’avaient pas le droit d’apprendre à lire ou à écrire. Ils ont été contraints à changer leurs noms d’origine, leurs pratiques religieuses et leurs croyances. Ils ont été forcés de changer de noms pour qu’on puisse les identifier comme étant la propriété des familles dont ils étaient les esclaves. On leur a fermé les portes de la connaissance de leur passé, on leur a dit qu’ils étaient des bons à rien, et qu’historiquement ils n’avaient en rien contribué à la civilisation. En outre, on leur a appris qu’ils étaient par nature inégaux avec les personnes de race blanche et ce dans tous les domaines. Nonobstant ces faits, il n’est pas évident difficile de juger une période antérieure de l’histoire humaine avec les normes morales d’aujourd’hui. L’esclavage, pour une grande partie de notre histoire fut universelle.

Il n’y a pas que des blancs qui ont asservis des noirs, des noirs ont asservis des noirs. En fait, il est bien établi que de nombreux noirs libres vivant en Amérique avant l’émancipation possédaient eux-mêmes des esclaves noirs. Des Africains réduits en esclavage par d’autres Africains, des Européens réduits en esclavage par d’autres Européens, etc. Tout cela avant la propagation de la doctrine qui a forcé le destin des noirs à devenir des esclaves potentiels, à la fois en Amérique et dans les autres régions du monde dites « civilisées ».

Il existait également une règle générale selon laquelle si des personnes étaient vaincues lors d’une guerre, les survivants qui avaient la chance de ne pas être sauvagement assassinés pouvaient être réduits en esclavage pour le reste de leur vie. Il semble qu’il s’agissait là d’une des façons les plus courantes de devenir un esclave. Il y avait, cependant, d’autres situations qui pouvaient conduire les gens à devenir esclaves. Parmi elles : 1) les attaques dans les villages après lesquelles ses habitants étaient enlevés, vendus ou forcés à la servitude; 2) les déportations qui résultaient de décisions judiciaires de gouvernements Africains corrompus qui cherchaient les récompenses financières des marchands d’esclaves; 3) lorsqu’une personne se retrouvaient endettée en raison d’un manque de fonds pour payer ses dettes elle pouvait devenir l’esclave de ses créanciers ; 4) le manque de ressources pouvait conduire des familles à se mettre au service des propriétaires terriens et autres en échange de moyens de subsistance.

Dans la tradition Islamique, seul un prisonnier de guerre pouvait être amené à devenir esclave. Le Qour’an enseigne que lors des batailles, les vainqueurs Musulmans avaient la possibilité de rendre gratuitement leur liberté aux prisonniers de guerre ou de leur accorder cette liberté en échange d’une rançon [2]. Dans la tradition Prophétique, il existe quelques cas où des prisonniers de guerre ont été exécutés. Ce précédent a établi le droit de tuer les prisons de guerre sous certaines conditions, et lorsque l’esclavage est juxtaposé à cette option, sa gravité est atténuée dans une certaine mesure. Pour certains la question devient, est-il préférable de prendre une vie ou de l’asservir? Un débat contemporain similaire existe parmi les philosophes du droit pénal et les moralistes, et il a trouvé sa place dans les débats sur l’utilité et les conséquences éthiques de l’application de la peine de mort pour certains crimes.

Étonnamment, quand on réfléchi sur ce qui a eu lieu par le passé, lorsque l’esclavage était universellement accepté, on observe que ceux qui étaient réduits en esclavage évitaient la plupart du temps les tentatives d’évasion. Il existe beaucoup d’histoires de propriétaires d’esclaves envoyant leurs esclaves dans des entreprises commerciales uniquement dans le but de voir ces esclaves revenir avec les profits pour lesquels ils avaient été envoyés. Bien sûr, cela ne veut pas dire que tous les esclaves et que toutes les formes d’esclavage engendrent une vision ou une réalité utopique, de même, cela ne prouve pas l’inexistence des révoltes de temps à autre. Il se trouve simplement que lorsque certaines pratiques deviennent normatives dans la psyché collective des gens, l’histoire a montré à maintes reprises que les humains possèdent une capacité à endurer, supporter et surmonter les conditions difficiles et extrêmement désagréables dans lesquelles ils se trouvent alors.

Maintenant, pour comprendre pourquoi ni le Qour’an, ni le Prophète Muhammad ﷺ n’ont interdit l’esclavage, réfléchissons tout d’abord sur les points suivants :

1/ Comme dans la tradition Occidentale, les esclaves étaient considérés comme la propriété légitime de leurs propriétaires, même si le Qour’an est moins explicite sur ce point que les livres de jurisprudence Islamique.
2/ Une personne ne pouvait devenir esclave que suite à sa capture en temps de guerre.
3/ Seuls les adversaires non-Musulmans pouvaient être contraints à la servitude, même si (dans les faits) les Musulmans n’ont pas toujours été à la hauteur de cet idéal.
4/ N’importe qui pouvait devenir esclave, pas seulement les Africains noirs.
5/ Les esclaves pouvaient être achetés ou vendus, mais les membres d’une même famille ne pouvaient pas être séparés les uns des autres, de même, un membre d’une famille ne pouvait pas être l’esclave d’un autre membre de sa famille.

L’Islam exigeait des propriétaires d’esclaves qu’ils respectent les règles suivantes :

1/ Il était exigé des propriétaires d’esclaves qu’ils aient la capacité matérielle de nourrir, vêtir et de fournir un abri à leurs esclaves.
2/ Les propriétaires avaient l’obligation de nourrir et de vêtir leurs esclaves avec de la nourriture et des vêtements de qualité égale à celle qu’ils utilisaient pour eux-mêmes. Le prophète Muhammad ﷺ a dit : « Nourrissez-les de ce que vous mangez, et les habillez-les de ce que vous portez » [3].
3/ Le prophète Muhammad ﷺ a interdit de punir et de maltraiter les esclaves. Lors de son Pèlerinage d’adieu, il a déclaré : « S’ils commettent un péché que vous jugez impardonnable, vendez les esclaves de Dieu. Mais ne les punissez pas » [4].
4/ Il était interdit de contraindre les esclaves à changer leurs noms.
5/ Les esclaves étaient autorisés à posséder leur propre richesse, et à offrir leurs services à d’autres personnes avec la permission de leurs propriétaires.
6/ Les esclaves étaient autorisés à se marier, et le Qour’an encourageait les propriétaires d’esclaves à trouver des partenaires compatibles parmi eux. [5]
7/ La valeur d’un esclave croyant pouvait être rendue égale à celle d’un croyant libre, si la liberté de l’esclave était acquise en réparation du meurtre accidentel d’un croyant libre [6].
8/ Les propriétaires d’esclaves ne pouvaient pas se considérer comme des « maîtres » (asyād). Au contraire, ils devaient se considérer comme des « patrons » (Mawāli).
9/ Un(e) esclave pouvait racheter sa liberté, et un certain nombre d’options permettant l’affranchissement existaient [7].
10/ Le Qour’an a fait la promotion de l’affranchissement comme étant un idéal moral [8].
11/ L’Islam a consolidé la relation entre les propriétaires d’esclaves et les esclaves en attribuant à chacun d’eux une partie de l’héritage de l’autre si l’un d’eux venait à décéder au cours de la vie de l’autre. Le prophète Muhammad ﷺ a dit : « Le patronage [9] n’est le droit que de celui qui affranchit » [10].

Il y a d’autres choses qu’il faut prendre en considération, mais laissez-moi vous dire ce qui suit en guise de résumé. La mission ultime du Prophète Muhammad ﷺ, était d’apporter le salut à l’humanité dans l’au-delà. Dans l’accomplissement de cette mission, il a certifié avoir fourni tous les outils et les connaissances nécessaires pour que chaque croyant puisse atteindre cet objectif. Le cadeau le plus important qu’il nous ait enseigné fut la connaissance que Dieu accepte uniquement les bonnes œuvres qui sont effectuées avec une intention pure. Le fait que les esclaves furent considérés comme propriété privée de leurs propriétaires au cours des époques pré-modernes aurait pu constituer un défi de taille si cela avait permis l’émancipation universelle mettant hors la loi la possession d’esclaves. La guerre civile Américaine nous rappelle cependant les conséquences potentielles qu’il peut y avoir lorsque l’on dépouille des personnes de leurs biens, même s’il est estimé que cette possession est illégale.

Il ne s’agit pas de déprécier le bien qui a résulté de la bravoure de Lincoln et de sa conviction en ce qui concerne les esclaves de l’Amérique. Mais, on est en droit de se demander pourquoi il y a eu jusqu’à ce qu’à ce jour tant de résistance à l’ascension sociale des Noirs depuis l’époque de la Proclamation d’Emancipation. Il suffit juste d’observer toutes les politiques soutenues par le gouvernement, les lois, et les efforts entrepris pour saper le succès des Noirs depuis la fondation des États-Unis d’Amérique. Je dirais précisément que c’est parce que les propriétaires ont été forcés de céder à contrecœur leurs esclaves, après plus d’un siècle d’endoctrinement qui consistait à leur faire croire d’une part que leur race était supérieure à toutes les autres et que d’autre part les noirs ne pourraient jamais être leurs égaux. La législation de Lincoln et le décret présidentiel ne portaient que sur une partie du problème. Pour assurer une paix et un progrès durable dans la société Américaine, il aurait fallu une quantité importante d’introspection et de réalignement mental, incluant l’abandon par Lincoln lui-même de sa propre croyance en l’infériorité des Noirs. Les autres problèmes qui ont fait suite à la proclamation de Lincoln étaient par ex. que d’anciens esclaves étaient abandonnés sans garanties de nourriture, de logement, de travail, de sécurité, et étaient laissés à la merci des anciens propriétaires d’esclaves furieux du nouvel arrangement. Lincoln, en outre, plaidait pour le renvoi des Noirs vers l’Afrique.

Ce que le Prophète Muhammad ﷺ a fondamentalement essayé de faire était de créer une société mentalement et émotionnellement mature et suffisamment préparée pour recevoir en son sein d’anciens esclaves comme partenaires égaux dans la formation du bien-être global de la vie publique et privée. Quand un propriétaire d’esclaves se perçoit non pas comme un « maître » (sayyid), mais comme le « patron » (Mawla) de son esclave, il est alors plus facile pour se propriétaire de voir en l’esclave à la fois un privilège et une responsabilité. Quand on a le devoir de partager sa fortune avec ses esclaves, de les habiller de manière semblable à ce qu’on porte nous-mêmes et de les nourrir avec la même qualité de  nourriture que celle que l’on consomme, il est difficilement imaginable que cette personne nous puissions (en parallèle) avoir le droit d’abuser de lui (ou d’elle). Puis, quand on sait que le propriétaire se voit attribuer une part de la richesse de son esclave et que le principe de réciprocité exige que l’esclave puisse être l’héritier des biens de son/sa propriétaire, il est difficile d’imaginer que le Prophète Muhammad ﷺ ait voulu créer autre chose qu’un climat de fraternité et de solidarité permettant une transition plus facile de la condition d’esclave vers celle de non-esclave.

En agissant ainsi, le ou la propriétaire d’esclave s’assure une place spéciale dans le Paradis de Dieu étant donné sa volonté et de sa décision délibérée d’affranchir cet esclave de ces liens. De l’autre côté, la personne sous obligations ne nourrit dans son cœur aucune rancune pour son ex-propriétaire qui le libère après qu’il l’ait utilisé de manière relativement digne. Je crois que c’est pour ces raisons que ni le Qour’an ni le Prophète Muhammad ﷺ n’ont catégoriquement interdits l’esclavage. L’objectif était de créer les conditions qui ne garantiraient pas seulement une rupture durable de la pratique. Il s’agissait également d’enseigner que toute vie humaine est égale par essence. L’esclavage, selon les enseignements prophétiques était une alternative bien plus attrayante que ce que nous avons trouvé en Amériques. Et gardez à l’esprit que les esclaves n’étaient pas tous noirs.

Was Salam

Abdullâh

 

Notes :

Ps : Ce Hadith n’ayant pas été cité, il est important de rappeler au lecteur cette parole du Prophète ﷺ qui a déclaré : « O les hommes ! Celui que vous adorez est un, et votre père est un. Pas de supériorité à un Arabe sur un non-Arabe, ni à un non-Arabe sur un Arabe, ni à un blanc sur un noir, ni à un noir sur un blanc. La seule supériorité qui compte [auprès de Dieu] est celle de la piété. Ai-je transmis le message ? » [Hadith rapporté par Ahmad, n° 22 978, authentifié par al-Arna’ût : bas de page sur Zâd al-ma’âd, 5/158]

[1] Ces esclaves étaient même moins bien traités que des animaux, car leurs maîtres avaient parfois une haine profonde envers eux et faisaient preuve d’une cruauté extrême.

[2] Qour’an, s47-v4

[3] Hadith Sahih, rapporté par Muslim

[4] Hadith rapporté par Ibn Saad

[5] Qour’an, s24-v32 : « Mariez les célibataires qui vivent parmi vous, ainsi que vos serviteurs vertueux des deux sexes. S’ils sont pauvres, Allâh pourvoira, par Sa grâce, à leurs besoins, car Il est Plein de largesses et Sa Science n’a point de limite. »

[6] Qour’an, s4-v92 : « Aucun croyant n’a le droit de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Si un tel acte se produit, le coupable devra affranchir un esclave croyant et verser à la famille de la victime le prix du sang, à moins que les ayants droit n’en fassent remise. Si la victime est un croyant qui appartient à un groupe hostile, le meurtrier affranchira seulement un esclave croyant , mais si la victime appartient à un groupe auquel vous êtes liés par un pacte, la remise du prix du sang à la famille et l’affranchissement d’un esclave croyant seront exigés du meurtrier. Si ce dernier n’en a pas les moyens, il devra observer un jeûne de deux mois consécutifs, à titre d’expiation prescrite par Allâh, l’Omniscient, le Sage. »

[7] Qour’an, s24-v33 : «  Que ceux, cependant, qui, faute de moyens, ne peuvent pas se marier observent la continence jusqu’à ce que Allâh, dans Sa générosité, pourvoie à leur indigence. Établissez un contrat d’affranchissement en faveur de ceux de vos esclaves qui en expriment le désir, si vous les en jugez dignes. Faites-les bénéficier d’une part des biens dont le Seigneur vous a gratifiés. N’obligez pas vos jeunes esclaves, par esprit de lucre (appât du gain), à se prostituer alors qu’elles veulent rester chastes. Si une telle contrainte est exercée sur elles, Allâh leur accordera Son pardon et Sa miséricorde. »

[8] Qour’an, s90-v12-13 : « Mais sais-tu bien ce qu’est la voie ascendante? C’est la pente qu’on gravit en libérant un être humain »

[9] Patronage : Soutien accordé par une personne importante, par une organisation.

[10] Muslim

 

Est-il permis d’injurier ceux qui insultent les Musulmans?

Par Ustadh Tabraze Azam

 

Injures

 

 

Question :

Est-il « correct » d’insulter les non-Musulmans ou même les Musulmans qui nous insultent, ou qui offensent nos communautés, nos femmes, que ce soit verbalement ou physiquement? Est-il interdit (Haram) de les insulter en retour par des mots tels que, porc, chien, etc.?

Réponse :

Assalamu ‘alaykum wa rahmatoullâhi wa barakatouhou,

J’espère que vous allez bien, insha Allâh.

Pour faire court, la réponse est : Non !

Ibn Hajar al-Haytamî note dans sa liste des choses immorales : « blâmer ou insulter avec virulence un Musulman ou encore attaquer son honneur » [1].

Nahlawi explique que ridiculiser autrui implique qu’il y est du dédain ou du mépris à son égard, d’une manière qui provoque le rire. Ceci est également interdit [2]. Allâh le Très-Haut dit : « Ô vous qui croyez ! Ne vous moquez pas les uns des autres, car parfois ceux qui sont tournés en dérision valent mieux que ceux qui les raillent. Que les femmes ne se moquent pas non plus les unes des autres, car, là encore, les raillées sont parfois meilleures que leurs railleuses. Ne vous dénigrez pas et ne vous donnez pas de sobriquets injurieux. Quel vilain caractère que la « perversion » qui s’allie mal avec la foi ! Ceux qui ne se repentent pas sont les vrais injustes » [3].

Le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a dit : « Le Musulman est le frère du Musulman. Il ne lui fait pas d’injustice, ne le méprise pas et ne lui refuse pas son secours; la piété est ici (en désignant sa poitrine trois fois de suite). Il suffit à quelqu’un, pour être mauvais, de mépriser son frère Musulman. Tout Musulman est sacré pour tout autre Musulman : son sang, ses biens et son honneur » [4].

En outre, Allâh le Très-Haut dit : « Malheur à tout calomniateur à la langue acérée » [5].

Le Messager d’Allâh fut attaqué, maltraité et on lui causa du tort de la plus odieuse des manières, mais il ne répondit jamais, si ce n’est avec la plus belle des conduites, de manière digne et modérée.

Qu’Allâh nous donne une partie de cette beauté prophétique.

Et Allâh seul accorde le succès.

Wassalam,

Tabraze Azam

– Vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani. Publié avec son autorisation –

Notes :

[1] et [2] Keller, Reliance of the Traveller
[3] Qour’an 49/11
[4] Hadith rapporté par Muslim
[5] Qour’an 104/1

La Jurisprudence (Fiqh) des relations entre les Musulmans et les non-Musulmans

Par le Mufti  ibn Adam al-Kawthari

 

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Question :

J’ai vu certains Musulmans garder des liens étroits et avoir de l’amitié avec des non-Musulmans. Quel est donc le point de vue Islamique sur les relations entre Musulmans et non-Musulmans?

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

L’Islam est une religion de miséricorde, de tolérance et de modération. Il enseigne à ses adeptes à être modérés dans tous les domaines et horizons de la vie, dans les aspects du culte, dans les relations avec autrui et dans les interactions avec les membres d’autres confessions. Être extrême, d’une façon ou d’une autre, irait à l’encontre des enseignements purs d’Allâh le Très-Haut et de Son Messager bien-aimé (salallâhou ‘alayhi wassalaam).

Celui qui désire examiner les différents textes du Qour’an et de la Sunnah concernant l’interaction et la façon de communiquer avec les non-Musulmans, verra de manière claire et manifeste cet aspect (de modération). D’une part, l’Islam nous ordonne de ne pas aimer ou nous lier d’amitié avec des non-Musulmans, tandis que d’autre part, de nombreux textes et pratiques du Messager d’Allâh et de ses compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) indiquent que l’on doit traiter les non-Musulmans de la manière la plus respectueuse et amicale.

Malheureusement, ceux qui n’ont pas une compréhension profonde de l’Islam semblent penser qu’il existe une contradiction dans les enseignements de l’Islam en ce qui concerne la manière dont son comportement doit être orienté envers les non-Musulmans. Ils voient les différents textes du Qour’an et la Sunnah admonestant ceux qui ont des relations étroites et amicales avec des non-Musulmans, tandis que d’autres textes semblent indiquer que d’avoir de bonnes relations avec les non-Musulmans est autorisé et encouragé. De même, certains non-Musulmans pointent du doigt l’Islam et ses adeptes, car selon eux l’Islam enseigne la haine, la violence et le rejet des non-Musulmans.

Cependant, avec la susdite explication, il devient clair que ces deux interprétations sont à côté de la plaque. Il n’y a aucune contradiction dans les enseignements de l’Islam. Jamais l’Islam n’a enseigné à ses adeptes la haine pour les autres êtres humains, quelle que soit leur foi. La réalité est que l’Islam enseigne la modération. Il permet aux Musulmans d’avoir de bonnes relations avec les non-Musulmans, mais dans une certaine limite. Cela devient plus clair en regardant les différents textes du Qour’an et les pratiques du Messager d’Allâh et de ses Compagnons.

Il y a de nombreux versets du Qour’an qui interdisent d’avoir une relation étroite et intime avec des non-Musulmans, par exemple :

1) Allâh le Très-Haut dit dans le Qour’an :

« Que les croyants ne prennent pas, à la place des fidèles, les négateurs pour alliés ! Quiconque le fera aura rompu toute alliance avec Allâh, à moins d’y être contraint par un péril à redouter. » [1]

L’Imam Abou Bakr al-Jassas (qu’Allah lui fasse miséricorde) stipule dans l’explication de ce verset :

« La déclaration d’Allâh [à moins d’y être contraint par un péril à redouter] signifie, que si vous craignez qu’ils s’en prennent à votre vie ou aux membres de votre corps, alors vous pouvez vous préserver d’eux en exprimant l’amitié avec les mécréants sans que cela ne vienne du fond de votre cœur … C’est l’opinion de la majorité des savants. » [2]

2) Allah le Très-Haut dit :

« Ô vous qui croyez ! Ne prenez point Mes ennemis et les vôtres pour alliés ! » [3]

L’Imam Abou Bakr al-Jassas (qu’Allah lui fasse miséricorde) affirme que ce verset a été révélé au regard du Compagnon Hatib Ibn Abî Balta’a (qu’Allâh soit satisfait de lui) qui avait écrit aux non-croyants de Quraysh en leur donnant des lignes directrices (concernant leur sécurité et d’autres questions du même acabit). S’il avait agi ainsi, c’est qu’il craignait pour sa richesse et les enfants qu’il avait laissés derrière lui à la Mecque …. [4]

3) Et :

« Ô vous qui croyez ! Ne prenez pas de confidents en dehors de votre communauté, qui feraient tout pour vous corrompre » [5]

4) Et :

« Ô vous qui croyez ! Ne prenez pas les juifs et les chrétiens pour alliés. Ils sont alliés les uns des autres. Quiconque parmi vous les prend pour alliés sera des leurs » [6]

L’imam et exégète Ibn Kathir (qu’Allâh lui fasse miséricorde) déclare dans le commentaire de ce verset :

« Allâh le Très-Haut interdit (dans ce verset) à Ses serviteurs croyants de se lier d’amitié et d’être intime avec les Juifs et les Chrétiens – ceux qui sont ennemis de l’Islam et de son peuple … » [7]

5) Et:

« Tu ne verras jamais ceux qui ont foi en Allâh et au Jugement dernier sympathiser avec ceux qui s’insurgent contre Allâh et Son Envoyé, fussent-ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou de leur tribu » [8]

Les quelques versets Coraniques cités ci-dessus indiquent qu’il est illégal d’avoir une amitié profonde et d’être intime (muwalat) avec des non-Musulmans, même proches. Cependant, de nombreux autres textes du Qour’an et de la Sunnah, les agissements et la pratique du Messager de Allâh, le comportement de ses Compagnons à l’égard des non-Musulmans, indiquent que l’on doit traiter les non-Musulmans avec sympathie, générosité, compassion et sollicitude.

1) Allah le Très-Haut dit :

« Allâh ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Allâh aime ceux qui sont équitables » [9]

2) Et :

« Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l’accomplissement de vos devoirs envers Allâh, et impartiaux quand vous êtes appelés à témoigner ! Que l’aversion que vous ressentez pour certaines personnes ne vous incite pas à commettre des injustices ! Soyez équitables, vous n’en serez que plus proches de la piété ! Craignez Allâh! Allâh est si bien Informé de ce que vous faites » [10]

Dans ces deux versets, Allâh le Très-Haut nous commande de traiter les non-Musulmans de manière juste et honorable. L’aversion ressentie pour leurs croyances ne doit pas inciter un Musulman à les traiter injustement.

Le Messager bien-aimé d’Allâh, qui a été envoyé comme une miséricorde pour toute l’humanité, a fait preuve de bonté, de compassion, de générosité et de politesse envers les non-Musulmans, il est difficile de trouver des exemples semblables dans l’histoire.

Alors que Makka al-Mukarrama était sous l’emprise de la famine, il sortit personnellement pour aider ses ennemis qui lui avaient fait quitter sa ville natale. Lors de la conquête de La Mecque, tous ses ennemis devinrent sous son pouvoir et son contrôle, et pourtant il les libéra tous, leur accorda l’amnistie mais également le pardon pour ce qu’ils firent dans le passé. Lorsque des prisonniers de guerre non-Musulmans furent présentés devant lui, il les traita avec autant de gentillesse et de tendresse que celle que l’on pourrait accorder à ses propres enfants. Ses ennemis lui avaient infligé toutes sortes de blessures et de douleur, mais il ne leva jamais la main pour se venger, ni ne leur souhaita du mal, au contraire il priait pour qu’ils soient guidés. Une délégation de la tribu des Banu Thaqifa (qui n’avaient pas encore accepté l’Islam) vint lui rendre visite. Ils eurent l’honneur de rester dans la Mosquée du Prophète, un endroit considéré par les Musulmans comme le plus sacré des lieux. [11]

Il existe de nombreux autres exemples dans la vie du Messager de Allâh. L’épisode de Ta’if, le traité de Hudaybiyya et beaucoup d’autres événements similaires qui démontrent de manière catégorique le point de vue de l’Islam en ce qui concerne la manière de traiter et de se comporter avec les non-Musulmans.

De même, les Compagnons (Sahaba) du Messager de Allâh ont également traité les non-Musulmans avec tendresse et gentillesse. Ils leur ont donné leurs justes droits et ne les ont jamais opprimés, d’aucune façon.

Ainsi, nous voyons que si l’Islam interdit à ses adeptes d’être très intimes avec les non-Musulmans, dans le même temps, il ne les empêche pas d’être tendres et généreux avec eux. À partir de ces deux principes et des exemples trouvés dans la littérature Islamique, les savants et juristes ont classé l’amitié avec les non-Musulmans en quatre niveaux et étapes :

1) Muwalat ou Mawadda : Il s’agit ici du fait d’avoir des relations étroites et intimes, un amour profond et l’affection du cœur.

Ce type de relation est réservé seulement pour les Musulmans, de ce fait il ne sera pas permis à un Musulman d’avoir ce type d’amitié avec des non-Musulmans. Les versets du Qour’an interdisant aux Musulmans d’entretenir une amitié profonde et étroite avec les non-Musulmans, en particulier le premier verset de la sourate al-Mumtahina, concernent ce genre de relation.

2) Mudarat : Il s’agit ici du fait d’exprimer l’amitié et l’amour seulement extérieurement, sans avoir intérieurement d’amour pour eux et pour leurs croyances. Il s’agit d’une simple expression extérieure de la première étape (muwalat), qui implique d’être agréable, amical, poli et aimable envers les non-Musulmans. Cela consiste à faire preuve de bonnes manières, de courtoisie et à bien se conduire envers les autres êtres humains.

Ce type de relation avec les non-Musulmans est permis, car il est réservé à tous les êtres humains, qu’ils soient Musulmans ou non-Musulmans. Cela devient encore plus important quand l’objectif est de se sauvegarder contre d’éventuels dommages, de convier à l’Islam ou quand il s’agit d’invités. Le verset du Qour’an dans lequel Allâh dit « à moins d’y être contraint par un péril à redouter » se réfère à ce type de relation. Cependant, si l’on craint de corrompre ses valeurs religieuses, alors il ne sera pas autorisé d’entretenir ce type d’amitié avec des non-Musulmans.

3) Muwasat : Il s’agit ici du fait d’aider, d’assister et d’être bon envers les non-Musulmans. Cela comprend l’aide caritative, le soutien, les condoléances, les consolations et soulager du mal, comme donner de l’eau à un non-Musulman ayant soif ou de la nourriture à quelqu’un ayant faim.

Ceci est également autorisé pour toutes les catégories de non-Musulmans, sauf pour ceux qui sont directement en guerre avec les Musulmans. Le verset du Qour’an dans lequel Allâh le Très-Haut dit : « Allâh ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Allâh aime ceux qui sont équitables » se réfère à ce type de relation avec les non-Musulmans.

4) Mu’amalat : Il s’agit ici de commercer, de traiter et d’échanger avec les non-Musulmans. Ceci est également autorisé avec tous les non-Musulmans, sauf avec ceux qui nuisent à l’Islam et aux Musulmans en général. [12]

Ce qui précède illustre clairement la nécessité pour les Musulmans d’être modérés en ce qui concerne leurs interactions avec les non-Musulmans. Malheureusement, certains Musulmans font preuve de démesure, dans un sens comme dans l’autre.

Certains deviennent assez extrêmes dans leur manière de traiter les non-Musulmans, allant jusqu’à considérer tous types de contact avec les non-Musulmans comme péché. Ils sont très agressifs dans leur approche avec les non-Musulmans et ils considèrent les Musulmans ayant une quelconque relation avec les non-Musulmans comme pécheurs.

Cette approche est erronée, comme nous pouvons voir très clairement dans les versets du Qour’an fourni ci-dessus et dans la pratique du Messager d’Allâh et de ses nobles Compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous). Ces personnes doivent prendre conscience que l’Islam ne s’est pas propagé par la force ou l’agression, mais que c’est l’excellent comportement affiché par les Musulmans qui les a convaincus. Beaucoup de grandes personnalités telles que Khalid ibn al-Walid, Amr ibn al-Ass et autres (qu’Allâh soit satisfait d’eux) ont accepté l’Islam quand ils ont observé le comportement spectaculaire du Messager d’Allâh lors du traité d’al-Hudaybiyya. Les gens furent choqués (de manière positive) et étonnés de voir un tel comportement, exprimé même envers les ennemis, ce qui favorisa ensuite leur adhésion à l’Islam.

Aujourd’hui, nous avons une grande opportunité dans la propagation de l’Islam parmi les non-Musulmans. Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour faire Da’awa, mais ce sont les Musulmans qui sont la cause de l’entrée ou non des non-Musulmans dans l’Islam. Les Musulmans doivent s’assurer que leurs mauvaises manières et leur comportement hostile ne soient pas ce qui empêche les gens d’accepter l’Islam. Si nos actions ont pour conséquence d’empêcher à ce que des personnes entrent dans cette belle religion qu’Allâh nous a donné, alors notre responsabilité est engagée et nous devrons en répondre dans l’au-delà.

De l’autre côté, certains Musulmans deviennent si proches et intimes avec des non-Musulmans, qu’il ne reste aucune différence entre la croyance et la mécréance. Dans de nombreux versets, le Qour’an nous a interdit d’aimer dans nos cœurs les non-Musulmans ainsi que leurs croyances. Pourtant, certains Musulmans s’assoient, mangent, vivent et se mêlent aux non-Musulmans, comme si ce n’est pas grave si l’on croit ou non. Ceci constitue l’autre face de l’extrémisme devant également être évité. La vie d’un Musulman a un objectif qui est de vivre une vie conforme aux commandements d’Allâh le Tout-Puissant et de Son Messager bien-aimé, par conséquent, le véritable amour ne peut être donné que pour ceux qui partagent le même but et pas pour ceux qui rejettent cette conception basique de la vie.

Sur la base des explications fournies ci-dessus, nous allons maintenant examiner certaines questions spécifiques relatives aux relations entre les Musulmans et les non-Musulmans :

Donner des cadeaux aux non-Musulmans ou en recevoir de leur part

Il est dit dans Al-Fatawa al-Hindiyya, l’un des ouvrages de référence de l’école Hanafite :

« L’Imam Muhammad (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a enregistré des narrations (en apparence) contradictoires dans son al-Siyar al-Kabir, certains indiquant que le Messager d’Allâh a accepté des cadeaux provenant de non-Musulmans, tandis que d’autres indiquent le contraire, par conséquent, il est nécessaire de concilier entre ces narrations qui sont (en apparence) contradictoires ….

Concernant cette narration dans laquelle le Messager d’Allâh n’avait semble-t-il pas accepté le cadeau provenant d’un non-Musulman, le Faqih Abu Ja’far al-Hindawani a déclaré que si le Messager d’Allâh avait agit ainsi, c’est qu’il pensait que la personne qui lui donnait le cadeau s’imaginait que la lutte entreprise par le Messager d’Allâh avait pour but l’acquisition de la richesse et non pas l’élévation de la Parole d’Allâh. Par conséquent, même aujourd’hui il demeure interdit d’accepter un cadeau d’un tel individu. Quant à la narration dans laquelle le Messager d’Allâh avait accepté le cadeau d’un non-Musulman, il avait agi ainsi car il pensait que la personne donnant le cadeau reconnaissait que le Messager d’Allâh luttait pour l’Islam et l’élévation de la parole d’Allâh et non pour un gain matérialiste. En conséquence de quoi, encore aujourd’hui, il demeure autorisé d’accepter le cadeau d’un tel individu.

Certains savants (Hanafi) ont conciliés d’une autre manière (les récits apparemment contradictoires), en déclarant que si le Messager d’Allâh n’avait pas accepté un cadeau provenant d’un non-Musulman c’est parce qu’il pensait qu’en acceptant son cadeau, cela  affaiblirait sa solidarité, qu’il perdrait le respect et aurait ensuite à adoucir son approche. Tandis qu’il aurait accepté le cadeau d’une personne s’il ne craignait pas les choses précitées ». [13]

Le susdit texte d’Al-Fatawa al-Hindiyya indique qu’il n’y a rien de mal à accepter et à donner un cadeau à un non-Musulman à condition de n’avoir aucune crainte pour sa foi. Le Messager d’Allâh SAW n’acceptait pas le cadeau des non-Musulmans lorsqu’il craignait que ce soit néfaste pour les Musulmans tandis qu’il les acceptait lorsqu’il n’avait pas cette crainte. Au contraire, quand il existe certains avantages à donner et à accepter des cadeaux, tels que l’espoir d’une acceptation de l’Islam, il convient de donner et d’accepter des cadeaux. Si l’on craint pour sa foi, alors on ne doit ni donner ni recevoir de cadeau.

En ce qui concerne le don et l’acceptation de cadeaux pendant la période des fêtes religieuses des non-Musulmans, comme les fêtes Noël, de Diwali, etc, c’est permis, car cela n’est pas en soi un acte religieux, mais une coutume sociale. L’intention de donner des cadeaux n’est pas de respecter la fête religieuse, mais plutôt de faire preuve de respect et de courtoisie envers celui à qui le cadeau est donné, comme le souligne l’Imam Ashraf Ali al-Tahanawi (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans son célèbre Imdad al-Fatawa, 3/482.

Par conséquent, il est permis de donner et de recevoir des cadeaux pendant la période des fêtes de fin d’année, avec l’intention de permettre au non-Musulman de se rapprocher de l’Islam, à condition que deux conditions soient remplies :

a) Le cadeau ne doit pas être donné dans l’intention de célébrer une fête non-Musulmane, mais plutôt de faire preuve de courtoisie envers un autre être humain,

b) Le cadeau ne doit pas être quelque chose qui est relié à la fête religieuse non-Musulmane, comme un arbre de Noël.

Inviter des non-Musulmans à manger et accepter leur invitation

Il est permis d’inviter un non-Musulman à dîner chez soi de temps en temps pour renforcer les liens familiaux ou pour entretenir d’autres liens sociaux. Sans un tel besoin, on devrait éviter d’en faire une habitude. De même, il sera autorisé d’accepter ce type d’invitation provenant d’un non-Musulman, à condition d’être certain que la nourriture est Halal et qu’il n’y a pas sur place d’activités illégales. [14]

Le Messager d’Allâh a lui-même accepté l’invitation d’un non-Musulman et il est venu manger chez lui [15]. De même, le Messager d’Allâh a invité des non-Musulmans dans sa demeure [16].

Il est dit dans al-Fatawa al-Hindiyya :

« Est-il permis de manger avec un adorateur du feu ou tout autre non-croyant? Il a été rapporté de l’Imam Hakim Abd al-Rahman al-Katib que si un Musulman est confronté à cela une ou deux fois, alors il n’y a rien de mal à cela, par contre il est détestable d’en faire une habitude » [17].

Assister à des fêtes religieuses non-Musulmanes

Il n’est pas permis à un Musulman de participer aux fêtes et cérémonies religieuses des non-Musulmans, car cela impliquerait l’approbation de leur foi. En prenant part à leurs fêtes religieuses, on approuve indirectement leur mécréance (kufr) et leur religion [18]. Le Messager d’Allâh a même interdit aux Musulmans la Salat à l’heure du lever du soleil, lors du zénith et au coucher du soleil, car cela ressemblait extérieurement aux adorateurs du soleil.

Rendre visite à un non-Musulman malade

Il n’y a rien de mal à visiter un non-Musulman qui est malade (iyada), qu’il soit Chrétien ou Juif [19]. On rapporte que le Messager d’Allâh rendait visite aux non-Musulmans lorsqu’ils étaient malades, comme cela est indiqué dans les ouvrages relatifs à la Sunnah.

Rendre visite et offrir ses condoléances lors d’un décès

Il est autorisé de rendre visite à un non-Musulman pour présenter ses condoléances lors d’un deuil familial.

Il est dit dans al-Fatawa al-Hindiyya :

« Si un non-Musulman décède, on peut dire au père du défunt ou à quelque autre de ses parents : Que Dieu vous récompense par quelqu’un de meilleur et vous honore par l’Islam, et qu’Il vous accorde un enfant Musulman … » [20].

Ainsi, il est autorisé de rendre visite à un non-Musulman dans le cas d’un deuil familial, mais il convient, lors des condoléances, de lui souhaiter qu’Allâh lui accorde quelqu’un de meilleur que le défunt non-Musulman.

Assister à la cérémonie des funérailles d’un non-Musulman

Il est permis d’assister aux obsèques d’un parent non-Musulman, issu de la famille, d’un voisin ou d’un proche. Il est dit dans al-Bahr al-Ra’iq :

« Et l’on peut suivre les funérailles d’un non-Musulman, de loin …» [21]

Il n’est toutefois pas autorisé d’assister à une cérémonie d’obsèques religieuses, surtout quand cela implique qu’il faille prier pour un non-Musulman après son décès. Faire des invocations  et prier en faveur d’un défunt non-Musulman, en lui dédiant les récompenses (isal al-Thawab) etc. est illégal. Le Messager d’Allâh a demandé à ce qu’on ne prie pas pour son oncle Abu Talib. Il en a été de même avec Sayyidina Ibrahim (sur lui la Paix).

Allah le Très-Haut dit :

« Il ne sied ni au Prophète ni aux croyants d’implorer le pardon d’Allâh en faveur des polythéistes, fussent-ils leurs proches, une fois bien établi que ceux-là sont destinés à être les hôtes de l’Enfer. » [22]

Cependant, il sera autorisé d’invoquer Allâh afin qu’un(e) non-Musulman(e) vivant(e) soit guidé(e), dans l’espoir que cette personne accepte l’Islam. Il sera également autorisé d’invoquer pour la santé et le bien-être d’un non-Musulman. [23]

Les non-Musulmans et la Mosquée (Masjid)

Il est autorisé aux Musulmans de donner la permission aux non-Musulmans d’entrer dans la Mosquée, notamment à des fins de Da’awa. Il est dit dans Al-Fatawa al-Hindiyya :

« Il n’y a rien de mal à ce que les non-Musulmans (dhimmis) entrent dans le Haram de la Mecque (Al-Masjid al-Haram) et dans toutes les autres Mosquées. C’est l’opinion la plus solide dans le madhaab (Hanafite), comme mentionné dans al-Muhit de Sarakhsi. » [24]

Les Musulmans et les lieux de culte non-Musulmans

Il est déconseillé (makruh) pour un Musulman de pénétrer dans un lieu de culte non-Musulman, comme une église ou une synagogue [25], sauf s’il y a un avantage certain, plus important que ce mal.

Se lever en respect pour un non-Musulman

Il est dit dans Al-Fatawa al-Hindiyya :

« Si un non-Musulman (dhimmi) entre et qu’un Musulman se lève pour lui ; s’il se lève avec l’espoir de le faire entrer en Islam, alors il n’y a rien de mal à cela. Toutefois, si l’on se lève sans avoir cette intention ou qu’on se lève en raison de sa richesse, alors cela est détestable. » [26]

Par conséquent, il sera permis de se lever pour un non-Musulman sans pour autant éprouver de respect pour la foi qu’il porte dans son cœur et également si cela est fait pour une raison diplomatique, telle que l’espoir qu’il accepte l’Islam ou pour prévenir l’inimitié ou la haine. Le Messager d’Allâh s’est lui-même levé pour Ikrima Ibn Abî Jahl (chef des Quraysh) et Adi ibn Hatim (chef de la tribu des Banu Tay) avant qu’ils n’aient accepté l’Islam. Cependant, on doit éviter de se lever en respect pour la foi ou les croyances d’un non-Musulman.

Serrer la main des non-Musulmans

Il n’y a rien de mal à serrer la main d’un voisin Chrétien (c’est à dire d’un non-Musulman – et autres) en revenant d’un voyage (par ex.) si le non-Musulman est offensé qu’on ne lui serre pas la main. [27]

Cependant, il faut veiller à ne pas commettre autre chose d’illégal, tel que serrer la main d’un non-Mahram du sexe opposé.

Faire preuve de charité envers les non-Musulmans en leur versant la Zakat (et/ou autres)

Il y a consensus des savants (ijma’) sur le fait que la Zakat ne peut pas être donnée aux non-Musulmans, comme cela est mentionné par l’Imam al-Kasani, Ibn Qudama, Buhuti, et d’autres. Le Messager d’Allâh a précisé que la Zakat se doit d’être prise aux Musulmans aisés et distribuée aux Musulmans pauvres. [28]

Cependant, il est permis d’aider et d’assister les non-Musulmans se trouvant dans le besoin en leur donnant d’autres formes de charité, comme par ex. en faisant preuve de bienfaisance et en étant équitable avec eux, comme cela est commandé par le Très-Haut dans le Qour’an. Si l’on craint que l’argent soit utilisé contre l’Islam et les Musulmans, alors il ne faut pas leur donner d’assistance caritative.

Enfin, on devrait toujours se rappeler que notre amour, notre haine, notre respect et notre  aversion se rapportent aux actions et non aux personnes qui commettent ces actes. Ainsi, nous n’aimons pas l’acte de mécréance (kufr), mais nous ne détestons pas les non-Musulmans car ils font également partie de la création d’Allah, par conséquent les non-Musulmans méritent les mêmes droits que les Musulmans. Qu’Allah le Très Haut nous donne la capacité de vivre une vie qui soit en accord avec Sa Satisfaction et avec celle de Son Messager bien-aimé. Ameen.

Et Allâh est plus Savant

[Mufti] Muhammad ibn Adam
Darul Iftaa
Leicester, Royaume-Uni

Notes :

[1] Qour’an, 3/28
[2] Ahkam al-Qour’an, 2/289
[3] Qour’an, 60/1
[4] Ahkam al-Qour’an, 5/325
[5] Qour’an, 3/118
[6] Qour’an, 5/51
[7] Tafsir Ibn Kathir, 2/94
[8] Qour’an, 58/22
[9] Qour’an, 60/8
[10] Qour’an, 5/8
[11] Voir : Ma’arif al-Qour’an, 2/51
[12] Source : Ahkam al-Qour’an, Al-Fatawa al-Hindiyya, Ma’arif al-Qour’an, 2/50-51, Jawahir Al-Fiqh, 179-193 et Ifadat Ashrafiyya, P: 11
[13] Al-Fatawa al-Hindiyya, 5/347-348
[14] Al-Fatawa al-Hindiyya, 5/347
[15] Voir : Ibn Qudama, al-Mugni, 7/3
[16] Sahih Mouslim, n° 2063
[17] Al- Fatawa al-Hindiyya, 5/347
[18] C’est-à-dire, participer de manière active à un acte religieux non-Islamique lors d’une fête religieuse non-Musulmane.
[19] et [20] Al-Fatawa al-Hindiyya, 5/348
[21] Dans al-Bahr al-Ra’iq, 2/205
[22] Sourate al-Tawbah, 9/113
[23] al-Mawsu’a al-Fiqhiyya, Koweït
[24] et [25] al-Fatawa al-Hindiyya, 5/346
[26] al-Fatawa al-Hindiyya, 5/348
[27] al-Fatawa al-Hindiyya, 5/348
[28] Sahih al-Bukhari, n° 1365

Lettre ouverte aux musulmans qui promettent l’enfer à d’autres musulmans

 

Par le Sheikh Ahmed Al-‘Alawî 


enveloppe

 

 

Répondant un jour a un  » Sheikh  » salafi-wahhabite qui faisait des Soufis l’un des groupes qui iront en enfer selon la parole du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam) : « Ma communauté se divisera en soixante-dix et quelques groupes. Tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui auront suivi cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons. », le Cheikh Al Alawi eut la réponse suivante :

« Mais pourquoi donc ne cites tu pas le hadith qu’a rapporté l’Imam Al-Ghazali dans son Fasl al-tafriqât ? Le Prophète a dit : « Ma communauté se séparera en soixante-dix et quelques groupes. Ils iront tous au paradis, excepté le groupe des hérétiques. » Bien sûr, ton regard n’est pas tombé sur ce hadith ! Il s’est arrêté à ce qui t’arrangeait pour promettre le feu au reste des Musulmans et vous réserver exclusivement le paradis, à tes semblables et à toi même.

Dis : « Si la demeure dernière auprès de Dieu vous est réservée, à l’exclusion de tout autre, souhaitez donc la mort si vous êtes sincères ! » Mais ils ne la désireront jamais à cause des œuvres qu’ils ont accomplies. Dieu connaît bien les injustes. (Coran 2,94).

J’imagine que tu dois te demander comment l’on peut concilier ces deux paroles du Prophète. Tu ne trouveras qu’un soufi pour résoudre cette difficulté ou d’autres du même ordre. Malheureusement tu ne pourras t’abaisser à le questionner, car la jalousie a clos en toi la porte de l’objectivité et t’empêche de reconnaître tes carences. Quoi qu’il en soit, je dirai ce que Dieu a révélé [à ce soufi] ; a supposer que tu n’en aies pas besoin, cela pourra toujours servir aux autres.

Ces deux paroles sont aisément conciliables. Il suffit pour cela de considérer que le terme « communauté » désigne l’ensemble de ceux auxquels le message est prêché dans le premier hadith, et l’ensemble de ceux qui répondent à cet appel dans le second. Le sens s’éclaircit dès lors que l’on exploite la forme complète du hadith, qui est le suivante. Le Prophète a dit : « Les Juifs se sont séparés en 71 groupes et les Chrétiens en 72. Quant à ma communauté, elle se séparera en 73 groupes ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons. »

La succession mentionnée met en évidence qu’il existait 70 religions avant la venue de Moïse – sur lui la paix -, la sienne constituant la 71ème. Ces groupes sont voués à l’enfer, en dehors de ceux qui ont suivi cette voie qui était la sienne – sur lui la paix – et celle de ses Compagnons. L’ensemble des 71 groupes peut être appelé sa « communauté » parce qu’il était l’Envoyé de Dieu pour cette époque, et que sa prédication d’adressait donc à eux. Après la venue de Jésus – sur lui la paix -, qui complète le chiffre de 72, tous les groupes autre que ceux qui suivaient sa voie et celle de ses disciples sont destinés au feu. Ahmad – sur lui la grâce et la paix – fut par la suite envoyé avec la religion ahmadienne [1] qui correpond au 73ème des groupes mentionnés ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la sienne et celle de ses Compagnons.

Et là encore, le mot « communauté » désigne l’ensemble des gens auxquels sa prédication s’adresse ; il disait en effet : « Je suis l’Envoyé de Dieu pour tout homme vivant à mon époque ou né après moi ». Après lui, la religion ahmadienne s’est divisée, selon le deuxième hadith, en soixante-dix et quelques groupes ; ils représentent les différentes écoles et les approches divergentes, dont les partisans iront tous au paradis, à l’exclusion des hérétiques.

Voila ce qu’exigent la bonté Muhammadienne et la miséricorde divine ! S’il n’en était ainsi, c’est la presque totalité de la communauté qui serait perdue, puisque seule une partie sur soixante-dix et quelques serait sauvée ; d’ailleurs, en l’occurence, rien ne permet d’identifier clairement cette partie, et ce qui le prouve, c’est que chaque groupe prétend être l’heureux élu [2]. Quant à moi, j’affirme que Dieu – gloire à Lui – est conforme à la [bonne] opinion qu’ont de Sa Personne ceux qui croient en Lui, à Son Prophète et au Jour dernier, lorsqu’ils font un effort pour se rapprocher de Lui. S’ils tombent juste, deux récompenses leur échoient [3], dans l’hypothèse inverse, ils en obtiennent au moins une.

Il sont donc récompensés quoi qu’il arrive, que tu le veuilles ou non, car les créatures ne sont pas dans l’obligation d’être infaillibles ; elles sont simplement tenues d’essayer d’être dans le vrai, et cela s’explique par la « largesse » de la voie ahmadienne, à laquelle fait allusion ce verset : Il ne vous a imposé aucune gène dans la religion (Coran 22,78). En témoigne également le hadith marfû [4] rapporté par Tabarânî, selon lequel le Prophète a dit : « 300 chemins (tarîqa) différentes mènent à ma loi (sharî’a). Il suffit de suivre l’un d’entre eux pour être sauvé. » Mais ce qui corrobore plus encore cette idée, c’est le hadith rapporté par As-Suyûtî dans son Jâmi’ al-saghîr, selon lequel le Prophète a dit : « Dans toute communauté, une partie des gens va au paradis tandis qu’une autre se retrouve dans le feu, sauf dans le cas de ma communauté qui, toute entière, ira au paradis. », et – s’il plaît à Dieu – il en sera bien ainsi !

Notes :

[1] Allusion au hadith : « J’ai été envoyé avec la hanîfiyya samha » (la hanîfiyya désigne le monothéisme abrahamique pur), de ce fait l’Islam est une religion facile (samha), c’est à dire simple, conformément au verset coranique (22,78) : Il ne vous a imposé aucune gène dans la religion ; la religion de votre père Abraham. Ahmad est le nom « céleste » du Prophète.

[2] Référence au hadith suivant rapporté par Bukhâri et Muslim. Le Prophète a dit : « Dieu – exalté soit-il – a dit : « Je suis conforme à l’opinion que Mon Serviteur se fait de Moi… » ». Dans d’autres variantes de ce hadith, le discours divin continue ainsi : « Alors qu’il pense de Moi ce qu’il veut », ou encore : « Alors qu’il ait une bonne opinion de Moi ».

[3] C’est à dire l’une pour la sincérité de l’intention et l’autre pour le bon résultat : ce sont les termes d’un hadith rapporté par Muslim (n°4261) à propos de la fonction de juge (savant).

[4] Un hadith marfu’ est un hadith qui remonte jusqu’au prophète Muhammad.

Pour plus d’informations voir le dossier complet : Le Groupe Sauvé