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La Prière de l’Aïd à la maison

Priere Aid maison

بِسْمِ ٱللَّٰهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ

Question :

En raison de la situation sanitaire actuelle liée au Coronavirus (Covid-19), les mosquées sont fermées et les rassemblement interdits. De ce fait, pouvons-nous effectuer la prière de l’Aïd à la maison, seul ou en groupe ?


Le Statut de la prière de l’Aïd (Salât ul-‘Id)

Salatul-’Id est une Sunnah fortement recommandée (Mu’akkada) pour l’homme qui remplit les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (libre, pubère, doué de raison, résident). Quant aux femmes, cela est simplement recommandé (Mustahab). Elle doit normalement être priée dans un Musallâ (espace ouvert à l’extérieur d’une Mosquée) ou sinon dans les mosquées.

Est-il possible d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en cette période de confinement ?

Dans la situation sanitaire actuelle liée à la pandémie, les Musulmans ne sont pas en mesure d’assister à cette prière que ce soit dans une Mosquée ou dans un Musallâh. Il est alors recommandé d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en congrégation ou individuellement. Elle se prie dans sa forme classique et connue, mais sans effectuer de khutba (discours/prône).

Concernant les personnes qui vivent seules et qui ne remplissent pas les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (une femme par ex.) ou qui vivent avec des personnes dans la même situation (une femme avec ses enfants par ex.), ces personnes pourront la prier individuellement, mais pas en groupe.

Comment se prie-t-elle ?

Cette prière est constituée de deux unités (rakat) à voix haute si on est en groupe et à voix basse si on la prie seul, sans adhan préalable ni iqama. Elle doit être effectuée dans son temps classique, c’est-à-dire le jour de l’Aïd, au moment où les prières surérogatoires (nawafil) deviennent licites en matinée (à partir du moment où le soleil s’est levé à hauteur comparable à celle d’une lance, donc un peu après shourouk), jusqu’à l’heure de zawâl (le déclin du soleil du zénith, autrement dit, un peu avant le début du temps légal du dhuhr).

1ère rakat : 1 takbirat inaugurale (takbirat ul-ihram = Allâhu Akbar), puis 6 takbirat (à voix haute (7 au total) – il faut les prononcer à la suite, mais pas trop rapprochés de manière à ce que ceux qui suivent puissent avoir le temps de répéter). On ne lève ses mains que lors de la toute première takbirat (takbirat ul-ihram), mais pas pour les suivantes. On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

2ème rakat : on prononce 5 takbirat, après celle qui a été prononcée lors du redressement en station debout (6 au total). On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

On termine la prière normalement puis on effectue un salaam à droite pour sortir.

Quelles sont les recommandations avant d’effectuer cette prière à la maison ?

– Faire un Ghusl
– Se parfumer (sauf les femmes si elle sortent)
– Se parer de vêtements neufs ou beaux, si on en a les moyens
– Déjeuner avant de prier, avec une ou trois dattes.
– Invoquer abondamment Allâh par la formule : ‘Allahu Akbar’ jusqu’à la prière.
– Sourire, se féliciter mutuellement et montrer la joie liée à ce jour

Qu’Allâh عزوجل accepte notre jeûne et nos bonnes actions accomplies durant ce mois de Ramadan et qu’Il pardonne nos péchés et nos manquements.

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

Selon le madhhab Mâlikîyy

Pour en savoir plus sur la prière de l’Aïd, n’hésitez pas à écouter le cours de Sheykh AbderRahman (ci-dessous) : 

Puis-je louper une Prière à cause d’un examen

 

Sheykh Abdurragmaan Khan

 

 

 

 

Question :

Assalam alaykoum,

Parfois, je dois passer un examen qui se déroule en plein milieu d’un temps de prière. Puisque la durée de l’examen est limitée, quitter la salle un instant pour prier pourrait m’empêcher de terminer l’examen à temps. Puis-je rater une prière pour la faire juste après la fin de l’examen ?

 

Réponse :

Wa ‘alaykum as-salam,

Merci pour ta question.

La prière représente l’acte d’adoration le plus important. C’est ce qui distingue les croyants des non-croyants. Le Prophète ﷺ, pour souligner l’importance de cette pratique et ô combien elle ne doit jamais être ignorée, a dit que le croyant doit prier debout ; celui qui ne peut pas le fera assis, sinon étendu sur son côté, sinon allongé sur son dos (dans cet ordre-là).

Les savants ont également ajouté qu’il devra prier en bougeant sa tête et s’il n’en est pas capable, il priera en bougeant ses yeux. S’il ne peut faire cela, il priera alors dans sa tête. Tout cela souligne la sacralité de la prière et à quel point il est important de ne pas la délaisser.

Cela étant, certains savants Shafi’ites et Hanbalites ont permis le regroupement de prières (Dhur et ‘Asr ; Maghreb et ‘Isha) lorsque les conditions pour les effectuer sont difficiles (ndt : et que cela se justifie). Ainsi, si par exemple ton examen commence avant al-‘Asr et qu’il se termine après le Maghreb, et qu’il t’est impossible de sortir de la salle pour prier al-‘Asr, alors cette situation justifie que tu regroupes al-‘Asr avec la prière de Dhor pendant le temps du Dhor avant ton examen. Les conditions permettant de joindre les prières devront être respectées, en sachant que raccourcir les prières n’est pas autorisé dans ce cas-là.

Puisse Allâh augmenter notre attachement à la Prière et nous accorder la constance. Amine. Wassalam.

Sheykh Abdurragmaan Khan

 

Notes :

Sheykh Abdurragmaan a reçu ijazah ‘ammah de la part de plusieurs grands savants dont (entre autres) : Habib Umar Ibn Hafiz (une personnalité qui l’affecta profondément et qui a changé sa relation avec Allah), Maulana Yusuf Karaan (ancien Mufti de Cape Town), Habib ‘Ali al-Mashhur (actuel Mufti de Tarim), Habib ‘Umar al-Jaylani (Mufti Shafi’i de la Mecque), Sayyid Ahmad bin Abi Bakr al-Hibshi, Habib Kadhim as-Saqqaf, Sheykh Mahmud Sa’id Mamduh, Maulana Abdul Hafiz al-Makki, Sheykh Ala ad-Din al-Afghani, Maulana Fazlur Rahman al-Azami et Sheykh Yahya al-Gawthani

Ps :  Ceci n’est pas l’avis majoritaire dans l’école (ni rajih, ni mashhur). Cependant, cette fatwa est susceptible d’être utilisée pour des cas exceptionnels (darura)..

Voir chez nos frères du site Doctrine Malikite (n°4. Réunir les prières pour les travailleurs et les étudiants) : http://www.doctrine-malikite.fr/forum/La-derogation-du-regroupement-des-prieres_m37528.html

Le Mufti Abu Layth al-Maliki a aussi donné cette permissivité :

 

Wa Allâhu a’alam.

Comment attraper Laylat al-Qadar (la Nuit du Destin)

 

 

 

 

« En vérité, Nous avons révélé le Coran dans la nuit de la Destinée. Et quelle merveilleuse nuit que la nuit du Destin ! Car la nuit de la Destinée vaut plus que mille mois réunis ! C’est au cours de cette nuit que descendent, avec la permission de leur Seigneur, les anges et l’Esprit saint pour exécuter tout ordre divin. Et c’est au cours de cette nuit que règne une paix ineffable jusqu’au lever de l’aurore ! » [1]

 

Son nom Béni : Laylat al-Qadar (Traduit en Nuit du Destin, ou Nuit du Mérite, ou Nuit du Pouvoir…)
Nuit [Layl] : Indique le temps depuis le coucher du soleil (maghreb) jusqu’à l’aube (subh).
Pouvoir [al-Qadar] : Ce mot inclut différentes significations comme l’honneur,  la sérénité, le jugement et le pouvoir. Les savants divergent quant à la signification de ce mot lorsqu’il est utilisé en relation à cette nuit spéciale qui survient Durant le mois de Ramadan.

Voici les interprétations les plus répandues :

1. Magnificence et honneur.

Ce sens est évident parce que c’est durant cette nuit que le Qur’an a été envoyé, que la Prophétie a été annoncée et que les anges descendent. D’autres savants ont estimé que celui qui a ravivé cette nuit par l’adoration deviendra honorable car Allâh (swt) élèvera son rang.

Enseignements :

En tant que Musulmans, nous devrions nous sentir honorés car Laylat-al-Qadar est la nuit durant laquelle le Qur’an a été envoyé et le Prophète ﷺ a été choisi par Allâh. Cependant, ce fut aussi la nuit fut témoin de la naissance d’une nouvelle nation religieuse – la nation du Prophète ﷺ – et nous sommes bénis par le fait d’appartenir à cette nation. Vous sentez-vous humble? Vous sentez-vous béni de faire partie de cette nation? Sentez-vous et partagez-vous la grandeur de cette nuit? Vos actions reflètent-elles cette humilité? Si l’on veut être honoré, alors soyons-le en adorant Allâh.

2. Quelque chose de restreint ou difficile à atteindre.

La date exacte de la Nuit du Destin est inconnue. La connaissance de son apparition est limitée aux hommes. Sheikh `Abd Al-Qâdir al-Jilaniyy رحمه الله a dit : « Si une personne s’interroge pourquoi Allâh n’a pas appris à Ses Serviteurs la date précise de Laylat Al-Qadr, à la différence de la nuit du vendredi, c’est afin qu’ils ne comptent pas uniquement sur leurs œuvres de cette nuit. Certains risqueraient en effet de se dire : « nous avons œuvré une nuit meilleure que mille mois ; Allâh nous a pardonné, et nous a accordé les hauts degrés et les prairies du Paradis ». Ils tomberaient alors dans la négligence et se sentiraient à l’abri, en nourrissant des espoirs [sans œuvrer avec constance], ce qui les mènera à la perte. […] On dit qu’Allâh a occulté cinq choses dans cinq autres : Sa Satisfaction devant les actes d’obéissance, Sa Colère devant les péchés, la prière médiane parmi les prières, le saint (waliy) parmi les créatures, et Laylat Al-Qadr dans le mois de Ramadan. La seule façon de la trouver est de faire des efforts et de la chercher. Il est aussi rapporté que durant cette nuit bénie, la terre est rempli de la présence d’un nombre infini de malaikah (anges).

Enseignements :

Quand quelque chose est caché, c’est un signe de sa valeur. Celui qui comprend vraiment ce point travaillera pour trouver le trésor caché dans cette nuit.

3. Jugement et décision.

C’est la nuit durant laquelle les anges distribueront ce qui est destiné aux serviteurs d’Allâh en ce qui concerne les provisions et la durée de vie de ces serviteurs pour l’année prochaine. Certains savants ont soutenu que la nuit où les provisions et la vie sont distribués se situe au milieu du mois de Sha’ban (le mois précédant Ramadan). Cependant, la majorité des savants estiment que c’est cette nuit, la Nuit du Destin.

Ses signes :

A quel moment arrive-t-elle?

Laylat al-Qadar a lieu dans les dix dernières nuits du Ramadan. Il est rapporté que le Prophète ﷺ a déclaré : « J’ai assisté à la Nuit du Pouvoir, puis j’ai oublié [quelle nuit c’était]. Elle se produit dans les dix dernières nuits (du Ramadan). » [2] Il y aussi ce Hadith d’après ‘Aîcha رضى الله عنها, qui a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Recherchez Laylatu l-Qadr (la Nuit du Mérite) dans les nuits impaires de la dernière décade de Ramadan ». [3]

C’est une nuit où il a été dit que l’Angle Jibril (‘alayhi salam) descend sur terre avec une énorme foule d’anges afin que les habitants de la terre puissent en bénéficier. C’est une nuit qui est remplie de paix, de sérénité et de sécurité et celui qui prie cette nuit ressentira une étrange fraîcheur et une tranquillité, sans que Shaytan puisse faire quoi que ce soit [4]. Il est aussi possible que la personne a qui Allâh a accordé cette nuit voit des lumières ou des anges ou entendent leur voix. Il a été dit que ces bénédictions descendent jusqu’à l’apparition de l’aube. Le matin, lorsque le soleil se lève, il n’y a pas de rayon (lustre) autour de lui.  On peut aussi certains signes en songe, ce qui est un grand bien, mais cela reste moins important que si cela se passe à l’état d’éveil.

Il faut chercher cette nuit dans les 10 dernières, et parmi elles, dans les impaires (21,23,25,27,29), mais beaucoup s’accordent pour dire que Laylat ul-Qadr est plus proche de la vingt-septième nuit en raison du hadith d’Ubay ibn Ka’ab رضى الله عنه qui a dit : « Par Allâh, je sais dans quelle nuit elle se trouve. C’est la nuit que le messager d’Allâh ﷺ nous a ordonné de passer en prière. C’est la vingt-septième nuit. » [5]

Que l’on voit ou non les signes, c’est une nuit qui en valeur vaut 1000 mois d’adoration. L’Imâm Ibn Kathîr رحمه الله rapporta dans son exégèse que Sufyân Ath-Thawrî a dit, selon Mujâhid : « La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois », signifie, jeûner, œuvrer et passer cette nuit dans la prière est meilleur que mille mois. Celui qui aura œuvré sincèrement durant Ramadan avec agrément d’Allâh il aura inshaa Allâh gagné les récompenses de cette nuit là, parmi lesquels le pardon des péchés antérieurs.

La Nuit :

La nuit du Destin est douce, comme l’a déclaré le Prophète ﷺ : « C’est une nuit douce, ni chaude ni froide… » [6]
Le nombre d’anges cette nuit-là est trop nombreux pour être compté.
Le Prophète ﷺ a dit : « Le nombre d’anges présents cette nuit sur terre ne peut pas être compté. » [7]

C’est une nuit claire et les étoiles sont visibles : Le Prophète ﷺ a déclaré : « La nuit du pouvoir est une nuit claire … comme si sa lune découvrait les étoiles de la nuit » [8]

Le lendemain matin :

Le soleil se lève « rouge et faible » le matin suivant la Nuit du Pouvoir . [9]
Dans un autre hadith, le Prophète ﷺ a dit à propos de son lever du soleil qu’il est « clair, sans rayons ». [10]. L’absence de rayons est expliquée par la narration ci-dessus (faiblesse).

Choses à faire :

– Priez,
– Lisez le Qur’an,
– Faites du dhikr,
– Participez aux adorations,
– Soyez gentil avec les autres,
– Si vous êtes dans le Masjid, soyez propre,
– Évitez d’être grossier.

Abu Hurayrah رضى الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Quiconque demeure en prière durant la Nuit du Mérite – et que cela lui est facilité -, entraîné qu’il est par la foi et l’espérance en Allâh, verra ses péchés passés pardonnés. » [11]. L’expression « et que cela lui est facilité » figure dans la version de Ahmad, d’après `Ubâdah Ibn As-Sâmit رضى الله عنه et signifie qu’Allâh – Exalté soit-Il – permet à cette personne de faire partie des adorateurs sincères durant cette nuit bénie.

Durant la nuit de valeur (laylat Al-Qadr), il est recommandé de faire d’abondantes invocations. `Â’ishah رضى الله عنها rapporte avoir demandé au Prophète ﷺ : « Ô Messager d’Allâh ! Si jamais je sais quelle nuit est la Nuit du Mérite, que dois-je dire durant cette nuit ? » Il lui enseigna l’invocation suivante : « Allâhumma innaka `afuwwun tuhibbu al-`afwa fa`fu `annî », ce qui signifie : « Ô Allah tu es certes Celui qui efface les péchés, Tu aimes effacer les péchés alors efface mes péchés »  [12]

Mais quelle est la différence entre Maghfirah (مغفرة ) de « AstaghfiruLlâh » et ‘Afuw (عفو )?

* Maghfirah : C’est le fait pour Allâh de te pardonner pour un péché, mais ce péché sera encore inscrit sur ton livre d’actes. Maghfirah, c’est donc le pardon d’Allâh pour ton péché, mais le Jour du Jugement, il demeurera inscrit sur ton livre. Allah t’interrogera à son propos, mais il ne te punira pas à cause de ça.

* ‘Afuw : C’est le fait pour Allâh de te pardonner pour un péché, mais en plus de l’effacer de ton livre d’actes comme si cela ne s’était jamais produit. ‘Afuw est la grâce d’Allâh pour ton péché qui sera complètement effacé de ton livre. Ainsi, Allâh ne te demandera rien à son propos au Jour du Jugement dernier. [13]

Voilà pourquoi il ne faut pas limiter ce dou’a à Laylat ul-Qadr, mais en faire une routine quotidienne.

Les choses à ne pas faire :

– Parler et gaspiller son temps dans ce qui est mondain, (discussions, bavardages…),
– Commettre des péchés,
– Dormir toute la nuit,
– Mettre le bazar dans le Masjid

Que faire s’il y a divergences sur les dates ?

Il y aura certainement des gens qui auront commencé le jeûne un jour avant ou après (selon ce qu’ils suivent). Dans de tels cas, une personne devra prier un peu tous les soirs, en l’associant à l’intention d’attraper cette nuit bénie. Le Prophète ﷺ a déclaré : « Les actions sont fondées sur des intentions ». [14]

Avez-vous besoin de tenir la Nuit entière ?

Les savants ont noté qu’il n’est pas forcément nécessaire de tenir toute la nuit pour l’expérimenter. Il est possible d’adorer pendant un court moment et de recevoir tout de même les bénédictions de la nuit. Ainsi, ceux qui doivent travailler, s’occuper des enfants, ou d’autres responsabilités n’auront qu’a adorer pendant un court instant. [15]

Qu’Allah nous accorde Sa guidée et nous accorde cette nuit bénie

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

Réf : Sheykh Suhaib Webb, Sheykh Ahmad Dabbagh et d’autres…

[1] Qour’an, s97 – v1/5
[2] Ibn Hiban
[3] Al-Bukhârî et Muslim
[4] Ibn Kathir
[5] Muslim
[6] Ibn Khuzaymah, Sahih
[7] Ibn Khuzaymah, Hadith bon
[8] Ibn Hibban
[9] Ibn Khuzaimah, Sahih
[10] Muslim
[11] Al-Bukhârî et Muslim
[12] Ahmad, Ibn Mâjah et At-Tirmidhî
[13] Sheykh Ahmad Dabbagh
[14] Al-Bukhârî et Muslim
[15] Cf : Fath al-Bari d’Ibn Hajar al-‘Asqalaniyy

La Patience et la Douceur du Prophète avec les Enfants

 

bébé_musulman

 

 

Il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Parfois, je commence une prière avec l’intention de la prolonger, mais lorsque j’entends les pleurs d’un enfant, je l’écourte car je sais que les pleurs de cet enfant troublent sa mère. » [1]

« Il (le Prophète ﷺ  priait. Quand il effectua le sajdah (prosternation), Hasan et Hussein sautèrent sur son dos. Quand les gens essayèrent de les arrêter, il leur fit signe de laisser. Après avoir terminé sa prière, il les plaça sur ses genoux et dit : « Celui qui m’aime dois aimer ces deux là. » [2]

Notre meilleur exemple est le Prophète ﷺ. Ces hadiths illustrent l’attitude qu’il avait ﷺ lorsqu’il fut en présence d’enfants dans la Mosquée.

Il est également rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ sortit un soir pour nous diriger pour les prières du soir (maghrib ou ‘isha’), et il portait Hassan ou Husain. Le Messager d’Allah s’avança et mit (l’enfant) à terre, puis il prononça le takbir (Allâhu Akbaar) et commença à prier. Pendant la prière, il se prosterna et resta prosterné longtemps.

Mon père me dit: « Je levai la tête et vis l’enfant sur le dos du Messager d’Allâh, alors qu’il était prosterné. Je retournai à ma prostration. »

Quand le Messager d’Allâh termina la prière, les gens lui dirent : « Ô Messager d’Allah, pendant la prière, tu te prosternas si longtemps que nous pensions que quelque chose était arrivé, ou que tu recevais la Révélation. »

Il dit : « Il ne se passa rien du tout, mais mon fils était monté sur mon dos et je ne voulais pas le déranger jusqu’à ce qu’il en ait assez. » [3]

« Le Messager d’Allah faisait la prière alors qu’il portait Umâma bint Zaynab sa propre fille. Selon Abû al-‘Âss ibn Rabî’a ibn Abdi Chams, quand il se prosternait, le Prophète déposait l’enfant et quand il se levait, il la portait (sur son cou). » [4]

Abdullâh ibn Amr ibn al-Asr, a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit :

« Ordonnez à vos enfants d’accomplir la prière dès l’âge de sept ans, et corrigez-les [5] dès l’âge de dix ans (s’ils refusent de l’accomplir) et séparez les dans les lits (entre les filles et les garçons). » [6]

Il est rapporté que le Messager d’Allah ﷺ a déclaré :

« Traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité. » [7]

Il est aussi rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « Traitez vos enfants de manière égale lorsque vous leur distribuez des cadeaux ». [8]

An-Nu’man ibn Bashir a déclaré :

« Mon père me donna la charge d’un esclave comme cadeau. Il m’emmena voir le Messager d’Allah ﷺ, pour qu’il soit témoin. Le Messager d’Allâh dit alors : « As-tu donné un cadeau à chacun de tes fils de la même manière que tu l’as fait pour An-Nu’man? Mon père répondit : « Non ». Le Messager d’Allâh lui dit : « Sois conscient de ton devoir envers Allah et sois juste à l’égard de tes enfants. » Au retour, mon père renonça à son cadeau ». [9]

Oussama bin Zaid (ra) a rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ avait pour habitude de me placer sur (l’une de) ses cuisses et Hasan bin ‘Ali sur son autre cuisse, puis il nous embrassait et disait : « Ô Allâh, sois Miséricordieux avec eux, comme je suis miséricordieux avec eux. » [10]

Un jour, le Prophète envoya Anas faire une course et Anas a rapporté l’anecdote suivante :

« J’y suis allé, mais en chemin je suis tombé sur des enfants qui jouaient dans la rue. Puis, le Messager d’Allâh arriva et il me saisit la nuque par-derrière. Je le regardai et le vit souriant, et il me dit : « Unays (Le surnom d’Anas), es-tu allé là où je t’avais demandé d’aller ? » Je répondis : « Ô Messager d’Allâh, oui, j’y vais. » Anas a dit en outre : « J’ai été au service du Prophète pendant sept ou neuf ans et jamais je ne l’ai entendu dire de quelque chose que j’avais fait : ‘Pourquoi as-tu fait cela ?’ Ni à propos de quelque chose que je n’avais pas fait : ‘Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?’ » [11]

Le Prophète Muhammad n’a pas grondé Anas malgré l’oubli de la commission, ni même d’ailleurs pour quoi que ce soit d’autre en neuf années.

Dans un autre exemple, un garçon fut emmené au Prophète parce qu’il avait jeté des pierres sur les arbres et qu’il avait volé des dates.

Le Prophète dit : « Ô garçon, pourquoi as-tu jeté des pierres sur les palmiers ? » L’enfant répondit : « Pour manger ».  Le Prophète dit : « Ne jettes pas des pierres sur les palmiers, mais mange ce qui en est tombé ». Ensuite, il passa ses mains sur la tête du garçon et dit : « Ô Allâh, remplit son ventre ». [12]

Plutôt que de réprimander ou de punir, le Prophète invoqua Allâh en faveur du petit.

Qu’Allâh nous permette d’aimer notre Prophète comme il se doit. Amine. Et il est bon de rappeler que cet amour passe par le suivi de ses nobles manières.

 

Notes :

[1] Rapporté par Boukhari
[2] Rapporté par Ibn Khuzaimah et al-Bayhaqi
[3] Rapporté par an-Nasaa’i, Ibn Asaakir et Haakim
[4] Rapporté par Boukhari et Muslim
[5] « Corriger » ne veut pas forcément dire utiliser la violence, le terme renvoi aussi à la notion de rétablissement de ce qui est correct. (Faire disparaître une erreur, un défaut, en rétablissant ce qui est exact, bon, correct : Corriger une faute d’orthographe. Essayer de corriger une mauvaise habitude – Larousse)
[6] Abu Dawud
[7] Ahmad, Abu Dawud, Ibn Hibban
[8] At-Tabarani
[9] Boukhari et Muslim
[10] Boukhari
[11]Rapporté par Muslim n°2310 et Abû Dâwud
[12] Rapporté par Abu Dawud

Est-il obligatoire de prier à la Mosquée?

 

Ustadh Tabraze Azam

 

priere_mosquée

 

 

Question :

Assalam alaykoum

Est-il obligatoire de prier à la Mosquée?

 

Réponse :

Wa alaikum assalam wa rahmatullahi wa barakatuh,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans le meilleur état de santé et de foi, incha Allâh.

Non, il n’est pas obligatoire de prier à la mosquée.

Cependant, c’est une Sunnah appuyée de prier en congrégation, que ce soit à la maison ou à la mosquée. Ainsi, en ne priant pas à la mosquée, vous manquez une énorme récompense.

Le Messager d’Allâh (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit : « Celui qui va à la mosquée matin et soir, Allah lui prépare une demeure au Paradis pour chaque aller et venue » [Bukhari et Muslim]

Parmi les autres Hadiths relatifs au mérite de se rendre à la Moquée, on peut citer :

1054. Selon Abou Hourayra, le Prophète a dit : « Quiconque accomplit ses ablutions chez lui, puis se rend dans une mosquée afin d’y accomplir l’une des salat prescrites se verra pardonner un péché pour un pas accompli et sera élevé d’un degré pour le pas suivant. » [Muslim]

1055. Oubay Ibn Ka’b rapporte : « Il y avait un homme parmi les ansars dont la maison était à ma connaissance la plus éloignée. Il ne manquait cependant jamais une salat. On lui suggéra alors : « Pourquoi n’achèterais-tu pas un âne que tu monterais dans l’obscurité de la nuit et aux heures de chaleur intense ? » – « Il ne me plairait pas d’avoir ma maison à côté de la mosquée, répondit-il. Je veux que Dieu inscrive mes pas pour me rendre à la mosquée, ainsi que ceux que je fais pour revenir auprès des miens. » Le Prophète dit alors : « Allâh t’a déjà compté tout cela. » [Muslim]

1056. Jabir rapporte : « Comme les alentours de la mosquée étaient inhabités, les Banu Salima voulurent s’y installer. L’information parvint au Prophète qui leur dit : « On m’a informé que vous souhaitiez vous installer près de la mosquée ? » « Effectivement, Prophète de Dieu, répondirent-ils. Nous l’envisageons. » Le Prophète leur dit alors : « O Banu Salima ! Restez là où vous êtes, car vos pas vous seront inscrits ! Certes, vos pas vous seront inscrits ! » Ils lui dirent alors : « Si nous nous étions déplacés, nous l’aurions alors regretté. » [Muslim]

1057. Selon Abou Musa, le Messager d’Allâh a dit : « Ceux qui auront la plus grande récompense de leur salat sont ceux qui auront marché la plus grande distance. Celui qui attend afin d’accomplir la salat avec l’imam a plus de récompense que celui qui l’accomplit seul [chez lui] et s’endort ensuite. » [Bukhari et Muslim]

1058. Selon Bourayda, le Prophète a dit : « Annoncez la bonne nouvelle à ceux qui marchent dans la nuit afin de se rendre à la mosquée qu’ils seront ornés d’une lumière étincelante le jour de la Résurrection. » (Abou Dawud et Tirmidhi)

1059. Selon Abou Hourayra, le Prophète a dit : « Voulez-vous que je vous indique les actes par lesquels Allâh efface les péchés et élève par degrés ? » – « Nous voulons bien, répondirent les Compagnons. » Il dit : « Accomplir soigneusement les ablutions malgré les désagréments, se rendre souvent aux mosquées, attendre la prière suivante après avoir accompli une prière, voilà ce qui équivaut à monter la garde en période de combat. » [Muslim]

1060. Selon Abou Sa’id Al Khoudri, le Prophète a dit : « Si vous voyez un homme fréquenter beaucoup les mosquées, témoignez alors de sa foi. Allâh Puissant et Majestueux a dit : [Seuls fréquentent les mosquées de Allâh ceux qui croient en Allâh et au Jugement dernier. (Coran 9/18)] » (Tirmidhi)

[Riyad as-Salihin – Imam an-Nawawi]

La prière à la mosquée possède de nombreux bénéfices, et si vous êtes raisonnablement en mesure d’y aller, vous devriez essayer de le faire.

Et Allâh seul donne le succès.

Wassalam,

Ustadh Tabraze Azam, réponse vérifiée et approuvée par Sheykh Faraz Rabbani al-Hanafi

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Les Conditions requises pour être Imam

 

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Imam

 

 

Les conditions requises pour l’imamat sont au nombre de neuf, à savoir :

1/ La pureté rituelle puisque l’imamat de celui qui prie volontairement en état d’impureté rituelle n’est pas valide.

2/ L’imam ne doit pas prier lui-même sous la direction d’un autre imam. Qui prie, en subordonné, à un retardataire (masbûq) ou à un priant lui-même subordonné, le croyant imam, sa prière sera nulle.

3/ Être Musulman (al-Islam).

4/ Être de sexe mâle (adh-Dhakar) : car l’imamat de la femme n’est absolument pas valable (y compris entre femmes selon l’avis majoritaire dans l’école Malikite).

5/ La puberté (al-Bulûgh) : car l’imamat de l’impubère n’est valide dans les prières prescrites que quand il préside un semblable (impubère).

6/ La Jouissance de ses pleines facultés mentales (al-‘Aql) : car en fait, l’imamat du fou ou de l’ivre n’est pas valable.

7/ Être de condition libre : C’est une condition requise pour la prière du Vendredi.

8/ Être exempt d’actes de perversité (Fisq) : L’imamat du fornicateur et du buveur de vin est ainsi invalide (d’autres ont dit qu’il est déconseillé).

9/ La capacité d’exécuter les actes fondamentaux de la prière : ce qui implique que l’imamat d’un homme impotent, incapable, par ex. de prendre la position inclinée, à moins que le priant dirigé soit lui-même incapable. Il en est de même pour l’individu défaillant en matière de liturgie (règles) de la prière. Son imamat n’est valable que pour présider ses semblables. Il y a d’ailleurs divergence sur l’imamat de celui qui ne distingue pas entre le ḍ et le z et de celui qui prononce des barbarismes (lahn). Mais la prière est valable sous la direction d’un imam d’avis divergent sur des questions juridiques secondaires d’ordre spéculatif, tel que un Malikite qui prierait sous la direction d’un Shafé’ite. Concernant la connaissance des règles Juridiques, l’imam doit savoir récupérer, rattraper et  réparer la prière. Il doit connaître les règles sur les impuretés et les obligations de la prière. Il doit bien maîtriser les règles de la récitation coranique  ainsi que le premier Takbîr et le Salâm final. Il y a une différence entre prier derrière un imam qui peut bien prononcer et le fait mal par ignorance et un autre qui ne peut pas prononcer parfaitement (parce qu’il n’est pas arabophone par exemple). Le cas de l’ignorant rend la prière invalide, tandis que dans le second elle reste valable.

Important : Le Takbir (Allâhou Akbaar) qui marque l’entrée dans la prière (takbirat ul-Ihram) doit être rapide. L’imam ne doit pas le trainer sur la longueur, sans quoi il y a un risque que ceux qui le suivent terminent leur Takbir avant lui. Si tel était le cas, leur prière serait invalide.

Il existe également des conditions dites « de perfection » (al-kamâl) :

On peut citer entre autres :

Ne pas être manchot, ne pas malade au point de ne pas pouvoir retenir ses ablutions (urine ou sang qui ne s’arrêtent pas de couler, ne pas être détesté ou non souhaité par une partie des personnes dirigées (à cause de la religion), ne pas être un inconnu (cette condition concerne l’Imam officiel « khâtib »), ne pas être un esclave (pour l’imam officiel car pour la prière du vendredi et des fêtes, le fait d’être libre est obligatoire), ne pas être né d’une relation illégale, être circoncis (concerne l’Imam officiel)…

Sont tolérés :

L’imamat de l’aveugle, l’imam d’une autre école, celui qui a une petite malformation génitale bénigne, celui qui a une petite paralysie (une main par ex.), celui qui a un petit défaut de prononciation (zozote par ex.) ou parce qu’il est converti…

Notes :

Selon l’Ecole Malikite, d’après Al-Muqaddima Al-‘Izziyya lil-Lamâ’a Al-Azhariyya d’abu al-Hasan ‘Ali al-Mâliki ash-Sâdili et le Matn d’Ibn ‘Ashir.

Négliger la prière entraîne-t-il la mécréance ?

 

Sheykh Faraz A. Khan

 

 

prière_mécréance

 

 

Question :

Est-il vrai que l’ensemble des Imams des Musulmans s’accordent sur le fait que si quelqu’un ne prie pas de manière continue et néglige à rattraper ses prières, il est alors un kafir (mécréant) même s’il  croit que les cinq prières sont obligatoires ? Négliger la prière entraîne-t-il la mécréance ?

En outre, si c’est vrai, pourquoi quelqu’un qui n’a pas prié durant 20 années ou plus, doit-il tout rattraper, si de toute façon il était considéré comme un kafir ? Je demande cela, parce qu’il y a des fatwas, qui suggèrent de rattraper toutes les prières manquées, même si cela concerne de nombreuses années. À quel point les prières manquées font glisser de la corruption religieuse vers le kufr? Y a-t-il des définitions claires et nettes?

 

Réponse :

Assalamu alaikum wa rahmatullah,

Je prie pour que cette réponse vous trouve en bonne condition,

Il existe en effet des définitions claires : il existe une différence entre ce qui implique la mécréance (kufr) par rapport à ce qui entraîne la corruption religieuse (fisq).

Déni ou Dédain

(1) Si un musulman néglige la prière par déni de son statut obligatoire (juhud) ou par dédain et mépris (istikhfaf), alors il y a un consensus dans les quatre écoles que cette personne est coupable d’apostasie (à l’exception d’un nouveau converti qui nie l’obligation par ignorance).

Si une telle personne redevient Musulmane, il ou elle n’aura pas à rattraper les prières manquées selon les Hanafites et les Malékites. Cependant, selon le Shafi`ites, une telle personne devra rattraper ces prières, comme mesure disciplinaire. Les deux opinions sont rapportées de l’Imam Ahmad ibn Hanbal. [Encyclopédie Koweïtienne de Fiqh]

Le raisonnement sous-jacent de cet avis est que la prière est quelque chose faisant partie de ce qui est nécessairement connu de la religion – toute personne Musulmane connaît la prière et son statut obligatoire (mis à part les nouveaux convertis, par exemple). Et la définition même de l’Islam, selon le Coran, la Sunna et le consensus de la Oumma, est « de croire comme étant vrai tout ce qui est nécessairement connu comme venant du Prophète (paix et bénédictions sur lui). » [Taftazani, Sharh Aqa’id Nasafiyya]

Si l’on croit au Coran comme étant la parole révélée d’Allâh, et que l’on croit en notre Maître Muhammad comme étant un vrai prophète, et si quelque chose est établi de manière décisive comme venant de Saydunna Muhammad ﷺ et avec le statut de l’obligation de la religion, alors on l’accepte assurément : on ne saurait la nier, ni la traiter avec dédain ou mépris.

Comme le déclare l’Imam Tahawi dans son credo bien connu (al-‘Aqidat ul-Tahawiyya), « Le serviteur ne sortira du cadre de la foi que par une répudiation de ce qui lui a permis d’y entrer. » c’est-à-dire, qu’en reniant sa croyance en l’unicité d’Allah, en Ses livres ou Ses Messagers, ou la foi qui résulte de tout ce qui est nécessairement connu de la religion.

Paresse ou négligence

(2) Toutefois, si un Musulman néglige la prière par paresse (Kasl) ou par insouciance (tahawun), tandis qu’il croit néanmoins que la prière est obligatoire, alors il demeure Musulman, bien que religieusement corrompu (fasiq). En général, les Musulmans d’aujourd’hui qui négligent la prière entrent dans cette catégorie, et ainsi par la grâce d’Allah, ils sont encore Musulmans.

Une telle personne doit rattraper toutes les prières manquées, peu importe leur nombre. Il existe un consensus des savants sur cette question, comme mentionné par l’Imam an-Nawawi et d’autres.

La même distinction et les mêmes règles peuvent s’appliquent concernant d’autres questions de consensus qui sont nécessairement connus de la religion, comme le jeûne, la zakat, et le hajj.

[Encyclopédie Koweïtienne de Fiqh ; an-Nawawi, Majmu`; Ibn Qudama, Mughni]

La Vaste Miséricorde d’Allâh

Cela stipulé ci-dessus, il faut se rappeler que les portes de la repentance et de la miséricorde divine sont toujours ouvertes : peu importe la gravité de l’infraction commise par le serviteur, même s’il s’agit de mécréance, le serviteur peut à tout moment revenir vers son Seigneur généreux et Le trouver accueillant au repentir.

Allâh le Très Haut déclare : « Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez point de la miséricorde divine ! En vérité, Allâh absout tous les péchés, car Il est le Clément et le Compatissant. » (Coran, 39:53).

Et Allâh aime que le serviteur se retourne vers Lui, comme le Prophète ﷺ l’a expliqué :

« Allah est plus satisfait du repentir de Son serviteur plus qu’un homme se trouvant dans un désert périlleux et ayant avec lui sa monture qui porte sa nourriture et sa boisson, qui, s’étant endormi, se réveille pour constater la perte de sa monture et qui en s’employant vainement à sa recherche jusqu’à éprouver une soif intolérable, se dit: « Je vais retourner au même endroit où j’étais pour y dormir jusqu’à ma mort », retourne et met sa tête sur son coude pour dormir dans l’attente de la mort, et qui une fois réveillé, trouve sa monture auprès de lui avec ses vivres, boisson et nourriture. Allah, en effet, se réjouit du repentir de Son serviteur croyant (bien) plus que cet homme qui a retrouvé sa monture et ses vivres. » [Muslim]

Et Allâh est plus savant.
Wassalam

Sheykh Faraz A. Khan, réponse vérifiée et approuvée par Sheykh Faraz Rabbani

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

Alcool et prière, les 40 jours

 

Ustadha Naielah Ackbarali

 

 

Prière_Islam

 

 

Question :

Dans le passé, j’ai bu de l’alcool. Mes prières seront-elles acceptées? J’ai entendu dire que l’alcool demeure dans le sang pendant 40 jours, vais-je devoir refaire ces prières? Est-ce le même principe pour la marijuana?

 

Réponse :

Bismi Llahir Rahmanir Rahimi

Assalamou alaykoum

Il existe quelques récits semblables à ce que vous avez mentionné. Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui boit du vin, sa prière n’est pas acceptée pendant 40 jours. S’il se repent, Allâh lui pardonne…» [at-Tirmidhi]

Boire du vin ou d’autres substances stupéfiantes constitue un péché majeur. Pour éradiquer le péché, la personne doit s’engager dans un repentir sincère. Juridiquement parlant, on n’a pas à rattraper les prières effectuées si les prières étaient valides. Dans le hadith, « pas acceptée » signifie que les prières ne sont pas acceptées en termes de récompense. En tant que telle, la personne peut refaire ces prières dans le cadre du remords ressenti pour avoir commis un tel péché, mais ce n’est pas une obligation.

L’interdiction de boire des substances intoxicantes et d’utiliser des drogues

Boire du vin est un péché majeur, même si l’on en consomme qu’une seule goutte. [Dhahabi, Kitab al-Kaba’ir] Cette décision est établie par le consensus des savants. Allâh dit dans le Coran :

« Ô vous qui croyez ! Les boissons alcoolisées, les jeux de hasard, les bétyles et les flèches divinatoires ne sont autre chose qu’une souillure diabolique. Fuyez-les ! Vous n’en serez que plus heureux ! Le démon n’a d’autre but que de semer, par le vin et le jeu de hasard, la haine et la discorde parmi vous, et de vous éloigner du souvenir de Dieu et de la salât. Allez-vous enfin renoncer à ces pratiques? » [La Table: 90-91]

« Ils t’interrogent sur le vin et le jeu de hasard. Réponds-leur : « Dans l’un comme dans l’autre, il y a un grave péché » [Baqara: 219].

Les Savants déterminent que la raison juridique pour l’interdiction de boire du vin est parce qu’il s’agit d’une boisson qui enivre. Ainsi, n’importe quelle boisson qui entraîne l’intoxication est également interdite à la consommation, comme beaucoup de boissons alcoolisées modernes. [Al-Asadi, al-Mujiz]

Fumer de la marijuana est également interdit « … car il corrompt l’esprit et détourne la personne du souvenir de Dieu et de la prière … » [al-Nakhlawi, al-Hadhr wa al-Ibaha]

Explication du Hadith

La prière est la meilleure forme de culte réalisée par l’organisme. Par conséquent, si elle n’est pas acceptée, ce qui est moindre que cela en terme de culte est également visé. La raison pour laquelle les 40 jours ont été spécifiés est parce que le vin (l’alcool) reste dans le corps, les veines et les nerfs durant ce laps de temps. [Al-Manawi, Fayd al-Qadir]

Acceptation des Prières

Les savants font une différence entre l’acceptation en termes de validité et l’acceptation en termes de récompense. L’acceptation en termes de validité signifie que l’on a effectué toutes les conditions de la prière, les piliers, et les actions nécessaires définies par les juristes. Par conséquent, la prière est valide et n’a pas besoin d’être refaite. L’acceptation en termes de récompense signifie que l’on peut avoir effectué la prière de manière correcte, mais que la récompense de sa réalisation dépend de la générosité d’Allah.

Le hadith précité indique que celui qui boit des substances intoxicantes ne recevra pas la récompense pour les prières effectuées pendant 40 jours, sauf si il se repent. Cela ne signifie pas que les prières ne sont pas valables et doivent être refaites parce qu’il manque une condition de validité. [Ibn al-Najar, al-Kawkab al-Munir] Au contraire, il démontre la beauté de l’Islam parce que même si l’on se fait du tord à soi-même, il y a encore de l’espoir pour le pardon et prendre un nouveau départ.

Allah dit dans le Coran : « Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez point de la miséricorde divine ! En vérité, Allâh absout tous les péchés, car Il est le Clément et le Compatissant. » [Az-Zumar: 53]

S’engager dans la repentance

Si on commet un péché majeur, un repentir sincère est la seule chose qui peut l’absoudre. Un repentir sincère implique quatre conditions :

a. On arrête le péché,
b. On éprouve des remords pour l’action commise,
c. On prend la décision de ne pas recommencer, et
d. Si le péché implique les droits d’autres personnes, alors en plus du repentir à Allâh, il faut (selon le cas) rendre leurs droits ou demander pardon à ces personnes.

[Nawawi, Riyad al-Salihin]

Une personne ne devrait jamais désespérer de la miséricorde d’Allah à partir du moment où elle s’est sincèrement repentie. Il est le seul qui puisse nous pardonner le mal que nous avons commis de plein gré. Il est Pardonneur et Miséricordieux.

Allâh le Tout Puissant dit dans le Coran :

« ceux qui, ayant commis un forfait ou une injustice envers eux-mêmes, invoquent Allâh pour Lui demander pardon de leurs péchés, car qui peut absoudre un pécheur si ce n’est le Seigneur? À ceux enfin qui ne persistent pas dans le mal, dès qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont dans l’erreur. » [Ali Imran: 135]

« Implorez donc le pardon de votre Seigneur ! Revenez repentants à Lui ! » [Hud: 3]

« Ô vous qui croyez ! Que votre repentir à Dieu soit sincère !  » [At-Tahrim: 8]

Barak Allah fikum,

Ustadha Naielah Ackbarali

° Quand peut-on retarder la prière  [Malikite]


Par Ustadh Tareeq Abdul-Rasheed

 

Salat Maliki

 


Question :

As-Salaamu ‘alaykoum,

Je serais curieux de savoir quelles sont dans l’école Malikite, les raisons valables permettant à une personne de retarder sa prière de son 1er temps dit « temps du choix ou temps préférentiel » jusqu’à son temps dit « de la nécessité (ou temps forcé) » ?


Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, que les bénédictions et la paix soient sur notre maître Muhammad, sa famille, ses compagnons et ceux qui suivent leur noble chemin.

Wa ‘alaikum salaam wa rahmatuLlâhi wa barakatuh,

Dans l’école Malékite, il n’est pas permis de retarder la prière obligatoire au-delà de son temps préférentiel (ikhtiyārī) [1] pour son temps nécessaire (darūrī) [2] sans une excuse valable.

A titre d’exemple, voici ce qui constitue une excuse valable, comme mentionné par l’Imam Dardir (Rahimahou Allâh) dans Sharh Sagir :

1) La reconversion à l’Islâm du mécréant, ou de celui retournant à l’Islam.

2) Le passage à la puberté d’un enfant ressentant les changements physiques qui le mènent de l’enfance à la maturité (comme l’éjaculation ou les menstrues).

3) La perte de conscience ou la folie.

4) Ne pas être en mesure de trouver de l’eau ou de la terre propre permettant la purification.

5) Les menstrues ou les saignements post-natals (lochies).

6) Dormir ou l’oublie d’une prière.

D’autres raisons pourraient être la maladie, l’incontinence, ou le voyage.

Chacune de ces questions possède des détails et si vous avez une question ou une préoccupation particulière, n’hésitez pas à envoyer une question complémentaire.

Et Allâh (le Très-Haut) est plus Savant.

Tariq Abdul-Rasheed


Notes du traducteur :

[1] Le temps dit : « Ikhtiyârî » : pendant lequel la prière pourra être accomplie librement au début de ce temps, à son milieu ou avant sa fin. Ce temps commence en général dès l’appel à la prière (al-adhân) qui l’annonce. C’est le meilleur temps pour accomplir la prière.

[2] Le temps dit : « Darûrî » : qui vient après le temps « Ikhtiyârî » et qui est réservé aux gens qui ont des excuses valables et/ou des contraintes qui les ont empêchés de faire la prière en temps « Ikhtiyârî ». Celui qui laissera passer le temps « Ikhtiyârî » et ne fera la prière qu’au temps « Darûrî » (sans excuse) aura commis un pêché « Ithm » sauf si une Rak‘at de la prière a été accomplie pendant le temps « Ikhtiyârî ». Durant ce temps, on doit nécessairement prier dès que l’on peut. On ne choisit pas.

Il existe dans l’école Malikite un 3ème temps qui se nomme : « le temps du rattrapage » (Waqt al-Qadâ’) : il dure toute la vie. Contrairement aux deux temps précédents, toute prière accomplie durant ce temps ne procure aucune hassanât. Ceci étant, il faut rattraper toutes les prières non accomplies durant l’un des deux temps précédents, car une prière obligatoire est une prière due à Allah- Soubhânahu wa Ta‘âlâ.

Voici un tableau issu des cours de sheykh Malik d’Aslama.com (hafidhahuLlâh) sur les temps des prières (Awqât as-Salât) dans le madhhab Malikiyy :

 

الصَّلاةas-Salât الوَقـْتُ الاخْتِياري  1er temps الوقت الضَرُوري2ème temps وَقـْتُ القـَضاءِ3ème temps 
as-Soubh = الصّـُبْحُ Début : l’aube réelleJusqu’à  : la dissipation de l’obscurité Début : la dissipation de l’obscuritéJusqu’à  : le lever du soleil (Churûq = الشـّـُروق ُ  ) Début : le lever du soleil (Churûq = الشـّـُروق ُ)Jusqu’à  : après Churûq
azh-Zhuhr = الظـّـُهْرُ Début : après le zénith (Zawâl ach-Chams= زَوال الشـَّمْسِ)Jusqu’à : al-‘Asr  Début : al-‘AsrJusqu’à : al-Maghrib Début : al-Maghrib =المَغـْرِبُJusqu’à : après al-Maghrib
al-‘Asr = العَصْرُ Début : taille de l’objet = taille de son ombreJusqu’à : le jaunissement du  soleil et de la lumière (al-Isfâr= الإسفار) Début : le jaunissement du soleil et de la lumière (al-Isfâr= الإسفار)Jusqu’à : al-Maghrib =المَغـْرِبُ Début : al-Maghrib =المَغـْرِبُJusqu’à : après al-Maghrib
al-Maghrib =المَغـْرِبُ Début = fin du coucher du soleilJusqu’à : le  temps de faire ses  ablutions et sa  prière Début : le  temps de faire ses  ablutions et sa  prière Jusqu’à : l’aube réelle Début : l’aube réelleJusqu’à : après Soubh
al-‘Ichâ’ =العِشاءُ Début : installation de l’obscurité et disparition totale de la lumière du jour.Jusqu’à : le 1er tiers de la nuit Début : le 1er tiers de la nuit.Jusqu’à : l’aube réelle Début : l’aube réelleJusqu’à : la mort