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L’exagération dans les éloges sur le Prophète

 

Sheykh Muhammad ibn ‘Alawi al-Mâlikî al-Hassanî [1] [2]

 

 

Eloges Prophète

 

 

Certains ont compris la parole du Prophète ﷺ : « Ne me prodiguez pas d’éloges excessifs comme l’ont fait les chrétiens pour Jésus », comme étant une interdiction de lui faire des éloges ﷺ et ont considéré que tout éloge est exagération exécrable faisant tomber dans le polythéisme. Ils estiment donc que toute personne lui faisant des éloges le distinguant des autres êtres humains et citant ses particularités, est hérétique et irrespectueuse de la Sunnah du Maître des Envoyés.

Cette approche est complètement fallacieuse et démontre un manque de lucidité chez celui qui la soutient, car le Prophète ﷺ a interdit de lui prodiguer des éloges comme ceux faits par Chrétiens pour Jésus lorsqu’ils ont affirmé qu’il était fils de Dieu.

Ce qui veut dire que celui qui décrit le Prophète ﷺ comme les chrétiens ont décrit leur Prophète, devient connue eux.

Par contre celui qui fait son éloge en lui attribuant des qualités qui ne le détachent pas de la vérité humaine et donc de son adamisme et qui est convaincu qu’il est le serviteur de Dieu et Son Messager, est à considérer comme un homme dont la conviction en l’Unicité de Dieu, est des plus parfaites.

Le poète dit à ce propos :

« Laisse ce que les Chrétiens ont prétendu à propos de leur Prophète et prodigue lui les éloges que tu veux. Car le mérite du Messager de Dieu n’a pas de limite. On ne peut l’exprimer par la parole. Le summum du savoir le concernant, c’est que c’est un être humain et qu’Il est la meilleure de toutes les créatures de Dieu. »

D’ailleurs Dieu lui même à fait l’éloge de Son Prophète l’Elu ﷺ en disant : « d’un caractère sublime ».

Dieu nous a également ordonné la politesse lorsque nous nous adressons au Prophète, ou nous lui répondons : « Ô vous qui avez cru, n’élevez pas vos voix au dessus de celle du Prophète ».

Dieu nous a aussi interdit de nous comporter avec lui de la même manière que nous nous comportons les uns envers les autres ou de l’appeler de la même façon que nous nous appelons les uns les autres. Il a même critiqué ceux le traitent sur un pied d’égalité avec les autres en disant : « Ceux qui t’appellent (à grands cris) de derrière tes appartements, sont pour la plupart des insensés ».

D’ailleurs, les nobles compagnons du Prophète ﷺ faisaient ses éloges en poésie et en prose.

Ainsi, le grand poète Hassâne ibn Thâbit (RAA) a fait l’éloge du Prophète dans plusieurs poèmes dont nous citons quelques passages :

« Dieu a joint à Son Nom, celui du Prophète, en appelant à la prière le ‘Muezzine’ [3] a attesté de cela. Ô appui de celui qui en a besoin et refuge de celui qui cherche asile, Secours et protecteur de celui qui cherche protection ».

Safia, la fille d’Abdalmouttalib, dans un éloge funèbre à la suite de la mort du Prophète ﷺ a dit :

« Ô Messager de Dieu ! Tu étais notre espoir, et tu étais clément vis-à-vis de nous et tu ne nous a jamais éloignés de toi, Tu étais miséricordieux, guide et enseignant, Que te pleure aujourd’hui tout pleureur ».

Ka’b ibn Zouhayr, faisant l’éloge du Prophète a dit :

« Le Messager est une lumière éclairante, C’est l’épée puissante de Dieu ».

Dans une version, le Prophète ayant entendu le dernier vers a enlevé sa cape et l’a mise sur les épaules du Poète.

Le Prophète ﷺ a même fait ses propres éloges en disant :

– Je suis le meilleur des gens de la droite (Paradis),
– Je suis le meilleur des Prédécesseurs,
– Je suis le plus vertueux des fils d’Adam et le plus noble d’entre eux auprès de Dieu, sans orgueil. [4]

Il a aussi dit :

« Aucun de mes ancêtres n’a connu de rapport sexuel illégal » [5]

L’ange Gabriel (sur lui le salut) a dit :

« J’ai parcouru la terre d’Est en Ouest et je n’ai pas vu un homme meilleur que Muhammad, ni de parents meilleurs que Banû Hachim » [6]

D’après Anas (RAA) :

« La nuit du voyage nocturne, le Prophète voulut monter sur le dos du ‘Bourâqa’ [7], ce dernier se refusa, Gabriel lui dit : Comment oses -tu faire cela avec Mouhammad? Tu n’as jamais porté sur ton dos plus noble que lui auprès de Dieu. Le Bourâq se mit alors à suer très fort ». [8]

Dans un hadith cité par Abou Sa’id, le Messager de Dieu ﷺ a dit:

« Je serai le seigneur des fils d’Adam le jour de la résurrection, je le dis sans orgueil, entre mes mains sera l’étendard de louange, je le dis sans orgueil. Tous les Prophètes, ce jour là, à commencer par Adam, seront sous mon étendard, je serai le premier qui sortira de sous la terre, je le dis sans orgueil » [9]

D’après Anas, le Messager de Dieu ﷺ a dit :

« Lors de la résurrection, je serai le premier des hommes à sortir, en résurrection je serai le chef des ressuscités dans leur marche, leur orateur lorsqu’ils écouteront, leur intercesseur lorsqu’ils seront emprisonnés et leur réconfort lorsqu’ils auront perdu espoir. Ce jour, la dignité et les clefs seront entre mes mains ainsi que l’étendard des louanges. Et je serai le plus noble des fils d’Adam auprès de Dieu, je serai entouré de mille serviteurs semblables à des perles éparpillées » [10]

Enfin, d’après Abou Hourayra, le Prophète ﷺ a dit :

« Je serai le premier à émerger de la terre, on me vêtira d’un habit du Paradis, puis je me tiendrai à la droite du Trône divin, personne d’autre que moi n’atteindra cette position » [11]

Et Allâh est plus Savant.

 

Notes :

[1] Lire la bibliographie du Sheykh Muhammad ibn ‘Alawi al-Mâlikî al-Hassanî
[2] Tiré de l’ouvrage « Acceptions à corriger »
[3] Celui qui appelle à la prière
[4] Cité par At-Thirmidhi et Ad-Darami
[5] Rapporté par ibn ‘Umar al ‘Yni dans son Musnad
[6] Rapporté par Al-Bayhaqi, Abu Nu’ayme, At-Tabarani d’après ‘Aïsha – Que Dieu l’agrée –
[7] Monture envoyée par Allâh pour porter le Prophète
[8] Rapporté par les deux Sheykh (Bukhari et Muslim)
[9] Rapporté par At-Thirmidhi qui a affirmé son authenticité
[10] Rapporté par At-Thirmidhi et Ad-Darami
[11] Rapporté par At-Thirmidhi qui l’a qualifié d’authentique

Les caricatures et offenses visant l’Islam et son Prophète

Par Sheykh Abd Allâh bin Bayyah

 

Muhammad

 

 

Comment l’infâme peut-il bloquer la lumière du soleil, ou comment le ruisseau putride peut-il polluer l’eau limpide de la vie? Les chiens enragés aboient à la lune, mais la caravane passe. Ils sont les ennemis de la paix, les ennemis de la prospérité, les ennemis de l’humanité.

Tes détracteurs faisaient allusion à quelqu’un d’autre, un produit de leur vile imagination. Ces gens ne méritent pas d’être mentionnés par leur nLes jours et les nuits passent, tout comme défilent les siècles et les générations successives. Ta lumière brille toujours et le parfum de ton souvenir pénètre toute chose, ta cascade coule à travers, en douceur et ton appel à l’humanité reste intemporel et universel : « Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être » (Qour’an).om, et nous ne nous soucions pas parler avec eux. Au contraire, nous nous adressons aux gens doués de raison et de compréhension. Nous nous adressons aux croyants, et nous nous adressons aux Musulmans, avec ces trois pensées :

1) Pour les gens doués de raison et de compréhension : Nous demandons à ce que chacun réfléchisse sur les multiples conséquences que les provocation d’un petit groupe de gens qui ne désirent et ne recherchent ni la paix ni la fraternité entre les membres de l’humanité, peuvent avoir alors qu’ils se permettent délibérément de heurter la sensibilité de plus d’un milliard de personnes.

Cela constitue une menace à la paix dans le monde sans qu’aucun avantage tangible ne soit réalisé. N’est-il pas nécessaire dans le monde d’aujourd’hui que les Nations Unies adoptent une résolution criminalisant l’irrévérence envers les symboles religieux? Nous demandons à toutes les autorités religieuses et politiques, ainsi qu’aux personnes douées de raison de se rassembler pour mettre un terme à cette absurdité qui ne profite à personne.

2) Pour les Musulmans du monde : Exprimer l’indignation face à la calomnie visant Allâh ou le Prophète Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalaam) est un droit moral, car la foi ne peut être dénuée de sentiments et impassible face à la provocation. Aimer le Prophète Muhammad plus que nos richesses, plus que nos ceux que nous chérissons et même plus encore que nous-mêmes fait partie de notre Foi. Il fait aussi partie de notre amour complet pour lui que nous suivions les commandements d’Allâh, en particulier lorsqu’Il dit : « Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété » et « Aucune âme ne porte les péchés d’un autre âme » et « Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière » (Qour’an). Par conséquent, nous vous supplions de n’être la cause d’aucune violence, qu’il s’agisse de délégations étrangères ou autre. Vous ne devez pas détruire des biens ou bafouer les valeurs et principes que vous défendez et chérissez tant. Attaquer des innocents ou tuer des diplomates ou des ambassadeurs étrangers, enfreint l’ordre politique, mais enfreint avant tout les principes moraux et religieux. Il est important de ne pas oublier que le Prophète Muhammad a fait l’éloge de ceux qui font preuve de retenue plutôt que de céder à la colère. Vous devez empêcher ces individus qui agissent de manière imprudente de commettre ces actions qui sont déraisonnables et immorales. Nous demandons à la jeunesse Musulmane d’être disciplinée, en paroles et en actes, et à ce qu’elle agisse de manière appropriée.

Nous appelons les autorités religieuses Musulmanes, les gouvernements, les dirigeants communautaires et les dirigeants d’association à élaborer une stratégie pour faire face à l’avenir à de telles situations. Ces situations se reproduiront probablement, il est donc important de gérer le conflit en amont. Nous appelons les assemblées qui vont effectuer la prière du Vendredi à prier et à chercher les bénédictions sur le Prophète Muhammad et à informer la communauté internationale sur la gravité de la situation.

3) Pour nos voisins occidentaux : Notre Seigneur nous enjoint à respecter et à traiter équitablement nos voisins, sans distinction de race ou d’appartenance religieuse. Jésus (sur lui la Paix) a également parlé de l’amour à donner à son prochain. Nous resterons toujours voisins. Aucune personne raisonnable ne peut conclure qu’il serait possible que l’un ou l’autre d’entre nous disparaisse de la surface de la Terre. Par conséquent, pourquoi ne pas coopérer à l’établissement de bonnes relations de voisinage dans le but de créer un espace pour la liberté et la prospérité mutuelles?

Nous sommes extrêmement préoccupés par cette petite minorité active dans vos pays qui cherchent à perpétuer une situation de conflit et de guerre.

Nous estimons que de tels objectifs ne servent pas l’intérêt général. Par conséquent, nous espérons que vous réviserez votre position et rendrez illégal le dénigrement des symboles religieux, car de telles provocations ne servent pas les principes de la liberté d’expression, principes que vous comme nous cherchons à maintenir.

Sheykh Abd Allâh bin Bayyah

Vice-président de l’Union internationale des savants Musulmans (IMUS)
Président du Centre Mondial pour le Renouveau et l’Orientation
Professeur de Jurisprudence Islamique à l’Université du Roi Abdul-Aziz à Jeddah

 

L’humilité du Prophète Muhammad saws.gif

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya d’Al-Hâfizh At-Tirmidhî 

 

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– D’après ‘Omar ben al-Khattab : « Le Messager d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit : – N’exagérez pas mon éloge comme ont exagéré les chrétiens à propos du fils de Marie. Je ne suis qu’un adorateur (‘abd). Ainsi, dites « l’adorateur d’Allâh et son Prophète ». »

– D’après Anas ben Mâlik, une femme vint trouver le Prophète et lui dit : « J’ai besoin de toi en particulier pour une affaire qui m’occupe. Il lui répondit : – Quelle que soit la voie de Médine où tu voudras t’asseoir pour cela, je m’y trouverai. »

– Anas ben Mâlik a dit : « Le Messager d’Allâh visitait les malades, assistait aux funérailles, montait sur l’âne et répondait à l’invitation de l’esclave. Le jour de Bani Qoreyzha, il montait un âne dont la rêne était une corde de fibre de palmier et dont le bât était aussi de la même fibre. »

– D’après Anas ben Mâlik : « On invitait le Prophète pour manger du pain d’orge et du beurre (ou de l’huile), rance, et il venait. Il avait une cotte de mailles gagée chez un juif et ne trouva point de quoi la récupérer jusqu’à ce qu’il mourut. »

– Anas ben Mâlik a dit : « Le Messager d’Allâh alla au hadj sur une selle de chameau usée, recouverte d’une couverture de valant pas quatre dirhams. Il dit : – Ô mon Dieu ! Fais qu’il soit un pèlerinage dans lequel je ne recherche aucunement le regard élogieux d’autrui ni la renommée ! »

– D’après Anas, il n’y avait guère de personne qu’ils aimaient plus que l’Envoyé d’Allâh. Anas ajoute : « Lorsqu’ils le voyaient, ils ne se levaient pas, parce qu’ils savaient qu’il détestait cela. »

– Al-Hassah ben ‘Ali a relaté : « J’ai demandé à mon oncle maternel, Hind ben ‘Abi Hala qui savait fort bien décrire, ce qu’il en était des traits du Messager d’Allâh. Je souhaitais vivement qu’il m’en décrive une part. Il répondit :

– L’Envoyé d’Allâh était imposant et révéré. Son visage rayonnait comme brille la pleine lune… [Et il cita le hadith (le décrivant) en entier].

Al-Hassan ajoute : Je m’abstins d’en parler à (mon frère) Al-Houseyn un certain temps, puis lui rapportais ce hadith. Or, il m’avait déjà devancé dans sa connaissance et avait déjà posé (à mon oncle) la question que je lui avais moi-même posée. Je sus de même qu’il avait demandé à son père (‘Ali ben Abi Tâlib) comment il était (le Prophète), quand il entrait dans sa maison et quand il en sortait, et qu’elle était sa conduite en général : et de fait, il ne délaissait rien quant à sa description.

Ainsi, Al-Houseyn déclara : – J’ai demandé à mon père comment était le Messager d’Allâh lorsqu’il entrait dans sa maison.

Il répondit :

– Lorsqu’il entrait à son domicile, il partageait cette présence en trois : une partie pour Allâh, une partie pour sa famille et une partie pour lui-même qu’il repartageait aussi avec les gens, auquel cas, il faisait bénéficier l’ensemble de ceux-ci en répondant à ceux qui venaient le trouver en particulier, ne négligeant rien pour eux. Dans cette partie consacrée à la communauté, il faisait précéder les gens de mérite, après la permission qu’il donnait (d’entrer), et partageait cela selon le degré du mérite dans la religion. Parmi eux, se trouvaient en effet qui avait une requête, qui en avait deux ou qui en avait plusieurs. Ainsi,  il s’occupait d’eux et les occupait à ce qui leur était utile ainsi qu’à la communauté, dans ce qu’ils avaient demandé, et les informait de ce qui convenait pour eux.

Il disait : – Que ceux qui sont présents parmi vous informent ceux qui sont absents ! Transmettez-moi la requête de qui ne peut la faire parvenir. Celui, en effet, qui transmet à un dirigeant la requête de qui ne peut la faire parvenir, Allâh lui affermira ses pieds, le jour de la Résurrection.

Ainsi, on ne mentionnait auprès de lui que de telles choses et il n’acceptait de personne autre chose que cela.

Ils entraient auprès de lui en cherchant à apprendre et ne se séparaient qu’en ayant acquis ce qui est profitable ; ils repartaient ainsi tels des guides pour le bien.

Al-Houseyn ajouta : – Je lui demandai aussi comment il se comportait lorsqu’il sortait. Il (‘Ali ben Abi Tâlib) répondit :

– Le Messager d’Allâh se gardait de s’exprimer pour ce qui ne le concernait pas. Il se faisait aimer et ne faisait point fuir. Il honorait l’homme le plus marquant par sa noblesse auprès de son peuple et le nommait pour gouverner celui-ci. Il prenait garde des gens sans toutefois les priver de son air avenant et de son noble caractère. Il s’enquérait de la situation de Ses Compagnons et cherchait, en définitive, à savoir quel était l’état des gens.

Il louait ce qui est bien et l’affermissait et blâmait ce qui est détestable et le réduisait. Il était régulier, non inégal. Il n’était point inattentif, de peur qu’ils le furent eux-mêmes et se laissaient aller. Il répondait à toute situation.

Il ne se montrait point négligent ni dépassait le droit. Ceux qui étaient auprès de lui parmi les gens étaient les meilleurs.  Ceux qui avaient le plus de mérite pour lui étaient ceux dont le bon conseil était le plus répandu. Ceux dont le rang était pour lui le plus élevé étaient ceux faisaient preuve de la meilleure libéralité et du meilleur soutien.

Al-Houseyn ajoute aussi : – Je lui demandai ensuite comment il était lorsqu’il siégeait. Il répondit :

– Le Messager d’Allâh ne se levait et ne s’asseyait qu’en invoquant Allâh. Lorsqu’il se joignait à un groupe de personnes assises, il s’asseyait là où il y avait parvenait à une place et recommandait d’en faire de même. Il donnait de l’importance à chaque personne qui se trouvait assise en sa compagnie, chacune pensant que nul n’était plus sujet de sa considération qu’elle-même. Il patientait avec celui qui se tenait près de lui ou venait discuter avec lui d’une affaire jusqu’à ce que cette personne parte la première. Il ne répondait à la requête que par sa satisfaction ou par des paroles bienveillantes. Son obligeance et ses nobles caractères ont suffi à tous, au point qu’il devint pour eux un père et qu’ils furent tous, pour ce qui est du droit, égaux devant lui.
Son assemblée était celle de la science, de la pudeur, de la patience et de la confiance. On n’y élevait point la voix, on n’y portait pas atteinte à ce qui est inviolable et on n’en divulguait pas les écarts possibles. Ses assistants étaient semblables, n’y avaient plus de mérite que par la piété et faisaient preuve d’humilité. Ils y  honoraient ceux qui sont âgés, se montraient bienveillants pour les petits, donnaient la priorité à ceux qui sont dans le besoin et prenaient soin de l’étranger. »

– D’après Anas ben Mâlik : « L’Envoyé d’Allâh a dit : – Si on m’offrait un pied de mouton, je l’accepterais, et si on m’invitait à en manger, je répondrais à l’invitation. »

– Jâber (ben  ‘Abdâllah) a relaté : « Le Messager d’Allâh vint me rendre visite sans être monté sur une mule ni sur un cheval de bât. »

– Youssef, fils de ‘Abdâllah ben Salam [1], a dit : « L’Envoyé d’Allâh m’a appelé Yousef, m’a fait asseoir dans son giron et a passé sa main sur ma tête. »

– D’après Anas ben Mâlik : « Un tailleur invita le Messager d’Allâh. Il lui présenta du thérid [2] sur lequel il y avait de la courge. Le Prophète prenait celle-ci et l’aimait. »
Thâbet (al-Bennâni) déclare : « J’ai entendu Anas dire :
– Depuis, on ne m’a guère préparé un mets dans lequel on pouvait mettre de la courge qu’on ait mis celle-ci ».

– D’après ‘Amra, on demanda à ‘Aïcha ce que faisait le Prophète dans sa maison. Elle répondit : « Il était un homme comme les autres ; il nettoyait ses vêtements, trayait sa brebis et s’employait lui-même à son propre service. »

Notes :

[1] ‘Abdâllah ben Salam (m. à Médine, 43/663), savant israélite de la descendance de Joseph, adhéra à l’Islam lors de la venue du Prophète à Médine. Son fils Yousef mourut sous le califat d’Omar ben ‘Abdel ‘Aziz (99/717 à 101/720), (cf. al-Içaba d’Ibn Hajar).

[2] Plat à base de galette de pain découpée en morceaux, accompagnés de sauce et de viande.

Le turban vert et la couleur préférée du Prophète

Par Ustadh Abdullâh Anik Misra

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Question :

D’une part, je voudrais savoir qu’elle était la couleur préférée du Prophète Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam) et d’autre part pouvez-vous me dire si en Islam, porter un turban vert ou un couvre-chef vert est Sunnah?

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Clément, le Tout Miséricordieux,

As-salamou ‘alaykoum,

Merci pour votre question.

La couleur qui plaisait le plus au Prophète Muhammad était le vert, tandis que certains ont dit qu’il s’agissait du blanc. En ce qui concerne l’habillement, le Prophète a encouragé les hommes, dans de nombreux hadiths, à porter du blanc. Ainsi, selon la Sunnah, il est préférable de porter du blanc, ainsi que du noir et du vert. [1]

Tandis que le port du turban vert n’est pas une Sunnah explicite, porter des vêtements verts en général fait partie de la Sunnah, on peut donc porter un turban vert pour cette raison.

Il est important de noter que le Prophète lui-même portait différents types de vêtements provenant de différents endroits, de couleurs et de formes différentes et qu’il ne se limitait pas seulement à un style ou à une couleur, bien qu’il n’y ait rien de mal à ce qu’une personne fasse ce choix.

À propos du vert comme couleur préférée :

On rapporte qu’Anas ibn Malik a dit :

« La couleur préférée du Messager d’Allâh était le vert ». [2]

Bien que ce hadith soit faible dans sa chaîne, il est renforcé par une narration dans laquelle il est rapporté qu’Anas et un groupe de gens sortirent d’une parcelle de terre couverte de végétation. Quelqu’un s’exclama : « Qu’elle belle verdure! ». Par la suite, Anas dit : « Nous avions l’habitude de dire que la couleur préférée du Prophète était le vert ». [3]

La principale raison pour laquelle les savants citent cette préférence,  c’est que le vert sera la couleur principale des vêtements des gens au Paradis [4]. Il est également rapporté que le Prophète aimait à contempler la beauté de la verdure naturelle.

La vertu des vêtements blancs :

Le Prophète a dit : « Portez des vêtements blancs, car ce sont vos meilleurs habits et recouvrez-en vos morts ». [5]

Ceci n’en fait pas une obligation, mais c’est un encouragement fort et une Sunnah. Il s’agit de la meilleure couleur qu’un homme puisse porter. [6]

À partir de ce hadith, certains savants comme Ibn al-Qayyim ont déduit que la couleur préférée du Prophète était le blanc. [7]

Le turban vert : Est-il précisément une Sunnah?

Le turban vert n’est pas en soi une Sunnah spécifique, en ce que nous n’avons aucun rapport stipulant que le Prophète le portait. Cependant, porter des vêtements verts est de manière générale une Sunnah. [8]

Il est toutefois rapporté dans le Musannaf d’Ibn Abi Shayba, que certains Compagnons ont été vus portants des turbans de couleurs variées, dont un vert.

Al-Kattani cite l’Imam As-Suyuti qui a dit : « Ce turban vert n’est pas en soi une prescription issue de la Loi Sacrée, ni de la Sunnah et il n’était pas un vêtement spécifique dans les débuts de l’Islam. Il a commencé à être [une pratique distincte] en l’an 763 de l’Hégire par l’ordre du Sultan al-Ashraf Sha’ban ibn Hasan [pour ceux appartenant à la famille Prophétique, afin qu’ils puissent être distingués des autres, par respect] ».

Il cite ensuite al-Khadimi qui dit dans al-tariqa al-Muhammadiya : « Ce signe est une innovation permise ; on ne doit pas empêcher celui qui n’est pas un Sharif [ie. Sayyid, d’Ahl al Bayt] de le porter, et on ne doit pas ordonner à un Sharif qui le délaisse, de le porter … ». [9]

Ceci renvoie à la coutume de son pays. Aujourd’hui, celui qui choisit de porter un turban vert peut se baser sur les vertus de porter la couleur verte (qui est Sunnah), ou chercher à imiter ceux de la lignée Prophétique ou les gens de l’apprentissage spirituel qui le portent à notre époque.

Et Allâh est plus savant.

Wassallam,

Abdullah Anik Misra

Vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani

Notes :

[1] Ibn Abidin, Radd al-Muhtar
[2] At-Tabarani, Mu’jam al-Awsat, al-Bazzar, Musnad

[3] Al-Bayhaqi, Shu’ab al-Iman

[4] « À ceux-là sont réservés les jardins d’Éden, où coulent des ruisseaux et où ils seront parés de bracelets d’or, vêtus d’habits verts de soie et de brocard, et accoudés sur des divans. Quelle belle récompense et quel magnifique séjour ! ».  Qour’an 18:31

[5] Abu Dawud, Ibn Majah et at-Tirmidhi dans une variante.
[6] Sayyid Ali Zada, Sharh Shir’atul l’Islam
[7] Ibn al-Qayyim, Zad al-Ma’ad
[8] Ibn Abideen, Radd al-Muhtar; shaykhie-Zada, Majma ‘al-Anhur
[9] Al-Kattani, Al-Di’amah fi Ahkam Sunna al-‘Imama

Les miracles du Prophète Muhammad  [1]

 

Extrait d’Al-Mukhtasar al-kabîr fî sîrati r-Rasûl de l’imam Al-Kinânî

 

 

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Parmi eux, il y a le Coran qui rendit les éloquents impuissants et incapables de présenter une sourate qui lui soit semblable, même s’ils étaient soutenus par toutes les créatures; il y a la séparation de la lune en deux à La Mecque lorsque la tribu des Quraych lui demanda un signe ; il y a le jaillissement de l’eau d’entreses doigts purs, dont ont bu tous ceux qui étaient présents dans le campement, alors qu’ils étaient assoiffés, et qui ont tous fait leurs ablutions, et tout ceci à partir d’un petit vase étroit dans lequel il ne pouvait pas déplier sa noble main; l’effusion de l’eau de ses ablutions dans la source de Tabûk alors qu’elle était sèche et une autre fois dans le puits d’al-Hudaybiya, et ils jaillirent tous les deux d’eau.

Tous les hommes de l’armée burent de la source de Tabûk, alors qu’ils étaient un millier, jusqu’à ce qu’ils étanchèrent tous leur soif et elle coule encore jusqu’à aujourd’hui; mille quatre cent personnes burent de la source d’al-Hudaybiya jusqu’à ce qu’ils étanchèrent tous leur soif, alors qu’auparavant elle ne contenait pas d’eau; il donna à manger à l’armée, qui était constituée de neuf cents hommes, des dattes que la fille de Bachîr fils de Sa’d avait dans les mains; ils en mangèrent tous jusqu’à ce qu’ils furent rassasiés et il en resta. Il lança une poignée de terre aux mécréants qui furent aveuglés par celle-ci, et du Coran fut révélé à ce sujet à savoir, la parole d’Allah, soit-Il élevé :

« Et lorsque tu lanças (une poignée de terre) ce n’est pas toi qui lança, mais c’est Allah qui lança. » [Coran 8 : 17].

Lorsqu’on lui construisit la chaire, le tronc sur lequel il tenait ses sermons poussa des gémissements de tendresse envers lui au point où toutes les personnes présentes entendirent émaner de lui un son semblable à celui du chameau, alors il le serra contre lui puis il se tut. La patte de mouton empoisonnée lui parla pour l’informer qu’elle était empoisonnée; il informa de choses inconnues et il présagea que ‘Amâr serait tué par le groupe rebelle, que ‘Othmân serait atteint par une épreuve qui serait suivie du paradis et qu’ al-Hassan Ibnu ‘Alî, qu’Allah les agrée, serait un chef avec lequel Allah, Puissant et Grand, réconcilierait (entre) [2] deux grands groupes de Musulmans, et tout ceci se réalisa.

Il informa au sujet d’un homme qui combattit pour la cause d’Allah, Puissant et Grand, et il dit qu’il était parmi les gens de l’Enfer, et ceci se confirma, car cet homme s’était suicidé. Il informa du meurtre d’al-Aswad al-‘Ansî le menteur la nuit où il fut assassiné, alors qu’il se trouvait à San’a au Yémen, et il informa de son assassin.

Il informa de la mort de l’empereur d’Éthiopie, puis il se dirigea avec l’ensemble de ses compagnons vers le cimetière d’al-Baqi’ et ils prièrent pour lui, puis il apparut qu’il mourut ce même jour. Il sortit de chez lui, au milieu de cent personnes qui l’attendaient pour le tuer comme elles le prétendaient, puis il mit de la terre sur leur tête et elles ne le virent pas.

Le chameau se plaint à lui en la présence de ses compagnons et se rabaissa à lui. Il dit à un groupe de ses compagnons qui étaient réunis : « L’un d’entre vous ira en Enfer et sa molaire sera semblable à la montagne d’Uhud », ils moururent tous musulmans, excepté l’un d’entre eux qui avait apostasié, et ce dernier était ar-Rahâl al-Hanafî qui fut tué en tant qu’apostat avec Musaylima, qu’Allah les maudissent tous les deux, et il dit aux autres :

« Le dernier d’entre vous mourra dans le feu. » , et le dernier d’entre eux qui mourut tomba dans le feu, se brûla et mourut. Il appela deux arbres qui vinrent à lui tous les deux (réunis), puis il leur ordonna de se séparer.

Il informa qu’il allait tuer Ubay fils de Khalaf al- Jumhî, et le jour de la bataille d’Uhud il lui fit une éraflure par laquelle il mourut. Le jour de la bataille de Badr, il informa ses compagnons de la mort des chefs de la tribu des Quraych et il leur montra l’endroit où chacun d’entre eux allait mourir, l’un après l’autre, et aucun d’entre eux ne dépassa sa limite. La terre lui fut rassemblée et il en vit son Orient et son Occident. Il informa que sa communauté atteindrait ce qu’il lui fut rassemblé de la terre, et ceci eut lieu; leur pouvoir atteignit le début de l’Orient et arriva à la fin de l’Occident, mais ils ne s’étendirent pas beaucoup au sud et au Nord comme il en informa également.

Il essuya la mamelle de la brebis qui ne fut pas accouplée à un bélier et elle donna du lait en abondance.

L’oeil de Qatâda fils d’an-Nu’rnân se détacha [3] et tomba, puis avec sa noble main bénie il le remit à sa place, puis cet oeil fut le mieux portant, le meilleur et le plus précis des deux yeux. Ils entendaient les glorifications de la nourriture d’entre ses mains, et ses miracles sont trop nombreux pour être dénombrés.

 

Notes :

[1] Ces miracles ont tous été mentionnés et dans ce même ordre par Ibn Hazm p. 7; voir Ibn Sacd 1/]/12, Ibn Kathîr 6/74 et ‘Uyûnu l-‘athar 2/286.

[2] Ce qu’il y a entre parenthèses est un complément provenant d’Ibn Hazm et des autres sources.

[3] Le jour de la bataille d’Uhud, l’oeil de Qatâda fut touché, Ibn Hichâm 3/87 ; se détacha: c’est-à-dire qu’il sortit de son orbite et tomba.

Les traits physiques du Messager de Dieu

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya d’Al-Hâfizh At-Tirmidhî

257552REESIZE-copie-1

 

 

Al-hâfizh Abou ‘Îsa Mohammad ben ‘Îsa ben Sawra at-Tirmidhi déclare : « Abou Rajâ’ Qoteyba ben Sa’ïd nous a tenu le propos d’après Mâlik ben Anas (qui le tient) d’après Rabi’a ben ‘Abd al-Rahmân, d’après Anas ben Mâlik qui a dit :  » Le Messager de Dieu (salallahou ‘alayhi wassalaam) n’était ni sensiblement grand ni petit. Son teint n’était ni très blanc ni très brun. Ses cheveux n’étaient ni crépus ni raides. Dieu Très-Haut l’envoya comme prophète lorsqu’il eut quarante ans. Depuis, il demeura dix ans à la Mecque et dix ans à Médine. Dieu le rappela à Lui lorsqu’il eut soixante ans ; il n’y avait pas alors dans ses cheveux et sa barbe vingt poils blancs. « Anas ben Mâlik relate de même :  » L’Envoyé de Dieu était de taille moyenne, ni très grand ni petit. Il avait un beau physique. Ses cheveux n’étaient ni frisés ni raides. Il était brun. Sa démarche était dynamique. « D’après al-Barrâ’ ben ‘Âzeb :  » Le Messager de Dieu était de taille moyenne. Ses épaules étaient larges. Sa chevelure abondante lui arrivait sous la nuque et jusqu’au lobe des oreilles. Il porta une houlla [1] de couleur rouge ; je n’ai guère vu plus beau que lui. « Al-Barrâ’ ben ‘Âzeb a relaté de même : « Je n’ai pas vu un homme aux cheveux couvrant la nuque porter une houlla rouge, plus beau que le Prophète de Dieu ; ses cheveux retombaient sur ses épaules, sa taille n’était ni courte ni longue. « 

‘Ali ben Abi Tâlib – que Dieu l’ait en son agrément – a dit :  » Le Messager de Dieu n’était ni très grand ni petit. Ses mains et ses pieds étaient fermes (chathan [2]). Sa tête et ses membres étaient grands, ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une longue ligne. Sa démarche tendait vers l’avant par son dynamisme ; on aurait dit qu’il dévalait une pente. Je n’ai guère vu semblable à lui, ni avant ni après. »

D’après Ibrâhim ben Mohammad, de la descendance de ‘Ali ben Abi Tâlib- que Dieu l’ait en son agrément : « Lorsque ‘Ali décrivait le Prophète, il disait : « Le Messager de Dieu n’était ni extrêmement grand ni trapu. Sa taille était moyenne parmi les gens. Ses cheveux n’étaient ni crépus ni raides, mais ondulés. Son visage n’était ni plein ni rond, mais quelque peu arrondi, avec une blancheur mêlée de couleurs. Ses yeux d’un noir vif étaient surmontés de longs cils. La tête [3] de ses os ainsi que la partie centrale entre ses omoplates étaient imposantes. Il n’était guère velu et ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une ligne. Ses mains et ses pieds étaient fermes [4]. Son pas était  énergique, on aurait dit qu’il dévalait une pente. Lorsqu’il se retournait, il se retournait entièrement. Le sceau de la Prophétie apparaissait entre ses épaules, alors qu’il fut lui-même le Sceau des prophètes. Il était l’homme le plus bienveillant, le plus véridique, dont la nature était la plus douce, et le plus munificent pour son peuple.

Qui le voyait pour la première fois [5], en éprouvait une grande révérence. Qui le fréquentait par connaissance, l’aimait. Qui l’a décrit a déclaré : « Je n’ai guère vu semblable à lui, ni avant ni après. »

D’après al-Hasan ben ‘Ali – que Dieu les ait tous deux en son agrément :  » J’ai demandé à mon oncle maternel, Hind ben Abi Hâla qui savait fort bien décrire, ce qu’il en était des traits du Prophète . Je souhaitais vivement qu’il m’en décrive une part à laquelle je m’attacherais. Il répondit :

– Le Messager de Dieu était imposant et révéré. Son visage rayonnait comme brille la pleine lune. Il était plus grand que l’homme de taille moyenne et plus petit que l’homme de très grande taille. Sa tête était grande et ses cheveux lisses. Si ses cheveux pouvaient être séparés facilement, il les séparait par une raie au milieu; autrement, ils ne dépassaient pas le lobe des oreilles, s’il les ramenait vers la nuque.

Son teint était d’une clarté rayonnante. La partie supérieure à ses tempes était grande. Ses longs sourcils minces et arqués ne se rejoignaient pas ; le pli entre ceux-ci se gonflait lorsqu’il était courroucé. Son nez était long et mince et très légèrement busqué par le milieu de son arête qui semblait briller, au point que celui qui ne l’observait pas de près pouvait penser que son nez était juste droit.

Sa barbe était bien fournie, ses joues n’étaient ni creuses ni rondes. Sa bouche était large et ses incisives centrales du haut, séparées. Ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une ligne mince. On aurait dit que son cou était celui d’une figurine, telle la clarté de l’argent. Sa constitution était équilibrée, sa chair ferme et bien formée.

Son ventre et sa poitrine s’alignaient sur un même plan. Sa poitrine et ses épaules étaient larges et ses articulations [6] imposantes.

Ce qui paraissait de son corps rayonnait. Des poils entre le milieu de sa poitrine et le nombril semblaient former une ligne. Sa poitrine et son ventre en étaient dépourvus alors que des poils couvraient ses avant-bras, ses épaules et le haut de sa poitrine. Ses avant-bras étaient longs et ses paumes bien grandes. Ses mains et ses pieds étaient fermes et ses doigts éployés (sâïl) [7] [ou, dit celui qui rapporte cette relation : et ses doigts relevés (châïl)]. Sa voûte plantaire était bien courbée et la plante de ses pieds bien lisse, au point que l’eau s’en écoulait facilement.

Ses pas étaient énergiques, sa démarche tendait vers l’avant par son dynamisme. Il marchait avec sérénité. Ses pas étaient grands et rapides, on aurait dit qu’il dévalait une pente [8] Lorsqu’il se retournait, il retournait tout son corps. Il baissait le regard qui regardait plus la terre que le ciel. Il regardait le plus souvent du côté de l’angle externe des yeux. Il marchait derrière ses Compagnons et commençait le premier le salut avec les personnes rencontrées. « 

.… Cho’ba nous l’a rapporté d’après Simâk ben Harb qui a déclaré :  » j’ai entendu Jâber ben Samora dire :  » La bouche du Messager de Dieu était large (dalî’ alfam) Il y avait une légère rougeur dans le blanc de ses yeux (achkal al- ‘aynayn) et ses talons n’étaient pas charnus (manhoûs al ‘aqib). « 

Cho’ba ajoute :  » Je demandai à Simâk :

– Qu’est-ce que dalî’ al-fam ?
– Une bouche large, répondit-il.
– Qu’est-ce que achkal al-‘aynayn ?
– De grands yeux dont la forme est allongée [9]
– Qu’est-ce que manhoûs al-‘aqib ?
– Un talon ayant peu de chair. »

Jâber ben Samora a de même relaté :  » J’ai vu le Prophète, par une nuit claire, porter une houlla [1] rouge. Je les regardais, lui et la lune; il était manifeste pour moi qu’il était plus beau que celle-ci. »

D’après Abou Ishâq :  » Un homme posa cette question à al-Barrâ’ ben ‘Azeb :  » Est-ce que le visage de l’Envoyé de Dieu était comme [l’éclat de] l’épée ?
– Non! plutôt comme la [clarté [10] de la] lune, lui répondit-il. « 

D’après Abou Houreyra :  » Le Messager de Dieu avait le teint clair ; c’est comme s’il fut formé à partir d’argent. Ses cheveux étaient lisses. « 

Jâber ben ‘Abdallah relate que l’Envoyé de Dieu a dit :  » On me présenta les prophètes. Moïse – que le salut soit sur lui – m’apparut comme un homme des Chanoû’a [11] J’ai vu Jésus fils de Marie – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressembler le plus est ‘Orwa ben Mas’oûd [12] J’ai vu aussi Abraham – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressembler le plus est votre homme [c’est-à-dire (le Prophète) lui-même (ajoute Jâber)]. J’ai vu de même Gabriel – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressemblant le plus est Dihya [13].

D’après Sa’îd al-Joureyri :  » j’ai entendu Abou Tofeyl dire :

– J’ai vu le Prophète, et il ne reste plus sur cette terre un autre que moi l’ayant vu [14]
– Décris-moi le, lui demandai-je alors.
– Il avait, répondit Abou Tofeyl, le teint clair. Il était beau et de taille moyenne. « 

D’après Ibn ‘Abbâs :  » Le Messager de Dieu avait les incisives centrales du haut séparées. Lorsqu’il parlait, la lumière semblait paraître entre ses incisives. « 

Note :

[1] « houlla » : un ensemble constitué de la tunique, du manteau sans manches ridâ’ porté sur les épaules, et du turban … ; cela peut être aussi l’ensemble constitué de deux grandes pièces de tissu, l’une servant de pèlerine et l’autre de pagne (Lisân al- ‘Arab, T.11, 172). La couleur rouge semble désigner des raies rouges sur le tissu, comme il apparaît d’autres relations.
[2] Le terme aurait exprimé la callosité si d’autres relations n’avaient évoqué la douceur de ses mains, (Cf.
Fath al-Bâri d’Ibn Hajar, T. 6, hadith 3561).
[3] Tels l’arrondi des épaules (comme il est surtout question ici), les genoux, les coudes.
[4] L’auteur, qui, à la suite de ce hadith, explique ses termes difficiles, précisent que ce sont ses doigts et ses orteils qui l’étaient.
[5]  » badîlha « , autre sens possible « de manière impromptue « .
[6] Tels les genoux, l’arrondi des épaules, les coudes.
[7] C’est-à-dire non recroquevillés, ni courts et ni flasques.
[8] Son énergie donnait à penser qu’il marchait avec le devant de ses pieds, comme le fait celui qui dévale une pente. (Lisân al-Arab, T. 1, 517).
[9] Cependant, les commentateurs l’expliquent selon son sens commun, tel qu’il a été traduit plus haut, Cf. Charh
Sahîh Mouslim d’an-Nawawi, T. 15, 93).
[10] La comparaison est relative au rayonnement du visage mais aussi à sa forme, (cf, Fath al-Bâri, hadith 3552).
[11] Ou les Azd Chanoû’a, tribu du Yémen.
[12]  ‘Orwa ben Mas’oûd al-Thaqafi. Un des principaux personnages de Taef. Il adhéra à l’islam l’an neuf de l’Hégire et revint le prêcher à son peuple qui le tua.
[13] Dihya ben khalîfa al-Kalbi. Compagnon du Prophète, il porta son message à Héraclius, en 6H/628. Il mourut près de Damas, sous Mo’âwia.
[14] Abou al-Tofeyl, ‘Âmer ben Wâthila, mourut le dernier parmi les Compagnons, entre les années cent et cent dix de l’Hégire, à la Mecque. Rappelons que le Prophète est mort à Médine le lundi 12 rabî’ 1er, l’an 11 H. (juin 632).

Le bon caractère du Prophète Muhammad

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya

Al-Hâfizh At-Tirmidhî

 

ProphetMuhammad

 

 

D’après Kbârija, fils de Zeyd ben Thâbet, des hommes entrèrent chez Zeyd ben Thâbet et lui Dirent :  » Parle-nous de hadiths de l’Envoyé de Dieu. De quel hadith pourrais-je vous parler? J’étais son voisin. Lorsque la Révélation descendait sur lui, il me faisait appeler et j’écrivais celle-ci. Lorsque nous évoquions le bas-monde, il l’évoquait avec nous. Lorsque nous évoquions la vie dernière, il l’évoquait avec nous. Lorsque nous parlions de nourriture, il en parlait avec nous. Tout cela peut vous donner une idée sur le Prophète. « ‘Amrou ben al-‘Aç a dit :  » L’Envoyé de Dieu lorsqu’il s’exprimait, adressait son regard et ses paroles aux moins méritants, afin de les amadouer. Ainsi [1], il tournait sa face vers moi, en même temps qu’il s’exprimait, au point que je pensai que j’étais le meilleur de tous, et j’en vins à lui demander :- Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou Abou Bakr?
– Abou Bakr, répondit-il.
– Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou ‘Omar?
– ‘Omar.
– Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou ‘Othmân?
– ‘Othmân.
Après avoir ainsi interrogé le Prophète qui me répondit avec cette franchise, je souhaitais ne pas lui avoir demandé cela. « Anas ben Mâlik [2] a dit :  » J’ai servi le Prophète de Dieu pendant dix ans. Il ne m’a guère dit une seule fois » fi  » ( » ouf »), ni m’a dit d’une chose que je fis, pourquoi l’as-tu faite, ni d’une chose que je délaissai, pourquoi l’as-tu délaissée. Le Prophète était de ceux qui avaient le meilleur caractère. Je n’ai guère touché de martre (khazz [3]) ni de soie ni autre chose plus douce que la main du Messager de Dieu. Je n’ai guère senti de musc ni d’autre parfum plus agréable que la sueur du Prophète.  »

D’après Anas ben Mâlik :  » Il y avait en présence de l’Envoyé de Dieu un homme ayant sur lui une trace jaune (de safran). Or, le Prophète n’osait pas s’adresser à une personne par ce qui pouvait la contrarier. Ainsi, lorsque cet homme se leva et partit, il dit à ceux qui étaient présents :  » Si seulement vous lui disiez de délaisser le jaune (du safran [4]).  »

D’après ‘Aïcha :  » Le Messager de Dieu n’était ni grossier de caractère ni se rendait grossier, et n’était point crieur dans les souks. Il ne rendait pas la mauvaise action par une mauvaise, mais pardonnait et effaçait.  »

‘Aïcha a de même relaté :  » L’Envoyé de Dieu n’a rien frappé de sa main, sauf lorsqu’il faisait le djihad dans la voie de Dieu. Il n’a jamais frappé un serviteur ou une femme.  »

D’après ‘Aïcha :  » Je n’ai jamais vu le Prophète essayer d’avoir gain de cause pour ce qui est d’une injustice le touchant, tant que les interdits de Dieu n’étaient en rien violés. Mais si on portait atteinte à ceux-ci, il se montrait le plus irrité vis-à-vis de cela. Il ne lui a point été donné de choisir entre deux choses qu’il n’ait choisi la plus facile, tant que celle-ci n’était point un péché.  »

‘Aïcha a déclaré :  » Un homme demanda à entrer auprès de l’Envoyé de Dieu alors que je me trouvais chez lui.
Il dit alors : – Quel mauvais fils, ou quel mauvais frère, pour les siens!
Suite à quoi, il l’autorisa à entrer et lui tint des propos bienveillants.
Lorsque l’homme sortit, je demandai : – Messager de Dieu ! tu as dit ce que tu as dit [sur cet homme], puis tu lui as tenu des propos bienveillants. Il répondit:
– ‘Aicha, la personne la plus néfaste est celle que les gens évitent, ou dont ils s’écartent, de crainte de sa grossièreté.  »

D’après al-Hasan ben ‘Ali :  » Al-Houseyn (mon frère) ben ‘Ali a dit: – J’ai demandé à mon père quelle était la conduite du Prophète avec ceux qui s’asseyaient avec lui. Il répondit :
– Le Messager de Dieu était toujours souriant, de nature accommodante et était bienveillant. Il n’était ni rustre, ni dur, ni crieur, ni grossier, ni dénigreur, ni difficile. Il ne prêtait guère attention à ce qui n’avait pas d’intérêt. On ne désespérait pas de lui et il ne décevait pas.
Il y a trois choses dont il s’abstenait: la contradiction, l’excès [5] et ce qui ne le regardait pas. Il s’est abstenu de même de trois choses, pour ce qui concerne les gens : il ne critiquait ni dénigrait personne ; il ne cherchait à dévoiler l’intimité de personne ; il ne parlait que pour ce dont on espère une rétribution divine.
Lorsqu’il parlait, les assistants restaient totalement silencieux ; on aurait dit que les oiseaux étaient sur leurs têtes. Lorsqu’il se taisait, ils parlaient alors. Ils ne s’opposaient jamais en sa présence. Quand l’un d’entre eux s’exprimait, ils restaient silencieux jusqu’à ce qu’il termine. Leur propos auprès de lui restait (attractif) comme celui du premier d’entre eux à avoir parler.
Il riait en même temps que leur rire et s’étonnait en même temps que leur étonnement. Il prenait patience avec les étrangers lorsque leur langage et leurs demandes semblaient rudes, et ses Compagnons les faisaient venir [6].
Il disait;  » Lorsque vous voyez quelqu’un demander à ce qu’on réponde à sa nécessité, assistez-le ! « .
Il n’acceptait d’éloge que de quelqu’un qui marquait ainsi un geste réciproque au sien. Il ne coupait la parole à personne, sauf en cas de transgression où il l’interrompait alors en l’interdisant ou en se levant.  »

D’après Mohammad ben al-Mounkader :  » J’ai entendu Jâber ben ‘Abdallah dire ; – On n’a guère demandé quelque chose à l’Envoyé de Dieu où il ait répondu par «  non ».  »

Ibn ‘Abbas a dit :  » Le Messager de Dieu était le plus généreux en bienfaits. C’est durant le mois de ramadan, jusqu’à son terme, qu’il l’était le plus. Gabriel venait alors le trouver et lui faisait réviser le Coran, et lorsque Gabriel le rencontrait, le Prophète était plus généreux que le vent bénéfique.  »

Anas ben Mâlik a relaté :  » Le Prophète ne mettait rien en réserve pour le lendemain.  »

D’après ‘Omar ibn al-Khattab :  » un homme vint trouver le Prophète et lui demanda de lui donner quelque chose. Il lui répondit ; – Je n’ai rien, mais cependant, achète sur mon compte et lorsque des ressources me parviendront, je réglerai.
‘Omar dit ; – Messager de Dieu ! tu lui as déjà donné. Dieu ne t’a guère chargé de ce qui n’est pas dans ta possibilité.
Le Prophète n’apprécia pas les propos d’Omar. Un homme des Ançar dit alors ; – Envoyé de Dieu ! fais généreuse dépense et ne crains pas de pauvreté, eu égard au Seigneur du Trône!
Le Prophète sourit et on pouvait voir le contentement sur son visage, suite aux paroles de l’Ançarite.
Puis il dit:
– C’est ainsi qu’on m’a commandé d’agir!  »

D’après ‘Aicha, le Prophète acceptait les cadeaux et les rétribuait.

 

Notes :

[1] ‘Amrou (m. en Égypte, 43 H/663). Il avait adhéré à l’islam en l’an 8 H. D’une intelligence et d’une habileté légendaire, les Qoreych l’avait notamment envoyé comme ambassadeur auprès du Négus, pour demander l’extradition des premiers émigrés musulmans en Abyssinie. Le Prophète le nomma comme émir à l’expédition de Dhât al-Salâsil (8 H.) et gouverneur à Oman. Plus tard, il fut gouverneur de Palestine puis d’Égypte, sous ‘Omar, puis Mo’awia.

[2] Anas ben Mâlik (m. à Basra, 93H1712) fut mis par sa mère Oum Souleym au service du Prophète, à dix ans. De nombreux hadiths (2286, dont les variantes d’un même hadith) ont ainsi été rapportés par son intermédiaire.

[3] Le terme désigne aussi la soie grège, la bourrette ou l’étoffe en soie et laine (telle la popeline).

[4] Son utilisation par les hommes, sur la peau ou les habits, ayant le caractère » non-appréciable » (makrouh). Deux explications y sont données: c’était un parfum pour femmes; sa couleur jaune. Cf. Fath al-Bâri, T.I0, had. 5846.

[5] L’excès (al-ikthâr) d’argent ou de paroles. Dans une autre relation, il y a le terme al-ikbâr, signifiant la condescendance.

[6] Ils souhaitaient profiter des questions que posaient les bédouins venant à Médine.