L’humilité du Prophète Muhammad saws.gif

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya d’Al-Hâfizh At-Tirmidhî 

 

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– D’après ‘Omar ben al-Khattab : « Le Messager d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit : – N’exagérez pas mon éloge comme ont exagéré les chrétiens à propos du fils de Marie. Je ne suis qu’un adorateur (‘abd). Ainsi, dites « l’adorateur d’Allâh et son Prophète ». »

– D’après Anas ben Mâlik, une femme vint trouver le Prophète et lui dit : « J’ai besoin de toi en particulier pour une affaire qui m’occupe. Il lui répondit : – Quelle que soit la voie de Médine où tu voudras t’asseoir pour cela, je m’y trouverai. »

– Anas ben Mâlik a dit : « Le Messager d’Allâh visitait les malades, assistait aux funérailles, montait sur l’âne et répondait à l’invitation de l’esclave. Le jour de Bani Qoreyzha, il montait un âne dont la rêne était une corde de fibre de palmier et dont le bât était aussi de la même fibre. »

– D’après Anas ben Mâlik : « On invitait le Prophète pour manger du pain d’orge et du beurre (ou de l’huile), rance, et il venait. Il avait une cotte de mailles gagée chez un juif et ne trouva point de quoi la récupérer jusqu’à ce qu’il mourut. »

– Anas ben Mâlik a dit : « Le Messager d’Allâh alla au hadj sur une selle de chameau usée, recouverte d’une couverture de valant pas quatre dirhams. Il dit : – Ô mon Dieu ! Fais qu’il soit un pèlerinage dans lequel je ne recherche aucunement le regard élogieux d’autrui ni la renommée ! »

– D’après Anas, il n’y avait guère de personne qu’ils aimaient plus que l’Envoyé d’Allâh. Anas ajoute : « Lorsqu’ils le voyaient, ils ne se levaient pas, parce qu’ils savaient qu’il détestait cela. »

– Al-Hassah ben ‘Ali a relaté : « J’ai demandé à mon oncle maternel, Hind ben ‘Abi Hala qui savait fort bien décrire, ce qu’il en était des traits du Messager d’Allâh. Je souhaitais vivement qu’il m’en décrive une part. Il répondit :

– L’Envoyé d’Allâh était imposant et révéré. Son visage rayonnait comme brille la pleine lune… [Et il cita le hadith (le décrivant) en entier].

Al-Hassan ajoute : Je m’abstins d’en parler à (mon frère) Al-Houseyn un certain temps, puis lui rapportais ce hadith. Or, il m’avait déjà devancé dans sa connaissance et avait déjà posé (à mon oncle) la question que je lui avais moi-même posée. Je sus de même qu’il avait demandé à son père (‘Ali ben Abi Tâlib) comment il était (le Prophète), quand il entrait dans sa maison et quand il en sortait, et qu’elle était sa conduite en général : et de fait, il ne délaissait rien quant à sa description.

Ainsi, Al-Houseyn déclara : – J’ai demandé à mon père comment était le Messager d’Allâh lorsqu’il entrait dans sa maison.

Il répondit :

– Lorsqu’il entrait à son domicile, il partageait cette présence en trois : une partie pour Allâh, une partie pour sa famille et une partie pour lui-même qu’il repartageait aussi avec les gens, auquel cas, il faisait bénéficier l’ensemble de ceux-ci en répondant à ceux qui venaient le trouver en particulier, ne négligeant rien pour eux. Dans cette partie consacrée à la communauté, il faisait précéder les gens de mérite, après la permission qu’il donnait (d’entrer), et partageait cela selon le degré du mérite dans la religion. Parmi eux, se trouvaient en effet qui avait une requête, qui en avait deux ou qui en avait plusieurs. Ainsi,  il s’occupait d’eux et les occupait à ce qui leur était utile ainsi qu’à la communauté, dans ce qu’ils avaient demandé, et les informait de ce qui convenait pour eux.

Il disait : – Que ceux qui sont présents parmi vous informent ceux qui sont absents ! Transmettez-moi la requête de qui ne peut la faire parvenir. Celui, en effet, qui transmet à un dirigeant la requête de qui ne peut la faire parvenir, Allâh lui affermira ses pieds, le jour de la Résurrection.

Ainsi, on ne mentionnait auprès de lui que de telles choses et il n’acceptait de personne autre chose que cela.

Ils entraient auprès de lui en cherchant à apprendre et ne se séparaient qu’en ayant acquis ce qui est profitable ; ils repartaient ainsi tels des guides pour le bien.

Al-Houseyn ajouta : – Je lui demandai aussi comment il se comportait lorsqu’il sortait. Il (‘Ali ben Abi Tâlib) répondit :

– Le Messager d’Allâh se gardait de s’exprimer pour ce qui ne le concernait pas. Il se faisait aimer et ne faisait point fuir. Il honorait l’homme le plus marquant par sa noblesse auprès de son peuple et le nommait pour gouverner celui-ci. Il prenait garde des gens sans toutefois les priver de son air avenant et de son noble caractère. Il s’enquérait de la situation de Ses Compagnons et cherchait, en définitive, à savoir quel était l’état des gens.

Il louait ce qui est bien et l’affermissait et blâmait ce qui est détestable et le réduisait. Il était régulier, non inégal. Il n’était point inattentif, de peur qu’ils le furent eux-mêmes et se laissaient aller. Il répondait à toute situation.

Il ne se montrait point négligent ni dépassait le droit. Ceux qui étaient auprès de lui parmi les gens étaient les meilleurs.  Ceux qui avaient le plus de mérite pour lui étaient ceux dont le bon conseil était le plus répandu. Ceux dont le rang était pour lui le plus élevé étaient ceux faisaient preuve de la meilleure libéralité et du meilleur soutien.

Al-Houseyn ajoute aussi : – Je lui demandai ensuite comment il était lorsqu’il siégeait. Il répondit :

– Le Messager d’Allâh ne se levait et ne s’asseyait qu’en invoquant Allâh. Lorsqu’il se joignait à un groupe de personnes assises, il s’asseyait là où il y avait parvenait à une place et recommandait d’en faire de même. Il donnait de l’importance à chaque personne qui se trouvait assise en sa compagnie, chacune pensant que nul n’était plus sujet de sa considération qu’elle-même. Il patientait avec celui qui se tenait près de lui ou venait discuter avec lui d’une affaire jusqu’à ce que cette personne parte la première. Il ne répondait à la requête que par sa satisfaction ou par des paroles bienveillantes. Son obligeance et ses nobles caractères ont suffi à tous, au point qu’il devint pour eux un père et qu’ils furent tous, pour ce qui est du droit, égaux devant lui.
Son assemblée était celle de la science, de la pudeur, de la patience et de la confiance. On n’y élevait point la voix, on n’y portait pas atteinte à ce qui est inviolable et on n’en divulguait pas les écarts possibles. Ses assistants étaient semblables, n’y avaient plus de mérite que par la piété et faisaient preuve d’humilité. Ils y  honoraient ceux qui sont âgés, se montraient bienveillants pour les petits, donnaient la priorité à ceux qui sont dans le besoin et prenaient soin de l’étranger. »

– D’après Anas ben Mâlik : « L’Envoyé d’Allâh a dit : – Si on m’offrait un pied de mouton, je l’accepterais, et si on m’invitait à en manger, je répondrais à l’invitation. »

– Jâber (ben  ‘Abdâllah) a relaté : « Le Messager d’Allâh vint me rendre visite sans être monté sur une mule ni sur un cheval de bât. »

– Youssef, fils de ‘Abdâllah ben Salam [1], a dit : « L’Envoyé d’Allâh m’a appelé Yousef, m’a fait asseoir dans son giron et a passé sa main sur ma tête. »

– D’après Anas ben Mâlik : « Un tailleur invita le Messager d’Allâh. Il lui présenta du thérid [2] sur lequel il y avait de la courge. Le Prophète prenait celle-ci et l’aimait. »
Thâbet (al-Bennâni) déclare : « J’ai entendu Anas dire :
– Depuis, on ne m’a guère préparé un mets dans lequel on pouvait mettre de la courge qu’on ait mis celle-ci ».

– D’après ‘Amra, on demanda à ‘Aïcha ce que faisait le Prophète dans sa maison. Elle répondit : « Il était un homme comme les autres ; il nettoyait ses vêtements, trayait sa brebis et s’employait lui-même à son propre service. »

Notes :

[1] ‘Abdâllah ben Salam (m. à Médine, 43/663), savant israélite de la descendance de Joseph, adhéra à l’Islam lors de la venue du Prophète à Médine. Son fils Yousef mourut sous le califat d’Omar ben ‘Abdel ‘Aziz (99/717 à 101/720), (cf. al-Içaba d’Ibn Hajar).

[2] Plat à base de galette de pain découpée en morceaux, accompagnés de sauce et de viande.