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L’interdiction du mensonge en Islam

 

 

 

 

Le mensonge est interdit (haram) et il est considéré comme interdit dans toutes les religions. C’est un péché grave lorsqu’il est réalisé de manière volontaire, alors qu’on connait parfaitement la vérité et d’autant plus si on souhaite nuire en agissant ainsi.

Allâh a maudit ceux qui mentent et dans les Ahadith, il est dit que quand une personne ment, les Malaa’ikah (anges) s’enfuient à des kilomètres du fait de l’odeur fétide. [1]

A titre d’exemple, Allâh Ta’ala dit dans le Qour’an :

« … Ils auront un châtiment douloureux, pour avoir menti. » [2]

« … en appelant la malédiction d’Allah sur les menteurs. » [3]

« Certes, Allah ne guide pas celui qui est outrancier et imposteur ! » [4]

« Seuls forgent le mensonge ceux qui ne croient pas aux versets d’Allah; et tels sont les menteurs. » [5]

Quant au Messager d’Allâh ﷺ, il est rapporté qu’il a déclaré :

« L’hypocrite possède trois caractéristiques : il ment, il ne tient pas ses promesses et il trahit la confiance » [6]

« Cramponnez-vous à la véridicité, car la véridicité mène à la bienfaisance qui mène elle-même au Paradis. Ainsi, lorsque quelqu’un persiste dans la véridicité et s’y montre attaché, Allâh le considère comme une personne véridique. Et écartez-vous du mensonge, car le mensonge mène à la débauche qui mène elle-même en Enfer. Ainsi, lorsque quelqu’un persiste dans le mensonge, Allâh le considère comme un menteur. » [7]

« Le mensonge est l’opposé de la foi en Allâh. Les deux ne vont pas ensemble. Et le pire des mensonges, c’est la calomnie. » [8]

Et le pire des mensonges et de la calomnie, c’est de calomnier Allâh et Son Messager ﷺ. A ce propos, Allâh a dit :

« Et quel pire injuste que celui qui invente un mensonge contre Allâh, ou qui dément la Vérité quand elle lui parvient ? N’y a-t-il pas dans l’Enfer une demeure pour ceux qui rejettent la Foi ? » [9] 

Il est également rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit :

« Quiconque ment à mon sujet volontairement, qu’il prépare sa place en Enfer. » [10]

On voit aujourd’hui des gens qui se prétendent savants ou spécialistes de l’Islam et qui propagent avec enthousiasme de fausses informations en déformant le sens de la Parole d’Allâh ou les Ahadith du Prophète Muhammad ﷺ ; ceci alors qu’Allâh Lui-même a donné un avertissement clair dans Son Livre contre ce type de comportement :

« Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues: « Ceci est licite, et cela est illicite », pour forger le mensonge contre Allâh. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allâh ne réussiront pas. » [11]

Il arrive fréquemment que les gens mentent pour profiter de leur assurance ou pour se libérer d’une infraction même simple comme lorsqu’ils sont en retard au travail ou lorsqu’ils se font prendre après avoir grillé un feu rouge. Tout cela est interdit et en tant que Musulmans, nous devrions toujours être honnêtes.

Celui qui clame par exemple que des gens qui ne sont pas ses véritables parents sont ses parents se sera rendu coupable d’un des pires mensonges. Il est rapporté du Prophète Muhammad ﷺ (qui rappelons-le était orphelin et fut élevé par son grand-père et par son oncle), qu’il a dit :

« Celui qui nie son père et attribue cette paternité à un autre a perdu sa chance d’entrer au Paradis ». [12]

L’exagération, qui est couramment utilisée dans notre coutume est admise et elle n’est pas considérée comme un mensonge, comme lorsqu’une personne dit à une autre : « Je t’ai appelé cent fois », ce qui signifie en réalité « je t’ai appelé plusieurs fois », ou quand une personne demande « es-tu prêt? », ce à quoi l’autre personne répond « je suis déjà là ». Ce sont des exemples d’exagération qui sont communs et ne sont pas considérés comme un péché dans le Droit Islamique (Shari’ah).

Mentir lors d’une blague et dire, « je plaisantais » n’est pas considéré comme permis, mais plutôt comme un péché.

L’utilisation de mots qui peuvent être interprétés comme ayant une autre signification que ce qui vient en premier à l’esprit est autorisée pour s’amuser ou par besoin. Comme lorsque le messager d’Allâh ﷺ a dit à une vieille dame : « Les femmes âgées n’entreront pas au Paradis ». [13]

Le repentir efface les péchés, et ce repentir qui concerne le mensonge ou la calomnie, doit se faire selon les trois conditions habituelles. Si une personne a été victime de notre calomnie, il faudra ajouter la quatrième condition en rétablissant la vérité. [14]

Il existe cependant trois situations dans lesquelles il est autorisé de dire quelque chose dont on sait que c’est faux :

1/ Dans le mariage, lorsqu’un mari complimente son épouse avec l’intention de lui faire plaisir. Par exemple, l’épouse demande : « suis-je la plus belle », ce à quoi le mari peut répondre « oui ma chérie, tu es la plus belle ». D’une manière concrète son épouse n’est pas forcément la plus belle de toutes les femmes du monde, malgré tout, il sera autorisé qu’il lui réponde ainsi. Cela n’empêche pas qu’au fond de lui, le mari puisse la trouver belle (tant physiquement, qu’intérieurement), mais pas forcément « la plus belle ». La femme pourra également mentir dans ce type de situation permettant de préserver l’harmonie dans le foyer.
2/ En cas de guerre, car la désinformation fait partie des meilleures stratégies lors des batailles. Il important de notifier que certaines personnes qui ne voient l’Islam que sous un prisme négatif, cherchent aujourd’hui à utiliser cette notion pour dire que les Musulmans avancent masqués grâce à cette autorisation et que tout bien que nous prônons à l’encontre des gens et des non-Musulmans en particulier serait en réalité de la « takiayh », c’est-à-dire des mensonges proférés pour mieux tromper. Ceci est faux et représente une déformation de notre religion et une présentation erronée du comportement des Musulmans.
3/ En cas de conflit et d’animosité entre deux croyants, il est autorisé d’aller rapporté à l’un que l’autre dit de bonnes choses de lui, même si c’est faux, dans l’intention des les réconcilier.  Il est rapporté que le Prophète ﷺ a dit : « Ne saurait être considéré menteur celui qui, pour réconcilier les gens, leur rapporte des propos bienveillants (même s’ils s’avèrent faux) » [15]

Les autres mensonges acceptables sont :

– Raconter des fables et des contes de fées [16] aux enfants, dans l’intention des les amuser ou dans un cadre éducatif.
– Parler de manière ambiguë afin de ne pas à avoir à divulguer ses propres secrets ou ceux des autres lorsqu’on est questionné à ce sujet.
– Exprimer son incapacité à donner quelque chose lorsqu’on nous demande, en disant par ex. « Peut-être, si je peux, un jour… » et ainsi de suite. Cette tactique permet de différer la peine qu’on est susceptibles de faire aux gens.
– Exagérer pour faire une remarque, comme « Je t’ai déjà invité au moins cent fois », ou « Je te l’ai déjà dit mille fois », etc.

Ces paroles inoffensives n’ont pour buts que de conforter et d’aider autrui, c’est pourquoi elles ne seront pas considérées comme des mensonges.

Si le mensonge est considéré comme l’un des pires aspects du caractère et qu’il est blâmable, l’honnêteté et la sincérité sont des qualités appréciées par l’humanité et elles sont aimées et récompensées par Allâh. Pour être véridique, il faut connaître la vérité objective, surmonter la tentation de clamer sa propre vérité subjective comme étant la vérité absolue et faire preuve de détermination et de courage pour exposer et dire la vérité. Surtout lorsque celle-ci n’est pas forcément la bienvenue dans la société dans laquelle nous évoluons. [17] La vérité et la justice sont liées et les deux font partie des 99 beaux Noms et Attributs d’Allâh Tout-Puissant. A ce titre, ces qualités doivent être aussi celles du croyant qui désire se rapprocher de Son Seigneur.

Il est rapporté du Messager d’Allâh ﷺ qu’il a dit :

« Ne doutez jamais que l’honnêteté vous mènera toujours vers le succès et le bien, et que faire le bien vous mènera vers le salut et le Paradis. Si vous vivez votre vie en étant véridique, Allâh vous comptera parmi Ses serviteurs sincères, tandis que le mensonge vous mènera certainement vers la défaite et le mal. Le mal, vous tirera vers l’Enfer et les mensonges seront rejetés par Allâh. » [18]

Qu’Allâh nous guide sur le droit chemin, qu’Il nous le facilite, nous y maintienne et qu’Il nous accorde le succès éternel.

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

Réf : Mufti Zahid Hussain al-Hanafi al-Maturidi al-Qadri ; Imam Birgivi (The Path of Muhammad) & autres.

[1] Tirmidhi
[2] Qour’an 2/10
[3] Qour’an 3/61
[4] Qour’an 40/28
[5] Qour’an 16/105
[6] Al-Bukhârî et Muslim
[7] Muslim
[8] Bayhaqi
[9] Qour’an 29/68
[10] Al-Bukhârî
[11] Qour’an 16/116
[12] Al-Bukhârî
[13] A ce propos, lire notre article : Le mensonge dans la plaisanterie
[14] A ce propos, lire notre article : Quelles sont les conditions pour un repentir sincère?
[15] Muslim n° 2605
[16] Récit fabuleux de la littérature, qui met en scène des personnages merveilleux, ou encore des créatures imaginaires.
[17] Dire et défendre la vérité ne signifie pas pour autant qu’il faille crier, se mettre tout le monde à dos ou mettre les pieds dans la plat. Il faut savoir dire les choses avec respect, argumentation et discernement. Comme dit le proverbe :  « Lorsque tu t’apprêtes à décocher la flèche de la vérité, trempe d’abord la pointe dans du miel. »
[18] Al-Bukhârî, ibn Mas’ud

 

Devrais-je quitter la France suite à l’interdiction du Hijab dans les écoles publiques?

 

Par Sheykh Ahmad Kutty

 

france_hijab

Question :

 

As-Salamou ‘alaykoum, je vis en France et j’ai une fille de 13 ans. Comme vous le savez, ce pays ne permet pas aux femmes de porter le voile à l’école ou au travail [1] depuis Septembre 2004. Je veux que ma fille soit libre de pratiquer sa religion (din) et d’être une bonne musulmane, s’attachant à suivre le sentier d’Allâh. Je sais que le port du hijab est une obligation religieuse importante, décrétée dans le Qour’an. Dans ce cas, est-ce que faire la hijra (émigrer) et partir vers un autre pays (Syrie, Canada, etc) est considéré comme une obligation?

 

Réponse de Sheykh Ahmad Kutty :

 

Wa ‘alaykoum salam wa Rahmatoullâhi wa Barakatouh.Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Toutes les louanges et les remerciements vont à Allâh Ta’ala, et que la Paix et les Bénédictions soient sur Son Messager (salallâhou ‘alayhi wassalaam).

Je ne pense pas que vous devriez quitter la France pour un autre pays en raison de l’interdiction du hijab. Si les musulmans étaient tenus d’émigrer d’un pays simplement à cause de ce type de restrictions, alors nous devrions continuellement nous déplacer d’un pays à l’autre jusqu’à ce que l’on se retrouve avec aucun pays où résider. Car, si on en juge par les normes idéales de l’Islam, aucun pays, y compris ceux qui prétendent suivre les Lois de l’Islam, ne peut être considéré comme pleinement Islamique dans le sens véritable; chacun d’entre eux applique une sorte ou une autre de restriction par rapport à la pratique Islamique authentique.

Par conséquent, nous sommes seulement tenus de faire ce que nous sommes en mesure de faire, étant donné les circonstances auxquelles nous sommes confrontés, tout en nourrissant l’intention et l’effort, du mieux que nous pouvons, de réaliser pleinement le décret de Dieu.

Dans le Qour’an Glorieux, Allâh dit : « Craignez donc Dieu autant que vous le pouvez ! Écoutez, obéissez, » [2] et « Dieu n’impose rien à l’âme qui soit au-dessus de ses moyens ». [3]

De même, le Prophète a dit : « Fuyez les péchés que j’ai défendu, tout en essayant de faire ce que je vous ai commandé du mieux que vous le pouvez« .

Par conséquent, ne désespérez jamais, acceptez votre condition simplement comme une épreuve, de la même manière que tous ceux qui s’efforcent de rester fidèles aux enseignements de l’Islam doivent faire face (ndt : lutter), sous une forme ou une autre. Cela devrait nous aider à comprendre que les Lois de l’Islam n’ont pas été révélées toutes en même temps à Médine, mais plutôt qu’elles ont été révélées par étapes progressives. Donc, accrochez-vous résolument aux enseignements auxquels vous pouvez adhérer fermement, mais pour ce que vous êtes incapables de suivre en raison de circonstances indépendantes de votre volonté, comme les restrictions à propos du hijab, cherchez plutôt à les modifier en utilisant les méthodes pacifiques qui sont constitutionnelles dans le pays où vous vivez. Vous devez le faire en travaillant  conjointement avec toutes les personnes démocratiques et pacifiques du pays, qui travaillent à changer ces lois injustes, indépendamment de leurs affiliations religieuses ou ethniques, tout en gardant l’espoir et la confiance en Allâh, et en sachant que finalement c’est Lui qui nous accordera le succès si nous le servons de manière sincère. Allâh dit : « Ceux qui luttent pour Notre Cause, Nous les guiderons assurément sur Nos sentiers, car Allâh est en vérité avec les bienfaisants » [4].

Notes du traducteur :

[1] Cela est uniquement interdit pour les femmes qui travaillent dans la fonction publique. Pour le droit relatif à l’expression religieuse dans l’entreprise privé c’est différent.

[2] Qour’an At-Taghabun 64:16

[3] Qour’an Al-Baqarah 2:286

[4] Qour’an Al-Ankabut 29:69.