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10 choses qu’il ne faut jamais
faire avec son enfant


Dr. Hisham al-Awadi

Être un bon parent n’est pas inné. On essaye tous de donner le meilleur à nos enfants, mais par manque de connaissance, par paresse, par colère ou reproduction de schémas vécus on peut parfois avoir envers eux des comportements ou des paroles qui vont à l’encontre de nos valeurs et de leur bien-être. Dans cet article, vous découvrirez une liste de 10 choses qu’il ne faut jamais faire avec son enfant :
1. Crier
Certains disent que le fait de crier sur quelqu’un, c’est pire que de le frapper et que cela laisse des cicatrices mentales et émotionnelles à long terme. Rappelez-vous, le Prophète n’a jamais élevé la voix sur un enfant, une femme, un ami ou autre.

2. Blâmer
Le blâme affaiblit les relations, diminue l’estime de soi et incite les enfants à être sur la défensive, même lorsqu’ils n’ont rien fait de mal. Alors qu’il était enfant, Anas ibn Malik رضى الله عنه a dit : « Pendant les dix années durant lesquelles j’ai servi le Prophète , jamais il ne m’a dit : « Fi ! » ni ne m’a réprimandé pour telle chose que j’avais faite en me disant : « Pourquoi as-tu fait cela ? » ou bien blâmé pour telle autre chose que je n’avais pas faite en disant : « Tu aurais dû faire cela ! » [1]

3. Des ordres incessants
Les ordres et les instructions, sans avoir au préalable convaincu ou persuadé l’enfant par la pertinence des ordres ou des instructions données, transforment l’enfant en robot et ce n’est pas sain. En grandissant, ils imitent et obéissent aveuglément à toute autorité, quelles que soient ses valeurs.

4. Menacer
La menace est utilisée parce que c’est une solution rapide à la résistance, mais ce n’est pas une solution à long terme. Toute attitude motivée par [seulement] la peur est hypocrite et n’indique pas un réel changement.

5. Sarcasme
Se moquer d’un enfant est un comportement inacceptable en Islam : « Ô vous qui croyez, qu’un groupe ne se moque pas d’un autre groupe… » [2]. Se moquer d’un enfant blesse son sens de la valeur et son estime de soi.

6. L’injure
L’injure apprend à l’enfant à maudire, ce qu’il utilisera contre les autres, y compris les parents, les amis et les proches. Le hadith dit : « Le Croyant n’est pas celui qui jette le doute sur la bonne réputation des autres, ni le maudisseur invétéré, ni le grossier » [3]

7. Comparaison
Ne comparez jamais votre enfant à qui que ce soit, en particulier à ses frères et sœurs. La comparaison engendre la jalousie, la colère et [les] met sur la défensive.

8. Conseils continus
La durée normale d’attention est de 3 à 5 minutes par année d’âge de l’enfant. Par conséquent, un enfant de 2 ans est capable de se concentrer sur une tâche particulière pendant au moins 6 minutes, et un enfant entrant en maternelle est capable de se concentrer pendant au moins 15 minutes. Dans le hadith les Compagnons racontent que lorsqu’ils étaient jeunes, le Prophète avait l’habitude de prendre soin d’eux en prêchant pendant [certains] jours [et pas d’autres] de peur qu’ils s’ennuient.

9. Méfiance
Ne pas accorder à l’enfant le bénéfice du doute affaiblit la confiance mutuelle, ferme la communication franche et nuit à la confiance en soi.

10. Frapper
Dans la plupart des cas, battre un enfant revient pour les parents à évacuer leur colère plutôt qu’à vouloir sagement et calmement améliorer un comportement. Les coups, comme les analgésiques, ne sont qu’une solution temporaire pour le parent, et non un remède pour l’enfant. Ils créent un traumatisme et une personnalité lâche, qui continuera à faire de mauvaises choses tant que « personne ne regarde ». [4]
Qu’Allâh donne à tous les parents la patience, la sagesse et la force d’élever des enfants droits, bienveillants et équilibrés.


Notes :
Dr Hisham Al-Awadi est titulaire d’un diplôme en études islamiques de l’Institut des études islamiques du Caire. Il est l’auteur de « Les enfants dans l’entourage du Prophète : Comment Muhammad a élevé les jeunes Compagnons ».
[1] Boukhari n° 5691 et Muslim n° 2309. Une autre version évoque neuf années.
[2] Qour’an, 49:11
[3] Tirmidhi. Voir notre article : Interdiction d’accuser un Musulman de mécréance 
[4] Voir cette vidéo sur les conseils de Sheykh Dr Muhammad bin Yahya al-Husayni an-Ninowy concernant l’éducation des enfants :

Articles récents

Quels films ou dessins animés pour nos enfants ?

Al-hamduliLlâh,
Bimillâh ar-Rahman ar-Rahim,
Allâhumma salli ‘alâ Sayyidinâ Muhammadin wa ‘alâ Âlihi wa Sahbihi wa sallim
 
Les parents le savent, les enfants aiment les dessins animés et les réclament. À notre époque, les enfants ont besoin d’une certaine forme de divertissement sain. Ce n’est pas le choix qui manque, la question est plutôt : Quels films ou dessins animés pour nos enfants ? Quels sont ceux qui nous voulons qu’ils regardent et quels sont ceux dont on préfère les tenir éloignés pour préserver leur fitra? 
Si l’on en prive complètement un enfant, on risque de le détourner de la religion. Les parents doivent cependant enseigner activement la morale islamique à leurs enfants et notamment la modestie, par le biais de conversations, d’histoires et de leçons. Il faut équilibrer le tout, de façon à ce que les inconvénients potentiels soient annulés. Il ne faut pas hésiter à faire de ce moment un moment de qualité et de complicité entre enfants et parents. La présence du parent permet aussi que des explications soient apportées quand cela est nécessaire.
Quoi qu’il en soit, ne laissez pas la télévision être celle qui élève votre enfant.
Le Prophète a dit (sens) : « Il y a deux bénédictions dans lesquelles beaucoup de gens subissent une perte. Ce sont la santé et le temps libre » [1]. Sachons donner à chaque chose un temps approprié, en toute sagesse et intelligence.
De temps en temps, il est néanmoins tout à fait possible et permis de donner à son/ses enfant(s) un temps bien défini et limité pour regarder un film ou un dessin animé. Nous ne voulons pas que nos enfants grandissent en pensant que l’Islam est juste un tas de « non, non, tu ne peux pas faire ça, non c’est interdit… ». Sur ce point nos shuyukh nous ont appris que l’humain a des besoins, dont le divertissement fait partie, et que s’il y a un interdit, il existe toujours une alternative Islamique (Si la musique Pop c’est non, écouter un Nasheed c’est oui, si manger cette tranche de jambon c’est non, manger ce bon hamburger Halal c’est oui, si sortir avec une fille c’est non, se marier c’est oui, etc.). Quand cela concerne les enfants, qui ont des besoins et des envies et qui voient bon nombre de leurs copains « profiter » de tout et sans restrictions, il est important de leur proposer des alternatives halal, sans quoi, ils finiront par chercher ailleurs ce qu’ils n’ont pas trouvé chez eux.
Concernant les enfants, la condition qui est donnée pour un film ou un dessin animé, c’est que ce qu’ils regardent soit adapté à leur maturité et exempt de contenu (image, thème…) immoral [2]. Il faut être particulièrement prudent avec les contenus qui encouragent les comportements indécents en les rendant amusants. Nous savons que les dessins animés sont pensés et conçus par des adultes non-musulmans et que les valeurs véhiculées dans ces productions ne correspondent pas toujours à celles que nous espérons donner à nos enfants (Musique, mixité, vulgarité, irrespect envers les parents et les aînés, alcool, drogue, violence…).
Les parents Musulmans, soucieux de l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants et de la responsabilité que cela représente, se retrouvent souvent démunis sur le choix du contenu qu’ils peuvent donner à voir à leurs enfants.

Alors, comment savoir ce que contient vraiment ce film ou ce dessin animé ? Quels outils avons-nous à notre disposition pour répondre à la question : Quels films ou dessins animés pour nos enfants ?
Pour ce faire, on peut soi-même regarder le contenu au préalable (pratique chronophage). Certains suppriment eux-mêmes avec un logiciel de montage les scènes qu’ils jugent problématiques, ainsi, leurs enfants regardent une version plus conforme à leurs normes. Pour les parents qui n’ont ni cette compétence, ni le temps, il existe un site internet dédié aux films pour enfants, très bien fait et qui, sans juger de la qualité du contenu (ce n’est pas son but), évoque avec une certaine neutralité les sujets et les thématiques abordées dans le film ou le dessin animé.
Ainsi, si on prend (à titre d’exemple) le dessin animé « Les Mitchell contre les machines », on découvre via le site internet (le lien est donné plus bas) que le film parle de la famille (unité de la famille, fratrie (bonne entente), autonomie de l’enfant, protection et amour parental, disputes, relation au père, sacrifice des parents pour leurs enfants…). Le site détaille toujours très bien chaque point.
On y apprend que le film parle aussi de l’adolescence, de l’estime de soi, du rejet, des différences, du courage, du fait de parvenir à ses objectifs même si on ne part pas avec tous les atouts. On y évoque aussi les nouvelles technologies (robots, danger de la science), les animaux de compagnie, les dinosaures, la société de consommation, etc.
Par ailleurs, le site nous informe que le dessin animé comprend aussi des scènes qui peuvent être angoissantes (apocalypse, rébellion et attaques des machines contre les humains, capture des parents, personnes jetées dans le vide…). Il y a aussi des moments qui peuvent mettre l’enfant mal à l’aise (le père ne prête pas d’attention à sa fille, il ne croit pas en elle). Lors d’une dispute, il casse son ordinateur, les liens sont fragiles, la fille ment à son père, la déception entre les deux est immense, la mère devient violente pour protéger sa famille, du sang (noir) gicle…). Au niveau vocabulaire, le film semble correct (ce qui est plutôt rare).
Le film évoque aussi des choses plus intimes (le petit frère dit à sa voisine qu’elle lui plaît, mais on apprend également, par la mère, à la fin du film, que Katie (l’héroïne) sort avec une fille (mise en avant d’un personnage dit « queer »). Aujourd’hui, l’homosexualité est de plus en plus abordée, banalisée et mise en valeur dans les supports pour enfants. Pour autant, ce n’est pas forcément ce type de modèle que les parents souhaitent montrer à leur progéniture dans un dessin animé destiné simplement à les divertir.
Toutes ces informations, les parents peuvent les avoir en cinq minutes, en lisant simplement le compte rendu que propose le site filmspourenfants.net
Même s’il n’est pas parfait, ce site permet aux parents d’avoir un certain nombre d’informations nécessaires leur permettant de choisir en toute conscience ce qu’ils souhaitent mettre ou non devant les yeux de leurs enfants. Les anglophones peuvent aussi consulter le site commonsensemedia.org qui donne également un âge minimum recommandé pour chaque film, avec des notes sur 5 pour le type de contenu (ex. Violence 1/5 = film avec peu de violence, etc.), ainsi qu’une une rubrique pertinente nommée « What parents need to know » (ce que les parents doivent savoir) qui décrit les principaux éléments. En bas de page, les parents peuvent aussi donner leur avis, l’âge qu’ils conseillent, ce qu’ils ont ou pas aimé, ce qui les a gênés, etc.

Dans des pays Musulmans comme la Malaisie, les studios proposent maintenant du contenu dédié aux enfants et conforme aux attentes des parents Musulmans. Là-bas, on peut maintenant trouver des livres, des mangas, des comics et des dessins animés qualitatifs pour ados dont les héros sont Musulmans, avec les valeurs qui vont avec. Le reste, c’est de l’aventure.
Dans une de ses publications, le Mufti Musa Furber, a mis en avant l’écrivain Hilal Asyraf qui est un bon exemple de ces auteurs contemporains modernes qui travaillent dur pour que les enfants puissent profiter d’œuvres Islamiques de qualité. Dans un de ses livres, le héros est un guerrier musulman sans nom, qui ne loupe jamais une prière et qui combat le mal & les (mauvais) djinns avec ses arts martiaux tout en adhérant aux principes islamiques et en restant gentil. En français il existe quelques romans intéressants comme Saladin et l’Anneau Magique (3 Tomes), La Famille Foulane ou le Muslim Show, mais d’une manière générale l’offre demeure pauvre et peu attractive. Pour les dessins animés, c’est le vide abyssal, il faut se contenter de ce qui passe sur les chaines de Tv ou en streaming, là ou se côtoient le meilleur (bonne chance pour le trouver), mais surtout le pire.  
N’oublions pas que les enfants dont nous avons la responsabilité sont une une amana (dépôt de confiance) de la part d’Allâh. Ils méritent que nous leur donnions ce qu’il y a de mieux et que nous les protégions de ce qui est susceptible de leur nuire.
Nous conclurons par l’invocation : « Seigneur, fais-moi don d’une [progéniture] d’entre les vertueux (Aş-Şāliĥīna). » [3]
Qu’Allâh accorde aux parents les bonnes intentions, les bonnes actions et les bons résultats.

Al-ḥamdulillâhi rabbi l-ʿalamin,
Wa Allâhu a’alam.
 

Notes :

[1] Boukhari

[2] Pour les adultes, il convient de rester vigilant sur ce que nous sommes susceptibles de regarder. Ce n’est pas parce qu’on a plus de 18 ans qu’on peut regarder du contenu réservé aux plus de 18 ans. Là aussi, il faut filtrer selon ce que le film ou la série peut contenir comme images indécentes ou thèmes immoraux. Il faut aussi se poser la question du temps perdu à regarder et du bénéfice apporté par le visionnage.

[3] Qour’an, s37, v100

Conseils de lecture en lien avec l’article : 

Les Fruits de l’Education des Enfants
Comment protéger les enfants des mauvaises influences de la société?
L’éducation du Nafs des Enfants
La Patience et la Douceur du Prophète avec les Enfants

Le présent inestimable

– S’éduquer et s’apaiser pour trouver l’équilibre dans son foyer –
 
 

بسم الله الرحمن الرحيم

Se remettre en question n’est pas souvent plaisant et pourtant cela peut ouvrir les portes d’une vie bien plus belle. C’est vrai, cela demande du travail, un engagement sincère et constant, une grande motivation. Cependant, n’est-ce pas la raison de notre présence sur cette terre ? Nous sommes extrêmement reconnaissants envers Allah de nous avoir fait entrer dans cette famille de l’islam et de nous avoir donné cette chance d’explorer nos problèmes et nos traumatismes sous le jour du test à passer. Il y a des circonstances que nous ne choisissons pas, dont nous nous empresserions volontiers de nous débarrasser comme d’une braise dans la main, mais elles sont là. Elles sont là pour nous pousser à changer nos habitudes, prendre responsabilité, demander de l’aide et avancer en maturité et en sagesse. Profitons de de ce mois sacré pour explorer trois sujets très importants qui sont le mariage, les enfants et le divorce, car toute perte, changement ou évènement sont des invitations à réfléchir.

C’est sounna de se marier. Néanmoins, cela ne veut pas dire que lorsqu’untel veut se marier, il est capable de le faire. Nous sommes malheureusement issus de sociétés malades, fatiguées et en mal d’amour – au Moyen-Orient également, même si la famille et l’environnement sont un peu plus protégés – ce qui a des répercussions désastreuses dans nos foyers. Beaucoup ne sont pas aptes à vivre en couple, et le nier, c’est foncer droit dans le mur et reproduire son passé dans le présent, voir son mariage se décomposer, se remarier et revivre la même histoire sans jamais comprendre que le problème est en nous et que la situation ne s’améliorera pas tant que nous ne ferons pas face à notre Histoire. Peut-on s’exprimer avec calme et empathie si étant enfant on n’a vu que cri et colère ? Il faut se reprogrammer à travers des thérapies, des cours psychoéducatifs, des groupes sociaux ou autres. 

Le mariage n’est pas une question d’âge ! L’âge n’a en réalité rien avoir là-dedans, mais c’est plutôt l’intelligence et l’équilibre émotionnel qui aideront au succès de celui-ci. Les divorces ne cessent d’augmenter partout dans le monde, ils sont incroyablement élevés, même en Jordanie et ailleurs. Pour quelles raisons ? Le manque de préparation comme il est mentionné plus haut, mais aussi cette utopie dans laquelle beaucoup de gens vivent pensant que le mariage doit être parfait ; que si l’attirance, la passion ainsi que la connexion physique et émotionnelle diminuent, et bien il faut s’arrêter là. Seulement la réalité est tout autre. Le mariage demande travail et tolérance ! Le « tout, tout de suite » de nos sociétés ne nous aide pas à comprendre ce point. Rien n’est parfait dans les relations avec autrui et tout demande patience quelles que soient l’époque et la culture. « Les relations mènent au chemin spirituel ultime, parce qu’elles nous posent constamment le défi d’aimer et d’accepter dans les situations dans lesquelles nous sommes plus enclins à fuir et rejeter. Pour cette raison plus que toutes, les relations sont l’endroit où notre spiritualité apparaît clairement. Vous pouvez en dire plus sur la véritable spiritualité d’une personne par la façon dont il ou elle traite sa (son) partenaire que par sa présence à l’église. » [1] Prendre la décision de s’engager à la hâte, sans vraiment réfléchir ou pour faire plaisir à autrui peut engendrer un autre plus grand problème : avoir des enfants en sous-estimant la responsabilité et les conséquences.

Avoir des enfants est une excellente chose en islam, cependant personne n’est obligé d’avoir des enfants (même toute sa vie) et encore moins d’en avoir neuf mois pile après le mariage. Ne mélangeons pas culture et religion. Nous ne nous connaissons pas avant le mariage. Certes, nous avons parlé et nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points de la vie familiale, mais il nous reste à découvrir la personne en face. Alors pourquoi se précipiter ? C’est vrai que cela marche pour certaines personnes, néanmoins il n’y a absolument rien de mal à profiter du mariage à deux, se connaître, apprendre à s’aimer et à s’accepter avant de passer à l’étape suivante. Les enfants ne nous appartiennent pas. Ils nous ont été confié par Allah et c’est notre devoir d’en prendre soin. Un enfant a tous les droits de naître dans un environnement sain où règnent l’amour et la paix. C’est une des pires injustices de ce monde que de commencer sa vie et la plus importante phase de l’existence au sein de gens qui ne sont pas psychologiquement ou émotionnellement stables. Toute sa vie cet enfant va payer les conséquences désastreuses du manque de patience et de discernement de ses parents. Plus tard il aura aussi des problèmes relationnels, il aura à briser le cercle de ce qui lui est arrivé et s’il ne le fait pas sa descendance continuera à souffrir comme il a souffert et ainsi de suite. Cela lui prendra beaucoup de temps pour se reconstruire et trouver un équilibre avec l’aide d’un professionnel. Cet article n’est bien sûr pas réservé qu’aux jeunes. On apprend à tout âge et il y a de fortes chances que si une personne a toujours des relations difficiles avec ses enfants, son époux (se), des membres de sa famille ou qu’elle a vécu plusieurs divorces, qu’il y a des problèmes en elle qu’elle n’a pas réglés. Le temps seul n’arrange rien. Allah nous mettra toujours dans la même situation pour nous montrer que le test n’a pas été passé, même si le traumatisme a eu lieu vingt ans ou quarante ans auparavant. Nous voulons rejoindre Allah dans les meilleures conditions, c’est notre plus noble intention. Nous avons à notre charge la génération suivante et leur donner du bien c’est donner de l’amour au monde, leur donner de la douleur c’est être responsable du mal-être de l’humanité. 

Le divorce était courant chez les Compagnons رضي الله عنهم, et les histoires de couple de certains d’entre eux n’étaient pas des contes de fées, ce qui est une source d’enseignement pour nous. L’imam as-Sakhaoui  رحمه الله mentionne bien dans son encyclopédie des grands érudits et érudites, ad-Daw al-Lami’, de l’Égypte du quinzième siècle, les chaykahte qui étaient mariées, veuves ou divorcées, et le dernier cas revient assez fréquemment. Ils avaient des problèmes comme nous en avons. Néanmoins, le divorce reste le moyen de dernier recours quelles que soient l’époque et la société. Lorsque l’on se marie, l’intention est de construire une vie à deux, ce qui veut dire accepter que l’on ne soit pas toujours en accord avec ce qui a lieu. Une fois encore, il ne faut pas avoir peur de consulter l’aide de professionnels et cerner le problème. Le mariage n’est pas facile, mais abandonner trop vite peut avoir des conséquences émotionnelles et physiologiques graves dans le futur surtout si l’on vient à regretter son choix. Oui, bien sûr, nous croyons tous au destin, mais comme nous le savons également nous avons un libre-arbitre et chaque action a une répercussion. Il est étonnant que dans des situations où le musulman a la possibilité d’agir il prétend s’en remettre complètement à Allah sans rien faire, hors ce n’est pas la signification du tawakkoul. Il y a des gens qui essayeront des dizaines voire des centaines de fois d’atteindre le succès dans un emploi, un projet, une entreprise, etc. mais lorsque l’on parle de mariage, ils abandonnent dans les premiers mois ou premières années. Quelle est la différence ? Le mariage est un projet et il demande du dévouement également. Et quel noble projet ! C’est un jihad contre son ego du matin au soir : la moitié de la foi. Si l’on ne travaille pas sur son mariage, Allah ne nous donnera pas le tawfiq, mais on dira après que c’est le destin ! Pourtant, pour beaucoup un divorce est incroyablement douloureux qu’il y ait des enfants ou non. C’est un lien émotionnel et spirituel qui se brise, c’est une douleur physique, un déphasage, de l’anxiété, du stress, de l’insomnie, des pertes de mémoire incroyables, etc. Nous ne sommes pas encore bien équipés pour nous occuper de ceux qui traversent ces moments difficiles bien qu’ils soient malheureusement extrêmement nombreux. Nous leur disons d’avancer et d’oublier, sans comprendre la peine et le sentiment d’échec qu’ils traversent. Ils ne sont pas prêts à « tourner la page ». Cette expression ne veut vraiment rien dire. Ils n’en ont pas besoin en fait, le pansement des plaies prendra le temps qu’il faudra et leur vie continuera sur cette page ou sur une autre. En revanche, ils ont besoin d’apprendre à se connaître, comprendre le problème et travailler sur eux-mêmes tout en nous ayant comme compagnons fidèles. Bien entendu, le divorce peut avoir du bon, comme toutes les épreuves de la vie, si l’on travaille sur soi et accepte sa part de responsabilité dans l’échec du mariage. Il peut parfois être nécessaire pour nous aider à y voir plus clair, cependant il n’est pas la seule manière possible pour prendre ses distances. On peut se mettre d’accord pour s’éloigner un certain temps, comme le Prophète ﷺ l’avait fait avec ses épouses رضي الله عنهن. Les écoles de jurisprudence détaillent les différentes manières de procéder. Dans tous les cas nous avons le droit à deux divorces révocables – ce qui est un immense cadeau d’Allah – et il est important de divorcer dans les règles et de ne pas se séparer durant la ‘idda

Pour avancer et garder l'équilibre dans le couple, il est nécessaire de dialoguer et de faire des efforts

Certains psychologues disent que l’anxiété est la raison première des mariages qui se brisent. Il faut apprendre des techniques pour s’apaiser, être pleinement présent, s’occuper de soi et prendre soin de ses besoins régulièrement et ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous. Le mariage ne règlera pas nos soucis personnels, c’est à nous de le faire avant, car se gérer soi-même est une chose, mais vivre à deux en est une autre ; cela peut provoquer des émotions ou des angoisses longtemps enfouies qui peuvent affecter la vie de couple.

Nous vivons dans une époque que l’on pourrait appeler : « le printemps de la culture », tout est là devant nous, beau, frais, agréable, accessible et gratuit. Nous n’avons absolument aucune excuse de ne pas nous documenter sur la nature de nos problèmes et essayer de les résoudre au lieu de blâmer les autres. Il est temps pour nous de faire de réelles modifications quant à notre façon de voir les choses, d’améliorer l’ambiance familiale et la société dans son ensemble. La génération du Prophète ﷺ avait travaillé si dur pour suivre son exemple et plaire à Allah, devenant ainsi à leur tour des modèles pour les générations suivantes. Mais, nous, que faisons-nous pour nous-mêmes et pour ceux qui prendront notre place ? Rajab est là et la récompense des bonnes actions est multipliée. Quelle serait la récompense de celui qui travaille sur lui (elle)-même, son mariage, sa famille ou aide un couple en crise ou ceux qui traversent un divorce ?  Ramadan approche à grands pas, le deuxième avec le Corona. Serons-nous différents et meilleurs à la fin de celui-ci ? Pouvons-nous être fiers de nos efforts ? Nous demandons à Allah de nous inspirer, de nous montrer la Voie dans tous les aspects de nos vies et de remplir nos cœurs d’Amour et nos actions de sincérité, amine.

Maryam Szkudlarek

Notes :

[1] Citation de Gay Hendricks tiré du livre « The Big Leap ».

A lire sur le même sujet :

Conseils Pour Un Mariage Heureux
7 conseils pour les Maris attentionnés – Mufti ibn Yusuf Mangera

L’éducation du Nafs des Enfants

Conseils de Sheykh Amran Anguila al-Hafidh

 

 

L’éducation du Nafs des enfants doit débuter très tôt. L’éducation que donnent les parents et l’entourage proche joue là un rôle important.

Si vous autorisez votre enfant à porter des vêtements courts et/ou moulants avant la puberté, comment pourra-t-il ensuite plus tard s’incliner naturellement vers la modestie?
Si vous le laissez regarder des films indécents maintenant, comment va-t-il ensuite devenir timide et/ou pudique ?
Si votre enfant est toujours le premier à manger, comment va-t-il apprendre les bonnes manières relatives à la nourriture ?
S’il obtient toujours ce qu’il désire, comment va-t-il apprendre à être soumis à Allâh ?
S’il a trop de jouets, comment va-t-il apprendre à ne pas être accro aux plaisirs et aux multiples tentations ce bas-monde (dunya) ?

Petit à petit, apprenez à votre enfant à contrôler son nafs.

Il faut toujours que le plus âgé soit le premier à manger (et donc à être servi).
Mangez de la nourriture modeste et réduisez la consommation de sucre de vos enfants. [1]
Cuisinez quelque chose de délicieux avec vos enfants et faites en sorte qu’ils donnent ensuite le plat à un refuge pour les sans-abri.
Qu’ils portent toujours des vêtements simples et modestes et contrôlez ce qu’ils regardent sur les écrans et le temps qu’ils y passent (films, séries, jeux vidéo, internet, smartphone…), ainsi que leur accès aux réseaux sociaux.
Ne laissez pas vos enfants mener la barque, établissez des limites et des règles saines.
Laissez vos enfants utiliser leur imagination plutôt que de leur offrir tous les jouets les plus récents et avoir ainsi à la maison des tas de jouets presque inutilisés.
Assurez-vous qu’ils ont de bons amis (ayant une bonne influence sur eux et de bonnes valeurs).
Assurez-vous qu’ils commencent à prier et à jeûner avant que cela ne devienne obligatoire pour eux.

Si vous ne commencez pas tout cela tôt, les efforts que vos enfants devront fournir pour contrôler leur nafs seront beaucoup plus importants une fois qu’ils auront atteint la puberté, au moment où ils doivent faire face aux hormones et à d’autres défis supplémentaires.
Ce que vous leur inculquez maintenant leur servira d’outils et d’armes une fois qu’ils auront atteint la puberté.

Ce qu’ils apprennent maintenant sera leur protection tout au long de leur vie.

 

Notes :

Quelques détails ont été ajoutés aux propos du Sheykh pour les besoins de l’article.

[1] C’est-à-dire celui qu’on trouve ajouté dans les produits ultra-transformés : sodas, jus de fruits industriels, bonbons, gâteaux et biscuits industriels, céréales industrielles du petit déjeuner (Smack’s, Frosties et compagnie)… Si le Sheykh parle de diminuer l’apport de ces mauvais sucres dans l’alimentation des enfants, c’est qu’il est aujourd’hui prouvé que le sucre a un impact négatif sur leur santé physique, mais aussi mentale (troubles du comportement comme l’hyperactivité, accroissement des comportements violents et colériques…). Lorsque les enfants retrouvent une alimentation plus saine avec moins de sucre et moins d’additifs, leur comportement s’améliore nettement.

La Patience et la Douceur du Prophète avec les Enfants

 

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Il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Parfois, je commence une prière avec l’intention de la prolonger, mais lorsque j’entends les pleurs d’un enfant, je l’écourte car je sais que les pleurs de cet enfant troublent sa mère. » [1]

« Il (le Prophète ﷺ  priait. Quand il effectua le sajdah (prosternation), Hasan et Hussein sautèrent sur son dos. Quand les gens essayèrent de les arrêter, il leur fit signe de laisser. Après avoir terminé sa prière, il les plaça sur ses genoux et dit : « Celui qui m’aime dois aimer ces deux là. » [2]

Notre meilleur exemple est le Prophète ﷺ. Ces hadiths illustrent l’attitude qu’il avait ﷺ lorsqu’il fut en présence d’enfants dans la Mosquée.

Il est également rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ sortit un soir pour nous diriger pour les prières du soir (maghrib ou ‘isha’), et il portait Hassan ou Husain. Le Messager d’Allah s’avança et mit (l’enfant) à terre, puis il prononça le takbir (Allâhu Akbaar) et commença à prier. Pendant la prière, il se prosterna et resta prosterné longtemps.

Mon père me dit: « Je levai la tête et vis l’enfant sur le dos du Messager d’Allâh, alors qu’il était prosterné. Je retournai à ma prostration. »

Quand le Messager d’Allâh termina la prière, les gens lui dirent : « Ô Messager d’Allah, pendant la prière, tu te prosternas si longtemps que nous pensions que quelque chose était arrivé, ou que tu recevais la Révélation. »

Il dit : « Il ne se passa rien du tout, mais mon fils était monté sur mon dos et je ne voulais pas le déranger jusqu’à ce qu’il en ait assez. » [3]

« Le Messager d’Allah faisait la prière alors qu’il portait Umâma bint Zaynab sa propre fille. Selon Abû al-‘Âss ibn Rabî’a ibn Abdi Chams, quand il se prosternait, le Prophète déposait l’enfant et quand il se levait, il la portait (sur son cou). » [4]

Abdullâh ibn Amr ibn al-Asr, a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit :

« Ordonnez à vos enfants d’accomplir la prière dès l’âge de sept ans, et corrigez-les [5] dès l’âge de dix ans (s’ils refusent de l’accomplir) et séparez les dans les lits (entre les filles et les garçons). » [6]

Il est rapporté que le Messager d’Allah ﷺ a déclaré :

« Traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité. » [7]

Il est aussi rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « Traitez vos enfants de manière égale lorsque vous leur distribuez des cadeaux ». [8]

An-Nu’man ibn Bashir a déclaré :

« Mon père me donna la charge d’un esclave comme cadeau. Il m’emmena voir le Messager d’Allah ﷺ, pour qu’il soit témoin. Le Messager d’Allâh dit alors : « As-tu donné un cadeau à chacun de tes fils de la même manière que tu l’as fait pour An-Nu’man? Mon père répondit : « Non ». Le Messager d’Allâh lui dit : « Sois conscient de ton devoir envers Allah et sois juste à l’égard de tes enfants. » Au retour, mon père renonça à son cadeau ». [9]

Oussama bin Zaid (ra) a rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ avait pour habitude de me placer sur (l’une de) ses cuisses et Hasan bin ‘Ali sur son autre cuisse, puis il nous embrassait et disait : « Ô Allâh, sois Miséricordieux avec eux, comme je suis miséricordieux avec eux. » [10]

Un jour, le Prophète envoya Anas faire une course et Anas a rapporté l’anecdote suivante :

« J’y suis allé, mais en chemin je suis tombé sur des enfants qui jouaient dans la rue. Puis, le Messager d’Allâh arriva et il me saisit la nuque par-derrière. Je le regardai et le vit souriant, et il me dit : « Unays (Le surnom d’Anas), es-tu allé là où je t’avais demandé d’aller ? » Je répondis : « Ô Messager d’Allâh, oui, j’y vais. » Anas a dit en outre : « J’ai été au service du Prophète pendant sept ou neuf ans et jamais je ne l’ai entendu dire de quelque chose que j’avais fait : ‘Pourquoi as-tu fait cela ?’ Ni à propos de quelque chose que je n’avais pas fait : ‘Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?’ » [11]

Le Prophète Muhammad n’a pas grondé Anas malgré l’oubli de la commission, ni même d’ailleurs pour quoi que ce soit d’autre en neuf années.

Dans un autre exemple, un garçon fut emmené au Prophète parce qu’il avait jeté des pierres sur les arbres et qu’il avait volé des dates.

Le Prophète dit : « Ô garçon, pourquoi as-tu jeté des pierres sur les palmiers ? » L’enfant répondit : « Pour manger ».  Le Prophète dit : « Ne jettes pas des pierres sur les palmiers, mais mange ce qui en est tombé ». Ensuite, il passa ses mains sur la tête du garçon et dit : « Ô Allâh, remplit son ventre ». [12]

Plutôt que de réprimander ou de punir, le Prophète invoqua Allâh en faveur du petit.

Qu’Allâh nous permette d’aimer notre Prophète comme il se doit. Amine. Et il est bon de rappeler que cet amour passe par le suivi de ses nobles manières.

 

Notes :

[1] Rapporté par Boukhari
[2] Rapporté par Ibn Khuzaimah et al-Bayhaqi
[3] Rapporté par an-Nasaa’i, Ibn Asaakir et Haakim
[4] Rapporté par Boukhari et Muslim
[5] « Corriger » ne veut pas forcément dire utiliser la violence, le terme renvoi aussi à la notion de rétablissement de ce qui est correct. (Faire disparaître une erreur, un défaut, en rétablissant ce qui est exact, bon, correct : Corriger une faute d’orthographe. Essayer de corriger une mauvaise habitude – Larousse)
[6] Abu Dawud
[7] Ahmad, Abu Dawud, Ibn Hibban
[8] At-Tabarani
[9] Boukhari et Muslim
[10] Boukhari
[11]Rapporté par Muslim n°2310 et Abû Dâwud
[12] Rapporté par Abu Dawud

Est-il permis d’acheter et de vendre des livres pour enfants contenant des illustrations?

 

Réponse de Sheykh Faraz Rabbani

 

 

education

 

Question :

Est-il permis en Islam d’acheter et/ou de vendre des livres pour enfants contenant des illustrations? Le genre de livre permettant par exemple l’apprentissage de la lecture.


Réponse :

Walaikum Assalam,

La fatwa d’éminents spécialistes Hanafites de Syrie, d’Irak, et d’ailleurs est que les images dans les livres pour enfants ont le même statut que les poupées pour les enfants : c’est autorisé qu’on les achète et qu’on les vende, parce qu’ils ont aussi un intérêt pédagogique similaire (si ce n’est encore plus évident). De nombreux savants Hanafites du sous-continent indien ne sont pas de cet avis.

Et Allâh seul donne le succès.

Faraz Rabbani

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)