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La quête spirituelle de l’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy

 

 

al-ghazali-spirituel

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

L’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy رحمه الله fut très certainement l’homme le plus savant de son époque. Il est celui qui fut qualifié par l’Imam Ibn ‘Asākir رحمه الله de revivificateur de la religion du 5e siècle et qui aujourd’hui encore est surnommé Hujjut al-Islam (l’argument de l’Islam). Les grands savants du Fiqh, de la ‘Aqida, du Tafsir venaient de partout pour apprendre auprès de lui. Il était d’ailleurs à ce titre le responsable de la grande université Islamique Nizamuddin à Bagdad. Cependant, malgré son impressionnante érudition scientifique, au fil du temps, il se rendit compte que malgré toute sa science, il n’avait réussi à atteindre ni la proximité d’Allâh, ni celle de Son Messager ﷺ.

Il décida donc d’aller faire le tour des plus grands savants qu’il côtoyait à l’époque.

Il commença par les savants du Tafsir : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher d’Allâh ? » Ils répondirent : « Tu peux nous demander à propos de n’importe quel verset du Qour’an, on peut en parler pendant dix années, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh »Il se rendit ensuite auprès des savants du Hadith : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher de Rassoul Allâh ﷺ? » Ils répondirent : « On ne peut que te rapprocher du Hadith, on peut t’enseigner les paroles du Prophète, mais on ne peut pas t’emmener au Prophète lui-même »Il alla donc voir les Fuqahas, les spécialistes de la Loi Divine : « Je veux atteindre Allâh et Son Messager ﷺ? Que pouvez-vous faire pour moi ? » Ils répondirent : « On peut t’expliquer les règles, comment faire le wudhu, le ghusl, le halal, le haram, on connait les Commandements d’Allâh, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh. » Il se rendit alors chez les ‘Ulamas de la ‘Aqida, spécialistes de la Croyance : « Vous êtes les sommités dans la Croyance, emmenez-moi à Allâh et à Son Messager ﷺ. » Ils répondirent : « On sait beaucoup de choses concernant Allâh, mais nous ne sommes pas capables de t’emmener à Lui ».

L’Imam Al-Ghazaliyy était dépité, lui, le plus grand savant de son temps était incapable de se rapprocher d’Allâh et les autres shuyukhs spécialistes des sciences Islamiques ne pouvaient rien pour lui non plus.

« Auprès de qui vais-je pouvoir chercher la guidée ? Si je meurs, que va-t-il m’arriver ? »

Il fut tellement éprouvé par cela qu’il ne put plus parler. Il traversa une longue période de dépression et d’incertitude profondes. Il décida alors de quitter ses fonctions, s’isola et commença a étudier et à analyser durant deux années (certains ont dit dix années), les différents groupes et pensées et ce de jour, comme de nuit. Au bout de ces années d’étude, il déclara :

« J’en suis venu à la conclusion que la vérité est avec les Soufis et avec les Awliyas qui sont illuminés et qui prennent directement la guidée du Nur de Saydinna Rassul Allâh ﷺ. »

« Je sais de manière certaine, » écrivit-il, « que seuls les (vrais) Soufis marchent dans la voie d’Allâh Ta’ala, que leur manière de vivre est la meilleure, que leur chemin est le plus pur chemin et que leurs vertus sont les plus pures vertus. »

Après cela, il quitta l’Irak et partit en quête d’un Maître spirituel qui puisse l’aider à atteindre Allâh et Son Messager ﷺ. Il le trouva et suivit ses enseignements avec assiduité, jusqu’à atteindre ce qu’il était venu chercher.

Qu’Allâh lui fasse miséricorde, lui accorde ses meilleures récompenses et qu’Il l’honore au Jour du Jugement Dernier.

Wa Allâhu a’alam

 


La musique spirituelle à base d’instruments?


Réponse par  Sheykh Faraz Rabbani

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Question :

À vrai dire, j’ai arrêté d’écouter de la musique, mais j’ai ensuite recommencé à en écouter, en partie en raison de certains Cd spirituels islamiques qui contiennent des instruments de musique comme des violons et différents types de percussions.

 

Réponse :

Walaikum assalam wa Rahmatullâh,

Siddi, je ne sais pas sur quelle argumentation se basait le CD. Allâh est plus savant. Il y a divergence d’opinion sur cette question, mais la position transmise par le Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari est exactement la même que celle mentionnée dans les travaux de référence à travers les écoles Sunnites de fiqh, et tenue par les savants Sunnites les plus traditionnels, actuellement comme dans le passé. [1]

Quelques savants avaient, en effet, permis les instruments s’ils n’étaient pas utilisés dans des visées futiles, incluant en cela l’utilisation d’instruments par quelques soufis et d’autres, dans le but d’une élévation spirituelle, tant que cela ne comportait pas d’autres choses illicites (comme des chants interdits, des femmes qui chantent pour autre que des femmes, la libre-mixité lors de telles réunions, etc.)

Cela reste toutefois un avis minoritaire, et les précautions religieuses indiqueraient de s’en abstenir, pour les nombreuses raisons expliquées par le Mufti Muhammad ibn Adam dans sa réponse.

En même temps, Ibn Abidin explique dans son Radd al-Muhtar [2], qu’il ne faut pas condamner ceux (comme les Soufis vertueux), qui ont de nobles intentions dans leur écoute de ce genre de chants et sont loin d’entretenir des objectifs futiles, tant que rien d’autre d’illicite n’est joint à l’écoute.

Ainsi, la prudence religieuse et le suivi de l’avis juridique le plus solide (et le sens manifeste de l’interdiction du Qour’an et de la Sunnah) indiquerait d’éviter scrupuleusement la musique et le chant contenant des instruments autres que le duff [3].

Toutefois, il ne faudrait pas condamner autrui à propos de cela, en raison de la différence d’opinion concernant ce sujet.


Et Allâh est plus savant.

Wassalam,

Faraz Rabbani


© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Notes du traducteur :

[1] Voir l’ouvrage « Reliance of the Traveller » de Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari.

[2] Ibn Abidin dans Radd al-Muhtar, 6.349, Ilmiyya ed.

[3] Dans un de ces articles, Sheykh Nuh Ha Mim Keller explique que l’interdiction de la musique instrumentale est également la position retenue de toutes les quatre écoles de jurisprudence sunnite, l’école Hanafite (Ibn ‘Abidin, Radd al-muhtar ‘ala al-durr al-mukhtar. 5 vols. Bulaq 1272/1855. Réimpression. Beyrouth: Dar Ihya’ al-Turath al-‘Arabi, 1407/1987, 5.253), l’école Malékite (al-Dardir, al-Sharh al-saghir ‘ala Aqrab al-masalik ila madhhab al-Imam Malik. 4 vols. Le Caire: Dar al-Ma‘arif, 1394/1974, 2.502), l’école Shaféite (al-Nawawi, Minhaj al-talibin, 152), et l’école Hanbalite (al-Bahuti, Kashshaf al-qina‘ ‘an matn al-Iqna‘. 6 vols. Beyrouth: Dar al-Fikr, 1402/1982, 5.170). Les lecteurs qui connaissent la littérature du fiqh remarqueront que chacun de ces ouvrages est la référence pour la fatwa dans son école.