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L’importance de la Réconciliation entre les Gens

 

 

Réconciliation islam

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Que ce soit dans le Qour’an ou dans les Hadiths, on constate à quel point Allâh et Son Messager ﷺ ont souligné l’importance de préserver de bons rapports avec son prochain. Ainsi, à titre d’exemple, dans le Livre d’Allâh et dans les Hadiths on peut lire ce qui suit :

« Dis à Mes esclaves de tenir le langage le plus doux, car le Diable plante les aiguillons de la haine entre eux. Le Diable sera toujours pour l’Homme un ennemi évident » [17/53]

« Les croyants ne sont-ils pas des frères? Réconciliez donc vos frères et craignez Allâh, afin de mériter Sa miséricorde. » [49/10]

« Qu’ils se montrent, au contraire, indulgents et cléments ! Vous-mêmes, n’aimeriez-vous pas qu’Allâh vous absolve? Allâh est infiniment Clément et Miséricordieux. » [24/22]

« et que celui qui pardonne et se montre conciliant trouvera sa récompense auprès du Seigneur, car Allâh n’aime pas les agresseurs.  » [42/40]

« Mais si vous faites preuve d’indulgence à leur égard, en les excusant et en leur pardonnant, sachez que Allâh est infiniment Absoluteur et Miséricordieux. » [64/14]

« A ceux qui font l’aumône, qu’ils soient à l’aise ou dans la gêne, qui savent réprimer leur colère et pardonner à leurs semblables, car Dieu aime les bienfaiteurs. » [3/134]

« Ne vous détestez pas, ne vous enviez pas les uns les autres et ne fuyez pas les uns les autres et soyez des frères et des serviteurs d’Allâh. Il n’est pas permis à un Musulman de fuir son frère (Musulman) au-delà de trois jours [1] » [2]

« Les portes du Paradis s’ouvrent chaque lundi et jeudi », Mu‘ammar dit : les actions de chacun sont exposées chaque lundi et jeudi et Allah pardonne à tous ceux qui n’associent à Allâh aucune idole, sauf aux deux personnes qui ont une rancune entre eux, Allah dit à leur propos à Ses anges : « laissez les jusqu’à ce qu’ils se réconcilient » [3]

« Sheytan désespéré d’être adoré par les orants (al-musallûn) dans la péninsule arabique, mais il n’a pas désespéré de semer la discorde, la zizanie et les conflits entre eux (at-tahrîshi baynahum) » [4]

A travers ces textes, nous observons à quel point en Islam l’accent est mis sur l’importance de la réconciliation entre les gens. Cela nous montre également qu’il est essentiel de faciliter les bons rapports et la réconciliation entre les gens.

Y a-t-il dans votre entourage des gens qui ne sont pas satisfaits de vous ? Vos parents ou vos voisins par exemple ? Certes, ils ne sont pas contents de vous, mais ce qui vous est demandé c’est d’essayer de faire de votre mieux pour améliorer cette relation. Vous devez faire votre part… sans vous soucier de leur part. Appelez-les, écrivez-leur une lettre, rendez-leur visite, tout opportunité est bonne pour corriger vos relations et pour vous réconcilier. Ne ruinez pas votre jeûne et vos adorations juste à cause de cela.

Il fait aussi partie du devoir du Musulman d’être un facteur de réconciliation entre les gens. Ainsi, il est rapporté par Abu Darda رضي الله عنه que le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Ne voudriez-vous pas que je vous indique ce qui est plus digne de récompenses que la prière, le jeûne et l’aumône ? ’’ Volontiers ! dirent les Compagnons. Il dit alors : « La réconciliation des liens entre les gens brouillés […] » [5].

Si vous avez ne serait-ce qu’un peu d’influence, utilisez cette influence pour réconcilier les gens entre eux. C’est par ailleurs l’un des rares cas où il est permis de mentir si c’est dans le but de réconcilier [6]. N’oubliez pas : être en mauvais terme avec autrui (disputes, querelles, rupture des liens…) coupe le câble du kheyr (lumière, bonheur, tranquillité, paix, joie, etc.). C’est pourquoi quiconque reconnecte ce câble, Allâh lui accorde une récompense supérieure à celle du jeûne, de la prière et de la sadaqa.

Commencez par vous réconcilier avec vos parents, vos proches, famille, voisins, amis, etc. puis soyez également un acteur de la réconciliation entre les gens. »

 

Notes :

[1] Sauf s’il s’agit de perversion qu’il propage ou d’innovation égarée. A ce propos, l’Imâm Mâlik رضي الله عنه a dit : «  On se détourne des gens des passions, de la perversion et des innovations, car aimer et détester pour Allâh est un devoir et avec ce détournement on incite au bien et on décourage du mal et de la perversion ».
[2] Bukhârî, n°2034.
[3] Imâm Ahmad dans son Musnad, n° 7318
[4] Muslim dans son Sahîh, n°2812
[5] Rapporté par Abu Daoud, Ibn Hibban et at-Tirmidhi
[6] Um Kalthoum bint Uqba رضي الله عنه a déclaré avoir entendu le Prophète ﷺ dire : « Le menteur n’est pas celui qui tient de bons propos (inexacts) afin de réconcilier les gens » (al-Boukhari, n° 2546)

 

Basé sur un dars de Mawlana Sheykh Ahmad Dabbagh (qu’Allâh le préserve)

Comment retirer le couteau d’un cœur

 

Tazkiyyah an-Nafs

 

 

coeur blessé

 

 

Lorsqu’une personne nous a causé du tort, nous ne savons pas toujours comment nous devons réagir. Parfois on peut se sentir triste, blessé, souhaiter se venger ou faire payer d’une manière ou d’une autre la personne à l’origine de ce mal. Dans cet article, nous verrons quelques axes permettant à chacun de mieux comprendre comment l’Islam nous demande de réagir afin que le mal que nous avons subi (ou causé) ne se retourne pas contre nous au Jour du Jugement.

D’une manière générale, nous savons qu’Allâh nous enjoint à pardonner.

« Élancez-vous vers un pardon ineffable de votre Maître, hâtez-vous vers un Paradis immense, aménagé aux dimensions des cieux et de la terre, réservé à ceux qui craignent Allâh, à ceux qui dispensent leurs richesses en aumône, qu’ils soient dans la gène ou l’abondance, qui savent dominer leur colère et pardonner à leur prochain. Allâh aime les âmes généreuses ! » [Coran, 3.133]

« … ils oublieront et ils pardonnerons. N’aimez vous pas quand Allâh vous pardonne ? Allâh est Celui qui pardonne. Il est très miséricordieux » [Coran, 24.22]

« Pratique le pardon ; ordonne le bien ; écarte-toi des ignorants » [Coran, 7.199]

L’exemple Prophétique va également dans le même sens. Même lorsque le Prophète subit les pires injustices au point d’être rejeté, frappé, son invocation vers Allâh fut :

« Mon Dieu ! Pardonne à mon peuple car ils ne savent pas. » [Kitab ash-Shifa’ du Qadi ‘Iyyad]

Face à une injustice subie, il existe aussi bien entendu la réponse « légale », c’est-à-dire le recours à la justice, mais ce n’est pas sur ce point que nous nous attarderons dans cet article.

Si naturellement nous nous sentons mal à cause de ce mal dont nous avons été victimes, que nous avons des ressentiments négatifs, des envies de revanches, mais que nous ne les nourrissons pas, que ça vient sans que nous ne le souhaitions, que c’est donc inintentionnel, alors ça ne nous affectera négativement. D’un autre côté, lorsqu’une personne nous fait du tort, il arrive parfois que nous nourrissions cela par la médisance, la calomnie, le mensonge, en planifiant une revanche… et tout cela participe à entretenir ces mauvais sentiments à l’égard de la personne concernée. Celui qui n’entretient pas ces ressentiments ne sera pas affecté (dans sa progression spirituelle et sa relation avec Allâh), tandis que celui qui les entretient s’en trouvera affecté.

Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy (RA) a déclaré :

« Regardez au plus profond de votre cœur pourquoi vous ne progressez pas sur le Chemin vers Allâh ‘azawajal. »

Un jour, certains de ses élèves lui posèrent la question suivante : « Il y a une personne qui semble nous en vouloir mais on ne lui a rien fait du tout. Comment devons nous réagir par rapport à cette personne ? » C’est une situation que nous rencontrons nous aussi parfois. Peut-être avons-nous fait quelque chose sans nous en rendre compte, ou qui a pu être perçue autrement que ce que nous espérions ? Le grand Maître spirituel leur répondit : « Certains d’entre vous ont des secrets très sombres et profonds en eux, des choses obscures ». Il dit alors à ces murideens (disciples) : « J’ai regardé à l’intérieur de vos cœurs et il y a des blocages (obstructions) ». Nous connaissons ce type de situations physiquement lorsque nous avons par exemple du cholestérol et que notre cœur est obstrué. On ne s’en rend pas forcément compte car c’est caché, où alors parfois sur le tard lorsque nous avons des problèmes cardiaques, voire trop tard une fois morts.

S’en rendre compte avant et faire le nécessaire pour recouvrer la santé physique est alors indispensable et vital. Il en va de même pour le cœur (spirituel). Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy se rendit compte de cela chez ces disciples et il les informa qu’ils avaient en eux des blocages qui les empêchaient de se rapprocher davantage d’Allâh. Il leur dit que cela trouvait sa source il y a fort longtemps, peut-être lors de leur adolescence et qu’ils avaient alors du faire du mal à des gens. Ce type d’événements, nous les avons oubliés depuis longtemps, mais Allâh ne les a pas oublié, les anges non plus ne les ont pas oubliés, ils demeurent. C’est la raison pour laquelle une des conditions indispensable pour celui qui désire cheminer vers Allâh, c’est la Tawbah (le repentir) et cela implique de réparer les droits de ceux qui sont concernés (Allâh, le Prophète Muhammad, l’Islam, le Qour’an, les gens concernés…). Une personne peut porter la barbe, un voile, présenter tous les signes extérieurs de la piété mais garder en elle ces noirceurs. Extérieurement on voit un personne pieuse, mais en réalité elle est déconnectée d’Allâh ta’ala.

Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy continua en disant :

« Vous avez fait du mal à des gens, vous les avez poignardé (NDT : sens figuré) et vous avez laissé le couteau dans leur cœur. Allez donc les voir et rectifiez ce qui doit l’être et de cette manière,  vous trouverez ouvertes les portes de la proximité d’Allâh ».

Mais que faire si on ne trouve pas la personne à qui nous avons fait du tort ?  

Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit qu’on peut donner sadaka (aumône) en leur nom, qu’on peut prier pour eux (dou’as), faire des bonnes actions en leur nom (de manière à ce que les récompenses leur reviennent), répandre des bonnes nouvelles à propos de ces personnes (leurs qualités par ex.) de manière à ce que leur honorabilité augmente vis-à-vis des gens.

Mais que faire si nous n’avons rien fait à la personne qui a un ressentiment vis-à-vis de nous ?

Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit que si on craint vraiment Allâh et le Jour du Jugement et que nous ressentons qu’Allâh nous interrogera, alors on doit essayer de rectifier la relation que l’on a avec cette personne, lui donner quelque chose, faire quelque chose de bien pour elle, de manière à ce qu’elle n’ait pas matière à se plaindre de nous le Jour du Jugement. Si on ne se sent pas concerné par cela, alors c’est qu’on ne craint pas ce Jour terrible qui est censé nous effrayer à un tel point qu’on doit faire tout notre possible pour rectifier ce qui doit l’être.  Même si on n’a rien à se reprocher, on devrait craindre ce Jour à un tel point où on ne souhaite être questionné sur rien.

A titre d’exemple, le Jour du Jugement, les Chrétiens seront interrogés sur le fait qu’ils associaient ‘Issa (Jésus – ‘alayhi salaam) à Allâh et donc qu’ils l’adoraient en imaginant qu’il était le fils de Dieu. Ils diront pour se défendre que c’est Saydinna ‘Issa qui leur a enseigné cela. Alors, Allâh fera venir ‘Issa pour le questionner et afin qu’il démente devant eux ces fausses allégations. Bien entendu il réfutera cela. Malgré qu’Allâh le sache très bien qu’il n’a jamais prétendu être Dieu ou son fils, et malgré que ‘Issa sache qu’Allâh le sait, il est rapporté que Saydinna ‘Issa sera dans tel état de devoir répondre de cela devant Allâh que son sang sortira par les pores de sa peau. Si un Prophète d’Allâh peut se retrouver dans un état pareil pour devoir témoigner d’une chose dont il est innocent, alors imaginez donc dans quel état nous serons !

– Qu’Allâh nous pardonne et nous facilite ce Jour terrible –

Le précieux conseil de Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy est : Faites en sortes que personne n’ait quelque chose à vous reprocher et si c’est le cas, tentez de rectifier le tir.

Wa Allâhou a’alam.

De l’Ordre de demander le pardon, la protection, la grâce, l’agrément et la patience à Allâh
  

Par l’imam Abd Al-Qâdir al-Jîlânî
   

dou'a

 

 

Ne demande rien d’autre à Allâh que le pardon pour les péchés passés et la protection (’ismâ) qui immunise contre eux dans les jours à venir; ainsi que la grâce (tawfiq) pour une adoration convenable, l’obéissance à l’Ordre, là satisfaction devant l’amertume du destin, la patience face aux difficultés et aux épreuves, la reconnaissance pour les bienfaits et les dons ; enfin une mort « scellée par le bien » [1] et la réunion avec les Prophètes, les Véridiques, les martyrs et les vertueux. En effet quelle excellente compagnie ils constituent !

Et ne Lui demande pas ce bas monde, ni la cessation de la pauvreté et des épreuves pour les remplacer par la richesse et la tranquillité. (Demande) plutôt la satisfaction de ta part et de ce qu’Il décide. Et implore Sa Protection (hifz) [2] continuelle dans l’état où Il t’a placé et éprouvé, jusqu’à ce qu’Il te déplace à un autre état différent. Car tu ne sais pas dans lequel réside le bien: dans la pauvreté ou dans la richesse, dans l’épreuve ou dans la tranquillité. Il a replié devant toi la science des choses, de sorte qu’Il est seul à connaître leurs avantages et leurs nocivités.

Il est rapporté que ‘Umar Ibn al-Khattâb a dit :

« Peu m’importe dans quel état je me retrouve ; qu’il me soit désagréable ou agréable, car j’ignore dans lequel des deux gît le bien ». Il s’est exprimé ainsi à cause de sa parfaite satisfaction de la direction d’ Allâh et de la quiétude quant à Son Choix et de Son Décret.

Allâh dit : « Le combat vous est prescrit bien que vous ne l’aimiez pas. Vous pouvez ne pas aimer ce qui vous est bon et aimer ce qui vous est mauvais. Allâh sait et vous ne savez pas » [3].

Demeure dans cette position jusqu’à-ce que disparaisse ta passion et se brise ton nafs [4]. Elle deviendra humble, vaincue et docile. Ensuite s’évanouiront ta volonté propre et tes souhaits individuels. Les mondes créés (akwân) sortiront de ton cœur, il n’y restera plus rien sinon Allâh Ton cœur se remplira de l’Amour d’Allâh et ta volonté deviendra sincère dans Sa recherche.

Le vouloir te sera rendu par Son Ordre pour la demande d’un plaisir de ce monde ou de l’autre. Mais alors tu demanderas conformément à Son Ordre. S’Il te donne, tu remercieras et tu jouiras de ton lot. S’Il te prive tu ne t’irriteras pas, ni ne changeras intérieurement par rapport à Lui. Tu ne l’accuseras pas d’avarice pour autant. Car tu ne l’auras pas imploré par passion et volonté propre, ayant le cœur libre de ces choses, ne désirant rien, mais agissant pour te conformer à Son Ordre d’exercer la demande.

Que la paix soit sur toi !

 

Notes :

[1] Car les actes de toute une vie vont dépendre pour leurs conséquences finales de la manière dont celle-ci va s’achever. Un hadith dit que certaines personnes accomplissent les actions des gens destinés au Paradis pendant presque toute leur vie, mais finalement tombent dans les actions des gens de l’enfer, dans lequel ils sont précipités après leur mort. Et inversement d’autres, après une vie répréhensible, accèdent au Paradis du fait d’actions louables accomplies à la fin de leur existence terrestre.

[2] Hifz est utilisée pour la protection qui enveloppe les awliyâ (saints) et ‘ismâ pour celle qui accompagne les anbiyâ’ (prophètes).

[3] Qur’ân, sourate n°2, verset 216.

[4] Nafs peut être traduit par égo ou âme charnelle.