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En Islam, le vote est-il permis lors d’une élection?

 

Sayyidi Sheykh Habib Umar bin Hafiz

 

 

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Question :

Les présidentielles arrivent à grand pas, du coup j’aimerai savoir : En Islam, le vote est-il permis lors d’une élection? De même, est-il autorisé de voter pour une femme?


Réponse :

Vous avez le choix entre participer (voter) ou ne pas participer. Les deux sont acceptables. Si vous croyez que le vote pour un candidat précis sera susceptible de protéger les gens en général et que cela protégera du mal les Musulmans en particulier et que cela sera une source de bien, alors vous pouvez le faire. Si vous n’êtes pas sûr de savoir quel est le meilleur choix à faire, alors il n’y a pas de mal à ne pas voter, sauf dans une situation particulière dans laquelle les savants et intellectuels, sur la base de leur évaluation des affaires en cours, s’accordent à dire que si les Musulmans ne votent pas, alors cela aura des conséquences négatives graves. Dans cette situation, voter deviendrait obligatoire pour empêcher les dommages.

Quant à la question : « Est-il permis de voter pour une candidate », compte tenu de la déclaration du Prophète ﷺ : « Jamais une nation dirigée par une femme ne réussira » ? [1]

Le même principe s’applique : si c’est plus probable qu’en élisant une femme présidente le bien sera atteint et que le mal sera évité, alors il est permis de voter pour elle. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux éviter de le faire.


– Réponse apportée par le grand savant Sheykh Habib Umar bin Hafiz
(qu’Allah le protège et qu’Il nous permette de profiter de son savoir et de sa sagesse) –


Notes :

Biographie de Sayydi Sheykh Al-Habîb `Umar Ibn Hafîdh

Cette réponse a été approuvée par Sheykh Faraz Rabbani qui l’a partagée ainsi sur les réseaux sociaux.

[1] Boukhari n° 219, d’après Abou Bakr (qu’Allâh l’agrée).

 

Qu’est-ce qui fait sortir une personne de l’Islam?

 

Sheykh Faraz A. Khan

 

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Question :

Qu’est-ce qui fait sortir une personne de l’Islam? Généralement, il est stipulé « rejeter ce qui est connu par obligation », mais qu’est-ce que cela implique?

 

Réponse :

As-salamu alaikum warahmatullah,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans la meilleure condition possible.

Les limites générales de l’Islam

L’Imam Tahawi (radhia Allâhou ‘anhou) déclare dans son crédo bien connu, « Le serviteur ne sortira du cadre de la foi que par une répudiation de ce qui lui a permis d’y entrer. » c’est à dire, en reniant une croyance qui concerne les principes fondamentaux de la foi Islamique, comme (en reniant) Allah et Ses attributs (Son unicité, l’omnipotence, l’omniscience, etc.), Ses livres, Ses anges, Ses Prophètes et Messagers, le Jour du Jugement, ou la Loi Sacrée (Shariah).

En outre, parce que la vraie croyance implique respect et vénération, la mécréance peut également venir du blasphème, du dédain ou du mépris envers la religion ou envers les principes de la foi susmentionnés.

Enfin, nos savants mentionnent que la mécréance peut résulter de la négation ou du mépris pour tout ce qui est « nécessairement connu de la religion. »

Ce qui est nécessairement connu de la Religion

Cette catégorie de la foi – « nécessairement connu de la religion » – fait référence à certains aspects de la religion qui ont été transmis par l’histoire et acceptés par l’ensemble de la communauté, d’une manière telle qu’il est indéniable que ces aspects fassent partie de la religion. Les nier serait donc apparenté à rejeter le Messager lui-même (paix et bénédictions sur lui), car ces choses viennent sans aucun doute possible de lui.

En outre, ces aspects doivent être définitifs (qat`i) dans leur sens, de sorte qu’il n’y avait pas de divergence d’opinion parmi les juristes quant à ce que ces aspects impliquent.

Cette catégorie est une réalité historique absolue, et cela se présente par l’une des modalités suivantes :

(A) des chaînes de transmission multiples et incontestables (tawatur), ce qui signifie que les récits nous sont parvenus à travers tant de chaînes de transmission qu’il est impossible que ses transmetteurs aient conspiré pour les fabriquer. Cela s’applique à chaque verset du Coran, ainsi qu’à diverses Sunnah prophétiques ayant atteint ce statut.

(B) une pratique prophétique établie et normative qui est bien connue (Mashhur), acceptée par toutes les communautés de juristes Musulmans;

(C) le consensus définitif verbalisé (ijma’) de tous les Compagnons, nous ayant été également rapporté à travers d’incontestables et multiples chaînes de transmission.

Les exemples sont la prière rituelle (salat), l’aumône (zakat), le jeûne du mois de Ramadan (jeûne), et le pèlerinage (hajj); ainsi que leur statut obligatoire respectif. Renier ou mépriser l’un d’entre eux entraîne la mécréance.

En outre, le statut illicite de certains péchés rentre également dans cette catégorie. Par exemple, le meurtre (qatl), l’adultère (zina), et la consommation de vin (khamr) sont nécessairement connu comme étant interdits par la religion. Considérer de telles choses comme étant religieusement licites entraîne aussi la mécréance.

[Nahlawi, Al-Durar al-Mubaha fil Hazr wal Ibaha; Bajuri/Laqqani, Hashiyat Bajuri ala Jawharat al-Tawhid]

Le Takfir : Une Fitna de notre époque

Cela étant dit, il est absolument essentiel que les Musulmans sachent bien que l’application des critères mentionnés ci-dessus possède des cas particuliers, et la détermination visant à savoir si un Musulman a en effet commis de la mécréance est une fonction uniquement réservée aux juristes Musulmans qualifiés et très compétents, pas aux Musulmans du commun.

Une des plus grandes épreuves (fitan) de notre époque est cette facilité qu’ont certains Musulmans à considérer d’autres Musulmans comme mécréants (takfir). C’est une catastrophe, dont le mal se manifeste le plus clairement par le meurtre insensé de Musulmans innocents, tués par des extrémistes.

Comme l’affirme Sheykh Abdullah bin Bayyah dans sa fatwa sur le takfir : « La fitna du takfir est une fitna qui a rapporté à la communauté des dommages graves, car c’est une fitna aveugle, dont les causes sont encore obscures et dont les conséquences sont tout à fait dévastatrices. » [Fatwa Sheykh Bin Bayyah, Message d’Amman]

Notre bien-aimé Messager (bénédiction et salut sur lui) a dit : « Quiconque accuse un coreligionnaire de kufr, c’est comme si il l’a tué. » [Bukhari]

Ainsi que « Si un homme traite son frère de mécréant, alors l’un des deux aura mérité cette qualification. » [Bukhari, Muslim]

Ce hadith indique qu’il est catégoriquement interdit d’accuser son coreligionnaire de mécréance, car c’est de la diffamation et de la calomnie majeure. Allâh le Très Haut déclare : « Et ne vous donnez pas de sobriquets injurieux. Quel vilain caractère que la «perversion» qui s’allie mal avec la foi ! » (Coran, 49:11) De nombreux commentateurs ont dit que ce verset se réfère au fait d’accuser son coreligionnaire de mécréance (kafir) ou de « religieusement corrompu » (fasiq). [Ibn Abdul Barr, Istidhkar]

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a également déclaré lors de son pèlerinage d’adieu : « Après ma mort, n’agissez pas comme (vous agissiez lorsque vous étiez) mécréants, certains d’entre vous frappant le cou des autres. » Il a fait cette déclaration après avoir dit aux Musulmans de garder le silence, ce qui indique que ce qui allait suivre était une sagesse intemporelle et d’une immense gravité. Et dans une autre narration, il commença par « Malheur à vous tous! » – En soulignant également la gravité de l’affaire.

[Bukhari, Muslim; Sharh Qadi Iyad]

En effet, c’est parce le takfir est une affaire extrêmement grave, que nos savants ont déclaré : « Se tromper en considérant mille mécréants comme étant croyants est meilleur que de se tromper en considérant un seul croyant comme étant mécréant. »

L’Imam al-Ghazali (rahimahou Llâh), un maître juriste, théologien et un saint de notre tradition, explique longuement que la plupart du temps le takfir se produit en raison du fanatisme et sans aucun fondement. Il résume l’affaire comme suit :

« Il est établi que le statut de protection et d’inviolabilité (`isma) du Musulman est certes dérivé de sa déclaration « La ilaha illa Allâh. » Cela, donc, ne peut pas être repoussé, à l’exception de ce qui atteint le niveau de la certitude. » [Ghazali, Iqtisad fil I`tiqad; Fatwa Sheykh Bin Bayyah, Amman Message]

En clair, une question douteuse qui pourrait suggérer la mécréance ne peut pas l’emporter sur la certitude d’origine de la croyance d’un Musulman – seuls un acte ou une déclaration qui exprime avec certitude la mécréance pourrait le faire. Et cette détermination n’est pas la fonction du commun des Musulmans, mais plutôt et uniquement celle des juristes et théologiens qualifiés.

Et Allâh est plus savant.

Wassalam

Sheykh Faraz A. Khan

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Ps : sur le même sujet, lire l’article : Interdiction de jeter l’anathème sur un musulman par A.H. Muhaddith Dehlvi

Négliger la prière entraîne-t-il la mécréance ?

 

Sheykh Faraz A. Khan

 

 

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Question :

Est-il vrai que l’ensemble des Imams des Musulmans s’accordent sur le fait que si quelqu’un ne prie pas de manière continue et néglige à rattraper ses prières, il est alors un kafir (mécréant) même s’il  croit que les cinq prières sont obligatoires ? Négliger la prière entraîne-t-il la mécréance ?

En outre, si c’est vrai, pourquoi quelqu’un qui n’a pas prié durant 20 années ou plus, doit-il tout rattraper, si de toute façon il était considéré comme un kafir ? Je demande cela, parce qu’il y a des fatwas, qui suggèrent de rattraper toutes les prières manquées, même si cela concerne de nombreuses années. À quel point les prières manquées font glisser de la corruption religieuse vers le kufr? Y a-t-il des définitions claires et nettes?

 

Réponse :

Assalamu alaikum wa rahmatullah,

Je prie pour que cette réponse vous trouve en bonne condition,

Il existe en effet des définitions claires : il existe une différence entre ce qui implique la mécréance (kufr) par rapport à ce qui entraîne la corruption religieuse (fisq).

Déni ou Dédain

(1) Si un musulman néglige la prière par déni de son statut obligatoire (juhud) ou par dédain et mépris (istikhfaf), alors il y a un consensus dans les quatre écoles que cette personne est coupable d’apostasie (à l’exception d’un nouveau converti qui nie l’obligation par ignorance).

Si une telle personne redevient Musulmane, il ou elle n’aura pas à rattraper les prières manquées selon les Hanafites et les Malékites. Cependant, selon le Shafi`ites, une telle personne devra rattraper ces prières, comme mesure disciplinaire. Les deux opinions sont rapportées de l’Imam Ahmad ibn Hanbal. [Encyclopédie Koweïtienne de Fiqh]

Le raisonnement sous-jacent de cet avis est que la prière est quelque chose faisant partie de ce qui est nécessairement connu de la religion – toute personne Musulmane connaît la prière et son statut obligatoire (mis à part les nouveaux convertis, par exemple). Et la définition même de l’Islam, selon le Coran, la Sunna et le consensus de la Oumma, est « de croire comme étant vrai tout ce qui est nécessairement connu comme venant du Prophète (paix et bénédictions sur lui). » [Taftazani, Sharh Aqa’id Nasafiyya]

Si l’on croit au Coran comme étant la parole révélée d’Allâh, et que l’on croit en notre Maître Muhammad comme étant un vrai prophète, et si quelque chose est établi de manière décisive comme venant de Saydunna Muhammad ﷺ et avec le statut de l’obligation de la religion, alors on l’accepte assurément : on ne saurait la nier, ni la traiter avec dédain ou mépris.

Comme le déclare l’Imam Tahawi dans son credo bien connu (al-‘Aqidat ul-Tahawiyya), « Le serviteur ne sortira du cadre de la foi que par une répudiation de ce qui lui a permis d’y entrer. » c’est-à-dire, qu’en reniant sa croyance en l’unicité d’Allah, en Ses livres ou Ses Messagers, ou la foi qui résulte de tout ce qui est nécessairement connu de la religion.

Paresse ou négligence

(2) Toutefois, si un Musulman néglige la prière par paresse (Kasl) ou par insouciance (tahawun), tandis qu’il croit néanmoins que la prière est obligatoire, alors il demeure Musulman, bien que religieusement corrompu (fasiq). En général, les Musulmans d’aujourd’hui qui négligent la prière entrent dans cette catégorie, et ainsi par la grâce d’Allah, ils sont encore Musulmans.

Une telle personne doit rattraper toutes les prières manquées, peu importe leur nombre. Il existe un consensus des savants sur cette question, comme mentionné par l’Imam an-Nawawi et d’autres.

La même distinction et les mêmes règles peuvent s’appliquent concernant d’autres questions de consensus qui sont nécessairement connus de la religion, comme le jeûne, la zakat, et le hajj.

[Encyclopédie Koweïtienne de Fiqh ; an-Nawawi, Majmu`; Ibn Qudama, Mughni]

La Vaste Miséricorde d’Allâh

Cela stipulé ci-dessus, il faut se rappeler que les portes de la repentance et de la miséricorde divine sont toujours ouvertes : peu importe la gravité de l’infraction commise par le serviteur, même s’il s’agit de mécréance, le serviteur peut à tout moment revenir vers son Seigneur généreux et Le trouver accueillant au repentir.

Allâh le Très Haut déclare : « Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez point de la miséricorde divine ! En vérité, Allâh absout tous les péchés, car Il est le Clément et le Compatissant. » (Coran, 39:53).

Et Allâh aime que le serviteur se retourne vers Lui, comme le Prophète ﷺ l’a expliqué :

« Allah est plus satisfait du repentir de Son serviteur plus qu’un homme se trouvant dans un désert périlleux et ayant avec lui sa monture qui porte sa nourriture et sa boisson, qui, s’étant endormi, se réveille pour constater la perte de sa monture et qui en s’employant vainement à sa recherche jusqu’à éprouver une soif intolérable, se dit: « Je vais retourner au même endroit où j’étais pour y dormir jusqu’à ma mort », retourne et met sa tête sur son coude pour dormir dans l’attente de la mort, et qui une fois réveillé, trouve sa monture auprès de lui avec ses vivres, boisson et nourriture. Allah, en effet, se réjouit du repentir de Son serviteur croyant (bien) plus que cet homme qui a retrouvé sa monture et ses vivres. » [Muslim]

Et Allâh est plus savant.
Wassalam

Sheykh Faraz A. Khan, réponse vérifiée et approuvée par Sheykh Faraz Rabbani

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

Interdiction d’accuser un Musulman de mécréance

 

Hadiths et paroles de Savants

 


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Sheykh Abdal Haqq Muhaddith Dehlvi [1] à déclarer :

« Ces musulmans qui, pour prier, se tournent vers la Kaba à la Mecque sont nommés « Ahl-ul-Qibla », et aussi longtemps qu’ils suivent le Qour’an et la Sunnah et professent le crédo de l’Islam (c’est-à-dire, Il n’y a d’autre dieu qu’Allâh et Muhammad est Son Prophète), nous ne devons pas les traiter de mécréants. [2]Même si les conclusions logiques de leurs déclarations indiquent clairement leur mécréance, nous devrions quand même nous abstenir de les déclarer mécréants à moins qu’ils ne confirment ces mêmes conclusions de par leur obstination.De même, si ces personnes ne semblent ne pas être au courant des conséquences logiques de ce qu’elles disent, la prudence veut que nous nous abstenions de les déclarer mécréants, à moins que le lien entre leur parole et la mécréance soit flagrant. [3]

Chaque fois que possible, nous devrions tenter de trouver une explication absolutrice à ces déclarations, et faire de notre mieux pour dissiper tous les malentendus que nos frères musulmans pourraient entretenir. En aucun cas, nous ne devrions nous précipiter de les inculper pour une erreur ou de les accuser de mécréance.

Il est rapporté dans les traditions (hadiths) que, si un musulman qualifie un autre de mécréant, et que cette autre personne n’est pas mécréante, alors l’accusateur fait de lui-même un mécréant [4]. La même chose s’applique à celui qui en maudit un autre. Si celui qu’il a maudit ne le mérite pas, cela retombera sur le premier qui s’est prononcé [5]. De toute évidence, une bonne dose de retenue devrait être exercée lorsqu’il s’agit de ce type de questions. »

 

Par ailleurs, l’Imam Abu al-Qasim ibn ‘Asakir rapporte dans le Tabyin Kadhib al-Muftari (p. 373-) avec leurs chaines de transmission :

1/ De Khaddash ibn ‘Iyash :

Nous étions assis en cercle à al-Kufa quand un homme d’entre nous dit: « Nous étions assis avec Abu Horayra quand un jeune homme vint à passer. Un homme assis avec nous dit: ?C’est un Kafir, il est parmi les gens du Feu.? Abu Horayra se leva et alla s’entretenir avec l’homme et lui demanda: ?Qui es-tu?? Il répondit ?untel fils d’untel.? Abu Horayra repris: ?Qu’Allah fasse miséricorde à ton père !? Le jeune homme regardait aux alentours, alors il lui demanda: ?Que cherches tu ?? Il répliqua: ?je n’ai pas encore prié.? Abu Horayra l’interrogea: ?Donc tu pries ?? le jeune homme s’exclama: ?Subhan Allah !? Abu Horayra nota : ?Et tu dis Subhan Allah ?? il s’exclama encore ?La Ilaha illAllah !? Abu Horayra remarqua: ?Et tu dis La Ilaha illAllah ?? le jeune homme dit: ?Je préférerais ne pas abandonner la prière même si l’on me donnait tout ce qui est sur la face de la terre.? Abu Horayra dit alors: ?Allah a de la miséricorde pour toi. Allah a de la miséricorde pour toi. Allah a de la miséricorde pour toi. ‘ Alors il revint prendre sa place dans le cercle et dit: ?J’ai entendu le Messager d’Allah dire: « Quiconque porte un témoignage contre un Musulman alors que ce dernier ne le mérite pas, qu’il prépare sa place dans le Feu. »?

2/ De `Ubayd Allah ibn `Umar, from Nafi`:

Un homme dit à Ibn ‘Umar: « J’ai un voisin qui se porte témoin contre moi que je commets du shirk. » Ibn ‘Umar lui répondit: « Dis : ?La Ilaha illAllah? et tu feras de lui un menteur. »

3/ De Sawwar ibn Shabib al-A`raji :

J’étais assis dans la maison de Ibn ‘Umar quand vint un homme qui dit : « O Ibn ‘Umar! Il y a des groupes de gens qui portent témoignage contre nous et nous attribuent le kufr et le shirk. » Ibn ‘Umar lui répondit: « Honte à toi! N’as-tu pas dit ?La Ilaha illAllah? ?! » Alors la maisonnée entière se mit à dire ?La Ilaha illAllah? jusqu’à ce que la maison en tremble.

4/ De al-A`mash, de Abu Sufyan :Nous sommes venus voir Jabir ibn ‘Abd Allah qui vivait à la Meque et qui résidait avec les Banu Fihr. Un homme lui demanda: « Est-ce que vous [les Compagnons] avez déjà traité quiconque parmi les Gens de la Qibla [musulmans], de ‘Mushrik’ ? » Il répondit: « Je cherche refuge auprès d’Allah. » L’homme continua: « Avez vous appelé quiconque parmi eux ‘Kafir’ ? » Il répondit « Non. »

[traduction des passages de Tabyin Kadhib al-Muftari par siddi Abdal Batin de Islam-Sunnite]

On a rapporté d’après l’Imâm Mâlik l’avis suivant : « Quiconque émane de sa part ce qui implique la dénégation sous quatre-vingt-dix-neuf formes, et que la foi n’est impliquée que par une forme, sera considéré comme ayant la foi. » [cité par Sheykh Sayyid Sâbiq]

Lorsqu’on demanda à l’imam Mâlik (RA) de se prononcer sur la secte des Khawarijs (c-à-d- sont-ils mécréants?), ils répondit : « C’est plutôt de la mécréance qu’ils fuirent. ». Cette réponse sage est à la mesure de la Science et de la sagesse de l’imam Mâlik qui malgré la compréhension erronnée de l’Islam de ces gens et leurs exactions sanguinaires les considérait toutefois comme musulmans car quiconque témoigne qu’il n’y a de Dieu que Allâh et que Son Messager est Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam), et qui ne nie pas les piliers de l’Islam et ce qui fait concensus et ai connu de tous, ne peut être sorti de l’Islam (sauf conditions particulières).

Mulla Ali Qari a écrit dans Sharh Fiqh Akbar, au sujet du kufr, : « S’il y a 99 raisons de considérer quelqu’un mécréant et une seule raison de ne pas le considérer comme tel, le mufti et le juge sont tenus de prendre en compte cette raison pour nier la mécréance. » (p.146)Sayyid Muhammad Abidin a écrit : « S’il existe beaucoup de raisons sur une question de l’application de la mécréance [permettant de considérer quelqu’un comme kafir], et une raison permettant sa négation, le juge doit s’incliner vers la raison qui s’oppose à son takfir, donnant au musulman le profit du doute. » (Sil al-Hisan al-Hindi, p. 45)

Husain Ahmad Madani, le théologien Deobandi renommé de ce siècle a écrit dans son autobiographie Naqsh-i Hayat : « Tous les grands savants sont unanimes à considérer que si, sur cent ingrédients qui composent la croyance de certains musulmans, quatre vingt dix neuf sont ceux de la mécréance, et que l’un est celui de la vraie foi Islamique, alors il n’est pas permis de l’appeler kafir, et sa vie ou ses biens demeurent inviolables. » En fait, Hazrat Gangohi [l’un des fondateurs de l’institut Deobandi] indique clairement dans son Anwar al-Qulub que la parole des juristes (à propos des quatre vingt dix neuf motifs) ne fixe pas de limite, et que si 999 points sur mille (de la croyance d’un musulman) indiquent sa mécréance (kufr) et qu’un seul est de la vraie croyance, alors, il ne peut pas être appelé kafir. (Naqsh-i Hayat, Bayt-ut-Tawhid, Karachi, 1953, vol. i. p. 126)

 


Notes du traducteur :

 

[1] Le Sheykh Abdoul Haqq Muhaddith Dehlvi (958/1551 – 1052/1642) fut un grand savant dans la science du hadith, il étudia aussi la Théologie, le Qour’an, l’Arabe, le Perse, la Chari’a, ainsi que le Tassawuf. Il a écrit plus de 40 ouvrages que de nombreux savants utilisent et citent en référence. Parmi ses ouvrages on trouve des commentaires sur les Hadiths et la Jurisprudence, l’histoire, le Soufisme, la Théologie, les Sciences Coraniques, etc. Le Sheykh était également un poète accompli. Dans l’Inde de l’empire Mughal, il était considéré par ses contemporains comme l’autorité finale en matière de Croyance. Il ouvrit en Inde une université Islamique (Dar-ul-‘Uloum) où il enseigna le Qour’an shareef et les hadiths. Il était un homme d’une grande piété. Qu’Allâh verse Ses Bénédictions sur le tombeau de ce très grand théologien. Amin[2] Ce principe fondamental se retrouve aussi dans de nombreux textes de référence comme par exemple :Dans la Tahâwiyyah de l’Imam Abou Dja’far At-Tahâwî (point 54) :

« Nous appelons tous ceux qui prient en direction de notre orientation (Qibla) Musulmans et Croyants, et ce, tant qu’ils reconnaissent et acceptent tout l’enseignement apporté par le Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), qu’ils prennent pour véridique tout ce qu’il a dit et tout ce dont il les a informés. »

Dans la Nadawiyyah de l’Imam ‘Alî An-Nadawî:

« Nous ne déclarons personne comme étant mécréant parmi ceux qui se dirigent vers la Qibla, sauf en cas de négation d’Allâh, Le Constructeur et Le Tout-Puissant, d’adoration d’un autre que Lui, de réfutation de la Résurrection et du Prophète ou d’un autre principe impératif de la religion. »

[3] Le grand ‘Alim, Ahmad Macchour al-Haddad a dit :

« Il y a eu consensus sur l’interdiction de qualifier les gens de la Qiblah (les Musulmans) de mécréant sauf dans les cas suivants :

– La non croyance en le Créateur, le Capable (Allâh)
– Un polythéisme flagrant
– Le rejet de la Prophétie
– La non reconnaissance de ce qui est obligatoire dans la religion ou la négation de ce qui est communément admis par les Musulmans
– La non reconnaissance que le Message est celui de Muhammad (salallâhou ‘alayhi wa salaam)
– La non croyance à la résurrection, au Jugement, au Paradis et à l’enfer. »

[4] « Si un homme traite son frère de mécréant, alors l’un des deux aura mérité cette qualification » [Rapporté par Al-Bukhârî selon Abû Hurayrah]

[5] Le Prophète Muhammad dit à ce sujet :

« Maudire un croyant est comparable au fait de le tuer. » [Al-Bukhârî dans le chapitre du comportement (6105), Muslim dans le chapitre de la foi (110).]

« Ceux qui maudissent ne seront point témoins, ni intercesseurs le Jour du Jugement. » [Muslim dans le chapitre du comportement et des liens (2598).]

« Le Croyant n’est pas celui qui jette le doute sur la bonne réputation des autres, ni le maudisseur invétéré, ni le grossier ». [Rapporté par at-Tirmidhi]

« Ne maudissez pas le vent car il est commandé par Allâh et celui qui maudit une chose qui ne mérite pas d’être maudite la malédiction retourne contre lui » [rapporté par Abou Daoud et at-Tirmidhi]