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En Islam, le vote est-il permis lors d’une élection?

 

Sayyidi Sheykh Habib Umar bin Hafiz

 

 

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Question :

Les présidentielles arrivent à grand pas, du coup j’aimerai savoir : En Islam, le vote est-il permis lors d’une élection? De même, est-il autorisé de voter pour une femme?


Réponse :

Vous avez le choix entre participer (voter) ou ne pas participer. Les deux sont acceptables. Si vous croyez que le vote pour un candidat précis sera susceptible de protéger les gens en général et que cela protégera du mal les Musulmans en particulier et que cela sera une source de bien, alors vous pouvez le faire. Si vous n’êtes pas sûr de savoir quel est le meilleur choix à faire, alors il n’y a pas de mal à ne pas voter, sauf dans une situation particulière dans laquelle les savants et intellectuels, sur la base de leur évaluation des affaires en cours, s’accordent à dire que si les Musulmans ne votent pas, alors cela aura des conséquences négatives graves. Dans cette situation, voter deviendrait obligatoire pour empêcher les dommages.

Quant à la question : « Est-il permis de voter pour une candidate », compte tenu de la déclaration du Prophète ﷺ : « Jamais une nation dirigée par une femme ne réussira » ? [1]

Le même principe s’applique : si c’est plus probable qu’en élisant une femme présidente le bien sera atteint et que le mal sera évité, alors il est permis de voter pour elle. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux éviter de le faire.


– Réponse apportée par le grand savant Sheykh Habib Umar bin Hafiz
(qu’Allah le protège et qu’Il nous permette de profiter de son savoir et de sa sagesse) –


Notes :

Biographie de Sayydi Sheykh Al-Habîb `Umar Ibn Hafîdh

Cette réponse a été approuvée par Sheykh Faraz Rabbani qui l’a partagée ainsi sur les réseaux sociaux.

[1] Boukhari n° 219, d’après Abou Bakr (qu’Allâh l’agrée).

 

Qu’est-ce qui fait sortir une personne de l’Islam?

 

Sheykh Faraz A. Khan

 

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Question :

Qu’est-ce qui fait sortir une personne de l’Islam? Généralement, il est stipulé « rejeter ce qui est connu par obligation », mais qu’est-ce que cela implique?

 

Réponse :

As-salamu alaikum warahmatullah,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans la meilleure condition possible.

Les limites générales de l’Islam

L’Imam Tahawi (radhia Allâhou ‘anhou) déclare dans son crédo bien connu, « Le serviteur ne sortira du cadre de la foi que par une répudiation de ce qui lui a permis d’y entrer. » c’est à dire, en reniant une croyance qui concerne les principes fondamentaux de la foi Islamique, comme (en reniant) Allah et Ses attributs (Son unicité, l’omnipotence, l’omniscience, etc.), Ses livres, Ses anges, Ses Prophètes et Messagers, le Jour du Jugement, ou la Loi Sacrée (Shariah).

En outre, parce que la vraie croyance implique respect et vénération, la mécréance peut également venir du blasphème, du dédain ou du mépris envers la religion ou envers les principes de la foi susmentionnés.

Enfin, nos savants mentionnent que la mécréance peut résulter de la négation ou du mépris pour tout ce qui est « nécessairement connu de la religion. »

Ce qui est nécessairement connu de la Religion

Cette catégorie de la foi – « nécessairement connu de la religion » – fait référence à certains aspects de la religion qui ont été transmis par l’histoire et acceptés par l’ensemble de la communauté, d’une manière telle qu’il est indéniable que ces aspects fassent partie de la religion. Les nier serait donc apparenté à rejeter le Messager lui-même (paix et bénédictions sur lui), car ces choses viennent sans aucun doute possible de lui.

En outre, ces aspects doivent être définitifs (qat`i) dans leur sens, de sorte qu’il n’y avait pas de divergence d’opinion parmi les juristes quant à ce que ces aspects impliquent.

Cette catégorie est une réalité historique absolue, et cela se présente par l’une des modalités suivantes :

(A) des chaînes de transmission multiples et incontestables (tawatur), ce qui signifie que les récits nous sont parvenus à travers tant de chaînes de transmission qu’il est impossible que ses transmetteurs aient conspiré pour les fabriquer. Cela s’applique à chaque verset du Coran, ainsi qu’à diverses Sunnah prophétiques ayant atteint ce statut.

(B) une pratique prophétique établie et normative qui est bien connue (Mashhur), acceptée par toutes les communautés de juristes Musulmans;

(C) le consensus définitif verbalisé (ijma’) de tous les Compagnons, nous ayant été également rapporté à travers d’incontestables et multiples chaînes de transmission.

Les exemples sont la prière rituelle (salat), l’aumône (zakat), le jeûne du mois de Ramadan (jeûne), et le pèlerinage (hajj); ainsi que leur statut obligatoire respectif. Renier ou mépriser l’un d’entre eux entraîne la mécréance.

En outre, le statut illicite de certains péchés rentre également dans cette catégorie. Par exemple, le meurtre (qatl), l’adultère (zina), et la consommation de vin (khamr) sont nécessairement connu comme étant interdits par la religion. Considérer de telles choses comme étant religieusement licites entraîne aussi la mécréance.

[Nahlawi, Al-Durar al-Mubaha fil Hazr wal Ibaha; Bajuri/Laqqani, Hashiyat Bajuri ala Jawharat al-Tawhid]

Le Takfir : Une Fitna de notre époque

Cela étant dit, il est absolument essentiel que les Musulmans sachent bien que l’application des critères mentionnés ci-dessus possède des cas particuliers, et la détermination visant à savoir si un Musulman a en effet commis de la mécréance est une fonction uniquement réservée aux juristes Musulmans qualifiés et très compétents, pas aux Musulmans du commun.

Une des plus grandes épreuves (fitan) de notre époque est cette facilité qu’ont certains Musulmans à considérer d’autres Musulmans comme mécréants (takfir). C’est une catastrophe, dont le mal se manifeste le plus clairement par le meurtre insensé de Musulmans innocents, tués par des extrémistes.

Comme l’affirme Sheykh Abdullah bin Bayyah dans sa fatwa sur le takfir : « La fitna du takfir est une fitna qui a rapporté à la communauté des dommages graves, car c’est une fitna aveugle, dont les causes sont encore obscures et dont les conséquences sont tout à fait dévastatrices. » [Fatwa Sheykh Bin Bayyah, Message d’Amman]

Notre bien-aimé Messager (bénédiction et salut sur lui) a dit : « Quiconque accuse un coreligionnaire de kufr, c’est comme si il l’a tué. » [Bukhari]

Ainsi que « Si un homme traite son frère de mécréant, alors l’un des deux aura mérité cette qualification. » [Bukhari, Muslim]

Ce hadith indique qu’il est catégoriquement interdit d’accuser son coreligionnaire de mécréance, car c’est de la diffamation et de la calomnie majeure. Allâh le Très Haut déclare : « Et ne vous donnez pas de sobriquets injurieux. Quel vilain caractère que la «perversion» qui s’allie mal avec la foi ! » (Coran, 49:11) De nombreux commentateurs ont dit que ce verset se réfère au fait d’accuser son coreligionnaire de mécréance (kafir) ou de « religieusement corrompu » (fasiq). [Ibn Abdul Barr, Istidhkar]

Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a également déclaré lors de son pèlerinage d’adieu : « Après ma mort, n’agissez pas comme (vous agissiez lorsque vous étiez) mécréants, certains d’entre vous frappant le cou des autres. » Il a fait cette déclaration après avoir dit aux Musulmans de garder le silence, ce qui indique que ce qui allait suivre était une sagesse intemporelle et d’une immense gravité. Et dans une autre narration, il commença par « Malheur à vous tous! » – En soulignant également la gravité de l’affaire.

[Bukhari, Muslim; Sharh Qadi Iyad]

En effet, c’est parce le takfir est une affaire extrêmement grave, que nos savants ont déclaré : « Se tromper en considérant mille mécréants comme étant croyants est meilleur que de se tromper en considérant un seul croyant comme étant mécréant. »

L’Imam al-Ghazali (rahimahou Llâh), un maître juriste, théologien et un saint de notre tradition, explique longuement que la plupart du temps le takfir se produit en raison du fanatisme et sans aucun fondement. Il résume l’affaire comme suit :

« Il est établi que le statut de protection et d’inviolabilité (`isma) du Musulman est certes dérivé de sa déclaration « La ilaha illa Allâh. » Cela, donc, ne peut pas être repoussé, à l’exception de ce qui atteint le niveau de la certitude. » [Ghazali, Iqtisad fil I`tiqad; Fatwa Sheykh Bin Bayyah, Amman Message]

En clair, une question douteuse qui pourrait suggérer la mécréance ne peut pas l’emporter sur la certitude d’origine de la croyance d’un Musulman – seuls un acte ou une déclaration qui exprime avec certitude la mécréance pourrait le faire. Et cette détermination n’est pas la fonction du commun des Musulmans, mais plutôt et uniquement celle des juristes et théologiens qualifiés.

Et Allâh est plus savant.

Wassalam

Sheykh Faraz A. Khan

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Ps : sur le même sujet, lire l’article : Interdiction de jeter l’anathème sur un musulman par A.H. Muhaddith Dehlvi

Le littéralisme est-il du kufr ?

Par Sheykh Faraz Rabbani

 

Question :

X est mariée à Y. Y déclare avoir une croyance ‘littérale’ envers les attributs d’Allâh. Si cela signifie la négation de l’unicité absolue d’Allâh (comme indiqué dans l’article de foi n°38 d’at-Tahawi : « Il est exempt de toutes délimitations, de réductions, d’éléments, de membres et d’organes. A la différence de l’ensemble des créatures, aucune des six orientations spatiales ne le contient ».) Y sera-t-il alors considéré comme un murtadd (apostat) ? Si oui, quelles mesures devrait prendre l’autre conjoint (par exemple, le couple devrait-il se séparer immédiatement, et la femme entrer en ‘idda)?

Réponse :

Wa ‘alaykum as-salam,

1/ La simple croyance littérale n’est pas en soi du kufr. Ainsi, le mariage de la personne est valide.

2/ Les savants de la ‘Aqida [1] ont dit que, bien que constituant un péché et une innovation répugnante, ce n’est pas du kufr de dire qu’Allâh a un corps, à moins que l’on dise, comme le corps des choses créées.

3/ Parmi les principes derrière ceci il faut savoir que, quelque chose (X) qui entraîne le kufr (Y) n’est pas considérée étant du kufr, parce qu’il est possible que la personne, bien que croyant en X, ne croit pas en ce qui est nécessité par lui, Y, en raison d’un raisonnement défectueux ou d’autres raisons. C’est le cas avec les littéralistes.

C’est la raison pour laquelle les savants de l’Islam Sunnite, tout en condamnant vigoureusement les erreurs des wahhabites dans la ‘Aqida, ne les considèrent pas en dehors du sein de l’Islam.

Wa ‘alaykum assalam,

Faraz Rabbani

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

Notes :

[1] Référence : Hashiyat al-Bajuri ‘ala as-Sanusiyya, Sharh at-Tariqa al-Muhammadiyya