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La Prière de l’Aïd à la maison

Priere Aid maison

بِسْمِ ٱللَّٰهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ

Question :

En raison de la situation sanitaire actuelle liée au Coronavirus (Covid-19), les mosquées sont fermées et les rassemblement interdits. De ce fait, pouvons-nous effectuer la prière de l’Aïd à la maison, seul ou en groupe ?


Le Statut de la prière de l’Aïd (Salât ul-‘Id)

Salatul-’Id est une Sunnah fortement recommandée (Mu’akkada) pour l’homme qui remplit les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (libre, pubère, doué de raison, résident). Quant aux femmes, cela est simplement recommandé (Mustahab). Elle doit normalement être priée dans un Musallâ (espace ouvert à l’extérieur d’une Mosquée) ou sinon dans les mosquées.

Est-il possible d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en cette période de confinement ?

Dans la situation sanitaire actuelle liée à la pandémie, les Musulmans ne sont pas en mesure d’assister à cette prière que ce soit dans une Mosquée ou dans un Musallâh. Il est alors recommandé d’accomplir la prière de l’Aïd à la maison en congrégation ou individuellement. Elle se prie dans sa forme classique et connue, mais sans effectuer de khutba (discours/prône).

Concernant les personnes qui vivent seules et qui ne remplissent pas les conditions pour assister à la Salat ul-Jumu’a (une femme par ex.) ou qui vivent avec des personnes dans la même situation (une femme avec ses enfants par ex.), ces personnes pourront la prier individuellement, mais pas en groupe.

Comment se prie-t-elle ?

Cette prière est constituée de deux unités (rakat) à voix haute si on est en groupe et à voix basse si on la prie seul, sans adhan préalable ni iqama. Elle doit être effectuée dans son temps classique, c’est-à-dire le jour de l’Aïd, au moment où les prières surérogatoires (nawafil) deviennent licites en matinée (à partir du moment où le soleil s’est levé à hauteur comparable à celle d’une lance, donc un peu après shourouk), jusqu’à l’heure de zawâl (le déclin du soleil du zénith, autrement dit, un peu avant le début du temps légal du dhuhr).

1ère rakat : 1 takbirat inaugurale (takbirat ul-ihram = Allâhu Akbar), puis 6 takbirat (à voix haute (7 au total) – il faut les prononcer à la suite, mais pas trop rapprochés de manière à ce que ceux qui suivent puissent avoir le temps de répéter). On ne lève ses mains que lors de la toute première takbirat (takbirat ul-ihram), mais pas pour les suivantes. On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

2ème rakat : on prononce 5 takbirat, après celle qui a été prononcée lors du redressement en station debout (6 au total). On récite sourate al-Fatiha que l’on fait suivre d’une autre Sourate.

On termine la prière normalement puis on effectue un salaam à droite pour sortir.

Quelles sont les recommandations avant d’effectuer cette prière à la maison ?

– Faire un Ghusl
– Se parfumer (sauf les femmes si elle sortent)
– Se parer de vêtements neufs ou beaux, si on en a les moyens
– Déjeuner avant de prier, avec une ou trois dattes.
– Invoquer abondamment Allâh par la formule : ‘Allahu Akbar’ jusqu’à la prière.
– Sourire, se féliciter mutuellement et montrer la joie liée à ce jour

Qu’Allâh عزوجل accepte notre jeûne et nos bonnes actions accomplies durant ce mois de Ramadan et qu’Il pardonne nos péchés et nos manquements.

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

Selon le madhhab Mâlikîyy

Pour en savoir plus sur la prière de l’Aïd, n’hésitez pas à écouter le cours de Sheykh AbderRahman (ci-dessous) : 

Dans mon pays, les jours d’Arafat et de l’Aïd diffèrent de ceux de La Mecque. Qui suivre ?

 

Sheykh Abdul Wahab Saleem

 

 

 

 

Question :

Le jour de l’Aïd dans mon pays est différent de celui à La Mecque, dois-je jeûner le jour d’Arafah et célébrer l’Aïd en même temps que les pèlerins ou suivre ce qui a été décidé dans mon propre pays ?

 

Réponse :

Comme de nombreuses années, cette année encore, certains pays ont annoncé l’Aïd un jour différent du jour du sacrifice à la Mecque. Comme toujours, une question importante circule concernant le jeûne du jour d’Arafah. Dois-je jeûner le jour d’Arafat en fonction de l’observation des gens de la Mecque ou devrais-je jeûner sur la base de l’observation dans ma propre localité? La valeur du jour d’Arafah se limite-t-elle au jour où les gens sont réellement dans Arafah à La Mecque ?

Ces questions sont très importantes, car le mérite du jour d’Arafah lui-même est très important. Le Prophète ﷺ a dit comme cela est rapporté dans le Sahih de Muslim que la journée d’Arafah « Expie les péchés de l’année précédente et ceux de celle qui suit ». Quand faut-il jeûner ? Votre jour d’Arafah et votre Eid sont basés sur l’observation locale si votre comité décisionnaire ou votre gouvernement local se base sur l’observation locale. Même s’ils utilisent d’autres méthodes légalement légitimes (NDT : calcul) pour définir les dates, suivez-les. On peut se demander : « Comment cela est-il possible alors que Arafah, l’Aïd al-Adha, et le Hajj sont si étroitement reliés entre eux? Ne devrions-nous pas suivre les pèlerins ? »

La réponse à cela est qu’ils sont en effet connecté les uns aux autres, mais pour le pèlerin en particulier plus que pour toute la Ummah. Imaginez-vous à une époque ou dans une situation durant laquelle aucune information liée à la Mecque ne peut venir à nous, sauf après quelques jours grâce à des voyageurs. Imaginez une époque où il n’y a pas ou plus de communication instantanée. Pensez à une année au cours de laquelle le Hajj n’a tout simplement pas eu lieu en raison de problèmes politiques ou d’autres raisons (voir par exemple dans Shifāʾ al-Gharām Bi Akhbār al-Balad al-Ḥarām). Lors de tels scénarios, renoncerions-nous tout simplement au jeûne d’Arafat et à la célébration de l’Aïd al-Adha? Bien sûr que non.

Étant donné que les règles de la Shari’ah sont hors du temps et tiennent compte de toutes les situations, alors les méthodes prescrites pour définir nos célébrations et les jours vertueux de l’année le sont également. Et si les pèlerins eux-mêmes commettent une erreur ? Et si les pèlerins se désunissent et ne sont pas d’accord le jour même ? Que se passe-t-il si certains d’entre eux se tiennent à Arafah un jour, et d’autres à un autre ? Ce ne sont pas des scénarios hypothétiques. Tous ces scénarios ont effectivement eu lieu dans le passé ! Dans de telles situations, devrions-nous continuer à lier le jour d’Arafah sur la base de la décision des pèlerins ? Encore une fois, bien sûr que non.

En ce qui concerne la deuxième partie de la question, « Comment la valeur du jour d’Arafah peut-elle être différente d’un endroit à l’autre ? » Tout simplement parce que la grâce d’Allâh est sans limites. Si elle était limitée à la journée où les pèlerins se tiennent à Arafah, alors pendant des siècles avant nous, quand les gens n’avaient aucune communication instantanée, alors des millions de Musulmans du monde entier qui ont cherché la grâce d’Allâh par le jeûne le jour d’Arafah et sacrifié le jour de l’Aïd al-Adha en fonction de leurs propres observations ne serait pas certain de savoir s’ils ont gagné ou non la récompense du jeûne du jour de Arafah. De plus, ils n’auraient aucun moyen de définir ces jours (Arafah, Aidayn, etc.), car au moment où les informations en provenance des pèlerins les atteindraient, il serait déjà trop tard. En outre, la validité de leurs jeûnes même serait remise en question, car cela ouvrirait la possibilité qu’ils jeûnaient le jour de l’Aïd selon l’observation de La Mecque et le jeûne du jour de l’Aïd est interdit par le consensus des savants.

Par conséquent, jeûnez le jour d’Arafah et célébrez l’Aïd al-Adha en fonction de vos observations locales, ou, quel que soit le mécanisme légitime auquel recourent les autorités locales de votre pays pour définir les dates (ce qui peut inclure observation globale). Si vous n’avez pas d’organe décisionnaire officiel dans votre localité, agissez selon la décision de la majorité de vos conseils de savants locaux et de vos mosquées.

Aïd Mubarak à vous tous et à vos proches.

Wallâhu A’lam.

Sheykh Abdul Wahab Saleem

Réponse approuvée par Sheykh Faraz Rabbani