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L’importance de la recherche du Maître (Sheykh)

 

Sheykh al-‘Arabî al-Daraqâwî [1]

 

Maître

Pour cet art (at-Tazkiyyah n-nafs / purification du nafs -), un Maître (Sheykh) est indispensable car on a dit : « Celui qui n’a pas de Maître, c’est Satan son Maître. » On a également dit « Celui qui n’a pas Maître n’a pas de direction (Qibla). » Ibn Shaybân a dit « Celui qui n’a pas de Maître ne vaut rien. Supprimer les moyens intermédiaires conduit à la perdition, mais leur attribuer le résultat est une aberration. »

Pour nous, même celui qui a accédé à la science de la Réalité spirituelle sans avoir recours à un intermédiaire doit, selon la loi des gens de cette science, prendre comme Maître l’un de ses détenteurs, s’il le trouve ; et le seul à ne pas le trouver sera celui qui prétend s’en passer, par une vue de son ego. Celui qui en éprouve véritablement le besoin, je pense qu’il le rencontrera où qu’il se trouve, qu’il soit proche ou éloigné, en terre musulmane ou en terre chrétienne ; c’est ce besoin même qui l’amènera à lui, où qu’il se trouve. Que ce soit le Maître qui vienne au disciple ou l’inverse, c’est la Toute-Puissance divine qui les réunira.

Mais s’il suit la Voie sans Maître, en s’en remettant à son seul point de vue individuel, alors par Allâh, il en sera comme l’a dit Sidî Abù Hâmid al-Ghazali dans sa Bidâya al-hidâya, à savoir qu’un aspirant (mûrid) sans Maître n’arrivera à rien, de même qu’un arbre qui pousse dans le désert ne donne pas de fruit.

Quant à celui qui affirme qu’il n’y a pas de Maître à son époque, il se trompe [2] ! Ecoute, Sidi Ahmad, ce qui arriva à un homme de l’Orient qui vint au Maghreb à la recherche du Pôle ; il rencontra le Saint `Abd al-Wârith al-Yalsûtî, celui-là même qui se trouve ici chez les Banû Zarwâl, et le questionna au sujet du Pôle. Ce dernier lui répondit « Si Allâh ouvrait ta vision intérieure, tu le trouverais devant toi. »

 

Notes :

[1] Sheykh al-‘Arabî al-Daraqâwî dans al-Rasâ’il
[2] Le Sheykh fait ici référence à une parole attribuée à Sheykh al-Hadramî disant que : « L’éducation spirituelle à disparue. » En réalité cette phrase ne veut pas dire que les authentiques Maîtres spirituels on disparus. D’ailleurs le grand maître ash-Sheykh Saydunna Abd al-‘Azîz ad-Dabbagh (radhia Allâhou ‘anhou) explique cette phrase de la même manière dans son Kitab al-Ibriz.

° Les 10 qualités du Véritable Guide Spirituel 

par Ustadh Tabraze Azam

 

 

Sheykh Alawi

– Sheykh al-‘Alawi –

 

 

Question :

Assalamu ‘alaikum wa RahmatouLlâhi wa barakatu,

J’ai commencé à écouter des discours d’un Shaykh Soufi et il cela a un effet très positif sur ma religiosité. Ensuite, j’ai pris un engagement (bay’a) avec lui et tout ce passe bien, mais en même temps, j’ai peur de faire quelque chose de mal… Est-ce que je quitte le courant traditionnel de l’Islam en suivant ce chemin?

Réponse :

Wa ‘aleykoum assalam wa RahmatouLlâhi wa Barakatuh,

Je prie pour que vous soyez dans le meilleur état de santé et de foi possible, inshaa Allâh.

Prêter serment ou donner la bay`ah, tout cela fait partie de la Sunnah.

Sheykh Nuh Keller a énuméré dix des conditions les plus essentielles du véritable guide (Sheykh) :

(1) Il doit être un Musulman Sunnite qui adhère aux principes authentiques de la Foi.

(2) Il doit être un savant, capable de répondre à la plupart des questions à propos de ce qu’Allâh attend de l’homme, sans qu’il n’aie besoin de demander à quelqu’un d’autre, mais néanmoins assez humble pour demander quand il ne sait pas.

(3) Il doit posséder une autorisation publique vérifiable venant d’un véritable Sheykh qui l’autorise à être à son tour un Sheykh, le reliant à travers une chaîne ininterrompue d’autorisation (Silsila) remontant au Messager d’Allâh (qu’Allâh le bénisse et lui accorde la paix). Le succès du murshid (guide) réside dans son acceptation parmi les Awliya (Saints/amis d’Allâh) de sa chaîne initiatique (maqbul al-silsila).

(4) Il doit être un homme, car un Sheykh est un héritier des Prophètes (sur eux la bénédiction et la paix), et Allâh les a choisi uniquement parmi les hommes.

(5) Il doit être digne d’être pris pour exemple en matière de religion et non quelqu’un qui soit désobéissant ou mauvais en privé.

(6) Il doit connaître les notions de base du Soufisme tels que le fana (l’anéantissement), la baqâ (subsistance), la ma`rifa (gnose), etc. en ayant parcouru le chemin et après en avoir fait personnellement l’expérience aux mains de son Sheykh.

(7) Il ne doit pas être satisfait de lui ou voilé de son propre besoin d’Allâh, à cause du besoin que les autres ont de lui,

(8) Il doit exalter les commandements d’Allâh en paroles et en actes, en reconnaissant qu’ils sont au-dessus de tout être humain.

(9) L’autorisation d’Allâh et de Son Messager (qu’Allâh le bénisse et lui accorde la paix), bien au-dessus de celle donnée par son Sheykh, se manifeste intérieurement par des signes évidents et extérieurement par son tawfiq (succès) à inculquer aux mourides (disciples/aspirants) les perfections de l’Islam , de l’Iman et de l’Ihsan.

(10) Il doit être destiné par Allâh à être le Sheykh d’un disciple précis, qui doit être en mesure de pratiquer l’enseignement du Sheykh et d’absorber son secret.

[Keller, Sea Without Shore, 271]

Et Allâh seul donne le succès.

Wassalam,
Ustadh Tabraze Azam

~ Vérifié, approuvé et traduit avec l’autorisation de Sheykh Faraz Rabbani ~


Notes :

Sur le même sujet, lire aussi : Qu’est-ce que le Soufisme [Tasawwuf], par Mawlana Ashraf ‘Ali Thanwi

Le comportement (adaab) que doit avoir l’aspirant à l’auto purification avec son Maître ou Professeur spirituel et avec ses frères [1]

 

Seekers

 

Le comportement que doit avoir de l’aspirant à l’auto purification (Tazkiyah) envers son Maître ou Professeur spirituel se divise en deux catégories : Le comportement interne et le comportement externe.

A) Comportement interne de l’aspirant à l’auto purification

1. L’aspirant à l’auto purification doit se soumettre à la volonté du Maître spirituel et lui obéir dans tous ses ordres et conseils, parce que le Maître spirituel a plus d’expérience et plus de connaissances dans la haqiqat (vérité), dans la tariqat (voie) et dans la shariah (régles). De même que la personne malade se confie à son médecin pour être guérie, il en va de même pour l’aspirant à l’auto purification, malade dans sa conduite et son comportement, qui se soumet à l’expérience d’un Maître spirituel afin d’être guéri.

2. L’aspirant à l’auto purification ne doit pas s’opposer à la manière dont le Maître spirituel instruit et contrôle l’aspirant à l’auto purification (Mourides). Chaque Maître spirituel possède sa propre manière de faire que son propre Maître spirituel lui permis d’employer. L’Imam Ibn Hajar al-Haythami a dit : « Celui qui ouvre la porte de la critique envers les actes des Maîtres spirituels et leur comportement avec leur aspirant à l’auto purification, sera puni et sera privé de recevoir la connaissance spirituelle. Celui qui dit à son Maître spirituel, « Pourquoi? » Ne réussira jamais » [2]

3. L’aspirant à l’auto purification doit savoir que le Maître spirituel peut faire des erreurs, mais que celles-ci ne l’empêcheront pas de conduire l’aspirant à l’auto purification jusqu’à la Présence Divine. Ainsi, l’aspirant à l’auto purification doit excuser le Maître spirituel, car le Maître spirituel n’est pas le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam). Seul le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam) était exempt d’erreur. Bien que cela soit rare, de la même manière que le médecin peut commettre une erreur dans le traitement d’un patient, il est possible que le Maître spirituel fasse une erreur dans le traitement de la maladie spirituelle de son aspirant à l’auto purification, et cela doit être excusé.

4. L’aspirant à l’auto purification doit respecter et honorer le Maître spirituel en sa présence et en son absence, seul le Maître spirituel peut voir avec l’œil du cœur. Il est dit que celui qui n’est pas heureux avec les ordres du Maître spirituel, et ne garde pas une bonne conduite et un bon Adab envers lui, ne gardera jamais la bonne conduite avec le Qour’an et la Sunnah du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam). Sheykh Abdul Qadir al- Jilani (r) a dit : « Quiconque a critiqué un Saint, Allâh fera dépérir son cœur. »

5. L’aspirant à l’auto purification doit être sincère et loyal à la compagnie de son Maître spirituel.

6. Il doit aimer son Maître spirituel avec un amour extraordinaire. Il doit savoir que son Maître spirituel va le conduire à la Présence d’Allâh Tout-Puissant et Exalté, et à la présence du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam).

7. Il ne doit pas chercher ailleurs que chez son Maître spirituel, mais il doit rester respectueux de tous les autres Maîtres spirituels.

B) Comportement extérieur de l’aspirant à l’auto purification

1. Il doit être entièrement d’accord avec l’avis de son Maître spirituel, comme le patient est d’accord avec le médecin. A MOINS QUE CELA CONTREDISE LA SHARIAH.

2. Il doit bien se comporter en compagnie du Maître spirituel, en évitant les bâillements, le rire, d’élever la voix, de parler sans autorisation, d’étendre les pieds, et il doit toujours être assis d’une manière respectueuse.

3. Il doit servir son Maître spirituel et se rendre aussi utile que possible.

4. Il ne faut pas évoquer des discours de son Maître spirituel ce que les auditeurs ne peuvent pas comprendre. Cela pourrait nuire au Maître spirituel d’une façon que l’aspirant à l’auto purification ignore. Sayidina ‘Ali a dit dans un hadith rapporté dans Bukhari : « Parlez aux gens selon ce qu’ils peuvent comprendre, voulez vous qu’on ne croit pas en Allâh (Subahanahu wa ta’ala) et à Son Messager (salallâhou ‘alayhi wassalam). »

5. Il doit assister à l’assemblée du Maître spirituel. Même s’il vit loin, il doit faire un effort pour venir aussi souvent que possible.

6. Il doit suivre le commandement du frère ou de la personne responsable que Maître spirituel a autorisée, à condition que cela ne contredise pas la Shariah.

7. Il ne doit pas demander/évoquer plus de trois questions/rêves ou vision en une même séance.

8. Après avoir raconté le rêve ou la vision, si le Maître spirituel ne donne pas une réponse à sa requête, alors il doit ignorer ce rêve ou cette vision.

Ibn Hajar al-Haythami a dit : « Beaucoup de gens, lorsqu’ils voient que leur guide est ferme sur la question des obligations et de la Sunnah du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam), l’accusent d’être stricte. Ils disent qu’il prie trop ou se conforme à la Sunnah trop fermement. Ces gens ne réalisent pas qu’ils courent à leur propre destruction. Prenez garde à ne pas croire les plaintes de votre ego à propos de la fermeté du Sheykh à adhérer à la Shariah ». [3]

Abou Hafsa an-Nisaburi est cité dans « Tabaqat as-Sufiyya », le livre de Sheikh as-Sulmi (p.119) disant : « Le soufisme est composé de Adaab [bonne conduite]. Pour chaque état et station il y a un Adab approprié. Pour chaque temps il y a une conduite appropriée. Quiconque observe le Adaab atteindra la Station de l’Humanité. Et quiconque rejette le Adaab est très loin de l’acceptation dans la Présence Divine d’Allâh ».

C) Le comportement de l’aspirant à l’auto purification avec ses frères

1. Il doit être respectueux à leur égard, qu’ils soient ou non présents, il ne doit médire sur aucun d’entre eux.

2. Il doit les conseiller quand ils en ont besoin, avec l’intention de les renforcer. Le conseil qu’il leur prodigue doit se faire en privé et il doit être fait avec indulgence et sans arrogance. Celui qui reçoit le conseil doit accepter le conseil, doit être reconnaissant, et doit le mettre en application.

3. Il doit penser seulement uniquement du bien de ses frères et de ne pas chercher leurs mauvaises manières.

4. Il doit accepter leurs excuses s’ils s’excusent.

5. Il ne doit pas se sentir jaloux de toute vision spirituelle, statut, etc. de ses frères, car nul ne peut recevoir la part des autres.

6. Il doit faire la paix entre eux.

7. Il doit leur apporter son soutien quand ils sont attaqués.

8. Il ne doit pas demander à les diriger, mais être frère avec eux.

9. Il doit faire preuve d’humilité avec eux autant que possible. Le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam) a dit : « Le Maître d’un peuple est celui qui sert le sert ».

10. L’aspirant à l’auto purification est testé dans son avancée spirituelle par son comportement avec sa famille immédiate et ses frères spirituels, s’il échoue dans ce test, son adoration, ses visions, ses rêves et ses auditions spirituelles n’ont aucune valeur.

La bonne conduite de l’aspirant à l’auto purification n’a vraiment aucune fin. Il doit toujours faire des efforts et des progrès avec son Maître spirituel, avec ses frères, avec sa communauté et avec sa Nation, car Allâh (Subahanahu wa ta’ala) l’observe, le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam) est informé des amaals (bonnes actions) de la Ummah, le Maître spirituel est aussi parfois mis au courant des amaals de l’aspirant à l’auto purification, par la volonté d’Allâh (Subahanuhu wa ta’ala), et les Maîtres qui ont précédés le sont également. Avec l’amélioration constante, jour après jour, il atteindra sous la direction et le soutien du Maître spirituel, l’Etat de Perfection.

Notes :

[1] En conformité avec les voies Naqshabandiya et Muhammadhiya
[2] et [3] Al-Fatawa al-Hadithiyya, p.55