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L’intelligence Sociale en 10 Points

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Il existe de nombreuses formes de sagesse et d’intelligence [1]. Le Prophète Muhammad ﷺ possédait toute l’intelligence qu’un Humain puisse posséder, et cela au niveau le plus élevé. Bien souvent, nous limitons l’intelligence à ce que nous connaissons sous le nom de QI [2]. Lorsqu’on entend d’une personne qu’elle possède un QI élevé, on la considère comme étant très intelligente. Au fur et à mesure de leurs recherches, les chercheurs ont commencé à découvrir qu’il existe pourtant bien plus qu’un seul type d’intelligence.

L’un des principaux objectifs de la venue du Prophète Muhammad ﷺ, ce fut de venir enseigner aux Hommes la sagesse. Allâh dit dans le Qour’an : « Il donne la sagesse à qui Il veut. Et celui à qui la sagesse est donnée, vraiment, c’est un bien immense qui lui est donné […] » [3] C’est un don qu’Allâh accorde à qui Il veut et parmi ceux qui la reçoivent on compte les Prophètes, les Messagers, mais aussi les Saints (Awliya), comme ce fut le cas pour Saydinna Luqman رضي الله عنه de qui Allâh dit : « Nous avons effectivement donné à Luqmân la sagesse […] ». [4] Ceci montre de manière claire qu’Allâh accorde aussi Ses faveurs de manière directe aux Awliya, ici sous la forme de Sagesse et de Science. Ce fut le cas pour Saydinna Luqman, Saydinna Khidr رضي الله عنه et d’autres encore.

Si la Révélation a cessé, le savoir, la sagesse et l’inspiration (ilham) perdurent à travers les Awliya d’Allâh – Subhanahu wa Ta’ala – et cela continuera jusqu’au Jour du Jugement.

Parmi les formes d’intelligence et de sagesse qui existent, il y a l’intelligence sociale qui est la capacité d’un individu à s’entendre et à interagir raisonnablement avec les autres, à les comprendre (pensées, sentiments), à gagner leur sympathie et à les influencer. Toutes ces compétences sont indispensables à tout Homme qui vit en société.

L’Imam Ja’far al-Sâdiq رضي الله عنه, qui fut enseignant des grands Imams Malik et Abu Hanifa رضي الله عنهم a dit : « On ne peut pas être un croyant parfait tant qu’on ne possède pas une intelligence parfaite. On ne peut qualifier quelqu’un d’intelligent tant qu’il ne possède pas ces 10 caractéristiques :

1/ Les gens s’attendent à ce qu’il les traite bien (il va m’écouter, il va m’aider, il va bien me conseiller, il fera dou’a pour moi…)

2/ Les gens ne s’attendent pas à ce qu’il les traite mal (il ne va pas me causer du tort, il va bien me traiter…)

3/ Il considère ses bonnes actions comme étant très petites, même si elles sont nombreuses.

4/ Il considère les bonnes actions d’autrui comme importantes, même si elles sont minimes.

5/ Il considère ses propres fautes et ses propres péchés mineurs comme étant graves.

6/ Il considère les fautes majeures d’autrui comme étant mineures.

7/ Il n’est jamais fatigué de prêter l’oreille à ceux qui cherchent l’Enfer (qui sont insouciants, désobéissants…). Au contraire, il les écoute avec calme, intérêt, en étant souriant, bienveillant…

8/ Il préfère ne pas être connu d’une renommée mondaine. Si Allâh le rend célèbre, il respecte Sa volonté, mais lui-même n’est pas dans une optique d’ego trip.

9/ Il préfère la pauvreté à la richesse et se contente de peu de confort mondain et qu’il possède, il l’a acquis d’une manière halal (licite) car il sait que cette vie-bas ne dure qu’un bref instant. De ce fait, Allâh lui octroie la Barakah.

10/ Le plus difficile d’entre ces 10 points : A chaque fois qu’il rencontre une personne, il pense que cette personne est plus pieuse et meilleure que lui-même. Lorsqu’on demanda à Saydinna ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله comment faire pour arriver à considérer toute personne comme supérieure à soi-même, il répondit : « S’il est plus âgé que toi, considère qu’il a dû accomplir plus de bonnes actions que toi-même – prières, aumône, jeûnes, hajj, etc…. Et s’il est plus jeune que toi, alors considère qu’il a beaucoup moins de péchés que toi-même. »

Concernant ce dernier point, l’Imam Ja’far al-Sâdiq رضي الله عنه a dit : « Il existe deux types de personnes, ceux qui considèrent toute personne meilleure et plus pieuse qu’eux-mêmes et ceux qui considèrent autrui comme inférieur. La meilleure des attitudes lorsqu’on interagit avec une personne qui est meilleure que nous, c’est d’interagir avec elle avec humilité et d’essayer de prendre exemple sur ses bonnes qualités (le copier). Et si on interagit avec une personne qui semble (car en vérité on ne sait pas) nous être  inférieure,  c’est de considérer que cette personne doit (en vérité) posséder une qualité cachée qui est vraiment très louable, que j’ignore et pour laquelle Allâh pourrait lui pardonner. Tandis que moi, je pourrai avoir un péché caché (dont je suis conscient ou non) pour laquelle je pourrai être puni. » Prenez l’exemple d’une prostituée. Qui pourrait penser qu’une femme de ce type puisse faire partie des femmes du Paradis ? Et pourtant, souvenez-vous de celle qui avait étanché la soif d’un chien et qui grâce à cela vit ses péchés absous par Allâh. [5]

Qu’Allâh nous accorde d’acquérir et de développer l’intelligence sociale, dans le but unique de Lui plaire.

 

Notes :

Basé sur du Dars de Mawlana Sheykh Ahmad Dabbagh حفظه الله

[1] Parmi elles : l’intelligence sociale, l’intelligence émotionnelle, l’intelligence corporelle, l’intelligence spirituelle, l’intelligence intellectuelle, l’intelligence de la gestion du temps, l’intelligence holistique (sagesse qui englobe toutes les formes d’intelligence) …
[2] Quotient Intellectuel
[3] Qour’an s2, v269
[4] Qour’an s31, v12
[5] Boukhari et Muslim, rapporté par Abû Hurayra رضي الله عنه

Le silence est une sauvegarde

!

Extrait de Sagesse Céleste
par le
Sheikh Ahmad Al-‘Alawî

 

silence

  
 

On a vu précédemment que parler peut nuire et s’avérer une source de malheurs; il est donc évident que le silence constitue une sauvegarde, et que seul doit abondamment parler celui à qui le Miséricordieux le permet et qui prononce une parole juste [Coran 78, 38]. Les paroles sont en effet rarement dénuées de toute influence de l’âme passionnelle, mais celui à qui le Miséricordieux le permet [Coran 78, 38] ne parle pas sous l’effet de la passion [Coran 53, 3] : il parle par Dieu, entend Ses Paroles et transmet Son message, et c’est pourquoi il est préférable dans son cas de parler; mais sans un tel degré, il vaut mieux se taire, afin de se protéger. Un compagnon dit un jour à l’envoyé de Dieu :  « Renseigne-moi sur l’islam, et puissé-je être dispensé d’interroger qui que ce soit après toi. »
– Dis : « Je crois en Dieu », puis fais preuve de rectitude, répondit le Prophète .
– Que faut-il craindre? demanda le compagnon.
Le Prophète désigna sa langue de sa main [1].’Uqba a également raconté qu’il l’avait ainsi questionné: « Comment assurer sa sauvegarde? »
– En retenant ta langue, en restant chez toi et en pleurant sur tes fautes, avait répondu le Prophète [2].Il a également dit : « Toute parole que profère le fils d’Adam est à sa charge et ne joue pas en sa faveur, sauf dans trois cas: lorsqu’il commande un bien, interdit un mal ou invoque Dieu [3]. »Mais on pourrait se limiter à citer la Parole divine : « La plupart de leurs conversations privées ne contiennent rien de bon, sauf lorsque l’un d’eux recommande l’aumône, le bien ou la réconciliation entre les gens » [Coran 4, 114].On demanda à un sage pourquoi il parlait si peu, ce à quoi il répondit : « Dieu nous a donné deux oreilles et une seule langue, afin que écoutions deux fois plus que nous ne parlons, et non l’inverse! »

Comme on l’a joliment dit :

Ecoute les Paroles de l’intime Ami,
Et ne parle pas précipitamment avant d’avoir compris.
N’as-tu pas deux oreilles pour entendre et une seule langue pour parler?
N’est-ce pas là le signe qu’il te faut écouter deux fois plus que parler?

En résumé, le disciple se doit d’écouter plus qu’il ne parle, et surtout lorsqu’il est en présence d’un connaissant, auquel cas il lui faut se taire. Comment pourrait-il en effet parler en présence d’hommes dont les paroles proviennent directement de l’effusion (al-fayd) divine? Quel propos celui qui n’a pas atteint leur degré pourrait-il leur opposer? Il lui faut pour commencer bien les comprendre. Ainsi, celui qui veut assurer sa sauvegarde ne doit pas, quand il se trouve en compagnie des gens de Dieu, les contredire par des paroles dénuées de lumière et inopérantes, ni exhiber son savoir devant eux. Sîdî Abû Madyan disait à ce sujet :

Garde le silence, à moins qu’on ne te pose une question,
Et si c’est le cas réponds : « Je n’en sais rien » .
Utilise l’ignorance comme voile de protection.

L’homme voilé de Dieu se trompe bien plus souvent qu’il ne tombe juste lorsqu’il parle [4] avec les connaissants, parce qu’il ignore leurs stations spirituelles et ne comprend pas leur lexique, qui n’a pas cours parmi le commun des croyants. Quoi qu’il en soit, le silence est louable et représente une sauvegarde pour les disciples ou n’importe qui dans la plupart des situations, et l’on sait bien ce que la tradition rapporte à ce sujet. Qu’ils sont justes ces vers :

Si le silence t’étonne, sache que ce fut avant toi
Le cas pour des gens meilleurs que toi.
Et s’il t’arrive parfois, ayant gardé le silence, de le regretter,
II t’arrive bien plus souvent de regretter d’avoir parlé.
Le silence est une protection tandis que parler
N’apporte parfois que problèmes et inimitiés.

On rapporte que Ja’far al-Sâdiq a dit : « Être en sûreté (religieusement parlant) est devenu quelque chose de si rare que la recherche même de cette sûreté est devenue invisible. Si tu dois faire quelque chose, alors garde autant que possible le silence, et si tu n’y arrives pas alors agis autant que possible comme les pieux anciens : l’homme heureux est celui qui trouve un lieu de retraite en lui-même. »

Notes :

[1] Ibn Hanbal, Musnad, III, musnad Jâbir Ibn ‘Abdallâh.
[2] Tirmidhî, Sunan, IV, bâb mâ jâ’a fî hifdh al-lisân, n° 2517.
[3] Tirmidhî, Sunan, IV, bâb mâjâ’a.fî hifdh al-Iisân, n° 2525.
[4] Parler signifie ici aborder des sujets à caractère spirituel ou religieux.