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Les limites de la bonne présomption

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

L’un des principes éthiques fondamentaux de l’Islam régissant les rapports entre les Musulmans est la bonne présomption vis-à-vis de son prochain. Nourrir de bonnes présomptions à l’égard des gens constitue l’une des branches de la foi les plus importantes.

Allâh ta’ala dit dans le Qour’an : « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecture [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas. » [Sourate Al-Houjourat, verset 12]

Quant au Prophète Muhammad ﷺ, il a dit : « Méfiez-vous des conjectures, la conjecture est en effet le langage le plus mensonger ; Ne tâtonnez pas, n’espionnez pas, ne vous enviez pas, et ne vous haïssez pas mutuellement. Soyez (ô serviteurs d’Allâh) des frères. » [Boukhari, Mouslim]

Il fait donc partie des devoirs du Musulman de garder une bonne présomption envers ses frères et sœurs.

Cependant, dans certains cas il peut être nécessaire de mettre cette bonne présomption à l’épreuve de la vérification.

Le grand Wali et Savant Sheykh Ahmad Zarruq رحمه الله cite trois cas que nous allons détailler :

1/ concernant la religion

Avant de faire confiance à quelqu’un pour qu’il dirige la prière dans une mosquée ou qu’il dirige une assise de science, il est normal de s’informer à propos de cette personne sur ses compétences en la matière. Ce n’est pas parce que la personne porte une longue barbe et une jelabba ou qu’elle parle Arabe et connait quelques versets qu’elle est habilitée à diriger correctement une prière ou à enseigner la religion. Il n’est pas rare que des ignorants ou des gens ayant un discours non conforme au Sunnisme traditionnel et authentique se retrouvent au minbar ou adulés et suivis en masse sur les réseaux sociaux. Il est donc également important de connaître ce qui caractérise un Imam ou un véritable ‘alim (savant). En terme de religion, on doit être capable de prouver qu’on est habilité. Où la personne a-t-elle étudié ? Qui sont ses professeurs ? Quelles matières a-t-elle étudiées ? A-t-elle reçu des ijazas de ses professeurs l’autorisant à enseigner ? Bien sûr, interroger une personne doit se faire avec le meilleur comportement possible, mais il important de se rappeler qu’en Islam, on ne place pas sa religion entre les mains de n’importe qui : des vérifications s’imposent.

2/ concernant la famille

Ne laissez pas votre famille entre les mains de n’importe qui. Par exemple, si vous devez vous absenter, ne laissez pas vos enfants à quelqu’un que vous ne connaissez pas ou si vous n’avez pas la certitude que vos enfants seront en sécurité en sa compagnie surtout étant donné les abus de plus en plus fréquents dont sont victimes les enfants. Soyez toujours sur vos gardes. Par ailleurs, si par exemple un frère inconnu se présente dans une mosquée pour se marier, il faut vérifier qui il est, si des gens le connaissent, si il est honnête, etc. Il y a eu aux USA un cas ou un agent du FBI (non Musulman) était infiltré dans la communauté Musulmane locale, et pour pouvoir mieux se fondre dans la masse, il a fait en sorte de se marier avec une sœur en passant par la mosquée. Il convient donc d’être prudent et de vérifier, car au-delà du cas particulier que nous venons de citer, il n’est pas rare que des frères malhonnêtes et profiteurs cherchent à abuser de la naïveté et de la grande bonté de certaines de nos sœurs. D’autres affichent parfois des signes extérieurs de piété sur les réseaux sociaux ou lorsqu’ils sont amenés a rencontrer une soeur, alors que dans la vie courante ils sont des coureurs de jupons professionnels ou des personnes qui ont un comportement à l’opposé de ce qu’ils affichent, ceci juste dans l’intention de trouver des femmes et d’en abuser. Ces cas sont malheureusement loin d’être rares.

De la même manière, lorsque par exemple on choisit un médecin ou un chirurgien, on se renseigne avant de le choisir. On regarde ce qui est dit de lui, on interroge les gens qui ont eu affaire à lui, etc. Dans ce type de cas, la bonne présomption ne va pas de soi, il est normal que des vérifications soient effectuées au préalable.

3/ concernant les richesses

Il suffit d’ouvrir les journaux pour trouver facilement des exemples de personnes malhonnêtes qui ont abusé de la naïveté d’autrui. Par conséquent, ne confiez pas votre argent à n’importe qui sans vous être assuré au préalable de l’honnêteté de la personne. Pour cela, il est également nécessaire de procéder à des vérifications et à des investigations.

Qu’Allâh nous guide, nous facilite et nous accorde le succès.

Wa Allâhu a’alam

 

Pourquoi les relations sexuelles sont-elles interdites avant le mariage

 

Sheykh Jamir Meah

 

 

Question :

Assalam alaykum,

Les raisons suivantes ne justifient-elles pas que deux personnes puissent vivre ensemble et même avoir des rapports sexuels avant de se marier ?

1/ Dans l’optique de se voir dans les différentes circonstances de la vie, notamment dans les pires états et les mauvais moments.

2/ Pour être surs d’être sexuellement compatibles avant de se marier et ne pas découvrir le contraire après coup.

 

Réponse :

Assalam alaykum. Merci pour votre question.

Comme nous le savons tous, (le mot) Islam signifie soumission. Cette soumission implique de mettre de côté ses propres préférences et opinions et suivre ce que Dieu nous a révélé, juridiquement et spirituellement. C’est seulement à travers Sa révélation que les hommes savent ce qui est considéré comme bon ou mauvais.

Les relations avant le mariage

Allah Le Très Haut dit dans le coran : « Et n’approchez point la fornication. En vérité, c’est une turpitude et quel mauvais chemin ! » [1]

S’approcher de la fornication signifie tout ce qui peut y mener, comme les relations inappropriées entre homme et femme, que cela concerne une relation à long ou court terme.

De telles relations sont irresponsables. Elles n’impliquent aucune responsabilité, et dans la plupart des sociétés, ce sont les femmes qui sont les plus vulnérables dans ce type de relations. Le mariage et l’interdiction des relations sexuelles avant le mariage empêchent que cela se produise.

Allâh Le Très Haut dit également : « Les croyants sont ceux … qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n’est qu’avec leurs épouses …  alors que ceux qui cherchent au-delà de ces limites sont des transgresseurs » [2]

Préceptes

Outre l’interdiction explicite de Dieu, il y a des préceptes évidents susceptibles d’expliquer l’interdiction des relations hors mariage. Les considérations mises en avant dans la question ouvrent la porte à de nombreuses problématiques qui affectent la société ainsi que tout un chacun. Parmi celles-ci :

1/ L’ambiguïté de la paternité lorsque la femme est enceinte. Quand bien même la relation ne daterait pas d’hier, qui peut affirmer que la femme ne couche pas avec d’autres hommes dans le but de trouver un futur époux avec lequel elle serait compatible ?

2/ Un enfant né hors mariage n’est pas attribué à son père. La préservation de la lignée est l’un des objectifs principaux de la Shari’ah (Maqasid).

3/ De telles relations donnent aux hommes l’avantage de « faire ce qu’ils veulent » avec une femme, tout en étant désengagés de toute responsabilité émotionnelle ou financière envers celle-ci et envers tout enfant né d’une telle relation.

4/ Il y a une vertu innée dans le fait de préserver sa chasteté jusqu’au mariage et celle-ci a été reconnue depuis la nuit des temps et établie dans chaque religion.

5/ Bien que nous n’observions pas de différence extérieure dans nos entreprises mondaines, les pratiques inconvenantes ont un impact sur l’âme que nous ne pouvons percevoir. Cette notion est aujourd’hui perdue dans la culture moderne. Ce n’est pourtant pas quelque chose de propre à l’Islam, car on la trouve aussi dans toutes les religions ainsi que dans la littérature classique. Il suffit de lire « The Picture of Dorian Gray » d’Oscar Wilde pour comprendre les conséquences que peut engendrer sur l’âme humaine la perte de la vertu lorsque celle-ci se détourne des injonctions de Dieu.

6/ Avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’attraper des maladies sexuellement transmissibles et de contaminer les autres.

7/ Il n’y a aucune garantie que vivre ensemble avant le mariage soit une indication sûre de la relation post mariage. De nombreux couples non-Musulmans vivent ensemble pendant des années pour finalement se séparer après leur mariage.

8/ Il faut aussi se demander si l’on aimerait que nos propres fils et filles fassent la même chose avant le mariage ?

En conclusion, il n’y a aucun avantage à ce que les relations à long terme et le sexe soient autorisés avant le mariage. Les considérations individuelles sont insignifiantes comparées à la quantité de problématiques sérieuses qui pourraient affecter les individus, notamment les femmes, et cela représente une voie évidente vers la décadence de la société et de nos propres âmes.

 

Notes :

[1] Qour’an : s17, v32
[2] Qour’an : s23, v5-7