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L’abrégé falsifié du Tafsir d’Ibn Kathir


~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

kathir

 

La maison d’édition Daroussalam a sorti une version «abrégée» du Tafsir d’Ibn Kathir (RahimahuLlâh) – apparemment abrégée par un ‘groupe de savants’ supervisé par Sheykh Saifur-Rahman al-Mubarakpuri.

Il y a encore peu, en plus d’être accessible dans sa version papier, le Tafsir était également disponible gratuitement en ligne (en anglais) mais il semblerait que le site soit maintenant fermé. Voici une copie du passage concerné :


TIK

 

Et voici arabe le passage originale qui a été tronqué. Le texte en question évoque « al-Istawa » :

وأما قوله تعالى: { ثُمَّ ٱسْتَوَىٰ عَلَى ٱلْعَرْشِ } فللناس في هذا المقام مقالات كثيرة جداً ليس هذا موضع بسطها، وإنما نسلك في هذا المقام مذهب السلف الصالح مالك والأوزاعي والثوري والليث بن سعد والشافعي وأحمد وإسحاق بن راهويه وغيرهم من أئمة المسلمين قديماً وحديثاً، وهو إمرارها كما جاءت من غير تكييف ولا تشبيه ولا تعطيل، والظاهر المتبادر إلى أذهان المشبهين منفي عن الله، لا يشبهه شيء من خلقه و
{ لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْءٌ وَهُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلْبَصِيرُ }

Dans sa version anglaise, les éditeurs Salafis [Daroussalam] ont traduit le passage cité ci-dessus comme suit :

« (Et puis Il s’éleva sur (Istawa) le Trône) les gens ont eu plusieurs opinions contradictoires sur sa signification (suppression). Cependant, nous suivons la voie que nos pieux prédécesseurs ont pris à cet égard, comme Malik, Al-Awza`i, Ath-Thawri, Al-Layth bin Sa`d, Ash-Shafi`i, Ahmad, Ishaq bin Rahwayh et la reste des savants de l’Islam, dans les temps passés et présents. (Suppression et falsification ->) Assurément, nous acceptons le sens apparent de, Al-Istawa, sans discuter de sa véritable essence, sans l’assimiler (avec les attributs de la création) ou la modifier ou la nier (de quelque façon ou forme) . Nous pensons également que le sens (suppression) qui vient à ceux qui assimilent Allah avec la création doit être rejeté, car rien ne ressemble à Allah. »

Et, à titre de comparaison, voici une traduction précise (traduit de l’arabe à l’anglais par Sheykh Nuh Keller puis en français par nos soins) – où nous avons pris soin de mettre en gras les sections étrangement ‘abrégées’ / altérées dans la traduction de Daroussalam :

« Les gens ont beaucoup de positions sur ce sujet, et ce n’est pas l’endroit approprié pour les présenter en détail. Sur ce point, nous suivons la position des premiers Musulmans (as-Salaf) – Malik, al-Awza‘i, ath-Thawri, al-Layth ibn Sa‘d, ash-Shafi‘i, Ahmad, Ishaq ibn Rahawayh, ainsi que d’autres Imams des musulmans, anciens et récents – c’est-à-dire, laisser passer le verset tel qu’il nous est parvenu, sans attribuer le comment (bi la takyif), sans établir quelque ressemblance que ce soit (wa la tashbih), et sans le nullifier (wa la ta‘til) : le sens littéral et apparent (dhahir) qui vient à l’esprit des anthropomorphistes (al-mushabbihin) est rejeté pour Allah, parce que nulle chose créée n’a quelque ressemblance que ce soit avec Lui : « Il n’y a rien qui Lui ressemble, et c’est Lui l’Audient, le Clairvoyant » ».

Notez la différence de sens véhiculé par la traduction Salafi dite « abrégée ».

Dans la traduction française, on trouve une traduction beaucoup plus proche de la version d’origine, cependant là aussi il y a une erreur puisque la position Sunnite (et donc celle d’Ibn Kathir) est de dire qu’il n’y a pas de « comment » (bila kayf) concernant les Attributs d’Allâh et non de dire que le comment existe mais qu’il est inconnu, ce qui est la position des Salafis.

« Le verbe Istawa fut interprété de très nombreuses manières qu’il n’y a pas d’intérêt à mentionner ici. Contentons-nous donc, en la matière, d’adopter la voie de nos vertueux Prédécesseurs, à l’image de Malik, al-Awza‘i, ath-Thawri, al-Layth ibn Sa‘d, ash-Shafi‘i, Ahmad, Ishaq ibn Rahawayh, ainsi que d’autres savants de référence, anciens et contemporains. Cette vois consiste à appréhender ce terme comme il fut révéler, sans chercher à connaître le comment de la chose (takyif), sans anthropomorphisme (tashbih), et sans renier cet Attribut Divin ou son sens (ta’til). Quant au sens apparent de ce terme qui vient immédiatement à l’esprit des anthropomorphistes, il ne sied pas à la divinité, car rien de Sa Création ne ressemble à Allâh. » [1]

Partant de ces constatations, une analyse plus poussée de cet ‘abrégé’ devrait être entreprise car il est possible qu’ils contiennent encore d’autres ‘erreurs’ …

Qu’Allâh nous accorde une science authentique.


Notes : 

[1] Voir le scan ICI

Vous pouvez  consulter ici les scans de l’ouvrage original en arabe du Tafsir d’ibn Kathir : Scan 1 & Scan 2

Ibn Kathir : « Je suis Ash’ari »

 

 

IBN_KATHIR_TAFSIR

 

 

L’Imam Ibn Kathir (rahimahuLlâh) est né à Damas en l’an 701 de l’Hégire. Il fut un grand savant Sunnite dans le Hadith et l’Histoire, mais il est surtout connu aujourd’hui pour son exégèse du Qour’an qui est devenue une référence incontournable. Dans le Fiqh, l’Imam fut Shafé’ite, tandis que dans la ‘Aqida il s’affilia à l’école de l’Imam al-Ash’ari. Dans cet article, nous étudierons quelques-uns des arguments qui prouvent de manière indiscutable son appartenance à cette grande école de Croyance.

Le grand Imam du Hadith, Ibn Hajar al-‘Asqalaniyy (rahimahuLlâh) rapporte dans ad-Durar al-Kaminah qu’une dispute éclata entre Ibn Kathir et Ibrahim, le fils d’Ibn Qayyim al-Jawziyyah.

Ibn Kathir lui dit alors : « Tu ne m’aimes par car je suis Ash’ari ! »

Ibrahim lui répondit [1] : « Même si tu avais des cheveux (sha’r) de la tête aux pieds, les gens ne te croiraient pas que tu es Ash’arite tandis que ton Sheykh c’est Ibn Taymiyyah » [2]

روى الحافظ ابن حجر العسقلاني في ترجمة ابراهيم نجل ابن القيم الجوزية رحمه الله كما جاء في كتابه الدرر الكامنة ما نصه :
ابراهيم بن محمد بن أبي بكر بن أيوب بن قيم الجوزية … تقدم وأفتى ودرس , وذكره الذهبي في المعجم المختص فقال : تفقه بأبيه وشارك في العربية وسمع وقرأ واشتغل بالعلم ..ومن نوادره أنه وقع بينه وبين عماد الدين ابن كثير منازعة في تدريس الناس فقال له ابن كثير : أنت تكرهني لأنني أشعري . فقال له : لو كان من رأسك الى قدمك شعر ما صدقك الناس في قولك أنك أشعري وشيخك ابن تيمية !! )) انتهى كلام الحافظ ابن حجر

ذكر في الدرر الكامنة للحافظ ابن حجر

Parmi les arguments prouvant l’Ash’arisme de l’Imam Ibn Kathir, on peut aussi citer un autre point mentionné par l’Imam as-Subki (rahimahuLlâh) dans « Tabaqat ash-shafi’ iyya » [3 ]. Dans cet ouvrage, l’Imam as-Subki déclare que la condition permettant d’enseigner à la maison de Hadith « Ash-Achrafiyya » était d’avoir la ‘Aqida Ash’ariyyah.

Il dit en outre : « L’Imam Ibn Kathir occupa le poste de Professeur dans cette maison de Hadith au mois de Muharram en l’an 772H en remplacement de l’Imam as-Subki ».

Enfin, et c’est surement l’argument le plus probant de tous, il suffit à ceux qui se posent la question de consulter le Tafsir d’Ibn Kathir et de constater par eux-mêmes que sa méthodologie concernant les Attributs d’Allâh est bien celle des Ash’arites [c’est-à-dire : At-Tafwid (laisser le sens à Allâh) mais aussi at-Ta’wil (l’interprétation)].

En voici quelques exemples :

* Sourate 20 – Verset 5 : « Le Tout Miséricordieux S’est établi « Istawa » sur le Trône. »

Ibn Kathîr commente : « À l’instar des Salaf, nous ne commentons pas le verset, on évite de faire des comparaisons ou d’établir des ressemblances. Nous nous contentons du Livre et de la Sunnah. »

* Sourate 48 – Verset 10 : « Ceux qui te font allégeance ne le font qu’à Allâh : c’est la Main d’Allâh qui se pose sur les leurs. »

Ibn Kathîr commente : « Allâh est présent avec eux, Il entend ce qu’ils disent, connaît ce qui se trouve dans leurs poitrines et ce qu’ils publient. »

* Sourate 52 – Verset 48 : « Sois patient à l’arrêt de Ton Maître. Tu es sous Nos Yeux. […] »

Ibn Kathîr commente : « Patiente devant leurs méchancetés et ne leur donne pas de l’importance, tu es sous Notre surveillance, Notre protection. »

* Sourate 54 – Verset 14 : « Qui vogua sous Nos Yeux en récompense pour celui que l’on avait renié » (Nuh)

Ibn Kathîr commente : « qui vogua selon Notre Ordre et sous Notre Protection, en récompense pour Nuh. »

* Sourate 55 – Verset 27 : « Seule perdure la Face de ton Maître, pleine de majesté, digne de vénération. »

Ibn Kathîr commente : « …Elle affirme aussi qu’Il es Le Seul Qui doit être vénéré, obéi. »

Etc…

Dans son Tafsir, l’Imam Ibn Kathîr ne dit pas qu’Allâh a des Yeux, des Mains, un Visage, un Tibia, qu’Il s’assoit, etc… au sens littéral. Face à ses versets dits « ambigus », l’Imam rejette toute possibilité d’anthropomorphisme et a recours aux deux méthodes utilisées par les Savants d’Ahl as-Sunnah wa l-Jama’a [4] qui consistent soit :

1/ à laisser passer le verset sans le commenter, tout en laissant le sens à Allâh (at-Tafwid) ou
2/ à interpréter le verset d’une façon qui conviennent à la Majesté d’Allâh (at-Ta’wil)

Que ce soit la dispute entre Ibn Kathir et le fils d’Ibn Qayyim al-Jawziyyah (lors de laquelle l’Imam déclare lui-même son affiliation à l’école Ash’arite, le fait qu’il enseigna à la maison de Hadith « Ash-Achrafiyya » et le point le plus flagrant, la méthodologie utilisée dans son exégèse : tous ces faits prouvent de manière indiscutable l’appartenance de l’Imam Ibn Kathir au madhhab d’Ahl as-Sunnah dans la ‘Aqida : l’école Ash’arite.

Et Allâh est plus savant.


Notes :

[1] Source : http://ahsaweb.net/vb/showthread.php?t=55342
[2] Ibn Taymiyyah fut l’un des Shuyukh de l’Imam Ibn Kathir, mais cela ne veut pas dire qu’il partageait toutes ses positions et d’ailleurs on constate qu’il ne l’a pas suivi dans ses erreurs.
[3] volume 10, page 398
[4] c’est-à-dire les écoles Asha’rites et Maturidites

Falsifications et manipulations des avis d’Ibn Taymiyya et d’Ibn Kathir concernant le Mawlid

 

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Voici une démonstration de la manière dont certains falsifient ou manipulent les avis de grands savants afin de faire croire aux Musulmans que ces sommités en Sciences Islamiques partagent les mêmes avis marginaux qu’eux-mêmes.

Dans le cas présent, nous allons voir que sheykh al-‘Utheymin rahimahullaah.gif omet de diffuser l’ensemble des avis d’ibnou Taymiyya concernant le Mawlid et également comment l’Imam Ibnou Kathir est utilisé à tort par sheykh Al-Fawzan pour soutenir l’avis de l’interdiction du Mawlid an-Nabawi. 

 

Quand on cherche sur le web des avis concernant Al-Mawlid, on a de grandes chances de tomber sur un des nombreux sites wahhabis dont le net francophone pullule. Parmi ceux-là vous trouverez une fatwa de sheykh al-‘Utheymin tirée de al-dhiyâ’ ul-Lami’ou minal-Khotbi al-djawâmi’ (page 36).

Dans ce texte visant à démontrer l’invalidité du Mawlid, le sheykh nous cite l’avis d’Ibnou Taymiyya (RA) sur cette question.

 

Voici ce qui est cité de lui dans cette fatawa :

« Le Sheikh al-Islâm Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit dans son ouvrage intitulé :  » Iqtidâ As-Sirâte Al Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb Al Jahîm » :

« L’institution, par certains, d’une fête commémorant la naissance du Prophète malgré les divergences existant quant à sa date exacte -et qui vise, soit à ressembler aux chrétiens dans leur commémoration de la naissance de ’Îssa (‘alayhi salam), soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète SAW – n’était pas pratiquée par les anciens bien qu’ils aient eu raisons de le faire et que rien ne les en empêchait.

Et si une telle démarche comportait un bien, qu’il soit absolu ou même prépondérant, ces derniers seraient plus en droit de l’appliquer que nous. L’amour et la vénération qu’ils avaient à l’égard du Prophète SAW étaient en effet bien plus intense que les nôtres et ils étaient on ne peut plus soucieux que nous de pratiquer le bien. Leur amour et leur vénération s’exprimaient donc uniquement dans leur mise en conformité avec la voie du Prophète, l’obéissance qu’ils lui vouaient, l’application de ses commandements, la revivification tant dans la forme que dans le fond- de sa Sunna, la propagation [du message] avec lequel il fut dépêché et enfin dans tous les efforts qu’ils déployèrent dans leur coeur, par leur langue ou par les actes- dans cette voie. Or, force est de constater que la plupart de ces personnes soucieuses de pratiquer de telles innovations sont dans une totale léthargie lorsqu’il s’agit d’œuvrer là où l’ordre du Prophète SAW leur est parvenu. On ne peut que les comparer à ceux qui ornent et embellissent le Coran sans le lire ou encore à ceux qui le lisent sans l’appliquer. »

Voici le scan de cette fatwa de sheykh al-‘Utheymin :

 

Outheymin_Mawlid

 

Cependant, il existe un autre avis d’Ibnou Taymiyya rapporté dans son encyclopédie de Fatawa (Majma’ Fatawi Ibn Taymiyya) Vol. 23, p. 163 dans lequel il déclare : « fa-t’adheem al-Mawlid wat-tikhaadhuhu mawsiman qad yaf’alahu ba’ad an-naasi wa yakunu lahu feehi ajra `adheem lihusni qasdihi t’adheemihi li-Rasulillahi, salla-Allahu `alayhi wa sallam » .

C’est-à-dire :

« Célébrer et honorer la naissance du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à cause de la bonne intention d’honorer le Prophète ».

L’avis du Sheykh Ibn Taymiyya semble donc bien plus nuancé que ce qui est rapporté dans la Fatwa de Sheykh ‘Utheymin.

Voici le scan des propos tenus par sheykh Ibn Taymiyya :

 

Ibn_Taymiyya_Mawlid

Voyons maintenant le cas d’Ibnou Kathir, le grand exégète, l’un des élèves les plus connus d’Ibnou Taymiyya :

Dans une de ces fatwas attaquant le Mawlid, sheykh al-Fawzan utilise une citation tirée d’un livre d’Ibnou Kathir.

Sheykh Fawzan commence en disant :

« Ces différentes manières de célébrer l’événement ont en commun leur caractère d’innovation prohibée inventée par les fatimides après les trois meilleurs siècles (de l’Islam) … »

Il cite ensuite plusieurs paroles de savants dont celle d’Al-Hafidh ibnou Kathir disant à propos de la biographie d’Abou Said Kazkabouri : « Il organisait une grande cérémonie au mois de Rabi I à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète. Al-Bast a dit : un des participants à l’une des cérémonies organisées par al-Moudhaffar m’a raconté que ce dernier faisait étaler sur une nappe 5 000 (moutons), méchoui, 10 000 poulets, 100 000 coupes à crèmes, 30 plats de gâteaux […]. Il organisait un concert (religieux) pour les soufis et dansait avec eux du début de l’après-midi jusqu’à l’aube ». [al-bidaya wa an-nihaya (13/137)]

Puis sheykh Al-Fawzan conclue en déclarant :

« Voilà la genèse de la célébration de l’anniversaire de la naissance (du Prophète). Elle date d’une époque récente et fut accompagnée de manifestations de divertissement, d’excès, de gaspillage des biens et du temps, le tout fondé sur une innovation qu’aucun argument tiré de la révélation d’Allah ne permet de soutenir. Il convient au musulman de s’employer à faire vivre les pratiques enseignées par la Sunna et à faire disparaître les innovations et de n’engager aucune action avant de connaître le jugement d’Allah à son propos ».

En citant ici cette parole issue d’un ouvrage d’Ibnou Kathir, Sheykh Al-Fawzan décrit le Mawlid comme une gigantesque fête blâmable, constituée de gaspillages, de chants et de danses.

Lorsque des actes non conformes avec la Shari’ah sont constatés lors d’un événement, il est normalement plus logique de condamner ces actes plutôt que d’interdire l’événement. Il suffit de regarder comment se déroulent aujourd’hui certains mariages Musulmans, dans lesquels on trouve de la musique de discothèque, de la mixité, des danseuses du ventre, de l’alcool, etc. Pour autant, il serait absurde d’interdire aux gens de se marier à cause des excès commis par certains. Le travail du savant consiste plutôt à expliquer les erreurs commises et les actes à proscrire lors d’un tel événement.

De plus, les chiffres évoqués plus haut ne peuvent lui permettre de parler de gaspillage, sans savoir le nombre de personnes présentes.

La quantité est fonction des personnes présentes. Par conséquent, si la quantité dépasse de beaucoup le besoin de restaurer tout le monde, on peut parler de gaspillage, mais sans avoir de détails précis, cela reste de la pure spéculation de la part de sheykh Al-Fawzan. Le principe en Islam est d’accorder la bonne opinion à autrui et penser le bien implique ici qu’on imagine que ce qui est cité plus haut était en prévu en fonction des besoins nécessaires permettant insha Allâh de restaurer tout le monde. Il faut également rappeler que nourrir les gens, y compris les pauvres qui n’ont pas beaucoup l’occasion de manger de la viande, est quelque chose de louable. En effet, notre religion incite à « It’âme al ta’âme« , c’est-à-dire faire preuve de générosité en nourrissant quelqu’un, en partageant son repas, en offrant le couvert à des amis ou à des pauvres, etc.

Selon ‘Abd-Allâh ibn ‘Amr : Un homme ayant demandé au Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) quel était le meilleur Islam ? Celui-ci répondit : « Donne à manger et salue ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas ». [Hadith rapporté par Mouslim].

Idem concernant les « chants Soufis », que peut-il donc reprocher alors qu’il ignore de quels chants il est question ainsi que le détail des paroles. Peut-il dire si elles comportaient ou pas quelque chose de blâmable alors que tout cela n’est pas évoqué dans la citation d’Ibn Kathir? Là encore lorsque l’on regarde attentivement les critiques d’Al-Fawzan, on se rend compte que ce ne sont que des conjectures or l’Islam a interdit les conjectures.

Allâh n’a-t-Il pas dit : « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. » [Coran – Sourate 49, verset 12]

De même, Abû Hurayra (RA) a rapporté que l’envoyé d’Allâh  a dit : « Évitez de conjecturer sur autrui, car la conjecture est la plus mensongère des paroles. […] ». [Hadith rapporté par l’Imam Boukhari]

On peut également noter qu’Al-Fawzan oublie de mentionner le fait que non seulement l’Imam Ibnou Kathir ne condamne pas le Mawlid, mais qu’en plus il y est favorable. Il a d’ailleurs écrit tout un ouvrage dans lequel il démontre que c’est un acte de bien.

Celui qui a atteint le rang d’Amir al-Mu’minin dans le hadith, Ibn Hajar al-‘Asqalani rahimahullaah.gif rapporte que l’Imam Ibn Kathir le célèbre Mufassir rédigea un livre sur le Mawlid qu’il nomma : Dhikra Mawlid Rassul Allâh lors du dernier jour de sa vie. Le hafidh Ibn Hajar dit : « Il le traita en long et en large ». Ceci se trouve dans son livre Durar al Kamina fi al-Mi’at al-Thamina.

Voici le scan du livre écrit par l’Imam Ibnou Kathir :

 

Ibn_Kathir_Mawlid

 

 

Au passage, il s’agit là également d’une preuve que ces deux grands Imams (ibn Taymiyya et Ibn Kathir) ne classaient pas comme « mauvaises » toutes les innovations (bida’a) dans la religion, ce qui est la position majoritaire des savants sur cette question.

 

Tout ceci démontre à quel point il faut être vigilant, car il arrive malheureusement que des gens se trompent ou ou manipulent quelque peu les textes dans le but de faire pencher l’opinion du lecteur dans un sens ou dans l’autre.

Qu’Allâh nous pardonne et nous préserve de l’erreur et de l’égarement.

 

Notes :

Article réalisé en collaboration avec Aslama.com

A lire sur le sujet : L’avis des savants Sunnites sur la commémoration de la naissance du Prophète Muhammad [Al-Mawlid]

L’interprétation du Wajh [Face] d’Allâh


Selon quatre Tafsirs qui font autorité [1]

 

[ Ibnou Kathir, Ibn ‘Abbâs, At-Tabari, Al-Qurtubi ]

 

 

AllahTafsir

 

 

Nous avons ici choisi de traduire le mot arabe « Wajh » par « Face » car c’est la traduction  en langue française qui corresponde le mieux. En effet, dans le dictionnaire, parmi les définitions du mot Face on peut trouver celle-ci : « Face : Littér. [Le compl. du nom désigne une divinité ou une entité abstr.] Présence spirituelle. Devant la Face du Seigneur » (Devant ne désignant pas ici une direction, mais la responsabilité de la personne face au Jugement de son Seigneur) ainsi que celle-ci : « Terme de l’Écriture. La face de Dieu, la présence intellectuelle ou morale de la divinité » (Littré).

La traduction par le mot « Face » est sans nul doute préférable à celle par le mot « visage » qui est parfois malheureusement employée dans certaines traductions alors que ce terme renvoie clairement à une composante corporelle, ce qui pourrait de ce fait induire le lecteur en erreur et le faire glisser insidieusement vers l’anthropomorphisme. Cependant aucune traduction ne peut réellement exprimer la réelle signification du mot « Wajh », car de toute manière seul Allâh Ta’ala connait ce à quoi il renvoie vraiment.Afin de dissiper le doute, l’idéal reste encore de comprendre le sens visé par ces Versets qui incluent le terme « Wajh ». C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de vous faire profiter de l’analyse de ces Versets par quatre éminents spécialistes commentateurs du Qour’an (Exégètes). En examinant leurs commentaires, on pourra constater que ces derniers ont systématiquement exclus le sens littéral (celui adopté par les salafis), car cela mènerait de toute évidence à une compréhension anthropomorphique en attribuant à Allâh une partie corporelle (qu’Allâh nous préserve d’une telle croyance).

 

Premier verset : « Nous vous nourrissons uniquement pour la Face d’Allâh, sans attendre de vous ni récompense ni remerciement. » [2]

 

Tafsir d’Ibn Kathir :

« Nous vous nourrissons uniquement pour la Face d’Allâh » signifie chercher la récompense d’Allâh et Sa satisfaction.

Tafsir d’Ibn ‘Abbâs :

C’est intérieurement, parce qu’ils n’ont pas prononcé cela ouvertement, mais Allâh nous a informé sur l’authenticité de leur cœur : « Nous vous nourrissons uniquement pour la Face d’Allâh », nous vous nourrissons uniquement pour récompense et la bienfaisance d’Allâh. « sans attendre de vous ni récompense » avec laquelle nous payer en retour « ni remerciement », ni de reconnaissance de votre part.

Tafsir d’at-Tabari :

Chercher l’agrément d’Allâh, et Sa proximité.

Tafsir Al-Qurtubi :

S’éloigner du châtiment d’Allâh, et désirer Sa récompense.

 

Deuxième verset : « Tout doit périr, sauf Sa Face. » [3]

 

Tafsir d’Ibn Kathir :

Et Sa Parole « Tout doit périr, sauf Sa Face » montre qu’Il est l’Éternel, sans fin, sans commencement et qui existe par Lui-même, qui ne meurt pas, tandis que toute la création périra. Comme Il a dit : « Tout sur cette terre périra, seule perdurera la Face de ton Seigneur, pleine de Majesté et de Gloire » et « Face » désigne l’Être (d’Allâh).

Tafsir d’Ibn ‘Abbâs :

Toutes les œuvres qui ne sont pas destinées à la Face d’Allâh (périront), ne seront pas acceptées « sauf Sa Face », sauf celle qui est destinée à Sa Face, il est dit aussi que cela signifie : toute face change exceptée celle d’Allâh et chaque royaume disparaîtra, sauf le Sien. « C’est à Lui qu’appartient le Pouvoir suprème », le jugement entre les personnes, « et C’est à Lui que vous ferez retour » après la mort, et il rétribue chacun selon ses œuvres.

Tafsir d’at-Tabari :

Et il y a eu désaccord sur le sens de « sauf Sa Face ». Certains ont dit que cela signifie que tout périra sauf Allâh, tandis que d’autres ont dit que cela signifie que tout périra, sauf les actes que l’on fait en cherchant Sa satisfaction.

Tafsir d’Al-Qurtubi :

Mujahid a dit que cela signifie que tout périra à part Allâh.

Al-Sadiq (Imam Ja’far) dit que cela signifie tout, excepté Sa religion.

Abu Al-‘Aliyah et Sufyan (At-Thawri) ont dit que cela signifie que tout périra, sauf les actes qui sont faits dans sa quête, à savoir en recherchant Sa proximité.

Muhammad bin Yahyā a rapporté qu’At-Thawri a déclaré : « J’ai demandé à Abā ‘Ubaydah concernant Sa Parole « tout doit périr, sauf Sa Face » et il répondit : « sauf Sa Gloire ».

 

Troisième verset : « Tout sur cette terre périra, seule perdurera la Face de ton Seigneur, pleine de Majesté et de Gloire » [4]

 

Tafsir d’Ibn Kathir :

Allâh affirme que tous les habitants de la terre périront et mourront. Les habitants des cieux mourront, à l’exception de quiconque Allâh décide. Seule la Face honorable d’Allâh restera, parce que notre Seigneur, l’Exalté, le Digne d’adoration, est le Vivant qui ne meurt jamais. Qatadah a dit : « D’abord, Allah à informé de ce qu’Il a créé et puis Il a dit que tout cela périra ».

« Et la Face de votre Seigneur restera à jamais ». Ce verset est similaire à la Parole d’Allâh, « Tout périra, sauf Sa Face ». Dans ce verset, Allâh décrit Sa Noble Face comme étant Dhul-Jalal wal-Ikram, indiquant qu’Il est Digne d’être vénéré, et donc, jamais défié, et obéit, et, par conséquent, jamais désobéi.

Tafsir d’Ibn ‘Abbâs :

« Seule perdurera la Face de ton Seigneur » qui ne meurt pas, et il est dit aussi que cela signifie:  les œuvres vertueuses qui sont destinée à la Face d’Allâh ne périront pas « pleine de Majesté » qui possède la force et la souveraineté « et de Gloire » et qui possède également le pardon et la bienfaisance.

Tafsir d’at-Tabari :

Allâh Ta’ala a dit : Tout ce qui est sur terre périra, djinns ou hommes et seule subsistera la Face de ton Seigneur, pleine de Majesté et de Gloire, Ô Mouhammad. Pleine de Majesté et de Gloire est un qualificatif de la Face. Il est également rapporté qu’il s’agit d’un qualificatif du Seigneur et de Son Attribut.

Tafsir d’Al-Qurtubi :

Cela signifie que ce qui restera, c’est Allâh, la « Face » étant une expression utilisée pour désigner Sa présence et Son Être . C’est l’explication privilégiée par les experts parmi nos savants: Ibn Fawrak, Abu Al-Ma’ali et autres.

Ibn ‘Abbas a dit : « La « Face » est une expression utilisée pour désigner Allâh Lui-même, comme Il l’a dit : « seule perdurera la Face de ton Seigneur, pleine de Majesté et de Gloire » ».

Abu Al-Ma’ali a déclaré : « Quant à Sa « Face », ce que cela signifie selon l’écrasante majorité de nos Imams, est la Présence de (Allâh) l’Ordonnateur, le Très-Haut ».

Wa Allâhou a’lam.

 

Notes du traducteur :

[1] Tafsir est le terme arabe pour désigner une Exégèse

[2] Qour’an S76 V9

[3] Qour’an S28 V88

[4] Qour’an S55 V27