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Traiter convenablement ses voisins

 

Sheykh al-Habib ‘Umar bin Hafiz

 

*** Ceux qui honorent les droits des voisins se préparent au meilleur des voisinages ***

 

La Loi Sacrée instruit les musulmans de l’importance de bien traiter ses voisins, et a fait du respect de leurs droits un impératif clair, que ces derniers soient musulmans ou pas. Si le voisin est un musulman, il a des droits en extra, et si c’est un proche, il a les droits de I’Islam, les droits du voisinage, et les droits de Ia parenté. Le Prophète ﷺ a dit : « Jibril me rappelait sans cesse les droits du voisin, au point que je me suis demandé s’il ferait de lui l’un des héritiers. » [1] En d’autres mots, le Prophète ﷺ pensait que le voisin d’une personne se verrait accorder une part de son héritage. Les droits du voisin sont tellement immenses, que le Prophète ﷺ a dit que celui dont le riverain n’est pas à l’abri de son mal, n’a aucune foi. Si les voisins d’untel, et leurs enfants ne sont pas hors d’atteinte de ses abus, de ses dommages, ou de son indiscrétion, alors ladite personne n’est pas croyante selon le témoignage, et serment du Prophète ﷺ :

« Par Allâh, il n’est pas croyant, a-t-il dit, puis répété une seconde fois : Par Allâh, il n’est pas croyant. Il ﷺ le répéta encore une troisième fois.

– Qui donc n’est pas croyant ? demandèrent ses Compagnons, Quelle personne misérable !

– Celui dont le voisin n’est pas à l’abri de son mal. » [2]

Le Prophète ﷺ a dit concernant le fait de se soucier du bien- être de son voisin : « Par Allâh, celui qui passe le mois de Sha’ban, sachant que son voisin subit la faim et ne lui apporte aucune assistance, il n’est pas croyant. » [3] Il est donc obligatoire pour le musulman de s’assurer de la bonne condition de son voisin.

L’Imam Abdullâh bin Alawi Ba ‘Alawi était tellement exemplaire dans le soin qu’il prenait à s’occuper de ses voisins, au point qu’ils ressentirent de l’embarras devant la quantité de choses dont il leur faisait don. Certains soirs, ils ne voulaient pas qu’il sache qu’ils n’avaient rien à manger au souper, alors ils allumaient le four pour qu’il pense qu’ils avaient de quoi, et étaient contentés. Il lui arriva un jour de tomber sur les enfants d’un voisin et de leur demander : « Qu’avez-vous eu à dîner hier soir?

-Nous n’avons pas soupé hier.

– J’ai pourtant vu la lumière du four allumé dans votre demeure.

– Les miens font cela parce qu’ils ont honte de te quémander quelque chose. »

Cet échange le troubla grandement, il se rendit alors auprès d’eux pour leur reprocher leur attitude : « Vous n’avez aucun droit de me faire cela ! Comment pouvez-vous me mettre dans une situation aussi terrible ? Chaque fois où vous vous retrouvez sans rien, ma maison est la vôtre : prenez-y ce que bon vous semble ! Tant que nous sommes voisins, je ne permettrai jamais que vous alliez vous coucher sans avoir dîné. » C’est ainsi qu’il traitait ses voisins, et c’était la résultante du pouvoir de sa foi profonde.

Un musulman doit se préoccuper du bien-être de son voisin.

Le Prophète ﷺ a enseigné aux parents que, s’ils achètent un jouet à leurs enfants ou leur offrent toute autre chose, ils doivent s’assurer qu’ils ne sortent pas dans la rue avec, afin d’éviter que les enfants de leurs voisins ne le voient, et s’en retournent auprès de leurs propres parents leur demander la même chose, mais que ces derniers ne puissent faire de même par manque de moyens. Il ﷺ a également dit : « Si vous achetez des fruits, offrez-en une partie à votre voisin, ou alors ramenez-les chez vous sans qu’il ne les voie et ne laissez pas vos enfants sortir avec l’un d’eux entre les mains, afin que ceux des autres ne deviennent envieux. Ne les laissez pas sentir l’odeur de la nourriture préparée dans vos marmites, à moins de la partager avec eux. » [4] En d’autres mots, soit vous sustentez votre voisin, soit vous évitez de l’exposer aux saveurs d’un plat qu’il ne peut s’offrir. Voilà jusqu’où le Prophète ﷺ prenait soin des droits du voisinage.

À notre époque, les musulmans négligent d’une grossière manière les droits de leurs voisins. Beaucoup d’entre eux ne les connaissent même pas. C’est devenu complètement normal dans certaines villes où même des musulmans issus de différents pays vivent ensemble dans un seul et même bâtiment, sans pour autant chercher à se connaître, et encore moins à se visiter. Les portes de leurs appartements peuvent même se faire face, et malgré la distance insignifiante qui les sépare, le voisin d’untel peut mourir sans même que l’autre s’en aperçoive, et ne puisse donc se rendre à ses funérailles. Dans ce cas, il n’a pas seulement négligé le droit de ce dernier en tant que voisin, mais il a également méconnu son droit commun en tant que musulman : celui de se rendre aux funérailles de son frère musulman.

C’est là le résultat des musulmans qui ont perdu le sens véritable de leur foi, et la conséquence de leur incapacité à réconcilier la vie moderne avec l’Islam. Tous les musulmans doivent être concernés par leurs voisins et leur bien-être, chercher à les aider autant que possible, les saluer et leur souhaiter plein de bonnes choses pendant les jours de l’Aïd et au début du mois de Ramadan, et les réconforter s’ils endurent un malheur. Ceux qui honorent les droits des voisins se préparent au meilleur des voisinages, dans la proximité d’Allâh dans la Demeure d’Honneur, et dans la proximité de Ses Prophètes et Messagers, et de Ses serviteurs vertueux.

Ô Allâh, accorde-nous la faculté d’honorer les droits de nos voisins, et place-nous parmi ceux qui œuvrent ensemble à obtenir Ton Agrément.

Que la paix et les bénédictions soient sur notre Maître Muhammad et sur sa Lignée, ses Compagnons, et sur tous ceux qui suivent excellemment leurs traces jusqu’au Jour de Rétribution. La louange absolue est à Allâh, Seigneur des Mondes.

Un musulman doit se préoccuper du bien-être de son voisin. Share on X

 

Notes :

Tiré de l’ouvrage Clarification du Noble Caractère de Sheykh al-Habib ‘Umar bin Hafiz (Ed. Simurgh)

[1] Rapporté par al-Bukhari, Muslim, Abu Dawud, al-Tirmidhi, Ibn Majah et Ahmad
[2] Rapporté par al-Bukhari et Muslim
[3] Rapporté par al-Tabarani et al-Bazzar
[4] Rapporté par al-Bayhaqi, al-Tabarani, al-Khara’iti et Ibn ‘Adi

Les Droits de l’Enfant

Mufti ibn Adam al-Kawthari [1]

 

Droit_des_enfants_Islam

 

 

Question :

Est-ce le devoir des parents de soutenir financièrement leur enfant s’il veut étudier sa Religion (Deen)? Et quels sont les droits de l’enfant que les parents ont à honorer?

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

Les enfants sont pour les parents une miséricorde et un don du Créateur Tout-Puissant. Ils sont synonymes de fraîcheur pour les yeux. Il suffit de demander à ceux qui n’ont pas eu cette chance d’avoir ce grand cadeau d’Allâh. En tant que telle, la Shariah a donné certains droits aux enfants, que les parents se doivent de remplir.

Voici un bref aperçu de certains des droits fondamentaux de l’Enfant :

1) Le premier des droits de l’enfant, c’est qu’il (ou elle) reçoive une éducation Islamique. Les parents sont responsables de leur formation religieuse et spirituelle.

Allah le Très-Haut a dit :

« Ô vous qui croyez ! Préservez vos personnes et vos familles de l’Enfer qui se nourrit d’hommes et de pierres » [2]

Le verset ci-dessus indique clairement qu’un individu ne peut atteindre le salut dans l’au-delà en se contentant d’appliquer les lois de la Shariah sur lui-même sans sauver la famille du feu de l’Enfer. Au contraire, afin de se préserver du châtiment de l’au-delà, l’individu se doit de veiller à ce que ses enfants aient une éducation Islamique correcte.

A plusieurs reprises, nous avons observé des pères activement impliqués dans les questions religieuses, mais dont les enfants ne sont même pas au courant des principes de base de l’Islam. Ce père est très appliqué dans sa Salat, le jeûne, la zakat et les autres aspects du Deen, tandis que son fils (ou sa fille) se noie dans des actes illicites et les péchés, et le père est satisfait de ses actions personnelles.

Il faut se rappeler que pour vous sauver du feu de l’Enfer, vous devez diriger les membres de votre famille vers le bien et leur interdire le mal.

Parfois, les gens disent avoir essayé, mais que l’enfant ne veut pas écouter, et que ce n’est donc pas de leur faute. Il est vrai que si les parents ont rempli leur responsabilité consistant à fournir une bonne éducation Islamique et que l’enfant n’en a jamais tenu compte, la responsabilité sera levée. Toutefois, dans le verset du Qour’an, le mot « feu » a été utilisé pour indiquer que vous devez essayer de sauver votre progéniture du châtiment de l’au-delà comme si vous essayiez de sauver vos enfants s’ils entraient dans le feu de ce monde. Si vous avez négligé de le faire, alors vous serez également tenus responsables de leurs actions.

2) Les parents sont responsables de l’éducation religieuse de l’enfant. Les enfants doivent apprendre les bases de la doctrine Islamique, qui comprend la Croyance (‘Aqida), l’Unicité de Allâh (Tawhid) et Ses Attributs (Sifat), la Biographie (Sirah) du Prophète béni d’Allâh ﷺ, les bases de ce qui est licite (Halal) et de ce qui est illicite (Haram), les Règles (Fiqh) concernant la Prière (Salat), le Jeûne (Siyam), etc …

3) Les parents sont également responsables de la formation morale de l’enfant qui doit apprendre et mettre en pratique les principes de la morale et de l’éthique Musulmanes. On doit leur enseigner que dire des mensonges, tromper, médire, se quereller, se bagarrer, voler, insulter, etc. sont des comportements inacceptables, et les parents doivent eux-mêmes donner le bon exemple.

4) L’entraînement physique des enfants est également une importante responsabilité parentale. Celle-ci assure aux enfants de pouvoir rester alerte et en bonne santé. Nous devons encourager les enfants à participer à des exercices physiques qui sont bénéfiques pour le corps.

5) Les parents doivent s’assurer de choisir de bons et pieux amis pour leurs enfants, et les préserver du mal et de la mauvaise compagnie.

6) Les enfants doivent recevoir de l’amour et de l’affection de toutes les manières possibles. Les parents se doivent de passer du temps avec eux et faire en sorte qu’ils ne se sentent nullement négligés.

7) Enfin, le père est responsable du soutien financier de ses enfants. Cependant, il existe plusieurs situations :

a) Si le fils ou la fille est riche en raison d’un héritage ou de cadeaux reçus, alors le père n’est pas tenu de subvenir financièrement à leurs besoins, plutôt, leurs dépenses seront payées à partir de leur propre argent.

Allâh le Très-Haut dit :

« Au père de l’enfant de les nourrir et de les vêtir de manière équitable » [3]

L’Imam al-Haskafi (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« Il est impératif que le père soutienne financièrement ses enfants (mâle ou femelle) s’ils sont pauvres et n’ont pas atteint la puberté. » [4]

b) Si les enfants ne possèdent pas de richesses et ont atteint la puberté, alors il y a deux possibilités :

Premièrement, s’ils sont capables de travailler et de subvenir à leurs besoins, dans ce cas la responsabilité du père sera levée.

L’Imam Ibn Abidin (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« S’ils sont capables de travailler, alors le père sera obligé de trouver du travail pour eux et leurs dépenses se feront à partir de leurs propres revenus ….. Cela inclut également les femmes qui doivent trouver un emploi qui leur convient, comme la couture et le tissage ». [5] & [6]

Deuxièmement, s’ils n’ont pas la capacité de travailler, alors le père sera responsable de leur soutien financier.

L’Imam al-Haskafi (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« De même, fournir un soutien financier pour un adulte est nécessaire s’il est incapable de subvenir lui-même à ses besoins. » [7]

c) Dans le cas où l’enfant n’a pas encore atteint la puberté (et ne possède pas d’argent), alors si le père est vivant, il devra subvenir aux besoins, et s’il est décédé alors la mère sera responsable avec les autres membres de la famille proche.

Il faut remarquer ici que les jurisconsultes (Fuqaha) ont mentionné que l’acquisition de la connaissance religieuse de l’enfant garçon ou fille est une assez bonne raison pour qu’il (ou elle) ne soit pas en mesure de subvenir à ses propres besoins, donc (à la lumière de «c»), le père sera responsable de leur entretien. Cependant, Ibn Abidin mentionne que ceci était valable à une époque où les étudiants étaient sérieux et sincères à l’égard de leurs études, alors que maintenant, la plupart d’entre eux gaspillent leur temps et au final l’argent. Toutefois, si l’enfant est intelligent et sérieux dans ses études, alors il revient au père la responsabilité de l’entretenir.

Cependant, ceci concerne la connaissance Islamique essentielle et fondamentale. Les jurisconsultes ont mentionné que l’acquisition de cette base est une obligation personnelle (fard ayn), les parents ne peuvent donc pas empêcher l’enfant d’aller l’acquérir. Si l’étude va au-delà de cette base essentielle, l’autorisation des parents doit d’abord être recherchée.

Et Allâh est plus Savant.

[Mufti] Muhammad ibn Adam
Darul Iftaa
Leicester, Royaume-Uni

Notes :

[1] Lire ici sa biographie
[2] Qour’an, s66-v6
[3] Qour’an, s2-v233
[4] Durr al-Mukhtar
[5] Radd al-Muhtar, 3/612
[6] Il existe aujourd’hui beaucoup d’autres métiers qui conviennent aux femmes, à leur niveau d’étude et qui sont conformes à l’éthique Musulmane.
[7] Durr al-Mukhtar