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Le livre de la politesse concernant les repas

 

Imam an-Nawawî (Riyad as-Salihin)

 
 
 
 
 

100. La mention de Dieu au début du repas et Sa louange à sa fin

728. ‘Omar Ibn Abi Salama (RA) rapporte : « Le Messager de Dieu (SAW) m’a dit: « Prononce le nom de Dieu avant de manger, mange avec ta main droite et mange ce qui se trouve devant toi ». [Bukhari et Muslim]

729. Selon ‘Aisha (RA), le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Lorsque l’un d’entre vous s’apprête à manger, qu’il mentionne le Nom de Dieu ; s’il oublie de le faire au début, qu’il dise alors : « Au Nom de Dieu (BismiLlâh) du début à la fin. » (Abu Dawud et Tirmidhi)

730. Selon Jabir (RA), le Prophète (SAW) a dit : « Lorsque l’homme mentionne Dieu à son entrée chez lui et au moment de manger, Satan dit à ses compagnons : « Ici, pas de lieu où passer la nuit ni de quoi dîner. » Et s’il entre chez lui sans avoir mentionné Dieu à son entrée, Satan dit : «Vous avez-un lieu où passer la nuit .. » Et s’il ne mentionne pas Dieu au moment de manger, Satan dit : « Vous avez un lieu où passer la nuit et le repas du soir. » [Muslim]

731. Houdhayfa (RA) rapporte : « Lorsque nous partagions un repas en compagnie du Prophète (SAW), nous ne commencions jamais à manger avant lui. Un jour, alors que nous mangions avec lui, une jeune fille se précipita [vers le plat] comme si elle y était poussée. Elle s’apprêta à mettre sa main dans le plat quand le Prophète la saisit. Puis un bédouin arriva, se précipitant comme s’il y était poussé. Il tendit sa main [vers le plat] mais le Prophète l’en empêcha puis dit : « Satan considère licite tout repas sur lequel le Nom de Dieu n’a pas été mentionné préalablement. Il [Satan] a donc fait venir cette jeune fille afin d’avoir droit à ce repas, et j’ai saisi sa main (afin de l’en empêcher). De la même manière, il a fait venir ce bédouin dans le même but mais je l’en ai empêche aussi. Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, la main de Satan était dans la mienne lorsque j’ai saisi la main de ces deux-la. » Puis il mentionna le Nom de Dieu et mangea. » [Muslim]

732. Oumaya Ibn Makhshi (RA) rapporte : « Tandis que le Prophète (SAW) était assis, un homme mangeait sans avoir prononcé préalablement le Nom de Dieu. A sa dernière bouchée, l’homme finit par dire : « Au Nom de Dieu, au début et à la fin. » Le Prophète sourit et dit : « Satan n’a pas cessé de partager son repas, mais lorsqu’il a mentionne le Nom de Dieu, Satan a vomi tout ce qu’il avait dans le ventre. » (Abou Dawud et Tirmidhi)

733. ‘Aisha rapporte (RA) : « Tandis que le Prophète (SAW) partageait un repas avec six de ses Compagnons, voilà qu’un bédouin s’approcha et l’avala en seulement deux bouchées. Le Prophète s’exclama alors : « S’il avait prononcé le Nom de Dieu, le repas vous aurait suffit… » (Tirmidhi)

734. Abou Oumama (RA) rapporte : Le Prophète (SAW), lorsqu’il se levait de table, avait coutume de prononcer cette invocation : « A Dieu revient la louange pure et bénie. Nul ne peut Te louer, O Seigneur, comme Tu le mérites et nul ne peut se passer de Toi. » [Bukhari]

735. Selon Mou’adh Ibn Anas (RA), le Prophète (SAW)a dit : « Celui qui, après avoir pris son repas, dit : « Louange à Dieu qui m’a nourri et a pourvu à ma subsistance sans aucune force ni puissance de ma part » verra ses péchés antérieurs pardonnés. » (Abou Dawud et Tirmidhi)

101. Le fait de ne pas critiquer un repas

736. Abou Hourayra (RA) rapporte : « Le Prophète (SAW) n’a jamais critiqué un repas : s’il était à son goût, il en mangeait, sinon il le laissait [sans rien dire]. » [Bukhari et Muslim]

737. Jabir (RA) rapporte : le Prophète (SAW) demanda un jour à ses épouses de la sauce (pour accompagner son repas). Elles répondirent : « Nous ne possédons que du vinaigre. » Le Prophète se le fit apporter, et mangea tout en disant : « Quelle sauce succulente que ce vinaigre ! » [Muslim]

102. Les paroles à prononcer pour le jeûneur qui est convié à un repas

738. Selon Abou Hourayra (RA), le Prophète (SAW) a dit : « Lorsque l’un d’entre vous est convié à un repas, qu’il réponde à l’invitation. S’il est jeûneur, qu’il fasse une invocation [en faveur de celui qui l’invite], et s’il ne l’est pas, qu’il mange. » [Muslim]

103. Les paroles que doit prononcer le convié

739. Abou Mas’ud Al Badri (RA) rapporte : « Un homme convia le Prophète (SAW) à un repas qu’il avait préparé pour cinq convives. Un homme les suivit, et lorsqu’ils arrivèrent devant la porte, le Prophète dit au maître de maison : « Cet homme-là nous a suivis ; si tu le veux, tu lui permets d’entrer, sinon il s’en retournera. » Le maître de maison répondit : « Je lui permets d’entrer, Prophète de Dieu. » [Bukhari et Muslim]

104. Le fait de manger ce qui se trouve devant nous

740. ‘Omar Ibn Abi Salama (RA) rapporte : « Alors que j’étais enfant sous la charge du Prophète (SAW), [durant un repas,] ma main se promenait autour du plat, le Prophète me reprit en ces termes : « O enfant, mentionne le Nom de Dieu [avant de commencer], mange de la main droite et mange ce qui se trouve devant toi. » [Bukhari et Muslim]

741. Salama Ibn Al Akwa’ (RA) rapporte : « Un homme mangea de sa main gauche chez le Prophète (SAW) qui lui dit : « Mange de ta main droite ! » « Je ne peux pas, répondit l’homme. » Le Prophète s’exclama alors : « Puisses-tu ne plus le pouvoir ! » Seul son orgueil l’avait empêché d’obéir et il ne put jamais plus porter sa main à sa bouche. » [Muslim]

105. L’interdiction de manger deux bouchées à la fois lorsqu’on mange en groupe

742. Jabala Ibn Souheym (RA) rapporte : Alors qu’une famine sévissait, j’étais accompagné d’Ibn Zubayr lorsqu’on nous apporta des dattes. Alors que nous mangions, Ibn ‘Omar passa devant nous et nous dit : « Ne mangez pas [les dattes] deux par deux car le Prophète (SAW) a interdit cela. » Puis il ajouta : « A moins que l’on en demande la permission à son frère. » [Bukhari et Muslim]

106. Ce que doit dire et faire celui qui mange mais reste quand même sur sa faim

743. Wahshi Ibn Harb (RA) rapporte : « Les Compagnons interrogèrent le Prophète (SAW) : « O Prophète de Dieu, nous mangeons sans pour autant être rassasiés. » Le Prophète répondit : « Peut-être mangez-vous séparément ? » – « Effectivement, répondirent les Compagnons. » Le Prophète reprit alors : « Mangez en groupe et mentionnez le Nom de Dieu, votre repas sera alors béni. » (Abou Dawud)

107. L’ordre de manger au bord du plat

Voir notamment le hadith n° 740 où le Prophète (SAW) dit : « Mange ce qui se trouve devant toi. »

744. Selon Ibn ‘Abbas (RA), le Prophète (SAW) a dit : « La bénédiction (baraka) descend au milieu du plat, commencez donc par manger ce qui se trouve au bord du plat et non au milieu. » (Abou Dawud et Tirmidhi)

745. ‘Abdullah Ibn Bousr (RA) rapporte : « Le Prophète (SAW) possédait un grand plat que l’on nommait « le brillant » et qui nécessitait quatre hommes pour le porter. Un jour, après que les Compagnons aient accompli la satat du milieu de la matinée (duha), on apporta ce plat contenant du pain émietté et trempé dans de la sauce. Les Compagnons prirent place autour du plat, et comme ils étaient nombreux, le Prophète s’agenouilla (pour laisser de la place aux autres). Un bédouin l’interpella en ces termes : « Mais qu’est-ce donc cette façon de s’asseoir ? » Le Prophète répondit alors : « Dieu a fait de moi un serviteur généreux et non un oppresseur tenace ! » Puis le Prophète ajouta : « Mangez au bord du plat et laissez le milieu (pour la fin), votre nourriture sera ainsi bénie. » (Abou Dawud)

108. La réprobation de manger allongé sur le côté

746. Selon Wahb Ibn ‘Abdullah (RA), le Prophète (SAW) a dit : « Je ne mange pas allongé sur le côté ». [Bukhari]

Ce qu’il faut retenir :
– Il ne convient pas d’adopter une attitude qui prête à l’orgueil et à l’arrogance. Le Prophète parle ici de la coutume qu’avaient les nobles romains de prendre leurs repas allongés et accoudés. Mais ces convenances diffèrent selon les pays et les époques; ainsi, ce qui peut sembler arrogant dans une région ne l’est peut-être pas ailleurs.

747. Anas (RA) rapporte : « J’ai vu le Prophète (SAW) manger des dattes, assis par terre, les genoux repliés. » [Muslim]

109. La recommandation de manger avec trois doigts

748. Selon Ibn ‘Abbas (RA), le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Lorsque l’un de vous prend un repas, qu’il n’essuie pas ses doigts avant de les lécher ou de se les faire lécher. » [Bukhari et Muslim]

749. Ka’b Ibn Malik (RA) a dit : « J’ai vu le Prophète (SAW) manger à l’aide de trois doigts, et lorsqu’il avait fini son repas, il les léchait. » [Muslim]

750. Jabir (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) ordonna de se lécher les doigts et le plat et dit : « Vous ne savez pas dans quelle partie du plat se trouve la bénédiction. » [Muslim]

751. Jabir (RA) rapporte ces propos du Prophète (SAW) : « Lorsqu’un de vous laisse tomber une bouchée de nourriture, qu’il la ramasse, la nettoie et la mange ; qu’il ne la laisse pas à Satan. Qu’il n’essuie pas ses mains à l’aide d’une serviette sans avoir préalablement léché ses doigts, car il ignore dans quelle partie du plat se trouve la bénédiction divine. » [Muslim]

752. Jabir (RA) rapporte ces propos du Prophète (SAW) : « Satan vous accompagne dans tout ce que vous faites, et même pendant les repas. Ainsi, lorsque l’un de vous laisse tomber une bouchée de nourriture, qu’il la ramasse, la nettoie et la mange. Qu’il ne la laisse pas à Satan. Une fois qu’il a terminé son repas, qu’il se lèche les doigts, car il ignore dans quelle partie du plat se trouve la bénédiction divine. » [Muslim]

753. Anas (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) se léchait les trois doigts après avoir terminé son repas et disait : « Lorsque l’un de vous laisse tomber une bouchée de nourriture, qu’il la ramasse, la nettoie et la mange. Qu’il ne la laisse pas à Satan. » Il nous ordonnait également de lécher le plat et il disait : « Vous ignorez dans quelle partie du plat se trouve la bénédiction divine. » [Muslim]

754. Sa’id Ibn Al Harith (RA) rapporte qu’il interrogea Jabir en ces termes : « Est-il nécessaire de faire ses ablutions après avoir mangé un aliment cuit ? » Jabir répondit : « Non, du temps du Prophète (SAW), il était rare de trouver de tels repas [c’est-à-dire des repas chauds]. Et lorsque nous en trouvions, nous n’avions pour serviette que nos mains, nos avant-bras et nos pieds. Ensuite, nous prions sans pour autant accomplir [à nouveau] nos ablutions. » [Muslim]

110. Le fait d’augmenter le nombre de participants à un repas

755. Selon Abou Hourayra (RA), le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Le repas de deux suffit à trois et celui de trois suffit à quatre ». [Bukhari et Muslim]

756. Jabir (RA) rapporte qu’il a entendu dire le Messager de Dieu (SAW) : « Le repas d’une personne suffit pour deux, celui de deux personnes suffit pour quatre et celui de quatre suffit pour huit. » [Muslim]

111. Les convenances à adopter lorsqu’on boit

757. Anas (RA) rapporte : Lorsque le Prophète (SAW) buvait, il reprenait son souffle par trois fois (hors du récipient). [Bukhari et Muslim]

758. Selon Ibn ‘Abbas (RA), le Prophète (SAW) a dit : « Ne buvez pas d’un seul trait à l’instar du chameau mais buvez plutôt en deux ou trois fois et prononcez le Nom de Dieu avant de boire. Louez Dieu lorsque vous terminez. » (Tirmidhi)

759. Abou Qatada (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) a interdit de respirer à l’intérieur même du récipient. [Bukhari et Muslim]

760. Anas (RA) rapporte : On apporta au Prophète (SAW) du lait coupé à l’eau. A sa droite se trouvait un bédouin et à sa gauche, Abu Bakr. Il but puis remit le récipient au bédouin en disant : « On commence par la droite puis on continue par la droite. » [Bukhari et Muslim]

761. Sahl Ibn Sa’d (RA) rapporte : On apporta au Prophète une boisson qu’il but. Il avait à sa droite un jeune homme et à sa gauche des personnes âgées. Il dit au jeune homme : « Me permets-tu de faire boire d’abord ceux-là ? » « Non, par Dieu, Prophète de Dieu! Je ne cèderai à personne ce qui me vient de toi, répondit-il. » Le Prophète lui mit alors le récipient dans la main. [Bukhari et Muslim]

112. Il est déconseillé de boire à même le récipient

762. Abou Sa’id Al Khoudri (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) a interdit de boire au goulot des outres. [Bukhari et Muslim]

Ce qu’il faut retenir :
– Il est déconseillé de boire au goulot des outres dont on ne voit pas le contenu, de peur d’avaler ce qui s’avérerait nuisible pour la santé.

763. Abou Hourayra (RA) : Le Prophète (SAW) a interdit de boire au goulot des outres ou de tout autre récipient. [Bukhari et Muslim]

764. Kabsha (RA), la sœur de Hasan Ibn Thabit (RA) rapporte : « Le Prophète (SAW) entra un jour chez moi et but debout à une outre qui etait suspendue. Je pris alors le goulot de l’outre et le coupai. » (Tirmidhi)

Nawawi ajoute : « Umm Thabit coupa le goulot de l’outre uniquement afin de préserver l’emplacement ou le Prophète avait posé sa bouche et en vue d’en tirer la bénédiction. Ce hadith indique donc l’autorisation de boire au goulot, les deux premiers indiquent qu’il est tout de même préférable d’éviter de le faire. Dieu est plus Savant. »

113. La désapprobation de souffler dans la boisson

765. Abou Sa’id Al Khoudri (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) a interdit de souffler sur la boisson. Un homme lui demanda : « Et si je vois une saleté dans le récipient ? » – « Jette-la, répondit le Prophète. » L’homme reprit : « Je ne parviens pas à me désaltérer lorsque je bois d’un trait. » Le Prophète répondit : « Éloigne alors le récipient de ta bouche. » (Tirmidhi)

766. Ibn ‘Abbas (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) a interdit de respirer dans le récipient ou de souffler dessus. ( Tirmidhi)

114. La permission de boire debout et la préférence de boire assis

767. Ibn ‘Abbas (RA) rapporte : « J’ai donné de l’eau de Zamzam au Prophète (SAW) qu’il but debout ». [Bukhari et Muslim]

Ce qu’il faut retenir :
– Il est donc permis de boire debout, cependant la position assise demeure préférable. Déjà à l’époque du Prophète (SAW), Zamzam est le puits situé à La Mecque, proche de la Ka’ba, qui abreuvait tous les pèlerins. Quand, des siècles plus tôt, Hajar, l’épouse d’Ibrahim, arriva à cet endroit avec son fils Ismael, elle manqua cruellement d’eau et Dieu envoya un ange qui fit jaillir l’eau pour que puissent s’abreuver, elle, son fils, puis tous les gens qui vécurent avec et après eux, jusqu’aujourd’hui.

768. Nazal Ibn Sabra (RA) rapporte : « ‘Ali se rendit à la porte de Rahaba et y but debout puis dit : « J’ai vu le Prophète (SAW) faire comme vous m’avez vu faire. » [Bukhari]

769. Ibn ‘Omar (RA) rapporte : « Du temps du Messager de Dieu (SAW), nous mangions en marchant et nous buvions debout ». (Tirmidhi)

Ce qu’il faut retenir :
– Ce hadith, comme ceux qui précèdent, indique la permission de boire et de manger debout, pour contrer l’interdiction absolue de le faire que certains ont émise, sur la base des hadiths qui vont suivre. L’imam Nawawi a mis ensemble ces hadiths pour indiquer la préférence de manger et boire assis, mais il met en évidence que c’est préférable, et non formellement interdit.

770. ‘Amr Ibn Shou’ayb (RA) rapporte ce Hadith de son grand-père que lui a transmis son père : « J’ai vu le Messager de Dieu (SAW) boire aussi bien debout qu’assis ». (Tirmidhi)

771. Selon Anas (RA), le Prophète (SAW) a interdit de boire debout. Qatada lui demanda : « Et pour ce qui est de manger ? » Il dit : « C’est pire encore. » [Muslim]

772. Selon Abou Hourayra (RA), le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Que l’un de vous ne boive surtout pas debout. Celui qui a oublié de s’asseoir avant de boire, qu’il vomisse ce qu’il a bu ». [Muslim]

115. La recommandation à celui qui sert à boire de se servir en dernier

773. Selon Abu Qatada (RA), le Prophète (SAW) a dit : « Celui qui sert a boire aux gens doit boire en dernier. » (Tirmidhi)

116. La permission de boire dans n’importe quel récipient pur, sauf celui en or ou en argent

774. Anas (RA) rapporte : « Le moment de la prière arriva, ceux dont les maisons étaient proches se rendirent chez eux [afin d’accomplir leurs ablutions]. Un groupe était resté et on apporta au Prophète (SAW) un récipient en pierre, trop petit pour que le Prophète y déploie sa main. Pourtant, tout le monde put y faire ses ablutions. On demanda : « Combien étiez-vous ? » – « Un peu plus de quatre-vingts, répondirent-ils. » [Bukhari et Muslim]

Une autre version où le texte est de Muslim : « Le Prophète (SAW) demanda qu’on lui apporte un récipient d’eau. On lui apporta un vase peu profond et large contenant un peu d’eau. Il y mit ses mains. » Anas dit : « Je vis l’eau jaillir entre ses doigts. J’évaluai le nombre de ceux qui y avaient fait leurs ablutions ce jour-là, il variait entre soixante-dix et quatre-vingts personnes. »

775. ‘Abdullah Ibn Zayd (RA) rapporte : « Le Prophète (SAW) vint à nous et nous sortîmes à son intention un récipient de cuivre contenant de l’eau et avec lequel il fit ses ablutions. » [Bukhari]

776. Selon Jabir (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) entra chez un ansar en compagnie de l’un de ses Compagnons et il lui dit : « Si tu as de l’eau qui a passé la nuit chez toi dans une outre, donne-la-nous, sinon nous boirons sans utiliser de récipient. » [Bukhari]

777. Houdhayfa (RA) rapporte : Le Prophète (SAW) nous a interdit la soie et le brocart et de boire dans un récipient d’or ou d’argent. Il a dit : « Ces choses-là sont pour eux (les négateurs) en ce monde et pour vous dans l’au-delà. » [Bukhari et Muslim]

778. Selon Oum Salama (RA), le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Celui qui boit dans un récipient en argent ne fait qu’avaler dans son ventre le feu de l’Enfer. » [Bukhari et Muslim]

Dans une version de Mouslim : « Celui qui mange ou boit dans un récipient en or ou argent ».

 

Règles de convenances relatives au boire et au manger [1]

 Selon l’école Malikite

 

boire-et-manger

Bismillâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Voici quelques règles Islamiques de convenances qu’il convient d’observer lorsque l’on mange ou boit. Ces règles sont conformes à l’Ecole Mâlikite.

– Il est recommandé de prononcer la Tasmiya [mention du nom de Allâh] avant de boire et de manger [2]. Selon l’avis le plus plausible, il s’agit d’une pratique Sunnah qui incombe à chacun, individuellement. De même, il est recommandé de louer Allâh quand on termine de manger ou de boire [3].

– Le lavage de la main avant de manger n’est pas une sounna, sauf si elle contient ce qui est sale.

– Quand on mange ou qu’on boit, on doit se servir de la main droite par recommandation. Parmi les autres règles de bienséances de la table à observer, on doit manger de son côté [4] quand il s’agit d’un seul plat qu’on partage avec d’autres en dehors des membres de sa famille. Mais quand il s’agit de plusieurs mets, ou de dattes, on peut manger par n’importe où à volonté, quand le plat est éloigné ou qu’on mange un met en famille. Cela est permis dans ce dernier cas, vu qu’il doit observer la bienséance avec les étrangers et non pas avec sa femme [et ses enfants], à qui il incombe plutôt d’observer la bienséance envers son mari. On ne prendra une nouvelle bouchée qu’après avoir fini la précédente.

– Après avoir bu, on passera le récipient à qui est à droite.

– Il est interdit de boire ou de manger dans des récipients en or ou en argent. Ceci est basé sur la parole du Prophète qui a dit : « Celui qui mange ou boit dans un vase (récipient) d’argent et d’or ne fait qu’avaler dans son ventre du feu de l’Enfer ». [5]

– Il est bon (après avoir mangé) de sucer sa main avant de l’essuyer. Parmi les bonnes manières dans la nourriture, il y a de faire en sorte que le ventre soit destiné pour un tiers à la nourriture, pour un tiers à la boisson et pour un tiers à la respiration [6].

– On ne doit pas souffler dans le repas ou la boisson. Ceci est répréhensible du fait qu’il s’agit d’une pratique qui a fait l’objet d’interdiction, car il se peut qu’il sorte de la bouche quelque chose qui incommode son convive, voire qui l’incommode lui-même [7].

– Il ne convient pas pour qui a consommé du poireau, de l’ail ou de l’oignon cru d’entrer dans une mosquée. Il n’est pas souhaitable de manger en se reposant sur un flanc ou de manger du centre du plat de (therîd) [8].

– On doit éviter de manger un repas très chaud et de respirer dans le récipient en buvant, cela est interdit dans la tradition scripturaire. En effet, l’Imam Muslim  rapporte que : « Le Messager d’Allâh a interdit de respirer dans le récipient ». Il est permis de boire d’un seul trait, mais la Sunnah stipule de boire à trois reprises.

– Parmi les règles de convenances en matière de boire et manger, il est également recommandé d’aspirer l’eau en buvant. Ibn al-Qayyim   a dit : « L’expérience a prouvé qu’avaler de l’eau d’un seul trait cause une douleur au foie et fait chuter sa température ». Il se peut également qu’il soit déconseillé de boire d’un seul trait, à cause du risque de nuisance aux intestins qui se gorgent d’eau subitement, celle-ci provoquant une pression soudaine et mal répartie. On recommande aussi de boire en position assise. Mais il n’y a pas de mal à boire debout. Quoi qu’il reste préférable de le faire assis.

– On se nettoie la bouche après avoir mangé de même qu’on se cure les dents pour en débarrasser les restes d’aliments. On se rincera la bouche suite à la consommation du lait.

– On ne doit pas quitter la table avant qu’elle soit débarrassée. Car il est répréhensible de se lever avant que la table ne soit débarrassée, sinon c’est agir contrairement à ce qui convient le mieux. Car cela risque de pousser autrui à laisser le repas par pudeur, alors qu’il a encore faim.

– On doit répondre favorablement à l’invitation au repas de noces, en s’y rendant, s’il n’y a pas de la musique manifestement interdite ou de péché apparent. On est libre au cours de la noce de manger ou pas. L’Imam Mâlik a permis de s’abstenir de répondre à l’invitation, s’il y a une grande foule présente.

 

Notes :

[1] Selon l’Ecole Mâlikite. D’après Al-Muqaddima Al-‘Izziyya Lil-Jama’a Al-Azhariyya d’Abul Hassan ‘Ali Al-Mâliki Al-Sadili et Al-Rissâla d’Ibn Abi Zeyd AI-Qayrawâni.

Le livre d’Al-Sadili traite de manière détaillée la Jurisprudence selon l’École Malikite. Cet ouvrage est en fait le résumé d’un autre livre du même auteur, plus exhaustif intitulé Umdat al-Sâlik alâ madhal al-Imâm Mâlik, fi-l-Ibadat wa gayr dâlik.

Al-Rissâla (La Lettre de Kairouan) est un ouvrage sur les enseignements fondamentaux de la religion selon l’école Malikite. Malgré son petit format, La Rissala contient quatre mille prescriptions juridiques (masâala) et quatre cents Hadiths. Elle a été rédigée dans un style simple et de manière concise. Elle est programmée dans les établissements de l’enseignement traditionnel et elle est hautement considérée par les oulémas (savants). Une centaine d’ouvrages ont été dédiés à son commentaire et à l’explication de ses termes. Le texte ici présent se trouve dans le « chapitre des bons usages ».

Abou Mohammed Abdellah Ibn Abî Zayd al Qayrawânî est né en 310H /922-23 à Nefza, une ville de l’Espagne. Il passa la majeure partie de sa vie à Kairouan, d’où le surnom d’al Qayrawânî dont on le désigne habituellement. Il est l’une des grandes références de l’école Malékite d’Occident. Il a été surnommé « le petit Malik », dit-on, du fait qu’il tenait la doctrine du fondateur du rite Malîkite, Malîk Ibnou Anas, par voie de tradition orale, rapportée selon trois transmetteurs, ce qui conférait à son enseignement une valeur d’authenticité remarquable. Il a composé une trentaine d’ouvrages, qualifiés par Qadi ‘Iyyad de bénéfiques, bien écrits et d’une grande richesse au niveau du contenu. Il est décédé en 368 de l’hégire.

[2] Bismillâh
[3] Al-Hamdulillâh
[4] C’est-à-dire prendre ce qui est devant soi et ne pas piocher ailleurs dans le plat.
[5] Hadîth rapporté par Muslim
[6] De ne pas se gaver de nourriture et de boisson, au point de respirer difficilement.
[7] Ceci évite aussi la contamination par des bactéries qui auraient pu être transmises par ce biais.
[8] Plat à base de  » pain » découpé en morceaux, accompagné de sauce et de viande.

 

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