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Preuves que l’obéissance au prophète est une obéissance à Dieu


Par l’imam Djalâl ad-Dîn As-Suyûtî

 

 

Mohamed

 

 

Dieu a dit : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance (réf au Prophète) ne font que prêter serment à Dieu. » [1]

Et Il a dit aussi : « Quiconque obéit au Messager aura obéi à Dieu » [2]

Al-Shâfi’î commente : « Dieu leur a fait savoir que l’allégeance à Son prophète était une allégeance à Lui et que l’obéissance à ses ordres était une obéissance à Lui. »

Dieu a dit encore : « J’en jure par ton Dieu, ils ne croiront point avant de t’avoir établi comme arbitre de leurs différends. Ta décision lèvera leurs doutes et ils acquiesceront d’eux-mêmes » [3]

Al-Shâfi’î commente : « Il nous a été rapporté, wa-llâhu a’lam, que ce verset a été révélé à la suite d’un litige entre Zubayr et un autre homme, litige lors duquel le prophète ﷺ avait tranché en faveur de Zubayr. Et ce jugement du prophète est une Sunna et non pas un texte précis du Coran. »

Bukhârî et Muslim rapportent en effet par le biais de ‘Abdullah Ibn Zubayr qu’un homme parmi les « soutiens » (Al-ansâr) s’était disputé avec son père au sujet du cours d’eau qui descendait des collines et qui leur servait pour l’irrigation des palmeraies. L’homme dit à Zubayr : « Laisse libre cours à l’écoulement de l’eau ! » Mais Zubayr refusait. Et lorsqu’ils portèrent leur litige devant le prophète, ce dernier dit à Zubayr : « Irrigue tes terres puis laisse l’eau couler chez ton voisin. »

L’homme dit alors : « Ô messager de Dieu ! Serait-ce parce qu’il est ton cousin ! » Alors, rouge de colère, le prophète dit à Zubayr : « Irrigue tes terres puis empêche l’eau de dévaler. »

Zubayr disait : « Par Dieu! Je suppose que ce verset a été révélé à cette occasion. »

Bukhârî et Muslim rapportent aussi par le biais de Abû Hurayra que le prophète ﷺ a dit : « Celui qui m’obéit, obéit à Dieu et celui qui me désobéit, désobéit à Dieu. »

Bukhârî rapporte selon Djâbir Ibn ‘Abdillâh que des Anges vinrent chez le Prophète ﷺ alors qu’il dormait. Certains dirent: « Il dort! » Mais d’autres ont répondu: « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Et ils ajoutèrent : « Donnez à votre compagnon la parabole qui lui convient. » Les premiers renchérirent : « Il dort ! » Mais les seconds assurèrent : « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Ils dirent : « Son exemple est celui d’un homme qui a bâti une somptueuse demeure et y a organisé un banquet; puis il a chargé un annonciateur d’inviter les gens. Celui qui répond donc à l’invitation de l’annonciateur entrera dans la demeure et mangera du repas et celui qui n’y répond pas n’entrera pas dans la demeure et ne mangera pas du repas! » Ils dirent : « Interprétez-la lui afin qu’il comprenne ! » Ils dirent : « Il dort ! » Mais les autres rassurèrent : « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Ils dirent : « La demeure : c’est le Paradis et l’annonciateur : c’est Muhammad ! Celui qui obéit à Muhammad obéit à Dieu et celui qui désobéit à Muhammad désobéit à Dieu. Muhammad est celui qui sépare entre les hommes. »

Bukhârî rapporte aussi par le biais de Abû Hurayra que le Prophète ﷺ a dit : « Toute ma communauté entrera au Paradis sauf celui qui refuse !» Ses compagnons s’exclamèrent: « Mais qui osera refuser ô messager de Dieu? » Il dit: « Celui qui m’obéit entrera au Paradis et celui qui me désobéit le refuse. »

Al-Shâfi’î ajoute parmi les preuves coraniques le verset qui dit : « Ne considérez pas l’appel du messager comme un appel que vous vous adresseriez les uns aux autres. Dieu connaît certes ceux des vôtres qui s’en vont secrètement en s’entre cachant, Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’un malheur (fitna) ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux » [4]

Et Al-Bayhaqî rapporte que Sufiân disait en guise d’interprétation de la « fitna » : « Dieu scellera leurs cœurs. »

Bukhârî et Muslim rapportent qu’Ibn Mas’ûd disait : « Que Dieu maudisse celles qui tatouent et celles qui se font tatouer, et celles qui s’épilent les sourcils, et celles qui espacent leurs dents pour se faire belles, celles qui modifient en elles la création de Dieu. »

Et lorsqu’une certaine Ummu Ya’qûb entendit ses propos, elle vint à lui et lui dit : « J’ai entendu dire que tu soutenais telle et telle chose!» Il répondit: « Et qui m’empêcherait de maudire celles que le prophète a maudites, et que le Coran mentionne? » La femme lui rétorqua: « J’ai lu le Livre du début à la fin et je n’ai pas trouvé pareille chose ! » Il lui répondit: « Si tu avais médité dans ta lecture tu l’aurais alors trouvée ! N’as-tu pas considéré le verset qui dit : « Prenez ce que le Messager vous donne, et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en » [5] Et bien, le Prophète a interdit ces choses-là. »

Al-Shâfi’î a dit aussi : « Dieu a clarifié le fait que le prophète guide les gens dans le droit chemin, Il a dit : « En vérité tu guides vers un chemin droit, le chemin de Dieu. » [6]

Al-Shâfi’î ajoute : « Et le devoir de lui obéir est tout aussi formel pour ceux qui l’ont vu que pour ceux qui sont venus après. »

Al-Bayhaqî rapporte que Maymûn Ibn Mahrân disait en guise d’interprétation du verset suivant : « Portez vos différends devant Dieu et Son messager, si vous croyez en Dieu et au jour dernier. » [7]

« Porter les différents devant Dieu, c’est-à-dire devant Son Livre et les porter devant le prophète après sa mort, c’est-à-dire devant sa Sunna. »

Al-Bayhaqî a ensuite cité le hadith rapporté par Abû Dâwûd selon Abû Râfi’ qui dit que le Prophète ﷺ a dit : « Que je ne prenne l’un de vous assis sur son siège, et lorsqu’on lui rapporte mes propos ordonnant une chose ou interdisant une autre, il répond: « Je n’en suis pas sûr ! Je préfère m’en tenir au Coran ! »

Al-Shâfi’î commente : « Ce hadith ratifie l’argumentation de la Sunna et avise de l’obligation de se conformer à elle même si on ne trouve pas sur le sujet un texte du Coran qui l’atteste. »

Al-Bayhaqî a aussi cité le hadith rapporté par Abû Dâwûd selon ‘Irbâd Ibn Sâriya qui dit : « Lorsque nous nous sommes établis à Khaybar [8], son chef, qui était imberbe et laid, est venu voir le Prophète  et lui dit : « Ô Muhammad ! Vous est-il permis d’égorger nos bêtes, de manger nos provisions et de battre nos femmes ? » Le Prophète s’est alors fâché et lança : « Ô Ibn ‘Awf ! Monte sur ton cheval et appelle les gens à se rassembler pour la prière. » Puis, une fois les gens rassemblés et la prière terminée, il se leva et dit : « Est-ce que l’un de vous, bien installé sur son siège, croirait-il que Dieu n’a interdit que ce qui est indiqué dans le Coran ? Sachez, par Dieu, que j’ai ordonné, exhorté et interdit des choses qui sont aussi nombreuses que celles contenues dans le Coran, sinon plus. Et Dieu ne vous a certainement pas permis d’entrer dans les demeures des gens du Livre sans leur permission, ni de frapper leurs femmes, ni de manger leurs provisions du moment qu’ils payent leur tribut. »

Notes :

[1] Coran, chap. 48, vers. 10
[2] Coran, chap. 4, vers. 80
[3] Coran, chap. 4, vers. 65
[4] Coran, chap. 24, vers. 63
[5] Coran, chap. 59, vers. 7
[6] Coran, chap. 42, vers. 52 et 53
[7] Coran, chap. 4, vers. 59
[8] Ville d’Arabie à environ cent-cinquante kilomètres de Médine. Elle était du temps du prophète le fief des juifs qui avaient manigancé en l’an 5H (626) la fameuse coalition armée judéo païenne contre les musulmans.

Attachement de grands soufis à la Sounah [1]

 

Par l’imam Djalâl ad-Dîn As-Suyûtî

 

 

soufi

 

 

Dhû-n-Nûn (m.246H) a dit : « Parmi les caractéristiques de celui qui aime Dieu, le fait de suivre Son bien-aimé (salallahou ‘alayhi wassalaam) dans sa moralité, ses actes, ses ordres et sa Sounah. »Abû Sulaymân Al-Dârâni (140-215H) a dit : « Il arrive que des traits d’esprit dits par des sages m’enchantent pendant des jours; cependant je ne retiens d’eux que ce qui est conforme à la déclaration de deux témoins sûrs : le Coran et la Sounah. »

Al Haddâd a dit : « Celui qui ne mesure pas constamment ses actions et ses états d’âmes en fonction du Coran et de la Sounah et ne se remet jamais en cause alors ne le considérez pas dans le registre des grands hommes. »

Djunayd (m. 298H) a dit : « Le chemin qui mène à Dieu est barré excepté pour ceux qui daignent suivre les pas du prophète et le prennent pour modèle. Dieu a dit : «  En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle à suivre. « [2] »

Il a dit aussi : « Celui qui n’apprend pas le Coran et ne transcrit pas les hadiths n’est nullement un modèle à suivre dans notre système ! Car notre doctrine est fondée sur le Coran et la Sounah ! »

Abû ‘Uthman AI-rî (230-298H) a dit : « Celui qui se soumet entièrement à la Sounah dans ses propos et ses actes, lorsqu’il parle, il parle avec sagesse. Et celui qui suit sa passion, lorsqu’il parle, il soutient l’innovation. Dieu a dit :  » Si vous lui obéissez vous serez guidés. « [3] »

Et lorsque ce demier était sur son lit de mort, son fils Abû Bakr se mit à déchirer ses vêtements ! Abû ‘Uthmân a alors ouvert les yeux et lui dit : « Cela est contraire à la Sounah dans son aspect apparent et est une marque d’hypocrisie dans son sens profond! »

Abû Al-Fawâris Al-Karamânî a dit : « Celui qui baisse son regard à la vue des femmes et contient ses  désirs, qui emplit son coeur de la conviction que Dieu l’observe continuellementet s’attache dans ses faits et gestes à la Sounah et qui s’exerce à ne manger que ce qui est licite, ses intuitions ne le trompent jamais. »

Al Tamastânî a dit : « La voie est distincte ! Le Coran et la Sounah sont parmi nous et le mérite des compagnons est manifeste. Celui donc qui prend pour guide le Coran et la Sounah, fuit ses désirs et la compagnie des hommes pour s’abandonner à l’adoration de Dieu est un homme véridique qui a atteint l’objectif. »

Nasr Âbâdî a dit : « Les fondements du soufisme sont : l’attachement au Coran et à la Sounah, le refus des passions et des innovations, la vénération des maîtres [4], admettre les excuses des gens, persévérer dans l’évocation de Dieu et éviter de commettre des choses équivoques au nom de la tolérance et de l’interprétation. »

Abû Hafs a dit : « La meilleure façon de nous rapprocher du Seigneur est de ressentir continuellement notre pauvreté et notre besoin de Lui dans tous nos états et de nous attacher à la Sounah dans tous nos actes et de rechercher notre nourriture d’une façon licite. »

Abû Nu’aym rapporte selon Sahl Ibn ‘Abdillâh : « Nos fondements sont six choses: « S’attacher au Livre de Dieu, prendre pour modèle la Sounah de Son prophète, manger ce qui est licite, ne pas causer de tort aux gens, éviter les péchés et remettre aux gens leurs droits. »

 

Notes :

[1] Sélection, à partit de la « Risâla » de Qushayrî, de certains propos de grands soufis qui attestent de leur attachement à la Sunna du prophète.
[2] Coran, 33 ; 21
[3] Coran, 24 ; 54
[4] Definition du mot « vénération » :  Profond respect à l’égard d’une personne

 

Les conditions pour être savant

 
 

Par l’imam Djalâl ad-Dîn As-Suyûtî

 


savant

 

 

Bayhaqî rapporte que ‘Alî Ibn Abî Tâlib est passé devant un raconteur (s) qui bavardait. Il lui lança : « Connais-tu les textes qui abrogent et ceux qui sont abrogés ? » Il répondit : « Non ! » Il lui dit alors : « Tu es dans la confusion et risques d’égarer les gens! »Et il a rapporté selon Ibn ‘Abbâs la même anecdote.Al-Shâfi ‘î explique : « On ne peut soutenir que tel verset du Coran abroge tel autre que si l’on détient l’information du prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), ou si l’on connaît la chronologie des événements, on considère alors que le demier en date abroge le premier, ou encore par le biais du narrateur qui rapporte le hadith, ou enfin lorsqu’il y a consensus sur la question. Cependant, dans la plupart des cas, c’est la Sunna qui le démontre. »

Bayhaqî rapporte qu’on a demandé à Ibn Al-Mubârak : « Quand l’homme devient-il apte a émettre des fatwas » ? » Il lui répondit : « Lorsqu’il deviendra savant en matière de traditions (athar) et perspicace dans ses réflexions. »

Et selon Djundub Ibn ‘Abdillâh, le prophète a dit : « Celui qui interprète le Coran selon sa propre réflexion est dans l’erreur même si son interprétation est juste. » [1]

Bayhaqi et Sa’îd Ibn Mansûr rapportent selon Ibrahim Al-Tayrnî que ‘Umar Ibn AI-Khattâb a dit à Ibn ‘Abbâs : « Comment cette nation peut-elle diverger alors qu’elle a un même Livre, un même prophète et une même direction (qibla) ? » Il lui répondit : « Ô chef des croyants! Le Coran nous a été révélé ; nous l’avons lu et avons su les circonstances de sa révélation. Mais, ceux qui viendront après nous le liront sans connaître les circonstances de sa révélation; ainsi chaque groupe aura sa propre interprétation et c’est de là qu’ils divergeront, puis ils s’entretueront à cause de cette divergence. »

Je dis : cette histoire nous renseigne sur l’ importance primordiale de connaître les circonstances de la révélation pour celui qui veut interpréter le Coran. Et ce savoir s’apprend de la Sunna wa-llâhu a’lam !

Bayhaqî et Dârimî rapportent selon Sha’bî que ‘Umar Ibn Al-Khattâb a écrit au Qadi [2] Shurayh : « Lorsque tu as une affaire à résoudre, cherche la solution à partir du Livre de Dieu, sinon à partir de la Sounah du prophète,sinon à partir des sentences des gens vertueux et des émirs intègres, sinon fais un effort de réflexion. »

Et ils ont rapporté aussi qu’Ibn Mas’ûd avait donné aux Qadis de Koufa ce même conseil.

 

Notes :

[1] Ce hadith est aussi rapporté par Abû Dâwûd et Tirmidhî. Ce dernier commente :  » Ce hadith est faible. Cependant, les érudits, depuis les compagnons du prophète, ont toujours été sévères vis à vis de cela. « 
[2] Juge