Sunnisme.com

Qui sont ceux qui se réclament des Ahl Al-Bayt

 

Ustadh Salman Younas

 

 

Maison Prophète

 

 

Question :

J’ai récemment parlé avec un groupe de musulmans qui m’ont dit suivre les « Ahl al-Bayt ». Je ne comprends pas très bien ce que cela signifie. Ils m’ont dit que Fatima (la fille du Prophète) est meilleure que ‘Aïsha, que les Compagnons n’étaient pas respectables et que ‘Aïsha avait essayé d’empoisonner le Prophète ﷺ. Pouvez-vous s.v.p. m’aider à y voir plus clair?

 

Réponse :

As-salamu `alaykoum,

Les gens avec qui vous avez parlé sont probablement des Chiites. Les Chiites diffèrent des Sunnites sur des questions fondamentales relatives à la croyance (‘Aqida) et au droit (Fiqh) et notamment sur la question du statut des Compagnons.

La croyance Sunnite concernant les Compagnons

La croyance Sunnite concernant les Compagnons du Prophète ﷺ est qu’ils étaient tous des Musulmans sincères et droits. Cela ne signifie pas pour autant leur infaillibilité ; les Compagnons, comme les autres individus non-prophétiques, ont pu faire des erreurs. Cependant, ils ont obtenu un rang unique qui est attesté par Allâh et le Prophète, et c’est pourquoi nous n’accordons pas une grande importance aux faux pas qui peuvent être rapportés d’eux et que nous reconnaissons le grand service qu’ils ont apporté à la religion de l’Islam.

Parmi les textes qui servent à appuyer la croyance Sunnite :

a. « Muhammad est le Prophète d’Allâh. Autant ses Compagnons sont durs envers les infidèles, autant ils sont pleins de compassion entre eux… » (48:29)

b. « Quant aux émigrés (Muhajirun) et aux auxiliaires (Ansar) qui ont été les premiers à se joindre au Prophète et à l’accueillir, ainsi que ceux qui les ont suivis dans un élan sincère, Allâh est Satisfait d’eux comme ils seront satisfaits de Ses faveurs, car Il a préparé à leur intention des Jardins sous lesquels coulent des ruisseaux et où leur séjour sera éternel. Et ce sera pour eux le comble de la félicité. » (9:100)

c. « Allâh a été satisfait des croyants qui t’ont prêté serment d’allégeance sous l’arbre. » (48:18)

d. « Allâh, Allâh! Craignez-Le à l’égard de mes compagnons! N’en faites pas des cibles après moi! Celui qui les aime les aime avec son amour pour moi; et celui qui les déteste les hait avec sa haine contre moi. Celui qui porte l’inimitié contre eux, porte inimitié contre moi; et quiconque porte l’inimitié contre moi, porte l’inimitié contre Allâh. Celui qui porte l’inimitié contre Allâh est sur le point de périr ». [Tirmidhi, Ahmad]

e. « Aucun d’entre vous ne devrait venir à moi avec quoi que ce soit (de négatif) concernant l’un de mes Compagnons car je ne veux pas aller vers vous, si ce n’est avec un cœur pur. » [Abu Dawud, at-Tirmidhi]

f. « Ne maudissez pas mes Compagnons, car si l’un de vous devait dépenser autant d’or que (la montagne de) Uhud en charité, il n’atteindrait pas une poignée d’entre eux ni même la moitié de cela » [Bukhari, Abu Dawud, Tirmidhi, Ibn Majah]

g. « Lorsqu’on mentionne mes Compagnons, taisez-vous. » [at-Tabarani, Mu`ajam al-kabir]

Ces textes servent à établir l’importance qu’il y a à tenir les Compagnons en haute estime, mais aussi de laisser de côté  ce qui concerne leurs erreurs et leurs fautes.

Les Ahl al-Bayt

De la même manière, les Ahl as-Sunnah jugent également obligatoire d’aimer et de respecter les membres de la maison Prophétique en commençant par le Prophète lui-même, puis ses enfants, oncles, tantes, cousins, petits-enfants, et ainsi de suite. Comme notre attitude envers les Compagnons, l’amour pour les Ahl al-Bayt est basée sur d’innombrables preuves textuelles qui couplent l’amour du Prophète ﷺ avec leur amour, nous avertissent d’être attentifs à eux, et nous apprennent à les traiter avec le plus haut degré de respect. D’innombrables œuvres ont été écrites sur les mérites d’Ahl al-Bayt et l’obligation pour les Musulmans de les aimer, comme le « Arba`in » de l’Imam Muhammad ibn Ja’far al-Kattani.

Un mot à propos des polémiques

Enfin, je vous conseille de ne pas entrer dans des débats sur ces questions. Les arguments contre les Compagnons sont bien connus ; ils le sont depuis des siècles et les savants de notre tradition les ont traités à plusieurs reprises en long et en large. Il existe un grand nombre de récits forgés entourant les réclamations faites contre les compagnons par leurs détracteurs qui ont pris des proportions exagérées avec le temps, comme ce que vous avez mentionné concernant `Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle). Il s’agit d’une allégation sans fondement et d’une déclaration d’un péché grave.

Il existe des conditions essentielles qu’une personne doit remplir avant qu’elle soit habilitée à s’engager dans un débat intellectuel : la Science en est une, une intelligence solide et un cœur sain en sont d’autres. En l’absence de ces qualités, il ressort de ces débats plus de mal que de bien : l’envie, l’arrogance, l’orgueil, l’égarement, résultent tous des querelles excessives menées par ceux qui ne sont pas qualifiés et ces péchés pèseront lourd sur la balance lors du Jugement. Par conséquent, je voudrais à nouveau vous mettre en garde et vous conseiller de ne pas vous engager avec ceux qui débattent au sujet de personnes qui ont délaissés, il y a fort longtemps leur passion de la vie. Plutôt, recherchez la compagnie de ceux qui vous élèvent spirituellement et vous préparent pour l’au-delà, et comprenez bien que vous devrez rendre compte de ce que vous faites dans ce bas-monde, donc utilisez votre temps à bon escient.

Ustadh Salman Younas

 

Vérifié & Approuvé par Shaykh Faraz Rabbani et publié avec son autorisation.

L’essence de la Daawa

 

 

DAWAA ISLAMIYA

 

 

Une nuit, au tout début de sa Prophétie, alors qu’il marchait dans La Mecque, Saydunna Muhammad (salallâhu ‘alayhi wassalaam) entendit quelqu’un pleurer dans une maison. La plupart d’entre nous, lorsque nous entendons ou voyons quelqu’un en difficulté, nous partons en courant. On se dit que ce ne sont pas nos affaires et on se cache derrière cela pour ne pas aider la personne. Mais Rassoul Allâh n’est pas comme cela, si une personne est en difficulté, il viendra l’aider.

Le Prophète frappa à la porte et un homme d’origine africaine lui ouvrit. Le Prophète put voir que l’homme pleurait et il lui demanda alors : « que se passe-t-il ? Est-ce que quelqu’un te frappe? Pourquoi pleures-tu, tu sembles seul dans cette maison pourtant ? » L’homme lui répondit : « Je travaille pour mon maître durant le jour et la nuit il me donne un ou deux sacs de grains à moudre. » A l’époque cela se faisait entre deux grosses pierres et il fallait faire tourner celle du dessus pour que ça fonctionne et que les graines se transforment en farine. L’homme dit au Prophète : « Je pleure, car demain il me frappera et je ne peux pas me reposer la nuit et faire en plus ce travail ». Il (salallâhu ‘alayhi wassalaam) lui rétorqua alors : « Écoute, je ne suis pas assez riche pour te racheter afin de te libérer, sinon je l’aurai fait et ton maître ne m’apprécie pas vraiment. Il ne m’aime pas, donc si j’essaye de le convaincre de te traiter avec bonté il ne m’écoutera pas et risque de te torturer encore davantage. Ce que je peux faire pour t’aider, c’est que tu vas te reposer et que moi pendant ce temps là, je vais terminer de moudre le grain restant. » L’esclave s’endormit, pendant que le Messager d’Allâh s’affairait à moudre le grain. Il n’avait alors pas prononcé un seul mot concernant l’Islam ou pour dire qu’il était le Prophète d’Allâh. Il moulu le grain durant la nuit, jusqu’à ce qu’il eu terminé sans que l’esclave ne puisse dire quand il était parti.

La nuit suivante, le Prophète Muhammad revint voir l’esclave et lui dit : « Va te reposer je vais terminer de moudre le grain ». Il revint ainsi de nombreuses nuits, mais jamais il ne parla, de qui il était, car sa seule préoccupation était la recherche de l’Agrément d’Allâh. Après toutes ces nuits, l’homme finit par lui demander : « Mais qui es-tu ? » Le Prophète Muhammad lui répondit : « Je fais partie des Quraysh ». L’homme dit : « Il y a beaucoup de gens parmi les Quraysh, d’où es-tu ? » Le Prophète répondit : « Je fais partie des Banu Hashim », etc. sans que jamais il ne parle du fait qu’il était le Messager d’Allâh. Jusqu’au moment où l’esclave vint à dire : « As-tu entendu parler de cet homme qui dit être un Prophète de Dieu ? ». Le Prophète répondit : « Oui, Muhammad ibn AbduLlâh », puis il finit par lui dire : « Je suis cette personne ». L’esclave ne pouvait plus bouger ses yeux du visage de Rassoul Allâh et il dit alors : « Si tu es le Messager d’Allâh, alors je témoigne que tu es le Messager d’Allâh et je témoigne qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allâh. » Plus tard, cette personne fut connue sous le nom de Saydunna Bilal (radhia Allâhou ‘anhou).

Les gens se demandent souvent pourquoi il aimait autant le Prophète. Bilal ne devint pas un amoureux du Prophète comme ça spontanément, en tout premier lieu, le Prophète lui donna un océan d’amour et cet amour revint comme une vague vers le Prophète et personne n’aima plus le Prophète que saydunna Bilal. Dans un premier temps, le Prophète Muhammad aima la Ummah, les Compagnons, les Mecquois, les Arabes, les non-Arabes, en premier il leur donna de l’amour et la plupart de ces gens lui rendirent ensuite cet amour. Ceci est l’essence de la Daawa.

 

Pourquoi ne suivez-vous pas directement les Compagnons

 

Mawlana Ilyas Ghuman al-Hanafi

 

 

Abu Hanifa

 

 

Question :

Si vous dites qu’il est nécessaire de procéder au suivi d’un Imam et donc d’une école (Taqleed), alors après le Prophète (salallâhou ‘alayi wassalaam), pourquoi ne suivez-vous pas les Compagnons ? Pourquoi suivez-vous un Imam ? [1] D’après vous, n’y avait-il un Compagnon suffisamment savant pour que vous fassiez son Taqleed ? Pourquoi ne suivez-vous pas directement les Compagnons et les avez vous délaissés pour suivre (par ex.) l’Imam Abu Hanifa ?

Réponse :

Si après le Prophète (salallâhou ‘alayi wassalaam), nous faisons le suivi de saydinna Abu Bakr as-Siddiq (radhia Allâhou ‘anhou), nous aurons un léger problème, parce qu’après lui, nous devrons suivre saydinna ‘Umar (radhia Allâhou ‘anhou), parce qu’Abu Bakr n’a pas fourni l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques.  Nous devrons alors procéder à un autre Taqleed. Si faisons le suivi de ‘Umar, alors nous devrons suivre saydinna ‘Uthman (radhia Allâhou ‘anhou) parce qu’Umar n’a pas fourni l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques. Et si nous le suivons, alors nous devrons ensuite suivre saydinna ‘Ali (radhia Allâhou ‘anhou) parce que ‘Uthman n’a pas fourni à la Ummah l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques. Il est logique et sensé de suivre quelqu’un après qui personne d’autre n’est requis.

Le successeur du Prophète Muhammad était Abu Bakr, puis ‘Umar lui a succédé, puis Uthman lui a succédé, puis ‘Ali lui a succédé, etc…

La Science du Prophète qui a été transmise a Abu Bakr était le Qour’an, la connaissance de la Prophétie et ses propres règles. Saydinna ‘Umar avait le Qour’an, le Hadith, les règles d’Abou Bakr et les siennes. Saydinna ‘Uthman avait le Qour’an, la connaissance de la Prophétie et les règles reçues d’Abou Bakr et de ‘Umar. Quant à ‘Ali, il avait le Qour’an, le Hadith, les règles d’Abou Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthman. Saydinna ‘Ali est allé de Médine à Kufa (Irak) et il a emporté tout son savoir avec lui. Allâh a alors fait parvenir une personne à Kufa nommée Nauman bin Thaabit, plus connue sous le nom d’Imam-e-Azam Abu Hanifa (radhia Allâhou ‘anhou) qui avait le Qour’an, la connaissance de la Prophétie, les règles d’Abou Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthman et d’Ali et la science des Compagnons ainsi que son propre Ijtihaad (effort d’interprétation). [2]

L’Imam-e-Ahlu Balkh, Khalaf ibn Ayyoub (rahimahuLlâh) a dit :

« Allâh a donné la science au(x) Prophète(s), le Prophète l’a ensuite transmise aux Compagnons, qui l’ont ensuite transmise au Tabi’ins (successeurs) et les Tabi’ins l’ont transmises à Abou Hanifa. »

L’Imam Abu Hanifa fut donc cette personne réunissant toutes ces Sciences, après lui, il était inutile d’aller chercher quelqu’un d’autre. [2]

C’est la raison pour laquelle nous avons suivi l’Imam Abou Hanifa.

Ainsi, si vous êtes en mesure de nous présenter l’ensemble des avis compilés issus des Compagnons alors nous suivrons cela. A vrai dire, la Science des Compagnons n’a pas été compilée … mais l’Imam Abu Hanifa a réalisé ce travail.

C’est la raison pour laquelle nous faisons le Taqleed de l’Imam Abu Hanifa et cela ne devrait pas poser de problèmes.

Notes :

[1] C’est-à-dire l’un des quatre grands Imams : Malik ibn Anas, Ash-Shafé’i, Abu Hanifa et Ahmad ibn Hanbal – qu’Allâh les agréé tous –

[2] Le même schéma s’applique aux 3 autres grands Imams.

Le Prophète et les Compagnons forçaient-ils les gens à devenir Musulmans?

 

Sheykh Ilyas Patel

 

 

prophète_compagnons

 

 

Question :

Assalamou alaykoum. Il y a une question qui me tracasse, c’est pourquoi je me permets de vous envoyer ce courriel.

Un non-Musulman m’a envoyé un message en essayant de démontrer que le Prophète ﷺ et les Sahaba (RA) ont forcé des gens à devenir Musulmans.

Dans ce message, pour appuyer ses dires, le non-Musulman m’a fait lire cette citation particulière :

Abou Bakr a dit : « Vous me avez questionné sur le meilleur conseil que je pourrais vous donner, et je vais vous dire. Allâh a envoyé Muhammad avec cette religion et il a lutté pour elle jusqu’à ce que les hommes l’acceptent volontairement ou par force. » (Ibn Ishaq, Sirat Rasul Allah, pp. 668-669)

Cependant, je sais aussi que Allâh déclare dans la sourate Baqara qu’il n’y a pas de contrainte en Islam.

Ibn Ishaq a-t-il vraiment écrit cela et si ibn Ishaq a écrit cela, alors ce qu’il dit est-il vrai?

Réponse :

Wassalamu alaykum wa rahmatullahi wa barakatuhu,

J’espère que vous vous portez bien.

Oui, il aurait pu dire ce qui précède. Loin d’être apologétique ou polémique, le mot « force » n’est pas à prendre dans son sens littéral, mais la signification de celui-ci doit être prise dans son contexte et sa signification large. Voici ce que mentionne en commentaire de ce verset (ndt : le grand exégète) Ibn Kathir :

Abu Dawud et An-Nasa’i ont également rapportés ce Hadith. Quant au Hadith que l’Imam Ahmad a rapporté, dans lequel Anas a dit que le Messager d’Allah ﷺ a dit à un homme, « embrasse l’Islam. » L’homme a répondu, « Je n’aime pas. » Le Prophète a alors dit, « Même si tu n’aimes pas. »

Premièrement, c’est un hadith authentique, avec seulement trois narrateurs entre l’Imam Ahmad et le Prophète. Cependant, il n’est pas pertinent pour le sujet en discussion, car le Prophète n’a pas forcé cet homme à devenir Musulman. Le Prophète invitait simplement cet homme à devenir Musulman, et il a répondu qu’il n’en avait pas le désir. Le Prophète a répondu à l’homme que même s’il n’aimait pas embrasser l’Islam, il devrait l’embrasser, car Allah allait lui accorder la sincérité et la véritable intention.

Mufti Shaf’i a écrit que cette approche de l’Islam montre clairement que l’usage de la force n’est pas requit pour que les gens acceptent et entrent dans l’Islam, loin de là, il s’agit plutôt de supprimer l’oppression du monde. Lorsque saydinna ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) a invité une vieille femme Chrétienne à l’Islam, elle lui a dit : « je suis une vieille femme et très proche de la mort » ce à quoi ‘Umar répondit par le verset cité ci-dessus : « Point de contrainte en religion ».

La coercition et la force ne sont absolument pas envisageables car la foi n’est pas liée à l’extérieur, mais à l’intérieur, au cœur. La coercition et la contrainte n’affectent rien d’autre que le physique à l’extérieur et c’est tout ce qui est affecté par le Jihad et le qital (combats). Au final, il est tout simplement impossible que les gens puissent être forcés à accepter la foi selon ces mesures. Cela prouve que les versets du Jihad et du qital ne sont pas en contradiction avec le verset suivant : « Point de contrainte en religion ».

Une célèbre lettre envoyée par 36 savants Musulmans au pape Benoît XVI comportait ce verset :

« Ce verset est reconnu comme appartenant à la période de la révélation Coranique correspondant à l’ascension politique et militaire de la jeune Communauté Musulmane. « Point de contrainte en religion » n’ordonnaient pas aux Musulmans de rester fermes face à la volonté de leurs oppresseurs de les forcer à renoncer à leur foi, mais c’était un rappel aux Musulmans eux-mêmes, une fois qu’ils avaient atteint le pouvoir, pour qu’ils sachent qu’ils ne pouvaient pas forcer le cœur d’autrui à croire ».

« Point de contrainte en religion » s’adresse à ceux se trouvant dans une position de force et non de faiblesse. Les premiers commentaires du Coran (comme celui d’At-Tabari) montrent clairement que certains Musulmans de Médine voulaient forcer leurs enfants à se convertir du Judaïsme ou du Christianisme à l’Islam, et ce verset était précisément une réponse qui leur était adressée de ne pas essayer de forcer leurs enfants à se convertir à l’Islam.

Quant à la déclaration d’Abu Bakr mentionnée dans Ibn Ishaq, elle doit être fiable. Ibn Ishaq, est considéré par l’Imam ash-Shafi’i, Ahmad ibn Hanbal, Yahya b. Ma`in, al-Bukhari, Muslim et beaucoup d’autres comme fiable dans l’ensemble et en particulier en ce qui concerne la Sira.

Et Allâh seul donne le succès,

Wassalam,

Sheykh Ilyas Patel

 

 

Utiliser Radhia Allâhou ‘anhou [qu’Allâh l’agrée] pour un non-Compagnon

Par le Mufti  Muhammad ibn Adam Al-Kawthari

 

Masjid

 

 

Question :

Est-il correct d’écrire « Radhia Allâhou ‘anhou » après le nom des Tabi’in (successeurs) et des personnes qui ne sont pas des Sahaba? Personnellement, je pensais qu’il ne fallait pas le faire, mais quand j’ai vu sur votre site cette formule écrite après le nom de l’Imam Abou Hanifa, cela m’a perturbé, pouvez-vous s’il vous plaît me renseigner!

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

La formule Radhia Allâhou ‘anhou possède deux significations : La 1ère est constitue une façon de donner des informations (khabariyya) et la 2nde constitue une forme d’invocation (dua’iyya). La traduction de cette phrase dans le 1er cas serait : « Allâh est satisfait de lui (ou d’elle) » et dans le second : « qu’Allâh soit satisfait de lui (ou d’elle) ».

Lorsque cette phrase ou formule est utilisée pour les Compagnons bénis (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous), elle peut être utilisée dans les deux formes. En tant que tel, on peut dire au sujet d’un Compagnon : « Allâh est satisfait de lui (ou d’elle) » ou « qu’Allâh soit satisfait de lui (ou d’elle) ».

Allâh le Très-Haut a Lui-même attesté de Sa satisfaction de tous les Compagnons du Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalam), et qu’ils (les Compagnons) se sont satisfaits d’Allâh.

Allâh le Très Haut dit :

« Allâh a été satisfait des croyants qui t’ont prêté serment d’allégeance sous l’arbre. Il savait quels sentiments les animaient. Aussi fit-Il naître la quiétude dans leurs cœurs, et leur accorda, en récompense, une victoire rapide. » [1]

De même, Allâh le Très Haut dit :

« Quant aux émigrés et aux auxiliaires qui ont été les premiers à se joindre au Prophète et à l’accueillir, ainsi que ceux qui les ont suivis dans un élan sincère, Allâh est Satisfait d’eux comme ils seront satisfaits de Ses faveurs, car Il a préparé à leur intention des Jardins sous lesquels coulent des ruisseaux et où leur séjour sera éternel. Et ce sera pour eux le comble de la félicité. » [2]

Ainsi, Allâh Tout-Puissant a déclaré Sa satisfaction pour les Compagnons (Sahaba), c’est pourquoi on peut dire : « Allâh est très satisfait des Compagnons ».  De ce fait, ce serait un grave péché de manquer de respect ou de calomnier un Compagnon alors qu’Allâh le Très-Haut a Lui-même déclaré la satisfaction qu’Il a d’eux.

De la même manière, les étudiants des Compagnons (tabi’un), leurs disciples (tab at-tabi’in), les saints et les pieux, les Imams Mujtahid et tous les Musulmans en général sont concernés, il est donc parfaitement acceptable d’utiliser pour eux cette formule sous la forme de l’invocation (dou’a).

Allâh le Très-Haut utilise Lui-même cette expression dans le Coran pour les Pieux Musulmans. Il (ta’ala) dit :

« tandis que ceux qui croient et font le bien, ce sont ceux-là les meilleurs êtres de toute la Création – qui auront, pour récompense, auprès de leur Seigneur les jardins d’Éden, où coulent des ruisseaux et où ils demeureront éternellement, car Dieu sera Satisfait d’eux et eux seront satisfaits de Lui. Voilà ce qui sera réservé à celui qui aura craint son Seigneur ! » [3]

Dans les versets cités ci-dessus et d’autres similaires, Allâh le Très-Haut promet Son agrément (rida) aux Musulmans pratiquants et vertueux et Il leur a également promis beaucoup d’autres choses, comme l’entrée au paradis, l’immunité contre les châtiments de l’Enfer, le Salut, etc. De la même manière qu’il est permis d’invoquer (dou’a) en faveur d’un croyant afin qu’il ou elle aille au Paradis, obtienne le salut dans l’au delà, etc. il est également autorisé d’invoquer (dou’a) pour qu’il ou elle d’obtienne l’agrément d’Allâh le Très-Haut.

Ainsi, il n’y a rien de mal à dire « Radhia Allâhou ‘anhou »  (qu’Allâh soit satisfait de lui – ou d’elle) pour un non-Sahabi. On peut utiliser cette formule pour les Tabi’un, les Imams Mujtahid, les Saints et tous les Musulmans en général. On peut même utiliser cette formule pour une personne vivante et lui dire « Radhi Allâh Anka » (qu’Allâh soit satisfait de toi ». Plusieurs fois, j’ai entendu les Arabes se dirent les uns aux autres : « Qu’Allâh soit satisfait de toi », dans le sens de l’invocation vers Allâh, cherchant par là Son agrément pour un frère ou une sœur en Islam. Il en serait de même pour tout autre dou’a faite pour un coreligionnaire.

Par conséquent, le grand savant du Hadith et juriste Shafé’ite (faqih), l’Imam an-Nawawi (qu’Allâh soit satisfait de lui) a dit :

« Il est recommandé (mustahab) de rechercher l’agrément (taraddi) et la miséricorde (tarahhum) d’Allâh pour les Compagnons (Sahaba), leurs disciples (tabi’un) et ceux après eux, tels que les savants, les croyants et toutes les bonnes personnes. Par conséquent, on devrait dire : « qu’Allâh soit satisfait de lui » ou « Puisse Allâh lui accorder Sa miséricorde » et d’autres expressions similaires.

Quant au fait que certains savants aient dit que l’expression « Radhia Allâhou ‘anhou » serait exclusivement réservée aux Compagnons (Sahaba) et que pour les autres il faille dire « Rahimahu Allâh » (Qu’Allâh lui accorde Sa Miséricorde), leur avis n’est pas correct et l’on ne peut être d’accord avec cela. Au contraire, la position correcte est celle de la majorité des savants (jamhur) qui est de dire qu’il est recommandé de dire « Radhia Allâhou ‘anhou »  pour tous les bons Musulmans et les preuves sont innombrables. » [4]

Le grand savant Malikite, le Qâdi ‘Iyad (qu’Allâh soit satisfait de lui) a dit dans son célèbre ash-Shifa’ : 

« Hormis les Prophètes, il convient d’évoquer les autres (comme les grands maîtres, les Imams, etc…) avec  la demande de pardon (gufran) et l’agrément (Ridha) d’Allâh … » [5]

En conclusion, il n’y a pas de mal à utiliser la formule « Radhia Allâhou ‘anhou »   pour quelqu’un d’autre qu’un Compagnon (Sahabi), car il s’agit d’une forme d’invocation visant à rechercher l’agrément et la satisfaction d’Allâh. On peut utiliser cette formule pour les Tabi’un, leurs Successeurs, les Imams Mujtahid, les Muhaddithun, les Fuqaha [6], les savants, les pieux serviteurs d’Allâh et tout bon Musulman, que ces personnes soient décédées ou vivantes.

Oui, si cette formule était exclusivement utilisée pour les Compagnons (Sahaba), et imaginons qu’en l’utilisant pour des personnes qui n’étaient pas des Compagnons, les gens risqueraient alors de confondre un Compagnon avec un non-Compagnon, il serait par conséquent préférable d’éviter de l’utiliser, sauf si on explique aux gens qu’il est également possible de l’utiliser pour des non-Compagnons.

Dans certaines parties du sous-continent Indien, il est communément admis que la formule « Radhia Allâhou ‘anhou » ne peut être utilisée que pour les Compagnons, c’est pourquoi celui qui l’utiliserait ici pour un non-Compagnon pourrait se le voir reprocher. Ceci n’est pas correct, les gens devraient être conscients qu’il y a rien de mal (au contraire cela est même recommandé) d’utiliser cette formule pour tous les Musulmans.

Et Allâh est plus savant

[Mufti] Muhammad ibn Adam
Darul Iftaa
Leicester, UK

Notes :

[1] Coran – Sourate al- Fath, verset 18
[2] Coran – Sourate al-Tawbah, verset 100
[3] Coran – Sourate al-Bayyinah, versets 7-8
[4] Kitab al-Adhkar, P. 100
[5] Ash-Shifa ‘, p. 380 de l’édition française (Universel)
[6] Spécialistes de la Jurisprudence