Sayddina Ali vs les Faux Monnayeurs

Sayddina Ali vs Les Faux Monnayeurs

Billet

 

 

Un jour, Sayddina ‘Ali (‘alayhi as-salaam) se trouva confronté à un groupe qui refusait l’enseignement des gens (as-Sahabas). Ils disaient : « Nous on ne prend pas des gens, on prend directement du Qour’an et de la Sunnah. Tu es une personne et nous on préfère laisser parler le Qour’an (et la Sunnah), nous sommes Ahl ul-Qou’ran ! ».

Sayddina ‘Ali était pourtant l’élève et le Compagnon du Prophète Muhammad ﷺ depuis qu’il était un très jeune enfant, mais ces gens dirent : « Non, non, non, nous suivons le Qour’an ». (Aujourd’hui, des gens similaires disent : nous suivons uniquement le Qour’an et la Sunnah (ce qui signifie Boukhari en général).

A notre époque, nous retrouvons des gens avec cette même mentalité, comme les Kharijites, et ce type de groupe existera jusqu’à ce que Dajjal vienne. Et ces gens feront partie de ceux qui le suivront et il agira comme eux, en combattant les croyants, en tuant les Musulmans, ce genre de choses. Dajjal sera un humain, un leader, et il aura des personnes qui le suivront et parmi eux beaucoup de Juifs et de Musulmans, parmi ceux qui ont ce type de mentalité.

Sayddina ‘Ali leur dit alors : « Ok, voici le Qour’an (et les Hadiths) ». A l’époque, le Sahih de Boukhari n’existait pas, mais il est clair qu’aujourd’hui, Saydinna ‘Ali aurait placé le Qour’an et Boukhari devant lui. Sayddina ‘Ali se trouvait donc d’un côté et eux se trouvaient de l’autre, avec le Qour’an entre eux. Sayddina ‘Ali leur dit alors : « Laissons-le Qour’an parler, laissons-le décider qui est sur la vérité. » Puis il leur demanda : « Qui va décider ? ». Ils répondirent : « Le Qour’an (ou le Hadith). »

Sayddina ‘Ali plaça sont doigt sur le Qour’an et dit : « Ô Qour’an, parle ! Qui est sur la vérité? Eux, ou moi ? ». (Aujourd’hui il placerait assurément un doigt de son autre main sur al-Boukhari, demandant également : « Ô Boukhari, parle ! Qui est sur la vérité? Eux, ou moi ? »).

Le groupe de gens regardait Sayddina ‘Ali et ils dirent : « Nous pensons que …  », Sayddina ‘Ali les stoppa net et dit : « Shuuuut, vous avez dit que le Qour’an (et la Sunnah) allait parler, pourquoi parlez-vous ? Taisons-nous et écoutons ce que le Qour’an à nous dire… ».

Ils restèrent assis en silence, regardants le Qour’an puis se regardant les uns et les autres.

Sayddina ‘Ali leur dit alors : : « Et bien … j’attends… votre idéologie est celle-ci ! Et si quelqu’un à finalement à parler et doit s’exprimer sur l’interprétation du Qour’an et de la Sunnah, alors qui est plus savant ? Moi qui ait appris directement auprès du Prophète Muhammad pendant des années et des années, ou vous ? ».

Le groupe de gens demeurait assis là et Sayddina ‘Ali ne les laissa pas parler, il leur dit : « Si vous voulez revenir à la compréhension, alors référez-vous aux Compagnons qui eux connaissent tout cela bien mieux que vous. Si vous voulez comprendre le Qou’an (et la Sunnah), c’est aux Sahabas qu’il faut demander ».

Aujourd’hui, nous rencontrons des gens avec cette même mentalité, ils disent : « Oh, nous suivons le Qour’an, nous suivons le Hadith », alors qu’en vérité ils suivent leur propre mentalité et leur propre compréhension du Qour’an et des Hadiths.

Les Musulmans bien guidés, ceux qui font partie d’Ahl as-Sunnah wa l-Jama’a, suivent la compréhension de Saydinna Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam), cette compréhension qu’il a transféré aux Compagnons et que les Compagnons ont ensuite transférée aux grands Imams (Abou Hanifa, Malik, Shafé’i, Ahmad ibn Hanbal, Ibn Sirin…) qui l’ont à leur tour transférée à d’autres savants, qui l’ont ensuite transférée à d’autres savants, etc. jusqu’à ce que cette compréhension nous atteigne aujourd’hui. C’est cela la compréhension.

Comme nous l’enseigne Allâh dans son Livre, as-Siraat al-Mustaqeem (le droit/bon chemin) ne se trouve pas dans les livres, il se trouve dans le cœur et l’esprit de ceux qui ont reçu ce savoir. Allâh ta’ala dit : « Sirata allatheena an’amta ‘alayhim », ce qui signifie « Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs », c’est-à-dire le chemin des Prophètes, des Véridiques, des (vrais) Martyrs, des Pieux, des Awliyas et des ‘Ulamas qui ont reçus ces sciences et cette compréhension via cette chaîne de transmission.

Les gens qui aujourd’hui piochent dans le Qour’an et dans les livres de Hadiths et disent : « Nous suivons uniquement le Qour’an et la Sunnah » n’ont en vérité aucune garantie à donner qu’il s’agit de la compréhension du Prophète Muhammad ou de celle des Compagnons. Ils ne suivent en réalité que leur propre compréhension de ces textes et celle-ci peut venir du nafs ou de Shaytan.

Voilà la raison pour laquelle nous devons suivre la compréhension d’un Imam (Abou Hanifa, Malik, Shafé’i, Ahmad ibn Hanbal). Voilà la raison pour laquelle nous devons suivre l’une des quatre grandes écoles.

Il y a un Hadith qui est connu, mais surtout très mal compris et qui requiert une attention toute particulière. Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ a dit qu’il allait y avoir un groupe qui allait aller au Paradis et que les autres 71 ou 72 allaient aller en enfer, les Compagnons demandèrent : « Quel est ce groupe Ô Rassoul Allâh ? » Le Prophète Muhammad ﷺ ne leur a pas répondu : « Celui qui suit le Qour’an et le Hadith », parce que tous suivent le Qour’an et le Hadith et le Prophète ﷺ sait aussi très bien que toutes les sectes proclameront suivre le Qour’an et le Hadith (la Sunnah). Il répondit : « Le groupe sauvé est celui qui suivra ce sur quoi Moi et mes Compagnons sommes ». On voit donc que c’est leur personnalité et leur compréhension qui est visée et ceux qui suivent cela font partie du groupe sauvé qui ira au Paradis. Cette compréhension a été transmise au travers du temps, de savants à savants, d’esprits à esprits et de cœurs à cœurs et ce jusqu’à nos jours et ceux qui aujourd’hui prétendent posséder cette compréhension sans même l’avoir reçue de savants qui s’inscrivent dans cette lignée sont des menteurs et des falsificateurs.

Le groupe bien guidé est nommé « Ahl as-Sunnah wa l-Jama’a ».

* Sunnah renvoi à la compréhension du Qour’an du Prophète et

* Jama’a renvoi à la compréhension des Compagnons du Hadith.

C’est à partir de ce Hadith (relatif aux groupes) que cette appellation a été créée.

C’est très bien de nous montrer via le Sahih de Boukhari que tel Hadith remonte au Prophète Muhammad ﷺ, mais montrez-nous également que la compréhension de ce Hadith que vous nous donnez remonte aussi Prophète Muhammad. Possédez-vous cette compréhension ou n’avez-vous que le livre en votre possession ? S’ils possèdent cette chaîne de transmission alors qu’ils nous la donnent : Untel Sheykh nous a rapporté de son Sheykh qui rapporte de son Sheykh qui rapporte de ses shuyukhs… qui rapportent que le Messager d’Allâh ou que les Compagnons ont expliqué telle ou telle chose de la manière suivante. Si la personne n’en est pas capable alors elle peut prétendre suivre si ou cela, en vérité elle ne suit que les livres. Clamer « suivre le Kitab et la Sunnah » est un magnifique Slogan, mais il n’est pas possible de suivre le Kitab et la Sunnah sans la compréhension des Compagnons et sans la compréhension d’un Imam.

Si as-Siraat al-Mustaqeem pouvait être expliqué juste à partir des livres alors il n’y aurait pas eu besoin qu’un Messager soit envoyé. C’est la raison pour laquelle saydunna Abd al-Qadir al-Jilaniyy (rahimahouLlâh) a dit : « Le Kalam des ‘Ulamas, le Kalam des Awliyas est comme le Jus du Qour’an et de la Sunnah », ce qui signifie qu’ils en extraient l’essence et vous l’offrent. Autrement, le Qour’an et le Hadith constituent une Science brute qui est ouverte à la mauvaise compréhension, à la mauvaise interprétation et à l’égarement. Seuls les étudiants des Sahabas possèdent cette connaissance et si vous n’avez pas de liens (chaines) avec eux vous n’avez aucune garantie que vous êtes sur as-Siraat al-Mustaqeem.

Imaginiez qu’on vous donne un faux billet, il a beau ressembler au vrai billet, si son origine ne remonte pas au gouvernement officiel qui l’a imprimé, alors ce n’est rien d’autre qu’une contre façon sans valeur, une tromperie.

C’est la même chose pour les autres livres. Une personne n’a pas le droit de dire « Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit ceci » et faire le commentaire de sa parole alors qu’elle ne possède pas une chaîne qui remonte à Abd al-Qadir al-Jilaniyy concernant ce livre et la compréhension de ce livre.

De la même manière, il y a aujourd’hui des gens qui se prétendent Qadiriyy ou qui se prétendent Naqhsbandiyy, ou Shadhili, etc. qui se disent Soufis, qui se disent « spirituels » mais qui ne suivent pas la Sunnah. Ces gens jouent de la musique ou ce genre de choses. Et si on leur demande « Pouvez-vous relier cette pratique ? » Ils peuvent vous donner quelques noms sur quelques générations et après cela ils ne pourront pas aller plus loin, car il n’existe pas de chaines concernant ce type de pratiques.

C’est pourquoi Allâh continue la Fatiha en disant : « ghayri almaghdoobi ‘alayhim wa la ad-dalin », ce qui signifie : « non pas (le chemin) de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés », c’est-à-dire ceux qui malgré tout suivent autre chose que la voie authentique du Messager d’Allâh.

* Maghdoobi renvoi à ceux qui ont la connaissance, mais qui ne la pratiquent pas. Ils savent que le Messager d’Allâh ﷺ et ses Compagnons sont sur la vérité, mais ils ne la suivent pas.

* Wa la ad-dalin renvoi à ceux qui pratiquent, mais qui n’ont pas une science correcte alors ils se sont égarés. Le daaaaaaaaaaaaa (mad) de dalin, montre qu’ils sont partis loiiiiiiiiiiiiiin de la vérité. [1]

Qu’Allâh nous compte parmi ceux qu’Il a favorisés par as-Siraat al-Mustaqeem.

 

Notes :

Article basé sur un Dars de Shaykh Ahmed Dabbagh (hafidhahuLlâh)

[1] Dans des exégèses on trouve que Maghdoobi renvoi aux Juifs, tandis que Wa la ad-dalin renvoi au Chrétiens. Ceci est également vrai, mais il existe plusieurs degrés de compréhension.