Pourquoi les Talibans ont-ils interdit les cerfs-volants ?

 

Par le Sheykh Faraz Rabbani

 

Cerf-volant

 

Question :
   
Pourquoi les Talibans ont-ils interdit les cerfs-volants ?

Réponse :

Bismillâh ar-Rahman ar-Rahim,

Wa ‘alaykum assalam wa rahmatullah,

Le gouvernement peut faire appliquer une loi (Shariah) exceptionnelle lorsque les savants sont d’accord pour dire que cela répond à l’intérêt public général (assurant un bénéfice général / évitant des dommages généraux).

Dans le sous-continent et en Afghanistan les cordes des cerfs-volants sont habituellement affutées avec des fragments de verre ou faites de métal. Cela cause de nombreuses blessures, des décès, des pertes financières et des problèmes liés aux coupures des lignes électriques.

La décision concernant les cerfs-volants est également en vigueur à Lahore (Pakistan), pour la simple raison que ces derniers représentent un danger.

Le site internet de la BBC, consacre d’ailleurs un article à ce sujet ; en voici la retranscription :

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BBC NEWS – Cause de décès, les cerfs-volants interdits à Lahore

La ville pakistanaise de Lahore a interdit pour trois mois le vol des cerfs-volants après que leurs cordes aiguisées aient tué un certain nombre de personnes.

Le maire du district Mian Amer Mahmoud déclare que l’interdiction prendra effet dans la capitale de la province du Punjab, à partir du 30 Juin.

Au cours de la dernière année au moins une douzaine de personnes ont eu la gorge tranchée par les cordes qui sont soit métalliques soit revêtues de matériaux abrasifs.

 

La province a annoncé plus tôt ce mois-ci que les contrevenants pourraient faire face à des charges d’accusations de meurtre.

Les utilisateurs de cerfs-volants utilisent des cordes métalliques ou les recouvrent avec des fragments de verre dans le but de prendre part à des « combats » où l’objectif est de couper la corde de leur adversaire.

Mr Mahmud a déclaré que l’interdiction serait renforcée par un ensemble de règles détaillées afin d’assurer la sécurité des citoyens et l’ininterruption de l’approvisionnement électrique de la ville.

Les cerfs-volants, se mêlant avec les lignes électriques, ont été reconnus comme causes de coupures électriques.

En vertu de la nouvelle interdiction, la vente ainsi que la fabrication de cerfs-volants et de cordes a également été interdite.

Malik Shafi, président du KFA (association de passionnés de cerf-volant) a assuré qu’il y aurait une coopération maximale pour mettre en application les plans de sécurité.

Ce mois-ci, Rana Ejaz Ahmad Khan, conseiller juridique et en droits de l’homme du ministre en chef du Punjab, a déclaré que la dangerosité de la pratique du cerf-volant a forcé le gouvernement à introduire les nouvelles charges d’accusations de meurtre.


Certaines des victimes ont été de jeunes enfants, dit-il.

La police a été chargée d’effectuer des descentes dans les chaînes de magasins vendant les cordes proscrites et de procéder à des arrestations.

L’utilisation du Cerf-volant atteint son point culminant au début du printemps au cours du festival de Basant, mais c’est aussi un passe-temps populaire tout au long de l’année.

Les cerfs-volants font peser une menace particulière surles motocyclistes et les piétons dans les zones d’habitations denses.

Des gens ont également été tués ou blessés en tombant de bâtiments ou en marchant dans les trajectoires des voitures pendant le vol de leurs cerfs-volants ou en les regardant évoluer dans le ciel.

 

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Ceci n’est pas une approbation d’une autre des politiques sévères des talibans, dont beaucoup d’entre elles ont généralement été critiquées par les savants à travers le monde.


Wassalam,

Faraz Rabbani

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Notes du traducteur :

Le cerf-volant afghan est appelé « Goudi Parân » (littéralement Poupée volante). Les enfants ne sont pas les seuls à se passionner pour le cerf-volant, beaucoup d’hommes pratiquent les combats avec le fil coupant appelé « Tar-é-shisa ». Il est enduit d’un mélange de poudre de verre et de pâte de riz gluant et enroulé sur une bobine : le « Tarcharka ».

On retrouve ces informations dans le roman intitulé « Les Cerfs-volants de Kaboul » de l’auteur d’origine afghane Khaled Hosseini : « Si le cerf-volant était l’arme, alors le tar, la ligne hérissée d’éclats de verre, était la balle dans le barillet. Nous sortions dans le jardin et trempions un fil long de près de cent cinquante mètres dans une mixture composée de verre pilé et de colle, puis l’étendions entre des arbres pour le laisser sécher. Le lendemain, nous l’enroulions autour d’une bobine en bois. […] Les combats de cerfs-volants relevaient d’une vieille tradition hivernale en Afghanistan. Le jour dit, ils débutaient tôt dans la matinée et ne se terminaient que lorsqu’il ne restait plus qu’un seul concurrent en lice – si bien que le tournoi s’était prolongé une fois jusqu’après la tombée de la nuit.  Une foule de gens se pressait sur les trottoirs et les toits pour acclamer leurs enfants, les rues se remplissaient de participants qui tiraient sur leurs lignes par à-coups secs, les yeux rivés vers le ciel, en essayant de se placer dans une position leur permettant de trancher le fil des autres joueurs. »

Le New York Times rapporte que les lignes en métal utilisées par beaucoup de cerfs-volistes sont connues pour avoir détruit des lignes électriques et tranché des gorges de spectateurs. Le week-end de Basant (Lieu d’un grand rassemblement) est réputé pour ces coupures électriques générales et de nombreux accidents à travers la ville.

L’Agence France-Presse a rapporté 13 décès liés au festival de Basant le week-end durant lequel a eu lieu la compétition. Parmi les victimes, deux personnes ont été heurtées par une voiture alors qu’elles couraient après un cerf-volant abandonné.

Les reporteurs du Pakistan Times décrivent les terribles incidents : presque 20 personnes ont perdu leurs vies et plus de 500 blessés dont certains d’entre d’eux sont dans un état critique dans les hôpitaux de Lahore. Malheureusement, la plupart des victimes sont des enfants, qui ont succombé à leurs blessures, infligées par les lignes mortelles employées pour les combats de cerfs-volants. Pourtant l’utilisation d’un tel fil a été interdite par les autorités.

Sept personnes ont été écrasées alors qu’elles essayaient d’attraper des cerfs-volants abandonnés, six autres sont mortes après être tombées des toits de leurs maisons, un garçon de 7 ans a été électrocuté et une fillette de quatre ans égorgée par une ficelle coupante de cerf-volant.

Tandis que l’utilisation de la ficelle en métal a occasionnée des coupures de courant tout au long de la journée, elle a également été la cause de décès dans certains cas. Deux enfants ont été électrocutés quand la ficelle en métal a touché des câbles électriques.

Des rescapés ont déclaré que les ficelles leur avaient entaillé la gorge alors qu’ils circulaient en moto. 156 enfants et adolescents ont été admis dans les services de neurochirurgie et aux départements orthopédiques du Lahore General Hospital, dans la soirée de dimanche (jour de la compétition). Les médecins ont déclaré que la plupart des personnes avaient des membres cassés dû à leurs chutes des toits.