A propos de certains des partisans de l’Imam Ahmad

Par les Imam Ibn Hajar Al-Haytami [1]
et Ibn Al-Jawzî 

 

Haytami

 

On demanda au Faqih Shafé’ite [2], le Sheykh al-Islam Ibn Hajar al-Haytami : « La croyance de l’Imam Ahmad ibn Hanbal (RA) est-elle la même que celle que [certains] hanbalites d’aujourd’hui revendiquent ? » – Il répondit :

En ce qui concerne la doctrine de l’Imam d’Ahl al-Sunnah, Ahmad ibn Hanbal – qu’Allâh lui accorde le plus élevé des jardins comme lieu de repos et destination, et qu’Il nous accorde ainsi qu’à lui Ses bienfaits ainsi qu’une demeure dans le Firdaws le plus élevé – : sa doctrine était en conformité absolue avec la croyance d’Ahl al-Sunna, et complètement concordante. Il avait intégré la croyance selon laquelle Allâh, est Exalté au-dessus de ces affaires que les oppresseurs et les dissidents Lui attribuent. Autrement dit, qu’Allâh – Exalté-soit-Il -, n’est pas concerné par la direction, la localisation, la corporéité, et ainsi de suite parmi les divers Attributs d’imperfection.

La vérité est qu’Allâh est exempt de tous les Attributs qui ne sont pas caractérisés par la perfection absolue, et toutes ces choses qui sont distribuées et diffusées parmi les ignares comme provenant de ce grand Imam mujtahid sont une calomnie. C’est un mensonge total de dire que cet Imam ait un jour affirmé la direction ou quelque chose du genre, en décrivant les Attributs d’Allâh. Puisse Allâh conduire à la perdition ceux qui attribuent de telles positions à l’Imam Ahmad, qui est entièrement innocent d’avoir dit de telles choses.

Toutes ces questions ont été expliquées par le Maître en Hadîth, l’Imam Abou al-Faraj Ibn al-Jawzî , qui appartient à l’école de l’Imam Ahmad. Il a lavé le nom de l’Imam de ces immondes calomnies et a fourni des preuves explicites en exposant les mensonges des calomniateurs.

Voici quelques-uns des propos que l’Imam Ibn al-Jawzî a tenu à leur encontre dans son livre « Daf’ Shoubah at-tachbih » [3] :


Ils disent : « Nous comprenons [les textes non-explicites] selon leurs sens apparents connus », mais ce sens apparent « connu », c’est ce qui est familier aux êtres humains. Cependant, un texte ne peut être pris selon son sens apparent que dans la mesure du possible [c’est-à-dire si le sens apparent n’entraîne pas de contradiction avec des textes explicites du Qour’an] . Si quelque chose empêche cela, le texte est alors pris selon son sens figuré. Ensuite ils se sentent offensés lorsqu’ils sont accusés d’anthropomorphisme, et ils sont très durs envers toute personne qui leur dirait cela, en même temps ils disent « Nous sommes Ahl al-Sounnah ». [En réalité], leur parole est clairement de l’anthropomorphisme, et ils ont été suivis par des gens du commun.

« Puis vous avez dit au sujet de ces hadiths, nous les prenons selon leurs sens apparents » alors que le sens apparent de « qadam », c’est le pied (l’organe). Ceci est identique à ce que les Chrétiens, qu’Allâh les éloigne de tout bien, disent et croient au sujet de Jésus – ‘alayhi salam – : ils disent que Dieu, Exalté soit-Il, aurait un Attribut qui serait « Son âme » (rouh) qu’Il aurait fait entrer dans Maryam. Celui qui dit que Dieu est « istawa » par Son être glorifié, il a rendu Allâh, exalté soit-Il, soumis aux sens physiques alors qu’il ne faut pas négliger le principe que [Son existence] est confirmée, à l’origine, par la raison, et c’est par cette raison que nous avons connu Allâh, exalté soit-Il, et que nous avons considéré Allâh comme n’ayant pas de début. Si vous vous étiez contentés de dire « Nous lisons les hadiths tels qu’ils [nous] sont parvenus », personne ne vous aurait contredit. Mais c’est votre interprétation selon le sens apparent (‘ala dhahiriha) qui est laide.

« Ne faites pas entrer dans l’école (madhhab) de cet homme pieux du Salaf [c’est-à-dire l’imam Ahmad] ce qui n’en fait pas partie. Vous avez apporté la honte et le déshonneur sur cette école au point que la seule chose que l’on dit au sujet des hanbalites c’est qu’ils sont anthropomorphistes. [..] Abou Mouhammad al-Tamimi [m.488 AH] avait l’habitude de dire de l’un de vos chefs qu’il a tellement fait la honte à cette école que ceci ne sera pas lavé avant le jour du jugement dernier. »

« Ils disent que la signification des ces hadiths du Prophète tombent dans la catégorie des choses dont seul Dieu connait la signification. Cependant ils ajoutent ensuite : « Nous les prenons selon leur sens apparent ». Quelle étrangeté que le sens que seul Dieu connaîtrait est en fait le sens apparent [sous-entendu, si seul Dieu sait le sens, mais alors pourquoi dites-vous que le sens du verset est le sens apparent !] Est-ce que le mot « Istawa », quand il est pris dans son sens apparent, signifie autre chose que « s’asseoir » (qou’oud) , ou le terme « Nouzoul » autre chose que « mouvement » (Intiqal) ? » [C’est-à-dire que ce raisonnement est inacceptable, car le sens apparent c’est celui que l’on connait, et qui est inacceptable, alors si on ne veut pas faire ressembler Dieu à Ses créatures, on ne doit pas prendre le sens apparent].

« Le treizième hadith : le Qadi Abou Ya’la rapporte que Moujahid aurait dit : « Lorsque le jour du jugement viendra : Dawoud – ‘alayhi salam – mentionnera sa faute et Allâh Ta’aala dira « Viens devant Moi » et Dawoud va dire « Mais, mon Seigneur, ma faute, ma faute! Et Allâh lui dira « Viens derrière moi ». Alors il dira « Prends Mon pied ». Et selon la formulation [qui proviendrait soit disant de] Ibn Sirin, il aurait dit : « Certes, Allâh Ta’aala va rapprocher Dawoud si proche de Lui qu’il mettra sa main sur Sa cuisse ».

Il est incroyable d’attribuer de telles choses à Allâh Ta’ala avec les [soi-disant] paroles des Successeurs alors que cela n’a même pas été confirmé d’eux! Si la [chaîne] était sûre, alors ils auraient pris cela des gens du Livre, comme Wahb ibn Mounabbih le mentionne. Mais ce Qadi Abou Ya’la, [qui fait partie de ceux qu’il dénonce dans tout le livre] a dit « Nous les prenons selon leur sens apparent, parce que nous ne confirmons pas que qadam et fakhadh sont des organes. » Ceci est tout simplement étonnant! Ils ont achevé la structure complète d’un corps en confirmant une cuisse, un tibia, un visage, deux mains, des doigts, un petit doigt, un pouce, une montée, et une descente. Puis ils disent « Nous les prenons selon leur sens apparent mais ce ne sont pas des organes ». Est-ce que quelqu’un de raisonnable peut vraiment affirmer que Dieu, Exalté soit-Il, aurait un derrière, un devant et une cuisse? Il ne convient même pas que nous discutions avec ces gens-là, parce que nous savons ce qu’est une cuisse. Mais ensuite ils disent [immédiatement] : « ce n’est pas une cuisse. Et le dos n’est pas un dos ». Pareil à ces gens-là, on ne peut pas discuter avec eux, parce qu’ils insultent votre intelligence et vous parlent en tant qu’enfants. »

Revenons aux paroles de l’Imam Ibn Hajar al-Haytami, qui rajoute ensuite :

Et méfiez-vous de ce qu’Ibnou Taymiyya, son élève Ibn Qayyim al-Jawziyya et d’autres ont écrit. Il [Ibnou Taymiyya] est un homme qui a pris ses désirs pour son Seigneur et qu’Allâh a égaré en dépit de son érudition. Allâh a placé sur un son ouïe et son cœur un scellé, et a placé un voile sur sa vue ; et qui peut le guider après qu’Allâh l’ait égaré? Pourquoi ne le ferait-Il pas, lorsque que ces hérétiques piétinent et dépassent les limites fixées par la Shari’a? Pourtant, ils s’imaginent qu’ils sont les biens-guidés, [c’est-à-dire] qu’ils sont guidés par leur Seigneur Tout-Puissant, alors que la vérité est qu’ils en sont loin. Au contraire, ils sont sur la mauvaise voie ; la plus abominable et trompeuse des voies. Ils sont atteints par les vices et encourent une lourde perdition. Puisse Allâh humilier leurs partisans et nettoyer la terre de leurs semblables !

 

Notes :

[1] Tiré des Fatawa Hadithiyya du Sheykh al- Islam de son temps,  l’Imam et Hafiz Ibn Hajar al-Haytami et du livre Daf’ Shoubah at-tachbih de l’Imam Ibn al-Jawzy

[2] Faqih : Spécialiste du Fiqh

[3] Pages 8, 9, 10, 11 et 41 de l’ouvrage Daf’ Shoubah at-tachbih de l’Imam Ibn al-Jawzy. Partie rajoutée en complément du texte d’al-Haytami