L’union du sens apparent et du sens caché

L’union du sens apparent et du sens caché

 

Imam Abu Hamid al-Ghazâlî [1]

 
 
sens caché
 
 

En entendant la parole de l’Envoyé d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalaam) :

« Les Anges n’entrent pas dans une maison où il y a un chien » [2]

1/ L’un gardera son chien chez lui, en prétendant qu’il ne faut pas l’entendre à la lettre. Selon lui, cela signifie qu’il faut évacuer, de la « demeure du cœur » le chien de la colère, qui interdit l’entrée de la connaissance, lumière angélique, car « la colère dévore la raison ».

2/ L’autre, à la différence du premier, se conformera à la lettre du précepte, et ensuite seulement dira : « Le chien n’est point tel par sa forme concrète, mais par la nature qu’il incarne, c’est-à-dire sa férocité et sa voracité. Et s’il faut protéger la maison, qui est la résidence de la personne corporelle, contre le chien sous sa forme concrète, à plus forte raison convient-il de protéger la demeure du cœur, où réside la substance véritable propre à l’homme, contre les défauts qu’incarne le chien : je vais donc, moi, me conformer à la fois à la lettre et à l’esprit du précepte ».

Voilà l’homme parfait, celui dont on dit :  « L’homme parfait est celui chez qui la lumière de la connaissance n’éteint pas celle de la piété scrupuleuse. »

C’est pourquoi on ne le verra pas se permettre de négliger la moindre des limites tracées par la Loi, malgré la perfection de sa connaissance intérieure. C’est pourtant l’erreur commise par certains de ceux qui ont suivi la voie spirituelle, et qui sont tombés dans l’antinomisme (ibûha) [3], abandonnant une fois pour toutes la lettre des prescriptions légales. C’est ainsi qu’il y en a qui ne font plus la Prière rituelle, sous prétexte qu’au fond d’eux-mêmes ils sont toujours en prière. C’est une erreur d’un autre genre encore, quand les plus stupides des antinomistes se complaisent dans des charlataneries telles que : « Dieu se passe de nos œuvres » ou « L’intérieur de l’homme est plein de choses immondes dont il est impossible de le purifier », selon l’un d’eux, qui soutenait que, pour que l’ordre d’extirper la colère et la concupiscence ait un objet, il ne fallait donc pas chercher à les éliminer. Tout ceci n’est que sornettes!

 

Notes :

[1] Tiré de Michkât al-Anwâr de l’Imam al-Ghazâlî.
[2] Dans le Sahih de Boukhari, tome 4, chapitre 59, p. 138
[3] Doctrine qui enseigne, au nom de la suprématie de la Grâce, l’indifférence à l’égard de la Loi.