Soyez comme un miroir

Soyez comme un miroir 
Par Sheykh
M. Saleem Dhorat 
[1]

 Miroir

 

C’est l’ordre donné par Allâh ta’âlâ à chaque croyant. Rasulullâh ﷺ a passé toute sa vie à l’appel vers le chemin d’Allâh ta’âlâ, avec le souci que chaque être humain soit sauvé du feu de l’enfer (Jahannam) et que le Paradis (Jannah) lui soit accordé. Occupé par cet objectif, il a en permanence instruit et enseigné aux gens de faire le bien et d’éviter le mal.

En tant que disciples de Rasulullâh ﷺ, nous avons également à nous soucier de cela pour nos frères et sœurs Musulman(e)s ainsi que pour nos frères (et sœurs) en humanité. Nous devrions nous demander : « Comment puis-je aider les autres à suivre le droit chemin, à atteindre Allâh ta’âlâ, à accéder au Paradis et être à l’abri du Feu de l’Enfer? »


Soyez un miroir


Rasulullâh
 ﷺ a dit : « Le croyant est le miroir du croyant » [2]


Lorsque vous vous tenez face à un miroir, il vous montre votre apparence physique. Il révèle le bon côté de votre apparence ainsi que tous les défauts que vous pourriez avoir. Dans ce hadith, Rasulullâh ﷺ enseigne à chaque croyant d’être comme un miroir pour les autres croyants. Un certain nombre de points importants peuvent être tirés de ce Hadith :

1. Si vous êtes témoin du mauvais comportement d’un autre croyant, vous devriez l’en informer, car vous êtes un miroir pour lui et un miroir pointe les défauts de celui qui se tient devant lui. Cependant, un miroir révèle les défauts de manière très apaisée, sans apporter le déshonneur ; vous devez en faire de même.

2. Un miroir ne révèle pas seulement les défauts physiques, il révèle aussi la beauté physique. De même, au moment où vous vous apprêtez à conseiller un croyant, vous devez mettre en évidence ses erreurs tout en rappelant ses bonnes qualités, c’est une approche qui est plus acceptable pour celui qui reçoit le conseil et cela amoindrit le risque que cela engendre du ressentiment. Prenons l’exemple de quelqu’un qui effectue la prosternation (sajdah) d’une manière contraire à la Sunnah : Informez-le de son erreur après l’avoir félicité sur la conformité du reste de sa Prière (Salah).

3. Tout comme vous êtes un miroir pour les autres croyants, tous les autres croyants sont aussi un miroir pour vous. Ainsi, chaque Musulman est à la fois le miroir et celui se tenant debout devant un miroir, il conseille et est conseillé.

4. Lorsqu’un miroir révèle un défaut de votre apparence, il est possible que vous soyez contrarié, mais pour autant vous n’éprouverez par du ressentiment ou de la colère vis-à-vis du miroir. De même, quand un autre Musulman adopte le rôle du miroir et vous conseille à propos de quelque chose que vous faites mal, vous ne devez être offensé. Pourquoi devrions-nous être contrariés lorsque quelqu’un nous indique une de nos lacunes, qui, si elle n’est pas traitée, pourrait nous conduire à l’échec au moment de la mort, dans la tombe et le Jour de Qiyamah? Au lieu de cela, nous devrions nous réjouir.

En fait, c’est seulement ceux qui ont l’amour et qui s’inquiètent pour nous qui se donnent la peine de nous informer de nos lacunes.

La Shari’ah nous commande d’indiquer les erreurs d’un coreligionnaire d’une façon polie, avec tact, sagesse et préoccupation. Cependant, même si quelqu’un venait nous rapporter un de nos défauts de manière impolie, nous ne devrions pas nous offusquer, mais plutôt demeurer heureux qu’il nous ait aidés à nous préserver de ce qui peut entrainer un châtiment dans l’au-delà. Si nous marchions le long d’un chemin et que nous étions sur le point de tomber dans un trou et que quelqu’un se mettait à hurler d’une manière impolie pour nous arrêter, nous le remercierions et serions reconnaissants et redevables envers lui pour nous avoir sauvés, en dépit de la manière.

Sheykh Qārī Siddīq Bandwi était un grand savant et un saint très pieux. Il me traitait avec beaucoup d’amour et d’affection, et j’ai eu le privilège de l’accompagner quand il était ici durant sa seule et unique visite au Royaume-Uni, pendant les derniers jours de sa vie. Dans un discours à Walsall, il a dit : « Supposons que vous ayez deux portes dans votre maison, une à l’avant et une à l’arrière, et que vous n’utilisiez que la porte d’entrée. Un jour, votre voisin est dans son jardin quand il remarque une énorme fissure dans la paroi arrière de votre maison. Il frappe alors à votre porte et vous informe à propos des dégâts structurels de votre maison. Il vous conseille de vous en occuper sans délai. Est-ce que vous vous sentiriez heureux ou malheureux qu’il vous l’ait dit? Est-ce que vous vous sentiriez redevable envers lui? ». Nous avons tous répondu que nous serions heureux et reconnaissants. Le Sheykh a continué : « Si quelqu’un voit un problème structurel dans notre « construction » spirituelle et religieuse, et dit, par exemple, que la médisance (ghībah) est haram et qu’elle est susceptible de détruire notre structure spirituelle, pourquoi est-ce qu’on se sent offensé? »

Le souci de l’auto-Correction


Nos Mashāyikh nous ont mentionnés que, tout en étant soucieux du bien-être spirituel des autres, nous devons toujours nous préoccuper de notre auto-correction. Une personne qui est particulièrement soucieuse de son apparence ira souvent s’observer devant un miroir. De la même manière, on verra ceux qui sont préoccupés par leur rectification spirituelle et qui désirent se purifier des erreurs dans leur pratique religieuse, « s’observer devant le miroir » en demandant à leurs amis de leur indiquer leurs défauts et de mettre en lumière les points qu’ils doivent rectifier. Le fait est que, parfois, nous ne pouvons pas voir nous-mêmes nos propres défauts et il faut donc quelqu’un d’autre pour nous les exposer.

‘Umar al-Fārūq (radhia Allâhu ‘anhu) était très préoccupé par son auto-correction, malgré son éminent statut et en dépit du fait que Rasulullâh ﷺ lui ait annoncé la bonne nouvelle (le Paradis) à de nombreuses reprises. Une question qu’il posa un jour à Hudhayfah ibn Yamān (RA) reflète cette préoccupation. Hudhayfah  était connu sous le nom Sāhibu Sirri Rasūlillāh, c’est à dire celui à qui Rasulullâh avait confié certaines informations que personne d’autre ne connaissait. Une de ces informations était les noms de ceux qui parmi les Musulmans étaient en fait des hypocrites. ‘Umar, préoccupé par sa propre position auprès d’Allâh ta’âlâ, demanda un jour si son nom figurait parmi la liste des hypocrites. Ḥudhayfah le rassura sur le fait qu’il n’en faisait pas partie.

Quatre chemins pour s’auto-corriger

Nos Mashayikh ont expliqué qu’il existe quatre façons par lesquelles une personne peut se corriger :

1. La meilleure façon, c’est de trouver un sheykh. S’en remettre à lui et lui donner toute liberté pour mener à bien votre rectification spirituelle de la manière qu’il juge appropriée. Normalement, il n’est pas possible de procéder à une rectification complète sans l’aide d’un sheykh. Toutefois, jusqu’à ce que vous trouviez un sheykh, adoptez l’une des trois méthodes suivantes (ces méthodes sont également bénéfiques pour ceux qui ont un sheykh) :

2. Quand vous voyez quelqu’un qui fait quelque chose de mal, regardez immédiatement votre propre personne en vous demandant si vous êtes exempt ou non de ce défaut.

3. Gardez vos oreilles ouvertes de ce que vos ennemis disent de vous. Il est normal d’avoir des ennemis, des gens qui ne vous aiment pas et qui parlent de vous. Vous devez réfléchir sur les fautes qu’ils perçoivent en vous, et si ces défauts existent réellement, vous devez les corriger.

4. Dites à vos amis d’agir avec vous comme des miroirs et de vous informer des éventuels défauts qu’ils voient en vous.

 

Notes : 

[1] Sheykh Muhammad Saleem Dhorat est né le 7 novembre 1962 à Bhoria, un petit village rural en Inde. Dès le plus jeune âge il a présenté des signes de piété, d’honnêteté, de zèle pour la Science et un côté humain très marqué. Le Sheykh est arrivé en Angleterre en 1973, à l’âge de 11 ans avec sa mère et ses frères pour rejoindre son père, Hafez Ibrahim Dhorat RA qui était imam à Leicester.

En 1980, Sheykh Saleem Dhorat s’inscrit pour étudier la Théologie Islamique au Darul Uloom al-Islamiyah al-Arabiyah basé à Bury, dans le Lancashire et qui était à cette époque le seul institut du genre au Royaume-Uni. Après avoir été diplômé avec les honneurs, Sheykh Saleem Dhorat est resté au Darul Uloom pour une période de cinq ans en tant que professeur, ceci témoigne de son intelligence et de sa capacité académique. Il a enseigné des livres tels que Usulus Shashi, Hidaayatun Nahw, Mirqaat, Hidaayah et le livre bien connu du Hadith, Riyaadus Saliheen.

En 1991, Sheykh Saleem Dhorat a fondé l’Académie Islamique Dawah pour aider les gens, en particulier les jeunes, à comprendre les enseignements de l’Islam. Le sheykh publie une revue mensuelle en anglais, nommée Riyadul Jannah. Le sheykh aujourd’hui très populaire fait régulièrement des conférences à travers le Royaume-Uni et partout dans le monde.

Qu’Allâh ta’ala lui accorde une bonne santé et une longue vie afin que la Oumma puisse continuer à bénéficier de sa présence, de ses leçons et de ses connaissances, ameen.

[2] Abu Dawud & At-Thirmidhi

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