Un sheykh Salafi dit que Allâh hésite


~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

 

Rejeté

 

 

 

 

Le Hadith concerné :

Mohammed Ibn ‘Uthmân Ibn Karâma nous a rapporté d’après Khâled Ibn Makhled, d’après Sulaïmâne Ibn Bilal d’après Charîk Ibn ‘AbduLlâh Ibn Abî Namr, d’après ‘Atâ, d’après Abu Huraïra qui dit : « Le Messager d’Allah ﷺ a dit: «Allah, a dit: «Celui qui montre de l’hostilité à un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme Il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, Je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort ». [1]

Le ‘Sheykh’ Salafi Abdel Aziz Ar-Rajhi a déclaré [2]:

الأسئلة:
س: أحسن الله إليكم هل يوصف الله بالتردد كما في الحديث القدسي (وما ترددت في شيء أنا فاعله ترددي في قبض نفس عبدي المؤمن) الحديث؟

ج: نعم كما وصفه الرسول -عليه الصلاة والسلام- لكن هذا التردد ليس كتردد المخلوق الذي يدل على الضعف، ولكنه تعارض الإرادتين كما بين في الحديث، فالله تعالى يريد ما يريده عبده المؤمن، والمؤمن يكره الموت، فالله يريد ما يريده عبده المؤمن، ولكن الله قضى وقدر أنه يموت، فهذا تعارض إرادتين إرادة الموت؛ لأن الله قدره، وإرادة ما يريده العبد وهو كراهة الموت ولا ينافي هذا التردد ترجيح إحدى الإرادتين؛ لأن الموت لا بد منه نعم.


Question :

Peut-on attribuer l’hésitation (taraddud)  à Allâh (swt)……?


Réponse :

Oui, comme le Messager ﷺ l’a décrit, mais cette hésitation (taraddud) ne ressemble pas à l’hésitation de la création qui indique une faiblesse, mais elle est un conflit entre deux volontés comme le hadith l’explique. Allah Ta’ala veut ce que l’esclave croyant veut, et le croyant n’aime pas la mort, ainsi Allâh veut ce que Son esclave croyant veut, mais Allâh a décrété qu’il meure, donc cela est un conflit entre deux volontés, la volonté qu’il meure, parce que Allâh l’a décrété, et la volonté de ce que l’esclave veut, qui hait la mort, et cette hésitation ne va pas contre le fait que l’une (des volontés) puisse l’emporter sur l’autre, parce que la mort est une finalité.

-> Abdel Aziz Ar-Rajhi n’est pas le seul pseudo Salafi à attribuer cette basse caractéristique à Allâh, puisque le Sheykh Salih al-Sheykh déclare également quelque chose de similaire dans son commentaire de la Tahawiyya.


Commentaire :

D’un autre côté, les ‘Ulamas Sunnites ont rejetés la lecture littérale de cet Attribut puisque l’hésitation renvoie aux notions d’incertitude, de doute, de crainte, de difficulté, de regrets, etc.

C’est, pour en citer quelques’uns, le cas de l’Imam al-Khatabiyy (rahimahuLlâh), le grand commentateur du Sahih d’Al-Boukhary (rahimahuLlâh) qui a déclaré : « Attribuer l’hésitation à Allâh n’est pas permis ».

Plusieurs autres commentateurs ont expliqué ceci en excluant systématiquement l’interprétation littérale et anthropomorphique. On peut citer entre autres, Ibn Hajar, Al-Kallabadhiyy, Ibn Rajab al-Hanbaliyy, Ibn al-Jawziyy, etc.

On citera également le grand Imam `Izz ud-Din Ibn ‘Abd as-Salâm qui dans son traité sur les principes d’interprétation métaphorique du Qour’an selon l’École Ash’arite écrit qu’il s’agit d’une métaphore du rang du croyant dans la présence Divine, pour éviter un dommage plus grand, comme dans le cas où le père sacrifie la main gangrenée de son fils pour lui sauver la vie [3].

D’ailleurs, si on étudie d’autres Hadiths, comme par exemple, celui-ci que l’on trouve dans le Sahih de Muslim, on y apprend que le temps de la mort de chacun d’entre nous est déjà écrit et décidé avant même que nous ne soyons créés :

D’après Abdallah Ibn ‘Amr (qu’Allah les agrée), le Prophète ﷺ a dit : « Allâh a écrit les destinés des créatures 50.000 ans avant de créer les cieux et la terre et Son Trône était sur l’eau ». [4]

De même, dans le 19ème Hadith des « 40 Hadith d’an-Nawawi » (rahimahuLlâh), on peut lire :

Aboû al-Abbâs Abdallâh ben Abbâs a dit : « J’étais un jour derrière le Prophète et il me dit: « O jeune homme, je vais t’enseigner quelques préceptes. Observe les commandements de dieu, il te protègera. Observe les commandements de Dieu, tu le trouveras devant toi. Lorsque tu as à demander quelque chose, demande à Allâh. Lorsque tu as à implorer assistance, implore assistance auprès d’Allâh. Sache que si la communauté est d’accord, à l’unanimité, pour te faire quelque bien, cela ne te profitera que dans la mesure où Allâh te l’aurait assigné, et si elle est d’accord à l’unanimité pour te causer quelque tort, tu n’en pâtiras en rien, sinon dans la mesure où Allâh en aurait ainsi décidé à ton encontre. Certes, les calames sont levés et l`encre des feuillets a séché ». [5]

Toujours sur ce sujet, on trouve la parole de Ibn as-Salâh [6] qui déclare : « Il ne faut pas comprendre le mot « hésitation » selon la signification courante. Le sens en est que Allâh agit à la manière de la personne qui n’aime pas une chose et hésite alors à la faire. Et cela, parce qu’Il aime Son serviteur et ne veut pas lui faire de la peine en lui faisant subir l’épreuve de la mort qui est la plus grande douleur de ce monde sauf pour une petite minorité. Mais la mort est une chose inéluctable, comme cela est mentionné dans une autre version du Hadith, car Allâh a prédestiné toutes les créatures à la mort. Le mot « hésitation » signifie que Allâh prend l’âme de Son serviteur, non par la volonté de l’avilir, mais parce qu’Il veut au contraire l’élever, car la mort est le passage obligé vers la demeure de la générosité et de la félicité. » [7]

Attribuer l’hésitation à Allâh au sens littéral strict est grave car cela signifierait qu’Allâh posséderait deux volontés contradictoires, qu’Il ne serait pas sur de ce qu’Il doit faire, hésiterait, serait en difficulté, serait susceptible d’éprouver des regrets, etc…. Ceci ne fait partie de la Croyance ni des Salafs, ni de leurs Successeurs (Kahlafs).

Qu’Allâh nous accorde la bonne compréhension de Ses Attributs.

 

Notes :

[1] Rapporté par Al-Bukhâri, chapitre sur «l’humilité »

[2] Source : http://www.taimiah.org/index.aspx?function=item&id=937&node=3112

[3] Al-Ishâra ilâ al-Ijâz fi Ba`d Anwâ` al-Majâz (Ed. Uthmân Hilmî, Caire : al-Matba`at al-`Amira, 1313/1895).

[4] Rapporté par Muslim dans son Sahih n°2653

[5] Hadith rapporté par Ahmad, al-Hakim et At-Tirmidhi qui le rapporte et dit qu’il est bon, authentique.

[6] Taqiyy Ad-Dîn `Uthmân Ibn As-Salâh `Abd Ar-Rahmân Ibn `Uthmân né en 577 A.H

[7] Al-Wafî, commentaire des 40 Ahadith d’An-Nawawiyy, pg. 370