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Qu’est-ce que le Nafs et comment le combattre

 

 

nafs

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,


Introduction :

Chaque être humain possède un Nafs en lui, il est donc essentiel que chacun comprenne de quoi il s’agit, car on ne peut combattre et vaincre son ennemi que si on le connait. Le nafs veut vous duper et vous avez besoin d’apprendre comme prendre le dessus.

De la même manière que le Sheykh souhaite vous guider vers le Prophète Muhammad ﷺ, Shaytan souhaite vous emmener vers le Nafs, c’est-à-dire que vous vous sentiez libre de faire tout ce que vous voulez (tout ce que votre nafs vous suggère).

Mise en garde :

La lecture de cet article doit mener le lecteur à agir selon ce qu’il aura appris. Ce n’est pas une lecture uniquement théorique divertissante, auquel cas le nafs de divertira à lire sa propre histoire et cela ne fera que le renforcer encore un peu plus.

Objectifs de l’article :

1/ Comprendre la nature du nafs
2/ Devenir vigilant face à ses désillusions et à ses techniques
3/ Commencer les étapes pratiques pour le purifier

Avant de commencer, il est essentiel de comprendre quelles sont les différentes parties qui composent un être humain tel qu’il évolue dans ce bas-monde.

– Le corps
– L’intellect
– Le cœur
– L’esprit (Ruh – la soi spirituel, la force vitale)

D’entre ces quatre parties, laquelle est « nous », laquelle est  « moi » ? Sommes-nous le corps, l’esprit, le cœur ou l’intellect? Si cet ensemble nous permet d’évoluer sur terre selon ce qu’Allâh a décrété, il faut savoir que « nous », c’est l’esprit.  Et l’esprit utilise les trois autres éléments qui sont des outils.

Si on prend pour exemple la main, à moins d’un handicap, la main n’a pas d’autre choix que d’obéir à l’esprit. Si je lui commande de s’ouvrir elle s’ouvre, si je lui commande de se fermer, elle se ferme. L’esprit a le contrôle total sur tout le corps. Mais nous ne sommes pas ce corps, il n’est qu’un outil.

Si on prend pour exemple l’intellect, de la même manière que nos organes corporels ont leurs facultés (la main saisir, l’œil voit, le pied marche, l’oreille entend, etc.), l’intellect à aussi son pouvoir (sa faculté). Le pouvoir de l’intellect, c’est de raisonner, de décider entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Mais nous ne sommes pas l’intellect, il n’est qu’un outil. Etc.

Il existe encore autre chose en nous, il s’agit du nafs (le soi émotionnel, l’entité qui désire). Et tout comme nous ne sommes pas le corps, l’intellect… nous ne sommes pas non plus le nafs.

Voyons de quoi il s’agit lorsqu’on parle du nafs…


Point n° 1

Le nafs ne possède pas la capacité de réfléchir.

Il ne réfléchit pas, c’est nous qui réfléchissons. Le nafs peut suggérer, mais c’est nous qui avons la capacité à réfléchir, à se souvenir, à anticiper, à planifier. Nous possédons l’intellect, donc nous seuls prenons les décisions. C’est la raison pour laquelle il est vain de d’accuser son nafs, car s’il suggère, rien ne nous oblige à suivre ce qu’il suggère. C’est aussi nous qui donnons au nafs le pouvoir d’utiliser ou non l’intellect. Nous sommes les décisionnaires et nous seuls pouvons choisir entre le bien et le mal.

Point n°2

Nous ne sommes pas le nafs, nous sommes l’Esprit (Ruh).

L’Esprit est pure, créé par Allâh à partir de la lumière [1] du Prophète Muhammad ﷺ. Lorsque nous sommes nés dans ce bas-monde, le nafs a été placé en nous et lui aussi était pur. [2] Il ne pouvait qu’avoir des désirs (je veux ci, je veux ça…).  Un grand danger et une grande déception pour l’être humain, c’est de penser et de croire qu’il est ce nafs et que ce nafs c’est lui. Si on pense à tort qu’on est une seule entité, c’est-à-dire que nous ne sommes pas composés de ce que nous avons énoncé plus haut, alors le nafs à tout loisir de nous suggérer  les choses les plus mauvaises qu’il soit possible d’imaginer.  C’est alors que la personne se met à se demander ce qui cloche en elle, pourquoi elle pense à des choses si mauvaises, ou pourquoi elle désire tant tel ou tel types de péchés. L’exemple le plus parlant à propos de cela concerne les personnes homosexuelles ou lesbiennes. Ne les avez-vous jamais entendus dire qu’elles sont nées comme ça ? Le nafs à l’intérieur d’eux-mêmes leur suggère : « fabrique une excuse,  fabrique une excuse… ». Le nafs aime ce chemin qu’ils ont pris, alors le nafs dupe la personne en lui faisant croire qu’il est la personne et que la personne est lui, qu’elle est née comme ça et qu’il n’y a donc rien de mal en cela. Et on rencontre cela même dans la communauté Musulmane. La meilleure chose pour ces personnes est qu’elles sachent qu’elles ne sont ni gays, ni lesbiennes,  ni homosexuelles, mais que c’est leur nafs qui se trouve en elles qui l’est. C’est leur nafs qui possède ce désir et si la personne arrive à comprendre que ce n’est pas elle qui est atteinte, mais son nafs alors elle pourra commencer à entreprendre ce travail pour sortir de ce cercle vicieux. Chez les personnes concernées, il y a cette chose appelée « coming-out » qui consiste à annoncer publiquement son homosexualité. Pourquoi cela ? Parce que la personne cachait son homosexualité, comme d’autres peuvent cacher leur addiction à l’alcool, à la pornographie, à l’adultère, etc. Si on le cache, c’est parce qu’on sait que c’est une mauvaise chose qui sera mal perçue, alors on le cache parce qu’on se sent coupable. Votre intellect sait que c’est mal, alors votre nafs vous suggère de le cacher afin de le préserver. L’étape qui vient ensuite, c’est que le nafs, qui se sent lui aussi coupable suggère à la personne de ne plus se sentir coupable. Pour se libérer de cela, le nafs encourage la personne à assumer son péché. C’est cela le « coming-out », une ruse du nafs pour se libérer de ce sentiment de culpabilité, car si vous souffrez, il souffre avec vous.

Réalisez que vous n’êtes pas votre nafs et parlez avec votre nafs et dites lui que nous n’êtes pas lui et qu’il n’est pas vous. Dites-lui qu’il est votre ennemi. Certes le nafs ne possède pas d’esprit, mais en agissant ainsi, cela permet de se faire un rappel efficace à soi-même.

Point n°3

La plus grosse duperie du nafs c’est de vous faire croire que vous êtes lui et qu’il est vous.

C’est pourquoi lorsque certains Mashaykh sermonnent une personne, ils s’adressent directement à son nafs. Par conséquent, si un Sheykh vous sermonne, soyez-en heureux, car c’est un remède pour vous. Le nafs en a besoin.

Point n°4

Si vous avez parfois donné l’avantage à votre nafs, cela ne signifie pas que vous avez perdu la guerre. Vous avez juste perdu une bataille.

Ce n’est pas parce qu’on a cédé une fois aux suggestions du nafs que tout est perdu, que les bonnes actions accomplies sont perdues ou que le combat est perdu. Allâh est le tout Miséricordieux et Il sait qu’il s’agit d’une lutte et Il n’attend pas de nous que nous purifiions ce nafs en un jour. Donc, si une faute a été commise, il faut se repentir et continuer à combattre, car cela prend du temps (Jihad an-Nafs).

Point n°5

C’est seulement lorsqu’on exprime le mauvais désir du nafs qu’on devient pécheur, pas avant.

Prenons pour exemple la (mauvaise) jalousie. Celle-ci se situe dans le nafs et non dans la personne. Si la personne embrasse ce mauvais désir avec son cœur, et qu’elle entretient profondément en elle ce désir, alors elle autorise l’envie à vivre à l’intérieur d’elle-même. Cette maladie se place alors dans le cœur (Pourquoi untel possède tel bien et pas moi, il ne le mérite pas, c’est plutôt moi qui devrais l’avoir, etc…). Penser à mal d’un Musulman est un péché de l’intellect; qu’en savons-nous qu’il ne mérite pas ce qu’il a ? Et qui sommes-nous pour remettre en cause un bien qu’Allâh a accordé à telle ou telle personne ? Une fois que l’intellect est touché, il met en place des plans et la personne est susceptible de passer à l’action (médisance, calomnie, essayer de nuire à l’objet de convoitise, etc.) et de commettre ainsi des péchés.

La bonne nouvelle est que si cette jalousie reste au niveau du nafs et qu’on ne la laisse pas de manifester dans le cœur, dans l’intellect ou via le corps (langue, mains…), alors on ne commet pas de péché. Un désir du nafs doit donc être combattu en permanence afin qu’il ne puisse pas s’exprimer dans le cœur, l’intellect ou via le corps.

Point n°6

Le nafs est un être spirituel et non physique

Il est en nous et il souhaite utiliser nos organes, notre intellect, notre cœur et tout ce qu’il est possible d’utiliser dans le but de satisfaire ses désirs.

Point n°7

Le nafs ne souhaite que profiter et manifester les mauvais désirs avec le corps, l’esprit ou le cœur, mais nous ne sommes pas responsables (pécheurs) pour ses désirs.

Imaginons que vous soyez marié, et que vous soyez attiré (ponctuellement) par une autre personne. Cette simple attirance n’engendre pas un péché. Il convient cependant (rappelons-le) de baisser et de préserver son regard et de ne pas regarder les personnes du genre opposé.  Tant que ce désir ne s’est pas manifesté (la personne rompt son mariage, commence une nouvelle relation…) alors il n’y a pas de péché. Par contre si la personne suit son nafs et commence à regarder l’objet de son désir, alors ce désir comme à grandir chaque fois un peu plus. Le Prophète ﷺ a dit : « Le regard est une flèche empoisonnée parmi les flèches de Satan » (Abou Dawud). Si ce désir existe, il est important de ne pas le manifester.

À l’inverse, un autre état du nafs peut-être que la personne n’éprouve aucun désir pour son mari ou son épouse. Le nafs passe par beaucoup d’états différents et un jour il peut avoir tel désir et un autre jour un désir complètement différent, tout comme on le voit chez un enfant qui un jour veut une glace et le lendemain il veut du chocolat et de désintéresse de la glace.

Plus on nourri son nafs et plus il grandit ; moins on le nourrit et plus il s’affaiblit. C’est la raison pour laquelle il ne faut nourrir que ses désirs licites comme par ex. à la rupture du jeûne, le nafs réclame à manger et on a plusieurs options (eau, dattes, mangue, carottes…). Dans ce cas précis, si le nafs préfère la mangue aux carottes, il n’est pour autant pas nécessaire de se forcer à manger des carottes, car il s’agit de deux choses licites, donc on peut choisir celle que l’on préfère. Ce sont deux options halal et dans ce cas là, on est autorisé à nourrir son nafs. Donc si le désir concerne la nourriture, on choisira celle qui est licite, si le désir concerne le sexe, on choisira la relation maritale, si le désir concerne la musique, on choisira les nasheeds et ainsi de suite. Il y a toujours une option licite et le droit du nafs c’est que vous le nourrissiez de ce qui est licite.

Point n°8

On peut et on doit sermonner notre propre nafs comme moyen de nous sermonner nous-mêmes.

Admettons qu’on aime voir les autres de disputer, c’est une maladie du nafs (malveillance), car on préfère voir les gens débattre et se quereller plutôt qu’ils soient en paix. Dès qu’on ressent ça, alors on doit sermonner notre nafs : « Ô nafs, c’est mal, tu souhaites le mal pour les gens et non le bien… ». Ceci demande que nous fassions attention à notre intérieur, car celui qui s’en fiche n’y prêtera même pas attention, cet état fait partie de sa vie et il ne sait même pas que c’est une maladie qui doit être guérie. Il faut faire son introspection. Si on a un Sheykh (de Tazkiyyah/Tassawuf), il ne fait pas lui cacher ce type de maladie, car il sera en mesure de vous donner la solution vous permettant de guérir de cette maladie. La raison pour laquelle il est important de sermonner son nafs, c’est pour accroître la distance entre lui et nous, afin de prendre conscience et de réaliser concrètement que nous ne sommes pas lui et qu’il n’est pas nous.

Point n°9

Le nafs ne pense pas à l’avance.

Le nafs n’est pas capable de planifier, il souhaite simplement profiter de l’instant. Il utilise alors notre intellect pour planifier les péchés et les reporter si au moment présent ce n’est pas possible. C’est pourquoi il faut le combattre et ne même pas lui laisser l’opportunité de penser à un péché.

Point n°10

Le nafs veut profiter maintenant, il vit pour le moment présent.

Mais pour les mauvaises raisons, car il ne cherche pas l’Agrément ou la proximité d’Allâh, mais cherche uniquement à se satisfaire, à profiter.

Point n°11

Le nafs ne se soucie pas de savoir si telle chose est halal ou haram.

Imaginons qu’on nous donne un paquet de biscuit, le nafs nous dit alors « mange, mange, ne regarde pas la composition, tu verras ça plus tard ». Alors, on ouvre le paquet, on mange le biscuit et une fois qu’on a fini, on regarde le paquet pour voir ce qu’il en était. Si maintenant on prend l’exemple de l’alcool, on sait qu’il est responsable de la mort de 2.5 millions de personnes chaque année dans le monde. En France, l’alcool est responsable de la mort de 49.000 personnes/an. Ce qui représente environ 8% de la mortalité totale ! [3] Mais alors pourquoi nos gouvernements ne l’interdisent pas ? Tout simplement, car leur nafs aime ça et que s’ils devaient l’interdire ils ne pourraient plus en consommer eux-mêmes.

Le nafs ne se soucie pas de savoir si telle chose est halal ou haram, contrairement à Shaytan qui lui souhaite sciemment nous pousser vers le haram pour nous emmener en enfer. Il utilise les désirs du nafs contre nous. C’est pourquoi il ne faut pas laisser Shaytan connaitre nos faiblesses et qu’il ne faut pas les manifester.

Point n°12

Le nafs évolue, il passe de mauvais à bon, mais aussi de bon à mauvais.

Tout Musulman sait que le nafs peut être purifié. Mais il est beaucoup plus rare que nous sachions qu’il peut se souiller.

Point n°13

Le nafs ne peut devenir purifié que si on lutte contre lui.

Comment le combattre ? A chaque fois que le nafs nous suggère quelque chose d’illicite, on ne lui obéit pas. Si une femme passe à proximité, on baisse le regard, si une musique passe à la radio, on éteint la radio, si on se met à penser du mal d’un Musulman on arrête sur-le-champ, etc. Seule cette lutte permet de purifier le nafs.

Point n°14 (* important *)

Faites ce qu’il ne veut pas que vous fassiez (tant que c’est conforme à la Shari’ah).

Le nafs ne veut pas vous voir prier ? Alors, priez.
Le nafs ne veut pas que vous fassiez votre routine quotidienne de Dhikr ? Faites votre Dhikr et même augmentez-le.
Le nafs ne veut pas que vous vous leviez pour salat as-Subh ? Levez-vous et priez le Subh et tous les Subhs suivants.

A contrario, il est important de se rappeler que si le nafs nous suggère quelque chose de bien, comme : « Ne regarde pas cette fille, elle n’est pas ta mahram) », alors c’est un bon signe, c’est qu’il est purifié sur ce point, on ne va donc pas le rendre impure en lui désobéissant sur ce point alors qu’il nous suggère ce qui est bien. C’est pourquoi il est important d’avoir des connaissances religieuses de manière a être capable de distinguer entre ce qui est licite et ce qui est illicite.

Point n°15 (* important *)

Ne faites pas ce qu’il veut que vous fassiez (si c’est non conforme à la Shari’ah).

Cela s’applique à tous les péchés qu’une personne est susceptible de commettre. Il y a des péchés pour des actes qu’on ne fait pas (ne pas prier, ne pas jeûner pour Ramadan…), tout comme il y a des péchés pour des actes qu’on effectue (regarder l’illicite, médire…).

Le nafs veut que vous regardiez quelque chose d’illicite comme de la pornographie ? Ne le faites pas.
Le nafs veut que vous médisiez sur autrui. Abstenez-vous de le faire. Retenez votre langue.
Le nafs veut que vous vous mettiez en colère ? Maîtrisez-vous.
Etc…

C’est en effectuant ce combat qu’on se purifie.

Point n°16

Il devient de plus en plus faible jusqu’à ce qu’il se soumette.

Plus on lutte contre son nafs, plus il s’endort (se soumet).

Point n°17

Cette étape ne peut être atteinte que si on se soumet à son Sheykh.

Pour que le nafs se soumette, le Murid (disciple) doit se soumettre à son Sheykh de Tazkiyyah qui lui-même s’est soumis au Prophète Muhammad ﷺ, qui lui-même s’est soumis à Allâh ‘azawajjal. Par exemple, votre Sheykh va vous demander de vous abstenir des péchés relatifs aux oreilles. Une fois rentré à la maison, le nafs va vous dire : « Vas-y, balance du bon son ! », mais là vous lui direz : « Non, je ne peux pas faire cela, je ne le ferai pas ! Car mon Sheykh m’a demandé de m’abstenir des péchés des oreilles ». Le nafs essayera alors de vous inciter par un moyen ou un autre et à chaque fois il suffira de lui dire « non ! » . Au bout d’un moment, le nafs finira par se soumettre et il se conformera, il n’y aura plus de conflits. C’est seulement en luttant  qu’on parvient à cela.

Point n°18

Le nafs dort, mais il ne meurt pas.

Dans cet état (de sommeil), il est toujours présent en nous, mais il ne s’oppose plus. Pour autant il n’est pas mort. Il meurt quand nous mourrons.  Il est donc important de rester vigilant.

Point n°19

Paix -> Guerre -> Paix

Avant qu’une personne commence ce chemin de purification, elle se sent en paix, car elle pense qu’elle est une seule personne. Imaginez si depuis que vous êtes né, vous aviez une personne derrière votre épaule et que vous faisiez tout ce qu’elle vous suggère… au bout d’un moment vous l’oublieriez. Mais au moment où vous vous tournez vers elle et que vous lui dites « NON », c’est là que la guerre commence, et ce, jusqu’à ce que la personne se soumette et s’efface. À ce moment-là, on expérimente à nouveau le sentiment de Paix. Mais cette paix est bien meilleure que la première, car dans le premier cas, le nafs utilise ce bas-monde comme Paradis, car il veut profiter de tout et tout de suite, tandis que dans le second cas, on utilise al-Akhira comme lieu de Paradis et c’est un bien meilleur choix. Si on laisse le nafs utiliser cette duniya (bas-monde) comme Paradis, il est clair que nous ne pourrons pas avoir le Paradis dans l’au-delà. Il faut faire un choix.

Point n°20 (* important *)

Vous ressentez ce qu’il ressent et il ressent ce que vous ressentez.

Durant cette lutte, vous trouverez probablement parfois que c’est pénible, et votre nafs ressentira la même chose. De la même manière, il ressentira que c’est pénible et du coup, vous aussi. Vous ressentez ce qu’il ressent et il ressent ce que vous ressentez. Donc, parfois cela se traduira par de la peine, parfois par de la joie, parfois par de la dépression, etc. Mais au final, si on tient bon, il se purifie. Le Musulman doit alors se rappeler que nous ne sommes pas des adorateurs des sentiments (‘abd al-sentiments …), mais des serviteurs d’Allâh (‘abd Allâh) et qu’il convient donc de continuer cette lutte quelque soit le sentiment (ou le manque de sentiment) ressenti.

Point n°21

Il est plus dur de combattre un sentiment qu’une pensée.

C’est la raison pour laquelle les Mashaykhs disent : « Celui qui a vaincu son nafs, à vaincu Shaytan ». Pourquoi ? Car Shaytan n’a que les pensées à utiliser pour vous combattre (suggestions) , tandis que le nafs utilise les sentiments/émotions et les pensées et il est beaucoup plus dur de lutter contre les sentiments que contre les pensées. Si les pensées vont et viennent, les sentiments restent parfois longtemps. Ne soyez pas inquiets si vous avez un mauvais sentiment en vous, soyez conscient que c’est votre nafs et non vous et que cela peut se guérir en luttant contre.

Point n°22

Une désir puissant du nafs représente votre plus grosse faiblesse et Shaytan l’utilisera contre vous.

C’est la raison pour laquelle il est important de se poser la question suivante : « Quelle est donc ma plus grosse faiblesse » ? Certains en ont une, d’autres deux ou trois ou plus. Il faut connaitre ses points faibles, car c’est par cette porte (ou ces portes) que Shaytan entrera. Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله a dit : « Transformez vos faiblesses en force ». Cela signifie : travaillez dessus jour après jour, comme celui qui va faire de la musculation chaque jour et travaille tel muscle plus faible jusqu’à ce qu’il devienne fort et puissant. De cette manière, on ferme les portes que Shaytan utilise.

Point n°23

En priorité, il faut purifier les mauvaises sortes de nafs.

Il s’agit de ceux qui aiment les péchés et qui incitent au mal. Si notre nafs fait partie de cette catégorie, il est urgent de commencer un programme de purification.

Point n°24

Nous décidons, le nafs ne peut pas nous forcer, il ne possède que les armes du désir et du souhait.

Il est inutile d’accuser son nafs d’être responsable de nos péchés, car s’il il nous suggère, au final c’est nous qui prenons la décision de faire ou de ne pas faire. De la même manière que si quelqu’un nous dit « Vas-y vole ce téléphone qui est posé là », personne ne nous y oblige et la décision ainsi que la responsabilité nous reviennent. Ainsi, ce n’est pas Shaytan ou le nafs qui devront rendre des comptes pour nos actions au jour du Jugement, mais notre esprit seul.

Point n°25

Une fois le naf « Ammarah » (qui incite au péché) vaincu, il devient nafs « Mutma’innah » (apaisé).

Après la lutte, le nafs s’apaise, comme stipulé dans le Saint Coran : « O toi, âme apaisée ! Retourne auprès de ton Seigneur, satisfaite et agréée ! Sois désormais du nombre de Mes serviteurs et sois la bienvenue dans Mon Paradis ! » [4]

Point n°26

Finalement, le nafs penche vers le bien et il est toujours satisfait de la volonté d’Allâh.

Ce type de nafs est nommé « Raadhia » (agréé). Le temps est pluvieux en plein mois d’aout ? C’est la volonté d’Allâh, le nafs est heureux. Là où d’autres se plaindront, celui qui a un nafs agréé ne se plaindra pas et au contraire sera heureux, car c’est la volonté d’Allâh qui s’applique.

Point n°27 (* point pratique *)

Lors d’une assemblée consultative (mashwara), votre réaction devrait être « Mon opinion est la moins bonne, je suis bas, leur opinion est correcte ». Mais malgré cela, donnez votre opinion.

Lors de ce type d’assemblée, plusieurs opinions s’opposent. La personne doit penser intérieurement que son avis est le plus faible et que celui des autres est meilleur (humilité). Elle donnera malgré tout son opinion. Si les autres ne tiennent pas compte de votre avis, soyez-en satisfait et pensez que vous ne devrez pas rendre des comptes sur ce point précis, car ils ont choisi une autre opinion. Ainsi, si une personne s’en prend à vous pour votre opinion, faites en sorte de ne pas retourner ensuite cela contre la personne. Faites en sorte que cela n’atteigne ni le cœur, ni l’intellect, mais dirigez-le directement vers votre nafs et ainsi vous pouvez être purifié à travers les gens. Si on prend l’exemple de ‘Issa (‘alayhi salaam), lorsque des gens l’insultaient, il répondait en faisant des dou’as bénéfiques pour ceux qui l’agressaient (qu’Allâh te bénisse, qu’Allâh te récompense, etc…). Ces disciples en furent étonnés et lorsqu’ils lui demandèrent pourquoi il agissait ainsi, il leur répondit : « Si vous avez une gamelle contenant du lait, peut importe comment vous la secouez, seul du lait en sortira ». Donc si vous avez le bien en vous, seul le bien sortira de vous, quel que soit le mal subit.

Point n°28

Si votre langue est silencieuse, mais que votre esprit continue de penser du mal d’autrui et que votre cœur embrasse des mauvais sentiments à l’encontre des gens, vous continuez le processus de souillure.

Si on combat la langue, il ne faut pas pour autant autoriser l’esprit à penser du mal ou le cœur à avoir des mauvais sentiments à l’encontre de telle ou telle personne. Sans quoi, si la langue se purifie, le cœur et l’esprit eux deviennent davantage souillés (impurs).

Point n°29

Seul le nafs impur blâme autrui. C’est pourquoi se blâmer soi-même est une solution.

Lorsqu’on montre une personne du doigt, il y a un doigt qui pointe vers elle, mais il y en a 3 qui pointent nous. Il est bénéfique de se blâmer soi-même plutôt que de blâmer les autres. Cela ne signifie pas qu’il faut endosser la responsabilité des autres. Si par exemple quelqu’un à volé quelque chose, on ne va pas se blâmer soi-même et s’accuser à sa place. Par contre, lors d’une dispute, plutôt que de passer des heures en débats et en cris, il suffit de penser et de dire : « Ok, c’est de ma faute ». On se blâme, la dispute est terminée, la relation est préservée et cela permet d’atteindre la purification. Si ensuite la personne continue à dire « C’est de ta faute, etc… », son nafs va se renforcer, tandis que le nôtre va diminuer (se purifier). C’est à nous à prendre cette décision au moment où l’occasion se présente.

Point n°30

Question relative à l’éducation du nafs des enfants. 

Se référer à l’article : L’éducation du Nafs des Enfants Conseils de Sheykh Amran Anguila al-Hafidh


Questions / Réponses

Q : L’âme (nafs) et l’esprit (Ruh) sont-ils une seule et même chose ?

R : Lorsque le nafs est purifié, alors il peut être considéré d’une manière imagée comme étant « esprit », c’est la raison pour laquelle certains grands Awlyas comme Sheykh Ad-Darqawi رحمه الله ou Sheykh Abu Hamid al-Ghazaliyy رحمه الله ont déclarés que l’esprit et l’âme (nafs) était une seule et même chose, bien qu’en réalité il s’agisse de deux entités distinctes. C’est comme quand on dit d’une personne qu’elle est « un ange ». Cela ne signifie pas qu’elle le soit réellement, mais cela signifie que les qualités angéliques dominent sa personne. D’ailleurs, dans le Qour’an (s39/v42), Allâh dit : « Allâh reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. » Allâh retient donc une partie de nous avec Lui durant la nuit (Allāhu Yatawaffá Al-‘Anfusa), mais quel est donc la partir restante qui fait que nous soyons toujours en vie, en train de dormir ? Il s’agit du Ruh, de l’esprit, et c’est une preuve qu’il y a bien deux entités distinctes. Il faut savoir que dans le Qour’an, le mot nafs peut parfois être employé pour évoquer l’âme, tout comme il peut être évoqué pour parler de la personne « entière », de l’être humain complet.

Q : Le nafs est-il nuisible ?

R : Non, et c’est là une mauvaise compréhension qui est fréquente alors que la réalité est tout autre.

Une fois un disciple est venu voir un Sheykh dans le but de se purifier. Il resta deux mois puis demanda au Sheykh la permission de partir. Le Sheykh lui répondit que ce n’était pas terminé et qu’il devait rester encore. L’élève lui dit alors : « Merci pour votre aide, mais ce nafs ne sera jamais purifié. Je suis venu ici, mais il y a encore des choses qui me perturbent, j’ai des mauvaises pensées, des désirs, etc. malgré toutes ces heures de dhikr et de méditation. Donc j’abandonne car je n’y arriverai jamais. ». Le Sheykh qui était un vrai Sheykh accompli, répondit : « D’accord, c’est toi qui voit, mais avant de partir, faisons une méditation ensemble (muraqabah) pour voir la situation. » Durant la Muraqabah, le Sheykh montra à l’élève son nafs, qui est une entité séparée de son esprit. Donc maintenant, il y a deux « personnes », deux entités, l’élève et le nafs que l’élève visualise en face de lui. Avec le Sheykh, cela fait un total de trois personnes. Alors,  le Sheykh s’adresse au nafs de son élève et lui dit : « Ô nafs, pourquoi importunes-tu donc mon élève? Il veut se rapprocher d’Allâh. Au final, il te veut du bien à toi aussi. Pourquoi le tortures-tu à ce point ? » Le nafs répondit : « La réalité, c’est qu’il a volé mes trésors. Il est venu dans mon royaume et a dérobé ce qui s’y  trouvait. » Le Sheykh se tourna vers l’élève et le questionna : « As-tu entendu ce que ton nafs a dit? Pourquoi le voles-tu et pourquoi vas-tu dans son royaume?  » Le disciple répondit : « C’est exactement ce que je disais, mensonge sur mensonge, il est injuste avec moi ! Je suis là depuis 2 mois et je n’ai rien qui ne lui appartienne, j’ai juste mes affaires avec moi . » Le Sheykh s’adressa alors au nafs de l’élève et lui dit : « Regarde, mon élève est innocent, il dit qu’il n’est jamais venu dans ton royaume pour te voler, pourquoi dis-tu cela?  Peux-tu prouver ce que tu avances? De quoi s’agit-il quand tu parles de ton Royaume? De quels trésors parles-tu? » Le nafs répondit : « Mon royaume, c’est al-Ghafla (l’insouciance, la négligence). » Le Sheykh regarde alors le disciple et lui demande : « As-tu été dans son royaume, t’es-tu engagé dans l’insouciance? » Le disciple baisse la tête… « Heu… oui, il m’est arrivé d’être insouciant, d’aller dans ce secteur…  mais je n’ai jamais rien volé. » Le Sheykh demande alors au nafs de se justifier et de dire ce qui lui avait été volé. Le nafs rétorqua alors : « Mon trésor, c’est la jalousie, l’arrogance, la haine, les péchés, l’usure… Tout ça c’est mon trésor, c’est mes attributs. Parfois il vient et il boit une petite coupe d’arrogance, parfois il vient et il mange un petit fruit de haine ou de mensonge. C’est bien la preuve qu’il me visite et qu’il me vole. » Le Sheykh questionna alors le disciple pour savoir si le nafs disait vrai et celui-ci ne pu que reconnaître qu’il s’agissait bien de la vérité. Quant au nafs, il se tourna vers le Sheykh et lui dit : « Ô Sheykh, vous êtes un homme pieux, votre élève déclare que je lui ai fait du tort. Tandis que mon créateur qui est aussi votre créateur et son créateur dit l’opposé. Allâh dit dans le Qour’an : « Cependant, Allâh n’est pas tel à leur faire du tort; mais ils ont fait du tort à eux-mêmes (‘Anfusahum Yažlimūna ) » [5] ainsi que « Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes (Žalamnā ‘Anfusanā) » [6].

Allâh dit bien que les gens font du tort à leur nafs et non que le nafs leur fait du tort ! De même le Prophète Muhammad à enseigné à ses Compagnons le dou’a disant : « Ô Seigneur ! Je me suis fait beaucoup de tort à moi-même … » ou traduit autrement : « Ô Seigneur ! J’ai fait preuve d’injuste et d’oppression envers mon nafs (Zalamnu Nafsî) » [7] Alors, qui allez-vous croire maintenant ô Sheykh, Allâh et Son Messager ou cette personne ? Il me fait du tort, et en plus il est m’accuse ! » Puis, le nafs rajouta à cela un quatrième point : « Et qui à le pouvoir de décision ? Qui est assis sur le siège du conducteur ? Moi je n’ai aucun pouvoir de décision, je ne peux que désirer. J’aime les femmes,  j’aime la nourriture, etc. mais je ne peux pas décider quoi que ce soit. Qui donc à le pouvoir de décision sinon lui (via son esprit et son intellect) ? » Une fois la Muraqabah terminée, le disciple était complètement muet. Le Sheykh lui dit alors : « Maintenant, tu connais la réalité, va t’assoir dans ce coin et travaille sur toi-même ! »

Ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que souvent, nous jouons les victimes fasse à notre nafs, alors qu’en vérité, c’est lui qui est victime de nos agissements. C’est pour la même raison que nos membres témoigneront contre nous le jour du Jugement, car ils sont les victimes et non les décisionnaires et si nous les avons utilisés d’une manière injuste, alors ils témoigneront contre nous.

Q : Comment différencier les désirs de Shaytan de ceux du nafs ?

R : Quand on parle de Shaytan, il s’agit plutôt de suggestions, car il ne peut pas mettre un désir en nous, mais il peut nous suggérer des pensées, et les pensées conduisent aux désirs dans le nafs. Pour bien différencier entre les deux : si cela vient du nafs, cela se produit encore et encore et encore car le nafs développe des addictions (habitudes). De même, les désirs du nafs ont toujours à voir avec des désirs que vous voulez, que vous appréciez, car il ressent ce que vous ressentez et vous ressentez ce qu’il ressent. Quant à Shaytan, il suggère tout un tas de choses, mais qui ne correspondent pas forcément à ce que nous aimons ou désirons. Untel se retrouve à voler un portable dont le propriétaire s’est absenté quelques minutes,, alors que ce n’est pas dans ses habitudes de voler. Sheytan à suggéré et à la personne a écouter et obéi à Sheytan.

Si on expose ses faiblesses ouvertement en parlant ou en accomplissant un acte, on prend le risque de les divulguer à Shaytan, or il ne faut jamais divulguer ses faiblesses à son ennemi, sans quoi il les utilisera contre nous.

Q : Quelqu’un peut-il purifier son nafs seul, sans l’aide d’un Sheykh ?

R : Il est impossible de purifier complètement son nafs seul. Ceux qui y sont parvenus peuvent être comptés sur les doigts d’une ou deux mains (Saydda Maryam, Saydinna al-Khidr…), ainsi que les Prophètes et Messagers bien entendu. Pour le reste d’entre nous, le nafs peut nous duper et nous laisser penser qu’il est purifié, mais c’est un leurre et nous suivrons ses désirs sans même nous en rendre compte. Comme l’ont dit les Mashaykh, celui qui n’a pas de Sheykh, son Sheykh c’est Shaytan. Ensuite, Shaytan nous amène au nafs et le nafs devient alors notre Sheykh.

Conseil : Ne pensez pas que par vos efforts vous allez atteindre cette purification, c’est plutôt Allâh qui vous accorde cette purification après vos efforts.

Q : Peut-on purifier tous nos organes d’un seul coup, comme ce fut le cas par exemple pour Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy ou bien est-il plus judicieux de les purifier les uns après les autres ?

R : Il faut suivre les instructions de son Sheykh et d’ailleurs Saydinna ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله l’a fait sous les instructions de son Sheykh car il sait ce dont le disciple est capable. Il ne faut pas croire qu’après avoir lu cet article chacun peut maintenant purifier son nafs seul. C’est comme écouter un cours sur la chirurgie du cœur ou du cerveau et penser qu’à la fin on va pouvoir opérer nous-mêmes. C’est insensé. Ce n’est qu’en apprenant et en restant aux côtés d’un chirurgien pendant des années et des années, sous sa supervision directe, qui vous observe et vous corrige si nécessaire que cela devient possible. Pour le nafs, c’est la même chose, une personne a besoin de la compagnie Sheykh jusqu’au bout du processus que seul le Sheykh pourra détecter.

Lire à ce propos l’article : L’importance de la recherche du Maître (Sheykh) de Sheykh al-‘Arabî al-Daraqâwî

Q : En Islam, une personne n’est pas censée dévoiler ses péchés à autrui, comme faire alors pour communiquer au Sheykh les points qui posent problème ?

R : Dans ce cas là c’est différent, c’est une exception, car vous êtes face à celui qui va vous délivrer le remède pour la guérison. Ce n’est pas la même chose que de raconter ses péchés à droite et à gauche pour s’en vanter. Ici, la personne recherche de l’aide pour guérir et dans ce cas précis, c’est permis. Il faut par ailleurs savoir que le Sheykh ne pensera jamais du mal de vous, quelque soit votre problème, il vous aidera sans vous juger. Attention à ce type de pensées négatives envers votre Sheykh, car Shaytan les utilise pour vous maintenir éloigné de votre Sheykh et donc de la guérison. De même, les gens ne vont voir leur Sheykh que lorsqu’ils s’estiment dans un bon état, tandis que quand ils s’estiment dans un mauvais état, ils le cachent et ne vont pas voir leur Sheykh. Le bon sens voudrait que ce soit plutôt le contraire et que la personne aille consulter son Sheykh justement quand elle rencontre des difficultés. De la même manière que nous allons voir le médecin lorsque notre santé est mauvaise et non lorsque tout va bien. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de divulguer en détail le problème. Si par exemple ça concerne le fait de regarder les femmes ou la pornographie, la personne peut simplement dire au Sheykh : « J’ai un problème avec mes yeux », et le Sheykh donnera ensuite le remède qui conviendra. De même si on a de mauvaises pensées, il n’est pas utile de préciser laquelle, il suffira inshaa Allah de dire : « J’ai des mauvaises pensées », et le Sheykh donnera ensuite le remède qui conviendra.

Qu’Allâh nous accorde la compagnie d’un Sheykh éducateur et nous accorde le succès complet dans cette bataille contre le nafs et contre Shaytan.

Wa Allâhou a’alam

 

Notes :

Réf principale : Mawnala Sheykh Ahmad Dabbagh et Ustadh ‘Uthman Miah (Tariqah Muhammadiyah), qu’Allâh les préserve.

[1] Pour mieux comprendre ce passage, lire l’article suivant : Aperçu de la Réalité Muhammadienne (al-Haqiqat ul-Muhammadiyya)

[2] A ce propos, Allâh dit dans le Qour’an : « Acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant et selon la disposition naturelle qu’Allah a donnée aux hommes, en les créant. Il n’y a pas de changement dans la Création d’Allah. Voici la Religion immuable ; mais la plupart des hommes ne savent rien ». [s30,v30]

De même, il est rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ à dit : « Chaque enfant naît avec une Fitra pure et saine qui peut-être par la suite, déformée par l’influence de l’environnement ou de l’éducation. » (Boukhari et Mouslim)

[3] Source : http://www.lemonde.fr/sante/article/2013/03/04/l-alcool-responsable-de-49-000-morts-en-france-par-an_1842068_1651302.html

[4] Qour’an, s89, v27 à 30
[5] Qour’an, s29, v40
[6] Qour’an, s7, v23
[7] Bukhari

 

La quête spirituelle de l’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy

 

 

al-ghazali-spirituel

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

L’Imam Abu Hamîd al-Ghazaliyy رحمه الله fut très certainement l’homme le plus savant de son époque. Il est celui qui fut qualifié par l’Imam Ibn ‘Asākir رحمه الله de revivificateur de la religion du 5e siècle et qui aujourd’hui encore est surnommé Hujjut al-Islam (l’argument de l’Islam). Les grands savants du Fiqh, de la ‘Aqida, du Tafsir venaient de partout pour apprendre auprès de lui. Il était d’ailleurs à ce titre le responsable de la grande université Islamique Nizamuddin à Bagdad. Cependant, malgré son impressionnante érudition scientifique, au fil du temps, il se rendit compte que malgré toute sa science, il n’avait réussi à atteindre ni la proximité d’Allâh, ni celle de Son Messager ﷺ.

Il décida donc d’aller faire le tour des plus grands savants qu’il côtoyait à l’époque.

Il commença par les savants du Tafsir : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher d’Allâh ? » Ils répondirent : « Tu peux nous demander à propos de n’importe quel verset du Qour’an, on peut en parler pendant dix années, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh »Il se rendit ensuite auprès des savants du Hadith : « Vous êtes les sommités dans cette science, pouvez-vous m’aider à me rapprocher de Rassoul Allâh ﷺ? » Ils répondirent : « On ne peut que te rapprocher du Hadith, on peut t’enseigner les paroles du Prophète, mais on ne peut pas t’emmener au Prophète lui-même »Il alla donc voir les Fuqahas, les spécialistes de la Loi Divine : « Je veux atteindre Allâh et Son Messager ﷺ? Que pouvez-vous faire pour moi ? » Ils répondirent : « On peut t’expliquer les règles, comment faire le wudhu, le ghusl, le halal, le haram, on connait les Commandements d’Allâh, mais on ne peut pas t’emmener à Allâh. » Il se rendit alors chez les ‘Ulamas de la ‘Aqida, spécialistes de la Croyance : « Vous êtes les sommités dans la Croyance, emmenez-moi à Allâh et à Son Messager ﷺ. » Ils répondirent : « On sait beaucoup de choses concernant Allâh, mais nous ne sommes pas capables de t’emmener à Lui ».

L’Imam Al-Ghazaliyy était dépité, lui, le plus grand savant de son temps était incapable de se rapprocher d’Allâh et les autres shuyukhs spécialistes des sciences Islamiques ne pouvaient rien pour lui non plus.

« Auprès de qui vais-je pouvoir chercher la guidée ? Si je meurs, que va-t-il m’arriver ? »

Il fut tellement éprouvé par cela qu’il ne put plus parler. Il traversa une longue période de dépression et d’incertitude profondes. Il décida alors de quitter ses fonctions, s’isola et commença a étudier et à analyser durant deux années (certains ont dit dix années), les différents groupes et pensées et ce de jour, comme de nuit. Au bout de ces années d’étude, il déclara :

« J’en suis venu à la conclusion que la vérité est avec les Soufis et avec les Awliyas qui sont illuminés et qui prennent directement la guidée du Nur de Saydinna Rassul Allâh ﷺ. »

« Je sais de manière certaine, » écrivit-il, « que seuls les (vrais) Soufis marchent dans la voie d’Allâh Ta’ala, que leur manière de vivre est la meilleure, que leur chemin est le plus pur chemin et que leurs vertus sont les plus pures vertus. »

Après cela, il quitta l’Irak et partit en quête d’un Maître spirituel qui puisse l’aider à atteindre Allâh et Son Messager ﷺ. Il le trouva et suivit ses enseignements avec assiduité, jusqu’à atteindre ce qu’il était venu chercher.

Qu’Allâh lui fasse miséricorde, lui accorde ses meilleures récompenses et qu’Il l’honore au Jour du Jugement Dernier.

Wa Allâhu a’alam

 

Les 4 sortes de cœurs

 

D’après une sagesse de Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy [1]

 

 

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Le cœur est le centre de la personne, il en existe 4 sortes et tous font le Tawaf [2] autour de quelque chose. Ça peut être la paresse, l’argent, la possession de biens, la politique, les femmes, la notoriété… c’est-à-dire ce par quoi vos pensées sont occupées et qui devient le centre d’intérêt de vos vies.

Les 4 sortes de cœurs qui font le tawaf sont les suivants, prenez-en conscience et vous deviendrez le quatrième.

1/ La première sorte de cœur concerne des millions de personnes, c’est ceux dont le cœur fait le tawaf de la duniya (ce bas-monde, ses attraits, ces plaisirs…). Le centre d’intérêt de la personne c’est ce bas-monde, elle peut sacrifier sa prière, désobéir à Allâh, mais elle n’abandonnera pas ce qui l’intéresse de ce bas-monde car ses pensées, ses rêves, ses aspirations sont centrées autour de cela. Ne laissez pas votre cœur faire le tawaf autour de la duniya car cela vous détruira. Devenez plutôt la personne autour de qui la dunya fait le tawaf. [3]

2/ La seconde sorte de cœur concerne ceux dont les cœurs font le tawaf des récompenses et de l’au-delà (al-Akhira). C’est une bonne chose, mais l’au-delà, ce n’est pas Allâh. On peut atteindre des degrés plus élevés. La personne a quitté le tawaf des femmes de la duniya, mais maintenant son cœur fait le tawaf des houris et des palaces du Paradis (Jannah). C’est une bonne chose, cela relève de la piété, mais ce n’est pas pour cela qu’Allâh nous a créés. Allâh nous a créés pour Lui-même, pour qu’on L’adore de manière exclusive et non pour qu’on espère les houris ou autres chose du Paradis.

3/ La troisième sorte de cœur concerne ceux qui cherchent à atteindre des hautes degrés spirituels, qui veulent devenir des Wali (Saints), etc. de manière à devenir célèbres ou simplement d’atteindre des rangs élevés (tout comme Sheytan le souhaitait aussi). Ne laissez pas vos cœurs faire le tawaf de ses rangs élevés, car il ne s’agit que de degrés, de rangs et non de Allâh !

4/ La quatrième sorte de cœur, ce sont ceux qui font le tawaf d’Allâh subhana wa ta’ala : ils pensent à Allâh, ils vivent pour Allâh, ils meurent pour Allâh, ils sont éveillés pour Allâh… jour et nuit leur préoccupation est (la satisfaction d’Allâh). C’est ce cœur qu’il faut avoir et si vous échouez, relevez-vous et recommencez à nouveau.

Mawlana Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy رحمه الله a déclaré que tout au long de sa vie, il est resté très vigilant et constant sur cette quatrième sorte de cœur.

L’Imam Hassan al-Basri رحمه الله a déclaré : « Celui qui vit pour la Duniya (ce bas-monde), il perdra la Dunya, al-Akhira (l’au-delà) et Allâh. Celui qui vit en vue d’obtenir al-Akhira, il est possible qu’il perde Allâh, selon sa sincérité. Toutefois, celui qui vit pour Allâh, il obtiendra la Duniya, al-Akhira mais aussi la Satisfaction d’Allâh ». Le meilleur choix est sans aucun doute le troisième. Quand on parle d’acquérir la Duniya, on parle d’obtenir la paix intérieure, chose à laquelle tout être humain aspire, qu’il soit croyant ou non. Les Saints (Awliya Allâh) ne sont pas à la recherche de la paix intérieure, mais ils sont à la recherche du créateur de la paix intérieure. Ceux qui cherchent sincèrement Allâh, obtiendrons tout ce qu’un être humain peut espérer : la paix intérieure, l’au-delà et la satisfaction de leur Créateur.

Qu’Allâh nous accorde le succès.

 

Notes :

[1] Tiré d’une sagesse que Mawlana Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy a reçu de son Sheykh (qu’Allâh leur fasse miséricorde) et rapportée dans un cours par le Sheykh Ahmad Dabbagh (qu’Allâh le préserve).
[2] Tawaf signifie « tourner autour », on parle aussi de circumambulation et cela renvoie généralement pour les Musulmans au fait de tourner autour de la Ka’aba.
[3] La duniya sert alors la personne et non le contraire.

La rencontre entre Ibn al-Jawzi et Abdal Qadir al-Jilani

 

 

La rencontre d'Ibn al-Jawzi et d'Abdal Qadir al-Jilani

 

 

Cette histoire, rapportée par le Sheykh at-Tadifi al-Hanbali raconte comment se déroula la rencontre entre les deux grands Imams Ibn al-Jawzi et Abdal Qadir al-Jilani.

Un jour, l’Imam Ibn al-Jawzi al-Hanbali رحمه الله, accompagné d’un de ses amis, assista à une des assemblées du grand Saint Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani رحمه الله à Baghdad. Sheykh ‘Abd al-Qadir commença à parler des différents Tafsir du Qur’an car il voulait changer le point de vue de l’Imam Ibn Jawzi concernant le Tasawwuf (Soufisme). Il entreprit donc de mettre dans l’esprit de l’Imam Ibn Jawzi l’image réelle du Tasawwuf.

Un verset fut récité il donné l’une des explications (Tafsir). L’ami de l’imam Ibn al-Jawzi dit alors à l’Imam : « Connais-tu ce Tafsir? » Il répondit : « Oui le Tafsir de ce verset est bien connu. » Pour ce même verset, Sheykh ‘Abd al-Qadir donna un second Tafsir, puis un troisième Tafsir, puis un quatrième Tafsir, puis un cinquième Tafsir, puis un sixième, un septième, un huitième, un neuvième… En tout, il donna onze Tafsir de ce verset.

À chaque fois que Sheykh ‘Abdal Qadir al-Jilani donnait un Tafsir, le compagnon de l’Imam Ibn Jawzi lui demanda s’il le connaissait et ce fut le cas pour les onze, car c’est exactement le nombre de commentaires qu’il connaissait de ce verset.

Sheykh ‘Abdal Qadir al-Jilani commença alors à donner un douzième Tafsir, ce qui surpris l’imam Ibn al-Jawzi qui n’avait jamais entendu cela, puis un treizième Tafsir, puis un quatorzième, puis un quinzième Tafsir… Au total, Sheykh ‘Abd al-Qadir donna quarante Tafsir de ce même verset !

L’état de l’Imam Ibn al-Jawzi changea alors complètement, il fut profondément touché et cela le fit revenir sur sa position. Il est rapporté qu’il se leva dans un Haal (état extatique) et qu’il prononça : « La ilaha illa Allâh, Muhammad Rasool Allâh » et qu’il déchira ses vêtements.

Si l’imam Ibn al-Jawzi déchira ses vêtements, c’est parce qu’à cet instant, il comprit le vrai sens du mot « Faqir » [1].

Qu’Allah nous accorde la Barakah dans la compréhension, de la même manière qu’Il l’accorda à l’Imam Ibn al-Jawzi.

 

Notes :

Histoire rapportée par Sheykh Muhammad ibn Yahya at-Tadifi al-Hanbali رحمه الله dans Qala’id al-Jawahir (Colliers de pierres précieuses).

[1] Dans la terminologie du Tassawwuf, le Faqir désigne l’ascète, celui qui est pauvre en Allâh, doté d’une grande sagesse et d’une connaissance du Divin élevée, celui qui est dépourvu d’existence et a tout abandonné en dehors d’Allâh, pour Allâh, en soumission totale à Lui.

À ne pas confondre avec la version hindou de ce mot qui renvoie aux mendiants, aux saltimbanques, à ceux qui se mutilent le corps, etc.

Vous pouvez retrouver la biographie de Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani sur le site islamophile.org

Comment retirer le couteau d’un cœur

 

Tazkiyyah an-Nafs

 

 

coeur blessé

 

 

Lorsqu’une personne nous a causé du tort, nous ne savons pas toujours comment nous devons réagir. Parfois on peut se sentir triste, blessé, souhaiter se venger ou faire payer d’une manière ou d’une autre la personne à l’origine de ce mal. Dans cet article, nous verrons quelques axes permettant à chacun de mieux comprendre comment l’Islam nous demande de réagir afin que le mal que nous avons subi (ou causé) ne se retourne pas contre nous au Jour du Jugement.

D’une manière générale, nous savons qu’Allâh nous enjoint à pardonner.

« Élancez-vous vers un pardon ineffable de votre Maître, hâtez-vous vers un Paradis immense, aménagé aux dimensions des cieux et de la terre, réservé à ceux qui craignent Allâh, à ceux qui dispensent leurs richesses en aumône, qu’ils soient dans la gène ou l’abondance, qui savent dominer leur colère et pardonner à leur prochain. Allâh aime les âmes généreuses ! » [Coran, 3.133]

« … ils oublieront et ils pardonnerons. N’aimez vous pas quand Allâh vous pardonne ? Allâh est Celui qui pardonne. Il est très miséricordieux » [Coran, 24.22]

« Pratique le pardon ; ordonne le bien ; écarte-toi des ignorants » [Coran, 7.199]

L’exemple Prophétique va également dans le même sens. Même lorsque le Prophète subit les pires injustices au point d’être rejeté, frappé, son invocation vers Allâh fut :

« Mon Dieu ! Pardonne à mon peuple car ils ne savent pas. » [Kitab ash-Shifa’ du Qadi ‘Iyyad]

Face à une injustice subie, il existe aussi bien entendu la réponse « légale », c’est-à-dire le recours à la justice, mais ce n’est pas sur ce point que nous nous attarderons dans cet article.

Si naturellement nous nous sentons mal à cause de ce mal dont nous avons été victimes, que nous avons des ressentiments négatifs, des envies de revanches, mais que nous ne les nourrissons pas, que ça vient sans que nous ne le souhaitions, que c’est donc inintentionnel, alors ça ne nous affectera négativement. D’un autre côté, lorsqu’une personne nous fait du tort, il arrive parfois que nous nourrissions cela par la médisance, la calomnie, le mensonge, en planifiant une revanche… et tout cela participe à entretenir ces mauvais sentiments à l’égard de la personne concernée. Celui qui n’entretient pas ces ressentiments ne sera pas affecté (dans sa progression spirituelle et sa relation avec Allâh), tandis que celui qui les entretient s’en trouvera affecté.

Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy (RA) a déclaré :

« Regardez au plus profond de votre cœur pourquoi vous ne progressez pas sur le Chemin vers Allâh ‘azawajal. »

Un jour, certains de ses élèves lui posèrent la question suivante : « Il y a une personne qui semble nous en vouloir mais on ne lui a rien fait du tout. Comment devons nous réagir par rapport à cette personne ? » C’est une situation que nous rencontrons nous aussi parfois. Peut-être avons-nous fait quelque chose sans nous en rendre compte, ou qui a pu être perçue autrement que ce que nous espérions ? Le grand Maître spirituel leur répondit : « Certains d’entre vous ont des secrets très sombres et profonds en eux, des choses obscures ». Il dit alors à ces murideens (disciples) : « J’ai regardé à l’intérieur de vos cœurs et il y a des blocages (obstructions) ». Nous connaissons ce type de situations physiquement lorsque nous avons par exemple du cholestérol et que notre cœur est obstrué. On ne s’en rend pas forcément compte car c’est caché, où alors parfois sur le tard lorsque nous avons des problèmes cardiaques, voire trop tard une fois morts.

S’en rendre compte avant et faire le nécessaire pour recouvrer la santé physique est alors indispensable et vital. Il en va de même pour le cœur (spirituel). Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy se rendit compte de cela chez ces disciples et il les informa qu’ils avaient en eux des blocages qui les empêchaient de se rapprocher davantage d’Allâh. Il leur dit que cela trouvait sa source il y a fort longtemps, peut-être lors de leur adolescence et qu’ils avaient alors du faire du mal à des gens. Ce type d’événements, nous les avons oubliés depuis longtemps, mais Allâh ne les a pas oublié, les anges non plus ne les ont pas oubliés, ils demeurent. C’est la raison pour laquelle une des conditions indispensable pour celui qui désire cheminer vers Allâh, c’est la Tawbah (le repentir) et cela implique de réparer les droits de ceux qui sont concernés (Allâh, le Prophète Muhammad, l’Islam, le Qour’an, les gens concernés…). Une personne peut porter la barbe, un voile, présenter tous les signes extérieurs de la piété mais garder en elle ces noirceurs. Extérieurement on voit un personne pieuse, mais en réalité elle est déconnectée d’Allâh ta’ala.

Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy continua en disant :

« Vous avez fait du mal à des gens, vous les avez poignardé (NDT : sens figuré) et vous avez laissé le couteau dans leur cœur. Allez donc les voir et rectifiez ce qui doit l’être et de cette manière,  vous trouverez ouvertes les portes de la proximité d’Allâh ».

Mais que faire si on ne trouve pas la personne à qui nous avons fait du tort ?  

Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit qu’on peut donner sadaka (aumône) en leur nom, qu’on peut prier pour eux (dou’as), faire des bonnes actions en leur nom (de manière à ce que les récompenses leur reviennent), répandre des bonnes nouvelles à propos de ces personnes (leurs qualités par ex.) de manière à ce que leur honorabilité augmente vis-à-vis des gens.

Mais que faire si nous n’avons rien fait à la personne qui a un ressentiment vis-à-vis de nous ?

Saydinna Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit que si on craint vraiment Allâh et le Jour du Jugement et que nous ressentons qu’Allâh nous interrogera, alors on doit essayer de rectifier la relation que l’on a avec cette personne, lui donner quelque chose, faire quelque chose de bien pour elle, de manière à ce qu’elle n’ait pas matière à se plaindre de nous le Jour du Jugement. Si on ne se sent pas concerné par cela, alors c’est qu’on ne craint pas ce Jour terrible qui est censé nous effrayer à un tel point qu’on doit faire tout notre possible pour rectifier ce qui doit l’être.  Même si on n’a rien à se reprocher, on devrait craindre ce Jour à un tel point où on ne souhaite être questionné sur rien.

A titre d’exemple, le Jour du Jugement, les Chrétiens seront interrogés sur le fait qu’ils associaient ‘Issa (Jésus – ‘alayhi salaam) à Allâh et donc qu’ils l’adoraient en imaginant qu’il était le fils de Dieu. Ils diront pour se défendre que c’est Saydinna ‘Issa qui leur a enseigné cela. Alors, Allâh fera venir ‘Issa pour le questionner et afin qu’il démente devant eux ces fausses allégations. Bien entendu il réfutera cela. Malgré qu’Allâh le sache très bien qu’il n’a jamais prétendu être Dieu ou son fils, et malgré que ‘Issa sache qu’Allâh le sait, il est rapporté que Saydinna ‘Issa sera dans tel état de devoir répondre de cela devant Allâh que son sang sortira par les pores de sa peau. Si un Prophète d’Allâh peut se retrouver dans un état pareil pour devoir témoigner d’une chose dont il est innocent, alors imaginez donc dans quel état nous serons !

– Qu’Allâh nous pardonne et nous facilite ce Jour terrible –

Le précieux conseil de Sheykh ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy est : Faites en sortes que personne n’ait quelque chose à vous reprocher et si c’est le cas, tentez de rectifier le tir.

Wa Allâhou a’alam.

Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

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Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

 

 

Question :

Les quatre grands Imams (Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal) étaient-ils Soufis? Qu’ont dit ces monuments de savoir à propos de cette Science de la Purification des cœurs?

 

Réponse :

Pour débuter cet article [1] et pour faire taire définitivement les détracteurs du Tasawwuf (science de la purification de l’âme), c’est-à-dire ces gens qui taxent les Soufis de bida’a (d’innovations blâmables), de shirk (d’association), voire de koufr (mécréance), nous allons citer leur référence absolue, celui qu’ils nomment le Sheykh de l’Islam (Sheykh al-Islam) : al-Hāfidh Ibn Taymiyya (661-728 H.).

Cela en étonnera surement plus d’un, mais sachez que selon al-Hāfidh Ibn Taymiyya (RahimahuLlâh), les quatre grands Imams : Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal (qu’Allâh les agréé) étaient tous des leaders/Imams dans le HADITH, le TAFSIR, le *TASAWWUF* et le FIQH.

Pour vérifier cela, il suffit de regarder dans son ouvrage Minhaj al-Sunnah [2] :

« أئمة أهل الحديث، والتفسير، والتصوف، والفقه، مثل الأئمة الأربعة وأتباعهم »

 

Donc,  d’après al-Hāfidh Ibn Taymiyya, les quatre imams n’étaient pas juste impliqués dans le Tasawwuf  (le Soufisme), mais ils étaient aussi des imams/leaders dans cette Science !

Je me demande bien qu’elle fatwa effrayante et barbare les pseudo-Salafis d’aujourd’hui vont bien pouvoir émettre contre ces quatre grands Savants (ou même contre ibn Taymiyya) ?

La réalité, c’est que Tasawwuf est un chemin noble et il représente un excellent moyen menant à la purification de l’âme. C’est la raison pour laquelle l’ensemble de la Communauté Musulmane (Ummah) l’a accepté, sauf bien sûr, les Ahl al-Bid’ah (pseudo-Salafis) d’aujourd’hui.

Il y a une autre chose que nous pouvons comprendre à partir de ce texte écrit par l’imam Ibn Taymiyya, c’est que l’Imam Abu Hanifah était un IMAM dans le Hadith. C’est une véritable gifle sur le visage de ceux qui (parmi les Salafis) disent qu’il était da’if  (faible) dans le Hadith.

P.S. Le terme « Ahl-Hadith » fait ici référence à ceux qui étaient les maîtres et les savants du Hadith, et non pas à ceux qui aujourd’hui se font appeler les « Ahl-Hadith » et qui sont seulement connus pour leurs compétences de clavier sur Internet.

Nos frères Salafis ont beaucoup de mal avec le fait que leur référence absolue ait pu tenir de tels propos. Et pourtant, il est rapporté d’ibn Taymiyya qu’il était lui même un Soufi, disciple dans la voie Qadiriyya (celle de l’Imam ‘Abdal Qadir al-Jilaniyy) [3]

Par ailleurs, Ibn Taymiyya a parlé du Tasawwuf et de ce qui s’y rapporte dans différents ouvrages, ses paroles sont donc tout à fait trouvables et vérifiables pour quiconque cherche la vérité :

 

En voici quelques-unes :

« …certains ont critiqué les Soufis et le Soufisme en disant qu’ils étaient des innovateurs, en dehors de la Sunna, mais la vérité est qu’ils s’efforcent d’obéir à Allah (…) Parmi eux on trouve les personnes les plus proches [d’Allah] grâce à leurs efforts (actes) » [4]

« Les prodiges des saints sont absolument vrais et corrects et reconnus par tous les savants musulmans. Le Coran l’a indiqué en différentes places et les Hadîth du Prophète (paix et salut sur lui) l’ont mentionné et celui qui nie les prodiges des saints, est innovateur ou disciple d’innovateurs. » [5]

« Allah Tout-puissant dévoilera à Ses saints des états qui n’ont jamais été dévoilé auparavant et Il leur donnera l’appui sans mesure. Si ce saint commence à parler des choses de l’invisible, passées ou présentes ou futures, cela est considéré comme Bâb Al-‘Ilm Al-khâriq, la connaissance extraordinaire. Tout ce qu’un saint fait qui est de l’extraordinaire, pour les gens ou pour des auditeurs, de guérison ou de connaissance d’enseignement, est accepté et nous devons remercier Allah pour cela. » [6]

« Les grands Sheykhs Soufis sont bien connus et acceptés, tels que : Bayazîd Al-Bistâmi, sheikh Abdul Qâdir Jilâni, Junayd ibn Muhammad, Hasan Fudayl Al-Basrî, Ibn Al-Ayyâd, Ibrahim Ibn Al-Adham, Abî Suleymân ad-Dâranî, Ma‘rûf Al-Karkhî, Siri as-Saqtî, sheikh Hammâd, sheikh Abul Bayân. (…) Ces grands Soufis étaient les leaders de l’humanité et ils appelaient à ce qui était juste et interdisaient ce que Dieu avait interdit de mauvais. » [7]

« J’ai porté le manteau Soufi (khirqa) d’un certain nombre de Sheykhs Soufis, appartenant à des Turuq (voies, confréries) diverses, parmi eux Abdel Qâdir Al-Jîlâni, dont la Tariqa est la plus grande de celles bien connues, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » [8]

« Il est dit qu’après le Sceau des Prophètes (paix et salut sur lui), la révélation ne descend pas sur un autre. Pourquoi pas ? En fait elle descend, mais alors ce n’est pas appelé ‘la révélation’ (mais une inspiration : Ilhâm). C’est ce que le Prophète (paix et salut sur lui) a mentionné quand il a dit, ‘ le croyant voit avec la Lumière de Dieu. ‘ Quand le croyant regarde avec la Lumière de Dieu, il voit toutes les choses : le premier et le dernier, le présent et l’absent. Comment une chose peut-être cachée de la Lumière de Dieu ?… Donc la signification de la révélation existe, même si elle n’est pas appelée révélation. (…) ce qui est considéré comme un prodige pour un saint est que parfois le saint pourrait entendre quelque chose que les autres n’entendent pas ou voir quelque chose que les autres ne voient pas, pas lorsqu’il est endormi, mais dans un état réveillé de vision (mushâhada). Il peut connaître des choses que d’autres ne peuvent pas connaître, par le biais de l’inspiration. » [9]

Etc…

 

Cette introduction étant terminée, nous allons maintenant revenir à nos quatre grands Imams et citer quelques-unes de leurs paroles à propos du Tassawuf :

L’Imâm Abû Hanîfa (85-150 H.) a dit : « Si il n’y a avait pas eu ces deux ans, j’aurais péri. (…) Pendant deux ans, j’ai été le compagnon de Sayyidina Ja‘far as-Sâdiq et j’ai acquis la science spirituelle qui a fait de moi un Connaissant (‘ârif) de la Voie. » [10]

L’Imâm Mâlik Ibn Anas (95-179 H.) a dit : « Celui qui étudie la jurisprudence (tafaqaha) et n’étudie pas le soufisme (tasawwuf) est un pervers (fâsiq); et celui qui étudie le soufisme et n’étudie pas la jurisprudence est un hérétique (zindîq); celui qui allie les deux, atteint la vérité ou est le parfait réalisé (tahaqqaqa). » [11]

L’Imâm Shâfi‘î (150-205 H.) a dit : « J’ai fréquenté des soufis et j’ai tiré profit de ce (compagnonnage) à travers trois de leurs paroles :

– Le temps est comme une épée, si tu ne le coupe pas, il te coupe.
– Si tu n’occupes pas ton âme avec la vérité, elle t’occupe avec l’erreur (ce qui est vain).
– Le manque de protection (une totale indigence ou pauvreté). »

Il a dit aussi :

« j’ai aimé trois choses de votre religion : le fait de ne pas imposer ce qui est (trop) difficile, que les gens se réunissent dans la douceur, (l’amabilité), la suivance (l’imitation) de la voie des gens de ‘Tassawwuf’ » [12].

L’Imâm Ahmad Ibn Hanbal (164-241 H.), avant la compagnie des soufis a dit à son fils : « Oh! Mon fils, sois avec ceux qui étudient le Hadîth, et loin des assemblées de ceux qui se nomment soufis. Car parmi eux, certains ignorent les principes de la religion ». Plus tard, il fut le compagnon de Hamza Al-Baghdâdî, le Soufi ; et il connut les états spirituels des initiés et il dit à son fils : « Sois dans les assemblées de ceux qui sont Soufis, (al-qawm), car par leur fréquentation la science, la vigilance intérieure (al-murâqabah), l’humilité (al-khashiyah), l’ascétisme (az-zuhd) et l’aspiration spirituelle augmentent. »

On a rapporté que l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal a dit des soufis : « Ne sais-tu pas que parmi les groupes, le meilleur est le-leur ? » On a dit : «  Mais, ils font le samâ‘ (chants spirituels) et connaissent l’extase (al-wajd, al-jadhb), il a dit : « Ils appellent à se réjouir en Allah… »   [13]

Il ne s’agit là que d’un échantillon de ce que nos grands Imams nous ont légués comme paroles sur cette noble et indispensable Science de la purification (at-Tasawwuf). Nous espérons que cela suffira à éclairer les cœurs en quête de Vérité.

Qu’Allâh nous facile le chemin de la purification des cœurs, auprès des maîtres authentiques.

Allâhouma sali ‘ala sayidina Muhammad wa ‘ala alihi wa as-sahbihi wa saalam

 

Notes :

[1] La 1ère partie de l’article est basée sur les recherches de Sheykh M. Yasir al-Hanafi

[2] Al-Hāfidh Ibn Taymiyya, Minhaj al-Sunnah (Volume 1, pages 172-173)

L’ouvrage Minhaj Al-Sunnah représente un travail fantastique réfutant les Rawafidh (Chiites) et c’est un livre que nous devrions tous avoir en notre possession et que nous devrions tous avoir lu et nous reconnaissons le mérite qui est dû à al-Hāfidh Ibn Taymiyya pour ce livre.

Pour en savoir plus sur le Soufisme, rdv sur notre page SPIRITUALITÉ (Tassawuf)

[3] Dans un manuscrit unique de Hanbali Yusuf ibn ‘Abd al-Hadi (d. 909 H./1503 CE), intitulé « Bad’ al- ‘ulqa bi labs al-khirqa », découverte dans la bibliothèque de la l’université Princeton, Ibn Taymiyya est inscrit dans une généalogie spirituelle Soufie avec d’autres Savant Hanbalites très connus. Les liens dans cette généalogie sont en ordre de descendance de ‘Abdul Al-Qâdir Al-Jilâni :

– Cheikh ‘Abdul Qâdir Jilâni d. 561 H./1165 CE)
– Abou ‘Oumar b. Qoudama (d. 607 H./1210 CE)
– Mouwaffaq ad-Din b. Qoudama d. 620 H./1223 CE)
– Ibn Ali b. Qoudama d. 682 H./1283 CE)
– Ibn Taymiyya d. 728 H./1328 CE)
– Ibn Qayyim al-Jawziyya d. 751 H./1350 CE)
– Ibn Rajab d. 795 H./1393 CE)

En outre, il y a un autre manuscrit unique, aussi trouvé dans la Bibliothèque Princeton, du travail d’ Ibn Taymiyya lui-même, dans un livre nommé, « Targhib al-Mutahabbin fi labs Khirqat al-Mutammayyazan » par Jamal ad-Din al-Talyani. Voici les propres mots d’Ibn Taymiyya, cités dans son : « al-Mas’ala at-Tabraziyya »: « j’ai porté le manteau Soufi béni de Cheikh Abdul Qâdir Jilâni, ayant entre lui et moi deux cheikhs Soufis. » Dans un autre manuscrit il dit : « J’ai porté le manteau soufi d’un certain nombre de cheikhs Soufis, appartenant à des voies spirituelles diverses, parmi eux Abdul Qâdir Al-Jilâni, dont la Tariqa est la plus grande et la plus connue, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » Après IbnTaymiyya, la lignée continue à travers son étudiant et disciple, Ibn Qayyim Al-Jawziyya et son étudiant Ibn Rajab.

Les références pour ce que nous avons mentionné sont : manuscrit « Al-Hadi » dans la Bibliothèque Princeton, Collection Yahuda, fol. 154a, 169b, 171b-172a; manuscrit « at-Talyani », Chester Beatty, 3296 -8- à Dublin, fol. 67a.

[4] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11. Voir le scan ICI
[5] Passage extrait de Mukhtasar al-Fatawa al-Masriyya.
[6] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11.
[7] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 10.
[8] Passage cité à partir de al-Mas’ala at-Tabraziyya, transmise par Jamal ad-Din al-Talyani dans son Targhib al-Mutahâbbin fi labs Khirqat al-Mutammayyizîn.
[9] Passages cités dans Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra.

[10] Phrase tirée de Durr al-Mukhtâr.

[11] Même si on ne peut pas la relier de manière certaine à l’Imam, la phrase est retenue car rapportée par plusieurs grands spécialistes du hadîth comme Sheykh Ahmad Zarrûq, Sheykh ‘Ali ibn Ahmad al-‘Adawî dans le tome 2 de ses œuvres et par al-Hâfiz `Ali al-Qari al-Harawi, Ibn Ajiba et d’autres.

[12] Phrase citée par ‘Ijluni dans son Kashf al-Khafâ, vol. 1, p. 341.

[13] Phrase citée dans le Tanwir al-Qulûb.

Les facteurs qui déterminent la progression dans la Purification

 

– at-Tazkiyyah –

 

 

purification

 

 

 

Ce n’est pas en regardant les actes d’adoration (jours de jeûnes accomplis, nombres de prières effectuées, temps passé dans le dhikr, type de vêtements portés… ) qu’une personne peut vérifier ses progrès sur la voie de la purification, car il ne s’agit là que de moyens (permettant d’y arriver) et non de la finalité. L’objectif du culte est de vous donner ses fruits, à savoir : un bon caractère, un bon comportement, ce qui plait à Allâh. La meilleure façon de vérifier (le progrès effectué), consiste à questionner son entourage proche. En effet, ils seront capables de dire à la personne sa véritable nature, comment elle se comporte à la maison ou à l’extérieur. Il ne va pas sans dire qu’il peut parfois y avoir un membre de la famille susceptible de biaiser la vérité ou de l’exagérer. Mais à part cela, celui qui souhaite connaitre sa nature et les progrès dans sa purification (tazkiyah) peut le savoir en demandant aux gens autour de lui à propos de son caractère. Ce que dit une personne à propos d’elle-même n’a pas d’importance, ce qui compte c’est ce que disent ceux qui l’entourent.

 

Comment procéder ?

1) Une personne doit demander à sa femme / son mari de lister les bonnes choses qu’elle fait ainsi que les zones sur lesquelles elle a besoin de s’améliorer en termes de caractère. Par exemple, si le mari n’accorde pas assez de temps à sa femme, alors il s’agit d’une chose qui doit être améliorée. Ici, une personne cherche à connaitre son caractère, si la femme se plaint que son mari ne lui achète pas ceci ou cela, ce n’est pas la question, plutôt il s’agit de savoir si ses droits sont bien respectés, si le mari ne lui nuit pas, s’il se comporte bien avec elle, etc.

2) Les parents représentent une grande responsabilité et d’immenses bénédictions car le paradis se trouve sous leurs pieds. Ils sont donc une bonne source à questionner si on souhaite lister les points positifs et négatifs de notre caractère. Les parents donneront une opinion juste de leurs enfants car en règle générale ils souhaitent toujours pour eux le meilleur. Ici, on ne cherche pas à savoir si oui ou non tout va bien à l’université ou si nos parents pensent qu’on gagne bien notre vie, car ce sont là des objectifs de la dunya, et ce n’est pas cela qui est visé dans cet exercice. Ce que l’on cherche à savoir, c’est ce qu’ils pensent de la relation que l’on a avec eux et de notre caractère, de comment on les sert, si on les rend heureux, si on leur rend souvent visite, etc.

3) Quelle est le caractère d’une personne envers sa famille (oncles, tantes, neveux, grands-parents…)?  Ils ont également une image de vous et si quelqu’un leur pose la question, ils sauront également donner de précieuses indications. Par exemple, quelqu’un peut être religieux, mais sa famille pointera du doigt qu’il dit être religieux mais que sur tel ou tel point, ce qu’il fait est en contradiction avec l’Islam. La personne qui pratique l’Islam porte une sorte de drapeau de piété qu’elle brandit pour dire qu’elle agit ainsi parce qu’elle est Musulmane, alors s’il y a conflit entre ce qui est proclamé et ce qui est pratiqué, les gens le souligneront.

4) Les enfants sont un bon moyen permettant de savoir comment nous nous comportons à la maison et ce que nous leur présentons en termes de caractère. Est-ce qu’on est très rude et strict, ou plutôt quelqu’un qui écoute et fait preuve de compréhension. Que voit-il de nous à la maison ?

5) Les voisins. Ils sont aussi des proches et représentent un moyen de déverrouiller et de voir l’image que l’on renvoi et quels domaines doivent être améliorés. Est-ce qu’on ne le dérange pas, est-ce qu’on les aide quand ils en ont besoin, est-on souriant, aimable, etc. Dans tout ce qu’ils diront il y aura surement quelque chose à prendre en vue de s’améliorer.

6) Les partenaires commerciaux et collègues de travail verront quant à eux la personne à travers la lentille du travail. C’est aussi un bon moyen de savoir comment nous sommes en réalité. Cela fournit la base pour voir si quelqu’un qui prie, jeûne et fait d’autres bonnes actions parvient jusqu’aux fruits de l’adoration.

7) Enfin, interroger et regarder le comportement que nous avons vis-à-vis de nos amis, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, ainsi que toute personne avec qui nous sommes en relation, comme la police, les impôts, notre banque, les automobilistes, etc.

De même, celui qui a des animaux sous sa responsabilité, qu’il s’agisse d’un chat, d’une poule, d’un poisson ou d’un âne, peut se demander ce qu’ils diraient de lui si on venait à les interroger.

Ne restez pas avec cette fausse impression de piété, en imaginant que vos adorations (jeûnes, prières…) font de vous une personne pieuse. Si vous désirez connaitre l’état de votre relation avec Allâh, regardez l’état de votre relation avec Sa création.

Êtes-vous en mesure de présenter une feuille blanche quand vous questionnez votre entourage (épouse, enfants…) à propos des défauts de votre caractère ? C’est pourtant là l’objectif de la purification (at-Tazkiyyah). Autrement, qu’avez-vous accompli en termes de Tazkiyyah, de Tassawuf?

Il ne sert à rien de cacher son état. Si vous allez voir un médecin et que vous lui demandez un exposé de votre santé, tout en lui cachant le fait que vous avez un cancer, à qui cela nuira-t-il ? Qui des deux en souffrira ?  Si vous avez une maladie, elle doit être traitée et non pas être cachée, sans quoi elle vous nuira encore et pourrait même s’aggraver (NDT : c’est là le rôle du Sheykh de Tazkiyyah).

Certains pouvaient ne pas accepter le fait que Saydinna Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalaam) était un Prophète, mais personne ne pouvait dire de lui qu’il était une mauvaise personne ou qu’il n’accordait pas son droit à chaque créature avec qui il interagissait.

Le point à garder à l’esprit, c’est que ne sont pas les actes d’adorations optionnels que nous effectuons qui déterminent notre succès, notre progrès et le bon développement du caractère. A vrai dire, il faut regarder la réalité de notre caractère, c’est-à-dire, ce qu’il est en réalité.

Une bouteille peut ressembler et être étiquetée comme contenant de l’eau de Zamzam mais il est possible qu’en réalité elle contienne de l’alcool et ceci est très dangereux et c’est une mauvaise chose. Nous sommes des bouteilles et nous nous sommes nommés Musulmans (soumis et obéissants à Allâh et soucieux du bien être de Sa création). Nous sommes des bouteilles qui marchent, parlent, et notre caractère est notre eau. Un Musulman est plus précieux et digne que l’eau de Zamzam donc il a une grande responsabilité sur la véracité de ses prétentions (son contenu). Telle l’eau de Zamzam qui soigne, guérit, etc. le Musulman doit être bénéfique à ceux avec qui il a des interactions. Les vêtements et l’apparence sont seulement les étiquettes qu’une personne porte et il est facile de prendre n’importe quelle étiquette et de prétendre être ceci ou cela, mais l’intérieur, c’est ce qui transportera réellement une personne en avant, avec l’aspect extérieur comme complément, vers la proximité d’Allah ‘azzawajal.

 

Notes :

Basé sur un dars de Mawlana Ahmad Dabbagh [hafidhuLlâh]

L’effet des Awliyas (Les Amis d’Allâh)

 

 

Awliyas

 

 

Alors qu’il se promenait en ville, le grand Imam et Mutasawwif Abûl Qasim al-Junayd al-Baghdadiyy (radhia Allâhu ‘anhu) passa à proximité de l’endroit où se déroulaient les peines publiques (hadoud). Les gens étaient rassemblés et il y avait là un homme dont on allait couper la main et le pied. Il s’arrêta et demanda pourquoi cet homme allait ainsi être puni. Les gens lui répondirent qu’il s’agissait d’un bandit multirécidiviste. Il avait déjà été attrapé à plusieurs reprises et à chaque fois le Juge (Qadi) lui avait pardonné, mais cette fois-ci, face à ses nombreuses récidives, le juge avait décidé de le punir.

En dépit du fait que sa main et son pied furent coupés, le bandit continua ses activités malhonnêtes et demeura un leader du banditisme. Jusqu’au jour où, commettant un délit de cambriolage, il tua plusieurs habitants de la maison dans laquelle il était en train de voler. Cette fois-ci, suite à ces meurtres, le Juge ordonna qu’il soit exécuté.

Alors que la sentence allait être accomplie, l’Imam Junayd saisit le pied du bandit (celui qui restait) et l’embrassa. Tous les gens présents furent surpris et choqués, car l’Imam était connu comme étant un grand savant et comme faisant partie des personnes les plus pieuses de tous les temps, alors que l’autre n’était qu’un criminel. Ils pensèrent que l’Imam embrassait le pied d’un criminel. Tout le monde se demanda ce qui était en train de se passer. Un des Murids (disciples) présents demanda à l’Imam s’il pouvait donner une nassiha (conseil) afin de retirer toute confusion dans l’esprit des gens et qu’ils ne pensent pas du mal d’un des Awliya d’Allâh.

L’Imam Junayd al-Baghdadiyy répondit : « Ce n’est pas son pied que j’ai embrassé. Cet homme est un multirécidiviste et malgré les punitions infligées, il est resté déterminé. Il possède cette qualité nommée Istiqama (constance). J’aimerai que Junayd soit aussi ferme dans le suivi de la Sunnah de Saydinna Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalam), de sorte que même si ma main allait être coupée je continuerai tout de même la Sunnah, mais je n’ai pas ce courage et il est probable que je chercherai à sauver ma main. Lui sa main et son pied ont été coupés. J’aimerai être aussi constant dans le suivi des Lois d’Allâh et ce, même si je devais perdre une main et un pied. C’est cette qualité d’Istiqama que j’ai embrassé. »

Bien que ce bandit allait être exécuté dans les prochaines minutes, lorsqu’il entendit cela, quelque chose de profond se produisit en lui. Il dit alors : « Assurément, j’ai perdu mon temps tandis que j’avais en moi cette qualité ».

Juste après avoir écouté les paroles de l’Imam Junayd, le bandit se repentit. L’Imam Junayd demanda quelques minutes au bourreau et il transmit au bandit un Dhikr, une nassiha de Tawbah (repentance) et lui demanda de faire istighfar (demander pardon à Allâh). Puis, il s’en alla.

Alors que ce bandit, dans les dernières minutes de sa vie, se dirigeait probablement vers l’enfer, le simple passage d’un Wali lui fut profitable. Et ce n’est pas de Science dont il bénéficia, mais bien de la présence du Wali.

Ainsi, ne sous estimez jamais les bienfaits des Awliyas d’Allâh, cherchez leur compagnie et ne pensez pas du mal des gens, vous ne savez pas comment ils finiront.

Qu’Allâh nous compte parmi ces pieux serviteurs repentis et qu’Il nous fasse bénéficier des Ses Awliyyas.

 

Nos Portes Sont Ouvertes

 

Sheykh Muhammad al-Yaqoubi

 

 

Portes

 

 

Nos portes sont ouvertes ; certains choisissent de regarder de l’extérieur tandis que d’autres frappent à la porte et entrent. Certains parmi ceux qui entrent préfèrent s’asseoir au seuil au service de la maisonnée ; il ne leur faut pas bien longtemps pour être admis.

La plupart des visiteurs entrent, puis s’occupent à regarder la beauté de la maison. Une première boisson est offerte mais tout le monde ne la prend pas, certains ne ressentent pas la soif. La plupart de ceux qui y ont goutté n’en ont jamais assez et s’arrêtent dans le couloir et en demandent encore. Pour eux, il s’agit de l’élixir [1] et à court d’extase, ils continuent de parler de la boisson et en redemandent jusqu’à s’en intoxiquer et ainsi devenir incapables de rejoindre la réception.

Ils oublient que la boisson n’avait pour but que de leur souhaiter la bienvenue et que la nourriture (le repas) est servie plus tard et que de plus grandes satisfactions sont à venir.

Ceux qui sont entrés et se sont assis au banquet ont le plus grand honneur de la compagnie du Propriétaire. Les secrets leurs sont donnés et les voiles leurs sont retirés et ils demeurent dans la maison tandis que les autres restent dans la cour extérieure, ébahis par la beauté de la maison ou intoxiqués par la première tasse.

 

Notes :

[1] C’est-à-dire qu’ils y trouvent une satisfaction et pensent être arrivés à destination, au bout de leur quête. Wa Allâhou a’alam.