Interdiction d’accuser un Musulman de mécréance

 

Hadiths et paroles de Savants

 


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Sheykh Abdal Haqq Muhaddith Dehlvi [1] à déclarer :

« Ces musulmans qui, pour prier, se tournent vers la Kaba à la Mecque sont nommés « Ahl-ul-Qibla », et aussi longtemps qu’ils suivent le Qour’an et la Sunnah et professent le crédo de l’Islam (c’est-à-dire, Il n’y a d’autre dieu qu’Allâh et Muhammad est Son Prophète), nous ne devons pas les traiter de mécréants. [2]Même si les conclusions logiques de leurs déclarations indiquent clairement leur mécréance, nous devrions quand même nous abstenir de les déclarer mécréants à moins qu’ils ne confirment ces mêmes conclusions de par leur obstination.De même, si ces personnes ne semblent ne pas être au courant des conséquences logiques de ce qu’elles disent, la prudence veut que nous nous abstenions de les déclarer mécréants, à moins que le lien entre leur parole et la mécréance soit flagrant. [3]

Chaque fois que possible, nous devrions tenter de trouver une explication absolutrice à ces déclarations, et faire de notre mieux pour dissiper tous les malentendus que nos frères musulmans pourraient entretenir. En aucun cas, nous ne devrions nous précipiter de les inculper pour une erreur ou de les accuser de mécréance.

Il est rapporté dans les traditions (hadiths) que, si un musulman qualifie un autre de mécréant, et que cette autre personne n’est pas mécréante, alors l’accusateur fait de lui-même un mécréant [4]. La même chose s’applique à celui qui en maudit un autre. Si celui qu’il a maudit ne le mérite pas, cela retombera sur le premier qui s’est prononcé [5]. De toute évidence, une bonne dose de retenue devrait être exercée lorsqu’il s’agit de ce type de questions. »

 

Par ailleurs, l’Imam Abu al-Qasim ibn ‘Asakir rapporte dans le Tabyin Kadhib al-Muftari (p. 373-) avec leurs chaines de transmission :

1/ De Khaddash ibn ‘Iyash :

Nous étions assis en cercle à al-Kufa quand un homme d’entre nous dit: « Nous étions assis avec Abu Horayra quand un jeune homme vint à passer. Un homme assis avec nous dit: ?C’est un Kafir, il est parmi les gens du Feu.? Abu Horayra se leva et alla s’entretenir avec l’homme et lui demanda: ?Qui es-tu?? Il répondit ?untel fils d’untel.? Abu Horayra repris: ?Qu’Allah fasse miséricorde à ton père !? Le jeune homme regardait aux alentours, alors il lui demanda: ?Que cherches tu ?? Il répliqua: ?je n’ai pas encore prié.? Abu Horayra l’interrogea: ?Donc tu pries ?? le jeune homme s’exclama: ?Subhan Allah !? Abu Horayra nota : ?Et tu dis Subhan Allah ?? il s’exclama encore ?La Ilaha illAllah !? Abu Horayra remarqua: ?Et tu dis La Ilaha illAllah ?? le jeune homme dit: ?Je préférerais ne pas abandonner la prière même si l’on me donnait tout ce qui est sur la face de la terre.? Abu Horayra dit alors: ?Allah a de la miséricorde pour toi. Allah a de la miséricorde pour toi. Allah a de la miséricorde pour toi. ‘ Alors il revint prendre sa place dans le cercle et dit: ?J’ai entendu le Messager d’Allah dire: « Quiconque porte un témoignage contre un Musulman alors que ce dernier ne le mérite pas, qu’il prépare sa place dans le Feu. »?

2/ De `Ubayd Allah ibn `Umar, from Nafi`:

Un homme dit à Ibn ‘Umar: « J’ai un voisin qui se porte témoin contre moi que je commets du shirk. » Ibn ‘Umar lui répondit: « Dis : ?La Ilaha illAllah? et tu feras de lui un menteur. »

3/ De Sawwar ibn Shabib al-A`raji :

J’étais assis dans la maison de Ibn ‘Umar quand vint un homme qui dit : « O Ibn ‘Umar! Il y a des groupes de gens qui portent témoignage contre nous et nous attribuent le kufr et le shirk. » Ibn ‘Umar lui répondit: « Honte à toi! N’as-tu pas dit ?La Ilaha illAllah? ?! » Alors la maisonnée entière se mit à dire ?La Ilaha illAllah? jusqu’à ce que la maison en tremble.

4/ De al-A`mash, de Abu Sufyan :Nous sommes venus voir Jabir ibn ‘Abd Allah qui vivait à la Meque et qui résidait avec les Banu Fihr. Un homme lui demanda: « Est-ce que vous [les Compagnons] avez déjà traité quiconque parmi les Gens de la Qibla [musulmans], de ‘Mushrik’ ? » Il répondit: « Je cherche refuge auprès d’Allah. » L’homme continua: « Avez vous appelé quiconque parmi eux ‘Kafir’ ? » Il répondit « Non. »

[traduction des passages de Tabyin Kadhib al-Muftari par siddi Abdal Batin de Islam-Sunnite]

On a rapporté d’après l’Imâm Mâlik l’avis suivant : « Quiconque émane de sa part ce qui implique la dénégation sous quatre-vingt-dix-neuf formes, et que la foi n’est impliquée que par une forme, sera considéré comme ayant la foi. » [cité par Sheykh Sayyid Sâbiq]

Lorsqu’on demanda à l’imam Mâlik (RA) de se prononcer sur la secte des Khawarijs (c-à-d- sont-ils mécréants?), ils répondit : « C’est plutôt de la mécréance qu’ils fuirent. ». Cette réponse sage est à la mesure de la Science et de la sagesse de l’imam Mâlik qui malgré la compréhension erronnée de l’Islam de ces gens et leurs exactions sanguinaires les considérait toutefois comme musulmans car quiconque témoigne qu’il n’y a de Dieu que Allâh et que Son Messager est Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam), et qui ne nie pas les piliers de l’Islam et ce qui fait concensus et ai connu de tous, ne peut être sorti de l’Islam (sauf conditions particulières).

Mulla Ali Qari a écrit dans Sharh Fiqh Akbar, au sujet du kufr, : « S’il y a 99 raisons de considérer quelqu’un mécréant et une seule raison de ne pas le considérer comme tel, le mufti et le juge sont tenus de prendre en compte cette raison pour nier la mécréance. » (p.146)Sayyid Muhammad Abidin a écrit : « S’il existe beaucoup de raisons sur une question de l’application de la mécréance [permettant de considérer quelqu’un comme kafir], et une raison permettant sa négation, le juge doit s’incliner vers la raison qui s’oppose à son takfir, donnant au musulman le profit du doute. » (Sil al-Hisan al-Hindi, p. 45)

Husain Ahmad Madani, le théologien Deobandi renommé de ce siècle a écrit dans son autobiographie Naqsh-i Hayat : « Tous les grands savants sont unanimes à considérer que si, sur cent ingrédients qui composent la croyance de certains musulmans, quatre vingt dix neuf sont ceux de la mécréance, et que l’un est celui de la vraie foi Islamique, alors il n’est pas permis de l’appeler kafir, et sa vie ou ses biens demeurent inviolables. » En fait, Hazrat Gangohi [l’un des fondateurs de l’institut Deobandi] indique clairement dans son Anwar al-Qulub que la parole des juristes (à propos des quatre vingt dix neuf motifs) ne fixe pas de limite, et que si 999 points sur mille (de la croyance d’un musulman) indiquent sa mécréance (kufr) et qu’un seul est de la vraie croyance, alors, il ne peut pas être appelé kafir. (Naqsh-i Hayat, Bayt-ut-Tawhid, Karachi, 1953, vol. i. p. 126)

 


Notes du traducteur :

 

[1] Le Sheykh Abdoul Haqq Muhaddith Dehlvi (958/1551 – 1052/1642) fut un grand savant dans la science du hadith, il étudia aussi la Théologie, le Qour’an, l’Arabe, le Perse, la Chari’a, ainsi que le Tassawuf. Il a écrit plus de 40 ouvrages que de nombreux savants utilisent et citent en référence. Parmi ses ouvrages on trouve des commentaires sur les Hadiths et la Jurisprudence, l’histoire, le Soufisme, la Théologie, les Sciences Coraniques, etc. Le Sheykh était également un poète accompli. Dans l’Inde de l’empire Mughal, il était considéré par ses contemporains comme l’autorité finale en matière de Croyance. Il ouvrit en Inde une université Islamique (Dar-ul-‘Uloum) où il enseigna le Qour’an shareef et les hadiths. Il était un homme d’une grande piété. Qu’Allâh verse Ses Bénédictions sur le tombeau de ce très grand théologien. Amin[2] Ce principe fondamental se retrouve aussi dans de nombreux textes de référence comme par exemple :Dans la Tahâwiyyah de l’Imam Abou Dja’far At-Tahâwî (point 54) :

« Nous appelons tous ceux qui prient en direction de notre orientation (Qibla) Musulmans et Croyants, et ce, tant qu’ils reconnaissent et acceptent tout l’enseignement apporté par le Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), qu’ils prennent pour véridique tout ce qu’il a dit et tout ce dont il les a informés. »

Dans la Nadawiyyah de l’Imam ‘Alî An-Nadawî:

« Nous ne déclarons personne comme étant mécréant parmi ceux qui se dirigent vers la Qibla, sauf en cas de négation d’Allâh, Le Constructeur et Le Tout-Puissant, d’adoration d’un autre que Lui, de réfutation de la Résurrection et du Prophète ou d’un autre principe impératif de la religion. »

[3] Le grand ‘Alim, Ahmad Macchour al-Haddad a dit :

« Il y a eu consensus sur l’interdiction de qualifier les gens de la Qiblah (les Musulmans) de mécréant sauf dans les cas suivants :

– La non croyance en le Créateur, le Capable (Allâh)
– Un polythéisme flagrant
– Le rejet de la Prophétie
– La non reconnaissance de ce qui est obligatoire dans la religion ou la négation de ce qui est communément admis par les Musulmans
– La non reconnaissance que le Message est celui de Muhammad (salallâhou ‘alayhi wa salaam)
– La non croyance à la résurrection, au Jugement, au Paradis et à l’enfer. »

[4] « Si un homme traite son frère de mécréant, alors l’un des deux aura mérité cette qualification » [Rapporté par Al-Bukhârî selon Abû Hurayrah]

[5] Le Prophète Muhammad dit à ce sujet :

« Maudire un croyant est comparable au fait de le tuer. » [Al-Bukhârî dans le chapitre du comportement (6105), Muslim dans le chapitre de la foi (110).]

« Ceux qui maudissent ne seront point témoins, ni intercesseurs le Jour du Jugement. » [Muslim dans le chapitre du comportement et des liens (2598).]

« Le Croyant n’est pas celui qui jette le doute sur la bonne réputation des autres, ni le maudisseur invétéré, ni le grossier ». [Rapporté par at-Tirmidhi]

« Ne maudissez pas le vent car il est commandé par Allâh et celui qui maudit une chose qui ne mérite pas d’être maudite la malédiction retourne contre lui » [rapporté par Abou Daoud et at-Tirmidhi]