L’Imam an-Nawawi était Ash’arite

 

– Une réfutation des fausses allégations –

 

Par Abu Layth ash-Shâfi’î [1]

 

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Au nom d’Allâh, le Très-Miséricordieux, le Tout Miséricordieux,
Une des allégations du mouvement Salafi [Wahhabi] est de déclarer que l’Imâm an-Nawawi (radhia Allâhou ‘anhou) n’était pas Ash’arite dans la croyance [‘Aqîda]. C’est un postulat supplémentaire dans leur tentative de réécrire l’histoire afin de la faire pencher en leur faveur. Avant de prouver que l’Imâm an Nawawi était bel et bien Asha’rite, nous devons analyser pourquoi les pseudo-salafis émettent de telles allégations. L’Imam an-Nawawi est un Mujtahid dans l’école Shafi’ite jouissant du plus haut rang, juste après l’Imam ash-Shafi’i ! L’Imam an-Nawawi est respecté par tous les savants Sunnites et même non-Sunnites! Ses ouvrages ont été lus, mémorisés et préservés par chaque génération venant après lui. Il est sans doute l’un des savants les plus connus et les plus présents à l’esprit de la communauté Musulmane. Son commentaire du « Sahih de Muslim » est considéré par beaucoup comme étant le meilleur commentaire de l’histoire de l’Islam. Son livre « al Majmu’ » est considéré comme le seul livre pouvant rivaliser avec al-Moughni d’Ibn Qudama. Si les pseudo-salafis prétendent qu’il est anthropomorphiste et en accord avec leur croyance littéraliste, c’est parce qu’ils ont en face d’eux un savant hautement respecté au sujet duquel il n’existe aucune divergence sur son rang élevé en Islam. C’est pour cette raison que le groupe déviant pseudo-salafi fait tout son possible, n’hésitant pas à utiliser le mensonge, pour prétendre que l’Imam an-Nawawi est un des « leurs ».

Passons en revue les allégations des pseudo-salafis (prétenduments suiveurs des Salafs) :
1) L’Imam an-Nawawi n’est pas cité [comme référence] dans le domaine de la ‘Aqida car il n’est pas en accord avec la méthode des pieux prédécesseurs [Salaf as-Salih] en matière de croyance. Ou en d’autres termes, il n’est pas en accord avec ce que l’intervenant estime être le credo d’Ahl us-Sunnah ! L’Imam An-Nawawi réfute lui-même cette allégation comme vous le verrez par la suite.
2) An-Nawawi aurait « réfuté » le kalam (ou ‘ilm al kalâm). Ils avancent pour cela le fait qu’un Ach’arite ne peut être qualifié ainsi qu’à partir du moment où il adopte le kalâm. Ce n’est pas tout à fait exact, vu qu’il est connu qu’il existe deux méthodes dans l’école des Ach’arites pour aborder le sujet des Attributs d’Allâh.

La position de l’Imâm an-Nawawi selon les gens de la Sunnah (Ahl us-Sunnah)
Il y a 3 façons de déterminer la croyance de l’Imâm an-Nawawi.
1) Analyser ce qu’on dit de lui ses contemporains, tels que ses étudiants, ses compagnons, les autres enseignants, etc…
2) Analyser ce qu’ont dit les savants qui sont venus après lui, concernant sa croyance et son statut chez les Sunnites.
3) Examiner ses ouvrages et déterminer ensuite sa position vis-à-vis du kalâm.
C’est ce que nous allons faire dans cet article.

Qu’ont dit ses étudiants, ses camarades et ses successeurs sur l’acceptation de sa Croyance ?
Le Sheykh ‘Alā’ud-Dīn ibn Al-‘Attār (d. 724 a.h), élève de l’Imām an-Nawawī et un de ses nombreux biographes, témoin de ses prodiges [karamāt] et qui a pris part à beaucoup de ses assises de science, a dit à son sujet :
« … Il était un Savant (‘Ālim), un Adorateur émérite (Rabbānī), sur qui les savants s’accordent concernant son savoir et son rang d’Imām… »
Il a dit aussi :
« Mon Sheykh m’a raconté qu’il donnait 12 cours par jour, afin de lire et d’expliquer à ses élèves les textes. Deux cours pour parler du « Wasit », un cours pour son « Muhadhhab », un cours pour les deux Sahih [i.e. Bukhari and Muslim], un cours spécialement pour le Sahih Muslim, un cours pour le « Luma’ » de ibn Al-Junni, un cours pour revoir Islah al-Mantiq [logique] de Ibn As-Sikkit رحمه الله, un cours sur la langue, un cours sur le Tasrif, un cours de Ussoūl al-Fiqh [fondements de la jurisprudence], un cours sur les « noms des hommes » dans le hadith [أسماء الرجال], et un cours sur les Ussoūul [fondements] de la Religion » [2]
Il a aussi rapporté à ses élèves les différents livres de hadith, comme le rapporte Ibn ‘Attar.
Il y a deux choses à retenir concernant ces paroles de Ibn ‘Attar :
1/ Il y avait un consensus à son époque concernant son rang d’Imâm et au sujet de sa science (alors que les wahhabi veulent nous faire croire qu’il n’est pas une référence en matière de croyance). Ibn ‘Attar exprime ici très clairement qu’il y avait ittifaq [agrément] des savants à propos de sa science, et qu’il était digne de confiance et qu’il comptait parmi ceux chez qui les gens prenaient la science. On reviendra sur ce point plus bas.
2/ Il apprenait et enseignait le kalam (voir l’introduction du  itab At-Tahqiq publié par la Dar Al-Jil page 18) et la logique [al mantiq], un fondement du Kalâm Sunnite. Dans le sunnisme, personne ne peut enseigner cette science sans être bien instruit à son sujet et sans la connaitre en profondeur. Ceci réfute les affirmations de ceux qui disent qu’il n’était pas un savant dans le kalam!

Le titre de Sheykh ul-Islam qui lui a été attribué à l’unanimité prouve que l’on peut prendre de lui dans la ‘Aqida et qu’il a enseigné des ouvrages Asha’rites
Les étudiants, compagnons et successeurs de l’Imâm an-Nawawi lui ont attribué le titre de “Sheykh ul-Islam”. Le titre de Sheykh ul-Islam démontre qu’il a maîtrisé toutes les sciences de l’Islam, et si tel est le cas, alors l’argument des pseudos-salafis selon lequel il n’est pas une référence en ‘Aqîda est rejeté, car ce statut donné par les savants prouve qu’il est une référence dans toutes les sciences. On peut souligner que nous parlons ici de l’agrément des savants Musulmans sur ce titre. Comme l’a remarqué l’Imam as-Sakhawi رحمه الله, il est vrai que certains individus ont exagéré dans l’éloge de quelques Savants en leur attribuant ce titre, sans qu’ils ne le méritent.
L’Imām as-Sakhāwī déclare que “Sheykh ul-Islām” désigne celui qui suit le Livre [Kitāab] et la Sunnah, qui a maîtrisé les Ussoūul [fondements] de la religion, qui s’est plongé en profondeur dans les différents avis qui existent entre les savants de façon à être apte à extraire les arguments légaux à partir des textes, et qui a compris les textes avec brio. [3]
Concernant l’Imam An-Nawawi, l’Imam ash-Sharif Muhammad ibn Al-Hasan Al-Wasiti al-Husayni رحمه الله (d. 776 A.H) a déclaré [4] :
« Le Sheykh, l’Imam, le ‘Alim [savant], le Rabbani, le Hafidh [maître des sciences du Hadith], le Faqih [juriste], le Sheykh ul-Islam de son époque, et d’après son époque. Il a fait partie des savants qui détenaient une connaissance immense et qui ont appliqué [leur savoir]. Il était du nombre des ascètes véridiques, des amis d’Allâh et de ceux qui le connaissent [‘arifin] … »
L’Imam Muhammad Al-Wasiti mentionne aussi ce qu’a dit Ibn Al-‘Attar de tous les cours qu’il avait dans une journée. Il précise qu’en matière de Ussoūl al-Fiqh il aurait passé en revue al-Luma’ de Abi Ishaq et le Muntakhi de l’Imam Fakhrud-Din ar-Razi رحمه الله, et pour les Ussoūl ad-Din, le Irshad de l’Imam al-Haramayn al-Juwayni رحمه الله! Le titre arabe complet du Irshad est : al-Irshad ila qawati’ Al-Adillat fi Usual al-’Itiqad. Le Irshad est un texte de Théologie Sunnite (Kalam) d’un niveau assez avancé écrit par l’un des Maîtres Asha’rites, l’Imam Al-Haramayn Abdul Malik Al-Juwayni, un livre maitrisé, enseigné et propagé par l’Imâm an Nawawi dans ses assises de Science.
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Trois points sont à retenir des textes ci-dessus, concernant notre discussion :
1/ L’Imam an-Nawawi a appris et a enseigné des textes Asha’rites, plus précisément de l’Imam al-Haramayn, et a reçu des ijazaat (permissions d’enseigner). C’est une preuve claire qu’il soutenait l’école Asha’rite, vu qu’il aurait aisément pu apprendre et enseigner d’autres ouvrages.
2/ Il a maîtrisé le Kalam, car enseigner le Irshad nécessite d’atteindre le niveau de Mutakallim (maître du kalâm, théologien) pour l’enseigner correctement! C’est la raison pour laquelle il a reçu de la masse des Musulmans de son époque l’agrément en ‘Aqidah et qu’ils n’ont pas contesté le fait qu’il enseigne ce type de travaux et est attesté qu’il (rahmatullâh ‘alayh) a clairement promulgué les positions de l’école Asha’rite.
3/ Il était un Maître de toutes les sciences de la religion, y compris des Ussoūl ad-Din (Les principes fondamentaux de la religion), science communément nommée ‘Aqida. Ce point réduit à néant l’argument des pseudos-salafis disant qu’il n’est pas une référence dans cette science ! Il a été appelé « Sheykh ul-Islam » par ces contemporains, ses étudiants et ceux qui lui ont succédé.
Parmi ceux qui lui ont attribué le titre de « Sheykh ul-Islam », nous pouvons citer entre autres l’Imam as-Sakhawi (Hayat Al-Imam an-Nawawi), l’Imam as-Suyuti [qui lui-même a reçu ce titre par d’autres savants] (voir Minhaj as-Sawi), l’Imam as-Subki dans ses Tabaqat, l’Imam Ibn Qadi Shuhbah et bien d’autres encore.

Ses positions dans la ‘Aqîda correspondent parfaitement à l’école d’Abul-Hasan Al-Asha’ri
L’Imam as-Subki stipule qu’il existe deux méthodes dans l’école d’Abul Hasan Al-Asha’ri concernant les Sifat d’Allâh (attributs), qu’il a également attribué à l’Imam al-Juwayni dans son ouvrage Risalat an-Nithamiyyah :
1/ Al-Imrar (passer sur les textes comme ils sont parvenus, sans en aborder le sens) et laisser la compréhension/le sens de ces textes à Allâh, tout en reniant tout ce qui ne sied pas à Allâh comme la ressemblance avec les créatures, l’anthropomorphisme, etc… Cette méthode est communément appelée at-Tafwid.
2/  At-Ta’wil qui consiste à interpréter les textes qui sont problématiques (ambigus) dans le sens où leur lecture littérale entraine l’anthropomorphisme, tout en restant en accord avec ce qui est connu dans la langue Arabe. [5]
L’Imam An-Nawawi a suivit ces deux chemins disant qu’ils étaient tous deux la voie des Salaf [pieux prédécesseurs], concernant les textes. Il n’a jamais dit qu’il fallait prendre ces textes au sens littéral strict, comme le disent les pseudo-salafis, et il a même renié cela, comme nous allons le voir plus bas. Vous verrez aussi que l’Imam an-Nawawi a utilisé le kalam (credo et preuves rationnelles) pour réfuter les anthropomorphistes.
Voici le commentaire qu’il fait concernant la « descente » d’Allâh (an-nouzoûl) [6] :
هذا الحديث من أحاديث الصفات، وفيه مذهبان مشهوران للعلماء: أحدهما وهو مذهب السلف وبعض المتكلمين أنه يؤمن بأنها حق على ما يليق بالله تعالى وأن ظاهرها المتعارف في حقنا غير مراد، ولا يتكلم في تأويلها مع اعتقاد تنزيه الله تعالى عن صفات المخلوق وعن الانتقال والحركات وسائر سمات الخلق، والثاني مذهب أكثر المتكلمين وجماعات من السلف وهو محكي هنا عن مالك والأوزاعي على أنها تتأول على ما يليق بها بحسب مواطنها، فعلى هذا تأولوا هذا الحديث تأويلين أحدهما: تأويل مالك بن أنس وغيره، معناه تنزل رحمته وأمره وملائكته، كما يقال فعل السلطان كذا إذا فعله أتباعه بأمره، والثاني: أنه على الاستعارة ومعناه الإقبال على الداعين بالإجابة واللطف.
« Ce hadith fait partie de ceux qui traitent des attributs d’Allâh. Il y a au sujet de ces hadith, deux voies principales (madhhab) au sujet de la croyance, que nous avons déjà clarifié dans le livre au sujet de la Foi [c.a.d. le chapitre de la Foi dans le recueil de hadith de Muslim], et le résumé en est :
1/ L’un de ces madhhabs est celui de la plupart des Salafs, et de quelques-uns des Mutakallimin [c’est-à-dire des théologiens, qui sont venus après le salaf], qui consiste à croire en ces textes comme étant véridiques, en fonction de ce qui convient à Allâh, et que leur sens apparent (dhahiriha) que nous connaissons, n’est pas le sens visé, et évitant de parler de son interprétation, avec la conviction que Allâh est exempt des attributs des créations, et entièrement exempt du mouvement, du déplacement, et du reste des autres états de la création.
2/ La seconde voie est le madhhab de la plupart des Mutakallimin et d’une partie du Salaf, et qui est rapportée de Mālik, et d’al-Awza’i. Elle consiste à interpréter les textes en fonction de ce qui est digne de Allâh. Ils l’ont fait et ils ont interprété ce hadith avec deux explications : l’une d’entre elles est un ta’wil (interprétation) par Mālik ibn Anas et d’autres, qui a dit : « il s’agit de Sa Miséricorde (Rahmah), Son Ordre (amr) et Ses anges qui descendent, comme on peut dire: “le Sultan a fait ceci” alors que cela a été fait effectivement par des personnes sous son commandement [et non par lui personnellement] ». Le deuxième type d’explication est que ceci est au sens figuré, c’est-à-dire que le sens serait que ceux qui L’invoquent seront acceptés et qu’il seront exaucés et recevront des “bonnes choses” (al-lotf) de la part d’Allâh. » [7]
Remarquez que l’Imam an-Nawawi rejette complètement le sens littéral, qui est la méthode empruntée par les pseudo-salafis, concernant la « descente » d’Allâh, et dit que la voie des Salafs et des Mutakallimin se limite au tafwid et au ta’wil. Notez qu’ici il adopte uniquement les deux méthodes de l’école Ash’arite (ndt : celle des Salafs et de leurs successeurs), rejetant tout autre façon d’aborder la chose, comme l’indique sa parole “deux opinions”… En d’autres termes, rien d’autre !
L’Imam an-Nawawi a cité également l’Imam Malik ailleurs dans son commentaire du Sahih de Muslim concernant la question de la « descente » d’Allâh,
فقد سئل الإمام مالك رحمه الله عن نزول الرب عزّ وجلّ، فقال “ينزل أمره تعالى كل سَحَر، فأما هو عزّوجلّ فإنه دائم لا يزول ولا ينتقل سبحانه لا إله إلى هو
L’Imam Malik fut questionné concernant la « descente » d’Allâh et il dit : « Allâh, Majestueux, Son ordre (commandement) descend chaque nuit, et comme pour Allâh ‘azza wa jall, il est éternel, il ne bouge pas, ni ne se déplace, qu’Il soit glorifié, et il n’y a point de divinité en dehors de Lui ! » [6/37]
Quant il a été questionné sur  le hadith de la femme esclave (ou hadith de la servante), laquelle à la question « Où est Allah ? » aurait répondu par « dans le ciel », l’Imam Malik a déclaré :
هذا الحديث من أحاديث الصِّفات، وفيها مذهبان تقدَّم ذكرهما مرَّات في كتاب الإيمان: أحدهما : الإيمان به من غير خوض في معناه، مع اعتقاد أنَّ الله ليس كمثله شيء،وتنزيهه عن سمات المخلوقات.
والثَّاني:تأويله بما يليق به. فمن قال بهذا – أي التأويل – قال: كان المراد امتحانها هل هي موحِّدة تقرُّ بأنَّ الخالق المدبِّر الفعَّال هو الله وحده، وهو الَّذي إذا دعاه الدَّاعي استقبل السَّماء، كما إذاصلَّى المصلِّي استقبل الكعبة،وليس ذلك لأنَّه منحصر في السَّماء، كما أنَّه ليس منحصراً في جهة الكعبة، بل ذلك لأنَّ السَّماء قبلة الدَّاعين، كما أنَّ الكعبة قبلة المصلِّين.
أو هي من عبدة الأوثان العابدين للأوثان الَّتي بين أيديهم، فلمَّا قالت: في السَّماء علم أنَّها موحِّدة وليست عابدة للأوثان.
« Ce hadith fait partie des hadiths sur les attributs d’Allâh. Il a suscité deux opinions (madhhab) que j’ai toutes deux mentionnées dans le chapitre de la Foi. La première est d’y croire sans en chercher le sens, tout en gardant à l’esprit que rien n’est semblable à Allâh et qu’Il est exempt des attributs propres aux créatures. Et la seconde opinion consiste à interpréter d’une façon qu’il Lui sied. » [… puis il cite les interprétations …] » [8]
Encore une fois ici, l’Imam an-Nawawi ne fait aucune mention de l’école des littéralistes qui s’engouffrent dans le sens littéral des textes et qui affirment ceci pour Allâh! L’Imam cite seulement les deux méthodes qui sont conformes à l’école Ash’arite!
Il dit également dans son commentaire (Sharh) du Sahih de Muslim :
إن الله تعالى ليس كمثله شيء وإنه منزّه عن التجسيم والانتقال والتحيز في الجهة وعن سائر صفات المخلوق
« Certes rien n’est semblable à Allâh ta’ala, il est exempt du tajsim (corporalité), du déplacement, et de la localisation, et du reste des attributs propres aux créatures. » [3/19]
C’est exactement les termes de l’école Ash’arite dans leurs textes quand il est question d’Allâh.
Et c’est en contradiction totale avec la croyance d’Ibn Taymiyya رحمه الله qui déclarait ne pas nier le “jism“ [le corps/la corporalité] pour Allâh. Il a dit :
« Il est bien connu que le Livre (Qour’an), la Sunnah, et le Consensus ne mentionne nulle part que tous les corps [ajsaam] sont créés, et il est dit nulle part qu’Allâh Lui-même n’est pas un corps ! Ni aucun des Imams parmi les Musulmans n’a jamais dit une telle chose. Par conséquent, si je choisis également de ne pas le dire, ça ne m’expulse pas de la fitra ni de la Shari’ah! ». [9]
De telles absurdités ne font que démontrer l’ignorance d’Ibnou Taymiyya en matière de ‘Aqida. Il est dit dans « Le Livre » qu’Allâh n’est pas un corps quand Il dit « Rien ne lui est semblable, et Il est As-Sami’ al-Basir! ». C’est un verset qui rejette toute notion de similitude entre Allâh et la création! Pour la raison que le jism [corporalité/corps] est un attribut des créatures, et constitue un tamthil [ressemblance]. Allâh ne s’est jamais attribué un corps [jism], alors qu’Ibn Taymiyyah est plus qu’heureux de lui en attribuer un, qu’Il soit Exalté de ce que ces gens déviants lui ont attribué !
Allâh a dit dans le Qour’an :
فَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَىٰ عَلَى اللَّهِ كَذِبًا أَوْ كَذَّبَ بِآيَاتِهِ
« Qui est plus injuste que celui qui forge des mensonges sur le compte de Allâh, ou qui traite Ses signes d’imposture? » [10]
Le Qour’an affirme donc qu’Il n’est pas un corps. Une question reste à poser aux partisans du Tajsîm (car c’est clairement du tajsîm) : Où Allâh s’est-Il donc attribué un « corps » ? Quelle preuve avez-vous ? Ou bien est-ce dû au fait que vous preniez les versets parlant de « main », « tibia », « hauteur », « pied », « œil » au sens littéral, imaginant ainsi Allâh à la manière des chrétiens païens, comme un corps [jism], mais différents des autres corps. En d’autres termes, avec une main plus grande que celle des humains. Ces gens ont inventé un mensonge sur Allâh en Lui attribuant de qu’Il a rejeté pour Lui-même! [11]
L’Imam an-Nawawi est à l’opposé de la croyance d’Ibn Taymiyyah. En fait, l’Imam an-Nawawi ne reconnait même pas l’école [méthodologie] d’Ibn Taymiyyah comme faisant partie d’Ahl us-Sunnah, comme vous pouvez le voir dans son commentaire du Sahih de Muslim, où il rejette le sens littéral et ce qu’il laisse entendre.
L’Imam an-Nawawi dit aussi dans son Sharh (commentaire) du Sahih de Muslim :
من العلماء من يمسك عن تأويلها ويقول نؤمن بأنها حق وأن ظاهرها غير مراد ولها معنى يليق بها وهذا مذهب جمهور السلف
وهو أحوط وأسلم والثاني أنها تتأول على حسب ما يليق بتنزيه الله تعالى وإنه ليس كمثله شيء
« Et parmi les savants il y a ceux qui s’abstiennent de faire le ta’wil [interprétation] et qui disent  : « nous croyons que c’est la vérité et que le sens littéral n’est pas celui visé, et que la signification [le sens] est celui qui sied à Sa Majesté et c’est là la voie de ma majorité des Salafs, et cette voie est la plus sûre et la plus saine ». La seconde méthode est celle qui consiste à interpréter les textes d’une manière qui convient à Sa Majesté, en rejetant toute imperfection au sujet d’Allâh ta’ala, et en se rappelant que « Rien n’est tel que lui »! » [16/166]
L’Imam an-Nawawi cite également l’Imam al-Mazari رحمه الله, le Malikite Asha’rite, en réfutation de la croyance d’Ibn Qutaybah selon laquelle Allâh procède une « image pas comme les autres images », en se basant sur le hadith qui dit « Allâh a créé Adam à Son image… ».
Il déclare :
ال المازري وقد غلط بن قتيبة في هذا الحديث فأجراه على ظاهره وقال لله تعالى صورة لا كالصور وهذا الذي قاله ظاهر الفساد لأن الصورة تفيد التركيب وكل مركب محدث والله تعالى ليس بمحدث فليس هو مركبا فليس مصورا قال وهذا كقول المجسمة جسم لا كالأجسام لما رأوا أهل السنة يقولون الباري سبحانه وتعالى شئ لا كالأشياء طردوا الاستعمال فقالوا جسم لا كالأجسام والفرق أن لفظ شئ لا يفيد الحدوث ولا يتضمن ما يقتضيه وأما جسم وصورة فيتضمنان التأليف والتركيب وذلك دليل الحدوث قال العجب من بن قتيبة في قوله صورة لا كالصور مع أن ظاهر الحديث على رأيه يقتضي خلق آدم على صورته فالصورتان على رأيه سواء فإذا قال لا كالصور تناقض قوله ويقال له أيضاً إن أردت بقولك صورة لا كالصور أنه ليس بمؤلف ولا مركب فليس بصورة حقيقة وليست اللفظة على ظاهرها وحينئذ يكون موافقا على افتقاره إلى التأويل واختلف العلماء في تأويله فقالت طائفة الضمير في صورته عائد على الأخ المضروب وهذا ظاهر رواية مسلم وقالت طائفة يعود إلى آدم وفيه ضعف وقالت طائفة يعود إلى الله تعالى ويكون المراد إضافة تشريف واختصاص كقوله تعالى ناقة الله وكما يقال في الكعبة بيت الله ونظائره والله اعلم
Il rejette l’approche littéraliste de ce hadith, comme celle d’Ibn Qutaybah رحمه الله. Remarquez qu’il utilise le kalâm Sunnite des Asha’rites qui dit qu’une « image » implique automatiquement le tarkib [être composé d’éléments ou de parties] et tout ce qui a un tarkib est muhdath [crée], et Allâh ta’ala n’est pas créé. C’est ici un argument de Kalâm rationnel et c’est une autre preuve contre les anthropomorphistes, et il est utilisé ici par l’Imam an-Nawawi pour réfuter cet insolent credo!
Un autre texte très clair de l’Imam an-Nawawi professe le credo Asha’rite vis-à-vis des Attributs d’Allâh dans son œuvre monumentale « al-Majmu‘ ».
Il y déclare :
اختلفوا في آيات الصفات وأخبارها هل يخاض فيها بالتأويل أم لا؟ فقال قائلون تتأول على ما يليق بها، وهذا أشهر المذهبين للمتكلمين، وقال آخرون: لا تتأول بل يمسك عن الكلام في معناها ويوكل علمها إلى الله تعالى ويعتقد مع ذلك تنزيه الله تعالى وانتفاء صفات الحوادث عنه، فيقال مثلاً: نؤمن بأن الرحمن على العرش استوى، ولا نعلم حقيقة معنى ذلك والمراد به، مع أنا نعتقد أن الله تعالى ليس كمثله شيء، وأنه منزه عن الحلول وسمات الحدوث، وهذه طريقة السلف أو جماهيرهم وهي أسلم
« Il y a une divergence concernant les versets traitant des attributs d’Allâh et leur narration. Doit-on les interpréter ou non ? Une partie des savants disent qu’ils doivent être interprétés en accord avec ce qui sied à Allâh, et c’est l’opinion la plus répandue parmi les deux écoles des Mutakallimīn. L’autre groupe soutient qu’on ne doit pas interpréter,  et qu’on doit plutôt s’abstenir de parler des significations et de confier le sens à Allâh tout en croyant en l’absence d’attributs propres aux créatures à Son sujet. Ils disent par exemple « Nous croyons que ar-Rahman ‘alal ‘arsh istâwa – [littéralement traduit par : « le Miséricordieux s’est Etablit sur le Trône »], et nous ne connaissons pas la réalité du sens visé par ces paroles, et nous y croyons tout en croyant également que rien n’est tel que Allâh, et qu’Il n’est pas concerné par le Hulūl et les caractéristiques des choses créées [al-hudūth], et c’est la voie des Salafs, en majorité, et c’est la voie la plus sûre. »
Al-Hulul est le fait de « résider dans » ou l’incarnation du Divin dans une chose créée, qu’il s’agisse d’un endroit ou d’une qualité. On retrouve ici encore citées les deux écoles [méthodes] des Ash’arites, qui sont le « tafwid » et le « ta’wil », ainsi que le rejet (à nouveau) du sens littéral. Regardez comme Sheykh ul-Islam l’Imam an-Nawawi emprunte l’école des pieux Salafs (le tafwid), et non la voie des littéralistes!
Une autre preuve indiquant l’Ash’arisme de l’Imam an-Nawawi est l’ éloge qu’il fait de l’école d’Abul Hasan al-Asha’ri dans « Tahdhib al-Asma’i wal-Lughat », dans son introduction concernant Ustadh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī رحمه الله :
وكان الأستاذ أحد الثلاثة الذين اجتمعوا في عصر واحد على نصر مذهب الحديث والسنة في المسائل الكلامية , القائمين بنصر مذهب الشيخ أبي الحسن الأشعري , وهم الأستاذ أبو إسحاق الإسفراييني والقاضي أبو بكر الباقلاني والإمام أبو بكر بن فورك
« Ce professeur [Ustadh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī] était l’une des trois personnes qui ont se sont réunie à l’époque pour secourir le madhdhab du Hadīth et la Sunnah dans les questions de Kalām, et ils ont été constants dans leur support de l’école du Sheykh Abil Hasan Al-Asha’rī  et ils [les trois] étaient al Ustādh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī, le Qāḍī Abū Bakr al-Bāqilānī, et l’Imām Abū Bakr ibn Fūrak. »
L’Imam an-Nawawi décrit ici l’école Ash’arite comme « le madhhab du hadith et de la Sunnah dans les questions de Kalam », il s’agit là d’un éloge évident en faveur de l’école Ash’arite.

Conclusion : Les Déclarations l’Imam Adh-Dhahabi et de l’Imam as-Sakhawi
L’Imām adh-Dhahabī رحمه الله a dit dans son « Tārīkh al-Islām » concernant l’Imām an-Nawawī :
إن مذهبه في الصفات السمعية السكوت ، وإمرارها كما جاءت ،وربما تأول قليلاً في شرح مسلم.
« En vérité, son école [sa méthodologie] pour aborder les attributs était as-sukūt [de rester silencieux]. Ils les citaient comme ils sont venus et il les a interprété un petit nombre de fois dans son commentaire du Saḥīḥ de Muslim! »
L’Imam As-Sakhawi a cité ces mêmes paroles et a ensuite ajouté [dans sa biographie de l’Imam An-Nawawi] :
كذا قال، و التأويل كثير في كلامه
« C’est ce qu’il disait! Et on trouve beaucoup de ta’wīl (interprétations) dans ses paroles ! »
Il a également dit page 36,
وصرح اليافعي والتاج السُّبكي  رحمهما الله  أنه أشعري
« Il était Ash’arite comme l’ont rapporté l’Imam al-Yafi’i et At-Taj As-Subki [qu’Allâh leur fasse miséricorde] »
Et les mots exacts d’as-Subki dans ses « Tabaqat ash-Shafi’yya » sont :
فإن النووي أشعري العقيدة
« … et en vérité, An-Nawawi était Ash’arite dans la ‘Aqîda! »

Une réponse à une affirmation des pseudos-Salafis
Nous sommes tombés sur un article qui présupposait que l’Imam an-Nawawi ne pouvait être Asha’rite car il a critiqué certains des Mutakallimin (ceux qui utilisent le kalam) qui ont dit qu’il est nécessaire d’utiliser le kalâm pour atteindre la connaissance d’Allâh. L’Imam an-Nawawi a violemment critiqué cette position, aucun doute là-dessus et il a précisé que ce n’est pas la position de la majorité. Cependant, sa condamnation de ces Mutakallimin soutenant cet avis prouve également que l’Imam an-Nawawi était un Asha’rite et un Mutakallim.
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 » … et cette opinion (qawl) est tenue par plusieurs Mu’tazilites, et certains de nos compagnons Mutakallimin, et il s’agit d’une erreur évidente … »
Il qualifie ici les « Mutakallimin » comme étant « ses compagnons ». L’Imam an-Nawawi dans son Majmu’ utilise le terme “As-habnaa” pour qualifier les gens de son école (Shafé’ite) et il utilise la même formule ici pour son école Ash’arite! C’est clairement une déclaration d’appartenance à la même école de kalâm!
Et il a utilisé ce terme à plusieurs reprises dans son Sharh du Sahih de Muslim. Il dit à un autre endroit :
ومنها إثبات كرامات الأولياء وهو مذهب أهل السنة خلافاً للمعتزلة ، وفيه أنّ كرامات الأولياء قد تقع باختيارهم وطلبهم ، وهذا هو الصحيح عند أصحابنا المتكلمين
« … et ceci [dans le texte] est l’affirmation des prodiges [karamât] des amis d’Allâh [awliya’] et c’est le madhhab d’Ahl us-Sunnah, en opposition avec le credo Mu’tazilite […] et c’est l’opinion correcte [sahih] selon nos compagnons Mutakallimin! »
Il dit également dans son Sharh al Muhadhhab :
قال أصحابنا المتكلمون
« Nos compagnons Mutakallimin ont dit » (1/174)
Ceci concorde complètement avec tout ce que nous avons démontré et avancé tout au long de cet article ; c’est-à-dire que l’Imam enseignait le Kalam, l’utilisait et approuvait la méthode des Asha’rites. Il suffit pour vérifier cela de regarder dans son Sharh (commentaire) du Sahih Muslim et dans son « al Majmu’ » la manière dont il traite des Attributs d’Allâh. Il est, sans aucun doute, comme l’ont dit les Imams al-Yafi’i et Taj As-Subki, un Imam Asha’rite!
Tout ceci prouve clairement que les salafis ont menti sur l’Imam an-Nawawi – tout comme certains d’entre eux ont coupé des pans entiers dans ses ouvrages comme dans les Adhkaar! Cela est pour eux une nécessité compte tenu du fait que les Imâms de l’Islam n’ont pas la même croyance qu’eux, ils doivent donc déformer (ou supprimer) les paroles et opinions de ces Imams pour justifier leurs tendances anthropomorphistes! Mais Allâh a dit : « La malédiction d’Allâh est sur les menteurs » !

L’Imam An-Nawawi a mis en garde les profanes sur l’apprentissage du Kalâm Sunnite
L’Imam an-Nawawi, tout comme l’Imam al-Ghazzali, a mis en garde les gens de la masse (non avertis) sur le fait de plonger dans le kalâm, sans qu’il n’y ait une nécessité (pour dissiper un doute à ce sujet par ex.).
Voici les paroles de l’Imâm an Nawawi, traduites par le Sheykh Asha’ri et Sufi Nuh Keller dans son ouvrage « Reliance of the Traveller ». (Les « A » entre crochets [] sont les commentaires du Sheykh Abdul-Wakil Durubi).
« Comme pour les obligations de base de l’Islam, et ce qui concerne les principes de la foi, toute personne doit croire avec conviction ce qu’a rapporté le Messager d’Allâh sans émettre aucun doute à ce sujet. Quiconque procède ainsi n’est pas tenu d’apprendre les preuves de la scolastique. Le Prophète n’a exigé pas exigé davantage que ce que nous avons mentionné, ni d’ailleurs les 4 premiers Califs, ni les autres compagnons du Prophète, ni les premières générations de Musulmans venus juste après eux. Il convient plutôt au commun des gens et à la grande majorité de ceux qui apprennent la Science Sacrée d’éviter de discuter des subtilités de la théologie scolastique, de peur qu’une corruption difficile à éliminer prenne place dans leurs convictions religieuses de base. Il est plutôt préférable pour eux de se limiter de ce qu’on a mentionné plus haut avec certitude. Notre Imam Shafi’i a même été plus loin en disant que s’engager dans la théologie scolastique est interdit. [A : Il est ici question de la théologie scolastique hérétique qui proliférait à son époque et plaçait les théories rationnelles au dessus du Qour’an et de la Sunnah, et non la science de la théologie (`ilm al-tawhid) avec laquelle les savants Ash’arites et Maturidites ont clarifié et détaillé les principes de la foi de l’Islam Sunnite qui constitue une part importante des sciences Islamiques]. Il a insisté sur son interdiction, sur la punition sévère qui attend ceux qui s’y engagent, sur la disgrâce de s’y adonner et sur l’énorme péché que cela représente. Il a dit :
« Il est meilleur pour un serviteur de rencontrer Allâh avec n’importe quel péché hors idolâtrie (shirk) que de Le rencontrer coupable de théologie scolastique »
Il existe d’autres paroles, nombreuses et bien connues, dans lesquelles il exprime la même opinion. Mais si quelqu’un à des doutes [qu’Allâh nous en préserve] sur un des principes de la foi dont la croyance est obligatoire et que ces doutes ne peuvent être effacés par un autre moyen que l’étude des preuves des théologiens alors il devient obligatoire pour la personne d’apprendre afin de dissiper ces doutes et d’acquérir une croyance correcte sur cette question.
Un cas similaire a été rapporté par un élève de l’Imām ash-Shāfi’i (l’Imam al-Muzanī), qui démontre à la fois la nécessité de défendre la vérité de manière équivalente et dans les différences d’intelligence et de compréhension qu’Allâh a octroyée :
« J’ai débattu avec un homme qui m’a posé des questions qui m’ont fait douter dans ma religion. Je suis allé voir l’Imam ash-Shafi’i et je lui ai exposé l’affaire. Il m’a dit : « Où es-tu ?! », j’ai répondu « dans la mosquée ! ». Il m’a dit : « Non ! Tu es à Taran [un tourbillon dans la mer Rouge] et ces vagues se sont écrasées sur toi ! C’est la question favorite des athées et de leurs pairs [puis il donna à l’Imam Muzani la réponse]. Il vaut mieux pour un homme d’être jugé avec tous les maux de la terre que d’être jugé avec du Kalâm! »
L’Imam Al-Bayhaqi رحمه الله a commenté cette histoire dans son « Manāqib » :
« Ceci démontre l’excellente connaissance de l’Imam ash-Shāfi’i sur la de la question et l’obligation d’exposer les ambiguïtés des athées en cas de besoin. Par le mot kalam, il vise l’athéisme des athées et les hérésies des innovateurs, et Allâh est plus Savant! » [12]
Ainsi, lorsque le besoin s’en faisait sentir, l’Imam An-Nawawi ne se contente pas de recommander Kalam, il le rend wâjib [obligatoire] ! Que ceux qui disent que l’Imam an-Nawawi n’était pas Asha’rite méditent là-dessus : il a rendu obligatoire le Kalâm Sunnite des Ash’arites quand cela a été nécessaire [13], alors comment pourrait-il le considérer comme illégitime alors qu’il l’a rendu par ailleurs obligatoire en cas de besoin? L’Imam an-Nawawi était bel et bien un Asha’rite, qui a supporté cette école, utilisé ses preuves et ses travaux. Il a été cité par les savants de cette école et a déclaré qu’il était nécessaire d’apprendre les arguments si besoin.
Et notre succès suprême est auprès d’Allâh!
Que les bénédictions d’Allâh soient sur le Prophète Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam), sa famille et ses disciples ! Ameen.

Notes :
[1] Le frère Abu Layth ash-Shâfi’î est étudiant en Sciences Islamiques et également webmaster du site www.Shafiifiqh.com.
Article traduit en collaboration avec l’équipe francophone de Shafiifiqh (Ilhem Al-Mâlikiyya). Baraka Allâhou fikoum.
[2] Al-Minhaj As-Sawi fi Tarjamat Imam An-Nawawi, pages 57-60
[3] Al-jawahir wad-durar
[4] Al-Matalib Al-’Aliyyah fit-Tabaqat ash-Shafi’iyya
[5] Tabaqat Ash-Shafi’iyyah 5/191
[6] Sharh du Sahih de Muslim
[7] Sharh Sahih Muslim – Kitab Salat al-Musafirin
[8] Pour plus d’information sur le hadith de la servante, appelé aussi hadith de la femme esclave, lire l’article se trouvant ICI 
[9] At-Ta’sis 1/118
[10] Qour’an, sourate 7, verset 37
[11] Ceci est confirmé par ce récit, rapporté par le Sheykh Nuh Ha Mim Keller, dans lequel Mawlana Abdullâh Kakakhail, un savant d’Islamabad spécialiste de la Croyance Islamique (usûl ad-din) raconte une discussion qu’il a eue alors qu’il était étudiant, avec le vice-recteur de l’Université Islamique de Médine en 1966. Mawlana se souvient avoir parlé avec le vice-recteur des  mutashabihat, c’est-à-dire des versets Coraniques et hadiths dits « équivoques ». Lorsqu’ils en sont arrivés à parler de la « Main » d’Allâh, Mawlana déclara au vice-recteur, « Vous dites que  la main est connue, mais que son comment (kayf) est inconnu ». « Que signifie donc l’inconnu de ce comment ? » Le vice-recteur répondit : « Cela signifie que nous ne savons pas si la main est noire ou blanche, ni si elle est longue ou courte ». Ce vice-recteur se nommait Ibn Baz, et c’est ce qui était proposé à l’époque comme da’wa (appel à l’Islam) – c’est-à-dire une croyance (‘Aqida) semblable à celle qui inspira le plafond de la chapelle Sixtine.
[12] Manaqib Al-Imam Ash-Shafi’i page 458
[13] Pour plus d’informations sur l’école Ash’arite et son histoire, lire l’article suivant : Introduction à la croyance ash’arite « l’école du tawhîd sunnite »