Les Droits de l’Enfant

Mufti ibn Adam al-Kawthari [1]

 

Droit_des_enfants_Islam

 

 

Question :

Est-ce le devoir des parents de soutenir financièrement leur enfant s’il veut étudier sa Religion (Deen)? Et quels sont les droits de l’enfant que les parents ont à honorer?

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

Les enfants sont pour les parents une miséricorde et un don du Créateur Tout-Puissant. Ils sont synonymes de fraîcheur pour les yeux. Il suffit de demander à ceux qui n’ont pas eu cette chance d’avoir ce grand cadeau d’Allâh. En tant que telle, la Shariah a donné certains droits aux enfants, que les parents se doivent de remplir.

Voici un bref aperçu de certains des droits fondamentaux de l’Enfant :

1) Le premier des droits de l’enfant, c’est qu’il (ou elle) reçoive une éducation Islamique. Les parents sont responsables de leur formation religieuse et spirituelle.

Allah le Très-Haut a dit :

« Ô vous qui croyez ! Préservez vos personnes et vos familles de l’Enfer qui se nourrit d’hommes et de pierres » [2]

Le verset ci-dessus indique clairement qu’un individu ne peut atteindre le salut dans l’au-delà en se contentant d’appliquer les lois de la Shariah sur lui-même sans sauver la famille du feu de l’Enfer. Au contraire, afin de se préserver du châtiment de l’au-delà, l’individu se doit de veiller à ce que ses enfants aient une éducation Islamique correcte.

A plusieurs reprises, nous avons observé des pères activement impliqués dans les questions religieuses, mais dont les enfants ne sont même pas au courant des principes de base de l’Islam. Ce père est très appliqué dans sa Salat, le jeûne, la zakat et les autres aspects du Deen, tandis que son fils (ou sa fille) se noie dans des actes illicites et les péchés, et le père est satisfait de ses actions personnelles.

Il faut se rappeler que pour vous sauver du feu de l’Enfer, vous devez diriger les membres de votre famille vers le bien et leur interdire le mal.

Parfois, les gens disent avoir essayé, mais que l’enfant ne veut pas écouter, et que ce n’est donc pas de leur faute. Il est vrai que si les parents ont rempli leur responsabilité consistant à fournir une bonne éducation Islamique et que l’enfant n’en a jamais tenu compte, la responsabilité sera levée. Toutefois, dans le verset du Qour’an, le mot « feu » a été utilisé pour indiquer que vous devez essayer de sauver votre progéniture du châtiment de l’au-delà comme si vous essayiez de sauver vos enfants s’ils entraient dans le feu de ce monde. Si vous avez négligé de le faire, alors vous serez également tenus responsables de leurs actions.

2) Les parents sont responsables de l’éducation religieuse de l’enfant. Les enfants doivent apprendre les bases de la doctrine Islamique, qui comprend la Croyance (‘Aqida), l’Unicité de Allâh (Tawhid) et Ses Attributs (Sifat), la Biographie (Sirah) du Prophète béni d’Allâh ﷺ, les bases de ce qui est licite (Halal) et de ce qui est illicite (Haram), les Règles (Fiqh) concernant la Prière (Salat), le Jeûne (Siyam), etc …

3) Les parents sont également responsables de la formation morale de l’enfant qui doit apprendre et mettre en pratique les principes de la morale et de l’éthique Musulmanes. On doit leur enseigner que dire des mensonges, tromper, médire, se quereller, se bagarrer, voler, insulter, etc. sont des comportements inacceptables, et les parents doivent eux-mêmes donner le bon exemple.

4) L’entraînement physique des enfants est également une importante responsabilité parentale. Celle-ci assure aux enfants de pouvoir rester alerte et en bonne santé. Nous devons encourager les enfants à participer à des exercices physiques qui sont bénéfiques pour le corps.

5) Les parents doivent s’assurer de choisir de bons et pieux amis pour leurs enfants, et les préserver du mal et de la mauvaise compagnie.

6) Les enfants doivent recevoir de l’amour et de l’affection de toutes les manières possibles. Les parents se doivent de passer du temps avec eux et faire en sorte qu’ils ne se sentent nullement négligés.

7) Enfin, le père est responsable du soutien financier de ses enfants. Cependant, il existe plusieurs situations :

a) Si le fils ou la fille est riche en raison d’un héritage ou de cadeaux reçus, alors le père n’est pas tenu de subvenir financièrement à leurs besoins, plutôt, leurs dépenses seront payées à partir de leur propre argent.

Allâh le Très-Haut dit :

« Au père de l’enfant de les nourrir et de les vêtir de manière équitable » [3]

L’Imam al-Haskafi (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« Il est impératif que le père soutienne financièrement ses enfants (mâle ou femelle) s’ils sont pauvres et n’ont pas atteint la puberté. » [4]

b) Si les enfants ne possèdent pas de richesses et ont atteint la puberté, alors il y a deux possibilités :

Premièrement, s’ils sont capables de travailler et de subvenir à leurs besoins, dans ce cas la responsabilité du père sera levée.

L’Imam Ibn Abidin (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« S’ils sont capables de travailler, alors le père sera obligé de trouver du travail pour eux et leurs dépenses se feront à partir de leurs propres revenus ….. Cela inclut également les femmes qui doivent trouver un emploi qui leur convient, comme la couture et le tissage ». [5] & [6]

Deuxièmement, s’ils n’ont pas la capacité de travailler, alors le père sera responsable de leur soutien financier.

L’Imam al-Haskafi (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« De même, fournir un soutien financier pour un adulte est nécessaire s’il est incapable de subvenir lui-même à ses besoins. » [7]

c) Dans le cas où l’enfant n’a pas encore atteint la puberté (et ne possède pas d’argent), alors si le père est vivant, il devra subvenir aux besoins, et s’il est décédé alors la mère sera responsable avec les autres membres de la famille proche.

Il faut remarquer ici que les jurisconsultes (Fuqaha) ont mentionné que l’acquisition de la connaissance religieuse de l’enfant garçon ou fille est une assez bonne raison pour qu’il (ou elle) ne soit pas en mesure de subvenir à ses propres besoins, donc (à la lumière de «c»), le père sera responsable de leur entretien. Cependant, Ibn Abidin mentionne que ceci était valable à une époque où les étudiants étaient sérieux et sincères à l’égard de leurs études, alors que maintenant, la plupart d’entre eux gaspillent leur temps et au final l’argent. Toutefois, si l’enfant est intelligent et sérieux dans ses études, alors il revient au père la responsabilité de l’entretenir.

Cependant, ceci concerne la connaissance Islamique essentielle et fondamentale. Les jurisconsultes ont mentionné que l’acquisition de cette base est une obligation personnelle (fard ayn), les parents ne peuvent donc pas empêcher l’enfant d’aller l’acquérir. Si l’étude va au-delà de cette base essentielle, l’autorisation des parents doit d’abord être recherchée.

Et Allâh est plus Savant.

[Mufti] Muhammad ibn Adam
Darul Iftaa
Leicester, Royaume-Uni

Notes :

[1] Lire ici sa biographie
[2] Qour’an, s66-v6
[3] Qour’an, s2-v233
[4] Durr al-Mukhtar
[5] Radd al-Muhtar, 3/612
[6] Il existe aujourd’hui beaucoup d’autres métiers qui conviennent aux femmes, à leur niveau d’étude et qui sont conformes à l’éthique Musulmane.
[7] Durr al-Mukhtar