Commandement de faciliter la religion et d’éviter d’en inspirer la répulsion aux gens

Commentaire de l’Imam An-Nawawi

 

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Abû Musâ dit : « Lorsque le Messager d’Allâh envoyait l’un de ses compagnons en mission, il lui disait : « Annoncez la bonne nouvelle et évitez d’inspirer la répulsion aux gens. Et facilitez les choses au lieu de les rendre difficiles ».

D’après Abu Burda : « Son père rapporte que le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) l’ayant envoyé en mission avec Mu’ad au Yémen, il leur dit : « Facilitez les choses et évitez de les rendre difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et évitez de faire repousser les gens. Accordez-vous et ne divergez pas ».

Dans le hadith d’Anas ibn Mâlik : « Le Messager d’Allâh dit : « Facilitez les choses au lieu de les rendre difficiles et suscitez la quiétude au lieu de la répulsion ».

Le Prophète mentionne conjointement et simultanément, dans ces divers hadiths, la chose et son contraire. Car il se peut qu’on fasse une chose et son contraire à des moments respectivement différents. Ainsi, s’il s’était restreint à recommander la facilité cela s’appliquerait à l’individu qui emploie la facilité une ou plusieurs fois tout en l’employant dans la majorité des cas. Mais ayant ajouté : « Ne rendez pas les choses difficiles », l’imposition de la difficulté a été niée dans tous les cas et de toutes les façons. Ce qui est le but visé par cette formulation. Ceci s’applique aussi aux recommandations faites à Mu’ad et au père d’Abû Burda : « Facilitez les choses et évitez de les rendre difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et évitez de faire repousser les gens. Accordez-vous et ne divergez pas ». Pour éviter qu’ils ne s’accordent à un moment en divergents par d’autres, ou qu’ils s’accordent sur un sujet en divergent sur d’autres.

Par ailleurs, le hadith enjoint d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce d’Allâh, de Sa grande rétribution, de Ses larges faveurs et de l’ampleur de Sa miséricorde. Alors qu’il interdit, à l’opposé, d’inspirer aux gens la répulsion en leur évoquant les affres du jugement dernier, les menaces d’Allâh, et Ses Châtiments, de façon séparée, sans évoquer comme annexes, conjointement à l’annonce de la bonne nouvelle. En fait, le hadith recommande de gagner les cœurs des nouveaux convertis à l’Islam, de mieux les disposer en faveur de la religion, et de s’abstenir de l’emploi de la rigueur avec eux. Il en est de même envers les enfants qui s’approchent de la puberté ou qui viennent juste d’atteindre la puberté, ainsi qu’envers tous les repentis. Ces catégories de gens doivent être traitées avec ménagement et indulgence afin qu’ils accèdent à la piété et aux œuvres de dévotion progressivement. Aussi, lorsqu’on facilite la pratique de la religion pour un nouveau ou un futur adepte, on l’encourage en fait à l’entreprendre et il finit généralement par s’y appliquer davantage. Alors que si on lui rend les choses difficiles et qu’on y emplie trop de rigueur, il risquera de la pas y adhérer, ou encore, s’il y adhère, il risquera de ne pas persévérer à pratiquer, sinon du moins, il n’y trouvera pas goût. Le hadith commande aux gouvernants d’être bienveillants, comme il commande aux co-gouvernants de s’accorder, de s’entendre et d’être en harmonie. Ceci étant l’une des questions d’importance majeure. Car la majorité des affaires ne s’accomplissent que s’il y a accord et entente. Et s’il y a désaccord ou divergence, on manque de réaliser l’intérêt recherché. L’Imam (ou chef de la nation) doit donner des consignes et des directives aux gouverneurs même s’ils sont des gens de mérite et de vertu à l’instar de Mu’ad et Abu Burda. Car le rappel profite aux croyants.

Wa Allâhou a’alam.